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L’algorithme : cette formule arbitraire, miroir de l’intention humaine
Les algorithmes sont sûrement au 21e siècle ce qu’étaient les moteurs à explosion à l’ère préindustrielle. De plus en plus présents et de plus en plus élaborés, ils sont pourtant mal compris par le public non-averti. À l’occasion d’une conférence organisée par le Centre d'Innovations en Télécommunications et Intégration de Services1 (CITI) le 10 octobre dernier, Antoine Boutet, enseignant-chercheur au département informatique, explique les problématiques posées par les « blacks boxes », ces algorithmes au centre de nos vies. Immersion dans un monde opaque, où le citoyen réclame la transparence.
Algorithme, nm (lat. algorithmus) : ensemble de règles opératoires dont l'application permet de résoudre un problème énoncé au moyen d'un nombre fini d'opérations. Un algorithme peut être traduit, grâce à un langage de programmation, en un programme exécutable par un ordinateur.
Une vieille recette de mathématiques qui s’impose dans tous les domaines : finances, orientation professionnelle ou même vie amoureuse. Partout, ils conseillent un film à regarder, un nouvel emploi ou même, un nouvel ami.
Pour comprendre le processus, il faut en revenir aux faits. Je suis confortablement installé dans mon canapé et je m’apprête à visionner un film au moyen d’une plateforme de vidéo à la demande. Ma sélection génère une donnée qui correspond à mes goûts cinématographiques, par exemple, un genre en particulier, une thématique ou une actrice que j’apprécie voir jouer. À la fin de mon visionnage, l’application, à l’aide d’un algorithme, me suggérera d’autres films à regarder en fonction des données récoltées lors que mes choix précédents. Mais selon quels critères sont sélectionnés les films qui me sont proposés ? Quelqu’un a-t-il décidé d’établir ces règles ?
Avant l’automatisation et s’il avait été question de livres, ma bibliothécaire m’aurait conseillé tel ou tel ouvrage, mais j’aurais su, d’une façon inconsciente, que ses propositions n’auraient été ni exhaustives ni totalement objectives, car elles étaient le résultat de sa propre expérience de lecture et de mes goûts littéraires. Or, lorsque je suis en face de mon ordinateur ou de ma télévision connectée, je ne suis pas nécessairement en mesure de comprendre naturellement que l’algorithme qui fait ces propositions, a été implémenté par… Un humain.
« L’algorithme n’est pas un outil neutre et peut soulever des problèmes d’équité. Pour créer un algorithme, il faut l’intervention d’un développeur. En fonction de ses croyances personnelles, ses schémas cognitifs ou émotionnels du développeur, l’apprentissage de l’algorithme peut comporter des discriminations. Que ce soit inconsciemment, avec des erreurs d’implémentation ou consciemment avec l’introduction de biais fixés par son entreprise, l’algorithme reproduit les biais dans le résultat de l’algorithme », explique Antoine Boutet. Autre facteur de biais : l’observation des données passées pour exploiter des corrélations entre les critères de goûts et de sélection de l’utilisateur. L’une des conséquences de ce biais est l’apparition d’une bulle informationnelle. « Un même algorithme peut enfermer l’utilisateur dans un même rouage de pensées. En fonction de ses choix et des règles fixées par l’algorithme, il retombe souvent sur les mêmes informations ou les mêmes types de films par exemple », complète l’enseignant-chercheur.
L’outil algorithmique soulève donc des questions qui dépassent la discipline informatique, et ici, l’enjeu est bien éthique. « Au-delà du fait que les données personnelles peuvent contrôler le comportement de ces algorithmes, données qui sont maintenant régies par le RGPD, nous sommes face à un outil qui nous décrit, nous et le monde qui nous entoure. L’implémentation d’algorithmes répond à des intentions, individuelles ou collectives. La réflexion sous-jacente est surtout celle de la relation de l’homme à la technique : l’algorithme n’est pas un outil qui fonctionne seul, c’est un miroir de l’intention du développeur. Et aujourd’hui, sous couvert d’une technicité parfois inexplicable au grand public, certains en profitent, ne laissant aucune lisibilité au citoyen sur les algorithmes qui irrigue sa vie quotidienne », poursuit-il.
Pour le choix d’un film ou d’un livre, la question du biais de l’algorithme peut paraître anecdotique. Mais lorsqu’il s’agit d’accorder un prêt bancaire, proposer un futur partenaire de vie à travers une application de rencontre ou même scorer les patients en liste d’attente pour un don d’organe, les enjeux soulevés par les biais des algorithmes relèvent-ils encore de l’anecdote ?
Alors comment arbitrer ? Comment attribuer la liberté de concevoir un algorithme et quelle responsabilité légale imposer ? « Il est très difficile de comprendre le comportement d’un algorithme si l’on peut uniquement analyser les résultats qu’il fournit en fonction de nos interactions avec lui. Et c’est justement cette difficulté technique qui freine l’attribution des responsabilités. La régulation des pratiques est indispensable », prévient Antoine. Si l’Union Européenne s’est récemment lancée sur le sujet du droit à l’explication, l’enseignant-chercheur affirme que la sensibilisation des utilisateurs est une première étape primordiale pour avancer vers une société numérique plus transparente.
« C’est pour cela que nous avons organisé cet atelier qui a réuni informaticiens, juristes, sociologues et membres de comités éthiques. C’est une bonne façon de lancer l’alerte et de démêler les enjeux qui interrogent la société toute entière. La prochaine étape sera d’aligner les intérêts communs, pour aller vers des règles éthiques viables », conclut Antoine Boutet
1EA 3720 – Tutelles INSA Lyon et INRIA

International
Lancement du projet Fit Europe, “Future IT Leaders for a Multicultural Digital Europe”
L'INSA Lyon vient de lancer le 14 octobre 2019 avec des partenaires d'Allemagne, d'Italie et de Roumanie, un projet bénéficiant du soutien de l'Union européenne, visant à former les "futurs leaders d'une Europe numérique et multiculturelle".
"Avec Fit Europe, nous entendons former les leaders européens du numérique de demain, capables d'inventer la future société numérique et de répondre aux enjeux qu'elle soulève" explique Lionel Brunie, Directeur du département Informatique de l'INSA Lyon.
Fit Europe repose sur deux piliers. D'une part, une formation adressant des questions brûlantes, voire, pour certaines, polémiques: comment les robots peuvent-ils intervenir dans une société multigénérationnelle? Comment concilier Big Data et éthique? Quelles seront les implications commerciales des plateformes distribuées à grande échelle (de type "blockchains")? Comment l'Internet des objets affectera-t-il notre vie privée et notre confiance dans le numérique? Quelles innovations vont jaillir de ces nouvelles technologies et comment pourra-t-on adresser les enjeux sociétaux qu'elles soulèveront?
Le deuxième pilier est une coopération main dans la main entre industriels et universitaires, non seulement pour concevoir la formation, mais aussi pour coacher les étudiants.
A la source du projet, on retrouve le centre de recherche IRIXYS (www.irixys.org), l'un des centres de recherche les plus actifs en Europe autour des systèmes numériques intelligents, reposant sur la coopération entre l'INSA Lyon, l'Université de Passau (Allemagne) et l'Université de Milan. Participent également à Fit Europe l'Université Polytechnique de Bucarest ainsi que des acteurs privés allant de l’incubateur de start-ups au grand groupe numérique international, en passant par la PME en robotique.
Informations complémentaires

Formation
Isabelle Collet : la voix et la plume des oubliées du numérique
Informaticienne, professeure, chercheuse et écrivaine, Isabelle Collet a beaucoup de cordes à son arc. Dans son dernier ouvrage « Les oubliées du numérique » (éd. Le Passeur), elle aborde l’informatique pour la deuxième fois dans un de ses livres et surtout la place des femmes dans cette discipline. Entretien avec une femme très engagée dans la question du genre et de la mixité, également Vice-présidente du Conseil d'Administration de l'INSA.
Comment la question du genre est-elle devenue centrale dans votre vie ?
« Elle est devenue primordiale quand je n’ai pas trouvé de travail. J’avais une licence d’informatique en Traitement du Signal en poche et je pensais être au maximum de mes capacités. J’avais envisagé de poursuivre en Master mais il y avait peu de femmes et comme je n’ai pas forcément été poussée, je me suis dit que je n’avais pas les épaules. J’étais 4e de ma promotion.
J’arrive donc sur le marché du travail au début des années 90, mariée sans enfant, et j’enchaine les contrats temporaires. Je deviens maman ensuite et je suis mon mari qui trouve du travail sur Paris. Je prends des cours à l’Université Paris Nanterre et l’un d’entre eux porte sur les rapports sociaux de sexe dans l’éducation. Petit à petit, je comprends. J’avais vécu cette censure sociale que vivent les femmes et les filles, qui sont amenées soient à douter de leurs compétences, soient à penser qu’elles ont de meilleures compétences ailleurs. J’ai fait ma thèse là-dessus. »
Votre livre « Les oubliées du numérique » porte un sous-titre : « L’absence des femmes dans le monde digital n’est pas une fatalité ». On parle carrément d’absence ?
« Quand on est sur des pourcentages de 10/12 %, on parle d’absence oui. Dans le cœur technique du numérique, les femmes sont représentées à 15%, et dans les secteurs qui ont le vent en poupe comme le big data ou la cyber sécurité, on tombe à 11%. Dans le numérique, plus on est sur des secteurs de pointe, moins il y a de femmes. Et chaque fois qu’un champ de savoir prend de l’ampleur, les hommes s’y engouffrent. Les femmes sont sociabilisées à penser qu’elles vont se réaliser en famille.
Mais aujourd’hui, je pense qu’on tend vers un équilibre. Nous avons de bonnes raisons de penser que cela bouge. Il y a quantité d’initiatives pour attirer les femmes dans le numérique, et certains indicateurs sont intéressants, comme le pourcentage des filles dans les trois plus gros masters en informatique de gestion, qui se situe entre 30 et 40% cette année. »
Vous êtes Vice-présidente du Conseil d’Administration de l’INSA Lyon depuis un an. Quel regard vous portez sur la présence des filles à l’INSA ?
« Il y 43 % d’élèves-ingénieures en première année à l’INSA Lyon, c’est encourageant ! C’est une école qui s’intéresse depuis longtemps à la question de la mixité et qui peut en retirer les bénéfices. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles j’ai accepté de rejoindre le CA de cet établissement. Je savais que le discours de mixité sociale et de genre était réellement porté. Je le sais depuis longtemps parce ma sœur a fait l’INSA et j’avais moi-même postulé. L’INSA met les moyens sur ces questions et a même aujourd’hui un Institut Gaston Berger pour étudier cela. »
Selon vous, où se trouvent les réponses pour favoriser la mixité ?
« Partout. Elles se trouvent à tous les niveaux. Il faut lutter contre les inégalités de représentation sexuée des disciplines dès la maternelle et jusqu’à l’enseignement supérieur. C’est dans l’éducation, les médias, la culture d’entreprise, partout ! »
Crédits photos ©Sabine Papilloud

Formation
« HTTP 403 forbidden » : les 5IF confrontés à une crise globale
La cybersécurité est un sujet récurrent dans l’actualité. La numérisation des données étant au centre de nombreux modèles économiques, les besoins de confidentialité, d’intégrité et de disponibilité de l’information sont croissants. Des élèves-ingénieurs du département informatique (IF) de l’INSA Lyon ont été confrontés à un exercice de simulation de crise grandeur nature. L’objectif ? Amener les étudiants à saisir toutes les dimensions d’une telle situation déclenchée par l’outil informatique. Immersion au cœur d’une crise fictive.
La clinique de Bois-Riant connaît une crise sans précédents. Les systèmes d’information du centre de soin viennent d’être frappés par une cyberattaque, engendrant fuites de données et déni de service : les données médicales confidentielles des patients sont révélées et les accès aux stocks de médicaments et appareils médicaux ne sont plus protégés. Pour faire face à cette crise provoquée par une faille numérique, le service responsable des systèmes d’information de la clinique, composé d’étudiants de 5e année du département IF de l’INSA Lyon, doit agir rapidement.
« C’est un exercice de simulation en conditions réalistes et rien ne nous a été épargné comme cela aurait pu arriver dans la vraie vie ! Cyberattaque, affolement sur les réseaux sociaux, tempête médiatique, turbulences internes… Il s’agissait pour nous de gérer les évènements de façon technique mais surtout d’un point de vue organisationnel et humain », explique Julien Hecht, élève-ingénieur en 5IF option cybersécurité.
S’adapter à la réalité du terrain
Pour répondre aux besoins de la société numérique, la formation des élèves-ingénieurs du département informatique de l’INSA Lyon débute par une année d’enseignement des bases techniques comme les algorithmes ou la création de logiciels. L’année suivante, l’apprentissage est complété par des approches et méthodes de projets. Puis la troisième et dernière année est consacrée à l’ouverture internationale et à la spécialisation dans des domaines tels que la cybersécurité.
« Notre pédagogie est conçue pour permettre aux étudiants de concevoir et conduire des projets de A à Z. Préparer les futurs ingénieurs à faire face à une situation de crise réaliste fait partie de cet objectif. En appréhendant la complexité des problématiques vécues dans l’entreprise où l’informatique est aujourd’hui au centre de l’organisation, nos futurs experts se préparent à la réalité du terrain », explique Antoine Boutet, professeur et responsable de l’option cybersécurité du département IF.
Remettre l’humain au cœur du système
En dépit d’une image souvent réduite auprès du grand public à un clavier et des lignes de code, le métier d’ingénieur informatique continue de séduire étudiants et entreprises. Preuve en est, le département IF est l’un des plus prisés par les étudiants de l’INSA Lyon et l’intégration dans le monde socio-économique des nouveaux diplômés est souvent rapide.
« Les compétences exigées par les entreprises ne sont pas que techniques. Il ne s’agit pas seulement de savoir programmer ou faire de l’intégration informatique. Il faut aussi savoir gérer un projet pour être un bon ingénieur. Les IF ne sont pas que des geeks ! Je suis conscient que l’ouverture humaine est nécessaire à mon futur métier car je travaille sur des machines dans un monde ultra-connecté, mais je travaille surtout avec des personnes », conclut Julien.
Le département IF a fêté cette année ses 50 ans.
Podcasts « Les cœurs audacieux » - Saison 1 / Épisode 1 - 7 avril 2021

Institutionnel
IF fête ses 50 ans !
L’année 2019 est celle du 50e anniversaire du Département Informatique de l’INSA Lyon.
À cette occasion le Département Informatique et l’Association des Élèves du Département Informatique (AEDI) s’associent afin de fêter cet événement d’ampleur de manière conviviale.
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Aperçu de la programmation
- Vendredi après-midi - Amphithéâtre Gaston Berger et Rotonde
Conférences et interventions autour de thématiques diverses : histoire du département Informatique, enjeux actuels et futurs du numérique et de la recherche, présentation de parcours remarquables issus de IF... - Vendredi soir - Espace Tête d'Or
Poursuite de la journée dans un lieu de prestige pour le Gala anniversaire du département ponctué d'animations et d'un repas. - Samedi matin - Campus LyonTech-La Doua
Visites interactives des bâtiments et d'autres lieux emblématiques du campus, avec un arrêt à l'exposition exceptionnelle retraçant l’histoire de l’Informatique suivi d’un buffet et d’animations.
En savoir plus : L'histoire du département informatique de 1969 à nos jours
Informations complémentaires
- http://aedi-insa-lyon.fr/anniv/
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INSA Lyon 20, avenue Albert Einstein, 69621 Villeurbanne
Mots clés
Derniers évènements
Ateliers danse avec la Cie MF
Les 15 et 22 mai 2025
Sciences & Société
INS'HACK
Événement organisé par InSecurity, association d'étudiants de l'INSA engagée dans la promotion de la sécurité des systèmes d'information auprès des étudiants.
Au programme plusieurs conférences, un temps de rencontre entreprises-étudiants et un concours de sécurité informatique (CTF, Capture The Flag).
L'objectif de l'événement est de permettre à des passionnés de sécurité informatique de se rencontrer, de rencontrer des entreprises et d'apprendre, encore, sur des sujets liés à la sécurité informatique.
- De 14h00 à 17h30 : Conférences d'experts pour tous ceux qui veulent découvrir le domaine ou approfondir leurs connaissances (Amphithéâtre Gaston Berger)
- A partir de 17h30 : Rencontre avc les entreprises partenaires (Amphithéâtre Gaston Berger)
- A partir de 18h30 : Concours de sécurité informatique (CTF, "Capture the flag") ouvert à tous. Un ordinateur, une connexion internet et de la matière grise ? La victoire est à votre portée ! De nombreux lots sont offerts par les sponsors (Département IF - Bâtiment Blaise Pascal)
Informations complémentaires
- contact@insecurity-insa.fr
- http://inshack.insecurity-insa.fr/
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Campus LyonTech-la Doua - Avenue Gaston Berger - INSA LYON - 69100, Villeurbanne
Mots clés
Derniers évènements
Ateliers danse avec la Cie MF
Les 15 et 22 mai 2025
Formation
Mathieu Gaillard reçoit le Prix d’Excellence de l’Université Franco-Allemande
Mathieu Gaillard, ingénieur INSA Lyon, a été récompensé le 24 janvier dernier à l'Ambassade de France à Berlin par l’Université Franco-Allemande (UFA) pour ses résultats particulièrement brillants dans le cadre de son double-diplôme intitulé « Multimedia, Distributed and Pervasive Secure Systems ». Retour sur le parcours d’un surdoué de l’informatique.
Mathieu, pouvez-vous raconter en quelques lignes votre parcours à l’INSA Lyon ?
« Le département IF est celui que je convoitais lorsque j’ai postulé à l’INSA. Après les deux premières années, j’ai réussi à l’intégrer et je n’ai pas regretté mon choix. J’ai d’abord fait mes trois premiers semestres en cursus normal puis je me suis orienté vers le parcours franco-allemand. Un double diplôme particulièrement intéressant, car il permet d’obtenir en deux ans un diplôme d’ingénieur en France et un Master of Science en Allemagne, en associant l’ingénierie et la recherche. Plus précisément, mon travail a porté sur l’application des dernières avancées en intelligence artificielle à la recherche d’images quasi-similaires. Ma thèse de Masterarbeit (équivalent allemand du Projet de Fin d’Études) s’intitule 'Perceptual Hashing using Convolutional Neural Networks for Large Scale Reverse Image Search' que l’on pourrait traduire en 'Hachage perceptuel basé sur des réseaux de neurones à convolution pour la recherche d'image inversée'. »
Pourquoi avoir souhaité faire un double diplôme ?
« J’ai décidé de prendre part à ce double diplôme pour deux raisons. D’abord pour m’ouvrir à d’autres opportunités et pour progresser dans les langues étrangères. Ensuite, j’envisageais à plus long terme de faire une carrière dans la recherche académique ou industrielle, et ce cursus fortement axé recherche a tout de suite attiré mon attention. J’ai donc vu la parfaite opportunité d’allier ma passion pour l’informatique avec mon souhait de débuter une carrière scientifique à l’international. »
De gauche à droite : David Capitant, Président de l’UFA, Mathieu Gaillard, Johannes Marvin Eckhardt, Dieter Babiel, Président Directeur Général du Hauptverband der Deutschen Bauindustrie, Olivier Mentz, Vice-président de l’UFA (© Jacek Ruta/DFH-UFA)
Qu’est-ce que cette expérience vous a apporté ?
« Indéniablement, j’ai énormément amélioré mon niveau d’allemand et d’anglais durant mes séjours. Mais indépendamment de l’aspect linguistique, j’ai eu la chance de travailler avec de très bons professeurs, qui m’ont aidé à appréhender tous les aspects de la recherche : identification d’un problème pertinent, synthèse bibliographique, réalisation de la contribution scientifique, rédaction et publication d’un article. J’ai aussi acquis beaucoup de compétences interculturelles et j’ai découvert l’Allemagne qui est un pays fascinant. Je me sens, en outre, beaucoup plus européen qu’au début de mes études. »
Et quels sont vos projets pour la suite ?
« Je suis actuellement étudiant en PhD à l’Université Purdue, dans l’Indiana aux États-Unis au sein du High Performance Computer Graphics (HPCG) Laboratory. Je travaille principalement sur la génération procédurale et l’informatique graphique. Je collabore d’ailleurs régulièrement avec certains de mes anciens professeurs du département informatique. À long terme, je ne sais pas exactement ce que je vais faire même si je suis conscient de toutes les opportunités qui pourraient s’offrir à moi. J’ai encore quelques années pour réfléchir. Je pourrais aller travailler dans la Silicon Valley ou devenir fonctionnaire européen ou encore maître de conférences en France. Pour le moment, j’ai l’impression de ne m’être fermé aucune porte, au contraire j’ai l’avenir devant moi ! »

Formation
L’innovation selon le département Télécommunications de l'INSA Lyon
L’un des axes de la formation dispensée à l’INSA Lyon est de favoriser l'ouverture d’esprit et la créativité des étudiants. Dans ce cadre, le département Télécommunications, Services et Usages (TC) a mis au point, depuis plus de 15 ans, les « Projets Innovants ». Les élèves sont stimulés pour inventer une solution qui répond à une problématique de société en exploitant leurs compétences : développement d’applications, robotique, intelligence artificielle, internet des objets (IoT), etc. Rencontre avec Stéphane Frénot, Directeur du département et fondateur de ce cours ainsi que Florian Nebout, diplômé INSA TC 2010.
Comment permettre aux élèves de développer leur créativité et les faire penser « out of the box » ? L’équipe enseignante du département TC a mis en place un cours sur l'innovation sous forme de gestion de projets. Les groupes, de trois à quatre élèves, travaillent ensemble sur une innovation de leur choix, concrète et réalisable. Ils ne sont volontairement soumis à aucune contraintes technologique ou financière, pour s’approprier au mieux les sujets et dépasser les limites qu’ils se posent traditionnellement.
En 2009, Florian Nebout, ancien élève du département TC et actuellement ingénieur expert en robotique chez Awabot, avait travaillé sur un projet d’écrans connectés, Ambiavoice. Il garde un très bon souvenir de ce projet : « je me souviens avoir particulièrement apprécié travailler sur un domaine innovant car je voyais une application concrète de mes connaissances et de mon travail. À l’époque, imaginer un écran de télévision qui s’adapte aux utilisateurs était vraiment révolutionnaire. On était à mi-chemin entre une smart TV et un assistant vocal. Ces projets m’ont permis d’avoir une vision sur des sujets dont nous ne parlions pas jusqu’à présent et qui sont très importants pour le monde professionnel : démarche d’innovation, marketing, finance, management. Ça nous apporte de bonnes connaissances de tout ce qui est important pour un lancement de projet réussi ! ».
Guidé par un binôme de tuteurs pluridisciplinaires, composé d'un enseignant technique et un enseignant des Humanités, ce projet permet d’évaluer les compétences des étudiants en ingénierie et en gestion de projet.
« Depuis 2 ans, nous avons organisé les projets innovants lors de la cinquième année de formation. En effet, les élèves ont quasiment terminé leur cursus et possèdent de solides compétences d'ingénieur. Ils peuvent s’ils le souhaitent, à la suite du projet, se lancer dans la réalisation concrète d’une start-up, en intégrant par exemple la Filière Étudiant Entreprendre (FEE). Julien Honnart, fondateur de Klaxit, l’application mobile de covoiturage domicile-travail, a par exemple, intégré la FEE à la suite de son parcours en Télécom », précise Stéphane Frénot.
À la découverte de la méthodologie « Lean Start-up »
Les élèves-ingénieurs développent une innovation en suivant une méthodologie de travail applicable dans leur vie future, le Lean Start-up. Ce concept, conçu par Éric Ries, permet une approche innovante pour lancer un produit sur un marché ou développer une activité économique. L’objectif est de réaliser un produit, mesurer les retours d’expérience des utilisateurs, et l’améliorer pour qu'il satisfasse au mieux les consommateurs. Les élèves sont formés à cette méthodologie de création de projet en utilisant les trois étapes clés : construire / mesurer / apprendre. « Au niveau même du département Télécom, nous utilisons le Lean Start-up pour améliorer les projets innovants. Nous avons construit le concept de ce cours, nous avons mesuré son impact et sa réalisation en demandant des retours d’expériences aux élèves et nous le réadaptons. Par exemple, nous avons remarqué que la phase de démarrage doit être plus longue pour que les élèves aient plus le temps d’approfondir leur sujet », commente Stéphane Frénot.
Le rythme est intense pour les élèves. Tous les quinze jours, les groupes doivent présenter un point d’étape pour valider leur sujet : « Je me souviens des nombreux rendus qui prenaient des formes vraiment variées : vidéos, infographies, dossiers, pitch… On s’est formé sur des outils dont on n’avait pas l’habitude de se servir et on a appris à gérer notre stress lors de nos prises de parole. De plus, travailler au sein d’un groupe composé de personnalités et cultures différentes était très formateur. On s’est heurté à quelques difficultés de gestion d’équipe et de projets, mais ça représente assez bien la réalité de l’entreprise. Aujourd’hui, avec du recul, je me rends compte que ce projet a développé chez moi un vrai goût pour le domaine de l'innovation ! », conclut Florian Nebout.
Cette année, SPIE ICS, signataire d'une chaire d’enseignement et de recherche dédiée à l’Internet des objets (IoT) avec l’INSA Lyon, a décidé de primer un projet innovant remarquable. Parmi 15 projets, quatre ont retenu l'attention :
- Mon Petit Recycleur, une caméra analyse en temps réel les déchets des plateaux de cantine sur les tapis roulants et indique le bac de tri adéquat. L’objectif est double : apprendre aux utilisateurs à mieux trier leurs déchets et permettre aux restaurants de dresser des statistiques des déchets produits pour s'adapter à la demande.
- Fitness Plus, une solution qui vise à mettre en place un coaching personnalisé ou des programmes de sport à la carte grâce à la détection de mouvement et l’analyse d’image des utilisateurs.
- Treen, une solution d’aide au tri sélectif, adaptée aux différents produits et régions. Après avoir scanné le code barre du produit, Treen se charge d’indiquer comment le trier.
- Stormy, un système de gestion des stocks et d’organisation du rangement pour un usage domestique ou professionnel.
Fin janvier, suite à une ultime présentation, c’est l’équipe de Fitness Plus qui s’est vu remettre le prix « coup de cœur SPIE ICS ». Une reconnaissance pour ces futurs diplômés qui pourront, s’ils le souhaitent, concrétiser ce projet et l’incuber dans la Filière Étudiant Entreprendre.
Pour accéder à l’ensemble des projets en ligne, rendez-vous sur Jumplyn.

Formation
Rendre l’éducation accessible pour tous avec OpenClassrooms
À 13 ans, il crée son site internet. À 23 ans, il devient PDG d’entreprise. Et à 28 ans, il est désigné par le magazine Forbes comme l’un des 30 jeunes meilleurs innovateurs, entrepreneurs et dirigeants européens de l’année 2016. Ingénieur INSA diplômé en 2009, Pierre Dubuc est aujourd’hui à la tête de la célèbre plateforme d’éducation en ligne OpenClassrooms et œuvre à rendre l’éducation accessible à tous. Portrait d’un visionnaire.
De la chambre d’ado au leader européen de l’éducation en ligne
L’histoire incroyable de Pierre Dubuc commence lorsqu’il a 11 ans et rencontre Mathieu Nebra. Les deux amis se lancent dans la création d’un site internet offrant des tutoriels informatiques, le Site du Zéro, aujourd’hui devenu OpenClassrooms. « J’ai appris à coder et à programmer mes premiers sites internet très tôt. Tutoriels, forums d’entraide puis éducation en ligne, nous sommes passés par de nombreuses étapes avant d’en arriver à l’OpenClassrooms d’aujourd’hui avec la même volonté d’aider les autres. » La plateforme permet à trois millions de visiteurs par mois de développer leur employabilité sans barrière technique, financière ou de diplôme au moyen de cours en ligne individuels. La vocation est sociale et l’efficacité du système n’est plus à prouver : partenariat avec Pôle Emploi et autres grands acteurs de la formation et des nouvelles technologies, levée de fonds conséquents1… Les milliers de formations en ligne et la trentaine de parcours diplômants proposés par la startup de Pierre Dubuc ont permis à de nombreux « décrocheurs » du système de bénéficier d’une seconde chance en trouvant un emploi.
Étudiant à l’INSA Lyon et PDG de son entreprise
Pourtant avant les études supérieures, l’école n’était pas l’endroit préféré de Pierre. « C'est vrai que je me suis beaucoup ennuyé à l'école, en tous cas avant le bac. J’ai toujours été attiré par la technologie et choisir une formation d’ingénieur me semblait la continuité parfaite de ce trait de mon caractère. »
En 2004, il intègre l’INSA Lyon et rejoindra le département Télécommunications Services et Usages, tout en montant sa première entreprise en parallèle. « À l'époque j'étais déjà très absorbé par le développement des premières itérations du Site du Zéro dont nous avons lancé la première version en 1999. Je garde de très bons souvenirs et de solides amitiés de mon passage à l’INSA. J’avais choisi cette école pour l’expérience sociale très stimulante qu’elle proposait et pour le caractère généraliste de la formation, qui m’a permis d’acquérir des connaissances dans des domaines divers. Je dois dire que je n’ai pas été déçu du voyage. »
Lancé très tôt dans l’entrepreneuriat, Pierre n’a pas de plan de carrière mais s’est donné pour chemin de vie de rendre l’éducation accessible. « Je n’ai pas vraiment choisi d’être entrepreneur. Ce qui m’anime aujourd’hui, ce sont quatre moteurs, qui sont d’ailleurs ceux d’OpenClassrooms : audace, persistance, attention à l’autre et franchise. »
« Apprendre aujourd’hui c’est construire demain »
Jeune PDG avant-gardiste dans l’âme, Pierre Dubuc veut avoir un impact humaniste et sociétal sur l’éducation. « Ma priorité est d’étoffer notre modèle à travers le monde et d’ici 2025, de permettre à un million d’étudiants OpenClassrooms de trouver un emploi ou d’évoluer dans sa carrière. »
L’ancien insalien qui a vu très tôt dans le digital l’opportunité d’apprendre et de partager ses connaissances, continue de voir toujours plus loin, en donnant vie au savoir. « Formez-vous. Ne cessez jamais de vous former car apprendre aujourd’hui c’est construire demain. »
[1] En 2018, la startup a levé 60 millions d’euros, la deuxième plus importante de la FrenchTech cette année
Podcasts « Les cœurs audacieux » - Saison 2 / Épisode 2 - 30 novembre 2021
Informations complémentaires

Vie de campus
Ingénierie en milieu associatif : le pouvoir de la transmission
Depuis 1990, le Clubelek de l’INSA Lyon attire toutes les personnes ayant une appétence pour l’informatique et plus généralement la mécatronique*. Composée de quatre-vingt membres (insaliens, étudiants et professionnels), cette association propose un espace de création, de partage et d’apprentissage. Cette année, elle accueille un groupe de quatre collégiens, passionnés de robotique, grâce à l’ouverture d’esprit d’un élève-ingénieur passionné, Ziggy Vergne.
Afin de rendre plus accessible le monde de l’informatique, Ziggy Vergne, actuellement au département Informatique et membre du Clubelek, a eu l’idée de proposer des formations aux plus jeunes.
« Depuis toujours je suis passionné par l’électronique et l’informatique. Enfant, je passais mes après-midis à bricoler mon ordinateur, fabriquer des robots, démonter des appareils... Lorsque j’ai rencontré ce petit groupe de collégiens passionnés d’informatique à la fête du jeu de Meximieux, je suis revenu dix ans en arrière ! Je me suis rappelé ces longues heures à me former seul et j’ai eu envie de les aider à découvrir ce domaine plus facilement », explique Ziggy.
Il décide alors de leur proposer des sessions de formation de trois heures tous les samedis après-midi, hors vacances scolaires. À chaque cours, un nouveau concept est étudié : explication des grandeurs physiques (tension, intensité, résistance, puissance), programmation, branchement électronique, mécanique… En plus de l’aspect technique, Ziggy aborde avec les jeunes toutes les problématiques liées à la robotique : règles de sécurité, licences, contraintes légales, coûts...
« Je m’investis beaucoup pour adapter mon discours à ces jeunes et capter leur attention. Nous sommes vraiment dans un cours interactif où nous favorisons l’échange. Avant chaque séance, je leur prépare un polycopié que je leur envoie pour qu’ils puissent avoir un support sur lequel s’appuyer avant de suivre le cours. J’ai été agréablement surpris quand j’ai vu ces supports imprimés et annotés par les élèves ! Ils sont vraiment passionnés et j’adore leur transmettre mes connaissances ! »
Depuis novembre, cinq cours ont déjà eu lieu et les élèves sont ravis. Au premier rendez-vous, le groupe d’élèves a conçu un « mini piano », ce qui lui a permis de comprendre le fonctionnement des boutons poussoirs et les bases du branchement. Dès le second cours, les collégiens ont découvert les servomoteurs.
« Dans la robotique, les servomoteurs sont très importants car ils permettent de réaliser un mouvement précis suite à une commande externe. Lever un bras, le bloquer dans une position définie, ou encore tourner une roue semblent être des actions simples, pourtant il y a des notions électroniques relativement complexes à maîtriser », souligne Ziggy.
La semaine d’après, l’élève-ingénieur leur a expliqué le principe physique des ondes et ultrasons.
« Cette fois-ci, j’ai choisi d’illustrer cette notion avec un robot équipé de capteurs lui permettant d’éviter les obstacles et de suivre des lignes au sol. Les élèves, passionnés de robotique, ont adoré pouvoir paramétrer le robot et comprendre son fonctionnement ! ».
Dernièrement, les collégiens ont appris à se servir de l’imprimante 3D de l’association et ont pu programmer, réglager et imprimer un emporte-pièce en forme du symbole pi (π).
Pour les prochains cours, les collégiens découvriront Linux. Ils apprendront à utiliser le terminal qui leur permettra par exemple de lancer des programmes, créer des dossiers, redémarrer un ordinateur, et tout cela via une connexion sécurisée !
« Je suis fier de pouvoir accorder de mon temps à ces jeunes. J’aurais aimé qu’on me guide lorsque j’avais leur âge pour progresser plus vite et découvrir ce milieu. Ces cours vont leur apporter de solides connaissances pour l’avenir et, je l’espère, développer de véritables vocations ! »

▪️ Pôle haute tension : les membres ont eux-mêmes conçu une bobine Tesla qui leur permet de produire des arcs électriques dans l’air. Cette bobine a été modifiée récemment pour pouvoir jouer de la musique grâce à la dilatation de l’air lors de la production d’éclairs : démonstration en vidéo !
▪️ Pôle drone : tout nouveau dans l’association, ce pôle a pour vocation de construire et programmer un drone de A à Z ;
▪️ Pôle handicap : comment la mécatronique peut venir en aide aux personnes handicapées ? En construisant des manettes leur permettant d’utiliser un ordinateur, en s'adaptant à leur handicap !
▪️ Pôle robot : l’objectif de ce pôle est de participer (et gagner) la coupe de France de robotique par la conception de robots qui affronteront des robots de la France
entière !
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* La mécatronique englobe la mécanique, l’électronique, l’informatique et l’électricité de puissance.
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