Prospective

21 juin
21/juin/2018

INSA Lyon

La Prospective à l’INSA Lyon : décollage réussi pour l’horizon 2040

Le vendredi 8 juin dernier, les salles de cours du premier cycle ont accueilli le séminaire qui a marqué le lancement de la démarche de prospective, stratégique pour l'INSA Lyon à l'horizon 2040. Quels sont les futurs possibles pour l’établissement ? Quels futurs choisis veut-on faire advenir ?

L’année anniversaire qui a marqué les 60 ans de l’INSA Lyon a apporté des éléments de compréhension du passé et permis de réaffirmer les valeurs et l’identité de l’école. Dans cette continuité et selon la méthodologie de son fondateur, Gaston Berger, l’INSA Lyon souhaite « retrouver l’esprit pionnier » en invitant ses acteurs à envisager l’avenir. 
Focus sur une démarche collective et inédite dans l’enseignement supérieur.

Éclairer le présent grâce aux futurs

Ni « divination », ni concept fantaisiste, la méthode prospective propose d’observer le présent à la lumière des futurs possibles et souhaitables. C’est une démarche exploratoire qui interroge l’école autour de cinq grandes questions : « que peut-il advenir ? », « qui sommes-nous ? », « que pouvons-nous faire ? », « que voulons-nous faire ? » et « comment le faire ? ». Pour tenter de répondre aux préoccupations face à son avenir, l’INSA Lyon s’appuie sur la démarche de Gaston Berger, dont le travail s’était inscrit dans une dynamique avant-gardiste pour son époque. Allier la compréhension et l’action, telle est l’ambition de cette initiative.

« J’ai été ravie de participer à ce séminaire et j’ai beaucoup aimé l’ambiance qui s’en est dégagée ! Le travail en groupe était stimulant et j’ai tout de suite eu envie de m’impliquer dans cette initiative. Je me suis d’ailleurs prêtée au rôle de « reportrice » lors des séances plénières de la matinée et c’était un exercice très agréable d’échanger les différents points de vue de chacun des groupes. Ce fut également l’occasion de rencontrer des collègues que je ne connaissais pas et de nouer des contacts de tous horizons. En tant qu’ancienne étudiante INSA, j’ai trouvé la démarche prospective excellente et je suis impatiente de connaître les fruits de cette réflexion globale. » confie Sorina Pop, ingénieur INSA 2007 et ingénieur de recherche au laboratoire CREATIS.

La Prospective considère l’avenir en trois grands « domaines » : 
-    L’avenir, domaine de liberté : le futur n’est pas déterminé et n’est pas une fatalité mais une chance, constitué d’un ensemble des futurs possibles et imaginables 
-    L’avenir, domaine de volonté : il est le fruit de l’action ; il faut pour cela étudier les futurs possibles et agir pour advenir le futur choisi
-    L’avenir, domaine de responsabilité : face à un avenir ouvert, choisir son avenir est une obligation qui relève d’une responsabilité collective

Pour appliquer cette méthode à son environnement propre, l’INSA Lyon suivra quatre grandes étapes : la mobilisation, l’anticipation, l’appropriation et la décision. Un premier séminaire, organisé le vendredi 8 juin, a permis à 80 personnels de l’INSA Lyon de travailler en ateliers doublés de séances plénières, sur la collecte et l’analyse d’idées reçues concernant l’enseignement supérieur et l’INSA Lyon, l’identification de facteurs de changement et des représentations passé, présente, futur, souhaitée et redoutée de l’INSA Lyon. Le même travail sera réalisé dans le cadre de prochains ateliers avec d’autres parties prenantes de l’école (élèves, alumni, membre du Conseil d’Administration, entreprises, partenaires académiques, institutionnels, responsables politiques, représentants du monde associatif…). À la suite de ces ateliers de lancement, un Groupe Prospective, comprenant des personnels INSA Lyon et des externes, sera constitué pour accompagner la réflexion prospective de l’INSA Lyon pendant toute la durée de la démarche. L’école lancera un appel à candidature en interne dans les prochains jours pour recruter les membres de ce groupe.

Une démarche par essence, collective

« Imaginer et préparer l’avenir, ensemble » : la Prospective est destinée à valoriser les collectifs humains. L’implication active et volontaire est une condition indispensable à l’efficacité de l’approche, car l’anticipation ne peut se transformer en action qu’avec l’appropriation des acteurs concernés. En cherchant à développer l’intelligence collective, en écoutant ses collaborateurs et en ouvrant la diversité des points de vues, l’INSA Lyon aspire à décloisonner les schémas de fonctionnement pour devenir une institution plus agile. 

« J’ai trouvé très constructif de travailler de façon collective avec des équipes internes à l’INSA Lyon car cela créé une vraie proximité entre les gens et les entités. Nous pouvions nous exprimer librement et nous étions tous très impliqués dans la démarche réflexive. J’avais déjà assisté à un événement de présentation de la Prospective, et ces ateliers m’ont permis de comprendre les bénéfices de cette initiative en m’exprimant sur des sujets vraiment pertinents. L’encadrement par des animateurs internes à l’INSA et par Philippe Durance, spécialiste de la méthode Prospective nous ont permis d’aborder des questions intéressantes pour la suite du travail, même si j’aurais souhaité pousser la réflexion un peu plus loin malgré le temps imparti. Je ne peux qu’encourager toutes les parties prenantes de l’INSA Lyon à participer à cette démarche prospective ! » a déclaré Julien Serral, directeur adjoint de la direction du patrimoine.


L’INSA Lyon, pionnier de l’enseignement supérieur à se lancer dans la démarche Prospective

Fidèle à sa forte capacité d’adaptation à un monde changeant et à son esprit d’initiative, l’INSA Lyon s’est lancé le défi de la démarche, inédite en France et ambitieuse pour une institution aussi importante que l’INSA Lyon. L’attitude prospective exige une profonde analyse de son identité et de son environnement, une vision large pour s’extraire des forces du présent et replacer l’humain au centre des décisions.
Si de nombreuses entreprises et chefs d’Etat se sont auparavant engagés dans une démarche prospective, aucun établissement de l’enseignement supérieur français n’avait entrepris, jusqu’à présent, cette réflexion stratégique pour son devenir sur la base de cette méthodologie.  

 

 

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14 mar
14/mar/2018

INSA Lyon

Prospective : « on peut avoir un coup d’avance sur ce qui va arriver »

Alors que le modèle INSA a été pensé il y a 60 ans par le père de la prospective, Gaston Berger, il est plus que temps de s’interroger sur la philosophie d’un modèle né pour durer. Entretien avec Philippe Durance, spécialiste de la prospective et accompagnateur de nombreuses organisations publiques et privées dans leur réflexion prospective et stratégique.

Qu’est-ce qu’une démarche prospective ?
La prospective est un outil de transformation, d’accompagnement du changement. C’est une démarche originale, qui a pour caractéristique principale de prendre explicitement en compte l’avenir, d’en faire un objet d’analyse à part entière. Elle s’organise généralement à travers trois instances : un comité de pilotage, qui suit le déroulement et évalue ; un comité d’études, qui produit un certain nombre de documents destinés au troisième groupe, celui de la prospective, dont les membres nourrissent la réflexion prospective et stratégique.
La prospective est une maïeutique : son objet se dessine au fur et à mesure que la reflexion avance. Éric Maurincomme m’a sollicité pour accompagner une démarche prospective à l’INSA. Elle est lancée sur 10 mois, de l’élaboration d’une réflexion stratégique à l’énonciation d’un plan d’actions.

Pourquoi avoir accepté d’accompagner cette démarche à l’INSA Lyon ?
L’INSA Lyon est un établissement majeur dans le paysage de l’enseignement supérieur et de la recherche en France. C’est une école d’ingénieurs qui perpétue la pensée mise en action par l’un de ses fondateurs, Gaston Berger, de former des scientifiques avec une forte dimension humaine. Je pense que c’est à l’occasion des 60 ans de l’école que l’envie d’initier la démarche prospective est née, et que l’opportunité d’appliquer cette démarche au cœur de l’établissement s’est faite sentir.

Quel message pourriez-vous faire passer à ceux qui ont peur du changement ?
La peur du changement est inhérente aux institutions. Le changement est généralement repoussé parce qu’il est vu comme une incertitude. Le problème est que nous sommes entrés depuis quelques décennies dans une période d’incertitude globale. En explorant l’avenir, la prospective permet de réduire cette incertitude et, surtout, d’avoir un coup d’avance sur ce qui va arriver. Il ne s’agit pas de changer pour changer, mais de ne pas subir le changement imposé de l’extérieur, d’être le moteur du changement, d’être maître de son avenir. C’est un processus participatif, un endroit où on peut s’exprimer, débattre, échanger des idées. La prospective se nourrit de la différence de chacun. Il est possible de n’être pas d’accord et de le dire, mais avec bienveillance. L’idée est de construire quelque chose de commun et d’y aller ensemble.

Comment avez-vous découvert Gaston Berger ?
Par hasard ! J’avais un ami professeur à Saint-Denis, qui est parti au Canada pour prendre la responsabilité d’une chaire. C’est en l’aidant à monter son réseau de recherche que je découvre la prospective. J’ai rencontré alors Michel Godet, titulaire de la chaire prospective du CNAM depuis 1987, qui m’a fait découvrir la richesse de cette approche. Mais, si beaucoup d’outils avait été développés pour rendre la prospective plus rationnelle, il m’a semblé que sa véritable richesse venait d’ailleurs : de l’attitude vis-à-vis de l’avenir qui était proposée, de sa capacité à relier, de sa critique profonde de la décision, etc. C’est chemin faisant que je découvre Gaston Berger, père de la prospective.

Que dire sur Gaston Berger ?
Berger était un être exceptionnel. La prospective, c’est Gaston Berger. Elle est née dans son esprit à une époque de maturité : il avait une soixantaine d’années, une grande expérience et avait toujours été à cheval entre la réflexion et l’action. Comment faire pour agir de manière réfléchie et nourrir mon action de ma réflexion ? C’est ce qui l’a guidé tout au long de sa vie. La prospective n’a pu être nommée que parce que Gaston Berger a pu mettre un nom sur la pensée qui l’a animé pendant 20 ans, une pensée de philosophe en action ! C’est un petit miracle. Nous retrouvons des pensées proches de celles de Berger, notamment avec des philosophes allemands, mais elles ne vont jamais jusqu’au bout, jusqu’à l’action, la construction collective. Le seul à l’avoir fait, c’est lui.

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