Formation

02 nov
02/nov/2022

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Deux élèves INSA, étoiles montantes du Web3

Quel sera le futur de l’internet ? Le « Web3 », désigné comme successeur du « Web2 », transformerait le monde des grandes plateformes centralisées que nous connaissons à un pouvoir réparti entre chaque utilisateur, grâce à la blockchain. 

Gabriel Begazo et Nikita Terekhov en 5e année de génie électrique et 5e année d’informatique se lancent dans ce nouveau monde. À travers cede labs, une start-up dont ils sont co-fondateurs, les futurs ingénieurs tentent de construire le futur de la finance du Web3. Enchaînant les aller-retours entre la Station F1 et le campus de l’INSA Lyon, ils souhaitent incarner une véritable vision pour le futur de la finance. 

Tout commence par une rencontre
En 2020, Gabriel Begazo, alors étudiant en 3e année, fonde l’association « Kryptosphere INSA Lyon ». Antenne locale d’une organisation étudiante, son association permet aux passionnés multi-tech de s’y rencontrer et de développer leurs assets en communauté. « Lors d’un évènement à Biarritz, j’ai rencontré Pierre Ni, qui est aujourd’hui le CEO
2 de cede labs. Il avait déjà commencé à travailler sur le projet et cherchait des associés », explique Gabriel Begazo. L’étudiant, alors intéressé par l’entrepreneuriat s’engage et sera plus tard rejoint par l’un de ses camarades, Nikita Therekov. « C’était difficile au début, avec de nombreux défis techniques et une gestion du temps pas toujours évidente. Il fallait gérer les cours, le projet et la vie en entreprise en alternance pour ma part. Il a fallu prioriser : aujourd’hui, c’est cede labs ! Nous voulons aller très loin avec cette boîte et nous sommes accompagnés par des seniors expérimentés dans le domaine pour cela », ajoute Nikita Therekov, CTO3.

Cede link, l'une des deux interfaces développées par cede labs

Miser sur la finance du futur
Leur « boîte », c’est un pari sur l’avenir de la finance. Malgré leur jeune âge, les deux insaliens maîtrisent déjà les codes. « Pour comprendre ce qu’il se passe actuellement avec les cryptomonnaies, il faut s’attarder sur les règles financières de notre système actuel. La valeur de votre argent en devise nationale est régie par des décisions prises par les banques centrales : traditionnellement, vous le placez dans une banque à laquelle vous faites confiance et qui le fait fructifier via des placements. En crypto, les monnaies ne sont pas émises par des gouvernements mais par des utilisateurs qui partagent une même vision : celle de ne pas voir la valeur de leur argent contrôlée par des décisions politiques », explique Gabriel. Dans le monde de la cryptomonnaie, deux approches sont établies : d’un côté la CeFI, la centralized finance ; et de l’autre la DeFI, la decentralized finance. La centralized finance est un entre-deux, entre la crypto et la finance traditionnelle. « La CeFi est un système custodial, c’est-à-dire que vous livrez votre clé privée, l’accès à vos fonds, à un tiers de confiance. Un peu comme dans une banque classique, vous laissez une entreprise gérer vos cryptos. » La decentralized finance, elle, va plus loin. « En non-custodial, vous êtes propriétaires de votre argent, sans aucun tiers de confiance. C’est vous qui stockez, gérez et avez accès à votre portefeuille de cryptomonnaies. Cela implique plus de libertés et de responsabilités », explique Nikita. « Notre objectif avec cede labs : faire le pont entre ces deux mondes qui ne communiquent pas beaucoup. » 

Un produit demandé 
Pour gérer son portefeuille de monnaies virtuelles en tout tranquillité, la start-up cede lab a donc développé deux outils : un tableau de bord et une extension de navigateur. En un coup d’œil, les deux interfaces permettent de visualiser et gérer l’ensemble de ses crypto-actifs. « Si on fait l’analogie avec la finance traditionnelle, c’est un agrégateur de banques. Cela permet de manager, déplacer et transférer ses assets d’un monde A à un monde B. Jusqu’à présent, il n’existait pas d’outil sérieux capable d’agréger les deux mondes, la CeFi et la DeFi », ajoute Nikita. Si les challenges techniques ont été au rendez-vous pour le développement de ces outils, les deux étudiants savent qu’ils sont attendus. « Notre force concurrentielle est que notre outil est non-custodial car contrairement à tous les outils similaires qui ont pu être développés jusqu’ici, nous ne possédons pas les clés privées de nos utilisateurs. C’est très important pour nous car c’est une philosophie qui oblige à envisager un vrai changement de paradigme, qui ne serait pas basé sur une omnipotence financière des institutions, des gouvernements ou d’une poignée d’entreprises 
», ajoute Gabriel.

Le pari du Web3 : le nouvel internet
Le « changement de paradigme ». L’expression revient régulièrement dans la bouche des deux élèves-ingénieurs. Sur l’avenir de la crypto, ils sont unanimes : « c’est en train d’arriver, plus vite qu’on ne le pense ». Un changement pour plus de transparence, de sécurité, de confiance, valeurs qu’ils clament haut et fort. « Le Web2 n’est pas suffisamment transparent : l’économie de la donnée n’est pas un système juste et moral. Je crois fermement à la nécessité de renverser le rapport de force et la blockchain a le pouvoir de ramener de la sécurité et de la confiance », souligne l’étudiant en informatique. Et lorsque l’on pointe du doigt les enjeux sociaux et environnementaux, ils ne nient rien. Fracture numérique, dépenses énergétiques, pollutions associées : nombreux sont les revers dénoncés par les détracteurs des cryptos. « Il y a beaucoup de problèmes avec le bitcoin qui est la cryptomonnaie la plus médiatisée, mais d’autres devises fonctionnent autrement et sont moins gourmandes en énergie. Je crois qu’il faut nuancer : l’argent est au cœur de nos sociétés et fait tourner le monde, même si beaucoup ne sont pas d’accord pour l’accepter. C’est difficile de comparer l’incomparable : si tout ce nouvel écosystème prenait toute la place de l’ancien, on s’y retrouverait aussi sur la transparence, sécurité et sur la question énergétique, j’en suis persuadé. Est-ce vraiment indispensable de changer de paradigme ? Je n’ai pas la réponse s’il y en a une », ajoute Gabriel Begazo.

Aujourd’hui, les deux élèves-ingénieurs s’apprêtent à finir leur cursus à l’INSA Lyon tout en lançant leurs produits sur un marché en attente. Grâce à une levée de fonds, une version beta sera bientôt proposée à une poignée de testeurs avant d’être accessible au grand public. « Je suis heureux de me lancer maintenant car j’apprends beaucoup. J’encourage tout le monde à se lancer dans des projets parce qu’on apprend beaucoup en chemin. La prochaine étape est d’ailleurs de recruter de nouveaux talents », conclut le COO4 de la jeune entreprise.

 

 

 

[1] Station F est un campus de start-ups, situé à Paris. Créé par Xavier Niel, il est le plus grand campus de start-ups au monde.
[2] CEO : Chief Executive Officer
[3] CTO : Chief Technical Officer
[4] Chief Operating Officer