Formation

17 déc
17/déc/2019

Formation

Ex-machina : les étudiants réinventant la lumière

D’un côté Pierre Soulages, le noir et la lumière. De l’autre Léonard de Vinci, la technique et l’imaginaire. Si les œuvres des deux artistes se partagent actuellement le Musée du Louvre à l’occasion de deux expositions anniversaires, elles se sont également rencontrées lors du projet « Ex-machina » mené par une trentaine d’étudiants d’arts-plastiques-études et théâtre-études en 2e année de Formation Initiale aux Métiers de l’Ingénieur de l'INSA Lyon. Au cœur de la machine, un peu de lumière, un peu de technique et beaucoup d’investissement étudiant.

Elle se déplace lentement sur un plateau rectangulaire tapissé de sable noir. La machine inspirée par Pierre Soulages et Léonard de Vinci ressemble au char d’assaut conique dessiné il y a 500 ans par le génie italien. Guidé par des capteurs de contact, l’engin autonome se déplace sur ses deux roues suivi d’un peigne-râteau en bois. Il laisse son empreinte sur le sable noir à la manière de Pierre Soulages qui fait naître des formes sur ses toiles « outre noir ». Les reliefs créés réfléchissent la lumière artificielle disposée de part et d’autre du plateau. À travers son chapeau de plexiglas qui laisse entrevoir son squelette coloré et lumineux, la machine semble dire aux spectateurs : la lumière est partout. Dans le noir, dans le relief, et dans la technique. 

Lumières et matières
Camille Bouchinet, en 2e année de FIMI et arts-plastiques-études, explique le processus de création de cette machine baptisée par les étudiants « Luxie 44 ». « Le brief de départ était de fabriquer de la lumière. Avec tout ! Les matières, les formes, les couleurs… Nous avons fait émerger plusieurs idées en constituant des groupes de travail, pour finalement faire converger les meilleures idées. Tout le monde y a laissé sa patte, tant les 26 étudiants d’arts-plastiques-études que les quatre élèves de théâtre-études en option technique qui nous ont aidé à dessiner le dispositif lumineux. Le plus gros de notre travail a été d’exploiter les matières et les formes pour faire ressortir la lumière : depuis le mât central de la machine jusqu’au sable de fonderie qui laisse un relief et des reflets avec le passage du peigne-râteau. Il a également fallu travailler les rouages mécaniques, qui entraînent le mouvement de Luxie 44. C’était un projet technique qui rentrait en totale résonance avec notre formation d’ingénieur-artiste », explique l’étudiante.

Concevoir la lumière
L'écho pédagogique était important pour Emmanuel Cartillier, responsable de la section arts-plastiques-études et professeur de conception en FIMI. « Un des modules des cours de conception du premier cycle est la production d’un modèle volumique. J’ai profité de ce cours de travaux dirigés pour embarquer les étudiants dans le voyage. Tout devait être conçu et fabriqué à l’INSA, grâce notamment à la plateforme de production FIMITECH qui offre de grandes latitudes en matière de fabrication. Les étudiants se sont organisés en différents pôles : les spécialistes des roues, les spécialistes du râteau, ceux du bâti et de la motorisation. »
En collaboration avec l’École Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre (ENSATT) et l’Université de Lyon (UDL), tous deux porteurs du projet « Les rêveries Lumineuses de Léonard », le groupe d’étudiants a ainsi rendu hommage à deux artistes qui auront marqué leur époque. « Au départ nous voulions, avec Cécile Beaugiraud du service culturel de l’INSA Lyon, rendre hommage à Pierre Soulages qui fête ses 100 ans cette fin d’année. La rencontre avec l’ENSATT et l’UDL a donné encore plus d’ampleur au projet : mêler deux hommages en un objet artistique et technique. Notamment grâce au travail mené en collaboration avec la direction artistique de l’ENSATT, les étudiants ont autant évolué sur leurs compétences techniques qu’artistiques. Ce projet est une vraie réussite », conclut l’enseignant.

À voir et à revoir
Luxie 44 a déjà parcouru plus de 20 km depuis sa première exposition à la Fondation Bullukian à l’occasion de la Fête des Lumières 2019 devant presque 10 000 spectateurs. Elle continue son petit bonhomme de chemin à la galerie du centre des humanités de l’INSA Lyon jusqu’au 17 janvier 2020 et pourrait également voir du pays, jusqu’au Japon, où les étudiants se rendront dans le cadre d’un projet pédagogique.