LIRIS

27 mai
27/mai/2021

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Algorithmes, sécurité et vidéo : tout est dans le geste

Durant ses trois années de thèse au sein du laboratoire LiRis1, Fabien Baradel a tenté d’éduquer des algorithmes à la gestuelle humaine. Non pas pour les implémenter à des robots humanoïdes, mais pour faire évoluer les performances de l’analyse automatique vidéo et améliorer la sécurité des individus. Récemment récompensé pour son travail de thèse soutenu en 2020, c’est entre l’INSA Lyon, le Canada et les bureaux d’un des géants de l’internet que Fabien a fait mouliner les neurones de ses ordinateurs pour transformer l’analyse vidéo en un outil d’aide à la décision. Explications. 

De la vidéo, partout et pour tout
500 heures par minute. C’est la quantité vertigineuse de contenu vidéo déposée chaque minute sur la plateforme YouTube, à elle seule. Sur internet ou dans le monde réel, le format vidéo est un outil presque systématique : communication, divertissement, surveillance, santé… Aujourd’hui, le nombre de contenus dépasse très largement le temps et le personnel disponible pour visionner, traiter et exploiter ce contenu massif en constante augmentation. Pourtant, leur compréhension automatique pourrait impacter plusieurs domaines d’applications en démultipliant le potentiel de l’outil. « Si l’on prend l’exemple des caméras de surveillance qui génèrent beaucoup de contenu qui ne sera presque jamais examiné, l’analyse vidéo automatique peut permettre de repérer les comportements suspects et éviter les incidents en avertissant le personnel de sécurité. Pour cela, il nous faut développer des algorithmes capables d’identifier les actions humaines. Aujourd’hui, des applications logicielles sont capables de générer automatiquement des descriptions globales du déroulement d’une vidéo, mais les algorithmes développés sont loin de comprendre finement l’action en train de se faire », explique Fabien Baradel, docteur INSA Lyon et désormais chercheur au centre de recherche grenoblois Naver Labs.

Des intelligences à la mémoire courte
Pour les algorithmes, il existe plusieurs niveaux de reconnaissance et de compréhension. Et il semblerait que le niveau de granularité des informations manipulées par ceux que nous côtoyons le plus souvent, ne soit pas particulièrement fin. « La plupart des algorithmes que nous utilisons au quotidien peuvent détecter des concepts, plus que des détails. Ils sont capables d’identifier que telle vidéo traite de football ou de tennis, mais ils ne sont pas en mesure de cerner le détail des actions comme une passe ou un service. Ils détectent le b.a.-ba et les objets qu’ils ont l’habitude de voir. Ce qu’ils ne connaissent pas est invisible pour eux », poursuit Fabien.
Alors comment permettre à une machine de comprendre la gestuelle humaine, par essence … humaine ? « Un algorithme de deep-learning a besoin d’être nourri en permanence pour être efficace. À force de répétition, il devient capable de reconnaître si c’est un chat ou un chien qui apparaît à l’image, car il a vu beaucoup d’images différentes de ces animaux. Mais c’est un peu comme une plante en pot : si le substrat est bon, elle continuera de grandir, mais si la terre manque de nutriments, elle finit par s’éteindre : un algorithme a besoin d’entretien pour fonctionner. Dans le cas de notre travail de recherche, il était tout bonnement impossible de faire apprendre tous les gestes qu’il existe d’humains sur Terre », explique l’ancien doctorant.

L’humain, la gestuelle et l’objet
Fabien Baradel a donc passé trois années à enseigner à ses algorithmes les subtilités du geste humain à travers le plus grand des miroirs : le regard. « Puisque la reconnaissance fine de l’action humaine était un objectif bien trop titanesque, nous avons mis l’accent sur l’interaction entre l’individu et les objets. Nous avons entraîné les algorithmes à reconnaître d’abord la pose humaine articulée, puis à déduire les interactions importantes à travers l’espace. Plus concrètement, nous nous sommes basés sur le principe de l’attention visuelle : si l’individu se met en mouvement dans une scène, l’algorithme se concentrera sur les parties du corps en action. Ce que nous avons surtout réussi à développer, c’est une méthode capable d’identifier automatiquement une information, à l’aide du contexte de la vidéo. La mise en évidence de ce mécanisme a permis d’améliorer les performances d’analyse, mais il reste encore un peu de chemin avant l’ère de la compréhension automatique ultra précise. Et puis en matière d’algorithme informatique, rien n’est jamais fini », prévient-il.

Segmenter pour mieux filtrer
La recherche pour la compréhension automatique des contenus vidéo semble donc avoir encore quelques années devant elle avant que les modérateurs de plateformes telles que YouTube puissent s’affranchir des nombreuses heures de visionnage de contenus violents et inappropriés. « Nous faisons aujourd’hui des choses incroyables en la matière par rapport à ce que nous faisions il y a dix ans. Le deep-learning a besoin de beaucoup de pouvoir de calcul qui prend souvent plusieurs jours, ça n’est pas de la magie. J’ai bon espoir que ce travail serve à soulager l’humain dans les domaines où la vidéo a une place importante. Par exemple, dans l’automobile et plus précisément dans le développement de l’aide à la conduite. S’appuyer sur des algorithmes pour détecter les piétons et estimer leurs trajectoires permettrait de mieux adapter la vitesse du véhicule et réduire le risque d’accident. Je n’ose pas réfléchir à toutes les possibilités d’applications, mais je sais qu’elles sont infinies ! », conclut Fabien Baradel.

Fabien Baradel, docteur du LiRiS, a reçu la mention spéciale du prix de thèse AFRIF (Association Française pour la Reconnaissance et l’Interprétation et des Formes) 2021 pour sa thèse intitulée "Structured deep learning for video analysis" réalisé sous la direction de Christian Wolf et Julien Mille qu’il a soutenu en 2020. 

 1Laboratoire d’Informatique en Image et Systèmes d’Information (CNRS / INSA Lyon / Université Claude Bernard Lyon 1 / Université Lumière Lyon 2 / École Centrale de Lyon)

 

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20 jan
20/jan/2021

Formation

« Il faut dépasser les idées reçues sur les sciences informatiques »

En ce début d'année, c'est une nouvelle page qui s'ouvre pour Sara Bouchenak, enseignante-chercheure au laboratoire LIRIS1 et au département informatique de l'INSA Lyon. Désormais à la tête de la fédération d'informatique de Lyon, Sara est bien déterminée à faire travailler ensemble les équipes des cinq laboratoires2 de la structure pour construire l'informatique de demain. Interview.


Vous prenez aujourd'hui la tête de la fédération lyonnaise d'informatique. Quels sont les grands enjeux de cette discipline ?
Il me semble que l'informatique est assez méconnue en tant que science. C'est une discipline transverse dont découlent de nombreux métiers, et dans un monde qui n'arrive plus à se passer du numérique, elle a un rôle à jouer. De la cybersécurité à la gestion des données, en passant par l'impact environnemental du numérique, il y a encore beaucoup à inventer en la matière. L'informatique doit aujourd'hui se positionner en réponse aux problématiques de la société. Et les défis sont proportionnels à la vitesse de développement du numérique, c'est-à-dire, exponentiels. À l'époque où j'ai débuté, il y a vingt ans, les navigateurs web commençaient tout juste à se démocratiser, alors c'est dire si le domaine a rapidement évolué ! Enfant, je n'étais pas fan de programmation et je n'étais pas du genre à inventer des algorithmes, enfermée dans ma chambre. Ce qui m'a amené à cette matière, ce sont les mathématiques. Il me semble que c'est aussi un autre enjeu important pour la discipline : il faut dépasser les idées reçues sur les sciences informatiques.

 

Aujourd'hui, l'informatique fait partie de ces spécialités qui semble attirer assez peu de filles. À quoi cela est dû à votre avis ?
À mon sens, ceci est lié à nos représentations de l'informatique et de celles et ceux qui la font. Je m'explique. Filles ou garçons, les élèves ont souvent une idée préconçue de cette discipline. Les stéréotypes autour de l'ingénieur informaticien sont légions, proches du cliché du « geek » mordu de jeux vidéo. Et je dois bien avouer que ça ne fait peut-être pas rêver ! Nous manquons par ailleurs de représentations féminines dans le domaine. Nous sommes peu de femmes au sein des structures d'enseignement, de recherche et dans le monde professionnel de l'informatique. J'imagine qu'il est difficile pour une jeune fille de se projeter dans un métier lorsqu'elle n'a que peu de modèles féminins. Il y a probablement une forme d'autocensure chez les étudiantes, car elles sont près de 50% en première année de formation. Mais ce n'est pas une fatalité. D'ailleurs, les chiffres au sein du département informatique sont extrêmements encourageants, si elles étaient seulement 15% il y a quelques années, elles sont à présent 38 % de filles à intégrer cette spécialité en 3e année. Ceci grâce aux actions menées conjointement par l'Institut Gaston Berger et la commission femmes et informatique du département.


Comment lutter contre cette forme d'autocensure dont vous parlez ? Votre nouvelle fonction de présidente de la fédération d'informatique de Lyon vous permettra-t-elle d'agir plus largement ?
En tant qu'enseignante-chercheure, mon rôle est de promouvoir les formations et les métiers du numérique auprès des jeunes générations. Trop peu de jeunes filles choisissent l'informatique mais c'est en leur expliquant et leur apprenant ce qui se cache derrière le mot informatique que les stéréotypes pourront tomber. Il y a un certain nombre d'initiatives pour faire bouger les lignes et attirer les femmes dans le numérique. L'Institut Gaston Berger, par exemple, participe à la déconstruction des idées reçues, en accueillant chaque année des lycéennes pour leur faire découvrir ces sciences et aller au-delà des représentations classiques plutôt genrées. Et en tant que présidente de la fédération, j'aimerais créer une commission égalité pour veiller à une juste représentation des femmes et des hommes au sein de nos laboratoires. Lutter contre cette autocensure est un travail de longue haleine, qui doit être abordé à chaque étape de la vie étudiante et professionnelle pour permettre à chacune d'oser se lancer. 

 

 

1 Laboratoire d'informatique en images et systèmes d'information (INSA Lyon/Lyon 1/Lyon 2/ECL/CNRS)
2 CITI (INSA Lyon/INRIA), LabHC (Université Jean-Monnet/CNRS), LIP (ENS Lyon/CNRS/UCBL) et LIRIS (INSA Lyon/Lyon 1/Lyon 2/ECL/CNRS), CREATIS (INSA Lyon/Lyon 1/CNRS/Inserm/UdL/UJM)

 

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19 nov
19/nov/2020

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Alliance Atmo/INSA Lyon : pour une recherche qui a le vent en poupe

Chaque jour, un adulte respire près de 15 000 litres d’air. Pur, l’air ? Rien n’est moins sûr. 
À l’heure où la santé des populations est mise à mal par un virus d’ampleur mondiale, l’INSA Lyon officialise son alliance avec Atmo Auvergne-Rhône-Alpes, pour travailler à l’amélioration du premier élément nécessaire à la vie : l’air. 

Rencontre avec Nicolas Rivière, adjoint en charge de l’enjeu de recherche « Environnement : Milieux Naturels Industriels et Urbains » à l‘INSA Lyon et porteur de la chaire de recherche nouvellement créée, accompagné de Claire Chappaz, adjointe pour l’innovation et le développement chez Atmo Auvergne-Rhône-Alpes.

La qualité de l’air : un enjeu de santé public majeur 
« Pic de pollution, pensez aux transports en commun ». Un message d’alerte pour prévenir d’un épisode de pollution qui s’affiche sur les panneaux lumineux des grandes villes, désormais avec une certaine habitude. Malheureusement, ces « pics » ne sont que la partie visible d’une pollution quotidienne dont les principales sources sont identifiées : les activités de transport routier, industrie, chauffage résidentiel et agriculture libèrent plus de cinquante gaz et particules nuisibles et modifient la composition de l’air, quotidiennement.

Claire Chappaz, adjointe unité innovation et développement chez Atmo Auvergne-Rhône-Alpes.De toute évidence néfaste pour l’environnement et la biodiversité, la pollution de l’air l’est d’autant plus pour la santé des populations. Chaque jour, les « AASQA », les associations agréées de surveillance de la qualité de l’air, sont chargées d’étudier très précisément la composition de l’air et évaluent l’exposition des citoyens aux différentes composantes de l’atmosphère. « L’Agence nationale de santé publique a estimé en 2016 l’impact sanitaire de la pollution de l’air à 48 000 décès prématurés, soit 9% de la mortalité en France. Face à ce constat, il est urgent d’apporter des informations locales encore plus précises et contextualisées, tant pour permettre aux citoyens de connaître la composition de l’air qu’ils respirent, que pour aider les décideurs à protéger notre santé et notre environnement », introduit Claire Chappaz, adjointe unité innovation et développement chez Atmo Auvergne-Rhône-Alpes.


Unir ses forces pour la recherche sur l’air
Dans ce contexte, Atmo et l’INSA Lyon travailleront main dans la main dans le cadre d’une chaire de recherche et d’enseignement, ave
c l’ambition de lever les verrous scientifiques qui persistent en matière de surveillance de la qualité de l’air. « Le cadre donné par cette alliance nous permettra de concentrer nos recherches sur deux thématiques : d’abord sur la fiabilité des données relevées par les dispositifs de mesure innovants que sont les micro-capteurs, et puis nous concentrerons nos efforts sur la modélisation et la représentation de la qualité de l’air », explique Nicolas Rivière, porteur de la chaire à l’INSA Lyon. « Trois de nos laboratoires de recherche ont été sollicités pour s’impliquer dans les travaux. Le LIRIS1, pour son expertise sur le traitement de données et des apprentissages statistiques. Le Citi2, sur l’aspect de l’internet des objets et des capteurs embarqués. Et le LMFA3, pour son regard sur la simulation des écoulements et de la pollution », ajoute Nicolas.

Innovante, la chaire souhaite faire travailler ensemble des experts de domaines variés, de l’informatique à l’électronique, en passant par les mathématiques ou la modélisation numérique. « Avant le lancement officiel de cette chaire, des partenariats existaient déjà entre Atmo et certains de nos laboratoires. En réalité, une dizaine de laboratoires de l’INSA menait déjà des recherches en lien avec la qualité de l’air, extérieur comme intérieur », intime l’enseignant-chercheur.

Nicolas RivièreUne alliance pour la mobilisation et la sensibilisation citoyenne
S’il est largement accepté que la pollution atmosphérique impacte négativement la santé, aujourd’hui plus que jamais, les citoyens sont inquiets sur la qualité de l’air qu’ils respirent. Mais cette préoccupation n’a pas toujours été si forte. Pour Nicolas Rivière, une explication existe. « L'air que nous respirons et sa qualité ont un impact direct sur nos santés, au même titre que la nourriture que nous mangeons ou l'eau que nous buvons. Pourtant, respirer ne demande pas de réflexion, à la différence de faire ses courses. Cela met souvent les préoccupations liées à la qualité de l'air sur un plan différent, même pour des citoyens très engagés en matière d'environnement, comme le sont de plus en plus nos élèves-ingénieurs. Faire connaître les pratiques et faire prendre conscience des expositions est important », explique-t-il.

L’ambition seconde des porteurs de l’alliance est d’associer les avancées des recherches à des actions de mobilisation et de sensibilisation qui pourraient prendre la forme d’ateliers de conception de capteurs, de création de supports de visualisation en temps réel et de contrats doctoraux… Le programme « air et engagement sociétal » co-conçu par Atmo et l’INSA Lyon à destination de tous les membres des parties prenantes, permettra de démultiplier la portée des recherches. « La participation citoyenne est quelque chose que nous mettons en avant depuis de nombreuses années car cela constitue un puissant levier de mobilisation et d’incitation à l’action. Le bénéfice pour la santé des populations et l’impact sur l’environnement se trouvera par une multitude d’actions, collectives ou individuelles. Et pour cela, il est impératif de faire connaître les leviers d'amélioration de la qualité de l’air », conclut Claire Chappaz.

 

ATMOLe jeudi 19 novembre 2020, Frédéric Fotiadu, directeur de l’INSA Lyon et Éric Fournier, président d’Atmo Auvergne-Rhône-Alpes ont officialisé leur partenariat pluri-acteurs dans le cadre d’une Alliance reposant sur l’engagement d’expertises scientifiques et la mobilisation des élèves-ingénieurs au service d’un enjeu sociétal.

CONVAIRGENCEAssocié à un mécénat conjointement porté par la Fondation INSA Lyon et le fonds de dotation pour l’air d’Auvergne-Rhône-Alpes ConvAIRgence, cette alliance contribue à engager la communauté INSA sur la transition écologique et à développer une science soutenue par les entreprises au bénéfice d’enjeux sociétaux. « Des ambitions précisément au cœur de la nouvelle stratégie de notre établissement », souligne le directeur de l’INSA Lyon. 

Fondation INSA LyonLa Fondation INSA Lyon et ConvAIRgence offrent aux entreprises et acteurs socio-économiques l’opportunité d’accompagner l’INSA Lyon et Atmo Auvergne-Rhône-Alpes pour relever ensemble les défis scientifiques indispensables à une amélioration durable de la qualité de l’air de notre région, « à la croisée des mondes académiques, économiques et l’intérêt général », précise Alexis Méténier, Directeur de la Fondation INSA Lyon.
Plus d’informations : www.fondation.insa-lyon.fr 

 

 

 1Laboratoire d’informatique en images et systèmes d’information (INSA Lyon, Lyon 1, Lyon 2, ECL, CNRS)

 2Centre d’innovation en télécommunications et intégration de service (INSA Lyon, INRIA)
 3Laboratoire de mécanique des fluides et d’acoustique (ECL, INSA Lyon, Lyon 1, CNRS)

 

 

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05 nov
05/nov/2020

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COVID-19 : les maths au service de la lutte contre la pandémie

Informaticien spécialisé en fouille de données et enseignant-chercheur à l'INSA Lyon et au laboratoire LIRIS1, Christophe Rigotti a pris la décision, au mois d’avril dernier, de mettre ses compétences scientifiques au service de la lutte contre la pandémie. Entretien à propos d’un engagement dans la modélisation numérique de la Covid-19.

Reconfiné depuis quelques jours, que pouvez-vous nous dire sur le scénario évolutif de l’épidémie ?
Depuis la mi-septembre, nous avons observé de légers accroissements sur les courbes d’indicateurs. Nous espérions tous l’apparition d’effets encore incertains, comme une saisonnalité par exemple, mais sans nouveaux facteurs permettant de limiter la propagation, la reprise semblait probable. Un frémissement, une augmentation en pente douce, puis un début d’emballement exponentiel. Parmi les membres du groupe dans lequel je travaille, personne n’a été vraiment surpris d’être reconfiné.

Pourquoi avez-vous pris la décision de vous consacrer à l’actualité Covid depuis le mois d’avril ?
Une action de recherche a été lancée au début du confinement sur l’initiative de Pascal Roy
2 du laboratoire LBBE. Suite au recensement des compétences pouvant être mobilisées sur le sujet par le CNRS et au sein de l’Université de Lyon, nous avons été mis en contact. Je me suis senti très vite concerné par la question, j’ai donc mis une partie de mes travaux entre parenthèses pour m’impliquer dans ce projet. Au départ, le groupe était informel et travaillait sur des aspects bibliographiques, puis nous avons identifié les problématiques sur lesquelles nos domaines de spécialité pouvaient se compléter de façon pertinente. Dans ce contexte, je travaille sur la modélisation numérique de la dynamique de l’épidémie. Je participe notamment à l’étude de trois modèles mathématiques qui ont été développés en France en début d’épidémie, pour mieux cerner leur capacité à capter les phénomènes de confinement / déconfinement.

Qu’avez-vous découvert ?
Tout d’abord, ces modèles se sont révélés « souples », dans le sens où si l’on ajuste leurs paramètres, ils peuvent s’accorder assez finement à l’évolution observée du nombre de personnes hospitalisées. En revanche, s’ils sont alimentés uniquement avec les données décrivant le début du confinement, ils ne parviennent pas à prédire de façon consistante l’évolution sur la seconde partie du confinement.
En ce qui concerne le déconfinement, au niveau national, ces modèles permettent de fournir une palette de trajectoires possibles parmi lesquelles se trouvent des trajectoires proches des évolutions réelles sur environ un mois. Par contre ces projections ne semblent pas utilisables à plus long terme, ni à un niveau régional sur le territoire. Il existe toutefois des marges d’amélioration, par exemple en affinant les calibrations à partir de données qui indiqueraient l’évolution du pourcentage de personnes infectées dans la population, ou du pourcentage de cas asymptomatiques parmi les personnes contaminées. Ces résultats ont été consignés dans un rapport, afin notamment de faire un retour précis aux trois équipes qui ont élaboré les modèles que nous avons étudiés. Dans nos champs d’investigations, au sein du groupe, nous ne pouvons pas directement participer à la collecte de nouvelles données qui permettraient une application plus large de ces modèles, mais d’autres possibilités se dessinent.

Profils typiques d'évolution sur 100 jours des effectifs dans différents états (Exposé, Asymptomatique,
Infectieux-symptomatique) lors d'une épidémie.

Quelles sont ces pistes d’amélioration ?
Nous déployons une approche complémentaire basée sur une simulation dite « par agent » et tenant compte de comportements plus spécifiques des individus, tel que leurs profils quant à la l’application des mesures barrières ou la récurrence de certains de leurs contacts sociaux. Nous intégrons également dans ce modèle la simulation des systèmes de traçage des cas contacts par applications mobiles et questionnaires classiques. Le fil conducteur est ici de travailler à un niveau de description plus fin pour obtenir des évolutions locales plus fidèles à la réalité. Nous pensons que ceci permettra notamment d’évaluer plus précisément les effets combinés des différentes mesures de prévention.

Beaucoup d’épidémiologistes et plus généralement beaucoup de laboratoires travaillent sur cette épidémie. Nos connaissances progressent en permanence mais l’évolution de la situation reste incertaine. Personnellement, cela me renvoie à la question des enjeux climatiques et environnementaux. Je ne peux m’empêcher de faire le parallèle : les impacts au niveau collectif ne sont pas acceptables et pourtant de façon individuelle, nous avons l’impression de faire notre part.

1 Laboratoire d’Informatique en image et systèmes d’information, UMR 5205 CNRS/INSA Lyon/Université Claude Bernard Lyon 1/ Université Lumière Lyon 2 / École Centrale de Lyon. Christophe Rigotti est membre de l’équipe DM2L et de l’équipe Beagle (EPC INRIA).

2 Professeur des universités - praticien hospitalier de l’Université Claude Bernard Lyon 1 et des Hospices Civils de Lyon.

Remerciements : En plus de l’investissement personnel des membres du groupe, un soutien financier direct est apporté par l’IDEX Université de Lyon, la région AURA, l’Université Claude Bernard Lyon 1 et l’École Centrale.

 

 

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04 fév
Du 04/02/2020
au 05/02/2020

Sciences & Société

Congrès 2020 de la SIF : transitions numériques et écologiques

La Société Informatique de France organise son Congrès 2020 à Lyon sur le thème "transitions numériques et écologiques".

L’informatique, comme science et technique, est au coeur de nombreux enjeux de notre société, en particulier celui de la « transition numérique ». Pourtant d’autres bouleversements s’opèrent et transforment radicalement nos vies, avec une autre transition, la transition écologique qui nous oblige à nous questionner différemment sur les ressources consommées par et pour les usages du numérique. Ce congrès 2020 intitulé "Transitions numériques et écologiques", visera à mieux comprendre les liens entre ces deux transitions majeures et fera le point sur les opportunités et les risques qu’elles représentent.

Comme tous les ans, le Congrès de la SIF a pour ambition de faire se rencontrer et interagir les acteurs de la vie académique (enseignants, chercheurs, étudiants, …), les membres de la société civile et du monde économique (ingénieurs, consultants, …) et les décideurs et responsables institutionnels, autour de grands thèmes liés à l’informatique, son développement et ses impacts sur la société.

Les temps forts : 

  • La cérémonie des Membres d’honneur 2020 de la SIF
  • La remise du Prix de thèse Gilles Kahn 2019
  • L’Assemblée Générale de la SIF

 

Informations complémentaires

27 nov
Du 27/11/2019
au 04/12/2019

Sciences & Société

IN SITU : la semaine de l'innovation de l'Université de Lyon

IN-SITU est une semaine d’événements dédiée à l’innovation et qui a pour objectif de mettre en valeur tous les services, structures et initiatives des établissements d'enseignement supérieur permettant aux acteurs socio-économiques d’innover en partenariat avec l’Université de Lyon.

Cette semaine thématique regroupera plusieurs dizaines d’événements disséminés sur l’ensemble des campus des établissements de l’Université de Lyon, ainsi qu’un challenge d’innovation, un colloque scientifique, une remise des prix ou encore des campus tours.

Nous listons ici les évènements se déroulant sur le campus de la Doua - Villeurbanne où l'INSA Lyon est particulièrement impliqué.

Mercredi 27 novembre 2019

Jeudi 28 novembre 2019

Vendredi 29 novembre 2019

Mardi 2 décembre 2019

Mercredi 3 décembre 2019

Jeudi 4 décembre 2019

 

28 oct
Du 28/10/2019
au 31/10/2019

Sciences & Société

IA2 2019: Intelligence Artificielle pour la Ville Intelligente

L’Institut d’Automne en Intelligence Artificielle (IA2), organisé par le GDR IA, a pour but de proposer une école généraliste en intelligence artificielle, afin d’offrir un panorama des différentes sous-disciplines de l’intelligence artificielle et de leurs principales techniques.

La thématique choisie pour cette école est « intelligence artificielle pour la ville intelligente», faisant écho à l’utilisation massive de techniques d’intelligence artificielle pour ces applications.

Informations complémentaires

  • http://ia2.gdria.fr
  • Amphi Claude Chappe, Bâtiment TC, à l’INSA de Lyon, sur le Campus de la Doua.

17 sep
17/sep/2019

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Marie Le Guilly : à un an de la thèse, elle ouvre l’univers des possibles

Ingénieure diplômée du département Informatique en 2017, Marie Le Guilly découvre son appétence pour la recherche et n’est pour l’instant pas déçue. Au contraire, un premier prix à l’école d’été sur la science des données et une thèse dans le cadre de l’enjeu Société Numérique à l’INSA Lyon la pousse aujourd’hui à réfléchir à son avenir d’ingénieure et bientôt docteure INSA.

Vous vous êtes démarquée à l’école d’été organisée par ACM (Association for Computing Machinery) sur la science des données, quel retour d’expérience pouvez-vous faire ?
« Sur les conseils de mes encadrants de thèse, je suis partie à Athènes du 11 au 17 juillet dernier participer à six jours intensifs autour de la science des données, ou data science, un thème en vogue en ce moment ! Je faisais partie des 55 participants sélectionnés sur 180 candidats au départ, nous avons été évalués tous les jours et je suis arrivée classée première à la fin de la semaine. À chaque journée son intervenant, j’ai appris beaucoup de choses et rencontré beaucoup de gens. Tout le monde était très compétent et je ne m’attendais pas à ce prix ! »

Vous rentrez en dernière année de thèse au LIRIS (Laboratoire d’informatique en image et systèmes d’information), pourquoi avoir choisi ce doctorat ?
« Dès ma dernière année en cycle ingénieur, je me suis intéressée à la recherche et j’ai choisi d’abord de faire un stage en laboratoire pour voir si je me sentais de partir pour 3 années de doctorat ! Le test a été convaincant et j’ai donc intégré l’équipe « base de données » du LIRIS après avoir été diplômée ingénieure. Avec mes encadrants, Jean-Marc Petit et Vasile-Marian Scuturici, nous déterminons ensemble le périmètre de mes travaux de recherche. J’avais très envie de travailler sur deux domaines : l’apprentissage automatique et les bases de données, deux communautés fortes et très proches mais avec peu d’interaction entre elles. Au fil de ma thèse, je me suis intéressée au croisement de ces deux disciplines. Avec l’objectif de rédiger et soutenir ma thèse en septembre 2020. » 

La recherche à l’INSA Lyon a été structurée autour de 5 enjeux sociétaux. Votre thèse s’inscrit dans le cadre d’un contrat doctoral ciblé sur l’enjeu Information et Société Numérique. Quel regard portez-vous sur ce contexte ?
« J’aime l’aspect à la fois théorique et appliqué de ma thèse, avec parfois l’opportunité de collaborer avec des entreprises. J’aime bien voir l’impact concret de mes travaux, discuter avec des gens qui peuvent être intéressés par les applications que ces travaux permettent. C’est très valorisant et encourageant de se dire que nos recherches servent à quelque chose. Et c’est très enrichissant de se situer entre la recherche académique et la recherche appliquée, et de participer à un enjeu sociétal. »

Qu’envisagez-vous pour la suite ?
« Je ne sais pas encore mais c’est vrai que la recherche me plaît beaucoup. Donner des cours aussi, j’enseigne l’informatique aux élèves du premier cycle. Je finis ma thèse, je me marie, et après on verra ! »

 

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15 oct
Du 15/10/2019
au 18/10/2019

Sciences & Société

BDA'19 (Bases de Données Avancées)

35e Conférence sur la Gestion de Données – Principes, Technologies et Applications.

Rendez-vous incontournable de la communauté gestion de données en France

La recherche en gestion de données n’a jamais été aussi active, variée, ouverte sur d’autres champs de l’informatique et, au-delà, sur les grands défis des applications modernes. Poursuivant la tradition de rencontres annuelles de la communauté de gestion de données francophone, BDA 2019 invite académiques et industriels à soumettre leurs travaux récents pour rendre compte des défis et des avancées scientifiques et industrielles dans ce domaine en pleine effervescence.

Informations complémentaires

  • https://bda.liris.cnrs.fr/
  • Campus Lyon Tech à la Doua (Laboratoire LIRIS, INSA Lyon & Université Lyon 1) - Villeurbanne

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10 avr
10/04/2019 08:30

Sciences & Société

Inauguration du laboratoire commun Behaviors.ai

Laboratoire commun financé par le programme labcom édition 2016 de l'ANR

Behaviors.ai est porté par l'équipe SMA (Systèmes Multi-Agents) du LIRIS* et par l'entreprise Hoomano qui conçoit des applications pour les robots d'interaction.

L'objectif de ce laboratoire commun est d'explorer de nouvelles approches de l'intelligence artificielle, et en particulier l'intelligence artificielle développementale, pour concevoir de nouvelles formes d'interactions et pour créer des robots plus empathiques, capables d'apprendre au fur et à mesure de leurs interactions avec l'environnement.

L'inauguration aura lieu dans le cadre du SIDO, l’événement fondateur de la filière IoT. Elle sera suivie du workshop annuel de Behaviors.ai sur le thème : Emotionally Intelligent Social Robots

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*LIRIS - Laboratoire d'InfoRmatique en Image et Systèmes d'information
UMR 5205 CNRS / INSA Lyon / Université Claude Bernard Lyon 1 / Université Lumière Lyon 2 / École Centrale de Lyon

Informations complémentaires

  • Centre des congrès, Cité internationale - 50 Quai Charles de Gaulle 69006 Lyon

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