
Vie de campus
5 choses à savoir sur l’INSA Lyon
Un modèle INSA pionnier
En créant l’INSA avec Jean Capelle en 1957, Gaston Berger sortait des sentiers battus. Le modèle de formation était inédit : mêler disciplines scientifiques, techniques et sciences humaines, rendre les études d’ingénieur accessibles à toutes et tous avec des frais de scolarité réduits… Gaston avait pensé une école nouvelle, lui qui croyait en la capacité d’évolution positive et en la curiosité intellectuelle de chacun. Pour lui, les choses étaient claires : il fallait adopter une attitude « prospective », tournée vers l’avenir. En imaginant l’INSA, il l’a voulu capable d’apporter des réponses contemporaines aux enjeux de société. Et depuis, l’INSA a formé plus de 90 000 ingénieurs sur ses 7 campus différents !
Avant l’INSA, il y avait des bœufs, des moutons et l’armée
« Au départ ce n’était qu’un grand pré. Une centaine d’hectares situés en bordure du Rhône, où les paysans menaient paître leurs bœufs et leurs moutons. Puis vinrent les militaires. »
Avant 1957, le terrain, appelé « Le Grand Camp » consistait en de vastes prés communaux. Trois institutions se partageaient l’espace : l’armée, la société hippique de Lyon, et les PTT qui exploitaient l’émetteur de radiodiffusion. Pour la première rentrée en 1957, il fallait construire les premiers bâtiments qui accueillaient une promotion de 300 élèves. La mission avait été confiée à Jacques Perrin-Fayolle, architecte lyonnais et Premier Grand Prix de Rome. Il a imaginé le campus comme « un groupement autonome », où les étudiants devaient y trouver sur place tout le nécessaire : enseignement, logement, restaurant, bibliothèque, sport et activités culturelles. Grâce à des ossatures béton et les principes industriels de l’époque, les premiers bâtiments avaient été livrés en un temps éclair.
L’emblème de l’INSA Lyon est un rhinocéros
On compte dans le monde cinq espèces de rhinocéros, toutes menacées. Au cours des cinquante dernières années, leur nombre aurait diminué de 80%. Le rhino de l’INSA Lyon, planté à deux pas du bâtiment des Humanités, sous le vent, face à la neige ou écrasé par le soleil, lui, reste imperturbable. Le « rhino » coloré veille sur une pelouse verdoyante. Depuis 2003, cette figure est devenue l’emblème de l’école : rouge, vert fluo, à pois, à rayures ou en tenue de gala, il en voit de toutes les couleurs selon l’humeur des étudiants. Malmené, Il en a même un jour perdu sa corne. Depuis, les étudiants d’arts-plastiques études lui ont rendu, et lui ont même donné un petit frère, sur la pelouse du FIMI.
L’INSA Lyon renomme la moitié de ses bâtiments avec des noms de femmes
L’INSA Lyon, déjà bien engagé sur les notions de problématiques de genre, a souhaité rebaptiser les bâtiments de son campus avec des noms de femmes scientifiques aux parcours d’excellence, car ce n’est pas parce qu’on ne les connaît pas, qu’elles n’existent pas ! Cette opération, au-delà de sa symbolique, revendique le droit des femmes à exister dans le paysage scientifique. Engagée depuis 2019, cette opération d’envergure offrira de nouveaux noms à la moitié des bâtiments du campus dans les années à venir.
Une capsule temporelle est enterrée sur le campus
Une capsule temporelle a été enterrée sur le campus en 2007, pour le cinquantième anniversaire de l’INSA Lyon. Déposée au pied du « cure-dent », elle renferme des textes des étudiants et des personnels de l’établissement et se fera témoin d’une époque pour les générations futures. Rendez-vous en 2050 !

Vie de campus
Chroniques culturelles : « Lézarts plastiques » à l'INSA
Travailler la matière, mettre en esthétique les couleurs, les volumes ou les espaces : la section arts-plastiques-études de l’INSA Lyon aborde différentes techniques artistiques pour laisser courir l’imagination. Du dessin à la peinture en passant par la sculpture, la photographie, l’architecture ou le design, l’élève-ingénieur développe une nouvelle forme de langage. Autant de techniques que de sensibilités différentes présentées lors de l’exposition annuelle qui vient clôturer l’année universitaire, avec toutes les productions artistiques des étudiants. Cette année, l’exposition inaugurée le 22 juin dernier, est 100% virtuelle. Avant de passer la main à Diane Robin, enseignante en sciences humaines et sociales à l’INSA, Emmanuel Cartillier, enseignant de conception, nous fait découvrir la section dont il est responsable depuis six ans. Une pépite insalienne.
Tout d’abord, pouvez-vous nous présenter la section arts-plastiques-études ?
Créée il y a 33 ans, la section arts-plastiques-études propose à des élèves ingénieurs de l’INSA d’élargir leurs champs de compétences et leurs savoir-être. Née 2 ans après la section musique-études, la section a commencé par construire un socle artistique solide par la découverte pratique de la photographie argentique, la peinture et la sculpture. Au fur et à mesure des années, le contenu des disciplines a évolué et des nouvelles pratiques ont été proposées : l’architecture, le design, la vidéo, la scénographie, la sculpture métallique, puis la fonderie et enfin la gravure. En parallèle, un enseignement en histoire de l’art permet de découvrir toutes les époques, d’éclairer et de donner les codes de compréhension de l’époque contemporaine. L’ensemble de ces pratiques est dispensé dans un local situé sous la résidence B. Il a récemment été baptisé « l’Atelier » par les étudiants qui y ont un accès libre pour pratiquer aussi en autonomie à tout moment en dehors des cours. Des workshops sont régulièrement proposés par des artistes professionnels pour étoffer une formation qui ne cesse de se réinventer pour répondre au mieux aux enjeux sociétaux.
Vous clôturez chaque fin d’année universitaire par une exposition, pouvez-vous nous en dire plus ?
Pour assurer une plus grande visibilité, la section arts-plastiques-études a adapté sa façon de montrer les travaux des étudiants. Ainsi depuis cinq ans, nous proposons une exposition annuelle dans l’Atelier. Elle est présentée à l’Atelier, le lieu de vie de nos pratiques artistiques mais elle évolue dans différents lieux à INSA afin de présenter plus largement les travaux et d’inventer toutes sortes de scénographies originales. Certaines œuvres choisies sont également exposées de manière permanente dans des lieux à l’INSA. Une artothèque composée des travaux des étudiants est en cours de constitution. Elle permettra de proposer à différents services de l’INSA le prêt d’œuvres en tout genre.
Chaque année, des projets ambitieux sont réalisés. Ils permettent notamment de créer une dynamique de groupe qui manque parfois dans la pratique des arts-plastiques. On peut notamment noter la conception et fabrication du rhinocéros, projet complet qui laissera pour longtemps sa marque forte sur la « pelouse de FIMI1 » à l’est du campus.
Toute cette belle énergie créatrice ne serait possible sans la présence d’une équipe enseignante constituée de professionnels et d’un groupe d’étudiants motivés et plein d’initiatives. L’association les Lézarts, très présente aux côtés de la section, permet également de diffuser la pratique des arts plastiques sur tout le campus et permet ainsi un rayonnement plus large.
© A.Dufeil Graines d'images
Emmanuel Cartillier entouré d’enseignants et d’élèves lors de l’inauguration du nouveau rhinocéros en 2017
La situation sanitaire actuelle ayant largement bouleversé le quotidien des élèves, comment s’est déroulé cette fin d’année pour les étudiants-artistes ?
Le Covid-19 a effectivement ébranlé les usages et contraint les étudiants-artistes à réinventer leurs pratiques et repenser les espaces de diffusion de leurs œuvres. Pour autant, la période compliquée que nous avons vécu ces derniers mois n’aura pas entamé la créativité de tous. Au contraire, des pages instagram et autres padlets créées pendant le confinement ont montré la palette étendue que maitrisent ceux qu’on appelle communément les « arpets ».
L’exposition virtuelle, lancée le 22 juin dernier, permet de présenter les œuvres des étudiants-artistes réalisées au cours de l’année. Elle ouvre de nombreuses possibilités pour le futur, afin de pérenniser et d’accroître la diffusion des productions artistiques. De plus, le numérique ne devrait pas seulement être un vecteur de communication, mais pourrait être utilisé comme moyen d’expression artistique à part entière dans des ateliers et des projets en collaboration avec les départements de formation de l’INSA.
Cette dynamique créative se nourrit en effet des échanges avec les départements scientifiques et les autres sections artistiques. Tous les deux ans, les étudiants sont invités à créer avec les machines-outils de l’atelier de fabrication FIMITECH et à faire dialoguer leurs réalisations avec les performances de danseurs et de musiciens, dans le cadre du projet MAMO (Multi-Arts sur Machines-Outils). De nouvelles collaborations sont prévues l’année prochaine avec les sections danse-études et théâtre-études, autour d’une exposition de portraits photographiques de danseurs et de comédiens. De plus, les étudiants d’arts-plastiques-études pourront participer à un projet de cinéma d’animation avec les étudiants de cinéma-études. D'intéressants partenariats en perspective dont nous avons hâte de découvrir les productions réelles ou virtuelles.
Camille Bouchinet, élève-ingénieur, future présidente de l’association Lézarts
« J’ai intégré la section arts-plastiques-études en 2e année de premier cycle. Selon moi, intégrer la section arts-plastiques-études c’est créer, découvrir et pratiquer les arts-plastiques, réaliser de nombreux projets, mais aussi partager un intérêt commun avec des élèves. Cela signifie aussi apprendre des compétences propres à l’ingénieur humaniste, et apprendre à se connaître soi-même. Les nombreux projets réalisés durant l’année avec la section, nous ont permis de développer une belle cohésion de groupe. Pouvoir allier études et passion artistique est une réelle chance que nous avons ici à l'INSA. Je pense très sincèrement que cette année a été très enrichissante pour moi et restera une de mes plus belles années étudiantes. »
Guillaume le Moine, professeur de sculpture
« J'enseigne la sculpture au sein de la section arts-plastiques-études depuis plus de sept ans. En tant qu'enseignant, j'essaie de transmettre des qualités techniques ainsi qu'un regard tourné vers les créations contemporaines. Je travaille à partir du bagage culturel que porte chaque étudiant pour l'aider à construire un travail singulier. La section arts-plastiques-études est utile au sein de l'INSA car tout en offrant un autre type d'espace et de temps de travail, elle aide à repenser la notion de créativité, notion essentielle aujourd'hui dans les métiers d'ingénierie. »
Julien Minard, professeur de photographie
« J'enseigne la photographie aux étudiants de 2e cycle de l'INSA dans le cadre d'ateliers hebdomadaires depuis plus de dix ans et c'est un vrai bonheur ! Cette discipline conjugue des aspects artistiques et techniques qui intéressent beaucoup les étudiants. La curiosité est forte pour les procédés anciens, les techniques alternatives, l'argentique, les expérimentations de toutes sortes en prise de vue ou en laboratoire... Ainsi mon activité de photographe se nourrit de ces échanges avec ces étudiants motivés, volontaires et enthousiastes. Je suis toujours étonné par la capacité des insaliens à faire vivre le groupe et à être responsables. Au milieu d'études longues et difficiles, je vois le travail dans la section arts-plastiques-études comme une respiration, ou plutôt comme un pas de côté : quelques heures chaque semaine qui permettent aux étudiants et à moi-même de concevoir des projets artistiques exigeants dans un très bon état d'esprit. »
- En savoir plus :
Visite virtuelle de l'exposition Artsteps
1 Formation initiale aux métiers d’ingénieur

Vie de campus
Chronique d’un emblème annoncé
16 ans. 16 ans qu’il trône en plein cœur du campus, sous le vent, face à la neige, écrasé par le soleil… Imperturbable.
16 ans de rendez-vous, d’histoires mouvementées, de sorties improvisées. De pactes nocturnes.
Porte-étendard, il a connu les grands comme les petits événements. Caméléon, il se présente avec divers atouts, changeant de robe au rythme du calendrier universitaire.
Jadis malmené, aujourd’hui objet de fierté, le rhino est devenu emblème. Et de manière toute naturelle.
C’est en 2003 que le rhino de l’INSA apparaît. Présenté par Jean-Marc Bonnard, plasticien, sculpteur et designer, au service culturel du Centre des Humanités, il séduit l’équipe qui en fait l’acquisition. Les 500 kg de fonte seront alors plantés à deux pas de l’entrée du bâtiment des Humanités, alors que Jean-Marc Bonnard, lui, intervient dans la section Arts-Plastiques-Études.
Une initiative qui s’inscrit dans le cadre du schéma directeur d’aménagement du campus de La Doua et de son intégration à la ville. En effet, l’INSA Lyon a décidé d'intégrer la valorisation artistique de site grâce à l’implantation d’œuvres d’art contemporain.
Après de longues heures de travail acharné, de créativité et d’habileté, un superbe pachyderme prendra corps du côté de la Fonderie Vincent, à Brignais, terrain de jeu de Jean-Marc Bonnard, qui n’en est pas à son premier coup d’essai.
Cela fait déjà plus de 10 ans que l’artiste s’intéresse à l’animal, avec d'abord la création d’un petit rhino en plomb pour le Festival de Jazz de Rive-de-Gier de 1992. En 2002, il en fabrique 20, en béton, pour la Biennale Internationale de Design de Saint-Etienne. Il est d’ailleurs scénographe et responsable de la logistique générale de cette Biennale, belle responsabilité pour celui qui, en tant que professeur, a développé un département Design de réputation internationale à l’école des Beaux-Arts de Saint-Etienne.
Depuis quelques années aussi, Jean-Marc intervient dans la section Arts-Plastiques de l’INSA Lyon. Il découvre le fonctionnement du campus, sa diversité et la richesse de ses publics, allant de l’élève-ingénieur à l’enseignant, en passant par le chercheur, le personnel administratif et le responsable de service culturel. De cette connaissance naîtra un projet : celui de fondre le moule d’un rhinocéros qui prendra toute sa place sur la coulée verte du campus.
La statue se fond très vite dans le paysage. Devenue familière, elle est même malmenée quelques années plus tard, en 2011, et perd sa corne. Difficile de ne pas faire le parallèle avec les congénères du rhino, bien vivants eux, régulièrement victimes des braconniers, surtout pour leur corne à laquelle sont prêtées de nombreuses vertus.
Parce qu’on compte cinq espèces de rhinocéros dans le monde, toutes menacées. Trois vivent en Asie, et deux en Afrique, enfin jusqu’à récemment. En effet, le 19 mars de cette année, c’est le dernier mâle de l’espèce des rhinocéros blancs du Nord qui disparaissait. Bien que protégés, ces mammifères disparaissent progressivement de la surface de la terre, si bien qu'au cours de ces 50 dernières années, leur nombre aurait diminué de 80%.
Alors restituer au rhino la corne qu’on lui a enlevé porte toute une symbolique. Ce sera fait durant l’année anniversaire de l’INSA, pour ses 60 ans. Le 22 septembre 2017, lors de la journée internationale des rhinocéros, Jean-Marc Bonnard interviendra de nouveau sur le campus de l’INSA, pour redonner à son rhino sa force perdue. Sagesse ancienne est sa devise, stabilité, solidité et protection émanent de son apparence, avec une énergie associée au soleil. De sérieux atouts pour devenir un emblème, aujourd’hui adopté par la communauté INSA, qui veille, jour après jour, à la sauvegarde de son rhino.
Et à sa longévité. En lui offrant, l’année dernière, un petit camarade de scène sur une autre pelouse chère au campus, celle qui borde le secteur des premières années. Là aussi, c’est toute une symbolique qui a permis à ce spécimen métallique de voir le jour, grâce une fois encore au travail de la section Arts-Plastiques Études, sous la houlette d’un nouvel intervenant, Jérôme Moreau, et l’œil bienveillant de Jean-Marc Bonnard. En mouvement, pas tout à fait remplie, la structure fait référence aux jeunes élèves-ingénieurs qui intègre l’INSA, école d’excellence qui feront d’eux des hommes, citoyens et responsables, ingénieurs acteurs du monde qui les entoure. « Il est important de faire confiance à sa sagesse intérieure et de rechercher la vérité ». Voilà un dicton associé à la symbolique du rhinocéros qui trouve son écho auprès des futurs ingénieurs. Et qui a certainement raisonné dans l’esprit de Jean-Marc Bonnard, qui depuis, s’en est allé.
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