
Art & Culture
Création chorégraphique de Lēnablou : « Le sacre du sucre »
« Insularité » et « pluriversalité », un pas de danse à la rencontre de l’autre.
Lēnablou est docteure en anthropologie de la danse, danseuse, chorégraphe et pédagogue autour de la Techni'Ka et de l'esthétique du Bigidi issues du Gwoka.
« Le sucre » est l’estampille d’une expérience unique dans l’histoire de l’humanité, celle de la colonisation où les corps ont été au bout de leur déshumanisation. Lēnablou, héritière de cette histoire nous embarque dans cette étincelle sensible de la création humaine qui est l’art du fap-fap, de l’inattendu, de l’improbable, de la rupture, de l’imprévisible…
En somme une esthétique de l’harmonie du désordre !
Porté par la section Danse-études du Centre des Humanités de l'INSA Lyon, l’Art de la Scène et Lafabri'K - Laboratoire des danses et expressions artistiques (Guadeloupe), avec les étudiantes associées : Lou Vereertbrugghen (Génie énergétique et environnement, 5e année), Jeanne Dupas et Pauline Lavainne (Biosciences, 5e année), ce projet est conçu en partenariat avec le département de notation du mouvement du CNSMD Paris et soutenu par la Maison de la Danse, le Centre national de la danse et la DRAC Auvergne Rhône-Alpes.
Conférence : Le geste chaotique du corps dansant : expression d'une nouvelle pluriversalité.
Mardi 8 novembre - 12h30 - Rotonde des Humanités, Campus LyonTech-La Doua – Villeurbanne
Entrée Libre – ouverte à tous
Informations complémentaires
-
Rotonde des Humanités, Campus LyonTech-La Doua – Villeurbanne
Mots clés
Derniers évènements
Ateliers danse avec la Cie MF
Les 15 et 22 mai 2025Festival Pop’Sciences
Du 16 au 18 mai
Art & Culture
Conférence : Le geste chaotique du corps dansant : expression d'une nouvelle pluriversalité.
« Insularité » et « pluriversalité », un pas de danse à la rencontre de l’autre.
Lēnablou est docteure en anthropologie de la danse, danseuse, chorégraphe et pédagogue autour de la Techni'Ka et de l'esthétique du Bigidi issues du Gwoka
La danse Gwoka de la Guadeloupe met en exergue un corps dansant à la dérive, instable qui risque à tout moment la chute sans jamais tomber. C’est le geste Bigidi ! Une question s’impose : quel est le signifié et le signifiant du désordre corporel ? Le philosophe Bernard Piettre nous donne un premier élément de réponse : « Le désordre du monde visible et sensible cache un ordre intelligible, visible à la seule intelligence ».
« Ma communication est un cheminement à travers l’expérience humaine, historique, culturelle, sociale… qui permet d’appréhender le Bigidi et d’approcher la création des sociétés caribéennes ». Lēnablou
Première de la nouvelle création chorégraphique de Lēnablou « Le sacre du sucre »
Jeudi 10 novembre - 20h - Rotonde des Humanités, Campus LyonTech-La Doua – Villeurbanne
Entrée Libre – ouverte à tous
Informations complémentaires
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Rotonde des Humanités, Campus LyonTech-La Doua – Villeurbanne
Mots clés
Derniers évènements
Ateliers danse avec la Cie MF
Les 15 et 22 mai 2025Festival Pop’Sciences
Du 16 au 18 mai
Formation
« Le bigidi, c’est faire corps avec le déséquilibre permanent sans jamais tomber »
Les prémisses de la relation entre Lēnablou et la section danse-études avaient débuté dès 2015. En avril dernier, des élèves-ingénieurs danseurs ont été accueillis en Guadeloupe pour découvrir un travail inédit : la théorisation d’une danse traditionnelle insulaire. Développée par Lēnablou, chorégraphe et anthropologue de la danse, « la Techni’ka » résulte d’un long processus d’analyse d’une culture qui se transmettait jusqu’alors par l’oralité. Accompagnés sur l’île par « Lafabri'k », un laboratoire des danses et expressions artistiques, les 32 étudiants de l’INSA Lyon ont ainsi découvert « l’art de vaciller sans tomber ».
Après ce premier temps d’échange au printemps, c’est à la section danse-études et à l’association l’Art de la Scène de recevoir la danseuse sur le campus en novembre prochain. À l’occasion du lancement de la seconde partie du projet, Marine Plaza (5GEN), Lisa Biche (5GM) et Julien Poletti (4GM), se sont prêtés au jeu de l’interview croisée pour raconter cette expérience sensorielle qui les a poussés à expérimenter le déséquilibre permanent.
En avril dernier, vous vous êtes rendus en Guadeloupe pour découvrir « la Techni’ka », une technique développée à partir du Gwoka, une danse traditionnelle. Comment peut-on résumer le travail de Lēnablou ?
Julien : Les danses populaires s’opposent aux danses savantes, celles qu’il faut apprendre à partir d’une théorie comme la danse classique par exemple. Le Gwoka fait partie de la première catégorie : c’est une danse qui tire ses origines dans l’histoire de l’esclavage, née dans les plantations. De cette culture, Lēnablou a théorisé ces mouvements qui ont coutume d’être transmis uniquement à l’oral. C’était la première fois que les pas étaient étudiés en vue d’être écrits. La Techni’ka est le nom de cette théorie.
Lisa : Autour de la Techni’ka, il y a une philosophie, appelée « le Bigidi », un mot créole qui signifie « chanceler » ou « vaciller ». C’est l’idée de faire corps avec le déséquilibre permanent sans jamais tomber. Dans cet esprit, les mouvements du Gwoka ont été étudiés pour être réappropriés. Pour comprendre les gestes et la tonalité, il faut comprendre la culture guadeloupéenne. D’ailleurs pendant notre séjour, les masterclass que nous suivions étaient complétées par des rencontres avec des gens de l’île, ce qui nous a permis de relier les mouvements de la Techni’ka et du Gwoka qui sont très liés à l’histoire de la Guadeloupe.
Comment pourriez-vous décrire les mouvements du Gwoka ?
Marine : Il y a dans le Gwoka, des positionnements de pieds totalement inédits, presque étranges et inhabituels pour le corps. Ces positions recherchent le déséquilibre et le chancellement, le fameux état du « Bigidi ». C’est une danse que l’on fait résonner à l’écoute d’une percussion et qui se danse pendant des soirées Léwoz, des fêtes locales où danseurs, chanteurs et tambouriers s’unissent. Nous avons eu la chance d’en vivre une et c’était très impressionnant. Les danseurs se mettent en mouvement plus par nécessité que par envie de danser, comme un besoin viscéral de faire corps avec la musique.
À titre individuel, que retenez-vous de cette rencontre inédite ?
Julien : En me rendant en Guadeloupe, je m’attendais à apprendre les bases d’une danse mais j’ai retenu une chose essentielle de l’enseignement de Lēna et du Bigidi qui me resteront longtemps : être fort, c’est savoir tomber et toujours s’adapter.
Marine : La méthode d’apprentissage de la Techni’ka est très rigoureuse et Lēna est une femme ferme qui a cherché à nous pousser dans nos retranchements. J’ai compris en dansant : parfois, il faut pouvoir « sentir » avec le corps plus que de « comprendre » avec la tête.
Lisa : À travers les bases de la Techni’ka, nous avons aussi découvert l’histoire de la Guadeloupe, et c’est ce côté qui m’a profondément touchée. C’est ce que je retiens surtout de cette expérience : la morale du Bigidi. Le déséquilibre fait partie du jeu, mais il faut se relever : après une épreuve, on se doit d’aller de l’avant.
Avril 2022
Le travail qui vous a été donné d’expérimenter s’apparente à un véritable travail de recherche du mouvement. En tant que futurs ingénieurs, y avez-vous vu des liens avec la science ?
Julien : Elle a fait un travail analogue à celle d’un chercheur en science ; elle a d’ailleurs même écrit une thèse sur le sujet. En allant à la rencontre des gens et en observant l’existant, le Gwoka, elle a formalisé la Techni’ka : c’est comme faire des expériences pour valider ou invalider une hypothèse scientifique.
Marine : Dans notre futur métier, il y a la théorie : la corde intellectuelle que l’on tresse à l’école. Avec le Gwoka, j’ai compris cela : toucher d’abord la sensibilité permet parfois de mieux la comprendre théoriquement. Pour être des ingénieurs mobilisés, il nous faudra prendre conscience de l’importance de la corde sensible.
Lisa : En tant qu’ingénieurs, nous allons agir dans un monde pour des gens. On peut le faire grâce à notre formation, mais si on veut des impacts réels, il faut être capable de comprendre les besoins de ces personnes. Je ressors de cette expérience plus nourrie en tant que future-ingénieure, car je crois que c’est important de savoir pourquoi on fait les choses.
• Conférence de Lēnablou sur la culture guadeloupéenne :
« Le geste chaotique du corps dansant : expression d’une nouvelle pluriversalité »
Le 8 novembre à 12h30 - Rotonde - Campus INSA Lyon - Entrée libre.
• Représentation par la Compagnie Trilogie Lēnablou :
« Le sacre du sucre »
Le 10 novembre à 20h00 - Rotonde - Campus INSA Lyon - Entrée libre.
Une campagne de financement participatif pour accompagner le deuxième volet du projet a été lancée par l’association étudiante l’Art de la Scène : https://lacooperative.groupe-insa.fr/en/projects/projet-gwada