Pédagogie

28 avr
28/avr/2025

INSA Lyon

Point de bascule // la sélection du mois d'avril 2025

Pourquoi mobiliser les imaginaires et les fictions dans une école d’ingénieurs ?

Depuis vingt ans, Marianne Chouteau et Céline Nguyen, maîtresses de conférences en sciences de l’information et de la communication à l’INSA Lyon et au laboratoire S2HEP, triturent le récit, l’imaginaire et la fiction dans leurs recherches et leurs enseignements.
Bien plus qu’un refuge face au réel, pour elles, l’imaginaire est un véritable outil critique permettant d’interroger les technologies, leurs usages et leurs effets sur la société ; une voie d’entrée pour inciter les élèves-ingénieurs à porter un autre regard sur la technique.

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Réseaux intelligents : une révolution au service de la transition énergétique

Peut-être la fin d’un monde et le début d’une nouvelle ère pour nos réseaux électriques ? « Pendant longtemps, le réseau électrique a fonctionné sur un système de distribution direct et très centralisé. Aujourd’hui, il y a un changement net avec la multiplication des types de production d’électricité en particulier via la production d’énergies renouvelables et la multiplication des lieux de productions », explique Hervé Pabiou, chargé de recherche au laboratoire CETHIL. D’après une enquête parue en janvier 2025, la part du renouvelable dans le mix électrique européen a atteint 47 % en 2024, contre 34 % en 2019. Une évolution positive pour notre climat qui pose malgré tout des défis majeurs : le stockage et la distribution. Pour les résoudre, le réseau intelligent s’affirme progressivement comme une solution d’avenir.

👉🏻 Lire l’article : https://www.point2bascule.fr/post/réseaux-intelligents-une-révolution-au-service-de-la-transition-énergétique 

 

Sols en souffrance : quand le dérèglement climatique fait vaciller nos fondations

Longtemps perçus comme indestructibles, presque immuables, nos sols révèlent aujourd’hui leur grande fragilité face au dérèglement climatique. Entre pluies diluviennes, sécheresse et érosion, ces terrains sur lesquels nous marchons au quotidien, qui portent nos reliefs, nos bâtiments, nos routes et infrastructures, en montagne, en plaine, le long de nos côtes, disparaissent, parfois en quelques heures, parfois beaucoup plus lentement, sous les coups des événements climatiques extrêmes. Conséquences collatérales : des dégâts humains et financiers qui se chiffrent à plusieurs milliards d’euros. De quoi fortement interroger l’aménagement de nos territoires qui vont devoir s’adapter pour préserver notre sécurité et notre habitabilité mais aussi la réflexion des ingénieurs spécialistes en génie civil et environnemental. 

👉🏻 Lire l’article : https://www.point2bascule.fr/post/sols-en-souffrance-quand-le-dérèglement-climatique-fait-vaciller-nos-fondations  

 

Entrepreneuriat et impact positif : entretien avec Julien Honnart, fondateur de Klaxit (aujourd’hui BlaBlaCar Daily)

Onze ans après la création de Klaxit dont l’idée est née sur les bancs de l’INSA Lyon, Julien Honnart revend son entreprise à BlaBlaCar. Au début de l’aventure entrepreneuriale, la startup se spécialise dans le covoiturage domicile-travail ; l’entreprise séduit de grands groupes mais peine à créer un véritable usage régulier. Un pivot vers les collectivités locales permet d’en faire un véritable transport public  pour les zones périurbaines jusqu’à représenter 50% des trajets courts en 2022. Klaxit est ensuite racheté par BlaBlaCar pour devenir BlaBlaCar Daily.
 
À l'heure où les défis environnementaux et sociétaux sont de plus en plus pressants, l'entrepreneuriat émerge comme une force motrice capable de transformer les imaginaires et les usages. Julien Honnart livre son regard sur la manière dont son entreprise a participé au développement du covoiturage domicile-travail, tout en ayant un impact important sur la réduction des émissions de CO2.

👉🏻 Lire l’article : https://www.point2bascule.fr/post/entrepreneuriat-et-impact-positif-entretien-avec-julien-honnart-fondateur-de-klaxit-aujourd-hui 

 

Le biomimétisme pour réémerveiller les gens

Saviez-vous que les technologies GPS s’inspiraient directement du comportement des fourmis ? Jean-Matthieu Cousin, ingénieur INSA Lyon, est chargé d’études industrielles au Ceebios, le centre d’expertise et d’études en biomimétisme en France. Sa mission ? Mobiliser le plus d’acteurs à prendre la voie du biomimétisme pour proposer des innovations durables. Passionné par le biomimétisme qu’il considère comme une vraie philosophie, il souligne l’importance de reconsidérer le vivant, de se reconnecter avec les écosystèmes qui nous entourent afin de s’en inspirer, mais surtout de les préserver.

👉🏻 Lire l’article : https://www.point2bascule.fr/post/le-biomimétisme-pour-ré-émerveiller-les-gens

 

Mots clés

27 jan
27/jan/2025

Formation

Module « ETRE » : l’INSA Lyon met en œuvre sa révolution pédagogique sur les enjeux de transition écologique et sociale.

Comptant parmi les premiers établissements de l’enseignement supérieur français à vouloir former l’ensemble de ses étudiants aux enjeux de « développement durable et de responsabilité sociétale », l’INSA Lyon s’est engagé dès 2019 à faire évoluer ses formations et contenus pédagogiques. Un chantier ambitieux mené dès les deux premières années au sein du département Formation Initiale aux Métiers d'Ingénieur, FIMI. Depuis février 2023, la première réalisation à grande échelle de ce projet a débuté via le déploiement du module « ETRE » pour « Enjeux de la Transition Écologique » en 1ʳᵉ, puis 2ᵉ année du département FIMI. L’occasion de faire un premier bilan avec les équipes initiatrices de ce module et les étudiants qui l’ont suivi. Témoignages. 

 « Nous avons réussi à relever le défi de proposer un enseignement à 1 600 étudiants par an répartis sur deux années, mais aussi d'avoir pu faire monter en compétences une équipe pédagogique de près de 80 enseignants issus de disciplines très diverses », se félicite Marion Fregonese, Directrice du département FIMI. Près de deux ans après sa mise en place, le module « ETRE » a pris racine dans le paysage pédagogique de l’INSA Lyon. Son ambition : permettre aux étudiants de 1ʳᵉ et 2ᵉ année d’acquérir des connaissances solides sur les enjeux socio-écologiques et la responsabilité de l’ingénieur dans la nécessaire transformation de la société et des métiers de l’ingénierie face à ces enjeux. Dans un contexte sociétal en plein bouleversement, l’INSA Lyon s’est montré à l’écoute et précurseur et marche après marche, a construit avec succès ce nouveau module. 

 

À l’avant-garde 


Août 2018 : « Les grèves scolaires pour le climat » battent leur plein, mobilisant les jeunes partout dans le monde notamment à Lyon. Photo : Page Facebook Lyon Doua Climat

 

Dans le sillage des revendications mondiales qui se sont élevées par la voie de la jeunesse (grève mondiale pour le climat lancée en août 2018 par Greta Thunberg), des rapports et alertes des scientifiques et de la médiatisation grandissante des sujets environnementaux, le collectif étudiant « Transition » de l’INSA Lyon se mobilise et exprime sa volonté de mieux former les élèves sur ces enjeux. Dans ce contexte, l’INSA Lyon, apparaît précurseur. L’établissement, déjà engagé côté recherche sur ces sujets depuis plusieurs années, vote fin 2019 en conseil d’administration la première lettre de cadrage sur l’évolution de la formation afin d’irriguer tous les niveaux du cursus ingénieur. Un bouleversement éducatif se met en marche, fruit d’un important travail collectif et innovant, propulsé par une philosophie, celle de Gaston Berger et son modèle de « l’ingénieur humaniste ». C’est un défi de taille pour toute la communauté enseignante de l’établissement. Il faut désormais inventer les modalités pédagogiques pour donner aux futurs ingénieurs les clés nécessaires à la mise en œuvre de la transition socio-écologique. Preuve de son avance, ce n’est qu’en février 2022 qu’un groupe de travail présidé par le climatologue Jean Jouzel remet à la ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation un rapport dit « Jouzel-Abbadie », préconisant que la formation à la Transition écologique dans l’Enseignement supérieur puisse devenir partie intégrante des parcours de formation dès le niveau licence. 

Pédagogie de la transition 

Chiffres vertigineux, rapports inquiétants et éco-anxiété, enseigner la transition socio-écologique ne se décrète pas : la communauté des enseignants doit innover et concevoir une maquette pédagogique sur-mesure. « L'une des premières difficultés a été d'apprendre à se comprendre entre les intervenants venant tous de nombreuses disciplines, mais c’est une étape qui a soudé la communauté pédagogique », témoigne Solène Tadier, co-responsable du module ETRE. Dès 2020, des groupes de travail se sont constitués pour travailler sur certaines thématiques de manière collégiale. Pas simple de partir d’une page blanche, faire discuter des visions parfois antagonistes sur la responsabilité de l’ingénieur et « choisir les sujets à traiter en priorité » raconte Solène Tadier.

L’enseignement des enjeux socio-écologiques nécessite également de faire appel à des modalités pédagogiques moins magistrales, plaçant l’apprenant au cœur de ses apprentissages. « Enseigner des notions qui impactent émotionnellement et individuellement implique une nouvelle forme de pédagogie. Certaines séances impliquent même des sorties sur le terrain », insiste Simon Lecestre, Chargé de mission Transformation Socio-Écologique à l'INSA Lyon et membre de l’équipe pédagogique du module ETRE. « On étudie des objets scientifiques comme le système Terre, la biodiversité, le changement climatique, les ressources minérales, qui ne sont pas neutres. Ils entrent en collision avec un autre objet que l'on se doit d'étudier en même temps : soi-même. »


Simon Lecestre, Chargé de mission Transformation Socio-Écologique à l’INSA Lyon
et membre de l’équipe pédagogique du module ETRE 


Une prise de conscience

Côté étudiants, après plus d’une année d’existence, les retours sur ce module sont plutôt positifs : « il y a une vraie volonté de nous sensibiliser au changement climatique et à ses conséquences, peut-être aussi de convaincre ceux qui se montraient sceptiques ou insensibles, de montrer que la transition est un enjeu clé dans notre futur métier d’ingénieur », témoigne Constance Regnault, étudiante en deuxième année en FIMI. Pour certains, ce fut même un enseignement qui a déclenché une vraie prise de conscience et pour d’autres, un cours ressenti comme une parenthèse de liberté avec le loisir de se projeter directement dans la posture de l’ingénieur, d’inventer et de décider.  « Ce qui m’a le plus marqué est indéniablement l’intervention sur les limites planétaires. Il agit un peu comme un électrochoc qui nous fait réaliser qu’agir pour l’environnement n’est pas un problème à remettre à demain, mais bel et bien une urgence dont il faut s’occuper dès maintenant » souligne Iban Perrin, étudiant en deuxième année en FIMI. « J’ai beaucoup aimé le projet « IMPACTS » qui consistait à analyser le cycle de vie d’un objet du quotidien et de ses alternatives en petit groupe. La séance de restitution à la classe était très intéressante et a permis de soulever des questions et d’échanger en classe », témoigne Camille Rominger, elle aussi étudiante en deuxième année en FIMI. 

 


Camille Rominger, étudiante en deuxième année du département Formation initiale aux métiers de l’ingénieur (FIMI) a particulièrement apprécié le projet IMPACTS dans le cadre du module ETRE

 

« Il est trop tôt pour évaluer l'influence de ce module sur les choix académiques et/ou professionnels des étudiants. Ce qui est certain en revanche, c'est que certaines séquences provoquent des déclics, ou des prises de conscience chez certains élèves et participent à orienter des choix plus durables », expose Arnaud Sandel, co-responsable du module ETRE. Un constat partagé par Camille Rominger : « il me semble qu’un enseignement à lui seul ne transformera pas l’état d’esprit de l’ingénieur du futur, mais lui donne des outils pour répondre à certaines problématiques ».


Consolider les acquis 


Illustration de l’architecte utopiste Luc Schuiten, qui a partagé sa vision d’un monde biomimétique avec les 1600 étudiants de FIMI lors de conférences données en février 2024, dans le cadre du module ETRE.

 

En 2024, 1 600 élèves vont à nouveau suivre le module ETRE. Certains étudiants émettent d’ores et déjà le souhait de voir ce type d’enseignement « imprégner la totalité du cursus à l’INSA Lyon », comme en témoigne Iban Perrin.   
Côté enseignants, il reste encore du travail mais l’essentiel est déjà fait.  « La quasi-totalité des intervenants a décidé de signer à nouveau pour la 2ᵉ année de déploiement. Et l'équipe pédagogique apprécie d’enseigner en binôme d’enseignants en Sciences pour l'ingénieur et en Humanités, c’est une vraie richesse. Pour les élèves, cela se concrétise par la rédaction de données scientifiques sous la forme d’un récit fictionnel prospectif », précise Mathieu Gautier, co-responsable du module ETRE. Reste encore à « stabiliser les séquences pédagogiques dans le temps et à travailler l’articulation avec les enseignements de spécialité des années 3-4-5 du cursus ingénieur dans une approche programme », prend soin d’ajouter la Directrice de FIMI. Et de conclure : « Notre travail fait l’objet d’une attention toute particulière au niveau national et nous devons veilleur à la mise à jour régulière des contenus en lien avec les évolutions sociétales et environnementales ». 

Alors que les premiers étudiants qui ont eu reçu l’enseignement du module ETRE sur les 2 ans du FIMI arrivent cette année en 3ᵉ année, le déploiement de nouveaux enseignements estampillés Développement Durable et Responsabilité Sociétale (DDRS) est en cours au sein des départements de spécialité. Le chemin de la révolution pédagogique à l’INSA se poursuit mais les bases sont déjà bel et bien tracées. 

 

Mots clés

16 avr
16/avr/2024

Formation

« Face à la transition écologique, nos sensations et émotions sont utiles. Elles expriment nos aspirations profondes »

Chiffres vertigineux, données du GIEC et de l’IPBES inquiétants, et éco-anxiété : dans une ère où l'utilitarisme déconnecte l'Humain de son environnement et où la vision occidentale privilégie la rationalité au détriment de la sensibilité, émerge un nouveau paradigme. Et si nos sens permettaient de mieux « préserver » et donner envie de « prendre soin de » ? 

Dans le cadre de la conférence Archipel, Thomas Le Guennic, professeur agrégé de sciences économiques et sociales au Centre des Humanités de l’INSA Lyon et Magali Ollagnier-Beldame, chargée de recherche en sciences cognitives, laboratoire ICAR UMR CNRS 5191, proposeront un atelier d’initiation à l’écologie sensible ; un champ scientifique en émergence. Ils expliquent pourquoi il est intéressant de s’attarder sur l’équation suivante : homo sapiens = homo sensibilis


Pédagogie, recherche ou même politique publique, l’écologie sensible est une approche qui semble applicable à toute activité humaine. Comment la définiriez-vous ? 

TLG : Je dirais que c’est une approche qui permet de compléter toute connaissance théorique des relations entre les humains et les « autres qu’humains » vivant sur la Terre, à partir de la sensorialité et de la corporéité. Nous connaissons beaucoup de choses sur la nature grâce à la démarche scientifique, mais nous n’avons plus l’habitude, en tant que membres de sociétés occidentales, modernes et urbanisées, d’une approche sensible et émotionnelle de celle-ci. Par exemple, il y a plusieurs façons de percevoir un arbre : il peut représenter un organisme qui capte du Co2 ; il peut représenter un stock de planches ; ou il peut aussi être un être à part entière, qui a le droit de vivre pour lui-même. Il est très inhabituel pour nous, européens occidentaux, de ne pas considérer le vivant comme une ressource définie par son coefficient d’utilité plutôt que comme un être vivant égal à nous-même. Cette approche sensible de la nature est traditionnellement et magistralement portée par les arts, aujourd’hui encore au sein de nos sociétés. Ce qui prouve que nous n’avons pas totalement oublié et que la situation est plus riche et complexe. Ce dont nous avons certainement le plus besoin aujourd’hui est de mettre en relation ces perspectives. Par exemple que la contemplation esthétique de la nature puisse informer la connaissance scientifique, et inversement. Actuellement, de nombreux artistes trouvent ainsi une profonde inspiration dans les recherches en biologie. Elles sont pour eux un point de départ à une proposition artistique et à un regard très riche sur le vivant.

MOB : J’ajouterais que l’écologie sensible est un champ scientifique en émergence, une future interdiscipline peut-être ! Elle se place notamment à la croisée des sciences cognitives, des sciences humaines et sociales et des sciences du vivant. Plusieurs travaux1 en philosophie, géosciences, biologie, anthropologie et en éco-psychologie mettent en évidence notre perte de contact avec l’expérience de la nature et du vivant. Ce déficit présente des conséquences : en vivant dans un monde que nous percevons « désanimé », nous développons un peu de la nature, nous craignons l’altérité ou nous sommes même éco-anxieux ; autant de raisons que bon nombre d’entre nous expérimentent au quotidien et qui poussent à explorer le monde vivant à travers nos sens. 

Face aux conséquences du changement climatique, le « rapport au sensible » gagne timidement du terrain dans le débat public, interrogeant particulièrement nos représentations du « vivant ». Avez-vous des exemples de changements dans la perception de la relation entre l'homme et la nature ?

MOB : On peut aujourd’hui percevoir que ces représentations commencent à évoluer : la philosophie de l’environnement est une branche scientifique très dynamique ; ou encore dans le domaine du droit, certains juristes travaillent sérieusement à donner des droits aux fleuves, aux forêts ou aux océans. Il y a moins de deux ans, seuls quelques pays d’Amérique latine et d’Inde avaient reconnu une personnalité juridique à certains animaux. Depuis août 2023, c’est aussi le cas en France puisque les îles Loyauté, en Nouvelle-Calédonie, ont donné une personnalité juridique aux tortues et aux requins. Devenus sujets de droit, leurs intérêts pourront désormais être défendus au tribunal.

TLG : Il me semble que l’écologie sensible est une voix parmi d’autres. Beaucoup d’enseignants-chercheurs s’interrogent, à travers leurs activités, aux imbrications de celles-ci avec la société et l’environnement. En octobre dernier, l’INSA Lyon recevait une délégation du peuple Kogi, un peuple racine, qui tire notamment son savoir d’un sens de l’observation et d’une sensibilité exacerbée. Leurs autorités spirituelles – les mamas et les sagas, formés dès la naissance à connaître, ressentir et communiquer avec le vivant, peuvent aboutir à des connaissances qui correspondent à celles que les scientifiques ont obtenues avec la démarche scientifique. Seulement, pour les Kogis, il n’y a pas de différences entre eux et les autres éléments de la nature. Cela peut sembler étrange de prime abord, car nous avons été éduqués différemment à penser que les humains ne font pas partie de la nature et que cette dernière est « au-dehors ». Lors de leur venue, les Kogis ont offert au public de l’INSA2 de s’interroger sur notre façon de penser nos activités humaines, en imbrication avec la « mère Terre ». Bien sûr, cela a certainement résonné plus ou moins chez chacune et chacun. 

Vous animerez un atelier d’initiation à l’écologie sensible dans le cadre de la conférence Archipel. En quoi consistera-t-il ?

TLG et MOB : L’atelier propose aux personnes de rencontrer un être vivant, autre qu’humain. En se laissant guider par une trame progressive, il s’agira de porter l’attention, sans préjugés, d’expérimenter et cultiver une façon de se relier à la nature. Il me semble que faire cette expérience est à la portée de tout le monde, car nous l’avons déjà fait, notamment étant enfant. C’est juste que dans nos modes de vie très affairés, nous ne prenons plus le temps. Dans un monde urbain, la nature est souvent réduite à un décor dont nous serions le héros et nous prenons très peu de temps pour porter de la considération à un être de la nature, qu’il soit un oiseau, un insecte ou même le vent ou la pluie, à nous laisser toucher. La plupart du temps, nous intellectualisons, mais nous les ressentons peu, ce qui participe à la déconnexion de nos sociétés au vivant.

En tant qu’enseignants, de quelle manière utilisez-vous l’approche sensible dans vos cours ?  

TLG :  Il existe, dans la pédagogie de la transition, plusieurs approches qui s’intéressent à la manière d’enseigner les enjeux socio-écologiques, en particulier leur dimension systémique. C’est un champ de recherche très actif. Certaines s’attardent sur l’aspect « sensible », tant de l’apprenant que du formateur. Je pense notamment à l’approche « tête-corps-cœur » du Campus de la transition, qui vise à inclure dans la séance de cours, habituellement très « mentale », le vécu émotionnel, esthétique ou encore le passage à l’action. C’est une approche que je propose déjà à mes élèves, en convoquant leur ressenti et leur expérience, notamment dans des cours à la carte3. C’est une approche qui semble toucher ces élèves, notamment face au sentiment de solastalgie et d’éco-anxiété qui peuvent provoquer une sorte de paralysie d’action ou de l’abattement face à l’ampleur du problème. Il ne suffit pas de leur enseigner que la « maison brûle » : certaines émotions, même désagréables, comme la peur ou la colère, sont très utiles à comprendre. Elles nous renseignent sur nos valeurs et nos aspirations profondes. Il faut savoir les accueillir pour ensuite passer à l’action ; il ne faut pas oublier que l’être humain avance à partir de la joie !

MOB : La dimension sensible permet d’être davantage présent à soi, aux autres et au monde de manière plus large. Elle nécessite de ralentir dans un rythme souvent effréné, ce qui représente d’ailleurs une des difficultés pour sa mise en place. Enfin, elle suppose d’accepter de se laisser surprendre par le contact avec sa propre expérience, ce qui n’est pas toujours facile !

 

[1] Dont ceux de Abram, Albrecht, Pyle, Ingold, Fisher.
[2] Les représentants du peuple kogi seront présents à l’INSA Lyon le 31 mai.
[3] Le cours à la carte « Cosmos : connaissance de soi et relation au monde » est organisé sur des pratiques d’intelligence émotionnelle, de relation à l’autre et à la nature. Le cours à la carte « Yoga » explore davantage la connaissance de soi psycho-corporelle.

 

 

Mots clés

29 nov
Du 29/11/2023
au 30/11/2023

Recherche

7e Journées interpoles S.mart / Schneider Electric

A destination des enseignants-chercheurs en automatisme, ces rencontres nationales sont l'occasion d'échanger sur les innovations pédagogiques expérimentées et déployées dans les différents Pôles S.mart de France. Ces journées permettent aussi d’être informé sur les nouvelles technologies et développements mis en œuvre dans les solutions d'automatisme industriel à l'étude chez Schneider Electric.

Thème principal : L'Industrie du Futur.

La première journée sera réservée aux communications proposées par les différents Pôles, elles porteront sur le thème général de l’Industrie du Futur et pourront aborder des thématiques comme : L’automatisme, la robotique La cybersécurité Le jumeau numérique La réalité virtuelle, la réalité augmentée ...

Le deuxième jour sera consacré aux interventions d’experts Schneider Electric sur la stratégie automation du groupe avec trois conférences : EcoStuxure Automation Expert, système d’automatisation industrielle de nouvelle génération Universal Automation, base pour des solutions d’automatisme interopérables Industrial Edge Platform, plateforme destinée à mixer l’edge computing avec l’edge control.

Informations complémentaires

  • mady.guillemot@insa-lyon.fr
  • https://s-mart.fr/
  • INSA LYON - Département Génie Electrique - Bâtiment Gustave FERRIE-504 - 8 rue de la Physique - 69621 VILLEURBANNE CEDEX - Amphithéâtre AE1 au RDC

21 juin
21/juin/2023

Formation

Le pouvoir du « faire » dans la formation d’ingénieur

C’est sous un ciel bleu et une ambiance de fin d’année scolaire que les étudiants de 2e année du département FIMI1 ont présenté le fruit de leurs travaux menés pendant ces derniers mois dans le cadre des Projets Pluridisciplinaires d’Initiation à l’Ingénierie (P2i). Les « P2i » engagent autour d’une idée forte : dans un monde où le virtuel prend le pas sur le substantiel, les jeunes générations manquent parfois de contact avec la matière. À l’INSA Lyon, où l’on s’attache à conserver les enseignements pratiques, la démarche pédagogique de ces parcours d’initiation pousse les jeunes élèves à construire eux-mêmes. Damien Jacques, directeur adjoint du département FIMI, revient sur l’intérêt des P2i.

Un exercice qui adopte la démarche d’ingénieur
Si l’ingénieur
2 peut être amené à exercer une grande variété de rôles au cours d’une carrière, il est une constante dans ses missions : celle de résoudre un problème, technique ou non, à l’aide de connaissances. Pour se familiariser avec ce rôle, dès la deuxième année du cursus d’ingénieur, les élèves de l’INSA Lyon sont confrontés à la démarche qu’ils auront à adopter dans leurs futurs métiers. « Les P2i, pour Projets Pluridisciplinaires d’Initiation à l’Ingénierie, sont un exercice grandeur nature. En travaillant en groupe sur des problématiques ouvertes et complexes, les élèves-ingénieurs doivent trouver eux-mêmes des solutions à une grande problématique posée. Pendant six mois, ils élaborent des solutions soit techniques, soit théoriques, avec pour finalité de les présenter à la communauté », introduit Damien Jacques. 
À l’aube de leur entrée en département de spécialité, les P2i deviennent pour les élèves-ingénieurs, un bon moyen de faire un choix éclairé sur la suite de leurs cursus. « Parmi les 8 thématiques proposées, chacune permet d’explorer un domaine technique plus en profondeur : bio-ingénierie, industrialisation, énergie, mécatronique, modélisation numérique, etc. Dans ce contexte, les étudiants mobilisent leurs connaissances et leurs compétences acquises pendant leurs deux premières années d’études en FIMI et des modules spécifiques sont dispensés dans chaque P2i pour apporter de nouvelles compétences qui seront utiles à l’élaboration d’une solution. Cela permet souvent d’affirmer ou d’infirmer leurs choix quant à la spécialité qu’ils ou elles souhaiteraient rejoindre pour les trois prochaines années d’étude. »
 

 

Des prototypes en tous genres et des machines ingénieuses
Chaque année, la pelouse Mirzakhani se pare de curieuses machines dont l’aspect esthétique n’est pas sans rappeler un semblant d’un artisanat ingénieux. Souvent fabriquées à quelques pas du lieu d’exposition, au cœur de la plateforme FIMITECH, les pièces prototypées finissent toujours par attirer la curiosité des passants. « Les travaux sont rendus et présentés par les étudiants eux-mêmes lors de la Foire des sciences et des technologies. C’est désormais un rendez-vous important pour le département FIMI car en plus de marquer la fin de leur projet, cet évènement ouvert à tous les membres de la communauté, permet aux élèves-ingénieurs de se placer en posture de médiateurs. » Ainsi, chaque groupe s’affaire pendant toute une après-midi, à démontrer et expliquer aux visiteurs de la Foire, les fonctionnalités de son produit. « Comme de vrais ingénieurs, le processus d’élaboration est cadencé par plusieurs étapes : l’analyse du cahier des charges, la recherche de l’existant sur le sujet, la recherche de solutions techniques par modélisation, le développement et prototypage puis les phases de tests et itérations pour l’amélioration », ajoute l’enseignant. 

La technique et le « do it yourself » : des vecteurs pédagogiques puissants
Cette année, cuiseurs solaires, mini-potager connecté, vélo sorbetière, vélos bi-roues, héliostats, mini-presses de pliage, respiromètre ou encore méthaniseur tournaient à plein régime… ou pas ! Car c’est aussi l’un des grands avantages de fabriquer par soi-même : parfois, même après plusieurs mois de réflexion, de conception et d’anticipation, « ça ne marche pas ». « Le ‘faire’ est un exercice très important car il confronte l'étudiant à plusieurs aspects. D’abord, la réalité de la mise en œuvre : beaucoup de contraintes émergent lors de la fabrication ou la programmation d’un prototype. Ensuite, le travail de groupe : en équipe, l’élève est plus à même de comprendre la complémentarité et la pluridisciplinarité nécessaire à un objet technique. Et puis, l’échec ! On apprend beaucoup de ses erreurs. L’étudiant ne reste jamais dans un échec dans le cadre des P2i car les enseignants assurent un accompagnement tout au long du projet. Cependant, c’est une étape essentielle pour aller à la recherche de solutions. Et enfin, la satisfaction : si on s’aperçoit que les nouvelles générations ont de moins en moins le tournevis en main, lorsqu’elles découvrent leur capacité de fabriquer par elle-même, cela leur fait le plus grand bien », conclut Damien Jacques.

 

 
  
   
Des fours solaires, un mini-potager connecté, des vélos-sorbetières ou faiseurs de cocktails :
les prototypes présentés lors de la Foire des Sciences et Technologies étaient
au centre de toutes les attentions, mercredi 14 juin dernier.

 

_______________

[1] La Formation Initiale aux Métiers d’Ingénieur (FIMI) correspond aux deux premières années de formation d’ingénieur de l’INSA Lyon.
[2] Le masculin est utilisé à titre épicène et sans aucune discrimination de genre.

 

Mots clés

07 juin
Du 07/06/2023
au 09/06/2023

Formation

8e édition du colloque pédagogie & formation

Conçu par OpenINSA et accueilli par l'INSA Rennes en 2023, ce colloque constitue un lieu d’échanges entre les enseignants, les enseignants-chercheurs, et tous les acteurs ayant trait à la formation de nos ingénieurs, architectes et paysagistes.

Continuellement au sein de chacun des établissements du Groupe INSA, des expérimentations pédagogiques sont conduites, les formations sont adaptées pour répondre aux évolutions tant des profils des étudiants recrutés que des besoins de nos diplômés.

De nouveaux dispositifs d’accompagnement des élèves et d’évaluation des formations sont mis en place. Cette rencontre permet ainsi de partager, valoriser et mutualiser ces expériences, afin d’enrichir et de faire évoluer nos pratiques et nos formations.

15 fév
15/fév/2023

Formation

« L’Include Campus ouvre le champ des possibles pour les apprenants de l’Ain » 

C’est un tremplin conçu pour suivre et réussir des formations diplômantes à distance sur le campus d’Oyonnax de l’INSA Lyon. Véritable démonstrateur destiné à favoriser les chances d’accès à l’enseignement supérieur, l’Include Campus d’Oyonnax explorera de nouvelles méthodes d’apprentissage grâce aux techno-pédagogies numériques avec un objectif : éviter l’isolement et la démobilisation des apprenants dans un cursus à distance.

Dès la rentrée 2023, l’Include Campus accueillera 25 étudiants en formation à distance, qui bénéficieront de la vie du campus oyonnaxien, tout en étant étroitement accompagnés par une équipe pédagogique. Ali Aksen, chargé de mission Include Campus, explique le fonctionnement de cette nouvelle structure d’accueil.

Ali AksenPourriez-vous résumer l’objectif de l’Include Campus en quelques mots ?
L’Include Campus veut favoriser la réussite et l’accès à l’emploi sur le territoire du Haut-Bugey ; c’est un dispositif « tremplin » qui permettra à une promotion d’étudiants habitant l’Ain de mener à bien des études supérieures à distance, tout en bénéficiant des services et des facilités de notre campus. Dans ce cadre-là, l’INSA Lyon n’est pas opérateur de formation, mais propose un encadrement de proximité pour faciliter la réussite au diplôme. La promotion sera accueillie dans nos locaux, à raison d’une trentaine d’heures par semaine pour suivre les cours en ligne du diplôme choisi (BTS, licence, BUT, master…). Ce projet novateur a pour ambition d’encourager l’accès à l’enseignement supérieur sur notre territoire : avec l’Include Campus, on élargit les possibilités de formation, via une offre diplômante en ligne.

Pourquoi parle-t-on de « dispositif tremplin » ? Quels profils d’apprenants l’Include Campus souhaite-t-il accueillir ?
Nous avons fait état de beaucoup de freins à la mobilité sur notre territoire notamment lorsqu’il s’agit d’aller étudier dans des centres universitaires hors du département. Des situations particulières peuvent empêcher un déménagement par exemple. Alors, la formation à distance, en ligne, peut s’avérer être une solution intéressante pour ces personnes. Seulement, se former à distance implique parfois une démotivation qu’il n’est pas toujours facile de surmonter. C’est la raison d’exister de l’Include Campus : en étant adapté à la diversité des publics d’apprenants, l’accompagnement proposé offre un environnement d’apprentissage accessible et par extension, plus humain. Cette offre peut intéresser les étudiants présentant des contraintes de santé, familiales, sportives, en reconversion professionnelle, en formation initiale et continue. Le terme « tremplin » fait donc référence à l’ambition principale de ce dispositif : amener vers la réussite du diplôme à travers un cursus personnalisé.


La promotion de l’Include Campus sera 
accueillie sur le campus d’Oyonnax de l’INSA Lyon.


Concrètement, comment l’accompagnement fonctionnera et de quels services pourront bénéficier les étudiants ?
Les apprenants de l’Include Campus auront à leur disposition du matériel, avec des postes de travail mobiles. Des espaces d’études seront assignés pour créer une dynamique collective : même si les disciplines suivies par chacun des membres de la promotion seront certainement très diverses, des temps d’échange seront créés pour favoriser l’entraide et la pluridisciplinarité. Aussi, chaque élève pourra bénéficier de temps de suivi individuel pour apporter des réponses aux potentielles questions et une aide méthodologique. Autre avantage de taille : la promotion pourra profiter des services de notre campus, être intégrée avec les élèves-ingénieurs de l’INSA Lyon et bénéficier des nombreuses activités de la vie de campus.

Comment candidater à l’Include Campus ? 
D’abord, parmi une liste de formations, le candidat devra trouver le diplôme qui lui convient. Pour chaque cas, les modalités de candidature seront précisées par l’opérateur de formation qui peut-être une école, une université, le CNED… Certaines requièrent une candidature sur ParcourSup ; d’autres demandent d’adresser son dossier de candidature classiquement. En parallèle, le candidat pourra postuler auprès de l’Include Campus, pour faire partie de la promotion de la rentrée prochaine. Ensuite ? Après quelques formalités administratives, vous voilà en route pour la réussite !  


 

Include CampusInclude Campus est un démonstrateur numérique de l'enseignement supérieur porté par l’Université Claude Bernard (Lyon 1 -  lauréat de l’Appel à manifestations d'intérêt DemoES) qui fédère un ensemble d'actions coordonnées avec les universités Lumière (Lyon 2), Jean Moulin (Lyon 3) et Jean Monnet de Saint-Étienne, l’INSA Lyon, l’ÉCL-ENISE, l’IFÉ-ENS de Lyon, l’Académie de Lyon, la Région Auvergne-Rhône-Alpes, le Département de l’Ain, Roannais Agglomération, la Ville d'Oyonnax, Grand Bourg Agglomération, le SDMIS, ainsi que des acteurs EdTech régionaux.

Plus d’informations : https://www.insa-lyon.fr/fr/include-campus-oyonnax 
Contact : include.campus@insa-lyon.fr ou 04 72 43 78 11

Logo Auvergne-Rhône-AlpesCe dispositif est soutenu financièrement par la Région Auvergne-Rhône-Alpes.

 

 

 

Mots clés

03 jan
03/jan/2023

Formation

Comment enseigner les enjeux socio-écologiques dans une école d’ingénieur ? L’INSA Lyon répond.

Tout part d’un constat. Historiquement, en tant qu’acteurs majeurs du développement économique et de la technicisation du monde, les ingénieurs ont aussi contribué à leur manière à la crise socio-écologique en train de se dérouler.
Depuis 2019, l’INSA Lyon s’est lancé dans le chantier de l’évolution de sa formation pour tenter d’enrayer la machine. Dans un futur souhaitable, les futurs ingénieurs de l’INSA Lyon devront apprendre à « résister aux sirènes technosolutionnistes et faire preuve de lucidité ». 

Faisant partie des premiers établissements de l’enseignement supérieur français à vouloir former l’ensemble de ses étudiants aux enjeux de « développement durable et de responsabilité sociétale », l’INSA Lyon est parti d’une page quasi-blanche. Après un peu plus de deux années de travaux préliminaires, l’heure est désormais au déploiement des nouveaux enseignements auprès des étudiants. Dès février 2023, la première illustration à grande échelle verra le jour avec le module « ETRE » pour « Enjeux de la Transition Écologique » en 1re année du département FIMI1. Une première porte qui s’ouvre vers un futur souhaitable. Explications.

« L’ambition du modèle INSA de former des ingénieurs citoyens, responsables, soucieux des conséquences de leurs actions, prend une nouvelle dimension si l’on prend au sérieux l’objectif que nos ingénieurs contribuent vraiment à la transition vers un monde soutenable ». C’est ainsi que le cahier n°2 de l’évolution de la formation de l’INSA Lyon introduit le sujet. « Notre ambition était de pouvoir proposer à nos étudiants une formation interdisciplinaire et systémique aux enjeux socio-environnementaux. C’est ce que l’on s’apprête à mettre en place aujourd’hui, à l’échelle de l’établissement », présente Nicolas Freud, enseignant-chercheur et chef du projet évolution de la formation.

Seulement, à l’INSA Lyon, aucun enseignant n’est à proprement parler « spécialiste des questions socio-écologiques » et beaucoup ont exprimé leur sentiment de manquer d’expertise et de légitimité vis-à-vis de ces sujets complexes et par nature transversaux. Pour construire les contenus, former les enseignants et déployer les enseignements dans l’ensemble des départements, les équipes pédagogiques se sont alors appuyées sur l’un de leurs atouts majeurs : la richesse et la complémentarité des compétences enseignantes. « Des groupes de travail thématiques ont été constitués avec des enseignants de différentes disciplines, des sciences pour l’ingénieur, mais aussi des sciences humaines et sociales, issus des différents départements et centres. Les apports croisés des participants ont permis de monter en compétences et de produire des ressources pédagogiques sur lesquelles les nouveaux enseignements pourront s’appuyer. Une synthèse de ces travaux est publiée dans le cahier n°2 de l’évolution de la formation », explique Nicolas Freud.

Au sein du département FIMI, une équipe pédagogique pluridisciplinaire peaufine la préparation du module « ETRE », dont la responsabilité est portée par Solène Tadier, Mathieu Gautier et Arnaud Sandel2. Sous cet acronyme évocateur se cachent les premières heures de cours consacrés aux « Enjeux de la TRansition Écologique ». Déployés dès février 2023 auprès des presque 900 élèves-ingénieurs de 1re année, les enseignements mobiliseront une cinquantaine de professeurs pendant 28 heures tout au long du second semestre. « L’idée est de poser les premières briques d’un enseignement qui se déploiera durant toute la scolarité. Nos élèves-ingénieurs doivent être équipés pour la suite dans les départements où ils approfondiront leurs connaissances au regard de leur spécialité d’ingénierie », indique Solène Tadier.

Pour cette première approche, deux façons d’enseigner les enjeux socio-écologiques. D’abord par des enseignements « dédiés », c’est-à-dire des cours sur les bases de connaissances scientifiques provenant notamment des travaux du GIEC3 et de l’IBPES4. « Cette partie sera réalisée en première année avec des binômes d’enseignants en sciences dures et en Humanités. Cette association nous a paru indispensable pour saisir les enjeux dans leur globalité : les aspects environnementaux et sociologiques seront ainsi enseignés conjointement », ajoute Mathieu Gautier. La seconde façon de faire appréhender les enjeux de la transition socio-écologique, c’est de les faire « infuser » dans des cours « non-dédiés », à travers les disciplines classiques : bien comprendre une fonction exponentielle en cours de mathématiques est, par exemple, indispensable pour comprendre le dépassement des limites planétaires. « En chimie, par exemple, l’enseignant peut profiter du chapitre qui parle de la transformation d’une ressource naturelle en une ressource utile pour aborder les enjeux d’extraction, d’analyse de cycle de vie et de finitude de la ressource. L’idée est d’essaimer et de faire comprendre que la problématique est systémique. » 

Enseigner des questions socialement vives comme celles des enjeux socio-écologiques n’est pas chose aisée. Plus encore, enseigner des notions qui impactent émotionnellement et individuellement implique une nouvelle forme de transmission : une posture parfois très différente des habitudes académiques classiques. « Il faut prévoir des temps d’étude mais aussi des temps de débat pour que les étudiants s’approprient et métabolisent les connaissances face à ces constats. Le rôle de l’enseignant est délicat : il doit favoriser et canaliser des échanges dans un cadre sécurisant », ajoute Nicolas Freud. « Je suis confiant sur la capacité de nos étudiants à comprendre et intégrer ces connaissances qui ne sont pas toujours faciles à digérer. J’espère que ces nouveaux enseignements donneront des clés à nos futurs diplômés pour qu’ils puissent contribuer aux transformations nécessaires face aux enjeux. C’est d’ailleurs pour cela que les contenus donnent une place importante aux leviers d’action. Nous sommes dans une situation qui peut être vécue comme très anxiogène. Le meilleur antidote, face à cette éco-anxiété, c’est l’action et le travail collectif. » 


Une (r)évolution de la formation d’ingénieur à l’INSA Lyon
Depuis 2019, un vaste chantier d’évolution de la formation a été entrepris au sein de l’INSA Lyon pour former les étudiants à deux facteurs majeurs de la mutation de nos sociétés : les enjeux socio-écologiques et les enjeux du numérique. Cette évolution concerne tous les élèves-ingénieurs, de la 1re à la 5e année et est mise en œuvre progressivement depuis la rentrée 2021. Un socle commun est ainsi décliné en huit thématiques :  
▪️ Anthropocène et climat
▪️ Énergie
▪️ Ressources, analyse du cycle de vie (ACV) et mesure d’impact
▪️ Enjeux du vivant
▪️ Quels futurs possibles et souhaitables ?
▪️ Calcul numérique
▪️ Sciences des données et intelligence artificielle
▪️ Enjeux environnementaux et sociétaux du numérique



« Projet soutenu dans le cadre de l'AMI Emergences. »

 

 

Plus d’informations : Consulter le livre 2 de l’évolution de la formation

 
Contact : Nicolas Freud, chef de projet de l’évolution de la formation : nicolas.freud@insa-lyon.fr

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[1] Formation Initiale aux Métiers d’Ingénieur
[2] La responsabilité de ce module est portée par Solène Tadier, enseignante-chercheure au département FIMI et au laboratoire MATEIS ; Mathieu Gautier, enseignant aux départements FIMI et génie énergétique et environnement (GEn) et chercheur au laboratoire DEEP ; et Arnaud Sandel, enseignant aux départements FIMI et génie mécanique (GM).
[3] Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat 
[4] Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques

 

 

Mots clés

02 juin
02/juin/2022

Entreprises

Un démonstrateur pour sensibiliser le jeune public à l'industrie

Le déficit d’attractivité des plus jeunes vis-à-vis de l’industrie est une des raisons majeures qui pousse les collectivités, les établissements de formation et les entreprises à mettre en œuvre des actions ambitieuses de médiation, en particulier à destination des collégiens. Pour réussir le pari d’une industrie modernisée et écologique, mais également plus attractive, le secteur avance vers un rapprochement de la recherche universitaire, des formations et des grands groupes industriels. La Métropole de Lyon a fait appel à l’expertise du pôle S.mart Rhône-Alpes Ouest (RAO), sur le campus de l’INSA Lyon.

« L’industrie, ça n’est pas Germinal ! »
« Les plus jeunes se font une idée négative de l’industrie : polluante, vieillissante et c’est à eux que notre programme s’adresse en priorité », constate Michaël Candela, responsable du Centre Technique de l’Innovation (CTI). Aux côtés de la Métropole de Lyon, les équipes de S.mart RAO souhaitent prendre le contrepied de ces clichés qu’une partie de la jeunesse a encore vis-à-vis du monde industriel, en particulier au moment crucial de choisir leur avenir professionnel. « La métropole voulait aller chercher un jeune public et leur transmettre une image de l’industrie qui donne envie d’y travailler », rappelle Michaël. « Ils ont fait appel à nous pour dépoussiérer tout ça, au travers d’un démonstrateur qui prouve que l’industrie, ça n’est pas Germinal ! C’est avant tout de la technologie au service de l’humain, dans une perspective d’écoresponsabilité et de relocalisation de certaines filières. »

Valeria León MoralesUne mini-usine de médiation industrielle
Consciente que l’industrie doit opérer de profondes transformations sociales, environnementales et techniques, sans quoi elle ne pourrait subsister, la Métropole de Lyon a pour ambition de développer des actions de médiation industrielle. C’est dans ce contexte que des étudiants de l’INSA Lyon, avec l’appui des équipes de S.mart RAO et le pilotage de l’Université de Lyon, ont développé un démonstrateur grandeur nature. « Il s’agit d’une mini-usine de pédale pour vélo dont l’objectif est de présenter sur un même lieu toutes les étapes de fabrication industrielle et les métiers qui sont associés », précise Valeria León Morales étudiante en 5
e année de génie mécanique et désormais responsable du développement technique du projet.

 

 

Plan du démonstrateur

 

Le démonstrateur, qui doit voir le jour en 2023, sera scénographié et aménagé sur environ 100 m², à l’instar d’une usine miniature qui présentera l’ensemble des maillons d’une chaîne de production industrielle sur un espace restreint et qui permet aux visiteurs de s’y projeter.
Valeria León Morales précise que ce projet de médiation industrielle « vise essentiellement les collégiens, les demandeurs d'emploi, ou encore les personnes en reconversion professionnelle ». Le choix a été fait de produire une pédale de vélo, d’abord parce qu’il n’est pas envisageable de concevoir un produit plus volumineux sur une surface d’usine aussi restreinte, ensuite parce que c’est en adéquation avec l’objectif de développer des solutions industrielles éco-conçues, durables et biosourcées.

Une étape = un métier
La visite débutera par une présentation de la phase de conception du produit (prototypage technique, choix des matériaux, modélisation …), pour ensuite découvrir la première concrétisation du produit en impression 3D, puis les phases d’usinage, d’assemblage et de contrôle qualité numérique. « Nous avons également fait le choix de montrer les étapes de logistique et de stockage au travers de l’espace désigné comme le "magasin" », indique l’étudiante.
De l’idée à l’expédition, en passant par l’assemblage d’un produit fonctionnel, c’est toute la chaîne de valeur industrielle qui sera mise en action dans ce démonstrateur. Les collégiens pourront ainsi découvrir toute la diversité des métiers associés à la création industrielle : manutentionnaire, contrôleur qualité, designer, ingénieur informatique, etc. Les équipes du pôle S.mart RAO ont également pensé à une déclinaison numérique de cette mini-usine, à destination de celles et ceux qui ne pourraient pas se rendre sur place. Il s’agit d’une application mobile, qui permet de naviguer numériquement au sein de ce même démonstrateur et de faire découvrir son univers industriel depuis un forum de l’emploi ou encore dans un lycée en Région.

Transformer l’industrie de l’intérieur
En parallèle de cette mini-usine, le pôle S.mart Rhône-Alpes Ouest, véritable plateforme académique hébergée à l’INSA Lyon, est également doté d’un centre technique et d’innovation : MECA3D. C’est le second pilier d’une offre de service qui s’adresse finalement à tous les acteurs de l’industrie, de la recherche et de l’enseignement avec le soutien d’INSAVALOR. Michaël Candela le décrit comme « un centre de formation continue, de transfert de technologie et de prestation à destination des professionnels, des entreprises et des laboratoires. » En ancrant leurs activités sur un campus universitaire, en lien très étroit avec les formations et la recherche de l’INSA, ils souhaitent offrir aux entreprises du territoire, « une offre de service innovante qui soit la plus scientifiquement pertinente possible », précise-t-il.

Avec d’un côté, un centre d’innovation technique et de l’autre, une plateforme technologique académique pour former les générations futures, S.mart RAO s’inscrit pleinement dans la démarche d’industrie 4.0, qui veut renouveler les manières d’organiser les moyens de production : numériquement, technologiquement et écologiquement. Pour l’avenir, « collaboration, conseil et partage » sont donc les trois leitmotivs qui guideront le développement de S.mart RAO, qui vise d’ailleurs à davantage s’ouvrir aux lycées techniques de la Région.

 

Logo S.martS.mart RAO, c’est quoi ?
Anciennement AIP-PRIMECA, ​S.mart, est un réseau qui se donne pour objectif de « fédérer un ensemble d’actions pédagogiques, scientifiques et technologiques autour de l’Industrie du futur ». Rassemblés sous l’égide d’un Groupement d'Intérêt Scientifique (GIS), les dix pôles régionaux œuvrent à adapter l’industrie et les formations aux exigences climatiques et sociales de demain. 

 

 

Mots clés

08 juin
Du 08/06/2022
au 10/06/2022

Formation

Développez une ingénierie soutenable au regard des enjeux socio-écologiques dans vos enseignements

Un événement gratuit est organisé par le pôle S.mart Rhône-Alpes Ouest à l'INSA Lyon les 08, 09 et 10 juin 2022 à destination des enseignants du supérieur sur le thème: "Développer une ingénierie soutenable au regard des enjeux socio-écologiques dans vos enseignements".

Comment appréhender les enjeux de DD&RS (Développement durable et Responsabilité Sociétale) dans vos programmes de formation ? Par quels outils et quelle pédagogie peut-on les intégrer ?

Ce programme de formation de 3 jours, conçu par les membres du module d’« ingénierie soutenable » du projet ET-LIOS (Enseignements Technologiques de niveau Licence Ouverts pour une industrie du futur compétitive et Soutenable), vise à valoriser les contenus pédagogiques dédiés à la transition écologique et sociale.

La session de formation alternera présentations de contenus, ateliers thématiques et discussions et sera organisée les mercredi 8, jeudi 9 et vendredi 10 juin 2022 de 9h à 18h, sur le site de l'INSA de Lyon. 

L’objectif est de former les étudiants à la pensée systémique, à la vision prospective et à penser les futurs mais également à donner des méthodes de conception soutenable guidées par le biais de réflexions sur l'éthique de l'ingénieur et à des moyens concrets de mise en action individuelle, collective, professionnelle et politique.

Les intervenants proviennent nombreuses universités de France : INSA Lyon, Université de Technologie de Compiègne (UTC), Arts et Métiers ParisTech, Université de Bordeaux, Centre Émile Durkheim de Bordeaux, Centrale Lille, et Université de Technologie de Troyes (UTT).

📝 Programme complet
✅ Inscription en ligne : https://bit.ly/39J5H36

Cette formation a bénéficié d’une aide de l’État gérée par l’Agence Nationale de la Recherche au titre du Programme d’Investissements d’Avenir portant la référence ANR-20-NCUN-0009.

Informations complémentaires

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