Culture

17 Mar
17/Mar/2021

Vie de campus

« La culture sert à tisser des liens »

Désormais parmi les 9 villes finalistes à candidater au dispositif « capitale française de la culture 2022 », Villeurbanne espère bien pouvoir remporter le nouveau label initié cette année par le ministère de la culture. Pour se démarquer, la ville présente un projet qui place la culture au plus près de ses habitants, dont 50 % sont des jeunes de moins de 30 ans. L’INSA Lyon, dont le modèle met un point d’honneur à développer la curiosité et l’ouverture d’esprit de ses élèves à travers un accès privilégié à l’art et à la culture, s’est naturellement engagé à soutenir la démarche. Stéphane Frioux, adjoint à la culture de la Mairie de Villeurbanne et Cécile Beaugiraud, responsable du service culturel de l’INSA Lyon, expliquent l’intention. 

En quoi consiste le label « capitale française de la culture 2022 » ? Qu’attend la Ville de Villeurbanne de cette candidature ?

Stéphane Frioux : Villeurbanne fait partie des 9 villes finalistes candidates à ce label qui récompense les territoires engagés pour des politiques culturelles fortes. Ce dispositif vient d’être créé, donc il est évident que la première ville française à se voir honorée sera ainsi sous les feux des projecteurs médiatiques. Au-delà du million d’euros attribué à la ville lauréate, pour favoriser un événementiel exceptionnel en 2022, ce serait une reconnaissance pour toute la politique culturelle menée par la municipalité depuis près de 40 ans et de la qualité des structures qui l’accompagnent. Cette candidature est aussi l’occasion de proposer un projet structurant avec les jeunes villeurbannais, qui représentent la moitié de la population de la ville. Notre projet, « Place aux jeunes », consacre donc une place évidente à l’INSA qui apporte une importante valeur ajoutée à notre dossier, grâce à la qualité des projets conçus par le service culturel, les événements organisés par les associations étudiantes et la spécificité de ses filières arts-études.

Comment l’INSA peut aider Villeurbanne à devenir capitale française de la culture 2022 ? 

Cécile Beaugiraud : Nous souhaitons proposer plusieurs actions qui interrogent deux transitions actuellement au cœur de la stratégie d’établissement : la transition numérique et la transition écologique, environnementale et énergétique. L’idée est de travailler avec les forces vives qui composent notre communauté. Les acteurs culturels de l’INSA sont investis et nombreux. L’engagement de l’école dans cette candidature se concrétisera par des propositions de créations citoyennes. Un appel à projets en direction des étudiants, des associations et des enseignements sera proposé pour permettre à nos élèves d’être des ingénieurs artistes, citoyens engagés, médiateurs et spectateurs. Dès septembre 2021, nous engagerons des projets participatifs, jusqu’en 2023. Nous souhaitons par le biais de la culture mobiliser les enseignants et les chercheurs sur ces thématiques institutionnelles, également portées par notre ville. Cette candidature est déjà une formidable opportunité d’associer Villeurbanne et notre campus où la très belle énergie de la jeunesse résonne au quotidien. 

Que peut apporter la culture aux jeunes ? Pourquoi est-elle importante dans une école d’ingénieurs ?

Stéphane Frioux : Pour moi la culture sert à tisser des liens : entre soi et les autres, entre le passé et le futur, entre des personnes qui se rencontrent par la pratique d’un art ou le spectacle culturel. Il n’y a évidemment pas de personne ni de lieu qui ne soit porteur d’une culture unique et je crois donc que l’INSA et les écoles d’ingénieurs en général ont leur rôle à jouer dans la transmission : pas seulement des savoirs et savoir-faire pour la future vie professionnelle de leurs élèves, mais également des émotions, des valeurs et des souvenirs culturels. J’ai grandi dans les années de la démocratisation culturelle (entre 1980 et 1990) et je crois que c’est pour et avec les jeunes d’aujourd’hui que nous devons penser la transmission de la fameuse « exception culturelle française ».

Cécile Beaugiraud : La culture a le pouvoir de développer l’esprit critique et la créativité. Pour nos futurs ingénieurs, la culture est un moyen de développer l’ingéniosité. C’est d’ailleurs sur cette idée qu’a été fondé le modèle d’ingénieur humaniste de Gaston Berger : former des têtes pensantes et des têtes sensibles. L’accès aux arts engage à décaler le point de vue et avoir un autre regard sur le monde, ce qui permet d’être plus attentifs aux autres et plus performants dans les sciences de l’ingénieur. La culture a également un rôle fédérateur, et nous pouvons le constater en particulier dans la vie associative insalienne qui ne cesse de bouillonner. Même si elle a parfois réussi à prendre d’autres formats, la culture a été très empêchée pendant cette dernière année. Je crois que la crise sanitaire a fait émerger un grand besoin d’expression. Investir les champs culturels est une grande chance pour répondre à cette nécessité sociale. 


L’INSA Lyon soutient Villeurbanne « capitale française de la culture 2022 » 
Villeurbanne a choisi de présenter un projet qui place la culture au plus près des habitants et notamment des jeunes, dans les écoles, les collèges et les lycées. Cette candidature constitue également une nouvelle opportunité de coproduire une politique culturelle ambitieuse avec tous les intervenants du territoire. Le jury final se réunira mi-mars pour désigner la ville choisie parmi les 9 candidatures présélectionnées.

Pour consulter le programme et soutenir la candidature de la Ville de Villeurbanne au label « capitale française de la culture 2022 » : www.villeurbanne.fr/culture2022
 

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05 Nov
From 05/11/2020
to 11/12/2020

Art & Culture

Exposition Scène de recherche - Acte III - Portare

Soulever, aimer, un monde porté.

Témoignage de leur processus de création, les trois artistes-chercheuses livrent ici un travail qui met en jeu la fonction phorique, qui est l’acte de porter, de soulever, voire de responsabiliser.
Sculptures, gravures, dessins, installations seront au coeur de cette nouvelle exposition Portare qui parachève ce temps de résidence sur les liens femmes/nature.

En libre accès.

 

 

 

Additional informations

  • culture@insa-lyon.fr
  • Hall d’exposition des Humanités - Bâtiment Les Humanités - INSA Lyon - Campus LyonTech La Doua 1, rue des Humanités - 69621 Villeurbanne cedex

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05 Nov
05/11/2020

Art & Culture

Vernissage : Scène de recherche - Acte III - Portare

En présence des artistes-chercheuses Silène Audibert, Elodie Lefebvre et Marie-Pierre Escudié

Soulever, aimer, un monde porté.

Témoignage de leur processus de création, les trois artistes-chercheuses livrent ici un travail qui met en jeu la fonction phorique, qui est l’acte de porter, de soulever, voire de responsabiliser.
Sculptures, gravures, dessins, installations seront au coeur de cette nouvelle exposition Portare qui parachève ce temps de résidence sur les liens femmes/nature.

  • Vernissage proposé à 12h30 et 18h30 - Gratuit sur réservation
  • Exposition Scène de recherche : du 5 novembre au 11 décembre 2020 - En libre accès.
     

 

Additional informations

  • culture@insa-lyon.fr
  • Hall d’exposition des Humanités - Bâtiment Les Humanités - INSA Lyon - Campus LyonTech La Doua 1, rue des Humanités - 69621 Villeurbanne cedex

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22 Oct
22/10/2020 18:30

Art & Culture

Match d'impro de rentrée – TTI

La Troupe Théâtrale de l'INSA Lyon vous convie au premier match d'impro de l'année !

Un match d'impro c'est comme du tango. La TTI et la troupe du Comptoir de l'Imaginaire vont tout d'abord se saluer sur la patinoire, belliqueux, pugnaces et consumés par le feu de leur passion l'une pour l'autre. Dans les premiers pas, l'une avance un personnage, l'autre, doucement, une histoire, les deux équipes se rencontrent et s'apprivoisent, tournent l'une autour de l'autre, se comprennent. Soudain ! Le rythme s'accélère ! Les émotions fusent ! Les rires s'enchaînent ! Les situations s'emballent ! Le public applaudit ! Rideau.

Préventes des tickets uniquement pas paiement en lignehttps://www.helloasso.com/.../evenements/match-de-rentree-1

 

13 Oct
13 et 15 octobre 2020

Art & Culture

Perfecto, spectacle dégenré avec Claudine Lebègue

Perfecto, une affaire jouée-chantée-vécue, avec musique permanente.

Mardi 13 octobre 2020 à 19h (première partie : Concert AMI)

Jeudi 15 octobre 2020 à 12h30

En trio, avec Claudine Lebègue, Alexandre Leitao et Michel Taïeb,

Collaborateurs tour à tour de Michèle Bernard, Anne Sylvestre, Abd Al Malik, Têtes Raides, Allain Leprest...

Leur musique est un véritable cinéma permanent entre chanson et théâtre ambulant.

Un genre de spectacle joyeux, sans genre, nouveau ! 

Spectacle GRATUIT sur réservation => https://envue.insa-lyon.fr/20201013_perfecto/inscription.php

Additional informations

  • INSA Lyon - La Rotonde, 14 avenue des arts, 69100 Villeurbanne. Tramway T1/T4 - Station INSA-Einstein ou La Doua-Gaston Berger

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21 Oct
From 21/10/2020
to 23/10/2020

Art & Culture

Exposition Happy Biosday

Un évènement dans le cadre des 60 ans du département Biosciences, en partenariat avec la bibliothèque Marie Curie de l’INSA Lyon et le Collectif VAVILOV.

Une invitation à découvrir l’histoire de l’Institut Vavilov basé à Saint-Pétersbourg qui entretient, sème, cultive et classifie plus de 345 000 espèces végétales. 

Réservation obligatoire pour les groupes de 10 personnes : culture@insa-lyon.fr

22 Jun
22/Jun/2020

Vie de campus

Chroniques culturelles : « Lézarts plastiques » à l'INSA

Travailler la matière, mettre en esthétique les couleurs, les volumes ou les espaces : la section arts-plastiques-études de l’INSA Lyon aborde différentes techniques artistiques pour laisser courir l’imagination. Du dessin à la peinture en passant par la sculpture, la photographie, l’architecture ou le design, l’élève-ingénieur développe une nouvelle forme de langage. Autant de techniques que de sensibilités différentes présentées lors de l’exposition annuelle qui vient clôturer l’année universitaire, avec toutes les productions artistiques des étudiants. Cette année, l’exposition inaugurée le 22 juin dernier, est 100% virtuelle. Avant de passer la main à Diane Robin, enseignante en sciences humaines et sociales à l’INSA, Emmanuel Cartillier, enseignant de conception, nous fait découvrir la section dont il est responsable depuis six ans. Une pépite insalienne.


Tout d’abord, pouvez-vous nous présenter la section arts-plastiques-études ? 
Créée il y a 33 ans, la section arts-plastiques-études propose à des élèves ingénieurs de l’INSA d’élargir leurs champs de compétences et leurs savoir-être. Née 2 ans après la section musique-études, la section a commencé par construire un socle artistique solide par la découverte pratique de la photographie argentique, la peinture et la sculpture. Au fur et à mesure des années, le contenu des disciplines a évolué et des nouvelles pratiques ont été proposées : l’architecture, le design, la vidéo, la scénographie, la sculpture métallique, puis la fonderie et enfin la gravure. En parallèle, un enseignement en histoire de l’art permet de découvrir toutes les époques, d’éclairer et de donner les codes de compréhension de l’époque contemporaine. L’ensemble de ces pratiques est dispensé dans un local situé sous la résidence B. Il a récemment été baptisé « l’Atelier » par les étudiants qui y ont un accès libre pour pratiquer aussi en autonomie à tout moment en dehors des cours. Des workshops sont régulièrement proposés par des artistes professionnels pour étoffer une formation qui ne cesse de se réinventer pour répondre au mieux aux enjeux sociétaux. 

Vous clôturez chaque fin d’année universitaire par une exposition, pouvez-vous nous en dire plus ? 
Pour assurer une plus grande visibilité, la section arts-plastiques-études a adapté sa façon de montrer les travaux des étudiants. Ainsi depuis cinq ans, nous proposons une exposition annuelle dans l’Atelier. Elle est présentée à l’Atelier, le lieu de vie de nos pratiques artistiques mais elle évolue dans différents lieux à INSA afin de présenter plus largement les travaux et d’inventer toutes sortes de scénographies originales. Certaines œuvres choisies sont également exposées de manière permanente dans des lieux à l’INSA. Une artothèque composée des travaux des étudiants est en cours de constitution. Elle permettra de proposer à différents services de l’INSA le prêt d’œuvres en tout genre.
Chaque année, des projets ambitieux sont réalisés. Ils permettent notamment de créer une dynamique de groupe qui manque parfois dans la pratique des arts-plastiques. On peut notamment noter la conception et fabrication du rhinocéros, projet complet qui laissera pour longtemps sa marque forte sur la « pelouse de FIMI1 » à l’est du campus.
Toute cette belle énergie créatrice ne serait possible sans la présence d’une équipe enseignante constituée de professionnels et d’un groupe d’étudiants motivés et plein d’initiatives. L’association les Lézarts, très présente aux côtés de la section, permet également de diffuser la pratique des arts plastiques sur tout le campus et permet ainsi un rayonnement plus large.


© A.Dufeil Graines d'images
Emmanuel Cartillier entouré d’enseignants et d’élèves lors de l’inauguration du nouveau rhinocéros en 2017
 

La situation sanitaire actuelle ayant largement bouleversé le quotidien des élèves, comment s’est déroulé cette fin d’année pour les étudiants-artistes ?
Le Covid-19 a effectivement ébranlé les usages et contraint les étudiants-artistes à réinventer leurs pratiques et repenser les espaces de diffusion de leurs œuvres. Pour autant, la période compliquée que nous avons vécu ces derniers mois n’aura pas entamé la créativité de tous. Au contraire, des pages instagram et autres padlets créées pendant le confinement ont montré la palette étendue que maitrisent ceux qu’on appelle communément les « arpets ».
L’exposition virtuelle, lancée le 22 juin dernier, permet de présenter les œuvres des étudiants-artistes réalisées au cours de l’année. Elle ouvre de nombreuses possibilités pour le futur, afin de pérenniser et d’accroître la diffusion des productions artistiques. De plus, le numérique ne devrait pas seulement être un vecteur de communication, mais pourrait être utilisé comme moyen d’expression artistique à part entière dans des ateliers et des projets en collaboration avec les départements de formation de l’INSA.
Cette dynamique créative se nourrit en effet des échanges avec les départements scientifiques et les autres sections artistiques. Tous les deux ans, les étudiants sont invités à créer avec les machines-outils de l’atelier de fabrication FIMITECH et à faire dialoguer leurs réalisations avec les performances de danseurs et de musiciens, dans le cadre du projet MAMO (Multi-Arts sur Machines-Outils). De nouvelles collaborations sont prévues l’année prochaine avec les sections danse-études et théâtre-études, autour d’une exposition de portraits photographiques de danseurs et de comédiens. De plus, les étudiants d’arts-plastiques-études pourront participer à un projet de cinéma d’animation avec les étudiants de cinéma-études. D'intéressants partenariats en perspective dont nous avons hâte de découvrir les productions réelles ou virtuelles.

 

Témoignages

Camille Bouchinet, élève-ingénieur, future présidente de l’association Lézarts
« J’ai intégré la section arts-plastiques-études en 2e année de premier cycle. Selon moi, intégrer la section arts-plastiques-études c’est créer, découvrir et pratiquer les arts-plastiques, réaliser de nombreux projets, mais aussi partager un intérêt commun avec des élèves. Cela signifie aussi apprendre des compétences propres à l’ingénieur humaniste, et apprendre à se connaître soi-même. Les nombreux projets réalisés durant l’année avec la section, nous ont permis de développer une belle cohésion de groupe. Pouvoir allier études et passion artistique est une réelle chance que nous avons ici à l'INSA. Je pense très sincèrement que cette année a été très enrichissante pour moi et restera une de mes plus belles années étudiantes. »

Guillaume le Moine, professeur de sculpture
« J'enseigne la sculpture au sein de la section arts-plastiques-études depuis plus de sept ans. En tant qu'enseignant, j'essaie de transmettre des qualités techniques ainsi qu'un regard tourné vers les créations contemporaines. Je travaille à partir du bagage culturel que porte chaque étudiant pour l'aider à construire un travail singulier. La section arts-plastiques-études est utile au sein de l'INSA car tout en offrant un autre type d'espace et de temps de travail, elle aide à repenser la notion de créativité, notion essentielle aujourd'hui dans les métiers d'ingénierie. »

Julien Minard, professeur de photographie
« J'enseigne la photographie aux étudiants de 2e cycle de l'INSA dans le cadre d'ateliers hebdomadaires depuis plus de dix ans et c'est un vrai bonheur ! Cette discipline conjugue des aspects artistiques et techniques qui intéressent beaucoup les étudiants. La curiosité est forte pour les procédés anciens, les techniques alternatives, l'argentique, les expérimentations de toutes sortes en prise de vue ou en laboratoire... Ainsi mon activité de photographe se nourrit de ces échanges avec ces étudiants motivés, volontaires et enthousiastes. Je suis toujours étonné par la capacité des insaliens à faire vivre le groupe et à être responsables. Au milieu d'études longues et difficiles, je vois le travail dans la section arts-plastiques-études comme une respiration, ou plutôt comme un pas de côté : quelques heures chaque semaine qui permettent aux étudiants et à moi-même de concevoir des projets artistiques exigeants dans un très bon état d'esprit. »

 

 

 

Formation initiale aux métiers d’ingénieur


 

 

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09 Jun
09/Jun/2020

Vie de campus

Chroniques culturelles : dans les coulisses de la création

Artistes invitées par le service culturel dans le cadre d'une résidence de création cette saison, Élodie Lefèbvre et Silène Audibert ont accepté de se livrer au jeu de l’interview, de parler de leurs influences, leurs engagements et du processus de travail accompagnant la création d'œuvres.

Présentes auprès des étudiants, doctorants et personnels dès la rentrée de septembre, elles ont animé tout au long de l’année des ateliers (gravure, école d’été, workshop, collaboration insolite en art, sciences et ingénierie…). Associées à Marie-Pierre Escudié, enseignante-chercheuse au Centre des Humanités et à l’Institut Gaston Berger, elles ont présenté en octobre dernier l’acte 1 « La Llova », composé de créations sur le thème Femme/nature.
Deux autres temps d’expositions prévus au printemps 2020 n’ont pu aboutir dans leur forme originelle. Ainsi, l’acte 2 et l’acte 3 ont été réinventés, sous une forme différente :

Aujourd’hui, nous vous proposons un format plus personnel et plus intime pour entrer autrement dans les coulisses de la création.


Silène Audibert , Demeure, papier, crayons de couleur, format (100x70cm)​

 

Dialogue d’artistes
Rencontre autour d’un conte

Elodie Lefèbvre (E.L) : Silène, en mai 2019 je t’avais sollicité pour que nous travaillions ensemble. 
Les sujets que nous abordons dans nos créations sont souvent voisins : l’humain, le végétal, l’animalité, ainsi que certains matériaux que nous avons en commun : le bois ou le dessin. Malgré cette proximité, nos pièces sont très différentes. J’avais envie de comprendre comment tu travaillais, et j’étais curieuse de voir ce qui pourrait naître d’une rencontre à travers nos pratiques.

Silène Audibert (S.A) : En retour à ta sollicitation, je t’ai proposé de travailler à partir du conte La Loba, extrait du livre « Femmes qui courent avec les loups » de Clarissa Pinkola Estés
Une vieille femme ramasse des os dans le désert, elle rassemble plus particulièrement un squelette de loup. Une fois qu’il est complet, cette dernière choisit un chant et commence une incantation.
Le squelette se redresse, se cabre puis prend la fuite. Dans sa course sous un rayon de lune, il se transforme en femme.
Ce conte est une histoire de transmission, de magie, de métamorphose mais encore une histoire qui nous interroge sur les liens à la nature, à notre histoire, à ce qui nous relie au monde. L’auteure psychanalyste et conteuse, montre que les femmes portent en elles une force naturelle, des dons et un savoir immémoriel. Elle invite à retrouver la “Femme sauvage”. Aujourd’hui nombreux sont les cris de révolte sur l’injustice, le déséquilibre écologique, les violences médicales, les actes de domination patriarcale dans nos sociétés. En interrogeant les liens Femme/nature nous nous approchons de nombreuses questions psychologiques sociales, politiques, écologiques mais aussi mystiques.

E.L : Effectivement, ce conte a constitué la base commune de notre travail de résidence, où chacune de nous a trouvé un écho à ses propres questionnements. 


Élodie Lefèbvre


Arpenter le désert

S.A : Je voudrais savoir où tu te situes dans ce conte ? 

E.L : J’imaginais faire mon entrée dans le conte à partir du lien Humain / Nature, ayant réalisé plusieurs travaux autour de ce thème. Mais la teneur du conte et les lectures associées amenées par Marie-Pierre et toi, avec des auteures comme Mona Chollet et Sylvia Federici, m’ont fait changer de focale. Depuis le début de la résidence j’ai l’impression d’être cette vieille femme qui cherche « les os » sous les pierres. Je parcours le désert de la Loba, devenu pour moi le lieu métaphorique de « l’espace social » à la recherche des fondements de la figure de la Femme. Certaines formes y sont visibles et d’autres sont gardées sous terre. Poussée par un mouvement archaïque, je me suis saisie de l’argile pour faire émerger ce qui feraient état de sa présence, des formes que j’ai liées au volcanisme, avec des grès chamotés, c’est à dire avec des résistances, des rugosités. 

S.A : Pourtant le modelage n’est pas une pratique courante dans ton travail. 

E.L : Je modelais plus jeune. Une pratique que j’avais complètement quitté durant toutes ces années lui préférant la vidéo et l’installation. Cela fait retour maintenant, alors que ce conte nous amène à la Femme, à l’élan vital, mais également dans un espace stratifié, sédimenté. Et toi, si je te renvois la question ?

S.A : Je me vois un peu dans tous les corps. Je me vois traverser, vivre chacun de ces événements. Je me sens la jeune, la vieille, celle qui naît, celle qui est en transition. Je me vois surgir dans la femme, dans la bête en métamorphose, mais aussi dans la vieille qui fait ce geste mystique. Cette dernière a une action forte, elle inscrit le temps, la magie, le geste de rassembler, récolter, redonner vie à ce qui passe et a fait trace. Tout personnellement, j’ai vécu une métamorphose puissante dans mon corps au court de cette année, au moment où nous avons entamé la résidence et ce projet de recherche sur les liens Femme/nature. J’ai énormément été métamorphosé enceinte. Dans ce conte et dans le creux de mes sensations je peux me projeter dans tous les corps de ce temps. 

 

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25 Jun
From 25/06/2020
to 07/07/2020

Art & Culture

Exposition virtuelle de la section arts-plastiques études

Cette année l'exposition des travaux des élèves de la section arts-plastiques études sera virtuelle !

A partir du 7 juin et pendant un mois venez découvrir les travaux des étudiant.e.s de la section via la plateforme artstep : https://bit.ly/2ArFqoa

Vous pourrez aussi retrouver chaque jour trois travaux de ces étudiant.e.s mis en lumière sur la page instagram des Lézarts : https://bit.ly/2XVDxIi

28 May
28/May/2020

Vie de campus

Chroniques culturelles : des confinements ordinaires ?

À l’heure du déconfinement progressif, la question des conditions d’exercice du travail est plus que jamais au cœur de nos préoccupations. Cette réflexion est ici partagée avec Thomas Le Guennic, professeur agrégé de sciences économiques et sociales au Centre des Humanités de l'INSA Lyon et avec François-Régis Lacroix, ancien magistrat invité à l’INSA en janvier dernier.

Comme un miroir brandi à nous-même, le confinement aura été une période propice à l’introspection, au questionnement sur nos temps ordinaires. Comment ai-je envie de vivre ? Quel est le futur que je souhaite pour moi, pour la société, pour l’environnement, pour mes enfants ? Suis-je satisfait de mon travail ? Et c’est de travail dont nous allons parler aujourd’hui, à l’heure du déconfinement, au moment où de nombreuses personnes reprennent leur activité professionnelle.

Plus que jamais, l’épidémie de covid-19 a mis en lumière le rapport que nous entretenons individuellement et collectivement au travail. Nos modes de fonctionnement professionnels ont été chamboulés. Certains salariés vivent du chômage partiel. Des secteurs ploient sous le choc (culture, tourisme, restauration…). D’autres travailleurs ne sont pas restés chez eux. Ils ont redoublé d’efforts pour assurer les services essentiels à la population confinée (commerces, soins, transports, entretien, agriculture…). Et d’aucuns se sont aperçus que ces travailleurs étaient souvent peu qualifiés et que leur rémunération était inversement proportionnelle à leur utilité sociale. Ainsi, cette épidémie aura aussi souligné les inégalités professionnelles. Cette liste pourrait être allongée encore, tant le travail occupe une place centrale dans nos vies et nos sociétés.

De tous ces sujets, il en a été largement question à l’INSA, le 21 janvier dernier, lors de l’événement « C’est quoi ce travail ?! ». Cette journée était l’occasion de réfléchir à l’actualité du travail. Romancier, avocat, magistrat, poète : plusieurs grands témoins ont partagé leur expérience et leur expertise du sujet. L’un d’entre eux est François-Régis Lacroix, ancien magistrat, aujourd’hui actif dans le domaine de la défense des Droits de l’Homme. Interrogé sur la question du « travail confiné » il nous propose aujourd’hui un récit personnel, introspectif et poignant. Ce récit parlera à toutes et à tous : élèves, enseignants, chercheurs, personnel administratif, ingénieurs… Car ce texte est d’abord un témoignage sur un métier, sur son quotidien, sur un savoir-faire : celui de rendre la justice et, surtout, sur le goût de bien le faire. Il s’agit donc d’une réflexion éthique : qu’est-ce qui nous fait tenir debout ?

Mais ce récit aborde aussi ce qui peut nous faire tomber. En effet, François-Régis Lacroix évoque les conséquences désastreuses d’un type de management sans âme qui sévit actuellement dans les entreprises et les administrations. Un art de gouverner les hommes qui, au nom de la rentabilité, réduit l’autonomie des travailleurs, remet en cause leur savoir-faire et qui peut aussi les conduire à l’isolement. Un isolement physique, relationnel, mais aussi intime. Un isolement qui, comme un poison, vise le cœur : l’honneur, l’estime de soi.
Aussi, je lis ce témoignage comme une mise en garde. Le confinement n’est pas seulement ce moment inédit, requis par la crise sanitaire. Il y a d’autres confinements, plus ordinaires, plus sournois, qui ne font pas la une des journaux et qui ne s’abolissent pas par décrets. Ce sont ces situations d’isolement, au travail, en famille, ces moments où l’on perd pied et qui, sans que l’on y prenne garde, nous emmurent en nous-même. Mais si François-Régis Lacroix décrit cette mécanique de la claustration, il dessine aussi les voies de sortie, le chemin de la résilience : renouer le dialogue, rentrer en relation avec ses proches et se ressourcer dans les arts et la nature. Puisse le monde d’après s’en souvenir.

Substantiellement confiné, secondairement déconfit : expérience passée d'un juge en fin d'activité.
Texte inédit de François-Régis Lacroix, ancien magistrat, Président de la chambre sociale de la Cour d’appel de Chambéry entre 2011 et 2014, aujourd’hui actif dans le domaine de la défense des Droits de l’Homme.

Récit en deux feuilletons

Partie 1
J'ai eu 60 ans au début de l'été 2011 ; il me restait alors cinq années d'activité professionnelle avant de prendre ma retraite. Depuis mon premier poste, rejoint le 1er février 1978, j'avais beaucoup aimé, sans jamais aucun regret ni aucune réserve, exercer les fonctions de juge qui m'avaient été confiées au sein de juridictions de première instance dans cinq villes différentes successivement : j'ai eu la chance de pouvoir continûment suivre mon inclination naturelle qui me portait à rester simplement l'un des artisans de la justice quotidienne, celle vers laquelle se tournent pour faire arbitrer leurs différends les créanciers et leurs débiteurs, les locataires et propriétaires, les salariés et leurs employeurs, mais aussi les entrepreneurs et donneurs d'ouvrage, les consommateurs et professionnels vendeurs de biens ou prestataires de services, les voisins propriétaires d'immeubles ou de terrains limitrophes ou  copropriétaires dans un même immeuble, et encore les auteurs et victimes de dommages etc.

J'appréciais beaucoup, qui favorisait plus immédiatement une bonne approche de ce type de contentieux, le temps des audiences, par définition le temps d'une écoute en public des demandes et des contestations,  des récits et des arguments exposés par chacune des parties et/ou par leur avocat alternativement et contradictoirement, mais aussi, à l'initiative du juge, le moment des échanges et des questionnements, propices à un affinement de la compréhension de toutes les données du litige ; j'en éprouvais la satisfaction d'un travail en commun, dont chaque acteur prenait sa part en toute humanité, pourvu que la tonalité de mes interventions restât empreinte d'une totale impartialité. J'avais pris goût, au surplus, à la pratique de mesures d'instruction dont je me réservais la mise en œuvre dans les locaux du tribunal ou à l'extérieur : vérifications personnelles sur les lieux d'habitation ou de travail, sur le terrain ou dans un immeuble, avec le concours d'un technicien le cas échéant, ou encore enquêtes combinant l'audition des parties et de témoins, ce qui avait l'immense avantage d'élargir considérablement le champ de vision sur les multiples aspects de ces contentieux au bénéfices des lumières apportées par des recherches diversifiées.

Préparées ainsi, les décisions étaient susceptibles d'être mieux admises par toutes les parties, qui étaient assurées d'avoir bénéficié d'un examen en détail des données du litige et de la prise en considération de leurs arguments, mais qu'il fallait aussi s'appliquer à convaincre du bien-fondé d'une condamnation ou d'un rejet de leurs prétentions par une motivation inspirée tout aussi bien par la préoccupation primordiale de statuer conformément au Droit que par l'intérêt pratique manifesté pour des solutions équitables ; cet exercice, en lui-même périlleux, procure néanmoins une vive stimulation intellectuelle, tant le Droit a le grand avantage d'être flexible, comme l'a souligné très justement le très respecté Professeur Carbonnier.

 

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