Responsabilité sociétale

27 jan
27/jan/2025

Formation

Module « ETRE » : l’INSA Lyon met en œuvre sa révolution pédagogique sur les enjeux de transition écologique et sociale.

Comptant parmi les premiers établissements de l’enseignement supérieur français à vouloir former l’ensemble de ses étudiants aux enjeux de « développement durable et de responsabilité sociétale », l’INSA Lyon s’est engagé dès 2019 à faire évoluer ses formations et contenus pédagogiques. Un chantier ambitieux mené dès les deux premières années au sein du département Formation Initiale aux Métiers d'Ingénieur, FIMI. Depuis février 2023, la première réalisation à grande échelle de ce projet a débuté via le déploiement du module « ETRE » pour « Enjeux de la Transition Écologique » en 1ʳᵉ, puis 2ᵉ année du département FIMI. L’occasion de faire un premier bilan avec les équipes initiatrices de ce module et les étudiants qui l’ont suivi. Témoignages. 

 « Nous avons réussi à relever le défi de proposer un enseignement à 1 600 étudiants par an répartis sur deux années, mais aussi d'avoir pu faire monter en compétences une équipe pédagogique de près de 80 enseignants issus de disciplines très diverses », se félicite Marion Fregonese, Directrice du département FIMI. Près de deux ans après sa mise en place, le module « ETRE » a pris racine dans le paysage pédagogique de l’INSA Lyon. Son ambition : permettre aux étudiants de 1ʳᵉ et 2ᵉ année d’acquérir des connaissances solides sur les enjeux socio-écologiques et la responsabilité de l’ingénieur dans la nécessaire transformation de la société et des métiers de l’ingénierie face à ces enjeux. Dans un contexte sociétal en plein bouleversement, l’INSA Lyon s’est montré à l’écoute et précurseur et marche après marche, a construit avec succès ce nouveau module. 

 

À l’avant-garde 


Août 2018 : « Les grèves scolaires pour le climat » battent leur plein, mobilisant les jeunes partout dans le monde notamment à Lyon. Photo : Page Facebook Lyon Doua Climat

 

Dans le sillage des revendications mondiales qui se sont élevées par la voie de la jeunesse (grève mondiale pour le climat lancée en août 2018 par Greta Thunberg), des rapports et alertes des scientifiques et de la médiatisation grandissante des sujets environnementaux, le collectif étudiant « Transition » de l’INSA Lyon se mobilise et exprime sa volonté de mieux former les élèves sur ces enjeux. Dans ce contexte, l’INSA Lyon, apparaît précurseur. L’établissement, déjà engagé côté recherche sur ces sujets depuis plusieurs années, vote fin 2019 en conseil d’administration la première lettre de cadrage sur l’évolution de la formation afin d’irriguer tous les niveaux du cursus ingénieur. Un bouleversement éducatif se met en marche, fruit d’un important travail collectif et innovant, propulsé par une philosophie, celle de Gaston Berger et son modèle de « l’ingénieur humaniste ». C’est un défi de taille pour toute la communauté enseignante de l’établissement. Il faut désormais inventer les modalités pédagogiques pour donner aux futurs ingénieurs les clés nécessaires à la mise en œuvre de la transition socio-écologique. Preuve de son avance, ce n’est qu’en février 2022 qu’un groupe de travail présidé par le climatologue Jean Jouzel remet à la ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation un rapport dit « Jouzel-Abbadie », préconisant que la formation à la Transition écologique dans l’Enseignement supérieur puisse devenir partie intégrante des parcours de formation dès le niveau licence. 

Pédagogie de la transition 

Chiffres vertigineux, rapports inquiétants et éco-anxiété, enseigner la transition socio-écologique ne se décrète pas : la communauté des enseignants doit innover et concevoir une maquette pédagogique sur-mesure. « L'une des premières difficultés a été d'apprendre à se comprendre entre les intervenants venant tous de nombreuses disciplines, mais c’est une étape qui a soudé la communauté pédagogique », témoigne Solène Tadier, co-responsable du module ETRE. Dès 2020, des groupes de travail se sont constitués pour travailler sur certaines thématiques de manière collégiale. Pas simple de partir d’une page blanche, faire discuter des visions parfois antagonistes sur la responsabilité de l’ingénieur et « choisir les sujets à traiter en priorité » raconte Solène Tadier.

L’enseignement des enjeux socio-écologiques nécessite également de faire appel à des modalités pédagogiques moins magistrales, plaçant l’apprenant au cœur de ses apprentissages. « Enseigner des notions qui impactent émotionnellement et individuellement implique une nouvelle forme de pédagogie. Certaines séances impliquent même des sorties sur le terrain », insiste Simon Lecestre, Chargé de mission Transformation Socio-Écologique à l'INSA Lyon et membre de l’équipe pédagogique du module ETRE. « On étudie des objets scientifiques comme le système Terre, la biodiversité, le changement climatique, les ressources minérales, qui ne sont pas neutres. Ils entrent en collision avec un autre objet que l'on se doit d'étudier en même temps : soi-même. »


Simon Lecestre, Chargé de mission Transformation Socio-Écologique à l’INSA Lyon
et membre de l’équipe pédagogique du module ETRE 


Une prise de conscience

Côté étudiants, après plus d’une année d’existence, les retours sur ce module sont plutôt positifs : « il y a une vraie volonté de nous sensibiliser au changement climatique et à ses conséquences, peut-être aussi de convaincre ceux qui se montraient sceptiques ou insensibles, de montrer que la transition est un enjeu clé dans notre futur métier d’ingénieur », témoigne Constance Regnault, étudiante en deuxième année en FIMI. Pour certains, ce fut même un enseignement qui a déclenché une vraie prise de conscience et pour d’autres, un cours ressenti comme une parenthèse de liberté avec le loisir de se projeter directement dans la posture de l’ingénieur, d’inventer et de décider.  « Ce qui m’a le plus marqué est indéniablement l’intervention sur les limites planétaires. Il agit un peu comme un électrochoc qui nous fait réaliser qu’agir pour l’environnement n’est pas un problème à remettre à demain, mais bel et bien une urgence dont il faut s’occuper dès maintenant » souligne Iban Perrin, étudiant en deuxième année en FIMI. « J’ai beaucoup aimé le projet « IMPACTS » qui consistait à analyser le cycle de vie d’un objet du quotidien et de ses alternatives en petit groupe. La séance de restitution à la classe était très intéressante et a permis de soulever des questions et d’échanger en classe », témoigne Camille Rominger, elle aussi étudiante en deuxième année en FIMI. 

 


Camille Rominger, étudiante en deuxième année du département Formation initiale aux métiers de l’ingénieur (FIMI) a particulièrement apprécié le projet IMPACTS dans le cadre du module ETRE

 

« Il est trop tôt pour évaluer l'influence de ce module sur les choix académiques et/ou professionnels des étudiants. Ce qui est certain en revanche, c'est que certaines séquences provoquent des déclics, ou des prises de conscience chez certains élèves et participent à orienter des choix plus durables », expose Arnaud Sandel, co-responsable du module ETRE. Un constat partagé par Camille Rominger : « il me semble qu’un enseignement à lui seul ne transformera pas l’état d’esprit de l’ingénieur du futur, mais lui donne des outils pour répondre à certaines problématiques ».


Consolider les acquis 


Illustration de l’architecte utopiste Luc Schuiten, qui a partagé sa vision d’un monde biomimétique avec les 1600 étudiants de FIMI lors de conférences données en février 2024, dans le cadre du module ETRE.

 

En 2024, 1 600 élèves vont à nouveau suivre le module ETRE. Certains étudiants émettent d’ores et déjà le souhait de voir ce type d’enseignement « imprégner la totalité du cursus à l’INSA Lyon », comme en témoigne Iban Perrin.   
Côté enseignants, il reste encore du travail mais l’essentiel est déjà fait.  « La quasi-totalité des intervenants a décidé de signer à nouveau pour la 2ᵉ année de déploiement. Et l'équipe pédagogique apprécie d’enseigner en binôme d’enseignants en Sciences pour l'ingénieur et en Humanités, c’est une vraie richesse. Pour les élèves, cela se concrétise par la rédaction de données scientifiques sous la forme d’un récit fictionnel prospectif », précise Mathieu Gautier, co-responsable du module ETRE. Reste encore à « stabiliser les séquences pédagogiques dans le temps et à travailler l’articulation avec les enseignements de spécialité des années 3-4-5 du cursus ingénieur dans une approche programme », prend soin d’ajouter la Directrice de FIMI. Et de conclure : « Notre travail fait l’objet d’une attention toute particulière au niveau national et nous devons veilleur à la mise à jour régulière des contenus en lien avec les évolutions sociétales et environnementales ». 

Alors que les premiers étudiants qui ont eu reçu l’enseignement du module ETRE sur les 2 ans du FIMI arrivent cette année en 3ᵉ année, le déploiement de nouveaux enseignements estampillés Développement Durable et Responsabilité Sociétale (DDRS) est en cours au sein des départements de spécialité. Le chemin de la révolution pédagogique à l’INSA se poursuit mais les bases sont déjà bel et bien tracées. 

 

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23 oct
23/oct/2023

Institutionnel

« Le renouvellement du label DD&RS reconnaît nos actions en matière de transition socio-écologique »

En 2023, L’INSA Lyon renouvelle sa labellisation DD&RS pour les 4 années à venir. Après une première obtention en 2019, les efforts fournis ces dernières années en matière de développement durable et de responsabilité sociétale portent leurs fruits. Principal outil de reconnaissance de l’engagement sociétal des établissements d’enseignement supérieur et de recherche, le label DD&RS permet de suivre la démarche entamée il y a plus de vingt ans, au sein de l’école d’ingénieur. Mathieu Bouyer, responsable développement durable, souligne la mobilisation de la communauté de l’INSA Lyon et la dynamique collective qui offre la possibilité de voir plus loin en matière de durabilité. 

Pour la seconde fois et pour les quatre ans à venir, l’INSA Lyon se voit délivrer le label DD&RS, reconnaissant son engagement dans une démarche de durabilité. En quoi consiste-t-il ?

Le label DD&RS est un canevas commun à tous les établissements de l’enseignement supérieur et de la recherche. Pour l’obtenir, nous avons suivi une méthodologie précise, qui consiste à réaliser une auto-évaluation à partir de cinq axes thématiques parmi lesquels : stratégie et gouvernance, formation, recherche, environnement et politique sociale. La démarche, qui comporte également une étape d’audit réalisé par des pairs, permet de constituer un système de management et de définir des trajectoires pour les années à venir. C’est un véritable référentiel qui, contrairement à l’habitude, n’évalue pas la stratégie d’un établissement d’enseignement supérieur par les variables classiques de « formation » ou de « recherche ». En ce qui concerne l’INSA Lyon, la démarche a permis de structurer des actions qui étaient déjà très présentes au sein de la communauté. Avant la première reconnaissance en 2019, elle nous a permis de passer d’une « culture orale », à une « culture écrite » de la durabilité. Aujourd’hui, cette deuxième obtention nous exhorte désormais à poursuivre nos efforts. La transition est désormais portée dans chacun des cœurs de l’établissement : nous sommes en train de repenser autrement notre formation, notre recherche et le fonctionnement même de l’établissement. 

Le label DD&RS valorise les démarches de développement durable et de responsabilité sociétale des établissements d’enseignement supérieur et de recherche français.

 

Quelles actions ont fait progresser l’établissement entre 2019 et 2023 ?

On peut souligner que la communauté se mobilise et la dynamique collective se traduit à travers de nombreuses initiatives désormais organisées. En d’autres termes : on fait ce que l’on dit. Là où nous avons fait un pas de géant, c’est sur la formation. En engageant un chantier de refonte pour une formation qui infuse la transition écologique dans toutes les spécialités de formation, c’est un atout majeur pour la labellisation DD&RS. Il faut d’ailleurs souligner que nous avons été l’un des premiers établissements de l’ESR à se lancer dans ce chantier, en avance de phase. L’autre bon point pour l’INSA Lyon, c’est la gestion de l’environnement et de son campus. Désormais sur un territoire flambant neuf grâce au Plan campus, nous obtenons de très bonnes notes sur la consommation énergétique de nos bâtiments, l’éco-mobilité, la protection de la biodiversité, la gestion des eaux pluviales et même l’alimentation avec l’évolution de l’offre de restauration. Tout a changé, et dans le bon sens !

Le label DD&RS est donc obtenu pour quatre années, et l’établissement poursuivra naturellement ses efforts. Quels sont les points d’amélioration ou d’efforts à consentir pour poursuivre cette démarche ? 

La stratégie d’établissement, focalisée sur la transformation de celui-ci, permettra la poursuite des efforts collectifs. Un point devra nous occuper plus particulièrement ces prochaines années : l’impact de nos activités de recherche scientifique et technique. Nous étions en avance avec la structuration de l’activité par enjeux, mais nous avons encore des efforts à faire pour réduire les impacts de celle-ci. Fin 2022, le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche a diffusé un plan Climat-Biodiversité visant à remettre les enjeux socio-écologiques au cœur de la formation et de la recherche. Dans ce cadre, les établissements de l’ESR devront produire en 2024, un schéma directeur DD&RSE, s’appuyant sur le label DD&RS que notre établissement maîtrise bien désormais. Il me semble que l’INSA Lyon joue son rôle et apporte sa pierre à l’édifice, pleinement en phase avec les évolutions nécesaires en matière de durabilité dans l’enseignement supérieur français. Ce chantier du schéma directeur DD&RSE, piloté par Nicolas Freud à l’INSA Lyon, sera pour nous une nouvelle occasion de mobiliser la communauté pour poursuivre et renforcer notre démarche. Nous devons rester lucides sur le chemin qu’il nous reste encore à parcourir. Rendez-vous fin 2024.

 

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08 mar
08/mar/2022

Formation

« L’ingénieur peut faire avancer la loi pour une technologie plus juste »

Comment un objet technologique est-il capable de faire évoluer le droit ? C’est le sujet de fond du Tech Law Clinics auquel a participé Dac An Nguyen, étudiant en 3e année de génie électrique. Organisé par l’Université Catholique de Lyon pour mesurer l’impact des transformations technologiques en matière de droits et libertés, l’exercice de procès fictif est proposé aux élèves-ingénieurs de l’INSA Lyon dans le cadre de la formation à la responsabilité sociale de l’ingénieur.

Dans la mise en scène, tout est fait pour que ça ait l’air réel. Sur les bancs de la cour administrative d’appel de Lyon, avocats et magistrats en herbe tiennent le procès. Dac An Nguyen est l’expert judiciaire de la cour. Il apporte aux juges, les éléments de compréhension nécessaires à la résolution du cas, hautement technologique : un chatbot peut-il être déclaré coupable pour mauvaise exécution d’un « smart contract » ? La séance est ouverte.

Vous avez tenu le rôle « d’expert » pendant l’exercice du Tech Law Clinics. En quoi cela a-t-il consisté ?
L’expert est sollicité par le juge pour apporter un avis sur des points techniques précis. J’étais chargé d’expliquer et vulgariser le fonctionnement de la technologie mise en cause. Dans les faits, je suis surtout intervenu en amont du procès physique, car le sujet était difficile. Il concernait les chatbots et les contrats intelligents. J’ai dû me documenter pendant plusieurs mois avant d’être capable d’adapter mes explications aux magistrats, qui n’avaient aucune notion technique et scientifique. L’expert doit savoir rester neutre dans ses explications car il n’est ni du côté de la défense, ni de l’accusé. Il est uniquement en soutien aux juges qui restent libres d’intégrer son avis à la décision finale. C’est un exercice que de ne pas prendre parti face à ce qui nous semble être injuste ! D’ailleurs, les avocates avaient des tons très dramatiques pendant les plaidoiries. On sentait vraiment que l’émotion était importante pour persuader l’assemblée, là où l’expert doit rester impartial.

Le scénario, fictif, se déroulait en 2035. En quoi consistait le cas ?
Le plaignant était un patient admis dans un hôpital pour un séjour de courte durée. À son arrivée, il a été accueilli par un chatbot, une application chargée de recueillir des informations pour son service en chambre. Après s’être authentifié via son compte Facebook, le patient choisit son offre : repas végétariens, goûts musicaux et taille de la chambre. Seulement, lorsqu’il prend ses quartiers, les repas ne sont pas végétariens, la chambre est plus petite qu’annoncée et la musique n’est pas celle choisie : le contrat n’est pas honoré, le patient porte plainte. Seulement en 2035, les tribunaux administratifs sont devenus virtuels. La décision est portée par des algorithmes automatiques : l’hôpital gagne le procès, le tribunal considérant que les réponses fournies trop vagues du patient n’ont pas pu permettre à l’application de satisfaire précisément ses besoins. Le patient, insatisfait de la décision automatique, fait appel et voit son cas être traité dans un tribunal « en chair et en os ». C’est ici qu’à vraiment commencé l’exercice pour mes camarades en droit. En se connectant au compte Facebook, le chatbot a en réalité accès à des données personnelles qui lui permettent d’estimer sa capacité de paiement et d’adapter son offre tarifaire en fonction du patient qui se présente à lui. Face à cette offre discriminante, les juges ont finalement concédé un « dol incident » : l’hôpital a usé de manœuvres abusives pour pousser le patient à payer plus cher. 

Comment les magistrats en herbe ont-ils résolu le cas ? 
Ils se sont appuyés sur des textes de loi déjà existants comme l’article 13 du Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD) qui indique que la collecte des données personnelles doit respecter le devoir d’information. Aujourd’hui, grâce au recul sur le sujet, le cadre juridique sur la protection des données est plutôt solide et protège les utilisateurs. Pour certaines technologies, s’il existe des textes, ils sont souvent incomplets. Cela peut autant concerner les droits et les libertés, la dignité des personnes face aux machines, la liberté d’expression, la responsabilité… Les questionnements sont nombreux ! Une technologie peut avoir été pensée pour un dessein et être détournée pour tout autre chose : qui doit être responsable ? Celui qui a créé la technologie ? Celui qui l’utilise ?  On ne peut pas estimer toutes les conséquences de chaque outil. C’est un élément qui freine la création de textes de lois efficaces pour encadrer les technologies.

N’est-il pas un peu utopique de penser que le rythme de création de la législation soit capable de suivre celui de la technologie numérique notamment ?
La loi prend du temps pour être créée : à force de débats entre les forces politiques, l’opinion publique, les concordances avec les autres lois, les forces administratives… Il faut beaucoup de personnes et de temps pour cela. La bonne nouvelle, c’est que l’ingénieur a toute sa place dans ce travail et même, peut faire avancer la loi plus rapidement. En vulgarisant le fonctionnement d’une technologie auprès des faiseurs de loi, il participe à fabriquer une technologie plus juste. Il faut travailler main dans la main.

Pourquoi vous êtes-vous engagé dans cet exercice, le Tech Law Clinics ?
J’ai toujours été intéressé par les sujets mêlant sciences et loi. La première problématique qui m’a passionné portait sur l’utilisation des algorithmes automatiques et leurs biais : si un algorithme donne un résultat qui n’était pas attendu et qu’il engendre du mal, qui doit être le responsable ? Comment prouver que l’entreprise ou la personne qui a implémenté l’algorithme en question ait eu ou non, l’intention de nuire dès le départ ? Ce sont des cas complexes avec les algorithmes de plus en plus élaborés et dont il est parfois difficile de prédire leurs résultats avec certitude. 
Ici, c’était la première fois que j’assistais à un procès, même fictif. Je crois que j’aimerais en faire mon métier, celui d’expert juridique. Il me faut encore étudier le fonctionnement la justice et la façon dont sont fabriquées les lois, mais c’est un monde passionnant. Paradoxalement à mon esprit de futur ingénieur très cartésien, j’aime la controverse et la nuance exigée par le droit. C’est un équilibre à trouver.

 


Photo : Tech Law Clinics, mars 2022 à la cour administrative d’appel de Lyon

 

Le Tech Law Clinics de l’UCLy en partenariat avec la cour administrative d’appel de Lyon, propose aux élèves-ingénieurs de s’emparer de ces thématiques prospectives, à travers des procès fictifs sur des cas concrets.
« La participation au Tech Law Clinics entre dans le cadre des enseignements sur la responsabilité sociale des ingénieurs et sur l’éthique des technologies. En créant de la pluridisciplinarité entre ingénieurs et juristes, cet exercice est une chance de pouvoir comprendre comment les technologies inventées par des ingénieurs, peuvent engendrer des conséquences sociales et légales », explique Marie-Pierre Escudié.

 

 

Pour aller plus loin sur le sujet : 
Podcasts « Les cœurs audacieux » -  Saison 1 / Épisode 1 - 7 avril 2021
 

Mots clés

07 fév
Du 07/02/2022
au 27/03/2022

Recherche

Holcim Accelerator Season 3

Together we’ll build a sustainable tomorrow

By intelligently utilizing each country’s knowledge and resources, how can we enhance carbon efficient construction?

Holcim Accelerator Season 3 Care for today to save tomorrow!

How we will tackle this: Each country will have a detailed challenge definition with the theme: Carbon Efficient Construction. Then, selected startups and innovative companies in each respective country will have 6-months to develop the solutions that will help their country get closer to a sustainable future.

Participating countries: Australia Canada Colombia France Germany Mexico Switzerland U.K U.S.A Free for startups, no equity taken!
Not your everyday event, strap yourself in for: Access to different market conditions and facilities High level mentoring Co-creation with top professionals Opportunity to undertake pilot tests Forward your innovation

No equity taken The Holcim Accelerator Season 3 will unfold like this:

  • 27th of March, 2022: End of applications
  • 11th-30th of April, 2022: Selected startup announcement
  • May, 2022: Onboarding for startups, with a dedicated 2-days hybrid event in May (dates to be confirmed shortly) (Sprint) (Holcim Innovation Center, Lyon, France)
  • June, 2022: Beginning of the acceleration program
  • December, 2022: Get ready to present your demos!

How can you join? Check out the Accelerators website: https://bit.ly/3rihJXq to register by the 27th of March, 2022.

Let’s get one step closer to sustainability!

24 sep
24/sep/2020

Formation

Former tous les étudiants aux enjeux climat - énergie : le Groupe INSA ouvre un partenariat avec The Shift Project

The Shift Project, un laboratoire d’idées reconnu pour son expertise sur les enjeux climat-énergie, et qui œuvre en faveur d’une économie « post-carbone », va accompagner les établissements du Groupe INSA dans leur projet de former tous leurs étudiants à ces enjeux. Entretien avec Nicolas Freud, référent pour le projet ClimatSup et pilote du projet d’évolution de la formation à l’INSA Lyon.

Comment pouvez-vous présenter le projet ClimatSup INSA, et que va-t-il apporter à la formation INSA Lyon ?
L’INSA Lyon est en relation régulière avec The Shift Project depuis que ce dernier a lancé son chantier sur l’enseignement supérieur (voir, notamment, le rapport « Mobiliser l’enseignement supérieur pour le climat », publié en mars 2019). Nous avons pu constater que nous partagions le point de vue selon lequel tous les étudiants devraient être formés aux enjeux climat-énergie. Nous avons alors pensé que The Shift Project pourrait nous aider à conduire notre chantier d’évolution de la formation sur ces thématiques, en nous apportant un accompagnement méthodologique et une expertise sur le plan scientifique et technique. C’est de là qu’est né le projet Climatsup, aujourd’hui porté à l’échelle du Groupe INSA, qui devrait nous aider à élaborer un programme de formation cohérent sur la thématique climat-énergie, dans le cadre plus global du chantier d’évolution de la formation défini par le conseil d’administration de l’établissement. 

N’y a-t-il pas un risque à s’associer à The Shift Project, dont les propositions peuvent apparaître parfois controversées ? 
The Shift Project fonde ses propositions sur le diagnostic de la communauté scientifique, qui établit clairement la nécessité de décarboner les activités humaines pour parvenir à limiter le réchauffement climatique. Il est toujours guidé, dans sa démarche, par l’exigence de rigueur scientifique. Il est tout à fait légitime, cependant, que ses propositions suscitent le débat, tant les problèmes à résoudre pour faire face au changement climatique et réaliser la transition énergétique remettent en question nos habitudes, dans tous les domaines. L’INSA Lyon estime que tous ses étudiants doivent être formés sur ces questions, et doivent être des acteurs des transformations en cours et à venir. Même s’il s’agit de sujets extrêmement complexes, les ingénieurs que nous formons peuvent et doivent contribuer à éclairer les débats et prises de décision, en apportant, notamment, leur expertise scientifique et technique (indispensable, par exemple, pour ne pas se tromper d’ordre de grandeur lorsqu’on cherche des solutions). L’expérience avec The Shift Project sera très intéressante pour nous aider à avancer sur ces sujets.

L’INSA Lyon est particulièrement moteur pour faire évoluer sa formation, en phase avec les grands enjeux sociétaux et environnementaux. Est-ce une priorité stratégique pour l’établissement ? 
Oui, absolument. L’INSA Lyon a acté le fait que les grands enjeux sociétaux et environnementaux doivent occuper une place centrale dans la formation. L’étape de la politique de formation étant franchie (avec le vote de deux notes de cadrage par le CA en 2019-20), l’établissement aborde à présent la phase plus opérationnelle de construction des futures maquettes de formation, qui seront proposées dès la rentrée 2021 aux nouveaux bacheliers. C’est un chantier complexe, mais nous sommes heureux de compter, dans le paysage des grandes écoles, parmi les acteurs les plus impliqués dans cette transformation devenue particulièrement urgente.

 

Pour en savoir plus sur le chantier d’évolution de la formation => Résilient-e-s #7 - 14 mai 2020
 

Mots clés

24 juin
24/juin/2020

INSA Lyon

Chaire Alumni / INSA Lyon : l’ingénieur INSA, ce philosophe en action

Avec la chaire « Ingénieur INSA, philosophe en action. Penser et agir de manière responsable », l’INSA Lyon et son association d’Alumni, la Fondation INSA Lyon et la filiale de valorisation INSAVALOR, souhaitent interroger le rôle de l’ingénieur et nourrir la réflexion sur son évolution dans une société transformée par de grands enjeux.

Urgence climatique, « robolution », crise des représentations et des pratiques… Le monde d’aujourd’hui connaît de profonds bouleversements et commence à percevoir les impasses de nos systèmes socio-économiques. Les enjeux actuels sont de taille et pour pouvoir leur faire face, le monde doit se réinventer. 

À la croisée de ce nouveau monde et de ses défis : l’ingénieur. Humaniste comme le souhaitaient les fondateurs de l’INSA Lyon, l’ingénieur INSA devait porter en lui la responsabilité sociétale de ses actes mais aussi de sa pensée. Cette représentation formulée à la fin des années 60, lors de la création du modèle INSA, n’a pas pris une ride aujourd’hui, jusqu'à trouver un écho très fort dans un contexte en pleine mutation. 

Comment cet « ingénieur, philosophe en action » évolue-t-il dans notre société contemporaine ? Quelle sagesse peut-il développer face aux défis du temps, à une révolution numérique incontrôlée et incontrôlable, à un futur incertain et imprévu ? À quelles valeurs pourra-t-il se référer et quel idéal cherchera-t-il à véhiculer dans un monde où l’humanité peine à se projeter ? Comment parviendra-t-il à allier pensées et actes, attentes et satisfactions, besoins économiques et nécessités vitales ?
 
C’est pour tenter de répondre à ces questions, et pour redonner à l’humanisme de l’ingénieur INSA tout son sens dans une époque bouleversée, que l’INSA Lyon et l’Association Alumni INSA Lyon lancent la chaire « Ingénieur INSA, philosophe en action. Penser et agir de manière responsable ». Parce que le monde bouge, qu’il faut anticiper et se mettre en mouvement.

 

Pour participer au développement de cette chaire, une opération de financement participatif a été déployée le 22 juin 2020 : https://crowdfunding.groupe-insa.fr/fr/projects/chaire-alumni-insa-lyon

En savoir plus sur la chaire : https://chaires.insa-lyon.fr/chaire-institutionnelle-alumni-insa-lyon

 

Penser l’évolution du rôle et de la responsabilité des ingénieurs avec nos Alumni
Par Frédéric Fotiadu, directeur de l’INSA Lyon

L’INSA Lyon est engagé depuis deux ans dans une démarche Prospective, inspirée de la méthode élaborée par son père fondateur Gaston Berger. Ces travaux nous ont permis de mener une réflexion profonde sur les futurs possibles de notre établissement à l’horizon 2040, en envisageant divers scénarios, dont certains de rupture. La crise du Covid-19 nous a brutalement confrontés à ces hypothèses d’exception, qui, au début 2020, étaient encore considérées comme peu probables. Face aux enjeux résultant de ces circonstances, la question du rôle des ingénieurs, déjà au cœur dans notre démarche prospective, reste plus que jamais d’actualité.

Par la diversité des fonctions qu’elles et qu’ils occupent dans tous les domaines et secteurs d’activité, par l’infinie richesse de leurs parcours professionnels et de leurs expériences personnelles, les diplômés INSA constituent à la fois une extraordinaire source d’informations et d’inspiration, et une formidable caisse de résonance à ces questionnements. Ils sont aussi, par leur nombre, un puissant levier de transformation des entreprises et organisations de nos sociétés. Je suis donc particulièrement heureux et enthousiaste à l’idée de porter ensemble cette chaire Alumni INSA Lyon pour approfondir nos réflexions sur la place et la responsabilité de l’ingénieur dans le monde actuel et à venir.

Ce projet absolument passionnant va contribuer à resserrer les liens et renforcer les interactions entre notre établissement et son réseau d’Alumni. Il constitue également une très belle opportunité pour rapprocher de notre communauté de diplômés qui s’en étaient éloignés. Dans un monde en recherche de sens et de nouveaux repères, cette chaire est une invitation à nous mobiliser toutes et tous pour penser notre rôle au sein de la société sur la base de ce qui constitue l’essence même de l’INSA Lyon depuis sa création : le modèle d’ingénieur humaniste.

Cette « marque de fabrique INSA » repose précisément sur la capacité à s’ouvrir à d’autres disciplines, notamment les sciences humaines et sociales, pour saisir toute la pluralité du monde et s’interroger systématiquement sur l’impact sociétal et environnemental des technologies. C’est aussi l’ouverture au monde des arts, de la culture et du sport, pour nourrir notre réflexion et notre expérience d’autres formes de sensibilité, d’interactions, de pratiques, d’autres quêtes de la performance et de dépassement de soi. C’est enfin un véritable engagement citoyen en faveur de l’ouverture sociale et de toutes les formes de diversités pour construire un monde plus juste, inclusif, bienveillant et altruiste.

Formés selon ce modèle porté par l'INSA et nourris de ses valeurs fondamentales, nos diplômés sont particulièrement à même de percevoir la multitude de signaux forts ou faibles qui annoncent les mutations à venir. Ils ont la capacité à les penser non seulement sous l’angle de la technologie, mais aussi et surtout selon une approche intellectuelle globale. C’est précisément cette dynamique qui va être mise en œuvre au sein de la Chaire Alumni, au service de nos élèves, de nos enseignants-chercheurs, de nos partenaires et de la société d’une manière générale.

Il s’agira ici de toujours mieux nous préparer à affronter cet avenir incertain, complexe, bouleversé par le présent, en adoptant une vision systémique pour engager avec conscience et éthique les grandes transitions énergétiques, environnementales et écologiques, numériques, mais également sociales et sociétales, qui permettront de faire advenir un futur désirable.


Repositionner le rôle de l’ingénieur dans la société
Par Daniel Louis-André, ingénieur INSA génie électrique 1977 et président de l’association Alumni INSA Lyon

L’ingénieur INSA, femme ou homme, est attaché, peut-être plus aujourd’hui qu’hier, à toutes les valeurs portées par le modèle INSA. Si ses caractéristiques, tout comme son état d’esprit, n’ont pas été érodés par le temps, je pense que nous pouvons constater que l’ingénieur INSA a beaucoup évolué.

Avec tout d’abord, la dimension internationale qu’il a pu acquérir, dans l’entreprise, et dans la société au sens large. Partir en échange pendant ses études il y a quarante ans était le privilège de quelques-uns d’entre nous. Depuis, la mobilité est devenue obligatoire pour tous les étudiants, et les moyens de communication se sont considérablement développés, rendant l’internationalisation beaucoup plus simple à gérer. 
Dans ce monde où tout s’est accéléré, nous constatons par ailleurs que l’ingénieur INSA est de plus en plus en quête de sens. L’engagement, l’adéquation aux valeurs de l’entreprise, l’utilité donnée au métier exercé sont des moteurs dans la recherche d’emploi, tout comme dans la conservation d’un poste. Le salaire ne suffit plus au bonheur. Le modèle de société de ces dernières décennies ne fait plus rêver, il est même décrié. La société doit se transformer.

Dans ma spécialité génie électrique, les ingénieurs ont conscience d’être complètement au cœur de la transformation du modèle énergétique. Dans cette course vers la mobilité faible émission, les jeunes ont conscience d’un enjeu majeur : leur impact sur l’évolution des modes de vie pour faire baisser les consommations d’énergie.
Le volet environnemental et la place de l’humain sont devenus primordiaux.
Dans la projection de l'industrie du futur, de l’usine 4.0, au milieu du big data, des objets connectés, de l’ultra-technologie, il y a cette voie vers l’innovation à domicile, les circuits courts, les modèles personnalisés.

De manière plus globale, on va donc demander à l’ingénieur d’être toujours plus créatif. On va lui demander de trouver l’équilibre entre l’expertise qu’il va pouvoir développer en regard des technologies de pointe, et la nécessité de travailler avec une démarche plus large pour mieux intégrer la dimension environnementale sur l’ensemble du cycle de production, et replacer l’humain, tel qu’il doit l’être, au cœur des processus.
L’ingénieur de demain doit tenir ce rôle, avoir cette vision globale, développer cette approche systémique et exercer plus que jamais son sens critique. Il doit avoir la faculté de s’interroger au-delà de son « patrimoine » de compétences, quitte à remettre en cause les approches qui semblent évidentes. 

J’aimerais enfin personnellement que l’ingénieur ait un rôle plus important dans la cité, par sa connaissance générale et son savoir-faire, alors qu’il a aujourd’hui peu d’impact. C’est peut-être ce qu’il faut transmettre à nos jeunes : apprendre à ne pas être passifs, face à des systèmes qui les enferment sur des modèles. Il faut repositionner le rôle de l’ingénieur, et mon optimisme me conduit à penser que c’est possible. 

Mais pour parvenir à développer de nouvelles approches qui répondent à la fois à la quête de sens de l’ingénieur, et à la nécessité de repositionner son rôle dans la société, il faut s’interroger sur l’art et la manière.
Comment un ingénieur INSA doit se comporter au sein de l’entreprise pour jouer son rôle ? Comment cet ingénieur de demain va parvenir à jouer un rôle important dans son entreprise tout en exerçant son regard critique ? Comment pourra-t-il être à l’initiative du changement sans être perçu comme celui qui veut tout révolutionner ? Les notions de savoir-être et de compréhension du monde de l’entreprise sont ici fondamentales, et doivent guider la formation des élèves, au-delà bien-sûr des bases scientifiques qu’il faut conserver.

Je suis Président des Alumni depuis mars 2019 et, depuis, je suis régulièrement au contact des élèves et des diplômés INSA. Avec cette chaire, nous souhaitons apporter des réponses à leurs préoccupations, notamment au regard des enjeux sociétaux et environnementaux. Et nous allons pouvoir le faire ensemble, avec l’école et la Fondation INSA Lyon.
Cette dimension tripartite est pour moi indispensable au succès de ce projet, comme de beaucoup d’autres. En tant qu’Alumni, nous allons pouvoir faire le lien entre ceux qui pensent la formation à l’INSA Lyon, les ingénieurs en activité et ceux en devenir.
Nous souhaitons faire de cette chaire un terrain concret d’échange d’idées et d’expériences, qui produise des résultats tangibles pour tous les acteurs : École et enseignants, ingénieurs en activité, entreprises.


Promouvoir le modèle d’ingénieur humaniste
Par Laure Corriga, présidente du directoire d’INSAVALOR

Nous soutenons cette chaire originale qui a toute légitimé pour exister, parce qu’elle colle à l’ADN de l’INSA Lyon. S’interroger sur le rôle de l’ingénieur fait partie des fondements de l’école, et c’est important de partager la réflexion avec notre écosystème, aux côtés des Alumni et de la Fondation INSA Lyon.
Pour moi, un ingénieur, c’est quelqu’un qui, face à des enjeux, des problèmes variés, apporte des solutions techniques et organisationnelles en prenant conscience des impacts et parties-prenantes qui l’entourent. Sa grande qualité, c’est son adaptabilité. Aujourd’hui, dans un contexte où les enjeux économiques, sociétaux et environnementaux sont plus visibles, l’ingénieur devient un acteur dont le rôle devrait être plus grand, avec une place dans la société plus prépondérante. Son regard devrait être essentiel, nourri par cette démarche projet dont il a l’enseignement et la maîtrise.
Le rôle de l’ingénieur évolue parce que la société évolue. Dans un monde qui devient plus automatisé, l’ingénieur sera forcé de changer, de prendre en considération de nouveaux paramètres. Au-delà de l’innovation technologique, il devra mesurer l’impact de ses décisions sur le plan sociétal et environnemental, voir plus loin, inventer de nouveaux modèles, en faisant notamment appel à sa créativité. Il devra vivre avec le changement mais aussi l’initier. Il va évoluer dans un contexte plus internationalisé, avec des collaborations aux réponses moins immédiates. 
L’INSA éveille ses élèves en ce sens, et souhaite leur apporter les connaissances et les compétences nécessaires. De cette chaire, j’aimerais qu’il ressorte une sorte de label d’ingénieurs humanistes, qui permettrait de témoigner du parcours INSA et de la démarche globale acquise au fil de l’enseignement. 
INSAVALOR peut, sur un plan très opérationnel, apporter sa contribution au travail de la chaire sur les aspects de formation continue et développer des modules de formation en cohérence avec la démarche philosophique portée par cette chaire. De plus, en tant qu’acteur de terrain, nous allons pouvoir être récipiendaire des attentes des entreprises et être témoin de leurs changements. Certaines d’entre elles ont déjà entrepris une réflexion fondamentale et ont compris qu’elles devaient prendre leur essor avec de nouvelles générations plus engagées. D’autres travaillent leur marque employeur et vont, a priori, dans cette direction. 


Renforcer le lien entre les différentes générations d'ingénieurs en plaçant au cœur des échanges la philosophie-même du métier
Jean Guénard, ingénieur INSA génie civil 8e promotion et président de la Fondation INSA LyonL’environnement de l’ingénieur a évolué, depuis la création de l’INSA en 1957. Pour son co-fondateur, Gaston Berger, l’Homme était alors au centre de toutes les préoccupations. Aujourd’hui, plus de soixante ans plus tard, nous constatons que les élèves défendent une autre position : la Terre est désormais placée au centre de leurs préoccupations. Cette notion de « Terre en danger », qui n’était réservée qu’à quelques élites un peu marginalisées de l’époque, est devenue omniprésente aujourd’hui. Les notions de frugalité, réparation, économies, reviennent sur le devant de la scène et l’ingénieur humaniste a cette prise de conscience que les ressources de la terre ne sont pas inépuisables. L’ingénieur, qui doit dorénavant s’astreindre à ne pas penser qu’à lui-même, doit apporter sa contribution à l’évolution sociale, économique, intellectuelle et culturelle au monde qui l’entoure, et dans l’organisation du travail. 
J’attends donc de cette chaire, avec beaucoup d’intérêt, une redéfinition concrète et actuelle de la notion d’ingénieur humaniste, où l’on se réfère à l’homme mais aussi à la Terre. Mais pour moi, l’ingénieur de demain n’est pas, hormis sur cet aspect environnemental, si différent de ce qu’il était hier. Avec une technique excellente, et une expertise pointue de sa spécialité, il présente une formation solide et une ouverture au-delà de son champ d’expertise, doublée d’une culture générale qui doit être la plus large possible. 
Pour moi, un ingénieur, c’est celui qui s’intéresse à ce qui se passe autour de lui, et qui met ses compétences au service de ses valeurs. Des valeurs avec lesquelles il est en accord, dès sa formation sur les bancs de l’INSA. Ces valeurs fortes, l’école les portaient quand j’étais moi-même étudiant. Je fais partie de ceux qui ont eu accès à cette formation d’excellence, étant pourtant éloigné du monde de l’enseignement supérieur. Mes parents, agriculteurs puis épiciers, au Creusot, me soutenaient dans ma scolarité, plutôt satisfaisante. Grâce à eux, j’ai pu rentrer à l’INSA, puis bénéficier d’une bourse d’études dès ma deuxième année. À l’époque, je ne savais pas que je réussirais le pari fou d’aboutir dans une carrière riche de dizaines d’ouvrages d’art, de génie civil, de souterrains, de voies ferrées ou routières, de ports ou d’ouvrages maritimes à la construction d’un ouvrage unique : le viaduc de Millau. Chance ? Intuition ? Culot ? Ambition ? Sans doute un peu de tout cela, mais surtout un goût et une pratique développée de la motivation des équipes.
Seul, je ne suis rien. Ensemble, tout, absolument tout, est possible.
J’avais commencé comme conducteur de travaux et gravi les échelons chez EMCC puis chez Eiffage, jusqu’à en devenir Président de la branche Infrastructures. Dans ma spécialité, le génie civil, nous concevons, nous construisons, et nous pouvons suivre la réalisation. C’est un domaine où nous pouvons nous projeter. Aujourd’hui, le besoin de nouvelles infrastructures n’est plus aussi fort, l’heure est au renouvèlement du patrimoine, et à l’entretien préventif des bâtis. Il faut faire avec l’existant, un véritable défi pour les ingénieurs de ma spécialité. Grâce à cette chaire, impulsée par les Alumni, le lien entre les différentes générations d'ingénieurs va pouvoir être renforcé, en plaçant au cœur des échanges la philosophie-même du métier. Et, je l’espère à nouveau, faire en sorte que l’impensable ne soit pas impossible. 

 

 

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14 mai
14/mai/2020

Formation

« Unir nos efforts au service d’une ambition commune pour l’établissement »

La communauté INSA se mobilise pour mettre en œuvre ce projet qui concerne tous les départements de formation. Rencontre avec des acteurs en première ligne.
 

Il faut inventer de nouveaux modes d’organisation, de production et de nouveaux modèles économiques 
Alexis Méténier, directeur des relations entreprises 

« La nécessité de faire évoluer la formation des ingénieurs par rapport à l’impact, toujours plus important, des technologies sur la société et l’environnement est une vision partagée par tous. Les entreprises, de toutes tailles, considèrent que les ingénieurs ont un rôle majeur à jouer dans les transitions à l’œuvre, qu’elles soient énergétiques, numériques, sociales ou économiques. La science, qui a ouvert les portes du progrès, est aussi celle qui va devoir contribuer à fabriquer les clés de ces grands défis. De nombreux dirigeants d’entreprises et ingénieurs sont traversés par les mêmes interrogations sur l’avenir et partagent la conviction qu’il faut inventer de nouveaux modes d’organisation, de production et de nouveaux modèles économiques. Devant l’ampleur de la tâche, personne ne détient la solution et tous les acteurs sont concernés. Que l’INSA se saisisse de ces enjeux en faisant évoluer sa formation sans attendre que soit formulée la demande par le marché de l’emploi est légitime. Plus que légitime, c’est une obligation. La question n’est plus de savoir quel ingénieur est adapté au progrès mais quel progrès devra inventer l’ingénieur. »

Unir nos efforts au service d’une ambition commune pour l’établissement
Nicolas Freud, chef de projet « Évolution de la formation »

« La feuille de route étant fixée, il s’agit à présent de passer à la mise en œuvre, et Christian Olagnon, directeur de la formation de l'INSA Lyon, m’a demandé de coordonner le chantier. Ayant participé, en amont, aux réflexions qui ont conduit aux orientations fixées par le conseil d’administration (CA), et étant convaincu de leur importance, je n’ai pas beaucoup hésité avant d’accepter la mission de chef de projet, avec enthousiasme, mais aussi un peu d’appréhension face à l’ampleur de la tâche.

La première action concrète est la constitution d’un comité de pilotage et de coordination, comme le prévoit la deuxième note de cadrage votée par le CA. Ce comité aura pour rôle d’assurer la mise en œuvre du chantier, en veillant à sa cohérence à l’échelle de l’établissement, sur les cinq années du cursus. Il devra pour cela travailler avec l’ensemble des départements et centres et accompagner les équipes pédagogiques pour faire évoluer les maquettes de formation en adéquation avec les objectifs d’apprentissage visés. 

Le challenge sera de parvenir à embarquer un grand nombre de collègues, de toutes disciplines, et d’unir nos efforts au service d’une ambition commune pour l’établissement. Nous n’avons que rarement l’occasion de travailler de cette manière, et à cette échelle. L’échéance de la rentrée 2021 pour la première et la troisième année va être serrée mais il faut voir à plus long terme : il s’agit d’évolutions qui vont se mettre en place progressivement sur plusieurs années. Même si tout n’est pas parfait tout de suite, ce qui compte c’est la direction prise. Ce sera probablement difficile, mais je suis convaincu que l’enjeu en vaut la peine. » 
 
Il faut donner plus de sens à notre formation
Marc Romagné, élève-ingénieur en 4e année au département génie civil et urbanisme, élu au conseil de département et au conseil des études et membre du groupe transition de son département

« Les étudiants veulent faire de la science mais pas déconnectée de la vie dans laquelle on vit et notamment des problèmes sociétaux et environnementaux auxquels nous sommes collectivement confrontés. Aborder les enjeux développement durable et responsabilité sociétale (DD&RS) au cours de notre formation ne veut pas dire grand-chose si on se cantonne à de la sensibilisation, il nous faut des enseignements avec des approches plus systémiques, des professeurs qui nous amènent à voir au-delà de leur discipline. Aujourd’hui, qu’est-ce qu’on attend d’un ingénieur ? Pas la même chose qu’il y a 60 ans. On attend plus de responsabilité, une meilleure prise en compte de l’humain, du discernement face aux enjeux. Il est par exemple très important d’avoir une réflexion sur le numérique. Il n’a pas toujours un impact positif, il peut également engendrer une consommation excessive de ressources si les ingénieurs ne prennent pas en compte un critère de sobriété. Par ailleurs, les conséquences sociétales du numérique, en termes d’usage, doivent faire l’objet de davantage de réflexion critique. Le numérique est devenu un outil indispensable, mais il n’est pas une fin en soi. Il est très important de se préparer aux changements qui vont survenir, d’être formé pour cela. Et de ce point de vue, même si tout le monde s’accorde sur le fait qu’il faut adapter la formation, le plus dur est la résistance au changement. » 
 
Amener les étudiants à développer peu à peu une compréhension systémique des enjeux 
Marion Fregonese, professeur de chimie et de thermodynamique au département Formation Initiale aux Métiers d'Ingénieur (FIMI)

« Certains enseignements existants abordent déjà des questions relatives au DD&RS. De telles expériences sont précieuses et constitueront une base pour construire un enseignement plus ambitieux. La deuxième note de cadrage votée par le CA prévoit ainsi la création d’enseignements transversaux dédiés au DD&RS, qui s’articuleront avec des apprentissages DD&RS introduits dans les disciplines existantes, afin de répondre aux questions techniques et sociétales posées par le changement climatique, l’énergie, les ressources en matières premières, les atteintes portées au vivant (écosystèmes) et à la santé... tout en explorant les liens entre science, technique et société et les dynamiques du changement. L’un des grands défis sera d’amener les étudiants à développer peu à peu une compréhension systémique de ces enjeux, dès la première année de leur cursus ingénieur, cette compréhension devant être construite sur la base d’un socle scientifique solide. Pour y parvenir, il faudra adopter une approche transdisciplinaire, qui fera travailler ensemble des enseignants de différents champs disciplinaires (en sciences de l’ingénieur mais aussi en sciences humaines et sociales). Il s’agit d’un challenge important car, à ce jour, peu d’espaces le permettent dans les maquettes d’enseignement. »
 
Repenser les apprentissages des disciplines scientifiques en explorant le potentiel du numérique
Véronique Églin, professeur d’informatique et directrice adjointe du département FIMI

« En ce qui concerne le numérique, l’objectif est que tous nos étudiants puissent acquérir des bases, jugées nécessaires, même s’ils ne choisissent pas de se spécialiser dans ce domaine. Quatre thématiques incontournables ont été identifiées : les fondamentaux de l’informatique (architectures et systèmes, algorithmique, langages de programmation...), le calcul numérique, la science des données et l’intelligence artificielle, et la société numérique (infrastructures, outils, enjeux sociétaux et environnementaux de la transition numérique...). Ces thématiques seront abordées dans des enseignements dédiés, mais aussi en développant l’utilisation du calcul numérique dans l’ensemble des disciplines scientifiques. Même si le chantier est loin de partir de zéro, ce dernier aspect va demander des efforts de la part de beaucoup de collègues enseignants dont le numérique n’est pas la spécialité. L’une des clés sera la collaboration entre des collègues de disciplines différentes. »

Devenir une communauté apprenante
Laurence Dupont, responsable de l’équipe Appui aux techniques de l'enseignement du numérique et de l'apprentissage (ATENA)

« C’est une transformation profonde qui attend les équipes enseignantes et notre rôle est de leur apporter toute l’aide possible pour mener au mieux cette évolution. Cette dernière est enthousiasmante mais aussi exigeante pour les enseignants : experts dans leur discipline, ils vont devoir apprendre à travailler dans une approche transdisciplinaire et acquérir, pour certains, de nouvelles compétences notamment dans le domaine du numérique. Comment se former ? Comment trouver du temps ? Comment assurer une cohérence dans nos programmes et nos pratiques sur les cinq années de formation ? L’équipe ATENA, accompagnée des référents pédagogiques de chacun des départements et centres mais aussi de ses partenaires (OpenINSA, écoles d’ingénieurs du site Lyon Saint-Etienne), sera là pour identifier les besoins des équipes et y répondre. Je suis convaincue que la collaboration et le partage d’expériences sont les clés du succès. Il faut réinventer nos pratiques pédagogiques, travailler ensemble (équipes enseignantes et étudiants), accepter d’apprendre des autres et de transmettre soi-même son savoir-faire. L’INSA Lyon deviendra ainsi, grâce à ce projet d’évolution de la formation, une véritable communauté apprenante. »

 

Lire aussi

🔸 Le développement durable et le numérique au cœur des enjeux de la formation INSA de demain ▫️ par Frédéric Fotiadu, Directeur de l'INSA Lyon

🔸 « C’est un chantier ambitieux face à des enjeux sociétaux incontournables » 
▫️ Entretien avec Christian Olagnon, Directeur de la Formation
 

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14 mai
14/mai/2020

Formation

« C’est un chantier ambitieux face à des enjeux sociétaux incontournables »

Entretien avec Christian Olagnon, directeur de la formation

Le conseil des études et le conseil d’administration de l’établissement viennent d’approuver une feuille de route pour faire évoluer la formation, en renforçant deux axes transversaux majeurs : le développement durable et la responsabilité sociétale (DD&RS) et le numérique. Outre ces deux axes forts, l’école renforce son modèle de formation sur cinq ans, les deux premières années apportant le socle de compétences de base nécessaires aux métiers exercés par les ingénieurs. Christian Olagnon, directeur de la formation, nous éclaire sur la teneur, l’ampleur et les échéances de ce chantier.

Qu’est-ce qui motive de telles évolutions et en quoi la formation dispensée aujourd’hui va-t-elle changer ?
Tout le monde reconnaît que nous sommes face à des enjeux sociétaux d’une acuité et d’une ampleur inédites. En ce qui concerne l’environnement, même si ces enjeux sont identifiés depuis longtemps (plus de 30 ans en ce qui concerne le climat par exemple), force est de constater que l’on a trop longtemps ignoré le problème ou que l’on n’en a pas fait une priorité suffisante. Mais la perception générale de ces enjeux évolue, notamment grâce aux travaux du GIEC (voir par ex. le rapport de 2018 sur le réchauffement à 1,5°C) et de l’IPBES (rapport de 2019 sur l’état de la biodiversité et des services écosystémiques), qui montrent sans ambiguïté que des transformations profondes et rapides de nos sociétés sont nécessaires si l’on veut éviter une dégradation irréversible de nos conditions de vie. Les preuves scientifiques sont telles qu’il n’est plus possible de différer ces sujets. La décarbonation de l’économie, notamment, est devenue un impératif à court terme, auquel les ingénieurs peuvent et doivent apporter une contribution majeure dans les années à venir. Par ailleurs, nos étudiants, à juste titre, sont déjà très sensibilisés et veulent être acteurs de ces changements. Ils ont joué un rôle décisif ces dernières années en poussant l’établissement à donner à ces sujets un plus haut niveau de priorité. Au-delà de cette sensibilisation, l’enjeu est à présent de former nos étudiants sur ces sujets, qui sont d’une grande complexité, par nature interdisciplinaires, et qui représentent des « questions socialement vives ». Nous devons non seulement leur donner des clés de compréhension, avec des fondements scientifiques solides, mais également des leviers d’action, pour qu’ils contribuent à apporter des solutions.

Une autre transformation sociétale majeure est celle liée au numérique. En premier lieu, notre ambition est que tous les étudiants de l’INSA, quels que soient leurs choix de spécialité, acquièrent un bagage solide qui leur permet de maîtriser les techniques générales et les environnements numériques. Ce n’est que partiellement le cas aujourd’hui, il faut donc renforcer de manière significative la formation existante consacrée au numérique. Cela se fera avec des enseignements dédiés, mais aussi en faisant davantage appel au calcul numérique dans les enseignements de sciences de l’ingénieur. Enfin, les étudiants doivent également appréhender les évolutions, les limites et les impacts sociétaux du numérique, afin qu’ils puissent jouer un rôle dans la transformation numérique des milieux professionnels au sein desquels ils seront amenés à travailler.

Outre ces deux volets, DD&RS et numérique, l’établissement maintient le cap de la « démarche compétences » , qu’il faut poursuivre et approfondir. Le principe est de construire une progression des enseignements cohérente sur cinq ans pour que les diplômés qui sortent de l’école aient bien acquis les compétences visées. C’est cette progression qui doit être améliorée et formalisée, pour que l’ensemble des activités de formation contribue bien à ces compétences. On appelle cette méthodologie « approche-programme » . Notons au passage qu’à l’INSA, nous ne concevons pas les deux premières années comme des années de « prépa »  : les étudiants sont formés dès le début aux métiers d’ingénieur, en les confrontant à l’interdisciplinarité et à la résolution de problèmes d’ingénierie concrets.

Il est prévu que de nouveaux enseignements soient mis en place dès la rentrée 2021 en 1re et en 3e années. Comment le chantier va-t-il s’organiser ? Quelle sera son ampleur ?
Cette échéance de la rentrée 2021 est fixée par l’arrivée des nouveaux bacheliers, qui n’auront pas reçu la même formation au lycée que nos élèves actuels. Les maquettes de formation vont donc devoir être adaptées globalement. Même si le calendrier est serré, c’est le bon moment pour mettre en œuvre les évolutions souhaitées dans les domaines du DD&RS et du numérique.

Par ailleurs, pour que ces évolutions s’inscrivent bien dans une approche-programme, il faut dès le départ penser la progression des apprentissages sur les cinq années du cursus. Cela engage donc tous les Départements de formation. Nous voulons aussi que les enseignements de 3e année évoluent dès la rentrée 2021 (sans attendre l’arrivée des élèves issus de la réforme du bac) pour que le plus grand nombre d’étudiants puisse bénéficier le plus rapidement possible d’une formation renforcée au DD&RS et au numérique.

Il s’agit donc d’un chantier ambitieux, qui va demander une très forte mobilisation des équipes pédagogiques. Il y a déjà beaucoup d’enseignants volontaires, mais il faudra en entraîner davantage, et prouver que les réductions horaires appliquées à certaines disciplines jugées « fondamentales »  ne représenteront pas une perte pour la qualité globale de la formation, mais bien un bénéfice. Le dialogue avec les étudiants sera, à ce propos, essentiel : ce sont les premiers à réclamer le changement et ils ont des observations et des propositions tout à fait pertinentes. D’un point de vue opérationnel, un comité de pilotage et de coordination va être rapidement constitué, animé par Nicolas Freud, nommé chef de projet. Ce comité aura un rôle majeur à jouer, pour organiser le chantier, en lien étroit avec tous les départements et centres. Avec l’appui de l’équipe d'appui aux techniques de l'enseignement du numérique et de l'apprentissage (ATENA), il guidera et accompagnera les équipes pédagogiques, afin de bâtir les nouveaux enseignements dans chaque département sans perdre de vue la vision globale sur cinq ans.

Avec ce projet d’évolution de la formation, comment notre établissement se situe-t-il au sein du groupe INSA et par rapport à d’autres grandes écoles d’ingénieur ? 
À l’échelle d’un gros établissement comme l’INSA Lyon, il s’agit d’un projet unique car il vise à former 100% de nos étudiants sur des thématiques transversales devenues absolument incontournables. Les formations dispensées dans les établissements du groupe INSA vont certainement évoluer dans la même direction que nous, mais avec la feuille de route que nous nous sommes fixée, nous allons ouvrir la voie. De manière plus large, ces axes de formation renforcés à l’INSA Lyon seront un facteur différenciant par rapport à d’autres établissements. Dans le prolongement de notre héritage historique, nourri notamment par des valeurs d’ouverture et de responsabilité sociale, nous essayons d’apporter des réponses, à notre niveau, aux enjeux que rencontre le monde d’aujourd’hui.

La crise sanitaire actuelle, qui bouleverse notre fonctionnement et nous mobilise fortement, ne va-t-elle pas remettre en cause le bon déroulement de ce chantier ?
Cela ne facilite pas les choses, c’est certain. Cependant, avec la réforme des programmes du lycée, les élèves qui arriveront à l’INSA en 2021 n’auront plus le même bagage. Ce paramètre-là nous est imposé. Il nous faut donc mettre en œuvre au mieux les évolutions souhaitées, malgré les perturbations actuelles liées à la pandémie. Faire évoluer la structure des maquettes est donc incontournable et il faut y travailler dès maintenant, tout en composant avec les circonstances difficiles que nous connaissons. Comme à chaque fois que l’on fait bouger les lignes, il faut de la volonté - nous en avons - mais aussi de la souplesse pour avancer au mieux en s’appuyant sur l’intelligence collective.

 

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🔸 « Unir nos efforts au service d’une ambition commune pour l’établissement »
▫️ Témoignages d'acteurs en première ligne, dont Nicolas Freud, chef de projet « Évolution de la formation »


🔸 Le développement durable et le numérique au cœur des enjeux de la formation INSA de demain ▫️ par Frédéric Fotiadu, Directeur de l'INSA Lyon
 

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14 mai
14/mai/2020

Formation

Le développement durable et le numérique au cœur des enjeux de la formation INSA de demain

Pour répondre aux défis majeurs de notre époque, la formation INSA Lyon se réinvente. Frédéric Fotiadu, directeur de l’INSA Lyon, présente sa vision d’une évolution essentielle pour l'école.

« La période que nous traversons actuellement a un impact majeur sur notre organisation. Les enjeux inédits, qu’elle fait émerger à court terme et pour de longs mois encore, ne doivent toutefois pas nous détourner de chantiers de transformation majeurs, d’ores et déjà initiés, et d’une importance hautement stratégique pour notre avenir. C’est le cas de l’évolution de la formation, fruit d’une importante mobilisation collective, qui a abouti à une feuille de route votée par le conseil d’administration de l’INSA Lyon à une large majorité.

À travers cette évolution de la formation, il s’agit véritablement d’être en phase, voire en avance de phase avec les nouveaux défis de notre époque. Les organisations sont, de mon point de vue, confrontées aujourd’hui à trois transitions majeures : une transition écologique et environnementale, une transition numérique et une transition sociale. À ces défis partagés par tous les acteurs socio-économiques, s’ajoutent deux enjeux vis-à-vis desquels le degré d’exposition varie significativement selon les secteurs concernés : une transition de modèle économique et une transition institutionnelle, à savoir l’interaction avec l’ensemble des parties prenantes d’un écosystème.

Nos ingénieurs, plus que jamais, sont au cœur de ces problématiques. D’une part parce qu’ils maîtrisent la technique qui sous-tend toute activité humaine, mais aussi parce qu’ils en perçoivent les impacts sociétaux et environnementaux.

Cette position éminemment stratégique en fait des interlocuteurs et décideurs de premier ordre pour accompagner et initier la transformation des entreprises, en faire évoluer l’organisation, le cœur de métier et développer de nouvelles activités.

Rester à la pointe de cette expertise technique et être davantage encore au cœur des processus de décision, telle est l’ambition qui nous pousse aujourd’hui, au terme de plusieurs mois de travail collectif ayant impliqué personnels et étudiants, à faire évoluer notre formation selon deux axes prioritaires : former plus directement nos ingénieurs aux enjeux du Développement Durable & de la Responsabilité Sociétale, en mettant un accent particulier sur la question du réchauffement climatique, et faire progresser leur maîtrise des concepts et des techniques du numérique. 

Un autre chantier concerne l’évolution de notre contexte général de formation. Nos élèves seront encore davantage formés aux sciences de l’ingénieur dès la première année, dans une dynamique de transversalité entre les domaines enseignés. Nous nous éloignerons ainsi d’un modèle qui pouvait s’apparenter à celui des classes préparatoires, pendant les deux premières années de formation à l’INSA, en donnant encore plus de sens à nos enseignements dès le début du cursus. Enfin, cette nécessaire évolution est motivée par la réforme du baccalauréat, qui amènera vers nous une plus grande variété de profils, à laquelle nous devrons adapter nos contenus pédagogiques.

Ces évolutions de la formation ont été impulsées par une mobilisation forte et déjà ancienne des communautés enseignante et étudiante de l’établissement, en particulier dans le domaine du développement durable et de la responsabilité sociétale. Elles font aussi écho à la démarche prospective de l’établissement, désormais étendue au Groupe INSA, qui a permis d’associer à la réflexion un grand nombre de personnels et d’étudiants INSA ainsi que des partenaires externes. Il ressort de ces travaux une feuille de route, qui donne le cap pour les années à venir en même temps que le coup d’envoi, dès à présent, pour le passage aux réalisations concrètes.
En tant que Directeur de l’INSA Lyon, je suis particulièrement heureux et fier de voir notre établissement s’engager dans cette voie. C’est la démonstration de notre capacité à rester agile pour former des acteurs clés du monde de demain dans une dynamique de performance scientifique, économique, sociale et environnementale.
 » 

Frédéric Fotiadu,
Directeur de l’INSA Lyon 

 

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🔸 « C’est un chantier ambitieux face à des enjeux sociétaux incontournables » 
▫️ Entretien avec Christian Olagnon, Directeur de la Formation

🔸 « Unir nos efforts au service d’une ambition commune pour l’établissement »
▫️ Témoignages d'acteurs en première ligne, dont Nicolas Freud, chef de projet
« Évolution de la formation »

 

 

 

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23 avr
23/avr/2020

INSA Lyon

L’INSA Lyon toujours plus investi dans le développement durable

Le Times Higher Education a publié hier, mercredi 22 avril, la deuxième édition de son classement mondial dédié à la performance des établissements d’enseignement supérieur en matière de développement durable et de responsabilité sociétale. L’INSA Lyon se classe parmi les 200 meilleures universités mondiales ayant un impact positif sur la société et décroche la 5e place ex-aequo des institutions françaises*. Un rang remarquable pour un établissement engagé de longue date sur ces problématiques. Interview avec Nicolas Gaillard, directeur adjoint en charge du développement durable.

Avec sa 54e place mondiale sur la thématique « Énergie propre et abordable » et sa 70e place sur la thématique « Villes et communautés durables », l’INSA sort son épingle du jeu sur l’énergie et la durabilité. Qu’en est-il vraiment ?
En matière d’énergie, l’établissement se mobilise depuis de nombreuses années pour définir une trajectoire de transition énergétique et écologique. L’efficacité énergétique du patrimoine immobilier et le développement des énergies renouvelables sont en effet des axes prioritaires, au même titre que la réduction des impacts environnementaux liés à la gestion de l’eau, de la biodiversité et des espaces verts. 
Nous avons mis en place cet engagement au service de la durabilité depuis de nombreuses années, en instaurant notamment un bilan des émissions de gaz à effet de serre depuis 2009, associé à un plan d’actions en réduction et en compensation. Nous avons également réalisé, en 2016, un diagnostic complet des aspects énergétiques et écologiques.
Avec les programmes de travaux de l'opération Lyon Cité Campus, qui visent à réhabiliter les bâtiments de notre campus, sont intégrées des exigences environnementales fortes, fondées sur des cibles de performances Haute Qualité Environnementale. Il faut savoir, par exemple, que les façades structurelles ont été réhabilitées avec un matériau bio-sourcé, le bois, remplaçant en partie les anciens éléments en aluminium. Toutefois, le nouveau parement est resté en aluminium pour respecter le choix de l’architecte Jean Prouvé. 
Cet intérêt pour le patrimoine historique est d’ailleurs l’un des éléments qui expliquent notre bon classement dans la partie « Villes et communautés durables ». Nous sommes en effet attachés à la préservation du patrimoine historique et culturel, et notre campus en témoigne. C’est un campus ouvert sur la ville, avec des espaces verts et des espaces culturels dynamiques et accessibles. 

Depuis quand date la prise de conscience de l’INSA Lyon dans l’intérêt des enjeux DDRS ? 
Dès le début des années 2000, il y a près de vingt ans, notre école a mis le sujet de l’écologie au centre des discussions, avec la création d’une association étudiante, puis très vite le recrutement d’un chargé de mission. C’est en 2011 que l’INSA propose dans son projet d’établissement, un programme d’actions ciblées intitulé Agenda 21, qui sera institutionnalisé ensuite pour structurer la formation et la recherche au regard des enjeux DD&RS. Et en 2016, tout s’accélère. Avec la signature par la direction d’une charte Développement Durable et Responsabilité Sociétale proposée par nos élèves, qui fait des problématiques de développement durable un enjeu majeur et collectivement admis. Tous ces efforts nous conduisent naturellement à une labellisation officielle obtenue en 2019, pour une durée de 4 ans, qui vient reconnaître tout le travail réalisé pour faire de notre institut un établissement exemplaire en matière de d’engagement durable mais aussi pour intégrer la responsabilité sociétale dans son développement et veiller à mobiliser tous les acteurs. Et dernièrement, juste avant le confinement, nous avons eu l’immense honneur de recevoir le trophée des Campus Durables pour deux projets « verts », une récompense pour toute la communauté INSA qui se mobilise largement sur tous ces aspects.

La crise sanitaire occupe et préoccupe tous les esprits à l’heure actuelle, mettant au second plan la question de l’urgence climatique.
Qu’en pensez-vous ? 

Effectivement, le discours ambiant a fait passer les problématiques DD&RS au second plan. Les médias focalisent leur attention sur la crise, avec toutes les problématiques sanitaires et aussi économiques que cela soulève. Cette crise met en lumière la désindustrialisation de notre pays et la délocalisation de certaines productions, comme celle de masques et de gants, vers la Chine notamment, illustrant notre dépendance et nous contraignant à des coûts et des délais importants, ce qui est également un non-sens environnemental.  
Aussi, j'ai le sentiment que ces questions autour des enjeux climatiques et la place de l’humain dans la société vont revenir au cœur du débat, notamment dans les plans de relance post-Covid. 
Notre école est également préoccupée par la crise actuelle. Mais il convient peut-être de distinguer l’urgence de la situation d'une stratégie d’action à long terme. Les enjeux de transition sont majeurs : transition énergétique, changement climatique, enjeux sociaux et solidaires… Ces problématiques touchent tous les citoyens. Elles doivent être au cœur de nos réflexions. Elles le sont particulièrement à l’INSA, où à terme, nous souhaitons nous affirmer encore plus dans les domaines de la transition écologique et durable. Ces classements sont très encourageants, mais nous voulons aller plus loin pour construire un avenir plus durable, qui porte des valeurs sociales et environnementales auxquelles nous croyons.

 

* L’INSA Lyon est classé dans les « 201-300 » sur 767 institutions pour le classement global. En 2019, l’INSA était classé « 301-400 » sur 450 institutions. L’école se distingue sur 8 indicateurs des 17 objectifs de développement durable établis par l’Organisation des Nations Unies : 

Égalité des sexes : 
Recherche sur l'étude du genre, les politiques en matière d'égalité des sexes et l'engagement à recruter et à promouvoir les femmes
INSA Lyon classé au rang 301-400 

Eau propre et assainissement :
Recherche liée à l'eau, à l'utilisation de l'eau et à l'engagement à assurer une bonne gestion de l'eau dans la communauté au sens large
INSA Lyon classé au rang 201-300 

Une énergie propre et abordable :
Recherche sur l'énergie, utilisation et politiques énergétiques, et engagement à promouvoir l'efficacité énergétique
INSA Lyon classé au rang 54 

Réduction des inégalités :
Recherche sur les inégalités sociales, les politiques en matière de discrimination et l'engagement à recruter du personnel et des étudiants issus de groupes sous-représentés
INSA Lyon classé au rang 101-200 

Villes et communautés durables :
Recherche sur la durabilité, le rôle de gardien des arts et du patrimoine et les approches internes de la durabilité
INSA Lyon classé au rang 70

Action pour le climat :
Recherche sur le changement climatique, l'utilisation de l'énergie et les préparatifs pour faire face aux conséquences du changement climatique
INSA Lyon classé au rang 101-200 

La vie sous l'eau :
Recherche sur la vie sous l'eau et éducation et soutien aux écosystèmes aquatiques
INSA Lyon classé au rang 101-200 

Partenariats pour les objectifs :
Les moyens plus larges par lesquels les universités soutiennent les objectifs de développement durable par la collaboration avec d'autres pays, la promotion des meilleures pratiques et la publication de données
INSA Lyon classé au rang 201-300

 

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