
Art & Culture
FASSIL 2025 : Ateliers de création d'un spectacle... avec l'IA
Cet atelier s'inscrit dans le programme d'action culturelle du FASSIL 2025. La programmation du FASSIL est en cours de définition, vous pouvez toutefois participer aux premières créations collectives.
L'IA nous donnera bien un titre ! Nous allons tenter de relever un défi artistique improbable : avec l’aide de l’IA, nous allons créer une performance théâtrale qui plaise à l’entièreté du public de l’INSA puis nous la jouerons lors du prochain FASSIL....
Qu'est-ce que ça va donner ?...
Nous vous proposons de participer à cette aventure.
Elle se fera en 2 étapes, une phase d'écriture puis une phase de création. Bien sûr, le but de cette performance est aussi de questionner les outils, le processus et le contexte. La première étape est ouverte à tous et toutes (membre du personnel, étudiants et étudiantes).
Pendant trois ateliers, les participants, guidés par Raphaël Gousset (metteur en scène et performeur), échangeront avec la machine et dessineront le plus précisément possible les contours de cette performance. Les séances seront archivées pour garder une trace et serviront probablement pour la performance.
La seconde étape se fera avec Théâtre-études en septembre, pour créer un spectacle diffusé le 12 novembre 2025.
Pour participer à cet atelier, il faut être présent au moins 2 fois sur 3. Inscription et questions auprès du Pôle Arts et Cultures culture@insa-lyon.fr
Où : Salle 212 Bâtiment des Humanités - La Doua
Informations complémentaires
- culture@insa-lyon.fr
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Bâtiment des Humanités INSA Lyon Campus Lyon Tech La Doua 69100 VILLEURBANNE
Mots clés
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Du 16 au 18 mai
Formation
macSUP: le processus de création comme expérience
Il résulte d’une sorte d’alchimie difficile à expliquer avant de l’avoir vécu : le processus de création est un mécanisme cérébral et émotionnel loin d’être facile à résumer. Certains spécialistes s’y sont risqués, comme le psychologue Graham Wallas qui a tenté, au 19e siècle, d’en dégager quatre grandes étapes. Cependant, il semblerait que la meilleure solution pour comprendre l’essence même du processus de création soit d’en faire soi-même l’expérience.
C’est le sujet qui occupe un groupe d’étudiants et doctorants de l’INSA Lyon dans le cadre du module pédagogique « macSUP ». En collaboration avec des artistes, plusieurs établissements universitaires lyonnais et le Musée d’Art Contemporain de Lyon, ils exploreront des territoires inconnus, jonglant avec des concepts dont leurs esprits scientifiques ne sont peut-être pas coutumiers. Entre hasard et liberté, les étudiants prendront conscience d’une chose : parfois, ce n’est pas la destination qui compte mais le voyage. Explications avec Fabrice Valois, enseignant-chercheur au département télécommunications et référent du module pour les Humanités.
Avec l’art comme excuse, cinq étudiants des départements génie mécanique, informatique et télécommunications consacreront plusieurs jeudis après-midi des six prochains mois à cheminer. Au sein d’un groupe composé d’étudiants lyonnais en sciences dures et sciences humaines, c’est accompagné par une artiste contemporaine que chacun devra apporter sa pierre à l’édifice à quelque chose qui leur semble encore nébuleux. « D’un point de vue pédagogique, les étudiants sont habitués à l’expérimentation à travers les cours de travaux pratiques classiques qui les conduisent vers un but technique précis. Ces expériences qui sont finalement très formalisées, voire scénarisées, ne laissent pas toujours de place pour construire son propre cheminement. Avec macSUP, l’art et la thématique proposée par l’artiste sont des prétextes pour éprouver le processus de création et vivre les difficultés qui lui sont liées. Ici, ça n’est pas le résultat qui compte mais le chemin qu’ils emprunteront », explique Fabrice Valois, enseignant-chercheur et référent du programme au sein de l’INSA Lyon.
Groupe de travail accompagné par Linda Sanchez (macSUP#3)
Pour la 5e saison du programme, l’artiste contemporaine Marianne Mispelaëre a proposé aux étudiants d’explorer la thématique du langage. « Pour amorcer la rencontre avec le groupe, elle a posé une question didactique. Comment une langue, innocente au départ, peut-elle être détournée et exploitée à des fins politiques ? Pour guider les étudiants dans la recherche, elle fixe le point de départ avec les travaux de Victor Klemperer, philosophe allemand, qui a décrypté pendant la Seconde Guerre Mondiale la « novlangue » utilisée par le nazisme. Pour l’instant, nous n’avons aucune idée de ce que pourra être la réplique artistique des élèves mais c’est ici que tout commence », ajoute Fabrice Valois.
Durant les six prochains mois, les participants tenteront de formaliser une réponse tangible à la question. Ils passeront certainement par différentes phases : de l’excitation nourrie par les idées qui affluent, au temps de flottement de l’esprit qui malmène les estimes de soi jusqu’à la joie éprouvée à la livraison finale de l’idée prenant forme. « Les ressentis à chacune des étapes de la création d’une recherche artistique sont très différentes de ce que l’on peut rencontrer sur un objectif technique d’un cours de TP. Pourtant, ce sont des émotions qu’ils peuvent ressentir plus tard, dans leur vie d’ingénieur. Mais pour ça, vous ne pouvez pas faire de cours là-dessus ; nous avons choisi d’offrir la possibilité de le faire vivre. »
Séance de travail avec Chloé Serre (macSUP#4)
L’œuvre finale, si elle n’est pas une fin en soi, donnera lieu à un exercice de médiation. Au cours du premier week-end d’avril 2022, les étudiants expliqueront leur démarche artistique auprès du public du MAC de Lyon, une méthode efficace pour les préparer à leur futur rôle de professionnel. « L’ingénieur humaniste ne fait pas de la technique pour faire de la technique, mais pour contribuer à une meilleure société. L’un de ses atouts majeurs, c’est de pouvoir expliquer la technique, la rendre intelligible au plus grand nombre, expliquer les progrès proposés pour mieux les rendre accessible par tous. L’exercice de médiation est un élément important dans une démarche d’ingénieur, comme il le sera lors du week-end de restitution. Ici, de la même façon, l’explication donnée devra rendre lisible au public, un sujet difficile d’accès », ajoute l’enseignant.
« Libérez-vous ! Autorisez-vous ! », assènent les intervenants artistes aux étudiants de macSUP. Cette injonction, c’est aussi ce qui a poussé Fabrice Valois à vouloir explorer la question. « Créer, c’est prendre des risques et accepter de se laisser désinhiber. En tant que chercheur, je me suis longtemps questionné sur ce qui nous limitait dans nos innovations. En accompagnant ce module, j’ai découvert que la principale entrave à la liberté de création était souvent imposée par notre propre esprit. Lorsque vous innovez scientifiquement, nos propres limites peuvent vous rattraper plus souvent qu’on ne le pense, nous empêchant d’explorer d’autres champs que l’on aurait laissés de côté. C’est à ça que sert macSUP aussi, je crois : permettre aux participants d’oser se laisser aller au hasard et à la liberté. »
Sur le chemin des Poudingues avec Jan Kopp (macSUP#2)

Dans le cadre de la formation en humanités à l’INSA Lyon, ce module donne droit à l’équivalent de 2 crédits ECTS.

Vie de campus
Chroniques culturelles : « Lézarts plastiques » à l'INSA
Travailler la matière, mettre en esthétique les couleurs, les volumes ou les espaces : la section arts-plastiques-études de l’INSA Lyon aborde différentes techniques artistiques pour laisser courir l’imagination. Du dessin à la peinture en passant par la sculpture, la photographie, l’architecture ou le design, l’élève-ingénieur développe une nouvelle forme de langage. Autant de techniques que de sensibilités différentes présentées lors de l’exposition annuelle qui vient clôturer l’année universitaire, avec toutes les productions artistiques des étudiants. Cette année, l’exposition inaugurée le 22 juin dernier, est 100% virtuelle. Avant de passer la main à Diane Robin, enseignante en sciences humaines et sociales à l’INSA, Emmanuel Cartillier, enseignant de conception, nous fait découvrir la section dont il est responsable depuis six ans. Une pépite insalienne.
Tout d’abord, pouvez-vous nous présenter la section arts-plastiques-études ?
Créée il y a 33 ans, la section arts-plastiques-études propose à des élèves ingénieurs de l’INSA d’élargir leurs champs de compétences et leurs savoir-être. Née 2 ans après la section musique-études, la section a commencé par construire un socle artistique solide par la découverte pratique de la photographie argentique, la peinture et la sculpture. Au fur et à mesure des années, le contenu des disciplines a évolué et des nouvelles pratiques ont été proposées : l’architecture, le design, la vidéo, la scénographie, la sculpture métallique, puis la fonderie et enfin la gravure. En parallèle, un enseignement en histoire de l’art permet de découvrir toutes les époques, d’éclairer et de donner les codes de compréhension de l’époque contemporaine. L’ensemble de ces pratiques est dispensé dans un local situé sous la résidence B. Il a récemment été baptisé « l’Atelier » par les étudiants qui y ont un accès libre pour pratiquer aussi en autonomie à tout moment en dehors des cours. Des workshops sont régulièrement proposés par des artistes professionnels pour étoffer une formation qui ne cesse de se réinventer pour répondre au mieux aux enjeux sociétaux.
Vous clôturez chaque fin d’année universitaire par une exposition, pouvez-vous nous en dire plus ?
Pour assurer une plus grande visibilité, la section arts-plastiques-études a adapté sa façon de montrer les travaux des étudiants. Ainsi depuis cinq ans, nous proposons une exposition annuelle dans l’Atelier. Elle est présentée à l’Atelier, le lieu de vie de nos pratiques artistiques mais elle évolue dans différents lieux à INSA afin de présenter plus largement les travaux et d’inventer toutes sortes de scénographies originales. Certaines œuvres choisies sont également exposées de manière permanente dans des lieux à l’INSA. Une artothèque composée des travaux des étudiants est en cours de constitution. Elle permettra de proposer à différents services de l’INSA le prêt d’œuvres en tout genre.
Chaque année, des projets ambitieux sont réalisés. Ils permettent notamment de créer une dynamique de groupe qui manque parfois dans la pratique des arts-plastiques. On peut notamment noter la conception et fabrication du rhinocéros, projet complet qui laissera pour longtemps sa marque forte sur la « pelouse de FIMI1 » à l’est du campus.
Toute cette belle énergie créatrice ne serait possible sans la présence d’une équipe enseignante constituée de professionnels et d’un groupe d’étudiants motivés et plein d’initiatives. L’association les Lézarts, très présente aux côtés de la section, permet également de diffuser la pratique des arts plastiques sur tout le campus et permet ainsi un rayonnement plus large.
© A.Dufeil Graines d'images
Emmanuel Cartillier entouré d’enseignants et d’élèves lors de l’inauguration du nouveau rhinocéros en 2017
La situation sanitaire actuelle ayant largement bouleversé le quotidien des élèves, comment s’est déroulé cette fin d’année pour les étudiants-artistes ?
Le Covid-19 a effectivement ébranlé les usages et contraint les étudiants-artistes à réinventer leurs pratiques et repenser les espaces de diffusion de leurs œuvres. Pour autant, la période compliquée que nous avons vécu ces derniers mois n’aura pas entamé la créativité de tous. Au contraire, des pages instagram et autres padlets créées pendant le confinement ont montré la palette étendue que maitrisent ceux qu’on appelle communément les « arpets ».
L’exposition virtuelle, lancée le 22 juin dernier, permet de présenter les œuvres des étudiants-artistes réalisées au cours de l’année. Elle ouvre de nombreuses possibilités pour le futur, afin de pérenniser et d’accroître la diffusion des productions artistiques. De plus, le numérique ne devrait pas seulement être un vecteur de communication, mais pourrait être utilisé comme moyen d’expression artistique à part entière dans des ateliers et des projets en collaboration avec les départements de formation de l’INSA.
Cette dynamique créative se nourrit en effet des échanges avec les départements scientifiques et les autres sections artistiques. Tous les deux ans, les étudiants sont invités à créer avec les machines-outils de l’atelier de fabrication FIMITECH et à faire dialoguer leurs réalisations avec les performances de danseurs et de musiciens, dans le cadre du projet MAMO (Multi-Arts sur Machines-Outils). De nouvelles collaborations sont prévues l’année prochaine avec les sections danse-études et théâtre-études, autour d’une exposition de portraits photographiques de danseurs et de comédiens. De plus, les étudiants d’arts-plastiques-études pourront participer à un projet de cinéma d’animation avec les étudiants de cinéma-études. D'intéressants partenariats en perspective dont nous avons hâte de découvrir les productions réelles ou virtuelles.
Camille Bouchinet, élève-ingénieur, future présidente de l’association Lézarts
« J’ai intégré la section arts-plastiques-études en 2e année de premier cycle. Selon moi, intégrer la section arts-plastiques-études c’est créer, découvrir et pratiquer les arts-plastiques, réaliser de nombreux projets, mais aussi partager un intérêt commun avec des élèves. Cela signifie aussi apprendre des compétences propres à l’ingénieur humaniste, et apprendre à se connaître soi-même. Les nombreux projets réalisés durant l’année avec la section, nous ont permis de développer une belle cohésion de groupe. Pouvoir allier études et passion artistique est une réelle chance que nous avons ici à l'INSA. Je pense très sincèrement que cette année a été très enrichissante pour moi et restera une de mes plus belles années étudiantes. »
Guillaume le Moine, professeur de sculpture
« J'enseigne la sculpture au sein de la section arts-plastiques-études depuis plus de sept ans. En tant qu'enseignant, j'essaie de transmettre des qualités techniques ainsi qu'un regard tourné vers les créations contemporaines. Je travaille à partir du bagage culturel que porte chaque étudiant pour l'aider à construire un travail singulier. La section arts-plastiques-études est utile au sein de l'INSA car tout en offrant un autre type d'espace et de temps de travail, elle aide à repenser la notion de créativité, notion essentielle aujourd'hui dans les métiers d'ingénierie. »
Julien Minard, professeur de photographie
« J'enseigne la photographie aux étudiants de 2e cycle de l'INSA dans le cadre d'ateliers hebdomadaires depuis plus de dix ans et c'est un vrai bonheur ! Cette discipline conjugue des aspects artistiques et techniques qui intéressent beaucoup les étudiants. La curiosité est forte pour les procédés anciens, les techniques alternatives, l'argentique, les expérimentations de toutes sortes en prise de vue ou en laboratoire... Ainsi mon activité de photographe se nourrit de ces échanges avec ces étudiants motivés, volontaires et enthousiastes. Je suis toujours étonné par la capacité des insaliens à faire vivre le groupe et à être responsables. Au milieu d'études longues et difficiles, je vois le travail dans la section arts-plastiques-études comme une respiration, ou plutôt comme un pas de côté : quelques heures chaque semaine qui permettent aux étudiants et à moi-même de concevoir des projets artistiques exigeants dans un très bon état d'esprit. »
- En savoir plus :
Visite virtuelle de l'exposition Artsteps
1 Formation initiale aux métiers d’ingénieur

Vie de campus
Chroniques culturelles : dans les coulisses de la création
Artistes invitées par le service culturel dans le cadre d'une résidence de création cette saison, Élodie Lefèbvre et Silène Audibert ont accepté de se livrer au jeu de l’interview, de parler de leurs influences, leurs engagements et du processus de travail accompagnant la création d'œuvres.
Présentes auprès des étudiants, doctorants et personnels dès la rentrée de septembre, elles ont animé tout au long de l’année des ateliers (gravure, école d’été, workshop, collaboration insolite en art, sciences et ingénierie…). Associées à Marie-Pierre Escudié, enseignante-chercheuse au Centre des Humanités et à l’Institut Gaston Berger, elles ont présenté en octobre dernier l’acte 1 « La Llova », composé de créations sur le thème Femme/nature.
Deux autres temps d’expositions prévus au printemps 2020 n’ont pu aboutir dans leur forme originelle. Ainsi, l’acte 2 et l’acte 3 ont été réinventés, sous une forme différente :
- Chroniques Culturelles INSA #2 - Saison 1 - Épisode 2 : Scène de Recherche
- Chroniques Culturelles INSA #5 - Saison 1 - Épisode 5 : Scène de Recherche Usumacinta-Sédiments/Fleuve
Aujourd’hui, nous vous proposons un format plus personnel et plus intime pour entrer autrement dans les coulisses de la création.
Silène Audibert , Demeure, papier, crayons de couleur, format (100x70cm)
Dialogue d’artistes
Rencontre autour d’un conte
Elodie Lefèbvre (E.L) : Silène, en mai 2019 je t’avais sollicité pour que nous travaillions ensemble.
Les sujets que nous abordons dans nos créations sont souvent voisins : l’humain, le végétal, l’animalité, ainsi que certains matériaux que nous avons en commun : le bois ou le dessin. Malgré cette proximité, nos pièces sont très différentes. J’avais envie de comprendre comment tu travaillais, et j’étais curieuse de voir ce qui pourrait naître d’une rencontre à travers nos pratiques.
Silène Audibert (S.A) : En retour à ta sollicitation, je t’ai proposé de travailler à partir du conte La Loba, extrait du livre « Femmes qui courent avec les loups » de Clarissa Pinkola Estés.
Une vieille femme ramasse des os dans le désert, elle rassemble plus particulièrement un squelette de loup. Une fois qu’il est complet, cette dernière choisit un chant et commence une incantation.
Le squelette se redresse, se cabre puis prend la fuite. Dans sa course sous un rayon de lune, il se transforme en femme.
Ce conte est une histoire de transmission, de magie, de métamorphose mais encore une histoire qui nous interroge sur les liens à la nature, à notre histoire, à ce qui nous relie au monde. L’auteure psychanalyste et conteuse, montre que les femmes portent en elles une force naturelle, des dons et un savoir immémoriel. Elle invite à retrouver la “Femme sauvage”. Aujourd’hui nombreux sont les cris de révolte sur l’injustice, le déséquilibre écologique, les violences médicales, les actes de domination patriarcale dans nos sociétés. En interrogeant les liens Femme/nature nous nous approchons de nombreuses questions psychologiques sociales, politiques, écologiques mais aussi mystiques.
E.L : Effectivement, ce conte a constitué la base commune de notre travail de résidence, où chacune de nous a trouvé un écho à ses propres questionnements.
Élodie Lefèbvre
Arpenter le désert
S.A : Je voudrais savoir où tu te situes dans ce conte ?
E.L : J’imaginais faire mon entrée dans le conte à partir du lien Humain / Nature, ayant réalisé plusieurs travaux autour de ce thème. Mais la teneur du conte et les lectures associées amenées par Marie-Pierre et toi, avec des auteures comme Mona Chollet et Sylvia Federici, m’ont fait changer de focale. Depuis le début de la résidence j’ai l’impression d’être cette vieille femme qui cherche « les os » sous les pierres. Je parcours le désert de la Loba, devenu pour moi le lieu métaphorique de « l’espace social » à la recherche des fondements de la figure de la Femme. Certaines formes y sont visibles et d’autres sont gardées sous terre. Poussée par un mouvement archaïque, je me suis saisie de l’argile pour faire émerger ce qui feraient état de sa présence, des formes que j’ai liées au volcanisme, avec des grès chamotés, c’est à dire avec des résistances, des rugosités.
S.A : Pourtant le modelage n’est pas une pratique courante dans ton travail.
E.L : Je modelais plus jeune. Une pratique que j’avais complètement quitté durant toutes ces années lui préférant la vidéo et l’installation. Cela fait retour maintenant, alors que ce conte nous amène à la Femme, à l’élan vital, mais également dans un espace stratifié, sédimenté. Et toi, si je te renvois la question ?
S.A : Je me vois un peu dans tous les corps. Je me vois traverser, vivre chacun de ces événements. Je me sens la jeune, la vieille, celle qui naît, celle qui est en transition. Je me vois surgir dans la femme, dans la bête en métamorphose, mais aussi dans la vieille qui fait ce geste mystique. Cette dernière a une action forte, elle inscrit le temps, la magie, le geste de rassembler, récolter, redonner vie à ce qui passe et a fait trace. Tout personnellement, j’ai vécu une métamorphose puissante dans mon corps au court de cette année, au moment où nous avons entamé la résidence et ce projet de recherche sur les liens Femme/nature. J’ai énormément été métamorphosé enceinte. Dans ce conte et dans le creux de mes sensations je peux me projeter dans tous les corps de ce temps.