Vie de campus

22 juin
22/juin/2020

Vie de campus

Chroniques culturelles : « Lézarts plastiques » à l'INSA

Travailler la matière, mettre en esthétique les couleurs, les volumes ou les espaces : la section arts-plastiques-études de l’INSA Lyon aborde différentes techniques artistiques pour laisser courir l’imagination. Du dessin à la peinture en passant par la sculpture, la photographie, l’architecture ou le design, l’élève-ingénieur développe une nouvelle forme de langage. Autant de techniques que de sensibilités différentes présentées lors de l’exposition annuelle qui vient clôturer l’année universitaire, avec toutes les productions artistiques des étudiants. Cette année, l’exposition inaugurée le 22 juin dernier, est 100% virtuelle. Avant de passer la main à Diane Robin, enseignante en sciences humaines et sociales à l’INSA, Emmanuel Cartillier, enseignant de conception, nous fait découvrir la section dont il est responsable depuis six ans. Une pépite insalienne.


Tout d’abord, pouvez-vous nous présenter la section arts-plastiques-études ? 
Créée il y a 33 ans, la section arts-plastiques-études propose à des élèves ingénieurs de l’INSA d’élargir leurs champs de compétences et leurs savoir-être. Née 2 ans après la section musique-études, la section a commencé par construire un socle artistique solide par la découverte pratique de la photographie argentique, la peinture et la sculpture. Au fur et à mesure des années, le contenu des disciplines a évolué et des nouvelles pratiques ont été proposées : l’architecture, le design, la vidéo, la scénographie, la sculpture métallique, puis la fonderie et enfin la gravure. En parallèle, un enseignement en histoire de l’art permet de découvrir toutes les époques, d’éclairer et de donner les codes de compréhension de l’époque contemporaine. L’ensemble de ces pratiques est dispensé dans un local situé sous la résidence B. Il a récemment été baptisé « l’Atelier » par les étudiants qui y ont un accès libre pour pratiquer aussi en autonomie à tout moment en dehors des cours. Des workshops sont régulièrement proposés par des artistes professionnels pour étoffer une formation qui ne cesse de se réinventer pour répondre au mieux aux enjeux sociétaux. 

Vous clôturez chaque fin d’année universitaire par une exposition, pouvez-vous nous en dire plus ? 
Pour assurer une plus grande visibilité, la section arts-plastiques-études a adapté sa façon de montrer les travaux des étudiants. Ainsi depuis cinq ans, nous proposons une exposition annuelle dans l’Atelier. Elle est présentée à l’Atelier, le lieu de vie de nos pratiques artistiques mais elle évolue dans différents lieux à INSA afin de présenter plus largement les travaux et d’inventer toutes sortes de scénographies originales. Certaines œuvres choisies sont également exposées de manière permanente dans des lieux à l’INSA. Une artothèque composée des travaux des étudiants est en cours de constitution. Elle permettra de proposer à différents services de l’INSA le prêt d’œuvres en tout genre.
Chaque année, des projets ambitieux sont réalisés. Ils permettent notamment de créer une dynamique de groupe qui manque parfois dans la pratique des arts-plastiques. On peut notamment noter la conception et fabrication du rhinocéros, projet complet qui laissera pour longtemps sa marque forte sur la « pelouse de FIMI1 » à l’est du campus.
Toute cette belle énergie créatrice ne serait possible sans la présence d’une équipe enseignante constituée de professionnels et d’un groupe d’étudiants motivés et plein d’initiatives. L’association les Lézarts, très présente aux côtés de la section, permet également de diffuser la pratique des arts plastiques sur tout le campus et permet ainsi un rayonnement plus large.


© A.Dufeil Graines d'images
Emmanuel Cartillier entouré d’enseignants et d’élèves lors de l’inauguration du nouveau rhinocéros en 2017
 

La situation sanitaire actuelle ayant largement bouleversé le quotidien des élèves, comment s’est déroulé cette fin d’année pour les étudiants-artistes ?
Le Covid-19 a effectivement ébranlé les usages et contraint les étudiants-artistes à réinventer leurs pratiques et repenser les espaces de diffusion de leurs œuvres. Pour autant, la période compliquée que nous avons vécu ces derniers mois n’aura pas entamé la créativité de tous. Au contraire, des pages instagram et autres padlets créées pendant le confinement ont montré la palette étendue que maitrisent ceux qu’on appelle communément les « arpets ».
L’exposition virtuelle, lancée le 22 juin dernier, permet de présenter les œuvres des étudiants-artistes réalisées au cours de l’année. Elle ouvre de nombreuses possibilités pour le futur, afin de pérenniser et d’accroître la diffusion des productions artistiques. De plus, le numérique ne devrait pas seulement être un vecteur de communication, mais pourrait être utilisé comme moyen d’expression artistique à part entière dans des ateliers et des projets en collaboration avec les départements de formation de l’INSA.
Cette dynamique créative se nourrit en effet des échanges avec les départements scientifiques et les autres sections artistiques. Tous les deux ans, les étudiants sont invités à créer avec les machines-outils de l’atelier de fabrication FIMITECH et à faire dialoguer leurs réalisations avec les performances de danseurs et de musiciens, dans le cadre du projet MAMO (Multi-Arts sur Machines-Outils). De nouvelles collaborations sont prévues l’année prochaine avec les sections danse-études et théâtre-études, autour d’une exposition de portraits photographiques de danseurs et de comédiens. De plus, les étudiants d’arts-plastiques-études pourront participer à un projet de cinéma d’animation avec les étudiants de cinéma-études. D'intéressants partenariats en perspective dont nous avons hâte de découvrir les productions réelles ou virtuelles.

 

Témoignages

Camille Bouchinet, élève-ingénieur, future présidente de l’association Lézarts
« J’ai intégré la section arts-plastiques-études en 2e année de premier cycle. Selon moi, intégrer la section arts-plastiques-études c’est créer, découvrir et pratiquer les arts-plastiques, réaliser de nombreux projets, mais aussi partager un intérêt commun avec des élèves. Cela signifie aussi apprendre des compétences propres à l’ingénieur humaniste, et apprendre à se connaître soi-même. Les nombreux projets réalisés durant l’année avec la section, nous ont permis de développer une belle cohésion de groupe. Pouvoir allier études et passion artistique est une réelle chance que nous avons ici à l'INSA. Je pense très sincèrement que cette année a été très enrichissante pour moi et restera une de mes plus belles années étudiantes. »

Guillaume le Moine, professeur de sculpture
« J'enseigne la sculpture au sein de la section arts-plastiques-études depuis plus de sept ans. En tant qu'enseignant, j'essaie de transmettre des qualités techniques ainsi qu'un regard tourné vers les créations contemporaines. Je travaille à partir du bagage culturel que porte chaque étudiant pour l'aider à construire un travail singulier. La section arts-plastiques-études est utile au sein de l'INSA car tout en offrant un autre type d'espace et de temps de travail, elle aide à repenser la notion de créativité, notion essentielle aujourd'hui dans les métiers d'ingénierie. »

Julien Minard, professeur de photographie
« J'enseigne la photographie aux étudiants de 2e cycle de l'INSA dans le cadre d'ateliers hebdomadaires depuis plus de dix ans et c'est un vrai bonheur ! Cette discipline conjugue des aspects artistiques et techniques qui intéressent beaucoup les étudiants. La curiosité est forte pour les procédés anciens, les techniques alternatives, l'argentique, les expérimentations de toutes sortes en prise de vue ou en laboratoire... Ainsi mon activité de photographe se nourrit de ces échanges avec ces étudiants motivés, volontaires et enthousiastes. Je suis toujours étonné par la capacité des insaliens à faire vivre le groupe et à être responsables. Au milieu d'études longues et difficiles, je vois le travail dans la section arts-plastiques-études comme une respiration, ou plutôt comme un pas de côté : quelques heures chaque semaine qui permettent aux étudiants et à moi-même de concevoir des projets artistiques exigeants dans un très bon état d'esprit. »

 

 

 

Formation initiale aux métiers d’ingénieur