
Formation
L’histoire olympique de la section sport de haut niveau
En septembre 1981, l'INSA Lyon s'était vu confier une expérience inédite dans l’Enseignement Supérieur : organiser une formation permettant à l’élève-ingénieur et sportif de haut niveau de mener à bien un double projet sportif et académique. Sous la tutelle conjointe des ministères de l'Éducation Nationale et de la Jeunesse et des Sports, la « section sport-études », aujourd’hui « section sport de haut niveau », naissait il y a 43 ans. Depuis, elle n’a eu de cesse de fournir régulièrement des athlètes aux délégations olympiques françaises. De l’origine du projet aux élèves médaillés : voyage au cœur de l’histoire de la section sport de haut niveau de l’INSA Lyon.
Aux origines
Si les sections pour sportifs de haut niveau existaient bel et bien dans le secondaire dès 1974, aucun équivalent n’avait été alors mis en place dans le Supérieur. Les sportifs de haut niveau sortant du secondaire rejoignaient à cette époque le CREPS1 pour devenir professeurs d’éducation physique et sportive. L’initiative de combler ce vide énorme dans le paysage français revient à Robert Vanel, alors directeur du service des sports de l’INSA Lyon avec l’appui des enseignants d’EPS, dont Marcel Mendez. « Raymond Hamelin2, qui avait aussi mené une réflexion sur le sujet, avait fait voyager l’idée d’une section sportive auprès du ministère de la Jeunesse et des Sports, à Paris », expliquait Robert Vanel, l’artisan de la première section sport-études de l’ESR et qui deviendra par la suite le premier directeur de la section sport-études de l’INSA Lyon. Après quelques négociations, le directeur de l’école d’ingénieur lyonnaise d’alors, Raymond Hamelin, réussissait à obtenir des postes avec l’intervention conjointe de Charles Hernu, alors ministre et maire de Villeurbanne : la section sport-études ouvrirait à la rentrée 1981.
Robert Vanel3, l’un des artisans de la première section sport-études
au sein de l’enseignement supérieur (Archives INSA Lyon).
Une école prédisposée au sport
L’origine de la section sport de haut niveau s’appuie sur une tradition chère à l’INSA : la pratique sportive qui participe à la formation de l’ingénieur, « en le préparant à l’évaluation de l’effort et du risque4 » ; une disposition certaine qui pouvait préjuger de la réussite du projet, inédit pour l’époque. Le « Professeur coordonnateur d’EPS » écrivait à ce sujet dans une circulaire de présentation5 de la section. « Plusieurs facteurs concourent à faire de l’INSA, l’un des établissements français le plus apte à la réussite de l’expérience : un effectif de 3 000 élèves, dont une grande majorité vit en régime d’internat ; des infrastructures sportives très développées sur le territoire même de l’école ; des cours d’EPS obligatoires à raison de deux heures par semaine avec notation intégrée dans le bilan général de tous les élèves-ingénieurs ; et des résultats sportifs brillants6 de l’association sportive qui font de l’INSA le leader français de la pratique sportive universitaire. »
Pendant les deux premières années, la section a ainsi offert quatre spécialités : athlétisme, basket-ball, cyclisme et volley-ball. Avec l'aide de la Direction Régionale de la Jeunesse et des Sports et du mouvement sportif local, elle s'ouvrira rapidement à d'autres disciplines individuelles.
Première promotion de la section sport-études en 1981
(archives Centre des sports de l’INSA Lyon).
Un succès quasiment immédiat
Comptant sur un encadrement sportif solide, une salle de musculation sur le campus, un suivi médical et une restauration spécifique, la structure « suffisamment élaborée pour offrir aux futurs candidats toutes les garanties de réussite, conjointe, scolaire et sportive », fait mouche. « L’INSA Lyon ? C’est l’Amérique ! », titrait l’Équipe dans un article publié le 21 novembre 1985. Modalités d’admission, aménagement de la scolarité et jeunes champions : le journal d’information sportive ne tarit pas d’éloges sur la section sport-études. Et Robert Vanel, alors interviewé, d’ajouter : « nos sportifs sont très demandés dans les différents départements, car ils ont prouvé depuis cinq ans qu’ils étaient très performants, scolairement parlant. Nous n’avons jamais eu d’échec et nous avons même eu un cycliste major de promotion. »
Sur la même coupure de presse, le portrait d’un élève-ingénieur, ayant commencé l’écriture de son histoire avec les Jeux Olympiques7 sur les bancs de l’INSA : Bruno Marie-Rose, recordman du monde du 200 mètres en salle en 1987 et qui décrochera son diplôme d’ingénieur l’année suivante. Il fera partie des cinq élèves-ingénieurs insaliens sélectionnés pour les Jeux Olympiques de Séoul en 1988, aux côtés de Pascal Bahuaud (aviron 4 sans barreur), Stéphane Laporte (athlétisme et ex-recordman de France de javelot), Éric Neisse (athlétisme et recordman de France des 50 km marche) et Olivier Rossard (volley-ball). Bruno Marie-Rose rentrera de Corée avec la médaille de bronze au 4x100 mètres.
« À l’INSA Lyon, le sport est roi », soulignait l’Équipe
dans un article publié le 21 novembre 1985.
1992 : la « SSE » devient « SSHN »
Prototype à sa création, dix ans après, la section sport-études sert toujours de référence et de modèle dans l’enseignement supérieur français. En 1992, année olympique, la section se transforme et change de nom sous la direction de Jean-Pierre Hirtzig. Comme pour marquer un cap assumé vers les compétitions olympiques de Séoul et de Barcelone, la section devient « sport de haut niveau ».
Cependant, malgré un changement de nom, « l’école de la personnalité et de l’esprit d’équipe », comme on aimait la présenter sur les plaquettes de promotion, n’a pas fondamentalement fait évoluer son organisation. Les avantages consentis aux élèves-ingénieurs sportifs restent les mêmes : le Premier Cycle8 peut être accompli en trois ans, au lieu de deux et le Deuxième Cycle en quatre ans, au lieu de trois pour permettre aux élèves de se consacrer entièrement au sport. Un suivi médical très sérieux est assuré par le centre médico-sportif universitaire et en fin d’année, les élèves sportifs doivent se satisfaire au même contrôle que les autres étudiants.
Olivier Rossard, les lauriers de la section sport-études aux Jeux Olympiques
d’été de Séoul en 1988 (Archives de l’INSA Lyon).
La réussite du sportif et la formation du futur cadre
Ainsi, dans cet élan, les responsables de la section ne limitaient pas leurs ambitions à de bons résultats sportifs. Ils souhaitaient voir naître parmi les sportifs de l’Institut, des vocations de dirigeants ou d’animateurs du sport français et voir sortir, chaque année, quelques ingénieurs ou chercheurs, particulièrement sensibilisés à l’environnement scientifique et technologique du sport de haut niveau. La SSHN sert aussi d’interface entre les nombreux laboratoires de l’école et les intervenants dans la recherche appliquée au sport. Ainsi, en favorisant l’innovation technologique, la section sport de haut niveau participe doublement à l’effort olympique.
Dans sa bonne lancée, au début des années 1990, la SSHN fournissait à la délégation olympique française un athlète aux Jeux Olympiques d’Albertville, cinq à Barcelone et cinq aux Jeux d’Atlanta en 1996. Un peu plus tard, le nouveau millénaire n’avait pas freiné les ambitions des sportifs de l’INSA Lyon : à Athènes en 2004, cinq9 insaliens représentaient leur école. En 2008, sept insaliens étaient présents à Pékin, dont trois furent médaillés olympiques : Jean-Christophe Peraud (VTT Cross country, 2e place), Jonathan Coeffic (Aviron 4 de couple, 3e place) et Guillaume Florent (Voile Finn, 3e place). À Londres, deux jeunes diplômés de l’école étaient aussi en lice.
Extrait d’une plaquette de présentation de la section sport de haut niveau,
début des années 1990 (Archives de l’INSA Lyon)
Être élève-ingénieur sportif aujourd’hui, à l’aube des JOP 2024
À la veille de Paris 2024, la section sport de haut niveau continue d’épauler ses athlètes, en Haute Couture. « Lorsque l’annonce du pays d’accueil avait été rendue officielle, en 2016 ou 2017, la section sport de haut niveau alors sous la direction d’Éric Dumont s’était organisée pour offrir à nos jeunes sportifs, un cadre d’accompagnement précis pour les Jeux Olympiques 2024 », explique Hervé Bizzotto, actuel directeur de la SSHN de l’INSA Lyon. « Le projet haute-performance 2024 est un dispositif complémentaire à l’accompagnement et à l’aménagement classique. Nous offrons à tous les élèves-ingénieurs-sportifs (absences excusées, rattrapage de cours, soutien par des enseignants, cours visibles en replay). Ainsi, il est ouvert aux sportifs inscrits sur les listes ministérielles « Relève ou Sénior », qui bénéficient d’un accompagnement s’articulant autour de bilans en diététique, de suivi kinésithérapique, d’un suivi en réathlétisation, de récupération par la cryothérapie et d’un suivi optimisé en préparation mentale », ajoute le directeur de la section. Un beau défi que d’encadrer les véritables parcours de patience que traversent ces sportifs et élèves-ingénieurs chevronnés. « C’est une façon pour l’INSA d’être partie prenante de ces Jeux ; une façon de faire de cette année olympique et paralympique, l’année de tous les possibles. »
Le sport insalien à l’horizon Paris 2024
Pour l’heure, quatre élèves et diplômés de l’INSA Lyon sont sélectionnés pour les Jeux Olympiques 2024.

• Fabien Filaire, diplômé biosciences en 2020 : arbitrage en escrime paralympique,
• Hugo Nihouarn, diplômé génie mécanique en 2023 : arbitrage en tennis,
• Louise Cervera, 5e année au département génie mécanique voile-Ilca 6,
• Mel Janse van Rensburg, 2e année au département Formation Initiale aux Métiers d'Ingénieur : escalade (Afrique du Sud).
D’autres sont en cours de sélection.

• Sarah Madeleine, 4e année au département génie mécanique : athlétisme 1500m,
• Luca Priore, 3e-4e au département génie mécanique : cyclisme sur piste,
• Jeanne Roche, 2e année au département Formation Initiale aux Métiers d'Ingénieur : aviron,
• Koceila Mammeri, 5e au département génie mécanique : badminton (Algérie),
• Gaëtan Charlot, diplômé génie industriel en 2023 : escrime paralympique.
[1] CREPS : Centre de ressources, d’expertise et de performance sportives.
[2] Raymond Hamelin, directeur de l’INSA Lyon de 1974 à 1991.
[3] Ont été successivement directeurs de la section : Robert Vanel (1981-1992), Jean-Pierre Hirtzig (1992-2004), Michel Bouvard (2004-2016), Éric Dumont (2016-2022) et Hervé Bizzotto (2022 à aujourd’hui).
[4] Issu de la plaquette de présentation de la section sport de haut niveau (1995).
[5] Document non-signé et date approximative (1982-1983) / Archives INSA Lyon.
[6] En 25 ans d’existence, l’INSA Lyon comptait déjà dans son palmarès : 2 champions du monde (Jean-Marie Muller en ski nautique et Patrick Bunichon en canoë), une célébrité mondiale de haute montagne (Yannick Seigneur), 7 internationaux civils et 22 internationaux universitaires. L’école comptait aussi 21 titres de champion de France universitaires, 9 coupes de France en catégorie « Grandes écoles » et plus de 300 titres de champion d’Académie.
[7] Bruno Marie-Rose est aujourd’hui le directeur de la Technologie du comité d’Organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024.
[8] Le Premier Cycle correspondait aux deux premières années d’études ingénieurs. Aujourd’hui, le Premier Cycle est devenu « FIMI », pour Formation Initiale aux Métiers d’Ingénieur.
[9] Jonathan Coeffic (aviron 4 de couple), Jean-Christophe Peraud (VTT cross-country), Guillaume Florent (voile Finn), Olivier Backes (voile Tornado) et Blandine Rouille (voile Europe).

Sport
Sportifs de mars 2024
Section sport de haut-niveau - mars 2024
Ema Comte - 1 FIMI
Cyclisme
Vainqueur de la première manche Coupe de France N1
Thibaut Demai - 3-4 GM
Voile
Champion de France de match racing
Kethleen Vincent - 2 FIMI
Karaté
Championne de France universitaire & qualifiée pour les European games

Sport
Sportifs de février 2024
Section sport de haut-niveau - février 2024
Baptiste Fourmont - 5GM - Cross Country
Champion du Monde par équipe et 3e en individuel - Championnats du Monde Universitaire
Ian Garreta - 3GM - Voile - SB20
Champion du Monde amateur - Champion du monde jeune - 5e au classement général
Sébastien ALESIO-CAPOLINI - 4GCU - Taekwondo
Champion de France -58kg

Sport
Sportifs de janvier 2024

Sport
Mel Janse van Rensburg, sportif de haut niveau à l’INSA Lyon, qualifié pour les JO !
Étudiant au département FIMI de l’INSA Lyon, Mel Janse van Rensburg a remporté sa qualification en escalade pour les Jeux Olympiques Paris 2024 en décembre dernier. Portrait de cet insalien qui participera à la compétition au printemps prochain sous les couleurs de l’Afrique du Sud dont il est originaire.
« Pour ces dernières phases de la compétition, je suis arrivé assez relax : je n'étais pas trop stressé car je n'étais pas le favori et surtout je savais que j'avais fait mon maximum au niveau de ma préparation », confie l’athlète qui s’est hissé à la première place du classement, battant ainsi son compatriote Christopher Cosser, qui avait participé aux Jeux Olympiques de Tokyo 2020.
Déjà sacré champion d'Afrique à deux reprises à seulement 20 ans, le jeune homme originaire de Waterval Boven, un petit village du Mpumalanga, mondialement renommé pour ses falaises rouges, a grandi dans cet univers sportif - ses parents y ont fondé une école d’escalade – cependant c’est seulement à 13 ans qu’il commence à s’intéresser à ce sport : "Tous les ingrédients étaient réunis pour que je devienne un grimpeur dès mon plus jeune âge ! Eh bien, non ! Aucun de mes copains d’école grimpait et nous passions nos après-midi à jouer au foot ou au cricket. À 13 ans, je suis parti en pensionnat à l’école Pretoria Boys High et c’est seulement à ce moment-là que je me suis intéressé à l’escalade. J’ai rapidement rejoint l’équipe d’escalade de l’école où j’ai commencé à faire de la compétition."
Puis, l'étudiant enchaîne les palmarès. En 2018, il représente l’Afrique du Sud aux Championnat du monde jeunes de Moscou. En 2020, il décide se concentrer davantage à l’escalade en salle et de suivre un entraînement plus spécifique à la compétition avec en ligne de mire les championnats d’Afrique qui avaient lieu en décembre 2021. En 2022, il est sélectionné aux World Games aux USA en devenant Champion d’Afrique dans deux disciplines (bloc et difficulté). C’est également le premier sud-africain à faire un 9a, un très haut niveau de difficulté en escalade.
Entré à l’INSA en septembre 2022, il avait pour objectif de réussir les championnats d'Afrique de décembre 2023, championnats qualificatifs pour les Jeux Olympiques de Paris 2024 : "la section Sportif de haut-niveau de l'INSA me donne l'opportunité de m'entraîner en parallèle de mes études. Grâce à l'emploi du temps aménagé, j'ai pu continuer à m'entraîner tout en suivant les cours. Je me suis entraîné entre 12 et 18 heures par semaine. Mes entraînements ont eu lieu principalement dans les salles d'escalade autour de Lyon, mais aussi sur le campus de la Doua. Avec pour objectif ce championnat."
En étant en haut du classement aussi bien en bloc que sur les épreuves de difficulté, Mel n’a rien lâché et a livré une très haute performance. "Lors de la finale, je n'ai pas très bien commencé puisque j'ai raté le premier bloc ! J'ai réussi à rattraper mon retard sur le bloc 3, et à ma grande surprise, j'ai fini en tête après le tour de bloc !". Sa persévérance et son contrôle paieront : "Quand j'ai tenu la dernière prise de la voie dans la main, j'ai réalisé ce qui venait de m'arriver et ce qui allait arriver… Je vais aux JO de Paris ! Pour être honnête, je n'ai pas trop de mots pour décrire ce que je ressens, c'est encore un peu irréel et je n'arrive pas trop à réaliser ce qui m'attend."
De retour à Lyon depuis le 4 janvier, après un repos mérité auprès de ses proches, le jeune sud-africain envisage l’avenir sereinement : "je me prépare mentalement à ce que vont être les prochains mois. J'ai déjà prévu de passer un mois à la Réunion en avril et un mois en juillet à Innsbruck pour m'entraîner. Je vais aussi passer du temps à la salle de musculation de l'INSA pour faire une préparation physique. Cependant, au milieu de tout ça, il va falloir que je trouve du temps pour étudier et me préparer pour les partiels !"

Sport
Sportifs de décembre 2023
Section sport de haut-niveau - décembre 2023
Le palmarès pour le sportif de l’automne :
Mel Janse Van Rensburg - 2 FIMI - Escalade
Championne d'Afrique - Qualification JO 2024.
Sarah Madeleine - 4GM - Athléltisme
Championne d'Europe de cross mixte par équipe.
Mathis Ghio - 3SGM - Wingfoil
Champion du monde.

Sport
« Je tire jusqu’à 500 flèches par jour pour préparer les JO 2024 »
Elle a débuté le tir à l’arc à l’âge de 12 ans, un peu par hasard. Anaël Coupard, élève-ingénieure en 4e année de génie mécanique est désormais une archère aguerrie. Actuellement présélectionnée pour les Jeux Olympiques 2024 et grâce au dispositif d’aménagement de la section sportive de haut niveau de son école, elle a pu rejoindre l’INSEP, l'Institut national du sport, de l'expertise et de la performance. Au sein du centre d'entraînement Olympique et Paralympique français, elle tire jusqu’à 500 flèches par jour avec une cible en tête : celle d’être sélectionnée pour représenter la France l’été prochain. Un objectif qui requiert régularité, équilibre et connaissance de soi.
Élève-ingénieur et archère… Vous évoluez dans deux mondes où la technique règne en maîtresse. Pourriez-vous décrire le matériel et les objectifs du tir à l’arc ?
Effectivement, c’est un peu un fil conducteur dans ma vie ! Le tir à l’arc est une discipline qui demande précision et concentration. Pour atteindre la cible, et plus précisément le cœur jaune de celle-ci, on utilise un arc constitué de différents matériaux dont entre autres, du bois, de l’aluminium et du carbone. Une poignée est reliée à deux branches qui tiennent la corde, que l’on tire pour viser la cible. De plus, un viseur permet d'affiner le tir pour atteindre la cible situé à 70 mètres en conditions olympiques. L’équipement est également constitué de petits accessoires comme un protège-doigt, un plastron sur la poitrine, un carquois pour mettre les flèches… Enfin, une grande barre de stabilisation permet d’absorber les vibrations et de diminuer les blessures ; sans cet élément, c’est le corps qui les absorberait. C’est un sport assez complexe où il y a toujours un facteur chance, des conditions climatiques ou du bruit qui peuvent déstabiliser pendant la compétition. C’est aussi une affaire de sensations car c’est une discipline qui sollicite des muscles très spécifiques. Nous tirons beaucoup de flèches pour s’entraîner physiquement et psychiquement : il faut être stable et sans tremblements. Pour les filles, la force tirée pour une flèche équivaut à 20 kilos. Avec une moyenne de 500 flèches tirées quotidiennement en conditions d'entraînement, l’air de rien, on tire beaucoup de poids.
Anaël Coupard évolue sur un « arc classique ».
Aujourd’hui, vous êtes en formation intensive à l'Institut national du sport, de l'expertise et de la performance en vue d’être sélectionnée pour les Jeux Olympiques 2024. Comment prépare-t-on un tel objectif ?
C’est la première fois que je me retrouve dans une structure d’entraînement aussi grande ; je n’ai jamais fait de compétition internationale et je n’ai jamais été en structure fédérale contrairement à mes camarades. L’INSEP est un centre où des sportifs de toute la France préparent les grandes compétitions internationales. Je me laisse guider par notre entraîneur, coréen, la nation championne du tir à l’arc. C’est très intéressant car j’ai l’impression de réapprendre à lire ! Il y a beaucoup de différences dans la philosophie de tir entre nos deux pays. En France, on a tendance à pousser sur le bras devant et à tirer le bras arrière ; il y a une sorte de domination de l’humain sur l’arc. En Corée, on met plutôt l’humain au service de l’arc pour que celui-ci réalise toujours la même action. On tire à peine plus fort que l’arc, de façon très souple, un peu comme de la danse classique. Cette nouvelle vision m’oblige à changer beaucoup de choses techniquement. Cela a fait chuter mes scores au début, mais depuis quelques jours, je sens une réelle progression.
Nous espérons pouvoir vous voir faire partie de la délégation française aux Jeux Olympiques 2024. Quel est le processus de sélection dans le cas du tir à l’arc ?
Au tir à l’arc cette année, puisque c’est à Paris, trois filles et trois garçons représenteront la France. Une première étape de sélection au mois d’août m’a permis d’intégrer l’INSEP. Pour l’instant, au sein du collectif olympique dans lequel je suis, nous sommes encore six filles et six garçons à nous entraîner en vue de la deuxième épreuve de sélection qui aura lieu début janvier 2024 ; à l’issue il restera quatre filles et quatre garçons. Puis, il y aura un choix du comité olympique de la fédération de tir à l’arc. Pour ma part, je n’ai jamais concouru au niveau international donc si j’ai la chance d’être sélectionnée, ce sera une vraie première pour moi. Je m’entraîne beaucoup pour habituer mon corps à ma stratégie de tir et que cela devienne un automatisme. En compétition, avec le stress et les aléas de l’environnement extérieur, il faut faire preuve d’une très bonne connaissance de soi et de ses repères. Il faut opérer une réelle connexion entre le corps et l’esprit ; être dans l’instant présent. Je me sens d’attaque !
Anaël Coupard est championne de France elite 2023 (Crédits : Rémy Joly)

Vie de campus
Sportive et Sportif de l'année 2022-2023
🏆 Pas loin de 3 000 membres de la communauté INSA Lyon se sont prononcés pour élire la sportive et le sportif de l’année 2022 - 2023 de la section sportive de haut-niveau.
Les titres reviennent cette année à :
- Camille Droguet en 5e année de génie mécanique et championne du monde de basket ⛹️♀️🏀de moins de 23 ans (3x3)
- Mathis Ghio en 2e année au département FIMI et champion du monde 2022 Elite de Wingfoil race ⛵️

Vie de campus
« Sportif valide ou handicapé, pour faire avancer le bateau, il faut un tandem équitable »
Comme beaucoup de rameurs, Thibault Massolo est tombé dans le grand bain de l’aviron grâce à son histoire familiale. Lorsqu’il arrive à l’INSA Lyon, il intègre naturellement la section sportive de haut-niveau et le pôle espoir en quête de performance. Désormais, c’est à travers un autre projet sportif qu’il s’épanouit.
Aujourd’hui élève-ingénieur en 4e année du département génie civil et urbanisme, Thibault Massolo s’est vu proposer un rôle inédit : s’improviser guide handisport dans l’objectif d’accompagner un athlète aux championnats de France Élite d’aviron. Cette expérience s’est avérée formatrice et heureuse, même si accéder à la différence de l’autre n’est pas toujours un long fleuve tranquille. Il raconte cette tranche de vie qui fait appel à l’humilité, l’ouverture et l’humanité.
Pendant plusieurs mois, vous avez accompagné Florian, un handi-athlète qui débutait l’aviron. Vous n’étiez pas nécessairement familiarisé avec le monde de l’handisport, n’est-ce pas ?
Lorsque Florian est arrivé au club1, je n’ai pas tout de suite pris la mesure de l’aventure qui nous attendait. On m’avait proposé de l’accompagner vers le championnat de France, et cet objectif très concret m’a motivé à renouer avec la performance ; je me sentais capable de l’aider à l’atteindre son objectif. Florian est un ancien rugbyman de haut-niveau qui suite à un accident de la route, a hérité d’une mobilité restreinte sur la chaîne postérieure. Ses médecins n’avaient pas prédit qu’il pourrait remarcher un jour, mais il s’est beaucoup battu pour rééduquer son corps. Le monde de l’handi-aviron, prévoit trois catégories de classification empêchement. Pour Florian, c’est délicat : son dossier médical indique qu’il devrait concourir dans une certaine catégorie, mais sa force de caractère le fait jouer face à des sportifs qui présentent des déficiences très différentes des siennes, comme des déficiences visuelles. Cela soulève une vraie question éthique : comment mesurer l’empêchement dans le sport paralympique ? Car entre celui ou celle dont le genou ne se plie pas et quelqu’un de malvoyant, la pratique est parfois biaisée. C’est un peu étonnant à dire, mais certains handicaps sont plus favorisants que d’autres ; mais ils sont tous très différents, presque uniques. D’ailleurs, s’il fallait catégoriser par handicap, chacun gagnerait son championnat !
Comment l’accompagnement se déroule sur le bateau ?
Très concrètement, je suis sur le bateau avec lui, à l’avant. Il n’y a pas tellement de différence de mouvement avec un partenaire valide : nous sommes tous les deux rameurs. Et comme sur n’importe quel bateau, il faut apprendre à connaître son coéquipier, être à l’écoute en permanence et communiquer. Nous avons mis en place des adaptations car l’aviron est une discipline qui fait appel à la dissymétrie. Florian ayant une difficulté à articuler le coude gauche, il rame principalement à tribord. Il y a aussi des différences de force, mais finalement, c’est comme ramer avec quelqu’un de valide qui n'aurait pas exactement les mêmes caractéristiques physiques ou serait moins développé musculairement… En naviguant avec Florian, j’ai remarqué qu’il se posait énormément de questions. Il lui est difficile de ‘débrancher le cerveau’, comme on dit. Il porte beaucoup d’attention aux ressentis de son corps et il intellectualise chaque sensation. C’est une approche très différente de celle que j’ai eue à mes débuts : moi, j’ai appris à ramer, en ramant ! Mais c’est un échange très enrichissant et qui enseigne l’humilité.
Dans un tel duo, comment chacun trouve sa place sur le bateau ?
Je me souviens de notre première course : je voulais le guider et faire à sa place. Bien évidemment, on s’est plantés ! On s’est arrêtés au milieu de la course car je ne l’avais pas laissé s’exprimer. À partir de ce jour, il a pris le lead mental sur le bateau. Il a une force différente de celle que j’ai pu voir chez mes coéquipiers valides. Avec une zénitude et l’insouciance qu’on prêterait aux rameurs débutants, Florian change les codes de la discipline, ce qui m’oblige à remettre en question ce que je pensais savoir. Aujourd’hui, chacun trouve sa place dans le tandem et on arrive à faire ensemble. De toute façon, il n’y a pas d’autres choix en aviron : si on ne met pas la pelle au même moment dans l’eau, le bateau ne peut pas aller ni droit, ni vite.
Les championnats de France Élite d’aviron ont eu lieu tout récemment. Comment s’est déroulée la compétition ?
Plutôt bien. Nous avons terminé vice-champions de France. Bien sûr, nous aurions voulu être sur le haut du Podium, mais c’est le jeu. Et puis Florian a seulement trois mois d’aviron derrière lui ! Pour ma part, j’ai vraiment vécu le championnat de France élite comme tous les autres sportifs et pas seulement comme un guide. Il y a eu beaucoup de préparation en amont bien sûr, mais c’était finalement très grisant de construire à partir de zéro et de voir la progression de mon coéquipier : handisport ou pas, l’investissement a été le même. Nos deux médailles ont la même valeur.
Le podium du Championnat de France Élite d’aviron.

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[1] Club Aviron Toulonnais

Sport
Sportifs de l'automne 2022
Section sport de haut-niveau - automne 2022
Le palmarès pour le sportif de l’automne :
Camille Droguet - 5GM - Basket ball
Championne du monde de Basket ball 3x3 avec l'équipe de France U23.
Mathis Ghio - 2FIMI - Wingfoil
Champion du monde de Wingfoil race.
Ugo Vignolles - 2FIMI - Rugby
Victoire Lyon VS Castres.
Match de la 10e journée du top 14.