Vie de campus

07 mai
07/mai/2020

Vie de campus

LyonTech-La Doua : le nouveau poumon vert d’un Villeurbanne confiné

Sur le campus LyonTech-La Doua, la nature poursuit sa vie et prolifère sous l’œil avisé et bienveillant de Loïs Guillot, directrice du service interuniversitaire du domaine de la Doua. Floraison, abattage d’arbres touchés par le chancre coloré, suivi de chantiers et projets d’aménagements font le quotidien bien rempli de la jeune femme logée sur le campus. Récit.

Ce ne sont plus des étudiants, ce sont des familles avec leurs jeunes enfants qui s’offrent une respiration sur l’axe vert, utilisant les galets pour sièges naturels. Ce ne sont plus des professeurs qui circulent à bicyclette sur la piste, ce sont des pères, à vélo ou à pied, qui s’offrent un bol d’air à travers le campus. Depuis que le confinement a éloigné les usagers habituels du site LyonTech-la Doua, un autre public s’est dévoilé sur ces hectares partagés par l’Université Lyon 1 et l’INSA Lyon. À défaut de pouvoir se rendre au parc de la Tête d’Or ou celui de la Feyssine, certains promeneurs en quête de respiration pendant une durée imposée et sur une distance périmétrée ont trouvé une alternative à deux pas de chez eux.

De quoi procurer un sentiment étrange à Loïs Guillot, directrice du service interuniversitaire du domaine de la Doua. Logée sur place, elle a pour jardin l’immensité du domaine de la Doua, qu’elle cajole depuis son premier jour de prise de fonctions. Végétation, plantations, aménagements, réhabilitation, constructions n’ont aucun secret pour cette amoureuse de la nature, qui veille sur le campus comme un cuisinier surveille la cuisson de ses mets. Même en cette période qui a contraint à l’isolement l’ensemble de la population. Isolée, elle ne l’est que physiquement. Depuis sept semaines maintenant, elle assure la surveillance du site, le lien avec les entreprises, la gestion des chantiers, la poursuite des dossiers, et avoue recevoir beaucoup de coups de téléphone et plus de mails que d’habitude. Première spectatrice d’une nature qui se déploie à sa mesure, elle observe un campus désormais en fleurs, loin des usages massifs estudiantins qui l’assaillent habituellement en cette période de l’année : le printemps, les festivals et les post-partiels. 

Mais il est un danger qui guette, et qui a frappé fort cette année. Une maladie grave, causée par un champignon classé parasite de lutte obligatoire. Aucun moyen de lutte efficace n’a été trouvé à ce jour, obligeant le signalement de tout sujet contaminé, et la mise en place de méthodes de lutte en tout temps, et en tout lieu. Cette maladie incurable, véritable fléau pour les platanes, a fait son apparition en France en 1945, lors du débarquement en Provence des troupes américaines. Le bois de leurs caisses de munitions a permis l’introduction du parasite responsable de cette maladie, le chancre coloré. Si le Vaucluse et les Bouches-du-Rhône sont les départements les plus touchés, la maladie se propage et provoque chaque année l’abattage de milliers de platanes sur tout le territoire français.

Lorsque les symptômes sont apparus sur les platanes du campus, Loïs savait qu’il était déjà trop tard. Le chancre avait déjà commencé à détruire ses hôtes depuis quelques années, rendant le verdict sans appel. L’abattage est assuré, après vérification du diagnostic et établissement de la procédure appliquée par arrêté préfectoral. Plusieurs platanes sont touchés aux extrémités du site, sur le parking de l’ENSSIB et devant la direction du patrimoine de l’INSA. Cette allée emblématique du campus, qui longe les quartiers des élèves de première année, va ainsi perdre un peu de sa superbe. Par une semaine de mai 2020, en plein confinement imposé dans la lutte contre la propagation du COVID-19, dix-huit platanes malades ont été abattus pour éviter qu’une autre maladie ne se propage et ne tuent d’autres arbres alentours. L’image est forte et le parallèle apporte son lot de songes.  

Loïs a assisté à l’opération, menée scrupuleusement par des spécialistes en tenue complète de protection. Elle a regardé ces arbres emmenés presque entiers vers la plateforme de brûlage, laissant derrière eux la marque de leur emprise sur le sol et une partie de leurs racines, qui ne peuvent être totalement retirées. Le terrain ainsi contaminé ne peut permettre la plantation de nouvelles espèces. Il porte les stigmates de l’abattage et marquera son temps, photos d’archives à l’appui. 
Une autre physionomie de l’endroit est à l’étude. À l’horizon, un plan d’aménagement État-Région dans lequel Loïs va s’impliquer, pour proposer un décor végétal en cohérence avec le projet. La zone est très ensoleillée, il y fait très chaud l’été. En attendant, elle ne peut s’empêcher de penser aux étudiants restés confinés dans leur chambre de 9 m2. Même s’ils peuvent sortir une heure par jour sur un campus en pleine nature, le temps doit leur paraître long.

  

La reprise est encore floue, pour eux, comme pour elle. Mais à l’image des arbres dont les fleurs commencent à bourgeonner, et de cette nature qui se déploie malgré tout, la vie se poursuit, et peut parfois se réinventer.

Photo équipe - de gauche à droite : Cindy Maleysson, assistante administrative au SIDD, Lucas Feront et Guillaume Maistre-Bazin, deux jardiniers en service pendant le confinement, et Loïs Guillot, directrice du SIDD