Formation

25 sep
25/sep/2020

Vie de campus

L'image de la quinzaine

L’art insalien s’expose à Lyon. Peintures, photographies et sculptures des élèves-ingénieurs de la section arts-plastiques études sont exposées au prestigieux Palais Bondy, dans le cadre du salon Regain Art’Lyon. Ils avaient remporté le tremplin Regain qui encourage la création artistique de jeunes talents plasticiens, et l’échange entre les arts et le monde universitaire. La soirée de vernissage a été l’occasion de présenter LUXIE44, une machine inspirée par Léonard de Vinci et Pierre Soulages dont le projet d’exposition au Japon avait été éconduit en raison de la crise sanitaire. Une jolie contrepartie pour les étudiants-artistes d’exporter leurs arts au delà des frontières du campus. À voir jusqu’au 27 septembre 2020.

 

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24 sep
24/sep/2020

Formation

Former tous les étudiants aux enjeux climat - énergie : le Groupe INSA ouvre un partenariat avec The Shift Project

The Shift Project, un laboratoire d’idées reconnu pour son expertise sur les enjeux climat-énergie, et qui œuvre en faveur d’une économie « post-carbone », va accompagner les établissements du Groupe INSA dans leur projet de former tous leurs étudiants à ces enjeux. Entretien avec Nicolas Freud, référent pour le projet ClimatSup et pilote du projet d’évolution de la formation à l’INSA Lyon.

Comment pouvez-vous présenter le projet ClimatSup INSA, et que va-t-il apporter à la formation INSA Lyon ?
L’INSA Lyon est en relation régulière avec The Shift Project depuis que ce dernier a lancé son chantier sur l’enseignement supérieur (voir, notamment, le rapport « Mobiliser l’enseignement supérieur pour le climat », publié en mars 2019). Nous avons pu constater que nous partagions le point de vue selon lequel tous les étudiants devraient être formés aux enjeux climat-énergie. Nous avons alors pensé que The Shift Project pourrait nous aider à conduire notre chantier d’évolution de la formation sur ces thématiques, en nous apportant un accompagnement méthodologique et une expertise sur le plan scientifique et technique. C’est de là qu’est né le projet Climatsup, aujourd’hui porté à l’échelle du Groupe INSA, qui devrait nous aider à élaborer un programme de formation cohérent sur la thématique climat-énergie, dans le cadre plus global du chantier d’évolution de la formation défini par le conseil d’administration de l’établissement. 

N’y a-t-il pas un risque à s’associer à The Shift Project, dont les propositions peuvent apparaître parfois controversées ? 
The Shift Project fonde ses propositions sur le diagnostic de la communauté scientifique, qui établit clairement la nécessité de décarboner les activités humaines pour parvenir à limiter le réchauffement climatique. Il est toujours guidé, dans sa démarche, par l’exigence de rigueur scientifique. Il est tout à fait légitime, cependant, que ses propositions suscitent le débat, tant les problèmes à résoudre pour faire face au changement climatique et réaliser la transition énergétique remettent en question nos habitudes, dans tous les domaines. L’INSA Lyon estime que tous ses étudiants doivent être formés sur ces questions, et doivent être des acteurs des transformations en cours et à venir. Même s’il s’agit de sujets extrêmement complexes, les ingénieurs que nous formons peuvent et doivent contribuer à éclairer les débats et prises de décision, en apportant, notamment, leur expertise scientifique et technique (indispensable, par exemple, pour ne pas se tromper d’ordre de grandeur lorsqu’on cherche des solutions). L’expérience avec The Shift Project sera très intéressante pour nous aider à avancer sur ces sujets.

L’INSA Lyon est particulièrement moteur pour faire évoluer sa formation, en phase avec les grands enjeux sociétaux et environnementaux. Est-ce une priorité stratégique pour l’établissement ? 
Oui, absolument. L’INSA Lyon a acté le fait que les grands enjeux sociétaux et environnementaux doivent occuper une place centrale dans la formation. L’étape de la politique de formation étant franchie (avec le vote de deux notes de cadrage par le CA en 2019-20), l’établissement aborde à présent la phase plus opérationnelle de construction des futures maquettes de formation, qui seront proposées dès la rentrée 2021 aux nouveaux bacheliers. C’est un chantier complexe, mais nous sommes heureux de compter, dans le paysage des grandes écoles, parmi les acteurs les plus impliqués dans cette transformation devenue particulièrement urgente.

 

Pour en savoir plus sur le chantier d’évolution de la formation => Résilient-e-s #7 - 14 mai 2020
 

Mots clés

07 sep
07/sep/2020

INSA Lyon

L'image de la quinzaine

Rentrée masquée, rentrée quand même.

La Covid-19 n’aura pas empêché la rentrée des étudiants de première année à l’INSA Lyon. Durant deux jours, l'école a accueilli près de 700 nouveaux étudiants, dans le respect des règles sanitaires. Chaque primo-entrant a ensuite rejoint sa « famille », soigneusement choisie par les équipes étudiantes du comité de parrainage. Malgré les masques, curiosité et enthousiasme se lisaient dans les yeux des élèves-ingénieurs, heureux de découvrir leur campus.

Plus d’images de la chaîne de rentrée.

 

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08 juil
08/juil/2020

INSA Lyon

Pour faire évoluer sa formation d’ingénieurs, l’INSA sollicite sa communauté

En impulsant un travail de recherche sur la question de l’ingénieur humaniste, l’association des Alumni INSA Lyon fédère l’écosystème INSA autour d’elle et sollicite son réseau de diplômés, à travers une opération de crowdfunding inédite.
Trois questions à Daniel-Louis André, président des Alumni INSA Lyon.

Pourquoi avoir décidé de solliciter la communauté INSA ?
L’INSA Lyon, dans le cadre de la démarche prospective qu’elle a engagée il y plusieurs mois, travaille sur un projet d’évolution de la formation. Avec la chaire, nous nous inscrivons directement dans ce projet et engageons un travail de réflexion de longue haleine sur la question de l’ingénieur humaniste et de son rôle en devenir. Ce questionnement autour de l’humanisme est légitime pour l’INSA, parce qu’il est dans la genèse même de la création de l’école. Gaston Berger et Jean Capelle ont imaginé l’ingénieur comme un homme ou une femme aux compétences scientifiques et technologiques de pointe, avec un sens certain de la responsabilité et de la citoyenneté. Cette vision est toujours d’actualité, mais le monde a évolué. Quel sera le rôle de l’ingénieur de demain ? 
La chaire est un creuset de recherche au sein duquel la communauté INSA et les diplômés vont pouvoir s’exprimer et contribuer à construire le monde de demain.

Qu’attendez-vous des ingénieurs INSA ?
L’objectif de la chaire est de recueillir les expériences concrètes des alumni INSA pour alimenter le travail de recherche. Il s’agit de créer en quelque sorte un observatoire des pratiques, avis et idées sur la question du rôle de l’ingénieur humaniste, et nous attendons avant tout du répondant. À travers son réseau d’alumni, la communauté INSA représente une force d’analyse et de réflexion dont la chaire a besoin. 
Par ailleurs, grâce aux soutiens qui nous ont déjà permis d’obtenir 65% des fonds, vont pouvoir être établis une étude historico-critique des racines intellectuelles de l'humanisme technologique, un référentiel d'expériences et de bonnes pratiques des diplômés, ou encore une charte éthique définissant les « bonnes pratiques » de l’ingénieur INSA. L’ensemble apportant une matière précieuse pour le projet d’évolution de la formation piloté par l’école.
Pour que cette chaire fonctionne dans la durée, une organisation sur trois ans a été définie avec le recrutement d’un chef de projet. Un soutien financier est de fait nécessaire pour pérenniser ces travaux de recherche. 
Grâce aux dons, nous espérons que ce projet, essentiel pour l’école à mon sens, pourra fonctionner dans des conditions satisfaisantes.

Comment pourra-t-on observer l’évolution de la chaire ? 
Nous allons proposer aux donateurs une communication dédiée, les « cahiers de la
chaire », qui diffuseront les actualités et les résultats des recherches menées. Par ailleurs, nous allons participer à la conception d’un module de formation continue, autour de la thématique de la responsabilité sociale de l'ingénieur et des entreprises, module qui pourra être proposé aux diplômés.
Nous souhaitons solliciter également la communauté au travers de rendez-vous annuels, tables rondes et colloques. Ce travail de chaire est d’ailleurs un formidable moyen de renforcer le lien entre les alumni et l’INSA Lyon, grâce au sentiment d'appartenance, et de faire rayonner notre école au-delà de ses murs. Nous réfléchissons à ce propos à des actions de communication à destination du grand public, comme des conférences de sensibilisation aux enjeux contemporains de la technologie et de la fonction d’ingénieur.

 

Pour découvrir la plateforme de crowdfunding et participer au développement de la chaire : https://crowdfunding.groupe-insa.fr/fr/projects/chaire-alumni-insa-lyon
 

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07 juil
07/juil/2020

INSA Lyon

L’ingénieur.e INSA, philosophe en action

Le rôle de l’ingénieur et son devenir sont au coeur d’une réflexion engagée à l’INSA Lyon avec tout son écosystème. Co-directeur scientifique de la chaire « Ingénieur.e INSA, philosophe en action. Penser et agir de manière responsable », Michel Faucheux, ancien directeur du centre des humanités de l’INSA Lyon, homme de lettres et d'esprit, apporte son éclairage sur le contexte d’émergence de ce travail de recherche, utile pour les ingénieurs et le monde de demain.

La création de la chaire « Ingénieur.e INSA, philosophe en action. Penser et agir de manière responsable » s’inscrit dans le droit fil de l’héritage du philosophe Gaston Berger, l’un des fondateurs de l’INSA Lyon. Si le projet pédagogique de former un ingénieur1 en prise directe avec la société et ses enjeux technologiques, sociaux, économiques, reste d’actualité, il n’en demeure pas moins que les temps ont changé et que nous ne sommes plus dans le contexte des Trente Glorieuses.

La chaire vise, en effet, à actualiser et repenser le modèle de l’ingénieur INSA tout en demeurant fidèle à un héritage conférant à notre école une identité historique, philosophique, pédagogique forte qui est son originalité dans le champ des écoles d’ingénieurs françaises. Dans une conférence du 8 mars 1955, Gaston Berger qualifiait le chef d’entreprise de « philosophe en action », « ayant pris conscience non seulement de la complexité des problèmes, mais aussi des devoirs qui s’imposent à lui et lui confèrent une fonction morale ». Plus que jamais, pour relever les défis inédits qui s’imposent à nous, l’ingénieur, engagé dans des « entreprises » techniques et, souvent, chef d’entreprise lui-même, doit assumer le rôle d’un « philosophe en action », guidé par un amour de la connaissance - technologique - et de la sagesse mêlées qui oriente son action et le rend capable de reconstruire un monde plus humain.

Car la tâche qui s’impose à nous est d’ampleur, bien différente de celle de l’ingénieur formé dans les années 60, élément moteur d’une croissance économique et d’un bien-être profitables à une France ébranlée et appauvrie par les années de guerre.
Nous sommes entrés, en effet, depuis deux décennies, dans un monde nouveau produit par une révolution technologique accélérée et radicale, que certains qualifient de « disruption ». Ce monde artificialisé, numérisé, interconnecté, virtualisé, globalisé, multiculturel bouleverse la relation de l’être humain à lui-même tout comme à la société, à la nature et aux autres êtres vivants. Les oppositions anciennes qui nous ancraient dans une relation stable au monde se trouvent pulvérisées : le vrai et le faux, le réel et le virtuel/l’artificiel, l’Homme et la machine, moi et les autres, l’ici et l’ailleurs, le dedans et le dehors… Tandis que nos possibilités d’action se trouvent augmentées et décuplées.

Si « le monde d’avant » était stable, solide, fondé sur un socle de pratiques, de certitudes et de représentations assurées, ce monde nouveau où l’on peut surfer de connaissances en connaissances et où circulent à toute vitesse les informations, est un monde « liquide », fluctuant, tempétueux, qui se caractérise par le bouillonnement, le désordre, la crise et l’imprévu. 

Voilà bien ce que nous vivons actuellement : une pandémie qui a immobilisé une grande partie de la planète et s’articule à une crise écologique majeure qui, provoquée par la destruction accélérée des espèces et le réchauffement climatique, met en péril l’humanité. Le phénomène de crise n’est plus, aujourd’hui, épisodique : il est devenu structurel, l’élément constituant de notre monde, revêtant plusieurs dimensions liées entre elles : écologique, sociale, sociétale, économique et politique.

Dans ce contexte nouveau, tel est le but de la chaire : aider à former un ingénieur,
« philosophe en action », qui sache non seulement affronter les crises et les tempêtes mais qui, créatif et ingénieux, traversant les savoirs pour penser la technique alors même que la cartographie des connaissances se renouvelle, nous mène aussi à bon port : vers un ordre du monde divers, viable et durable qu’il aura contribué à construire. Ce n’est pas là simple utopie car il y a urgence à s’acheminer vers un système économico-social qui reconnaisse la finitude des ressources terrestres et mette la technologie, débarrassée des rêves de toute puissance et de profit illimité, au service de l’humanité, qui édifie une nouvelle alliance entre l’être humain et la nature mais aussi une solidarité entre êtres humains, cultures et sociétés. Qui intègre enfin le souci esthétique dans le quotidien.

Jamais il n’y eut pareil défi à relever dans l’histoire de l’humanité car, pour la première fois, il est question de la survie de notre espèce et de la viabilité des constructions humaines. A l’issue de cette longue période de confinement, « le temps est venu », comme beaucoup disent désormais, de rebâtir un avenir. Il y eut des bâtisseurs de monuments de toutes sortes et de grands projets politiques et sociaux… Il y a désormais nécessité de bâtisseurs d’avenir. Et nous pensons que « l’ingénieur INSA, philosophe en action », pour être fidèle à son histoire, doit être l’un de ces bâtisseurs d’avenir, fait de technologie et de sagesse mêlées, construit sur la résistance à l’injustice, l’inégalité et l’inacceptable.

Mais l’avenir ne s’édifie pas sans l’expérience de celles et ceux qui sont déjà engagés dans l’action. Voilà pourquoi la chaire, ouverte à la communauté INSA dont elle est l’émanation, grâce à une démarche de co-construction, va s’appuyer sur l’expérience concrète des Alumni, pour analyser comment il est possible de déployer un mode d’action responsable dans l’entreprise et la société et développer une éthique et une « sagesse » quotidienne de l’action profitables à tous. Elle reposera sur la force du témoignage, la restitution et l’analyse des débats que suscitent, par exemple, décision, action et réalisation. 
Il n’y a de grands projets que ceux portés par une mémoire et une vision partagées. Mais il y a aussi des moments où la tempête qui emporte l’Histoire peut se métamorphoser en souffle vers l’avenir. Pris entre une révolution technologique majeure et une crise écologique radicale, nous vivons un moment qui impose de ne pas détourner le regard de « notre maison qui brûle » mais de faire œuvre de résistance et de combattre les logiques destructrices qui menacent la construction d’une organisation durable du monde.

Il ne faut pas avoir peur des projets ambitieux. La création du modèle alternatif de l’INSA fut elle-même un projet ambitieux. Voilà pourquoi, en définitive, je me demande si le projet de cette chaire se limite seulement - ce qui est déjà beaucoup ! - à accompagner la formation d’un « ingénieur philosophe en action », porteur de valeurs humanistes et responsables. Peut-être est-il bien plus encore, en effet : aider, en ce début de XXIe siècle, à la réinvention de l’humanisme dont l’ingénieur INSA devrait être l’un des porteurs. 

Au XVIe siècle, aidés par l’invention technique de l’imprimerie, poètes, philosophes, savants revenant aux textes de l’Antiquité grecque et latine, inventèrent un « Humanisme » qui présida à la période qualifiée plus tard de « Renaissance ». L’ingénieur INSA, devenu « philosophe en action », mariant les savoirs, pensant la technique pour mieux œuvrer avec « sagesse » et définir, dans un univers artificialisé, un idéal de conduite humaine, pourrait contribuer à la réinvention d’un humanisme devenu notre horizon et notre nécessité. Faut-il même ajouter qu’il y a des lieux propices à une telle réinvention et qu’au XVIe siècle, Lyon fut l’un des grands foyers de l’Humanisme ? 

Gaston Berger, dans la conférence déjà citée, notait que le chef d’entreprise « philosophe en action », « ne façonne pas simplement des objets », mais « construit le destin des hommes ». Précisément, je crois que l’ingénieur INSA d’aujourd’hui et de demain, « philosophe en action », doit avoir pour fonction non pas seulement d’offrir un destin aux « hommes » mais d’œuvrer pour qu’ils continuent à en avoir un. 
La tâche est difficile et exaltante mais si la chaire « Ingénieur.e INSA, philosophe en action. Penser et agir de manière responsable », à sa juste place, peut y aider, alors, elle aura trouvé sa pleine utilité.

 

Le comité scientifique de la chaire
 

Il est composé de membres issus du Centre Gaston Berger, du Centre des Humanités et de l’association Alumni INSA Lyon.

▪️ Francesca Rebasti, chargée de recherche, coordinatrice et co-directrice scientifique de la chaire. Docteure en philosophie, elle est spécialiste de l’histoire des doctrines morales et politiques.
▪️ Michel Faucheux, co-directeur scientifique de la chaire. Docteur d'État es Lettres, historien des idées, enseignant-chercheur, écrivain, il a co-dirigé une thèse de doctorat sur le rôle accordé par Gaston Berger aux sciences humaines dans la formation de l’ingénieur.
▪️ Marie-Pierre Escudié, co-directrice scientifique de la chaire, est enseignante-chercheuse au centre des humanités et au centre Gaston Berger de l’INSA Lyon, et travaille sur la thématique de la responsabilité sociale de l’ingénieur.
▪️ Patrice Heyde, vice-président de l’association Alumni INSA Lyon, co-animateur de la chaire.
▪️ Sonia Béchet, directrice adjointe du centre Gaston Berger de l’INSA Lyon, est docteur en psychologie cognitive.
▪️ Carole Plossu, directrice du centre Gaston Berger depuis sa création en septembre 2015.
▪️ Nicolas Freud, directeur du centre des humanités, chargé du pilotage du projet d’évolution de la formation de l’INSA Lyon.
▪️ Carine Goutaland, directrice adjointe du centre des humanités, en charge des sciences humaines et sociales.

[1] L’emploi du genre masculin dans ce document est utilisé à titre épicène et ceci dans un souci d’alléger la lecture du texte sans discrimination de genre.

 

Mots clés

27 mai
27/mai/2020

Formation

Continuité pédagogique : les profs accompagnés dans leurs missions à l’INSA Lyon

Comment assurer la continuité pédagogique ? C’est l’une des premières questions qui s’est imposée lors de l’annonce du confinement, il y a deux mois et demi de cela. À l’INSA, campus de 6000 étudiants, ce sont 750 enseignants qui ont dû revoir leurs copies pour continuer d’assurer leurs cours, à distance, et malgré des techniques, pour certains, peu usuelles. Ils ont pu bénéficier de l’aide de toute une équipe dédiée à leurs problématiques : l’équipe ATENA.

« Comment réussir à donner des cours face à un écran ? Comment maintenir la motivation des élèves ? Comment gérer sa charge de travail personnelle ? Voilà quelques exemples de problématiques qui se sont présentées aux enseignants depuis le confinement », explique Fatma Saïd Touhami, conseillère pédagogique de l’équipe ATENA à l’INSA Lyon. Sur le pont depuis l’annonce du 15 mars dernier, la jeune femme a su prêter une oreille attentive à ses interlocuteurs, parfois pour de menus détails, parfois pour des questions plus fondamentales, dans un contexte de crise. 
« Pour les aider, nous avons par exemple rapidement mis en place un atelier virtuel, le « rendez-vous des profs », qui leur a d’abord permis de partager leurs difficultés. Pour mes collègues et moi, c’est aussi à travers ces échanges que nous avons pu identifier les besoins des enseignants et leur apporter des solutions adaptées et spécifiques », précise Fatma.

Nouveau rythme, nouveaux espaces de travail collaboratifs, nouvelle façon d’enseigner… En quelques jours, il a fallu s’adapter. « En collaboration avec nos collègues d’OpenINSA, nous avons essayé de nombreux outils pour voir lesquels correspondraient le plus aux besoins des enseignants et des étudiants. Il a fallu les lister, tester leurs fonctionnalités, faire un bilan des points positifs et négatifs, monter nous-mêmes en compétences sur ces outils et ensuite former les utilisateurs. Assez rapidement, on a décidé de ne pas multiplier les outils pour n’en proposer aux enseignants que quelques-uns, efficaces, robustes et qui fonctionnent bien », se rappelle Clément Merle, ingénieur audiovisuel de l’équipe ATENA.
Les membres de l’équipe ATENA saluent la réactivité et le professionnalisme des enseignants de l’établissement qui ont su s’adapter en un temps record à de nouvelles pratiques et de nouveaux outils. « Avant le confinement, 160 enseignants utilisaient le médiacenter pour déposer leurs supports vidéo. Depuis, le nombre de vidéos a doublé et ce sont dorénavant 530 enseignants qui utilisent cette nouvelle plate-forme. Ils ont su réaliser des supports de qualité en utilisant toutes les fonctionnalités mises à leur disposition », explique Pascal Mirallès, responsable du pôle audiovisuel de l’équipe ATENA.
La problématique qui anime actuellement les équipes est celle de l’évaluation des étudiants à distance. « La plate-forme pédagogique Moodle est un outil essentiel pour répondre à cet objectif d’évaluation à distance. Nous avons présenté aux enseignants différentes modalités (tests QCM, oraux, dépôt de devoirs…) et ils ont pu choisir le format le plus adapté à leurs objectifs », expliquent Monica Davila et Alexis Robinet, ingénieurs pédagogiques à l’équipe ATENA, qui ont proposé aux enseignants des sessions de formation en visioconférence visant à leur faire découvrir ces différents modules d'évaluation proposés sur la plate-forme.

Côté étudiant, il a aussi fallu s’adapter, et s’y retrouver. Élève de première année, Adrien Desproges a testé pour la première fois le suivi des cours à distance. « Mes professeurs ont tous mis en place des outils différents pour répondre au mieux au besoin de leur matière. Certains outils étaient parfaitement adaptés à l'enseignement proposé, d'autres...plus compliqués », avoue le jeune homme, qui s’est retrouvé parfois en difficultés devant la pluralité des solutions utilisées. « L’efficacité du travail à distance s'est vraiment ressentie lorsque l'enseignement s'est adapté à la situation. Des séances bien planifiées, dont le contenu et le travail à fournir étaient clairement expliqués sont plus faciles à suivre », souligne Adrien, qui a pu constater que la solidarité avec ses camarades de promotion s’était renforcée face aux contraintes de cette période de confinement. « En travaux dirigés, nous manquons vite de repères sans interaction forte entre humains. La mise en place de système de "salles de conférences privées" sur Zoom pour travailler en groupe a été un grand plus. Le professeur peut même "circuler" parmi les groupes si nous avons des questions. Nous avons pu continuer de nous entraider avec mes amis, encore plus que d'habitude », indique-t-il.

Après le flou des premiers jours, ces méthodes d’enseignement ont été adoptées et maintenues pour durer, puisque le retour des élèves ne se fera pas avant septembre. L’utilisation de nouveaux outils, en état d’urgence, aura permis de tester l’efficacité des solutions, et de les « crash tester » grandeur nature. Mais même si la continuité pédagogique aura été permise grâce à ces propositions numériques, la question de l’intérêt du présentiel demeure. 
« S'il est encore trop tôt pour faire un retour d'expérience global sur l'enseignement distanciel généralisé, j'ai pu échanger avec de nombreux et de nombreuses collègues qui ont vécu la continuité pédagogique de manière très diverse, et je pense que nous pourrons tirer des leçons de la multiplicité même de ces expériences », souligne Carine Goutaland, enseignante de sciences humaines et sociales et directrice adjointe du Centre des Humanités de l’INSA Lyon.
« L'enseignement à distance ne saurait se résumer à une transposition systématique du face à face pédagogique via des outils numériques. Pour nombre d'entre nous, enseignants, cette expérience, inédite par sa soudaineté et son ampleur, a aussi été l'occasion de repenser l'organisation et la temporalité de nos séquences pédagogiques, en essayant de donner plus de temps aux étudiants pour faire des recherches, s'approprier des contenus, réfléchir par eux-mêmes... C'est une réflexion que nous souhaitons poursuivre dans les mois qui viennent aux Humanités, notamment avec Thomas Le Guennic, notre référent pédagogique auprès d'ATENA, et Monica Davila, ingénieure pédagogique au sein de l’équipe ATENA et enseignante d’espagnol au Centre des Humanités, qui nous a apporté une aide précieuse dès le début du confinement en proposant un accompagnement personnalisé aux équipes enseignantes », ajoute Carine.

Dans cette crise sanitaire, le plan de continuité pédagogique de l’INSA Lyon n’aurait pas pu être mené sans l’aide de l’équipe ATENA. Forte de cette expérience, elle est déjà tournée vers le futur, prête à accompagner les enseignants pour la préparation de la prochaine rentrée mais aussi dans le vaste chantier d’évolution de la formation qu’a ouvert l’INSA Lyon. « Je suis fière de la mobilisation de mon équipe durant ces dernières semaines. Celle-ci a permis de rendre notre travail plus visible auprès des enseignants de l’établissement. Ils savent tous désormais qu’ils peuvent compter sur l’équipe ATENA pour les accompagner dans l’évolution de leurs pratiques et pour proposer une formation toujours plus adaptée aux défis que devront relever les ingénieur.e.s de demain », conclut Laurence Dupont, responsable de l’équipe ATENA.

 

Mots clés

14 mai
14/mai/2020

Formation

« Unir nos efforts au service d’une ambition commune pour l’établissement »

La communauté INSA se mobilise pour mettre en œuvre ce projet qui concerne tous les départements de formation. Rencontre avec des acteurs en première ligne.
 

Il faut inventer de nouveaux modes d’organisation, de production et de nouveaux modèles économiques 
Alexis Méténier, directeur des relations entreprises 

« La nécessité de faire évoluer la formation des ingénieurs par rapport à l’impact, toujours plus important, des technologies sur la société et l’environnement est une vision partagée par tous. Les entreprises, de toutes tailles, considèrent que les ingénieurs ont un rôle majeur à jouer dans les transitions à l’œuvre, qu’elles soient énergétiques, numériques, sociales ou économiques. La science, qui a ouvert les portes du progrès, est aussi celle qui va devoir contribuer à fabriquer les clés de ces grands défis. De nombreux dirigeants d’entreprises et ingénieurs sont traversés par les mêmes interrogations sur l’avenir et partagent la conviction qu’il faut inventer de nouveaux modes d’organisation, de production et de nouveaux modèles économiques. Devant l’ampleur de la tâche, personne ne détient la solution et tous les acteurs sont concernés. Que l’INSA se saisisse de ces enjeux en faisant évoluer sa formation sans attendre que soit formulée la demande par le marché de l’emploi est légitime. Plus que légitime, c’est une obligation. La question n’est plus de savoir quel ingénieur est adapté au progrès mais quel progrès devra inventer l’ingénieur. »

Unir nos efforts au service d’une ambition commune pour l’établissement
Nicolas Freud, chef de projet « Évolution de la formation »

« La feuille de route étant fixée, il s’agit à présent de passer à la mise en œuvre, et Christian Olagnon, directeur de la formation de l'INSA Lyon, m’a demandé de coordonner le chantier. Ayant participé, en amont, aux réflexions qui ont conduit aux orientations fixées par le conseil d’administration (CA), et étant convaincu de leur importance, je n’ai pas beaucoup hésité avant d’accepter la mission de chef de projet, avec enthousiasme, mais aussi un peu d’appréhension face à l’ampleur de la tâche.

La première action concrète est la constitution d’un comité de pilotage et de coordination, comme le prévoit la deuxième note de cadrage votée par le CA. Ce comité aura pour rôle d’assurer la mise en œuvre du chantier, en veillant à sa cohérence à l’échelle de l’établissement, sur les cinq années du cursus. Il devra pour cela travailler avec l’ensemble des départements et centres et accompagner les équipes pédagogiques pour faire évoluer les maquettes de formation en adéquation avec les objectifs d’apprentissage visés. 

Le challenge sera de parvenir à embarquer un grand nombre de collègues, de toutes disciplines, et d’unir nos efforts au service d’une ambition commune pour l’établissement. Nous n’avons que rarement l’occasion de travailler de cette manière, et à cette échelle. L’échéance de la rentrée 2021 pour la première et la troisième année va être serrée mais il faut voir à plus long terme : il s’agit d’évolutions qui vont se mettre en place progressivement sur plusieurs années. Même si tout n’est pas parfait tout de suite, ce qui compte c’est la direction prise. Ce sera probablement difficile, mais je suis convaincu que l’enjeu en vaut la peine. » 
 
Il faut donner plus de sens à notre formation
Marc Romagné, élève-ingénieur en 4e année au département génie civil et urbanisme, élu au conseil de département et au conseil des études et membre du groupe transition de son département

« Les étudiants veulent faire de la science mais pas déconnectée de la vie dans laquelle on vit et notamment des problèmes sociétaux et environnementaux auxquels nous sommes collectivement confrontés. Aborder les enjeux développement durable et responsabilité sociétale (DD&RS) au cours de notre formation ne veut pas dire grand-chose si on se cantonne à de la sensibilisation, il nous faut des enseignements avec des approches plus systémiques, des professeurs qui nous amènent à voir au-delà de leur discipline. Aujourd’hui, qu’est-ce qu’on attend d’un ingénieur ? Pas la même chose qu’il y a 60 ans. On attend plus de responsabilité, une meilleure prise en compte de l’humain, du discernement face aux enjeux. Il est par exemple très important d’avoir une réflexion sur le numérique. Il n’a pas toujours un impact positif, il peut également engendrer une consommation excessive de ressources si les ingénieurs ne prennent pas en compte un critère de sobriété. Par ailleurs, les conséquences sociétales du numérique, en termes d’usage, doivent faire l’objet de davantage de réflexion critique. Le numérique est devenu un outil indispensable, mais il n’est pas une fin en soi. Il est très important de se préparer aux changements qui vont survenir, d’être formé pour cela. Et de ce point de vue, même si tout le monde s’accorde sur le fait qu’il faut adapter la formation, le plus dur est la résistance au changement. » 
 
Amener les étudiants à développer peu à peu une compréhension systémique des enjeux 
Marion Fregonese, professeur de chimie et de thermodynamique au département Formation Initiale aux Métiers d'Ingénieur (FIMI)

« Certains enseignements existants abordent déjà des questions relatives au DD&RS. De telles expériences sont précieuses et constitueront une base pour construire un enseignement plus ambitieux. La deuxième note de cadrage votée par le CA prévoit ainsi la création d’enseignements transversaux dédiés au DD&RS, qui s’articuleront avec des apprentissages DD&RS introduits dans les disciplines existantes, afin de répondre aux questions techniques et sociétales posées par le changement climatique, l’énergie, les ressources en matières premières, les atteintes portées au vivant (écosystèmes) et à la santé... tout en explorant les liens entre science, technique et société et les dynamiques du changement. L’un des grands défis sera d’amener les étudiants à développer peu à peu une compréhension systémique de ces enjeux, dès la première année de leur cursus ingénieur, cette compréhension devant être construite sur la base d’un socle scientifique solide. Pour y parvenir, il faudra adopter une approche transdisciplinaire, qui fera travailler ensemble des enseignants de différents champs disciplinaires (en sciences de l’ingénieur mais aussi en sciences humaines et sociales). Il s’agit d’un challenge important car, à ce jour, peu d’espaces le permettent dans les maquettes d’enseignement. »
 
Repenser les apprentissages des disciplines scientifiques en explorant le potentiel du numérique
Véronique Églin, professeur d’informatique et directrice adjointe du département FIMI

« En ce qui concerne le numérique, l’objectif est que tous nos étudiants puissent acquérir des bases, jugées nécessaires, même s’ils ne choisissent pas de se spécialiser dans ce domaine. Quatre thématiques incontournables ont été identifiées : les fondamentaux de l’informatique (architectures et systèmes, algorithmique, langages de programmation...), le calcul numérique, la science des données et l’intelligence artificielle, et la société numérique (infrastructures, outils, enjeux sociétaux et environnementaux de la transition numérique...). Ces thématiques seront abordées dans des enseignements dédiés, mais aussi en développant l’utilisation du calcul numérique dans l’ensemble des disciplines scientifiques. Même si le chantier est loin de partir de zéro, ce dernier aspect va demander des efforts de la part de beaucoup de collègues enseignants dont le numérique n’est pas la spécialité. L’une des clés sera la collaboration entre des collègues de disciplines différentes. »

Devenir une communauté apprenante
Laurence Dupont, responsable de l’équipe Appui aux techniques de l'enseignement du numérique et de l'apprentissage (ATENA)

« C’est une transformation profonde qui attend les équipes enseignantes et notre rôle est de leur apporter toute l’aide possible pour mener au mieux cette évolution. Cette dernière est enthousiasmante mais aussi exigeante pour les enseignants : experts dans leur discipline, ils vont devoir apprendre à travailler dans une approche transdisciplinaire et acquérir, pour certains, de nouvelles compétences notamment dans le domaine du numérique. Comment se former ? Comment trouver du temps ? Comment assurer une cohérence dans nos programmes et nos pratiques sur les cinq années de formation ? L’équipe ATENA, accompagnée des référents pédagogiques de chacun des départements et centres mais aussi de ses partenaires (OpenINSA, écoles d’ingénieurs du site Lyon Saint-Etienne), sera là pour identifier les besoins des équipes et y répondre. Je suis convaincue que la collaboration et le partage d’expériences sont les clés du succès. Il faut réinventer nos pratiques pédagogiques, travailler ensemble (équipes enseignantes et étudiants), accepter d’apprendre des autres et de transmettre soi-même son savoir-faire. L’INSA Lyon deviendra ainsi, grâce à ce projet d’évolution de la formation, une véritable communauté apprenante. »

 

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▫️ Entretien avec Christian Olagnon, Directeur de la Formation
 

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14 mai
14/mai/2020

Formation

« C’est un chantier ambitieux face à des enjeux sociétaux incontournables »

Entretien avec Christian Olagnon, directeur de la formation

Le conseil des études et le conseil d’administration de l’établissement viennent d’approuver une feuille de route pour faire évoluer la formation, en renforçant deux axes transversaux majeurs : le développement durable et la responsabilité sociétale (DD&RS) et le numérique. Outre ces deux axes forts, l’école renforce son modèle de formation sur cinq ans, les deux premières années apportant le socle de compétences de base nécessaires aux métiers exercés par les ingénieurs. Christian Olagnon, directeur de la formation, nous éclaire sur la teneur, l’ampleur et les échéances de ce chantier.

Qu’est-ce qui motive de telles évolutions et en quoi la formation dispensée aujourd’hui va-t-elle changer ?
Tout le monde reconnaît que nous sommes face à des enjeux sociétaux d’une acuité et d’une ampleur inédites. En ce qui concerne l’environnement, même si ces enjeux sont identifiés depuis longtemps (plus de 30 ans en ce qui concerne le climat par exemple), force est de constater que l’on a trop longtemps ignoré le problème ou que l’on n’en a pas fait une priorité suffisante. Mais la perception générale de ces enjeux évolue, notamment grâce aux travaux du GIEC (voir par ex. le rapport de 2018 sur le réchauffement à 1,5°C) et de l’IPBES (rapport de 2019 sur l’état de la biodiversité et des services écosystémiques), qui montrent sans ambiguïté que des transformations profondes et rapides de nos sociétés sont nécessaires si l’on veut éviter une dégradation irréversible de nos conditions de vie. Les preuves scientifiques sont telles qu’il n’est plus possible de différer ces sujets. La décarbonation de l’économie, notamment, est devenue un impératif à court terme, auquel les ingénieurs peuvent et doivent apporter une contribution majeure dans les années à venir. Par ailleurs, nos étudiants, à juste titre, sont déjà très sensibilisés et veulent être acteurs de ces changements. Ils ont joué un rôle décisif ces dernières années en poussant l’établissement à donner à ces sujets un plus haut niveau de priorité. Au-delà de cette sensibilisation, l’enjeu est à présent de former nos étudiants sur ces sujets, qui sont d’une grande complexité, par nature interdisciplinaires, et qui représentent des « questions socialement vives ». Nous devons non seulement leur donner des clés de compréhension, avec des fondements scientifiques solides, mais également des leviers d’action, pour qu’ils contribuent à apporter des solutions.

Une autre transformation sociétale majeure est celle liée au numérique. En premier lieu, notre ambition est que tous les étudiants de l’INSA, quels que soient leurs choix de spécialité, acquièrent un bagage solide qui leur permet de maîtriser les techniques générales et les environnements numériques. Ce n’est que partiellement le cas aujourd’hui, il faut donc renforcer de manière significative la formation existante consacrée au numérique. Cela se fera avec des enseignements dédiés, mais aussi en faisant davantage appel au calcul numérique dans les enseignements de sciences de l’ingénieur. Enfin, les étudiants doivent également appréhender les évolutions, les limites et les impacts sociétaux du numérique, afin qu’ils puissent jouer un rôle dans la transformation numérique des milieux professionnels au sein desquels ils seront amenés à travailler.

Outre ces deux volets, DD&RS et numérique, l’établissement maintient le cap de la « démarche compétences » , qu’il faut poursuivre et approfondir. Le principe est de construire une progression des enseignements cohérente sur cinq ans pour que les diplômés qui sortent de l’école aient bien acquis les compétences visées. C’est cette progression qui doit être améliorée et formalisée, pour que l’ensemble des activités de formation contribue bien à ces compétences. On appelle cette méthodologie « approche-programme » . Notons au passage qu’à l’INSA, nous ne concevons pas les deux premières années comme des années de « prépa »  : les étudiants sont formés dès le début aux métiers d’ingénieur, en les confrontant à l’interdisciplinarité et à la résolution de problèmes d’ingénierie concrets.

Il est prévu que de nouveaux enseignements soient mis en place dès la rentrée 2021 en 1re et en 3e années. Comment le chantier va-t-il s’organiser ? Quelle sera son ampleur ?
Cette échéance de la rentrée 2021 est fixée par l’arrivée des nouveaux bacheliers, qui n’auront pas reçu la même formation au lycée que nos élèves actuels. Les maquettes de formation vont donc devoir être adaptées globalement. Même si le calendrier est serré, c’est le bon moment pour mettre en œuvre les évolutions souhaitées dans les domaines du DD&RS et du numérique.

Par ailleurs, pour que ces évolutions s’inscrivent bien dans une approche-programme, il faut dès le départ penser la progression des apprentissages sur les cinq années du cursus. Cela engage donc tous les Départements de formation. Nous voulons aussi que les enseignements de 3e année évoluent dès la rentrée 2021 (sans attendre l’arrivée des élèves issus de la réforme du bac) pour que le plus grand nombre d’étudiants puisse bénéficier le plus rapidement possible d’une formation renforcée au DD&RS et au numérique.

Il s’agit donc d’un chantier ambitieux, qui va demander une très forte mobilisation des équipes pédagogiques. Il y a déjà beaucoup d’enseignants volontaires, mais il faudra en entraîner davantage, et prouver que les réductions horaires appliquées à certaines disciplines jugées « fondamentales »  ne représenteront pas une perte pour la qualité globale de la formation, mais bien un bénéfice. Le dialogue avec les étudiants sera, à ce propos, essentiel : ce sont les premiers à réclamer le changement et ils ont des observations et des propositions tout à fait pertinentes. D’un point de vue opérationnel, un comité de pilotage et de coordination va être rapidement constitué, animé par Nicolas Freud, nommé chef de projet. Ce comité aura un rôle majeur à jouer, pour organiser le chantier, en lien étroit avec tous les départements et centres. Avec l’appui de l’équipe d'appui aux techniques de l'enseignement du numérique et de l'apprentissage (ATENA), il guidera et accompagnera les équipes pédagogiques, afin de bâtir les nouveaux enseignements dans chaque département sans perdre de vue la vision globale sur cinq ans.

Avec ce projet d’évolution de la formation, comment notre établissement se situe-t-il au sein du groupe INSA et par rapport à d’autres grandes écoles d’ingénieur ? 
À l’échelle d’un gros établissement comme l’INSA Lyon, il s’agit d’un projet unique car il vise à former 100% de nos étudiants sur des thématiques transversales devenues absolument incontournables. Les formations dispensées dans les établissements du groupe INSA vont certainement évoluer dans la même direction que nous, mais avec la feuille de route que nous nous sommes fixée, nous allons ouvrir la voie. De manière plus large, ces axes de formation renforcés à l’INSA Lyon seront un facteur différenciant par rapport à d’autres établissements. Dans le prolongement de notre héritage historique, nourri notamment par des valeurs d’ouverture et de responsabilité sociale, nous essayons d’apporter des réponses, à notre niveau, aux enjeux que rencontre le monde d’aujourd’hui.

La crise sanitaire actuelle, qui bouleverse notre fonctionnement et nous mobilise fortement, ne va-t-elle pas remettre en cause le bon déroulement de ce chantier ?
Cela ne facilite pas les choses, c’est certain. Cependant, avec la réforme des programmes du lycée, les élèves qui arriveront à l’INSA en 2021 n’auront plus le même bagage. Ce paramètre-là nous est imposé. Il nous faut donc mettre en œuvre au mieux les évolutions souhaitées, malgré les perturbations actuelles liées à la pandémie. Faire évoluer la structure des maquettes est donc incontournable et il faut y travailler dès maintenant, tout en composant avec les circonstances difficiles que nous connaissons. Comme à chaque fois que l’on fait bouger les lignes, il faut de la volonté - nous en avons - mais aussi de la souplesse pour avancer au mieux en s’appuyant sur l’intelligence collective.

 

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14 mai
14/mai/2020

Formation

Le développement durable et le numérique au cœur des enjeux de la formation INSA de demain

Pour répondre aux défis majeurs de notre époque, la formation INSA Lyon se réinvente. Frédéric Fotiadu, directeur de l’INSA Lyon, présente sa vision d’une évolution essentielle pour l'école.

« La période que nous traversons actuellement a un impact majeur sur notre organisation. Les enjeux inédits, qu’elle fait émerger à court terme et pour de longs mois encore, ne doivent toutefois pas nous détourner de chantiers de transformation majeurs, d’ores et déjà initiés, et d’une importance hautement stratégique pour notre avenir. C’est le cas de l’évolution de la formation, fruit d’une importante mobilisation collective, qui a abouti à une feuille de route votée par le conseil d’administration de l’INSA Lyon à une large majorité.

À travers cette évolution de la formation, il s’agit véritablement d’être en phase, voire en avance de phase avec les nouveaux défis de notre époque. Les organisations sont, de mon point de vue, confrontées aujourd’hui à trois transitions majeures : une transition écologique et environnementale, une transition numérique et une transition sociale. À ces défis partagés par tous les acteurs socio-économiques, s’ajoutent deux enjeux vis-à-vis desquels le degré d’exposition varie significativement selon les secteurs concernés : une transition de modèle économique et une transition institutionnelle, à savoir l’interaction avec l’ensemble des parties prenantes d’un écosystème.

Nos ingénieurs, plus que jamais, sont au cœur de ces problématiques. D’une part parce qu’ils maîtrisent la technique qui sous-tend toute activité humaine, mais aussi parce qu’ils en perçoivent les impacts sociétaux et environnementaux.

Cette position éminemment stratégique en fait des interlocuteurs et décideurs de premier ordre pour accompagner et initier la transformation des entreprises, en faire évoluer l’organisation, le cœur de métier et développer de nouvelles activités.

Rester à la pointe de cette expertise technique et être davantage encore au cœur des processus de décision, telle est l’ambition qui nous pousse aujourd’hui, au terme de plusieurs mois de travail collectif ayant impliqué personnels et étudiants, à faire évoluer notre formation selon deux axes prioritaires : former plus directement nos ingénieurs aux enjeux du Développement Durable & de la Responsabilité Sociétale, en mettant un accent particulier sur la question du réchauffement climatique, et faire progresser leur maîtrise des concepts et des techniques du numérique. 

Un autre chantier concerne l’évolution de notre contexte général de formation. Nos élèves seront encore davantage formés aux sciences de l’ingénieur dès la première année, dans une dynamique de transversalité entre les domaines enseignés. Nous nous éloignerons ainsi d’un modèle qui pouvait s’apparenter à celui des classes préparatoires, pendant les deux premières années de formation à l’INSA, en donnant encore plus de sens à nos enseignements dès le début du cursus. Enfin, cette nécessaire évolution est motivée par la réforme du baccalauréat, qui amènera vers nous une plus grande variété de profils, à laquelle nous devrons adapter nos contenus pédagogiques.

Ces évolutions de la formation ont été impulsées par une mobilisation forte et déjà ancienne des communautés enseignante et étudiante de l’établissement, en particulier dans le domaine du développement durable et de la responsabilité sociétale. Elles font aussi écho à la démarche prospective de l’établissement, désormais étendue au Groupe INSA, qui a permis d’associer à la réflexion un grand nombre de personnels et d’étudiants INSA ainsi que des partenaires externes. Il ressort de ces travaux une feuille de route, qui donne le cap pour les années à venir en même temps que le coup d’envoi, dès à présent, pour le passage aux réalisations concrètes.
En tant que Directeur de l’INSA Lyon, je suis particulièrement heureux et fier de voir notre établissement s’engager dans cette voie. C’est la démonstration de notre capacité à rester agile pour former des acteurs clés du monde de demain dans une dynamique de performance scientifique, économique, sociale et environnementale.
 » 

Frédéric Fotiadu,
Directeur de l’INSA Lyon 

 

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« Évolution de la formation »

 

 

 

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14 avr
14/avr/2020

Formation

Des idées pour combler les esprits curieux

Les premières semaines du confinement ont été l’occasion de réaliser des activités sportives ou artistiques, de ranger ses placards, de reprendre contact avec d’anciennes connaissances. À présent, pourquoi ne pas utiliser son temps libre pour approfondir ses connaissances ? Devenir un expert du digital, apprendre de nouvelles langues ou tout simplement enrichir sa culture générale est possible grâce à des outils en ligne.

S’ouvrir vers de nouveaux horizons…
Avec internet, tout est plus facilement accessible. Le plus compliqué est de savoir vers quoi s’orienter. Alors qu’en temps normal, la tendance est au développement de compétences professionnelles, la période de confinement peut être propice à la découverte de nouveaux domaines, en lien avec ce que l’on aime ou aimerait découvrir : développement personnel, culture, arts, économie, architecture, droit, marketing, web... Le champ des possibles est ouvert ! L’occasion d’aller sur YouTube pour consulter des tutoriels, des débats, des rediffusions, des vidéos courtes sur l’Histoire, les sciences, la philosophie ou les fameuses conférences TED. Ces conférences d’une vingtaine de minutes ont comme objectif de propager des idées et de faire réfléchir sur des problématiques de tous horizons. L’une des plus vues traite avec humour de la place de la créativité dans le système académique actuel et s’interroge sur la place de l’intelligence émotionnelle au regard de l’intelligence rationnelle, bien souvent favorisée.
Pour confronter ses idées et entretenir des contacts, les réseaux sociaux peuvent se révéler être de véritables alliés, alors pourquoi ne pas se former à leurs usages pour découvrir ce qu’ils cachent ? Par exemple sur Instagram, le réseau social préféré de la génération Z, l’INSA Lyon laisse la parole aux internautes tous les mercredis et propose une « bulle d’expression » en rapport avec la situation que nous vivons actuellement. Et les insaliens sont au rendez-vous ! Alors c’est peut-être le moment de se lancer dans cet univers, de découvrir ce que vous réservent tous ces réseaux et, pourquoi pas, de rejoindre ces communautés !

…ou développer ses compétences pour devenir expert
Il est fréquent de connaître beaucoup de choses mais sans les maîtriser à 100%. C’est souvent le cas pour les langues apprises il y a des années, les logiciels du quotidien, comme la suite Microsoft Office, ou encore la musique. Alors pourquoi ne pas suivre des cours spécifiques qui sont disponibles sur internet ? Les MOOCS* par exemple permettent d’avoir accès à des cours universitaires de façon gratuite et libre d’accès, avec dans la plupart des cas, aucun prérequis exigé. Les certifications obtenues viendront étoffer votre CV et ouvriront de nouvelles perspectives. Concernant l’apprentissage des langues, le moment est idéal pour regarder des séries et films en VO ou lire des articles en anglais : un excellent moyen pour apprendre du vocabulaire sans faire trop d’efforts. Pour pallier l’isolement, de nombreux sites proposent de mettre en contact des personnes de langues différentes. Il est alors possible de discuter par messagerie instantanée, par visio ou par téléphone avec un correspondant étranger. La meilleure solution pour découvrir une culture et améliorer son niveau en langue étangère, tout en faisant des rencontres. Dans un autre registre, les musiciens déjà aguerris mais n’ayant pas l’occasion de jouer au sein d’un groupe, pourront s’entraîner et se perfectionner grâce à NomadPlay, qui offre un accès illimité et gratuit à sa plateforme. Celle-ci permet de remplacer les notes d’un instrument d’un orchestre pour permettre à l’utilisateur de se substituer à lui. Parfait pour s’entraîner sur une partition, tout en restant chez soi !

Cette première approche pour donner l’envie d’expérimenter, de s’aventurer en dehors des sentiers battus, tout simplement d’apprendre. Comme le dit le proverbe allemand : « Pendant toute ta vie, vis et apprends : vis pour apprendre ; apprends pour vivre. »


Le Groupe INSA avec l’appui d’OpenINSA a décidé d’ouvrir son catalogue de formation à distance à ses alumnis pour leur permettre de renforcer leurs connaissances autour de six thématiques. Mais de nombreux autres cours sont gratuitement accessibles sur OpenClassrooms, à vous de trouver celui qui vous correspond.
 

Sites

  • Catalogue de MOOC gratuits et disponibles
  • Quioz, site pour apprendre gratuitement des langues à partir d’extraits de séries, films, musiques
  • NomadPlay, pour remplacer un artiste au sein d’un concert de musique classique
  • Pix, pour évaluer, développer et certifier ses compétences numériques
  • Skilleos, cours vidéo pour les loisirs et la vie professionnelle

Vidéos

Applications

  • Duolingo, site ou application mobile qui propose plus de 35 langues
  • HelloTalk, application pour parler avec des correspondants étrangers, à l'oral comme à l'écrit
     

Et pour les personnels INSA, si vous souhaitez certifier une compétence, le pôle d’accompagnement des parcours professionnels de la Direction des ressources humaines de l'INSA Lyon peut vous accompagner dans vos projets de formation.

*Massive Open Online Course, ou formation en ligne ouverte à tous

 

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