Institut Gaston Berger

13 avr
13/avr/2021

INSA Lyon

« Si on ne s’attaque pas à la question de l’égalité, on verra poindre une crise dans la crise. »

Le 22 avril prochain, l’INSA Lyon accueillera l’étape lyonnaise du « Grand Tour #NotreGénérationÉgalité » qui porte une ambition forte : favoriser l’égalité réelle dans une société plus inclusive, durable et respectueuse de chacune et chacun. Pour concrétiser cette ambition, le « Grand Tour » propose une quinzaine de rendez-vous consultatifs pour connecter les préoccupations de toutes et tous à l’action diplomatique du pays en vue du sommet initié par ONU Femmes, le Forum Génération Égalité. Et la communauté de l’INSA Lyon est sollicitée. Thomas Friang, fondateur et directeur général de l’Institut Open Diplomacy, explique la démarche qui se veut participative.

Une tribune publiée dans les pages du Monde, également co-signée par l’INSA Lyon, débute sur l’idée suivante : d’un point de vue législatif, l’égalité est « en bonne voie », mais la réalité est encore toute autre. Pourquoi les lois ne suffisent-elles pas à construire une société égalitaire ?

Ce que cette idée veut surtout dire, c’est que bâtir une société exemplaire est plus difficile que de faire une loi. Bien sûr, l’arsenal législatif renforce les moyens de lutter contre les inégalités et ont des répercussions très concrètes comme la loi Veil qui a permis la dépénalisation de l’avortement ou la loi Coppé-Zimmerman qui veille à la représentation équilibrée des femmes et des hommes au sein des conseils d’administration par exemple. Ces lois existent et ont fait progresser l’égalité femmes-hommes, mais elles ne nous emmènent pas au dernier kilomètre. Ce qui prend du temps, c’est le développement d’une culture égalitaire qui n’adviendra que quand cet objectif sera partagé, non pas seulement par les pouvoirs publics, mais par la société toute entière, les entreprises et les associations autant que les collectivités publiques, par les hommes autant que par les femmes. On ne peut pas parvenir à une société égalitaire sans que chacun des acteurs ne soit impliqué dans la conception et la mise en œuvre de cette société plus juste. L’esprit et les moyens de la législation sont une chose, son appropriation par toutes les forces civiques en est une autre. Nous souhaitons passer des droits formels aux droits réels.

Le « Grand Tour » donne lieu à plusieurs grandes conférences et fera étape -virtuellement - à l’INSA Lyon le 22 avril prochain. Il convie la communauté insalienne à exprimer ses idées pour construire une société égalitaire. Ce que l’Institut Open Diplomacy nomme « la philosophie de la diplomatie participative » est donc une façon de passer du cadre législatif à une réalité plus égalitaire ? Pourquoi solliciter les établissements d’enseignement supérieur en particulier ? 

Effectivement, ces quinze rendez-vous citoyens prépareront « Le Forum Génération Égalité », un sommet initié par ONU Femmes que la France et le Mexique co-présideront en juin. Cela fait 26 ans que la « Plateforme d’action de Beijing » a été adoptée et a fixé un cadre normatif. Maintenant, il faut passer à l’action avec des engagements mesurables avec des effets prévisibles à 5 ans. Les établissements comme l’INSA Lyon sont des acteurs indispensables pour plusieurs raisons. D’abord, ces établissements sont des employeurs dont les politiques RH doivent être en phase avec l’égalité femmes-hommes. L’enseignement supérieur et la recherche sont globalement assez paritaires, même s’il y a encore beaucoup de progrès à faire à la tête des établissements. Ensuite, les écoles et universités forment des étudiants, qui sont des citoyens. Ils sont donc en capacité directe de contribuer à faire advenir « la génération égalité », car le passage à l’égalité réelle, c’est la génération qui arrive qui pourra l’atteindre. Enfin, la mission de partage de la science dans le débat public dans ces établissements est particulièrement intéressante pour contribuer à structurer le débat public. À l’INSA Lyon, l’Institut Gaston Berger va jouer un rôle très important, car l’égalité est l’une de ses raisons d’être, et travaille quotidiennement sur le sujet. Les évènements diplomatiques où la société civile est conviée sont finalement très rares et pourtant, ce que j’ai pu remarquer durant les trois premières étapes du Grand Tour, c'est que les contributions concrètes des étudiants, enseignants, chercheurs et personnels sont très écoutées par les parlementaires, présidents de Région et les ministres présents.

Après le Grand Tour, les propositions seront compilées et proposées lors du « Forum Génération Égalité », présidé par le président de la République, Emmanuel Macron : la diffusion des idées citoyennes aura donc une issue concrète. Quel est le plan, ensuite ?

Le « Grand Tour » débouchera en juin sur ce sommet initié par ONU Femmes que la France préside. À cette occasion seront lancées, avec plus de 60 États partenaires, des actions concrètes à l’échelle internationale, nourries des contributions des Françaises et des Français que nous aurons recueillies. Ce que j’observe déjà, c’est que le processus lui-même est très instructif. Lorsque nous tenons les conférences consultatives région par région, je vois des ministres prendre des notes. Cela signifie que les propositions citoyennes n’attendent pas le sommet onusien pour être diffusées. Les idées qui émergent des conférences impriment déjà les esprits. C’est d’ailleurs ce que prouve la démocratie participative : le pouvoir ne réside pas qu’entre les mains des politiques, mais bien entre toutes les mains de tous les acteurs du corps social. C’est l’esprit civique qui nous anime : fournir aux Françaises et Français tous les outils pour prendre conscience de leurs rôles respectifs dans ce combat culturel et passer à l’action.

« Génération Égalité ». Ne pourrait-on pas aussi la nommer « génération environnement », « génération biodiversité » ou « génération société numérique » ? Cela fait beaucoup pour les épaules d’une seule génération, non ?

C’est une question extraordinairement difficile qui est un problème de philosophie politique. De mon point de vue, il ne faut pas voir l’enjeu de l’égalité comme une tâche supplémentaire dans la « to-do list » des gouvernements. Ce que l’on remarque à chaque crise, et la crise sanitaire en est un exemple parlant, c’est que les inégalités sont toujours plus accentuées : parmi tous ceux qui souffrent, il y a toujours une partie de la population qui paye une facture plus élevée que le reste, et c’est souvent celle qui est déjà discriminée. Si on ne s’attaque pas à la question de l’égalité, qu’elle soit de genre, raciale ou sociale, on verra poindre une crise dans la crise. Et au final, la cohésion sociale, notre atout le plus précieux pour faire face à ces défis, sera elle-même affectée. Travailler sur l’égalité femmes-hommes, y compris par temps de pandémie ou de crise climatique est un paramètre majeur pour résoudre l’équation. Mieux, c’est une opportunité pour traiter plus intelligemment la crise, y apporter une réponse plus durable et efficace. 

 

Le Grand Tour #NotreGénérationÉgalité
L’INSA Lyon accueille l’étape régionale du Grand Tour #NotreGénérationÉgalité le jeudi 22 avril 2021. Cet événement se déroulera sous la forme d’une conférence consultative en ligne de 14h à 17h.
De nombreuses personnalités échangeront autour d’idées à mettre en place pour élaborer un programme d’actions concrètes et prendre des engagements sur les cinq prochaines années afin de faire progresser durablement l’égalité femmes-hommes dans le monde. Cette étape régionale sera marquée par la participation de M. Cédric O, Secrétaire d’État chargé de la transition numérique et des communications électroniques.
Inscription : https://www.open-diplomacy.eu/grand-tour-generation-egalite 

 

Pour aller plus loin sur le sujet : 
Podcasts « Les cœurs audacieux » -  Saison 1 / Épisode 6 - 24 juin 2021
 

Mots clés

22 avr
Du 22/04/2021 14:00
au 22/04/2021 17:00

INSA Lyon

Le Grand Tour - Forum Génération Egalité

15 étapes en avril et mai 2021

En partenariat avec l’Institut Open Diplomacy, l'INSA Lyon accueille une étape du Grand Tour - Forum Génération Egalité, en présence de M. Cédric O, Secrétaire d’Etat chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques.

En amont du Sommet International « ONU Femmes » qui aura lieu fin juin, le Grand Tour donne lieu à 14 conférences consultatives sur tout le territoire, permettant de recueillir les réflexions des participants sur la manière de faire progresser durablement l’égalité entre les femmes et les hommes dans le monde.
Les conclusions de ces travaux seront remises au gouvernement en amont du Sommet, co-organisé par la France et le Mexique, et qui rassemblera en juin 2021, à Paris, 60 chefs d’Etat et de gouvernement. 

L’égalité femmes-hommes, constitue un enjeu majeur pour l’INSA Lyon. En nous impliquant dans le Grand Tour #NotreGénérationEgalité, nous sommes particulièrement heureux et fiers et contribuer à la dynamique internationale engagée au service de cette ambition. 

Programme du jeudi 22 avril 2021 de 14h à 17h

Conférence consultative autour de M. Cédric O, Secrétaire d'Etat chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques avec : 

•    Thomas Friang, Fondateur et Directeur général de l'Institut Open Diplomacy
•    Dr. Frédéric Fotiadu, Directeur de l'INSA Lyon
•    Juliette JARRY, Vice-présidente Région Auvergne Rhône-Alpes déléguée au numérique
•    Marie-Noëlle Battistel, Députée de l'Isère, Vice-présidente de la Commission aux Affaires économiques et de la délégation aux Droits des femmes
•    Rana Hamra, Fondatrice d'Humanity Diaspo
•    Pauline Adam-Kalfon, Associée de PwC France
•    Fatima Bakthi, Secrétaire générale adjointe de Femmes Ingénieurs
•    Emmanuelle Quiles, Présidente de Janssen France
•    Sonia Bechet, Directrice de l'Institut Gaston Berger
•    SEM Delphine O, Ambassadrice et Secrétaire générale du Forum Génération Égalité
•    SEM Hans-Dieter Lucas, Ambassadeur d'Allemagne

En raison des conditions sanitaires, l’évènement sera totalement proposé en format digital.
La participation est gratuite et ouverte à toutes et tous.
Inscription obligatoire : https://www.open-diplomacy.eu/grand-tour-generation-egalite

 

30 avr
30/avr/2021

INSA Lyon

L'INSA Lyon, hôte du Grand Tour #NotreGénérationÉgalité

En partenariat avec l’Institut Open Diplomacy, l'INSA Lyon a accueilli une étape du Grand Tour - Forum Génération Egalité, en présence de M. Cédric O, Secrétaire d’Etat chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques.

En amont du Sommet International « ONU Femmes » qui aura lieu fin juin, le Grand Tour donne lieu à 14 conférences consultatives sur tout le territoire, permettant de recueillir les réflexions des participants sur la manière de faire progresser durablement l’égalité entre les femmes et les hommes dans le monde.
Les conclusions de ces travaux seront remises au gouvernement en amont du Sommet, co-organisé par la France et le Mexique, et qui rassemblera en juin 2021, à Paris, 60 chefs d’Etat et de gouvernement. 

L’égalité femmes-hommes constitue un enjeu majeur pour l’INSA Lyon. Cette implication dans le Grand Tour #NotreGénérationEgalité permet à la communauté INSA de contribuer à la dynamique internationale engagée au service de cette ambition. 

Voir ou revoir l'étape 6 du Grand Tour #NotreGénérationÉgalité​​​​ avec M. Cédric O

3 questions à M. Cédric O | Etape 6/14 du Grand Tour #NotreGénérationÉgalité​

L'étape 6 du Grand Tour a eu le plaisir d'accueillir, autour de M. Cédric O, Secrétaire d'Etat chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques : 
•    Thomas Friang, Fondateur et Directeur général de l'Institut Open Diplomacy
•    Pr. Frédéric Fotiadu, Directeur de l'INSA Lyon
•    Juliette JARRY, Vice-présidente Région Auvergne Rhône-Alpes déléguée au numérique
•    Marie-Noëlle Battistel, Députée de l'Isère, Vice-présidente de la Commission aux Affaires économiques et de la délégation aux Droits des femmes
•    Rana Hamra, Fondatrice d'Humanity Diaspo
•    Pauline Adam-Kalfon, Associée de PwC France
•    Fatima Bakthi, Secrétaire générale adjointe de Femmes Ingénieurs
•    Emmanuelle Quiles, Présidente de Janssen France
•    Sonia Bechet, Directrice de l'Institut Gaston Berger
•    SEM Delphine O, Ambassadrice et Secrétaire générale du Forum Génération Égalité
•    SEM Hans-Dieter Lucas, Ambassadeur d'Allemagne

Informations complémentaires

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03 mar
03/mar/2021

Formation

« Quand on pousse à la curiosité scientifique, fille ou garçon, l’engouement est le même » 

USA, 1960. Lorsqu’elle intègre le Massachusetts Institute of Technology (MIT), Margaret Hamilton se voit assignée à un programme que personne n’est jamais parvenu à résoudre. Pourtant, Margaret réussit à faire fonctionner le programme facétieusement piégé par ses collègues, ce qui lui vaudra la place de candidate idéale pour le rôle de développeuse à la NASA. En 1963, elle rejoint le laboratoire chargé des logiciels du programme Apollo, dans lequel elle aura un rôle crucial. 

Lyon, 2021. Margaret Hamilton, la femme qui a permis à l’Homme de marcher sur la Lune, sera la figure tutélaire d’un atelier développé par le Clubelek à destination des élèves d’écoles primaires et de collèges le 11 mars prochain. Thomas Vadebout, élève-ingénieur en 3e année de génie électrique et président de l’association étudiante explique les intentions cachées derrière l’atelier « Apollo », soutenu par l'Institut Gaston Berger de Lyon. Interview.

En quoi consiste l’atelier intitulé « Apollo » ? Quels sont ses objectifs ? 
Une des raisons d’être de notre association est d’expliquer et de promouvoir l’électronique et la mécatronique au plus grand nombre. Nous animons régulièrement des ateliers d’initiation auprès d’enfants et adolescents, dans des centres sociaux notamment. L’atelier « Apollo » a pour objectif premier de faire manipuler de la programmation informatique à travers un exercice ludique : faire atterrir virtuellement la fusée Apollo sur la lune. La mission est de taille : il faudra veiller à la puissance des moteurs pour ne pas faire exploser la fusée lors du décollage, faire le plein de carburant du lanceur, faire alunir les astronautes à la bonne vitesse et appeler le président des États-Unis depuis la lune pour attester de la bonne réussite de la mission. Rien que ça ! Et pour replacer cette mission dans un contexte historique, nous avons choisi de l’incarner à travers la personnalité de Margaret Hamilton dont l’influence a été primordiale dans le -vrai- programme Apollo. Cet atelier a été mis en place par l’ancien bureau, auparavant présidé par Antoine Rochebois en (4TC), mais en raison du premier confinement, il a dû être déplacé à plusieurs reprises. Antoine a conçu les maquettes et développé le site web qui permettent aux élèves de programmer et de tester leurs codes sur des modèles réduits ou des animations. Il a pour cela reçu l’aide de Théophile Wallaert (3GM), président du CLES-FACIL, et de Nolwenn Deschand (3IF), bénévole à l’association Objectif pour l’Emploi et secrétaire générale d’INSA Talks, pour le choix des thématiques, certains aspects techniques et la planification de l’atelier. Profitant de deux confinements pour s’améliorer, le projet est aujourd’hui bien abouti. Alors nous sommes impatients de pouvoir le présenter à de jeunes élèves !

 

Quel a été le rôle de la scientifique dans les premiers pas de l’Homme sur l’astre, concrètement ? 
Sans elle, la mission aurait été périlleuse et n’aurait peut-être pas eu la fin heureuse qu’on lui connaît. Margaret Hamilton a non seulement jeté les bases du génie logiciel mais elle a été responsable de l’équipe chargée du développement du système embarqué du vaisseau. Elle a aussi participé à la création d’un logiciel de priorisation des tâches qui s’est avéré crucial à la mission Apollo 11 lorsque trois minutes avant l’alunissage, l’ordinateur de bord s’est retrouvé surchargé d’informations. Elle a été pionnière dans une discipline qui n’existait pas à l’époque, et l’ampleur de la tâche du programme Apollo était si grande ! Et pourtant, elle n’a été reconnue que tardivement pour son apport à la science. D’abord par la NASA en 2003, puis en 2017 par Barack Obama qui lui remet la plus haute distinction civile américaine : la médaille présidentielle de la liberté, 48 ans après la mission Apollo 11 !

 

Pourquoi avoir choisi Margaret Hamilton comme personnalité centrale dans le déroulement de votre atelier ? 
Lorsque j’essaie de me figurer la situation de Margaret Hamilton dans l’Amérique conservatrice des années soixante, j’ai du mal à me dire que l’on pouvait ne pas reconnaître les exploits scientifiques d’une personne, seulement parce qu’elle était une femme. En tant qu’association technique insalienne, nous n’avons au sein de notre équipe que peu de membres féminines. Je ne pense pas que cela vienne du domaine car notre école accueille une presque majorité de filles {47% en première année, ndlr} et les différents ateliers que nous menons me l’ont déjà démontré : quand on pousse à la curiosité scientifique, il n’y a pas de différence d’engouement chez les filles et les garçons. Mais cela signifie seulement qu’il y a encore beaucoup de chemin à parcourir. Alors je crois que porter à la connaissance d’un public souvent en recherche de figures auxquelles s’identifier, une personnalité comme celle de Margaret Hamilton est important, surtout autour d’un fait historique qui a fait rêver et qui continue de faire rêver autant de personnes. C’est notre façon à nous d’apporter notre pierre à l’édifice, en tant qu’association étudiante, dans la reconnaissance des femmes à exister dans le paysage scientifique et plus largement à l’égalité des genres.

 

L’atelier « Apollo » est particulièrement soutenu par l'Institut Gaston Berger de Lyon dont la logique d’égalité des chances se traduit notamment par des programmes d’incitation proposés aux collèges partenaires. Le collège Barbusse de Vaulx-en-Velin sera le premier à participer à la première session du 11 mars, à travers le dispositif des cordées de la réussite. Plusieurs dates sont également prévues avec d’autres établissements partenaires d’ici la fin de l’année, si les conditions sanitaires le permettent. « L’initiative du Clubelek croise les missions d’ouverture sociale et d’égalité de genre du l'Institut Gaston Berger de Lyon. Le Clubelek s’est énormément investi pour répondre à la problématique de départ et leurs qualités de vulgarisation scientifique sont assurément des atouts pour devenir des ingénieurs responsables », a précisé Clémence Abry-Durand, chargée de mission égalité de genre au CGB.

En avril 2021, l’atelier Apollo a été labellisé « Cap Ingénieuses », une initiative créée début 2021 par la Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs (CDEFI), pour valoriser des projets ludiques et pédagogiques portés par des écoles d’ingénieurs et menés en collaboration avec des écoles élémentaires et des collèges locaux.

Légende vignette gauche : Margaret Hamilton devant les lignes de code du logiciel de navigation produites pour le programme Apollo. (Crédits :  Draper Laboratory)

 

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03 mar
03/mar/2021

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Les HCL et l’INSA Lyon : de la solidarité au brevet d’invention

C’est avec un peu de plastique fondu, un soupçon d’énergie créatrice et beaucoup de bonne volonté que la vague de solidarité des « makers anti-covid » insaliens du premier confinement vient de donner lieu un an plus tard, à un partenariat entre l’établissement et les Hospices Civils de Lyon. Désormais, les personnels soignants disposent d’une plateforme d’impression 3D qui leur permet de créer selon leurs besoins, les produits de protection nécessaires à leur quotidien. Valentin Ripard, ingénieur d’études au laboratoire LaMCos1, a participé à la naissance de la relation entre les deux institutions lyonnaises. Il raconte comment une initiative solidaire a pris une ampleur telle, qu’elle a engendré un dépôt de brevet et un partenariat.

La belle histoire qui unit l’INSA Lyon aux HCL remonte au printemps 2020, lorsque enseignants, étudiants et laboratoires avaient naturellement retroussé leurs manches pour produire des visières grâces à l’impression 3D. L’initiative rejoignait un élan national de solidarité, le mouvement des « makers » qui, confinés, mettaient à profit leurs temps et leurs énergies à soutenir les personnels soignants qui faisaient face à la pénurie d’équipements de protection individuelle. « Je crois qu’à cette période, nous avons réussi à capitaliser sur ce sentiment que beaucoup ont ressenti : celui de se sentir inutile et passif face à cette crise sans précédent. En tant qu’ingénieur, professeur, étudiant ou chercheur, nous avions des compétences sur la conception d’objets que nous voulions mettre au service du bien commun. La solidarité étant une valeur très prégnante à l’INSA, il n’a pas été difficile de trouver des volontaires pour s’engager dans la cause », explique Valentin Ripard, encore doctorant à l’époque. 

Alors que les machines de fabrication additive de la plateforme FIMI2  avaient trouvé place dans les domiciles des bénévoles insaliens et dessinaient de leurs fils fondus des visières destinées à protéger du virus, le réseau des « makers » insaliens devenait de plus en plus organisé : récolte des matières premières, fabrication, distribution… Chacun avait sa partition et la mélodie avait rapidement résonné dans les couloirs des hôpitaux des HCL, où les besoins étaient croissants. « Il faut se remémorer le contexte du quotidien du premier confinement : on circulait très peu et il n’y avait pas encore assez de masques pour tous. La moindre petite aide comptait énormément ! Alors, avec l’équipe, nous faisions le tour des besoins urgents, et nous adaptions nos produits, en développant des visières, des pousse-portes… Nous étions devenus une organisation très structurée et la collaboration avec les HCL devenait de plus en plus forte », ajoute l’ingénieur d’études. 

Alors que le déconfinement commençait à pointer le bout de son nez, les troupes bénévoles qui assuraient les impressions presque 20h/24h fatiguent. Au compteur : près de 12 000 visières produites durant le printemps 2020. L’idée d’une plateforme technologique émerge alors. « L’idée de monter une plateforme entièrement destinée aux besoins des HCL est venue d’amis restaurateurs lyonnais qui avaient d’ailleurs participé à fournir des repas aux étudiants aux côtés de la Fondation INSA Lyon. Grâce à des dons conséquents, notamment de mes collègues de la Fédération Française de Rugby qui ont lancé une cagnotte en ligne, nous avons décidé avec les HCL et le département FIMI, de faire de cette initiative quelque chose de durable », précise Valentin. Après avoir été hébergées dans des locaux prêtés par INSAVALOR, les machines sont déplacées au 1er juin 2020 dans un ancien self dans les bâtiments hospitaliers : la concrétisation de la collaboration entre l’INSA et les HCL prend forme.

C’est ainsi que le 2e CHU de France et la première école d’ingénieurs post-bac française s’allient dans la création de « Co’Lab 3D ». La plateforme d’impression 3D, désormais encadrée par une signature partenariale, permet aux personnels hospitaliers bénévoles de faire fonctionner les machines en autonomie. « Nous avons formé des bénévoles aux techniques basiques de l’impression 3D. C’est très bénéfique pour eux, car la plateforme permet de répondre rapidement, et en circuit court aux besoins qui émergent sur le terrain. Nous avons par exemple développé d’autres produits comme des bouchons-pinces qui facilitent le processus d’analyse des tests PCR. D’ailleurs, ce produit a fait l’objet d’un dépôt de brevet », ajoute modestement le docteur. 

Aujourd’hui, la collaboration se veut pérenne et vectrice de création. « Des étudiants ont réalisé leurs stages ouvriers l’été dernier sur la plateforme, deux stagiaires ingénieurs (5GM) et un projet de fin d’études y sont en cours de réalisation. Cette relation est une belle opportunité d’ouvrir notre communauté à un domaine qui sort un peu de nos spécialités habituelles et cela rend cette expérience encore plus enrichissante », conclut Valentin Ripard.

La passivité des premiers jours décrite par Valentin a ainsi laissé place au sentiment d’utilité chez les « makers » insaliens, qui ont réussi à construire en un temps record une structure efficace au service public. Main dans la main, bénévoles de l’INSA Lyon et bénévoles hospitaliers souhaitent continuer à faire fleurir de nouvelles idées pour protéger et faciliter le quotidien des personnels soignants.

Issue du mouvement LEACOM (Lyon Education Anti-Covid Makers), structurée au début de la pandémie de covid-19 et au sein duquel l’INSA Lyon était un élément moteur, Co’Lab 3D a bénéficié de nombreux dons financiers, matériel et humains. L’initiative a été soutenue et accompagnée par la Fondation INSA Lyon, le l'Institut Gaston Berger de Lyon, la filiale de valorisation de l’INSA Lyon INSAVALOR, et de nombreux autres donateurs.

[1] Laboratoire de Mécanique des Contacts et des Structures (INSA Lyon/CNRS/UdL)
[2] Formation Initiale aux Métiers d’Ingénieur

 

Pour aller plus loin sur le sujet : 
Podcasts « Les cœurs audacieux » -  Saison 1 / Épisode 3 - 12 mai 2021
 

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04 fév
04/fév/2021

INSA Lyon

« Gaston Berger voulait former des ingénieurs qui comptent »

« Modèle INSA » : deux petits mots pour une si longue histoire. Au sein de l’école d’ingénieurs lyonnaise, il existe une entité chargée de faire vivre cette histoire : l’Institut Gaston Berger de Lyon. Désormais directrice, Sonia Béchet cultive une relation toute particulière avec l’histoire de son école. Spécialiste en psychologie cognitive, elle avait été recrutée pour faire évoluer l’une des particularité du modèle INSA : les entretiens d’entrée des élèves-ingénieurs. Et depuis cette rencontre avec le modèle INSA il y a vingt ans, elle n’a jamais quitté l’étude de cette philosophie riche de sens. Dans une période où la notion de collectif est mise à rude épreuve par la crise sanitaire, le modèle INSA pourrait s’avérer être un concept fédérateur précieux. La nouvelle directrice de l’Institut Gaston Berger de Lyon explique. Interview.

Vous prenez la tête de l’Institut Gaston Berger de Lyon, est-ce une nouvelle ère qui accompagne votre nomination ?
Ce qui est certain, c’est que l’Institut Gaston Berger est capable de s’adapter à un environnement en perpétuelle évolution. À l’origine, le « Centre diversité réussite » créé en 2009 avait pour objectif de répondre aux questions d’ouverture sociale et de favoriser l’accès à tous aux études d’ingénieurs. Puis en 2015, l’intérêt témoigné pour le modèle INSA nous a obligés à nous transformer en « Institut Gaston Berger », en intégrant la problématique autour de la responsabilité de l’ingénieur. Aujourd’hui, le modèle INSA devient un axe stratégique commun à toutes les écoles du groupe INSA, chaque école est en passe de déployer un centre Gaston Berger. Notre rôle est d’accompagner l’INSA à continuer d’être ce que son fondateur avait imaginé : une école d’ingénieurs qui évolue avec les enjeux de son temps et qui impulse des changements. Cela se traduit par des missions très concrètes, comme l’accompagnement des lycéens et lycéennes, des étudiants et des étudiantes à travers des programmes de tutorat et de mentorat, ou encore grâce à nos recherches sur la responsabilité de l’ingénieur dont nous essaimons les concepts dans la formation des élèves en collaboration avec le centre des humanités. Et désormais, nous co-construisons aussi beaucoup avec nos entreprises partenaires où le modèle INSA est plébiscité.  Il y a beaucoup de similitudes entre ce que nous vivons aujourd’hui et le moment où Gaston Berger a pensé le modèle d’école d’ingénieur : le sentiment que tout s’accélère, que la technologie prend beaucoup de place et que finalement on a la sensation de ne plus beaucoup avoir la main sur la question. Et je pense que notre modèle est très précieux pour avoir un cadre de référence et se projeter dans l’avenir. C’est très structurant.

La crise sanitaire a mis (ou remis) sur la table des questions de société et pointé du doigt des problématiques organisationnelles fortes. Conscientiser et apporter des réponses à ces questions est au cœur de votre métier : la pandémie a-t-elle apporté de nouvelles réflexions d’envergure ?
Dans ses travaux sur la prospective, Gaston Berger part du principe que les évolutions et les changements font partie du jeu, qu’il ne faut pas les subir mais les anticiper. Bon, des scénarios catastrophes ont bien été imaginés lors des travaux de prospective engagés par l’établissement, mais nous ne les attendions pas immédiatement il faut bien l’avouer. Par contre, s’il y a quelque chose que la démarche prospective avait déjà mis en exergue, c’est le besoin de chacun d’entre nous, de donner du sens à sa vie et à ses activités. Le confinement nous a mis face à cette question très rapidement : qu’est-ce qui est essentiel ? Je crois qu’au sein de l’INSA, ce qui s’est avéré essentiel, c’est le « faire-ensemble ». La crise sanitaire a démontré que l’on ne pouvait plus raisonner chacun dans son silo. Je suis convaincue que c’est une vraie bonne idée transformante : nous sommes tenus de travailler tous ensemble, et l’Institut Gaston Berger permet d’une certaine façon de mettre en lien toutes les parties prenantes du modèle INSA. Les alliances portées par la Fondation INSA
1 sont une belle illustration de ce pourquoi nous travaillons les uns et les autres. Ces partenariats mettent autour de la table et au service d’un enjeu sociétal, plusieurs acteurs de la société civile. Enseignants-chercheurs, étudiants, entreprises, ONG et mécènes sont ainsi réunis autour de valeurs qui ont du sens dans le modèle INSA : la responsabilité, la solidarité et l’équité.

 « Je veux comprendre, je veux agir », disait Gaston Berger. C’est une citation qui sonne un peu comme le crédo de l’IGB. Concrètement, comment l’Institut Gaston Berger transforme ses réflexions en actions ? 
Effectivement, au sein de l’IGB, les équipes cogitent mais elles agissent aussi ! D’abord dans le dispositif d’accompagnement des étudiants sur les questions du handicap, de l’égalité des genres et de diversité pour permettre l’accès à toutes et tous aux études d’ingénieur. Pour mettre en place ces programmes, nous avons un lien fort avec la Fondation INSA Lyon et les entreprises partenaires avec qui nous co-créons au quotidien.
Nous avons également un important travail de recherche sur la responsabilité de l’ingénieur, et l’enjeu est de continuer à infuser ces notions dans la formation de nos étudiants. La traduction en actes a déjà bien essaimé au centre des humanités : par exemple depuis 2019, les cours à la carte permettent aux étudiants de se former à l’égalité de genre et aux questions de responsabilité de l’ingénieur. L’utilité des sciences humaines et sociales au service d’un établissement comme le nôtre n’est plus à prouver, je crois. Et cette fonction était d’ailleurs l’une des préoccupations majeures de Gaston Berger : l’INSA devait former aux questions sociétales, pour pouvoir faire des ingénieurs qui comptent, en agissant. 

Pour finir, le modèle INSA est parfois difficile à saisir pour qui ne le pratique pas au quotidien. Pourriez-vous le décrire en 3 mots ?
Voyons voir… Si je dois le décrire, je choisirais : « équité, solidarité et éthique », mais si je dois le qualifier, ce serait plutôt « moderne, juste et transversal ». Je crois que c’est là que réside tout l’intérêt du mot « modèle ». C’est une vraie philosophie, un puits de ressources inépuisable. En 1957, Gaston Berger ne s’est certainement pas dit : « et si nous nourrissions nos ingénieurs d’arts, de sport ou même de sociologie pour voir ce que cela donne ? ». Son modèle a été établi selon des intentions très précises, et ces intentions étaient si bien pensées que le modèle est atemporel. Quels que soient les époques et les changements, cette identité fondatrice ne vieillit pas. Pour le petit secret, même après vingt années d’étude quotidienne des travaux de Gaston Berger, j’ai encore l’impression de le découvrir, sans cesse. C’est ce qui rend mon travail au sein de l’INSA, plein de sens.

 

1 Sonia Béchet occupe également les fonctions de directrice des programmes de la Fondation INSA.

 

 

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20 jan
20/jan/2021

Formation

« Il faut dépasser les idées reçues sur les sciences informatiques »

En ce début d'année, c'est une nouvelle page qui s'ouvre pour Sara Bouchenak, enseignante-chercheure au laboratoire LIRIS1 et au département informatique de l'INSA Lyon. Désormais à la tête de la fédération d'informatique de Lyon, Sara est bien déterminée à faire travailler ensemble les équipes des cinq laboratoires2 de la structure pour construire l'informatique de demain. Interview.


Vous prenez aujourd'hui la tête de la fédération lyonnaise d'informatique. Quels sont les grands enjeux de cette discipline ?
Il me semble que l'informatique est assez méconnue en tant que science. C'est une discipline transverse dont découlent de nombreux métiers, et dans un monde qui n'arrive plus à se passer du numérique, elle a un rôle à jouer. De la cybersécurité à la gestion des données, en passant par l'impact environnemental du numérique, il y a encore beaucoup à inventer en la matière. L'informatique doit aujourd'hui se positionner en réponse aux problématiques de la société. Et les défis sont proportionnels à la vitesse de développement du numérique, c'est-à-dire, exponentiels. À l'époque où j'ai débuté, il y a vingt ans, les navigateurs web commençaient tout juste à se démocratiser, alors c'est dire si le domaine a rapidement évolué ! Enfant, je n'étais pas fan de programmation et je n'étais pas du genre à inventer des algorithmes, enfermée dans ma chambre. Ce qui m'a amené à cette matière, ce sont les mathématiques. Il me semble que c'est aussi un autre enjeu important pour la discipline : il faut dépasser les idées reçues sur les sciences informatiques.

 

Aujourd'hui, l'informatique fait partie de ces spécialités qui semble attirer assez peu de filles. À quoi cela est dû à votre avis ?
À mon sens, ceci est lié à nos représentations de l'informatique et de celles et ceux qui la font. Je m'explique. Filles ou garçons, les élèves ont souvent une idée préconçue de cette discipline. Les stéréotypes autour de l'ingénieur informaticien sont légions, proches du cliché du « geek » mordu de jeux vidéo. Et je dois bien avouer que ça ne fait peut-être pas rêver ! Nous manquons par ailleurs de représentations féminines dans le domaine. Nous sommes peu de femmes au sein des structures d'enseignement, de recherche et dans le monde professionnel de l'informatique. J'imagine qu'il est difficile pour une jeune fille de se projeter dans un métier lorsqu'elle n'a que peu de modèles féminins. Il y a probablement une forme d'autocensure chez les étudiantes, car elles sont près de 50% en première année de formation. Mais ce n'est pas une fatalité. D'ailleurs, les chiffres au sein du département informatique sont extrêmements encourageants, si elles étaient seulement 15% il y a quelques années, elles sont à présent 38 % de filles à intégrer cette spécialité en 3e année. Ceci grâce aux actions menées conjointement par l'Institut Gaston Berger et la commission femmes et informatique du département.


Comment lutter contre cette forme d'autocensure dont vous parlez ? Votre nouvelle fonction de présidente de la fédération d'informatique de Lyon vous permettra-t-elle d'agir plus largement ?
En tant qu'enseignante-chercheure, mon rôle est de promouvoir les formations et les métiers du numérique auprès des jeunes générations. Trop peu de jeunes filles choisissent l'informatique mais c'est en leur expliquant et leur apprenant ce qui se cache derrière le mot informatique que les stéréotypes pourront tomber. Il y a un certain nombre d'initiatives pour faire bouger les lignes et attirer les femmes dans le numérique. L'Institut Gaston Berger, par exemple, participe à la déconstruction des idées reçues, en accueillant chaque année des lycéennes pour leur faire découvrir ces sciences et aller au-delà des représentations classiques plutôt genrées. Et en tant que présidente de la fédération, j'aimerais créer une commission égalité pour veiller à une juste représentation des femmes et des hommes au sein de nos laboratoires. Lutter contre cette autocensure est un travail de longue haleine, qui doit être abordé à chaque étape de la vie étudiante et professionnelle pour permettre à chacune d'oser se lancer. 

 

 

1 Laboratoire d'informatique en images et systèmes d'information (INSA Lyon/Lyon 1/Lyon 2/ECL/CNRS)
2 CITI (INSA Lyon/INRIA), LabHC (Université Jean-Monnet/CNRS), LIP (ENS Lyon/CNRS/UCBL) et LIRIS (INSA Lyon/Lyon 1/Lyon 2/ECL/CNRS), CREATIS (INSA Lyon/Lyon 1/CNRS/Inserm/UdL/UJM)

 

Mots clés

19 nov
19/nov/2020

INSA Lyon

« Le mentor est un point de repère pour l’étudiant dans cette période de fortes incertitudes. »

Chaque année, l’Institut Gaston Berger propose de mettre en lien des élèves-ingénieurs avec un mentor ingénieur, femme ou homme. L’objectif : accompagner les jeunes élèves en quête d’orientation et d’expérience, à travers une relation d’échange mutuel. Quid du mentorat à l’INSA Lyon en période Covid ? Clémence Abry-Durand, chargée de mission à l’IGB, répond.

En quoi consiste le mentorat porté par l’Institut Gaston Berger auprès des élèves-ingénieurs ?
Il s’agit d’un dispositif qui met en relation des étudiants avec des ingénieurs, quel que soit leur niveau d’expérience et domaine d’activité. Il existe plusieurs types d’accompagnement : le mentorat individuel ou collectif et le mentorat pour les femmes, qui a pour but de favoriser l’insertion des élèves-ingénieures filles dans des domaines encore trop masculins. Pour chaque type de mentorat, l’objectif est d’apporter un soutien à l’étudiant.e dans ses choix d’orientation et d’insertion professionnelle, le tout, basé sur une relation d’échange. Bien souvent, le ou la mentor est une sorte de « point de repère » pour le ou la mentoré.e, notamment dans cette période de fortes incertitudes pour les élèves-ingénieurs.

La crise Covid a-t-elle influé sur le nombre d’étudiants participants à ce dispositif ?
Effectivement, nous avons enregistré le double de participations par rapport aux années précédentes. Il faut bien avouer que les motivations énoncées par les étudiants dans les formulaires d’inscription sont assez révélatrices du contexte actuel : nous avons comptabilisé beaucoup de questionnements sur l’insertion professionnelle et le rôle des ingénieurs dans les années à venir. Il ne s’agit ici que d’un ressenti personnel, mais je crois que ce doublement d’effectif traduit une volonté assez forte d’échanger sur les pratiques et les visions pour l’avenir de leur métier avec des professionnels. Ce qui est tout aussi intéressant, c’est que nous avons un beau record de participations du côté des mentors également, même s'il nous manque encore quelques volontaires pour pouvoir accompagner tout le monde. 

Qui peut devenir mentor et pourquoi s’engager ? 
Tout ingénieur issu de tout domaine confondu, peut s’inclure dans nos dispositifs de mentorat. Bien souvent, c’est l’échange que les mentors viennent chercher dans ces relations particulières. Je crois qu’ils apprennent beaucoup en étant au contact d’élèves-ingénieurs car cela engendre souvent un questionnement sur leur propre rôle d’ingénieur. C’est une sorte de retour sur eux-mêmes, car quand on conseille, on peut parfois remettre sa vision en question et la faire évoluer.
Cette année, je crois qu’il y a aussi une vague de solidarité qui se crée face à la situation économique engendrée par l’épidémie et les doutes qui lui sont associés. D’ailleurs, si des ingénieurs lisent ces quelques lignes et souhaitent s’intégrer dans le dispositif, ils et elles sont les bienvenu.e.s !

Plus d’informations : Le mentorat individuel et collectif
Je suis ingénieur.e et je souhaite accompagner un.e étudiant.e de l'INSA Lyon
 : https://bit.ly/2ISHmul 

 

 

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06 juil
06/juil/2020

INSA Lyon

Égalité de genre : l’INSA s’empare de la question 

À l’heure où l’INSA Lyon travaille à faire à évoluer sa formation et à enrichir les réflexions sur l’ingénieur·e* de demain, un enjeu prend pleinement son sens : celui de l’égalité de genre. Regard croisé avec Clémence Abry-Durand, chargée de mission égalité de genre à l’Institut Gaston Berger de l’INSA Lyon, et Jean-Luc Debayle, chargé de la qualité de vie au travail à l’INSA Lyon, en charge d’élaborer le premier schéma directeur égalité de genre de l’établissement.

Une chose est sûre : l’enjeu est de taille et le challenge aussi. Faire évoluer les mentalités et développer la responsabilité sociétale de l’établissement est un travail de longue haleine. Le contexte est favorable : l’INSA Lyon s’attaque à sa maquette de formation et s’apprête à l’ajuster. Développement durable & responsabilité sociétale et numérique font faire partie intégrante des enseignements, dès la rentrée 2021.
Durant les derniers mois, Clémence et Jean-Luc ont de leur côté alimenté les réflexions sur la thématique du genre et partagé le projet auprès des conseils et instances. Un peu stoppée par la pandémie et le confinement imposé, la démarche reste pour autant d’actualité. 
À l’approche du premier anniversaire de la loi de transformation de la fonction publique, adoptée le 6 août 2019, les premiers travaux visent l’élaboration d’un plan d’actions égalité professionnelle, une obligation pour l’établissement, mais pas seulement. Dans ce « schéma directeur égalité de genre », qui définit les contours de la politique de l’école en la matière, l’ambition est portée plus loin que ce que n’impose la loi. 

« Nous avons choisi d’intégrer toute la communauté INSA dans ce schéma directeur, personnels comme étudiant·es, là où la loi nous oblige à traiter uniquement ce volet pour les personnels. Un certain nombre d’actions ont déjà été faites sur le sujet, mais nous souhaitons passer à l’étape supérieure et fixer des objectifs plus larges à atteindre, quitte à créer nos propres indicateurs », explique Jean-Luc Debayle.

La tâche est ardue mais l’énergie, bien présente. Cinq axes de travail ont été déterminés pour organiser les débats et la construction des mesures, auxquels correspondent cinq groupes de travail. À commencer par ce plan d’actions pour l’égalité professionnelle, dont le rendu auprès du Ministère est fixé au 31 décembre 2020. Dans ce cadre-là, écarts de rémunération entre femmes et hommes, égal accès aux fonctions, équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle sont à l’étude. 

« Un autre point nous occupe, et c’est le chantier le plus urgent : la lutte contre les discriminations, le harcèlement et les violences sexistes et sexuelles, avec la création d’un dispositif d’écoute et de signalement de ces situations, ouvert à toute la communauté », précise Clémence Abry-Durand. « Nous aimerions le mettre en service d’ici la fin de l’année, tout est à faire mais il est essentiel de pouvoir garantir une procédure transparente et un lieu d’écoute, ainsi que d’engager les mesures qui conviennent en regard », complète-t-elle.

Si ces deux axes répondent aux injonctions ministérielles, trois autres sont spécifiques à l’INSA Lyon. Leur raison d’être : contribuer à développer une approche intégrée de la question de l’égalité de genre sur le campus. « Il s’agit de mener des actions pour diffuser la culture de l’égalité à l’INSA, en sensibilisant personnels et élèves, dans leur vie quotidienne, aux questions liées au genre », indique Clémence. Des toilettes non genrées à la prise en compte de l’identité de genre, en passant par la sécurité sur le campus sont des exemples très concrets de problématiques à considérer, pour accompagner le changement vers un établissement inclusif et contribuant à une société plus juste. 

« Autre point, la question de l’attractivité de l’école d’ingénieurs auprès des filles, à travers la thématique de la mixité des filières et métiers d’ingénieur·es. L’INSA Lyon se place parmi les écoles les plus engagées en la matière avec un taux de filles très encourageant mais rien n’est jamais acquis définitivement et les choix de spécialité restent toujours très marqués. Cette répartition très genrée perdure ensuite dans le monde du travail et peut se traduire par des inégalités professionnelles. Des actions sont déjà menées en ce sens, mais il s’agira de les développer et d’en concevoir de nouvelles en mobilisant tout l’écosystème de l’établissement, des filières de l’INSA aux associations, entreprises et partenaires », souligne Clémence. 

Mais s’il est un point qui résume bien toute l’ampleur de la démarche, c’est sans doute celui-ci : intégrer le genre dans la formation et la recherche. Si un cours à la carte et des conférences à destination des élèves existent déjà, l’objectif est d’inclure plus systématiquement la dimension du genre dans les enseignements et les travaux de recherche. Il est finalement bien question d’un enjeu de société, auquel l’INSA souhaite apporter des réponses avec sens. « L’objectif est de parvenir à construire une approche intégrée de la question du genre à l’INSA Lyon, c’est-à-dire de traiter de ce sujet dans toutes ses dimensions et pour tout le monde. D’ailleurs, chacune et chacun, élève ou personnel, pourra contribuer à ce projet en participant aux groupes de travail dès la rentrée », confirment ensemble Clémence et Jean-Luc, qui comptent sur la mobilisation de tous et toutes pour contribuer à ce projet, fidèle aux valeurs INSA : former des ingénieur·es humanistes, ouvert·es et différent·es, tels que les avait imaginé Gaston Berger, le père d’un modèle unique en son genre ! 

* Cet article est rédigé en intégrant la démarche de l'écriture inclusive, à titre d'exemple. Le schéma directeur prévoit d'ailleurs une réflexion afin de clarifier ces règles typographiques en la matière pour une communication plus juste et sans stéréotypes de genre. 

Pour aller plus loin sur le sujet : 
Podcasts « Les cœurs audacieux » -  Saison 1 / Épisode 6 - 24 juin 2021
 

Mots clés

22 fév
Du 22/02/2020
au 23/02/2020

Sciences & Société

Rencontres Nationales FÉDÉEH

La Fédération Étudiante pour une Dynamique Études et Emploi avec un Handicap (FÉDÉEH) est accueillie cette année à l'INSA Lyon pour ses rencontres d'hiver.

Cette 29e édition, placée sous le signe carnaval, proposera des conférences, des ateliers pratiques et ludiques, des échanges autour de repas, de sport et de dîner.

Les ateliers sont variés, accessibles, conçus et co-animés par des membres, jeunes handicapés ou non, pour mieux répondre aux attentes de chacun quelque soient son handicap et ses situations professionnelles ou personnelles.

Une manifestation organisée avec le soutien de l'Intitut Gaston Berger de l'INSA Lyon et de l'association Handizgoud.

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