
Entreprises
Valérie Lamacq : « Je crois aux femmes qui recrutent des femmes »
Portrait d’une femme engagée, ingénieure, docteure et surtout, manager.
« J’ai toujours fait mes choix par envie et par désir, je n’ai pas de plan de carrière. »
Voilà comment Valérie Lamacq a construit son parcours professionnel. Aujourd’hui directrice industrielle chez GE Power, une branche de General Electric, elle dirige 3 usines et plus de 1000 personnes depuis Belfort, siège de la structure européenne.
À 49 ans, elle a un parcours riche d’expériences derrière elle. Et ne parle plus de ses diplômes. Mais c’est bien à l’INSA Lyon qu’elle a appris à se « débrouiller », à mettre les mains dans le cambouis. Capable de comprendre la technique, elle peut « s’assoir à la table » et comprendre toutes les problématiques. Avec cette éducation d’ingénieure généraliste, elle sait prendre des décisions en toutes circonstances.
Lorsque Valérie quitte la Normandie en 1987, c’est pour intégrer l’INSA Lyon et devenir ingénieure. Issue d’une fratrie de 5 filles, elle dit avoir reçu une éducation qui lui a permis, en tant que femme, de tout envisager.
« Mes parents ne m’ont jamais dit que je ne pourrais pas faire tel ou tel métier parce que j’étais une fille » se souvient-elle.
Une carrière scientifique était tout à fait envisageable pour elle et ses sœurs, dont deux autres sont également ingénieures ou docteurs. A l’INSA Lyon, elle suit sa formation avec « beaucoup de bonheur » et choisira le département Génie Mécanique Développement (GMD) un peu par élimination, parce que « développer à partir de l’existant » lui convenait mieux. Elle complètera sa formation par un DEA Mécanique puis par un doctorat en partenariat avec le Laboratoire Mécanique des Contacts de l’INSA, avec l’école doctorale Mécanique, Énergétique, Génie Civil, Acoustique (MEGA).
« J’ai beaucoup aimé le travail collaboratif avec les équipes de recherche, que je trouvais très enrichissant. Mais il était évident pour moi que je ne ferai pas carrière dans la Recherche, j’avais besoin d’autre chose. »
Cette « autre chose », c’est le management. Valérie ne le sait pas encore mais elle est faite pour cela.
C’est lors d’un entretien de recrutement qu’elle ouvrira ses horizons. Elle est en effet contactée pour sa double compétence, ingénieure-docteure, par un recruteur qui voit en elle une belle alliance entre la maîtrise de la technique et la capacité à prendre des décisions. Si le recrutement ne peut aboutir pour cause de restructuration dans l’entreprise, Valérie décide de poursuivre en production et postule chez Général Electric, alors à la recherche de nouveaux profils. Sa candidature fait l’unanimité. Elle sera ingénieure méthodes pendant 6 mois, avant de prendre les devants.
« Je voulais manager. Mon chef m’a donné le choix : c’était soit je prenais la responsabilité d’un atelier de 50 personnes en pleine relocalisation avec interdiction de perturber la production, soit je me spécialisais dans les méthodes de production. J’ai choisi ! »
Elle prend alors les rennes de cet atelier de production de turbines à gaz à Belfort. Devenue première femme manager de production chez GE Energy, elle apprend en faisant.
« Cela a été une révélation extrêmement difficile, mais j’ai tenu en pensant aux autres femmes qui pourraient suivre » confie-t-elle.
Tellement qu’elle prendra ensuite la direction de l’Ecosse, avec mari et enfants, pour gérer 4 usines de production. Directrice de production Europe et Afrique de l’Ouest, elle reviendra ensuite en France pour occuper les fonctions de directrice des achats Europe.
« J’ai beaucoup appris. J’ai compris qu’il fallait arrêter de mettre les gens en position inconfortable et d’attendre d’eux qu’ils soient capables de tout faire. Il faut mettre les gens là où ils sont bons et arrêter de croire qu’on va réussir à les développer sur leurs faiblesses. On ne recrute pas un poisson pour ensuite lui demander de se mettre à voler ! »
Après cette expérience riche mais énergivore, Valérie décide de s’accorder un break. De donner du sens à sa vie professionnelle. Hasard ou coïncidence, elle croise la route de deux femmes en quête de soutien pour monter une antenne de l’association « Elles bougent » en Franche-Comté. Une seconde révélation pour Valérie.
« J’étais en pleine réflexion sur la place des filles dans la société et convaincue que le combat commençait dès l’école » indique Valérie.
« Tous les petits garçons peuvent se projeter dans tous les métiers en se projetant sur les hommes qui les exercent, mais pas les filles. Régulièrement, on leur parle de femmes aux parcours exceptionnels et c’est très difficile pour elles de se projeter. Je milite pour qu’on montre des parcours de femmes normales qui à leur âge étaient comme elles » complète-t-elle.
Elle intervient dans les lycées, rencontre des parents, des jeunes filles, à qui elle livre son message.
« Il faut décider d’avoir le choix, et oser. J’ai beaucoup voyagé et vu des choses difficiles, et en Inde ou en Afrique, les femmes qui sont dans la rue n’ont pas le choix. En France, on a le choix. »
Après 8 mois de distance professionnelle, elle est recontactée par GE. D’abord consultante, elle quittera de nouveau la boîte pour vivre une expérience dans une plus petite entreprise, française, en Picardie. Célibataire géographique, elle apprendra encore de cette expérience qui ne durera qu’un an, avant un autre appel de GE.
« Je suis revenue pour occuper le poste de directrice industrielle. C’est très prenant. Mais une société ne peut pas vivre qu’avec des managers, il faut aussi savoir recruter des experts. Depuis 2 ans dans ces fonctions, j’ai recruté des femmes à des postes critiques, et elles sont vraiment courageuses. Elles ont une pugnacité, le souci de l’intérêt général et une loyauté que je ne retrouve pas toujours chez les hommes » souligne Valérie, avant de conclure : « Je crois aux femmes qui recrutent des femmes. » Authentique.
Podcasts « Les cœurs audacieux » - Saison 1 / Épisode 6 - 24 juin 2021

Formation
Art et science : la mécanique au croisement de la danse et du cirque
Élève-ingénieure en 5e année de Génie Mécanique (GM), Claire Lurin fait aussi partie de la section Danse-Études. Elle a découvert la danse contemporaine à son entrée à l’INSA en suivant la formation professionnelle du Centre de Formation Danse désoblique (CFDd). Elle aime construire des structures et raffole du mouvement dansé. Son objectif : allier les deux pour vivre de sa passion. Reportage.
Ses débuts en danse à l’INSA
« Par la pratique quotidienne de la danse depuis quelques années, je saisis l’ampleur de ce qu’un corps peut réaliser. Au-delà du mouvement corporel, il y a ce qui relève du sensible, chercher à rendre visible l’invisible. »
C’est sur les conseils de Delphine Savel, responsable de la section Danse-Études de l’INSA Lyon, que la jeune élève-ingénieure intègre en 2013 la section. Née à Chalon-sur-Saône en septembre 1994, Claire Lurin fait de la danse traditionnelle, de la gymnastique rythmique et de la natation depuis ses 11 ans.
Après son Premier Cycle à l’INSA Lyon, elle choisit le département GM. Là, elle obtient l’aménagement de sa 4e année sur deux ans, avec l’appui de la direction du département. Elle pourra alors intégrer le CFDd, dirigé par Blandine Martel Basile.
Nourrie par ses expériences auprès de chorégraphes en Danse-Études, sa passion la pousse à composer quelques créations. Elle a dernièrement été à l’initiative du trio « Meute » avec Jean Boulvert et Maxence d’Hauthuille, tous deux INSA.
Constamment en recherche de performance physique et de challenge, son ambition est à présent de créer, aux côtés de l’artiste de cirque Lucie Roux, leur propre spectacle.
Sa rencontre avec Lucie
« Les nouvelles disciplines, rencontres et expériences nourrissent de plus en plus ma danse, qui se cherche dynamique et puissante, à la rencontre de différentes énergies. »
C'est lors de son stage en dernière année, dans une compagnie d'art de rue, que Claire va rencontrer Lucie Roux, une artiste circassienne spécialisée en cadre aérien. Formée à l’ENACR (Ecole Nationale des Arts du Cirque de Rosny), puis au CNAC (Centre National des Arts du Cirque) de Châlons-en-Champagne, Lucie associe à sa pratique principale celles de la musique, du jeu d’acteur et des marionnettes. Suite à plusieurs expériences dans le cirque traditionnel, elle souhaite se plonger dans la création contemporaine, multidisciplinaire, sans pour autant mettre de côté la pratique physique que permet le cirque traditionnel. Elle trouve en Claire une partenaire pour créer son projet autour d’une structure permettant d’associer traditionnel et contemporain, ainsi que voltige et danse.
Les prémices de leur projet commun
« Nous voulons démonter les cadres, sortir du conventionnel tout en restant accessibles, créer une force commune à partir de ce qui paraît opposé. »
Les deux femmes construisent une performance autour des contraintes corporelles des acrobates circassiens et des danseurs. Tout est réfléchi en fonction de deux axes précis : la pratique physique du corps et la mécanique. La structure qui servira de base à la création du spectacle DOX – Doux Paradoxes, est notamment pensée grâce aux performances de Lucie, porteuse au cadre aérien.
Puisqu’elles veulent associer voltige et danse, elles imaginent une structure inédite. La construction sera composée de plusieurs plans selon sa hauteur, variant entre 2 et 4m de haut. L’espace au sol accueillerait principalement la danse, quand les espaces intermédiaires et haut seraient des lieux de voltige, d’acrobatie, et de mouvements hybrides entre les différents domaines artistiques. L’un des objectifs principaux de Lucie et Claire : habiter l’espace entre le sol et le cadre, en y intégrant une ou un éventuel troisième artiste.
Pour le moment, Claire et Lucie s’entrainent sur une structure de prêt qui leur permet de se découvrir, d’appréhender les techniques corporelles de l’une et de l’autre, et de savoir quels besoins elles auront pour leur structure finale.
Mais qu’en est-il du propos artistique ? À l’image de cette opposition entre gravité et voltige, du point de vue de Claire et Lucie, tout le monde est entouré de paradoxes. Être partout et nulle part à la fois, osciller entre confort et liberté, trouver le lâcher-prise et vouloir tout contrôler.
Tous ces points de réflexion vont s’ajouter à leurs différences d’âge et de vécu, entre un parcours artistique et un parcours scientifique.
La mise en œuvre du projet
« Nous savons que nous voulons évoluer entre autres sur une structure en métal, cependant nous ne savons pas encore à quoi elle va ressembler… »
C’est de nouveau grâce à GM que ce projet peut plus facilement se concrétiser. En effet, le département a accepté de faire de la conception et de la fabrication de la structure le projet de fin d’études (PFE) de Claire. En parallèle, elle a candidaté à la Bourse Jeunes Talents de la Fondation INSA, et obtenu son soutien financier et moral pour le lancement de ce projet, notamment pour la construction de la structure.
Pour permettre leurs phases de test et de créations artistiques, elles cherchent actuellement des lieux de résidences artistiques et des financements pour mener cette aventure à terme. La Compagnie Cie 39-50 a entre autres été créée pour l’occasion par Lucie, avec le technicien Paul Cordenod associé au projet.
Légende encart photo gauche : Claire Lurin et Lucie Roux

Formation
Lancement Ariane 5 : deux INSA assistent au décollage de la fusée
Jad Fayad, élève-ingénieur en 5e année au département Génie Mécanique Développement de l’INSA Lyon, et Ameer Abdul Khalek, en 5e année au département Génie Mécanique Conception, ont vécu une expérience exceptionnelle en Guyane, au centre spatial de Kourou.
Ils avaient gagné le 1er prix national de la compétition ActInSpace organisé par le CNES (centre national d’études spatiales), l’ESA (agence spatiale européenne) et Airbus.
Leur cadeau : partir une semaine en Guyane et assister au lancement de la fusée Ariane 5.
« Nous avons passé une semaine en Guyane entre le 17-23 décembre. On a commencé l'aventure par 2 jours du camping dans la jungle : 4 heures de remontée en pirogue du fleuve de Kourou, une nuit en carbet, du kayak… Ensuite, nous sommes retournés à Kourou et nous avons visité tous les bâtiments du centre spatial guyanais, notamment les bâtiments de construction des fusées et les salles de lancement et le chantier d’Ariane 6 prévu pour 2020 » raconte Jad, des images plein la tête.
Point d’orgue du voyage : le jour du lancement. Invités dans la salle VIP Jupiter, Ameer et Jad se retrouvent aux côtés de toutes les personnes importantes généralement présentes à ce grand événement.
« Il y avait les clients des satellites, des généraux de l'armée, des responsables de l’ESA et du CNES et des hommes politiques » poursuit Jad
Salle Jupiter
« Nous avons suivi en direct les dernières préparations. Nous avons croisé les doigts pour que tous les voyants restent verts, notamment celui des conditions météorologiques. Et puis, une minute avant le lancement, la voix du directeur des opérations (DDO) retentit dans les haut-parleurs. Nous sommes tous sortis sur la terrasse pour regarder le décollage. Commence ainsi le décompte final : ’’… 3 2 1 top, allumage d’EPC, allumage des OAPs décollage’’. La terre a commencé à trembler, nous avons vu une boule intense orangée apparaitre, c’était comme s’il y avait un autre soleil dans le ciel. Ce n’est que quelques secondes après que le vrai bruit de la fusée s’est fait entendre et tout s’est mis à vibrer. C'était 3 minutes incroyables… » raconte Ameer.
Ce voyage restera à jamais gravé dans leurs mémoires.
« Ce qui était émouvant dans cette expérience, c'était de voir les deux extrêmes de l'Humanité : une vie primitive et basique dans la jungle, et la haute technologie du Centre Spatial Guyanais » conclut Jad.
Plus d’infos :
- Jad et Ameer aux côtés de Didier Faivre directeur du CSG, et Chantal Berthelot, députée de Guyane, en salle Jupiter accompagnés par Didier Lapierre responsable valorisation et transfert de technologie du CNES, et chef du projet ActInSpace
- Vidéo officielle du lancement (source CNES) :

Formation
Génie Mécanique Développement : les entreprises "fan" de la journée des métiers
La 4e journée des métiers du département Génie Mécanique Développement (GMD) a tenu ses promesses. Organisée par les étudiants de 3e année, ce temps fort de la vie du département est un moment d’interactions privilégié entre étudiants et entreprises qui, aujourd’hui, anticipent l’événement.
« Au début, les entreprises venaient par curiosité, après sollicitation de notre part. Aujourd’hui, elles viennent d’elles-mêmes et s’engagent d’une année sur l’autre à participer à cette journée des métiers » explique Aurélien Saulot, maître de conférences à l’INSA Lyon et responsable des relations entreprises en GMD.
Cette année, Nexter, Jaeger-LeCoultre, Keolis, Boccard, Matis, Wright-Tornier, Safran, SKF, EDF, VibraTec, Volvo, Solystic et Michelin ont répondu à l’appel et sont venus avec plusieurs objectifs : se rendre visible auprès des étudiants, présenter leur domaine d’activités et rencontrer les élèves-ingénieurs de l’INSA Lyon. Les étudiants eux, ont pu interagir en direct avec des représentants des ressources humaines et des ingénieurs de ces entreprises.
« Le matin, des ingénieurs issus du département GMD sont venus témoigner de leur parcours devant l’ensemble des élèves de 3e année. L’après-midi, les élèves de 3e, 4e et 5e année GMD ont participé à des tables-rondes avec les entreprises, réalisé des entretiens réels ou blancs et assisté à une conférence sur la manufacture Jaeger-LeCoultre, fabricant de montres de luxe » précise Aurélien Saulot.
Nouveauté cette année : un atelier de corrections et de conseils autour du CV et de la lettre de motivation, tant en anglais qu’en français. Cet atelier a été co-animé par des DRH, ingénieurs et enseignants des Humanités.
« Cette journée a été riche en échanges et son succès croissant en fait un rendez-vous incontournable de la mécanique à l’INSA Lyon. Vivement l’an prochain pour la 1ère journée des métiers en Génie Mécanique ! » conclut Aurélien Saulot.