Transition numérique

16 mai
16/mai/2025

INSA Lyon

Publication du rapport d’activité 2024 de l’INSA Lyon

L’INSA Lyon publie son rapport d’activité 2024, qui retrace les principaux projets, actions et résultats de l’année écoulée. L’année 2024 a été marquée par la consolidation des grandes transitions engagées par l’établissement, dans un contexte de transformation des missions de l’enseignement supérieur et de la recherche, mais surtout par la mise en place de l’Assemblée pour la Transition Écologique et Sociale.

 

L’Assemblée pour la Transition Écologique et Sociale : temps fort de l’année

L’événement majeur de l’année a été le lancement de l’Assemblée pour la Transition Écologique et Sociale, dispositif participatif mobilisant plus de 100 membres de la communauté INSA (enseignants, personnels, élèves, diplômés, partenaires). Cette démarche a permis de construire collectivement des propositions concrètes autour des enjeux environnementaux et sociétaux.
À l’issue des travaux, 108 propositions ont été formulées, dont près de 90 % ont été retenues. Elles serviront de base à l’élaboration du schéma directeur Développement Durable et Responsabilité Sociétale et Environnementale de l’établissement, prévu pour la rentrée 2025.

 

Principaux axes d’évolution en 2024

Transition numérique

  • Déploiement d’un nouvel outil de gestion de la scolarité
  • Mise en place d’un Système d’Information Décisionnel
  • Inauguration d’un centre mutualisé de calculs et de données sur le campus de la Doua
  • Lancement d’un groupe de travail sur l’intelligence artificielle, ses usages et son impact sur les activités de l’établissement

 

Transition sociale

  • Refonte du dispositif de bourses pour une meilleure équité
  • Expérimentation de La Ruche, un nouvel espace dédié à la vie étudiante et aux échanges entre membres de la communauté
  • Poursuite des actions en faveur de l’inclusion et de la diversité

 

Transition économique et partenariale

  • Développement de l’entrepreneuriat : sensibilisation de tous les élèves, accompagnement de projets
  • Contribution active des entreprises partenaires à la transition via le programme Convergences de la Fondation INSA Lyon
  • Évolution des modes de coopération avec les acteurs socio-économiques

 

Transition institutionnelle

  • Passage du Groupe INSA au statut de Groupement d’Intérêt Public (GIP)
  • Lancement des premiers bouquets de thèses pluridisciplinaires au sein du Collège d’Ingénierie Lyon Saint-Étienne
  • Participation renforcée à la structuration de la stratégie scientifique du site Lyon–Saint-Étienne
 

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14 sep
14/sep/2022

INSA Lyon

Évolution de la formation : L’INSA Lyon fait sa (r)évolution ! 

L’INSA Lyon introduit, dès la première année du cursus ingénieur, des enseignements obligatoires, pour tous les étudiants, sur les enjeux de la transition socio-écologique. En parallèle, la formation dans le domaine du numérique est significativement renforcée. Cette évolution s’inscrit dans les réflexions engagées par l’établissement et ses parties prenantes depuis 2019 sur le rôle et la posture des ingénieurs.

La rentrée 2022 est marquée par l’arrivée de nouveaux enseignements modifiant profondément la maquette de formation de notre parcours ingénieurs. Ainsi, tous les élèves entrants en 1re année suivront des enseignements dédiés aux enjeux socio-écologiques (pour la plupart créés ex nihilo), à hauteur de 12 crédits minimum sur 5 ans. Les programmes des enseignements existants évoluent également pour intégrer un volet développement durable et responsabilité sociétale (DDRS). Au total, les étudiants seront formés au DDRS pour un total de 600 h minimum sur 5 ans (temps de travail en classe + travail personnel). Les enseignements en DDRS seront déclinés sur les cinq années du cursus pour tous les étudiants. 

De plus, la place donnée à la formation au numérique (fondamentaux de l'informatique, calcul numérique, science des données, société numérique) est renforcée sur l'ensemble du cursus. En effet, l’accroissement des besoins en compétences numériques pour tous les ingénieurs a conduit à repenser les programmes. Les étudiants, quelle que soit leur spécialité, doivent maîtriser les outils et appréhender les évolutions, les limites et les impacts sociétaux et environnementaux du numérique afin qu’ils puissent jouer un rôle dans la transformation des milieux professionnels au sein desquels ils seront amenés à travailler.

Comme le souligne le directeur de l’INSA Lyon, Frédéric Fotiadu « Face à l’urgence climatique, l’INSA s’est résolument engagé dans une transformation profonde. Notre principal levier d’action ce sont les diplômés, ingénieurs, docteurs que nous formons ». 

L’INSA Lyon s’est mobilisé très tôt en faveur du développement durable et de la responsabilité sociétale de ses ingénieurs. L’école s’est dotée d’une cellule DDRS, d’un chargé de mission, d’outils et a placé la question du développement durable et de la responsabilité sociétale au cœur de son pilotage et de son organisation. Au cours du contrat quinquennal 2011-2016, la recherche de l’INSA Lyon a été structurée autour de cinq grands enjeux sociétaux. A partir de 2018, la démarche prospective engagée par l’établissement s’est saisie de cette question de manière très forte, en impliquant l’ensemble des parties prenantes internes et externes de l’école. Dans le même temps, le sentiment d’urgence et la volonté de se mobiliser pour y répondre prenaient corps parmi les élèves et les enseignants-chercheurs. Cela s’est traduit en particulier par la constitution de « groupes transitions » au sein des départements afin d’agir sur la formation des ingénieurs pour mieux répondre à ces enjeux socio-écologiques. Fin 2019, a été votée, en conseil d’administration de l’INSA Lyon, la première lettre de cadrage sur l’évolution de la formation afin d’irriguer tous les niveaux du cursus ingénieur. Un travail est entrepris actuellement pour la formation doctorale, la formation continue et les nouveaux programmes Erasmus Mundus sur lesquels l’INSA Lyon travaille avec ses partenaires. 

 

Retrouvez d’ailleurs un webinaire le 27 septembre 2022 « former les ingénieurs humanistes de demain » à l’initiative de la chaire Alumni « Ingénieur·e INSA, philosophe en action. Penser et agir de manière responsable » avec Nicolas Freud, chef de projet Evolution de la formation et Carine Goutaland, Directrice du Centre des Humanités.
 

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13 avr
13/avr/2021

INSA Lyon

« Si on ne s’attaque pas à la question de l’égalité, on verra poindre une crise dans la crise. »

Le 22 avril prochain, l’INSA Lyon accueillera l’étape lyonnaise du « Grand Tour #NotreGénérationÉgalité » qui porte une ambition forte : favoriser l’égalité réelle dans une société plus inclusive, durable et respectueuse de chacune et chacun. Pour concrétiser cette ambition, le « Grand Tour » propose une quinzaine de rendez-vous consultatifs pour connecter les préoccupations de toutes et tous à l’action diplomatique du pays en vue du sommet initié par ONU Femmes, le Forum Génération Égalité. Et la communauté de l’INSA Lyon est sollicitée. Thomas Friang, fondateur et directeur général de l’Institut Open Diplomacy, explique la démarche qui se veut participative.

Une tribune publiée dans les pages du Monde, également co-signée par l’INSA Lyon, débute sur l’idée suivante : d’un point de vue législatif, l’égalité est « en bonne voie », mais la réalité est encore toute autre. Pourquoi les lois ne suffisent-elles pas à construire une société égalitaire ?

Ce que cette idée veut surtout dire, c’est que bâtir une société exemplaire est plus difficile que de faire une loi. Bien sûr, l’arsenal législatif renforce les moyens de lutter contre les inégalités et ont des répercussions très concrètes comme la loi Veil qui a permis la dépénalisation de l’avortement ou la loi Coppé-Zimmerman qui veille à la représentation équilibrée des femmes et des hommes au sein des conseils d’administration par exemple. Ces lois existent et ont fait progresser l’égalité femmes-hommes, mais elles ne nous emmènent pas au dernier kilomètre. Ce qui prend du temps, c’est le développement d’une culture égalitaire qui n’adviendra que quand cet objectif sera partagé, non pas seulement par les pouvoirs publics, mais par la société toute entière, les entreprises et les associations autant que les collectivités publiques, par les hommes autant que par les femmes. On ne peut pas parvenir à une société égalitaire sans que chacun des acteurs ne soit impliqué dans la conception et la mise en œuvre de cette société plus juste. L’esprit et les moyens de la législation sont une chose, son appropriation par toutes les forces civiques en est une autre. Nous souhaitons passer des droits formels aux droits réels.

Le « Grand Tour » donne lieu à plusieurs grandes conférences et fera étape -virtuellement - à l’INSA Lyon le 22 avril prochain. Il convie la communauté insalienne à exprimer ses idées pour construire une société égalitaire. Ce que l’Institut Open Diplomacy nomme « la philosophie de la diplomatie participative » est donc une façon de passer du cadre législatif à une réalité plus égalitaire ? Pourquoi solliciter les établissements d’enseignement supérieur en particulier ? 

Effectivement, ces quinze rendez-vous citoyens prépareront « Le Forum Génération Égalité », un sommet initié par ONU Femmes que la France et le Mexique co-présideront en juin. Cela fait 26 ans que la « Plateforme d’action de Beijing » a été adoptée et a fixé un cadre normatif. Maintenant, il faut passer à l’action avec des engagements mesurables avec des effets prévisibles à 5 ans. Les établissements comme l’INSA Lyon sont des acteurs indispensables pour plusieurs raisons. D’abord, ces établissements sont des employeurs dont les politiques RH doivent être en phase avec l’égalité femmes-hommes. L’enseignement supérieur et la recherche sont globalement assez paritaires, même s’il y a encore beaucoup de progrès à faire à la tête des établissements. Ensuite, les écoles et universités forment des étudiants, qui sont des citoyens. Ils sont donc en capacité directe de contribuer à faire advenir « la génération égalité », car le passage à l’égalité réelle, c’est la génération qui arrive qui pourra l’atteindre. Enfin, la mission de partage de la science dans le débat public dans ces établissements est particulièrement intéressante pour contribuer à structurer le débat public. À l’INSA Lyon, l’Institut Gaston Berger va jouer un rôle très important, car l’égalité est l’une de ses raisons d’être, et travaille quotidiennement sur le sujet. Les évènements diplomatiques où la société civile est conviée sont finalement très rares et pourtant, ce que j’ai pu remarquer durant les trois premières étapes du Grand Tour, c'est que les contributions concrètes des étudiants, enseignants, chercheurs et personnels sont très écoutées par les parlementaires, présidents de Région et les ministres présents.

Après le Grand Tour, les propositions seront compilées et proposées lors du « Forum Génération Égalité », présidé par le président de la République, Emmanuel Macron : la diffusion des idées citoyennes aura donc une issue concrète. Quel est le plan, ensuite ?

Le « Grand Tour » débouchera en juin sur ce sommet initié par ONU Femmes que la France préside. À cette occasion seront lancées, avec plus de 60 États partenaires, des actions concrètes à l’échelle internationale, nourries des contributions des Françaises et des Français que nous aurons recueillies. Ce que j’observe déjà, c’est que le processus lui-même est très instructif. Lorsque nous tenons les conférences consultatives région par région, je vois des ministres prendre des notes. Cela signifie que les propositions citoyennes n’attendent pas le sommet onusien pour être diffusées. Les idées qui émergent des conférences impriment déjà les esprits. C’est d’ailleurs ce que prouve la démocratie participative : le pouvoir ne réside pas qu’entre les mains des politiques, mais bien entre toutes les mains de tous les acteurs du corps social. C’est l’esprit civique qui nous anime : fournir aux Françaises et Français tous les outils pour prendre conscience de leurs rôles respectifs dans ce combat culturel et passer à l’action.

« Génération Égalité ». Ne pourrait-on pas aussi la nommer « génération environnement », « génération biodiversité » ou « génération société numérique » ? Cela fait beaucoup pour les épaules d’une seule génération, non ?

C’est une question extraordinairement difficile qui est un problème de philosophie politique. De mon point de vue, il ne faut pas voir l’enjeu de l’égalité comme une tâche supplémentaire dans la « to-do list » des gouvernements. Ce que l’on remarque à chaque crise, et la crise sanitaire en est un exemple parlant, c’est que les inégalités sont toujours plus accentuées : parmi tous ceux qui souffrent, il y a toujours une partie de la population qui paye une facture plus élevée que le reste, et c’est souvent celle qui est déjà discriminée. Si on ne s’attaque pas à la question de l’égalité, qu’elle soit de genre, raciale ou sociale, on verra poindre une crise dans la crise. Et au final, la cohésion sociale, notre atout le plus précieux pour faire face à ces défis, sera elle-même affectée. Travailler sur l’égalité femmes-hommes, y compris par temps de pandémie ou de crise climatique est un paramètre majeur pour résoudre l’équation. Mieux, c’est une opportunité pour traiter plus intelligemment la crise, y apporter une réponse plus durable et efficace. 

 

Le Grand Tour #NotreGénérationÉgalité
L’INSA Lyon accueille l’étape régionale du Grand Tour #NotreGénérationÉgalité le jeudi 22 avril 2021. Cet événement se déroulera sous la forme d’une conférence consultative en ligne de 14h à 17h.
De nombreuses personnalités échangeront autour d’idées à mettre en place pour élaborer un programme d’actions concrètes et prendre des engagements sur les cinq prochaines années afin de faire progresser durablement l’égalité femmes-hommes dans le monde. Cette étape régionale sera marquée par la participation de M. Cédric O, Secrétaire d’État chargé de la transition numérique et des communications électroniques.
Inscription : https://www.open-diplomacy.eu/grand-tour-generation-egalite 

 

Pour aller plus loin sur le sujet : 
Podcasts « Les cœurs audacieux » -  Saison 1 / Épisode 6 - 24 juin 2021
 

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30 avr
30/avr/2021

INSA Lyon

L'INSA Lyon, hôte du Grand Tour #NotreGénérationÉgalité

En partenariat avec l’Institut Open Diplomacy, l'INSA Lyon a accueilli une étape du Grand Tour - Forum Génération Egalité, en présence de M. Cédric O, Secrétaire d’Etat chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques.

En amont du Sommet International « ONU Femmes » qui aura lieu fin juin, le Grand Tour donne lieu à 14 conférences consultatives sur tout le territoire, permettant de recueillir les réflexions des participants sur la manière de faire progresser durablement l’égalité entre les femmes et les hommes dans le monde.
Les conclusions de ces travaux seront remises au gouvernement en amont du Sommet, co-organisé par la France et le Mexique, et qui rassemblera en juin 2021, à Paris, 60 chefs d’Etat et de gouvernement. 

L’égalité femmes-hommes constitue un enjeu majeur pour l’INSA Lyon. Cette implication dans le Grand Tour #NotreGénérationEgalité permet à la communauté INSA de contribuer à la dynamique internationale engagée au service de cette ambition. 

Voir ou revoir l'étape 6 du Grand Tour #NotreGénérationÉgalité​​​​ avec M. Cédric O

3 questions à M. Cédric O | Etape 6/14 du Grand Tour #NotreGénérationÉgalité​

L'étape 6 du Grand Tour a eu le plaisir d'accueillir, autour de M. Cédric O, Secrétaire d'Etat chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques : 
•    Thomas Friang, Fondateur et Directeur général de l'Institut Open Diplomacy
•    Pr. Frédéric Fotiadu, Directeur de l'INSA Lyon
•    Juliette JARRY, Vice-présidente Région Auvergne Rhône-Alpes déléguée au numérique
•    Marie-Noëlle Battistel, Députée de l'Isère, Vice-présidente de la Commission aux Affaires économiques et de la délégation aux Droits des femmes
•    Rana Hamra, Fondatrice d'Humanity Diaspo
•    Pauline Adam-Kalfon, Associée de PwC France
•    Fatima Bakthi, Secrétaire générale adjointe de Femmes Ingénieurs
•    Emmanuelle Quiles, Présidente de Janssen France
•    Sonia Bechet, Directrice de l'Institut Gaston Berger
•    SEM Delphine O, Ambassadrice et Secrétaire générale du Forum Génération Égalité
•    SEM Hans-Dieter Lucas, Ambassadeur d'Allemagne

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04 fév
04/fév/2021

Recherche

Progrès numérique et sobriété : un mariage de raison

La pandémie et les confinements successifs auront fini d’accomplir la tâche : il n’est plus question de se passer de l’outil digital. Mais désormais, la transition numérique, aussi incontournable soit-elle, soulève une question : est-elle compatible avec la transition énergétique ? 
Il semblerait que la technologie mette à nouveau l’humain face à son rapport au progrès, aux limites de la planète et du temps. Entre accélération et freinage d’urgence, quatre chercheurs de l’INSA Lyon prennent le temps de l’explication, et invitent à reconsidérer le besoin. Société numérique + enjeux climatiques : comment satisfaire l’équation ?

Le numérique prodige, déchu.

Hervé Rivano, Jean-François Trégouët et Nicolas Stouls sont chercheurs à l’INSA Lyon. Ils publiaient en novembre dernier une tribune qui s’attachait à démontrer la menace pesante du numérique sur la transition énergétique. « Le numérique est souvent considéré comme une porte de sortie pour réduire la consommation d’énergie dans beaucoup de secteurs. Mais les impacts environnementaux liés à son usage croissant sont bien trop sous-estimés », introduit Jean-François Trégouët, maître de conférence à l’INSA Lyon et membre du laboratoire AMPERE1.

Selon le Shift Project, la part du numérique dans le total mondial des émissions de gaz à effet de serre se hisse à 3,7 %2. « Les impacts directs sont principalement liés au cycle de vie des terminaux et leur utilisation. Les ordinateurs, les boîtiers internet ou les câbles sont fabriqués puis acheminés aux quatre coins du monde. Puis pour faire fonctionner ces objets, il faut produire de l’électricité, prévoir des centres de stockage et différents réseaux qui acheminent les données. Tout ça pèse dans le bilan carbone mondial. Les impacts indirects quant à eux sont tout aussi importants mais bien plus difficiles à évaluer », ajoute-t-il. 

Parmi les conséquences difficiles à mesurer, « l’effet rebond » qui se traduit par une augmentation de la consommation, lorsqu’une solution technique est optimisée. « C’est un phénomène paradoxal. Par exemple, alors que les quantités d’énergie nécessaires pour faire transiter une donnée diminue grâce aux avancées des ingénieurs, la consommation d’énergie mondiale dédiée au numérique ne cesse de croître. C’est l’effet rebond : bien que l’outil soit plus efficace, nous consommons plus de ressources ! », illustre Hervé Rivano, professeur à l’INSA Lyon et chef de l’équipe Agora3 au laboratoire CITI4

Le numérique qui semblait représenter une si belle opportunité pour répondre aux enjeux environnementaux, ne semble donc pas remplir toutes ses promesses. Et alors que l’on doit l’émergence du numérique à la recherche technologique, c’est cette dernière qui semble être convoquée pour optimiser encore et encore, l’outil.

Ingénieurs et chercheurs, à la barre.

Inventer, réinventer, trouver des méthodes de réduction de la consommation en énergie ou en matière première… L’optimisation technique fait le quotidien des chercheurs. « Tout est presque faisable en matière de technologie. Il est par exemple tout à fait possible d’imaginer d’inclure les data-centers à l’échelle d’une ville et réutiliser la chaleur produite en l’injectant directement dans le réseau de chaleur urbain. Il existe de nombreuses pistes prometteuses et stimulantes pour les ingénieurs et les chercheurs, mais ces pistes répondent à quelle nécessité ? Celle de chauffer des habitations, ou celle de consommer encore plus de données ? Il est primordial de questionner notre besoin », pose Nicolas Stouls, maître de conférence et membre du laboratoire CITI

Cette attitude, c’est celle communément appelée « la sobriété numérique », une notion qui rappelle que le progrès doit servir des causes, et ne pas être un objectif en soi. Kévin Marquet, maître de conférence et enseignant au département informatique de l’INSA Lyon, a participé aux ateliers menés par le Shift Project sur la question. « La sobriété numérique consiste à ne plus nécessairement passer par des technologies pour effectuer une tâche, mais à piloter ses choix à travers une attitude critique vis-à-vis de la technologie. Il s’agit de se donner un choix, plutôt que de le subir », explique-t-il. 

Référé-suspension : le besoin questionné.

Si la capacité à interroger l’utilité de la demande semble être nécessaire pour voir diminuer l’impact environnemental du numérique, le chercheur déplore l’attitude simpliste qui consiste à renvoyer l’utilisateur à sa propre et unique responsabilité. « Le modèle économique le plus répandu sur internet est celui de la publicité, basée sur des systèmes de ciblage très énergivores. Alors, le consommateur aura beau avoir fait ses choix numériques le plus sobrement du monde, une bonne partie du problème lui échappe encore. Les grands silencieux dans ce combat, ce sont les états des pays développés où la surconsommation numérique règne et dont le pouvoir de régulation est puissant. Tout ceci est une affaire de collectif : individus, entreprises et états, chacun a le pouvoir d’interroger l’utilité de ses comportements », ajoute Kévin Marquet.

Si le choix du consommateur est restreint et les politiques de régulation silencieuses, qu’en est-il du choix de l’ingénieur-concepteur, souvent à l’origine de la réponse à la demande ? « Le mythe du savant dans sa tour d’ivoire oublie que le chercheur fait partie de la société en tant que citoyen actif. La sobriété numérique est un champ de recherche passionnant pour les économistes et les sociologues, mais néanmoins, ses concepts pluridisciplinaires impliquent l’ingénieur et questionnent le rôle socio-politique des chercheurs », dit Jean-François Trégouët.  

« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme »

Pour répondre aux défis majeurs de notre époque, l’INSA Lyon a récemment entamé un chantier d’évolution de la formation, avec au cœur du projet, le développement durable et le numérique. « Donner à penser et à comprendre pour que les citoyens construisent leurs choix en conscience fait partie de nos missions de chercheur. Les liens entre transition numérique et transition écologique ne sont pas toujours évidents à percevoir, et nous espérons pouvoir apporter aux élèves-ingénieurs, les clés pour les comprendre », ajoutent les enseignants-chercheurs également engagés dans les ateliers de réflexion autour de la formation.

La préoccupation semble également avoir irradié au-delà des laboratoires et des salles de classe. « User d’un numérique plus responsable » : c’est une ambition inscrite dans le plan stratégique de l’établissement pour 2030 et dont les nombreuses dimensions nécessiteront un arbitrage, comme l’explique Hugues Benoit-Cattin, chargé du numérique. « Le chantier de la responsabilité numérique de l’établissement est très vaste. Devenir une structure numériquement responsable, c’est autant faire en sorte de consommer des solutions locales, que mutualiser les ressources informatiques et former ses personnels et étudiants à adopter une hygiène numérique. Des actions sont déjà engagées, et nous devons aller plus loin. Je pense également à la logique d’inclusion, dans l’accompagnement du handicap par exemple, qui est une belle illustration de ce à quoi le numérique peut servir, et où le progrès sert la cause », conclut Hugues Benoit-Cattin. 

 

Rencontre-débat Pop’Sciences
Pour aller plus loin : Hervé Rivano, Nicolas Stouls et François Trégouët ont animé une rencontre-débat en décembre dernier. La rencontre est à retrouver ici « Télétravail, 5g, Netflix… Notre empreinte numérique est-elle soutenable ? » 

 

Génie électrique, électromagnétisme, automatique microbiologie environnementale et applications (INSA Lyon, ECL, Lyon 1, CNRS)


https://theshiftproject.org/article/pour-une-sobriete-numerique-rapport-shift/
3 AlGorithmes et Optimisation pour Réseaux Autonomes
4 Centre d’innovation en télécommunications et intégration de services (INSA Lyon/INRIA)

 

Pour aller plus loin sur le sujet : 
Podcasts « Les cœurs audacieux » - Saison 2 / Épisode 5 - 21 avril 2022
 

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