Philosophie

28 fév
28/fév/2025

INSA Lyon

Point de bascule // la sélection du mois de février 2025

De Rosalind Franklin au Covid-19 en passant par l’IA : la science intègre

L’histoire des sciences est jalonnée de découvertes brillantes, d’aventures fascinantes, de trajectoires personnelles hors du commun, mais également de scandales. L’une des atteintes les plus marquantes à l’éthique scientifique est celle de l’histoire de Rosalind Franklin et du cliché 51, mettant en évidence la structure à double hélice de l’ADN. Quelques années plus tard, Jocelyn Bell Burnell, astrophysicienne britannique, se voyait déposée du Prix Nobel pour la découverte des pulsars. Autour de ces deux femmes exceptionnelles, des scientifiques ont eu un comportement peu intègre. Cet entretien avec Bruno Allard, référent à l’intégrité scientifique de l’INSA Lyon, brosse le portrait du principe de l’éthique, socle de confiance pour que la science reste un outil pertinent au service du progrès et de l’innovation pour le bien commun.

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Et si on (re)mettait du Care au cœur de la technique ?

Comment accorder technique et valeurs du soin dans un monde « qui se veut de plus en plus soignant, mais qui se révèle être de moins en moins soigneux » ? Appliquées à la technique, les valeurs des éthiques du Care, fondées sur l’empathie et le soin mutuel, peuvent-elles contribuer à un monde plus soutenable ? Pour Jean-Philippe Pierron, cela ne fait aucun doute. Lors du 4ᵉ séminaire Let’s look up : Ingénierie et Recherche par le prisme du concept « One Health », le 28 novembre 2024, il a évoqué les moyens intellectuels et pratiques à mettre en œuvre pour rendre cela possible.
 

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Mob-Energy : un coup d’avance sur la recharge électrique

Folie d’étudiants ingénieurs, coup de poker ou bien véritable pari sur l’avenir ? Probablement un peu des trois à la fois. Quasiment dix ans après leur sortie des bancs de l’INSA Lyon, Salim El Houat, Ilyass Haddout et Maxime Roy, ont bel et bien transformé leur projet en réalité. Mob-Energy, société spécialisée dans le reconditionnement des batteries et la recharge de véhicules électriques, compte aujourd’hui une cinquantaine de collaborateurs, et s’est installée depuis janvier 2024 dans une toute nouvelle usine sur un site industriel à Vénissieux. L’article revient sur  cette success-story ambitieuse et visionnaire, avec l’un de ses fondateurs.
 

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Prothèses de membres : quand l’objet technique s’invite dans l’intimité des corps

Il existe aujourd’hui une grande diversité de prothèses, qui varient en matière de matériaux, de formes et d’usages. Mais comment ces dispositifs s’intègrent-ils réellement dans le quotidien, la mobilité et l’intimité de ceux et celles qui les portent ? L’appropriation de la prothèse, c’est-à-dire l’intégration aux sensations, aux mouvements et aux habitudes de vie, ne va pas toujours de soi.
Lucie Dalibert, chercheuse au laboratoire S2HEP, explore cette relation complexe entre les corps et les technologies, dans le cadre du projet de recherche « Amélioration du parcours d’appropriation des dispositifs prothétiques » (APADiP). 

 

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Mots clés

04 oct
04/oct/2022

INSA Lyon

« Pour savoir ce que l’on ne sait pas, il faut déjà savoir ce que l’on sait »

La vérité scientifique ; quelle est-elle ? Comment est-elle conçue ? Comment est-elle mise à l’épreuve par une époque qui exhorte à la vitesse, à la synthèse et à la réduction ? Comment les métiers scientifiques et techniques doivent-elles s’y confronter ? 
Étienne Klein, physicien et philosophe des sciences, partage son diagnostic sur « la Vérité » : une notion qui invite à un test d’intelligence collective « dont on ne sait pas s’il sera réussi, ou pas ». Entretien.

Comment définir la vérité scientifique ?
C’est une vérité qui comporte plusieurs seuils. Il y a d’abord des vérités scientifiques qui sont vraies pendant un temps, et qui peuvent devenir complètement fausses, comme certaines théories balayées par l’avènement de la relativité d’Einstein par exemple. Ensuite, il y a des vérités qui seraient difficilement contestables ou remaniables comme par exemple remettre en question l’existence de l’atome ou que la Terre est ronde plutôt que plate… Ce sont les théories « béton », quoi. Et puis il y a des vérités qui restent des vérités, mais qui réclameraient une reformulation pour tenir compte des nouveautés que l’on a apprise. Un exemple que j’aime citer, c’est une phrase qui est l’exemple typique de la vérité scientifique mal dite. « La Terre tourne autour du soleil » : si vous décrétez que ce n’est pas vrai, vous passez pour un antiscience radical. Or, cette formulation est fausse dans la mesure où, lorsque vous dites « la Terre tourne autour du soleil », vous sous-entendez que le soleil est un centre, plutôt qu’un référentiel particulier. Ici, ça n’est pas que la vérité est devenue fausse, c’est que la façon de la dire est devenue désuète. 

La vérité scientifique pourrait-elle être un « outil » pour faire une société meilleure ?
Il faudrait qu’elle soit d’abord comprise. J’ai été choqué de la façon dont on a malmené la science et la recherche durant la crise Covid. On avait là l’occasion, historique sans doute, de faire de la pédagogie scientifique. Je pensais que l’on allait pouvoir expliquer « ce que l’on sait et ce que l’on ne sait pas », mais les scientifiques ont très rapidement été abandonnés pour laisser place à des controverses prématurées, personnalisées et parfois factices avec des gens qui disaient « je pense que », avis dont nous n’avions absolument rien à faire. En Allemagne, Angela Merkel ne disait pas, « le professeur untel pense que… ». Elle disait, « les scientifiques disent que… ». On a complètement oublié la notion collective de la recherche et en France, contrairement à d’autres pays européens, la confiance en la science s’est effondrée pendant la crise.

Qu’est-ce qui fait que selon vous, nous n’avons pas été capables en France de se saisir de ce moment historique pour faire de la pédagogie sur la vérité scientifique ? 
Je n’ai pas vraiment d’explication ; je constate seulement que les chercheurs qui étaient impliqués au tout début de la crise dans les médias et qui s’étaient retrouvés à répondre « nous ne savons pas », n’ont plus jamais été invités par la suite. En France, on a l’idée qu’un savant doit pouvoir répondre à toutes les questions, donc la parole de ces gens a été rapidement délaissée pour des gens qui avaient réponse à tout, y compris aux questions dont personne ne connaissait la réponse. On a donné une prime à l’arrogance plutôt qu’à la compétence. À cela s’ajoutent aussi tous les biais cognitifs bien connus : en période de confusion, on accorde son crédit aux paroles qui nous rassurent. Plus encore, il y a eu une grande confusion entre la science et la recherche. La science est un corpus de connaissances qui est, par nature, incomplet. Ces connaissances sont des réponses à des questions bien posées ; réponses que l’on peut contester, mais avec des arguments scientifiques et non pas avec son ressenti. Par ailleurs, nous nous posons des questions dont nous savons que nous n’avons pas les réponses : c’est ce dont on doute. Et ce doute-là, c’est le moteur de la recherche. 

La question du « doute » est quelque chose qui est difficilement compris et accepté par la société civile, n’est-ce pas ? 
Le mot « doute » fait référence à l’ignorance, mais il ne s’agit pas ici de l’ignorance des ignares ; mais de l’ignorance des savants. Pour savoir ce que l’on ne sait pas, il faut déjà savoir ce que l’on sait ; ce qui n’est pas donné à tout le monde. Lorsque l’on confond la science et la recherche comme pendant la crise Covid, le doute propre à la recherche vient coloniser même l’idée même de science. Et puis, on finit par confondre la science et le doute. Pourquoi faudrait-il donc écouter les scientifiques, s’ils doutent ? Confondre la science et le doute discrédite forcément les scientifiques, sans qu’ils ne s’en rendent compte. Donc je pense que c’est impératif de faire la distinction entre la science et la recherche : il y a ce que l’on sait, et ce dont on doute. Ce sont deux choses qui sont liées mais qui sont très différentes. 

Vous parliez des biais cognitifs plus tôt. Est-il important de rappeler qu’entre vérités et croyances, notre société de la hâte, a gommé la frontière pourtant nécessaire entre les deux notions ?
Notre cerveau, par construction, n’aime pas être contredit. Avant qu’il y ait le numérique, les gens de gauche ne lisaient pas le Figaro, et les gens de droite ne lisaient pas Libération, parce qu’ils voulaient que le compte-rendu des actualités qui collent à leur façon de lire le monde. Sauf qu’avec le numérique, cette tendance s’est accentuée : il y a d’une part les algorithmes qui sont très prompts à détecter vos tropismes, vos croyances, vos habitudes et qui vont alimenter en biais de confirmation. D’autre part, dans les mêmes canaux qui ne sont pas hiérarchisés, circulent en même temps des connaissances, des croyances, des avis, des bobards ou des commentaires qui ont des statuts très différents. Seulement, par le fait même qu’ils circulent ensemble, ils se contaminent. Personne parmi nous n’a le temps de vérifier les sources ou de comparer les connaissances aux croyances. D’autant plus que les connaissances sont parfois considérées comme les croyances d’une communauté particulière ou à l’inverse, les croyances sont considérées comme des connaissances. 

Pourquoi les ingénieurs devraient-ils porter une attention particulière à la vérité ? 
Disons qu’ils ont un accès privilégié à la vérité scientifique. Du moins, la maîtrise de certaines compétences. La science produit des connaissances, mais ce que l’on a constaté, c’est que la science produit aussi de l’incertitude. C’est une incertitude d’un type très spécial. Par exemple, la biologie vous dit comment faire des OGM, mais elle ne vous dit pas si vous devez les faire. Autrefois, ces choix étaient indécis car la science servait l’idée de « progrès ». Aujourd’hui, ce type de questionnement soulève un choc de valeurs : alors on se bagarre, on discute, on n’est pas d’accord. À mon sens, les ingénieurs ont besoin de prendre la parole dans le débat public car une société moderne devrait pouvoir décider de façon démocratique le type de compagnonnage qu’elle souhaite effectuer avec les nouvelles technologies.

Qu’entendez-vous par « prendre la parole dans le débat public » ?
Je pense que la compétence, en général, met dans une position que l’on pourrait qualifier de modérée. Sauf que chez les ingénieurs, la modération dont il est question s’applique aussi à leur engagement : ils s’engagent, modérément. Il faut que les ingénieurs disent ce qu’ils savent et ce qu’ils font, mais aussi qu’ils disent ce qu’ils pensent de ce qu’ils savent et de ce qu’ils font. Cela ne suppose pas qu’ils décident, mais qu’ils s’expriment. Ce n’est pas une obligation, mais il faut que certains le fassent, sinon, on laisse le champ libre aux arrogants. Je vois aussi une forme de « honte prométhéenne » chez certains ingénieurs qui se sentent dépassés par la technique et qui ne s’estiment pas assez compétents pour prendre la parole. C’est quelque chose qui freine leur engagement dans la mesure où ils sont amenés dans beaucoup de situations à faire face à des questions qu’on leur pose et répondre « je ne sais pas ». Et ça il faut l’apprendre : ce n’est pas une honte à dire que l’on ne sait pas. À mon sens, c’est même une preuve de lucidité. 

Donner la parole aux ingénieurs serait donc une façon de remarier sainement la science, la technique et la société civile ?
Avant de réfléchir intellectuellement à la place de la science dans la société, je crois que la priorité numéro une serait de tenir compte des leçons de ce que la crise Covid a engendrées, puis ensuite de déterminer la façon de diffuser la culture scientifique. Il faut bien comprendre que la majorité du public n’a jamais été vraiment confronté à un raisonnement de type scientifique, donc implicitement, il donne crédit au bon sens et à une espèce de populisme scientifique. En France, le système éducatif s’est structuré à la Révolution. Si je caricature, on a décapité un roi, puis on a créé des Grandes Écoles, avec l’idée que l’on devait remplacer l’élite dont on avait zigouillé la tête, par une élite promue par l’intelligence et le mérite. Et c’est autour de ce projet qu’a été structurée l’éducation. Aujourd’hui, si un enfant de 10 ans sait qu’il n’est pas bon en maths, il va se créer une barrière mentale qui le coupera automatiquement du discours scientifique. Comme le dit Jean-Pierre Dupuy, la plus grande inégalité sociale, dont on ne parle jamais, c’est l’inégalité dans la connaissance scientifique. Avant de décider de ce que l’on fait de la science, il faut apporter une explication de ce qu’elle est. Avant de se demander ce que l’on veut faire de la science, on devrait d’abord la prendre au sérieux pour ce qu’elle nous apprend. Puis, c’est justement parce qu’il n’y a pas de doute sur la puissance qu’elle l’a, qu’il faudra s’interroger sur l’usage que l’on veut en faire. 

Étienne Klein était l’invité de la conférence inaugurale de l’amphithéâtre Jean Capelle, le 4 octobre dernier. 

 

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23 mar
23/mar/2022

Formation

« Le doute n’est pas un obstacle à la démarche scientifique mais l’une de ses composantes »

Avez-vous lu votre horoscope aujourd’hui ? Si oui, il y a fort à parier qu’il a tapé dans le mille en faisant écho à votre quotidien ou référence à des situations en train d’être vécues. Même si « vous n'y croyez pas », vous avez certainement parcouru le descriptif de l’horoscope jusqu’au bout, en y relevant des éléments qui, « objectivement », correspondent à votre personnalité. Parfois même, il a semblé prédire des choses vraies, qui se produisent effectivement. Votre constatation personnelle suffit-elle à constituer une preuve de la validité scientifique de l’astrologie ? L’astrologie ne partage-t-elle pas son ciel avec l’astronomie, souvent considérée comme la plus ancienne des sciences ? 

Carine GoutalandC’est avec cet exemple que Carine Goutaland, enseignante de lettres et directrice du centre des Humanités, introduit l’un de ses domaines de prédilection : la zététique. « L’art de douter1 » se propose de développer l’esprit critique pour faire la différence entre « ce qui relève de la science et ce qui relève de la croyance ». Une démarche nécessaire pour tous, ingénieurs, chercheurs et citoyens, mais qui nécessite curiosité et humilité devant la faillibilité de la raison humaine.

Plusieurs approches existent pour développer l’esprit critique et refuser la pensée dogmatique. Celle qui vous passionne s’appelle la zététique, que l’on définit souvent comme « un art du doute ». De quoi parle-t-on exactement ? 
Parfois appelée aussi « autodéfense intellectuelle », c’est une démarche qui utilise le doute méthodique comme moyen de développer son esprit critique : lorsqu'on est mis en présence d'un phénomène ou d'une information extraordinaire, on commence par suspendre son jugement puis on les confronte à l'état actuel des connaissances scientifiques, on vérifie la fiabilité des sources, etc. Créée dans sa forme moderne par le biophysicien Henri Broch dans les années 1980, la zététique s’est surtout intéressée au paranormal (télépathie, spiritisme…) qui est un champ d’étude privilégié car il implique souvent une lourde charge affective pour les individus, et est donc particulièrement propice aux biais cognitifs. Aujourd’hui, la zététique est beaucoup associée au questionnement sur l'influence des médias et des réseaux sociaux, notamment sur la question des infox, néanmoins elle est utile dans d'autres domaines (médecines dites "alternatives", parapsychologie…). Mais attention, il ne s’agit pas de douter de tout, ni de douter tout le temps (c'est d'ailleurs le propre des théories du complot), mais de douter avec méthode. Il s’agit de déconstruire les mécanismes de la pensée, d'identifier les biais de perception ou d'interprétation, de déconstruire les discours manipulateurs, de prendre conscience du rôle du hasard…

On comprend l’utilité citoyenne de la démarche, mais quels bénéfices pour les ingénieurs et les scientifiques ? 
La démarche critique doit être mise en œuvre dans la réalisation d’expériences, dans la réflexion sur l’élaboration et l’amélioration de protocoles scientifiques. Par exemple, pour qu’une expérimentation soit valide, le protocole scientifique doit prendre en compte les incertitudes liées à la mesure et à son interprétation pour en tirer des conclusions qui ne soient pas biaisées. En fait, la zététique oblige à ne pas voir uniquement ce que l’on voudrait voir.

C’est donc une démarche qui questionne directement la responsabilité sociale de l’ingénieur et du scientifique ? 
Exactement. Le scientifique ou l’ingénieur sont des humains comme les autres, avec leurs croyances et leurs opinions. Son devoir est de ne pas se laisser guider par celles-ci dans ses travaux scientifiques. La zététique interpelle aussi le rôle de médiateur du scientifique qui doit être capable d’exprimer clairement ce que peut la science et ce qu’elle ne peut pas. La crise du Covid l’a illustré : le discours scientifique n’est pas une opinion parmi d’autres. À l’ère des « fast news », l'idée d'obtenir une réponse rapide à ses questions est séduisante, mais la construction d'un consensus scientifique passe par de nombreuses étapes et exige du temps. Nous avons tous - scientifiques, citoyens, médias -, une responsabilité dans la régulation de l'information : c'est un enjeu d’émancipation et de démocratie, comme l'a très bien montré le sociologue Gérald Bronner
2.

Concrètement, comment s’initie-t-on à la zététique ? Peut-on prendre des cours ? 
« L'esprit critique » correspond à un ensemble d’outils que l'on peut acquérir et développer par l'éducation. C’est quelque chose qui se travaille, avec du temps et de la méthode. Si la formation scientifique, dans le domaine des sciences dites dures ou dans celui des sciences humaines et sociales, permet d'acquérir des connaissances et des savoirs-faire qui aident à se prémunir contre les biais cognitifs, il serait illusoire de penser qu'un haut niveau de connaissances scientifiques est toujours synonyme d'esprit critique3
!
Aiguiser son esprit critique est une formation tout au long de la vie et il n’est jamais inutile d’en parler, de douter pour favoriser une compréhension systémique du monde qui nous entoure.

Il y a plusieurs années, le centre des Humanités proposait un cours optionnel de zététique aux élèves-ingénieurs. Dans notre société de plus en plus « infobèse », ce cours ne mériterait-il pas de renaître ?
Il est vrai que la zététique peut être une boussole pour avancer dans la jungle de la surinformation. Les réseaux sociaux ont décuplé notre tendance à préférer nos biais de confirmation, cette tendance à sélectionner les données qui nous confortent dans nos croyances.
J'ai en effet coordonné avec Stanislas Antczak, enseignant de physique, un cours optionnel de zététique entre 2007 et 2014. On pourrait envisager de réintroduire ce type d'enseignement dans le cadre du chantier d'évolution de la formation, par exemple dans l'offre de cours à la carte de SHS proposée par le centre des humanités. Mais quoi qu'il en soit, on aborde aussi les outils de la zététique dans d'autres enseignements transversaux existants comme les modules « sciences-humanité » et les « parcours pluridisciplinaires d’initiation à l’ingénierie », les P2i4.

La méthode zététique est donc adossée à la méthode scientifique. Peut-on paradoxalement douter de la vérité scientifique ? « Faut-il croire la science », comme interroge Étienne Klein ?
La science n’est pas parfaite ! D’ailleurs, elle n’a jamais eu la prétention de l’être. Il existe des erreurs scientifiques, c'est même le moteur de la connaissance scientifique qui progresse par remises en cause et ajustements successifs. Et la science n'a pas réponse à tout. Celui ou celle qui cherche une vérité scientifique doit prendre le temps de questionner ses croyances, que l’on croit souvent très légitimes tant elles sont ancrées très profondément en nous. Comme le dit Etienne Klein à l'occasion de la parution de son essai « Le Goût du vrai », il faut « aimer la vérité, oui, mais pas déclarer vraies les idées que nous aimons
5 ». C’est une démarche qui demande beaucoup d’humilité et un certain courage, surtout pour accepter la contradiction ou l’absence de vérité. Le doute n’est pas un obstacle à la démarche scientifique mais l’une de ses composantes.

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[1] « L'art du doute ou comment s'affranchir du prêt-à-penser », Henri Broch.
[2] La Démocratie des crédules, 2013.
[3] Gérald Bronner, "Pourquoi l'éducation n'empêche pas les croyances".
[4] Les P2i sont proposés aux étudiants de 2e année et permettent de s'initier aux projets d’ingénierie selon différentes thématiques.
[5] Étienne Klein: "Aimer la vérité, oui, mais pas déclarer vraies les idées que nous aimons".

 

 

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24 juin
24/juin/2020

INSA Lyon

Chaire Alumni / INSA Lyon : l’ingénieur INSA, ce philosophe en action

Avec la chaire « Ingénieur INSA, philosophe en action. Penser et agir de manière responsable », l’INSA Lyon et son association d’Alumni, la Fondation INSA Lyon et la filiale de valorisation INSAVALOR, souhaitent interroger le rôle de l’ingénieur et nourrir la réflexion sur son évolution dans une société transformée par de grands enjeux.

Urgence climatique, « robolution », crise des représentations et des pratiques… Le monde d’aujourd’hui connaît de profonds bouleversements et commence à percevoir les impasses de nos systèmes socio-économiques. Les enjeux actuels sont de taille et pour pouvoir leur faire face, le monde doit se réinventer. 

À la croisée de ce nouveau monde et de ses défis : l’ingénieur. Humaniste comme le souhaitaient les fondateurs de l’INSA Lyon, l’ingénieur INSA devait porter en lui la responsabilité sociétale de ses actes mais aussi de sa pensée. Cette représentation formulée à la fin des années 60, lors de la création du modèle INSA, n’a pas pris une ride aujourd’hui, jusqu'à trouver un écho très fort dans un contexte en pleine mutation. 

Comment cet « ingénieur, philosophe en action » évolue-t-il dans notre société contemporaine ? Quelle sagesse peut-il développer face aux défis du temps, à une révolution numérique incontrôlée et incontrôlable, à un futur incertain et imprévu ? À quelles valeurs pourra-t-il se référer et quel idéal cherchera-t-il à véhiculer dans un monde où l’humanité peine à se projeter ? Comment parviendra-t-il à allier pensées et actes, attentes et satisfactions, besoins économiques et nécessités vitales ?
 
C’est pour tenter de répondre à ces questions, et pour redonner à l’humanisme de l’ingénieur INSA tout son sens dans une époque bouleversée, que l’INSA Lyon et l’Association Alumni INSA Lyon lancent la chaire « Ingénieur INSA, philosophe en action. Penser et agir de manière responsable ». Parce que le monde bouge, qu’il faut anticiper et se mettre en mouvement.

 

Pour participer au développement de cette chaire, une opération de financement participatif a été déployée le 22 juin 2020 : https://crowdfunding.groupe-insa.fr/fr/projects/chaire-alumni-insa-lyon

En savoir plus sur la chaire : https://chaires.insa-lyon.fr/chaire-institutionnelle-alumni-insa-lyon

 

Penser l’évolution du rôle et de la responsabilité des ingénieurs avec nos Alumni
Par Frédéric Fotiadu, directeur de l’INSA Lyon

L’INSA Lyon est engagé depuis deux ans dans une démarche Prospective, inspirée de la méthode élaborée par son père fondateur Gaston Berger. Ces travaux nous ont permis de mener une réflexion profonde sur les futurs possibles de notre établissement à l’horizon 2040, en envisageant divers scénarios, dont certains de rupture. La crise du Covid-19 nous a brutalement confrontés à ces hypothèses d’exception, qui, au début 2020, étaient encore considérées comme peu probables. Face aux enjeux résultant de ces circonstances, la question du rôle des ingénieurs, déjà au cœur dans notre démarche prospective, reste plus que jamais d’actualité.

Par la diversité des fonctions qu’elles et qu’ils occupent dans tous les domaines et secteurs d’activité, par l’infinie richesse de leurs parcours professionnels et de leurs expériences personnelles, les diplômés INSA constituent à la fois une extraordinaire source d’informations et d’inspiration, et une formidable caisse de résonance à ces questionnements. Ils sont aussi, par leur nombre, un puissant levier de transformation des entreprises et organisations de nos sociétés. Je suis donc particulièrement heureux et enthousiaste à l’idée de porter ensemble cette chaire Alumni INSA Lyon pour approfondir nos réflexions sur la place et la responsabilité de l’ingénieur dans le monde actuel et à venir.

Ce projet absolument passionnant va contribuer à resserrer les liens et renforcer les interactions entre notre établissement et son réseau d’Alumni. Il constitue également une très belle opportunité pour rapprocher de notre communauté de diplômés qui s’en étaient éloignés. Dans un monde en recherche de sens et de nouveaux repères, cette chaire est une invitation à nous mobiliser toutes et tous pour penser notre rôle au sein de la société sur la base de ce qui constitue l’essence même de l’INSA Lyon depuis sa création : le modèle d’ingénieur humaniste.

Cette « marque de fabrique INSA » repose précisément sur la capacité à s’ouvrir à d’autres disciplines, notamment les sciences humaines et sociales, pour saisir toute la pluralité du monde et s’interroger systématiquement sur l’impact sociétal et environnemental des technologies. C’est aussi l’ouverture au monde des arts, de la culture et du sport, pour nourrir notre réflexion et notre expérience d’autres formes de sensibilité, d’interactions, de pratiques, d’autres quêtes de la performance et de dépassement de soi. C’est enfin un véritable engagement citoyen en faveur de l’ouverture sociale et de toutes les formes de diversités pour construire un monde plus juste, inclusif, bienveillant et altruiste.

Formés selon ce modèle porté par l'INSA et nourris de ses valeurs fondamentales, nos diplômés sont particulièrement à même de percevoir la multitude de signaux forts ou faibles qui annoncent les mutations à venir. Ils ont la capacité à les penser non seulement sous l’angle de la technologie, mais aussi et surtout selon une approche intellectuelle globale. C’est précisément cette dynamique qui va être mise en œuvre au sein de la Chaire Alumni, au service de nos élèves, de nos enseignants-chercheurs, de nos partenaires et de la société d’une manière générale.

Il s’agira ici de toujours mieux nous préparer à affronter cet avenir incertain, complexe, bouleversé par le présent, en adoptant une vision systémique pour engager avec conscience et éthique les grandes transitions énergétiques, environnementales et écologiques, numériques, mais également sociales et sociétales, qui permettront de faire advenir un futur désirable.


Repositionner le rôle de l’ingénieur dans la société
Par Daniel Louis-André, ingénieur INSA génie électrique 1977 et président de l’association Alumni INSA Lyon

L’ingénieur INSA, femme ou homme, est attaché, peut-être plus aujourd’hui qu’hier, à toutes les valeurs portées par le modèle INSA. Si ses caractéristiques, tout comme son état d’esprit, n’ont pas été érodés par le temps, je pense que nous pouvons constater que l’ingénieur INSA a beaucoup évolué.

Avec tout d’abord, la dimension internationale qu’il a pu acquérir, dans l’entreprise, et dans la société au sens large. Partir en échange pendant ses études il y a quarante ans était le privilège de quelques-uns d’entre nous. Depuis, la mobilité est devenue obligatoire pour tous les étudiants, et les moyens de communication se sont considérablement développés, rendant l’internationalisation beaucoup plus simple à gérer. 
Dans ce monde où tout s’est accéléré, nous constatons par ailleurs que l’ingénieur INSA est de plus en plus en quête de sens. L’engagement, l’adéquation aux valeurs de l’entreprise, l’utilité donnée au métier exercé sont des moteurs dans la recherche d’emploi, tout comme dans la conservation d’un poste. Le salaire ne suffit plus au bonheur. Le modèle de société de ces dernières décennies ne fait plus rêver, il est même décrié. La société doit se transformer.

Dans ma spécialité génie électrique, les ingénieurs ont conscience d’être complètement au cœur de la transformation du modèle énergétique. Dans cette course vers la mobilité faible émission, les jeunes ont conscience d’un enjeu majeur : leur impact sur l’évolution des modes de vie pour faire baisser les consommations d’énergie.
Le volet environnemental et la place de l’humain sont devenus primordiaux.
Dans la projection de l'industrie du futur, de l’usine 4.0, au milieu du big data, des objets connectés, de l’ultra-technologie, il y a cette voie vers l’innovation à domicile, les circuits courts, les modèles personnalisés.

De manière plus globale, on va donc demander à l’ingénieur d’être toujours plus créatif. On va lui demander de trouver l’équilibre entre l’expertise qu’il va pouvoir développer en regard des technologies de pointe, et la nécessité de travailler avec une démarche plus large pour mieux intégrer la dimension environnementale sur l’ensemble du cycle de production, et replacer l’humain, tel qu’il doit l’être, au cœur des processus.
L’ingénieur de demain doit tenir ce rôle, avoir cette vision globale, développer cette approche systémique et exercer plus que jamais son sens critique. Il doit avoir la faculté de s’interroger au-delà de son « patrimoine » de compétences, quitte à remettre en cause les approches qui semblent évidentes. 

J’aimerais enfin personnellement que l’ingénieur ait un rôle plus important dans la cité, par sa connaissance générale et son savoir-faire, alors qu’il a aujourd’hui peu d’impact. C’est peut-être ce qu’il faut transmettre à nos jeunes : apprendre à ne pas être passifs, face à des systèmes qui les enferment sur des modèles. Il faut repositionner le rôle de l’ingénieur, et mon optimisme me conduit à penser que c’est possible. 

Mais pour parvenir à développer de nouvelles approches qui répondent à la fois à la quête de sens de l’ingénieur, et à la nécessité de repositionner son rôle dans la société, il faut s’interroger sur l’art et la manière.
Comment un ingénieur INSA doit se comporter au sein de l’entreprise pour jouer son rôle ? Comment cet ingénieur de demain va parvenir à jouer un rôle important dans son entreprise tout en exerçant son regard critique ? Comment pourra-t-il être à l’initiative du changement sans être perçu comme celui qui veut tout révolutionner ? Les notions de savoir-être et de compréhension du monde de l’entreprise sont ici fondamentales, et doivent guider la formation des élèves, au-delà bien-sûr des bases scientifiques qu’il faut conserver.

Je suis Président des Alumni depuis mars 2019 et, depuis, je suis régulièrement au contact des élèves et des diplômés INSA. Avec cette chaire, nous souhaitons apporter des réponses à leurs préoccupations, notamment au regard des enjeux sociétaux et environnementaux. Et nous allons pouvoir le faire ensemble, avec l’école et la Fondation INSA Lyon.
Cette dimension tripartite est pour moi indispensable au succès de ce projet, comme de beaucoup d’autres. En tant qu’Alumni, nous allons pouvoir faire le lien entre ceux qui pensent la formation à l’INSA Lyon, les ingénieurs en activité et ceux en devenir.
Nous souhaitons faire de cette chaire un terrain concret d’échange d’idées et d’expériences, qui produise des résultats tangibles pour tous les acteurs : École et enseignants, ingénieurs en activité, entreprises.


Promouvoir le modèle d’ingénieur humaniste
Par Laure Corriga, présidente du directoire d’INSAVALOR

Nous soutenons cette chaire originale qui a toute légitimé pour exister, parce qu’elle colle à l’ADN de l’INSA Lyon. S’interroger sur le rôle de l’ingénieur fait partie des fondements de l’école, et c’est important de partager la réflexion avec notre écosystème, aux côtés des Alumni et de la Fondation INSA Lyon.
Pour moi, un ingénieur, c’est quelqu’un qui, face à des enjeux, des problèmes variés, apporte des solutions techniques et organisationnelles en prenant conscience des impacts et parties-prenantes qui l’entourent. Sa grande qualité, c’est son adaptabilité. Aujourd’hui, dans un contexte où les enjeux économiques, sociétaux et environnementaux sont plus visibles, l’ingénieur devient un acteur dont le rôle devrait être plus grand, avec une place dans la société plus prépondérante. Son regard devrait être essentiel, nourri par cette démarche projet dont il a l’enseignement et la maîtrise.
Le rôle de l’ingénieur évolue parce que la société évolue. Dans un monde qui devient plus automatisé, l’ingénieur sera forcé de changer, de prendre en considération de nouveaux paramètres. Au-delà de l’innovation technologique, il devra mesurer l’impact de ses décisions sur le plan sociétal et environnemental, voir plus loin, inventer de nouveaux modèles, en faisant notamment appel à sa créativité. Il devra vivre avec le changement mais aussi l’initier. Il va évoluer dans un contexte plus internationalisé, avec des collaborations aux réponses moins immédiates. 
L’INSA éveille ses élèves en ce sens, et souhaite leur apporter les connaissances et les compétences nécessaires. De cette chaire, j’aimerais qu’il ressorte une sorte de label d’ingénieurs humanistes, qui permettrait de témoigner du parcours INSA et de la démarche globale acquise au fil de l’enseignement. 
INSAVALOR peut, sur un plan très opérationnel, apporter sa contribution au travail de la chaire sur les aspects de formation continue et développer des modules de formation en cohérence avec la démarche philosophique portée par cette chaire. De plus, en tant qu’acteur de terrain, nous allons pouvoir être récipiendaire des attentes des entreprises et être témoin de leurs changements. Certaines d’entre elles ont déjà entrepris une réflexion fondamentale et ont compris qu’elles devaient prendre leur essor avec de nouvelles générations plus engagées. D’autres travaillent leur marque employeur et vont, a priori, dans cette direction. 


Renforcer le lien entre les différentes générations d'ingénieurs en plaçant au cœur des échanges la philosophie-même du métier
Jean Guénard, ingénieur INSA génie civil 8e promotion et président de la Fondation INSA LyonL’environnement de l’ingénieur a évolué, depuis la création de l’INSA en 1957. Pour son co-fondateur, Gaston Berger, l’Homme était alors au centre de toutes les préoccupations. Aujourd’hui, plus de soixante ans plus tard, nous constatons que les élèves défendent une autre position : la Terre est désormais placée au centre de leurs préoccupations. Cette notion de « Terre en danger », qui n’était réservée qu’à quelques élites un peu marginalisées de l’époque, est devenue omniprésente aujourd’hui. Les notions de frugalité, réparation, économies, reviennent sur le devant de la scène et l’ingénieur humaniste a cette prise de conscience que les ressources de la terre ne sont pas inépuisables. L’ingénieur, qui doit dorénavant s’astreindre à ne pas penser qu’à lui-même, doit apporter sa contribution à l’évolution sociale, économique, intellectuelle et culturelle au monde qui l’entoure, et dans l’organisation du travail. 
J’attends donc de cette chaire, avec beaucoup d’intérêt, une redéfinition concrète et actuelle de la notion d’ingénieur humaniste, où l’on se réfère à l’homme mais aussi à la Terre. Mais pour moi, l’ingénieur de demain n’est pas, hormis sur cet aspect environnemental, si différent de ce qu’il était hier. Avec une technique excellente, et une expertise pointue de sa spécialité, il présente une formation solide et une ouverture au-delà de son champ d’expertise, doublée d’une culture générale qui doit être la plus large possible. 
Pour moi, un ingénieur, c’est celui qui s’intéresse à ce qui se passe autour de lui, et qui met ses compétences au service de ses valeurs. Des valeurs avec lesquelles il est en accord, dès sa formation sur les bancs de l’INSA. Ces valeurs fortes, l’école les portaient quand j’étais moi-même étudiant. Je fais partie de ceux qui ont eu accès à cette formation d’excellence, étant pourtant éloigné du monde de l’enseignement supérieur. Mes parents, agriculteurs puis épiciers, au Creusot, me soutenaient dans ma scolarité, plutôt satisfaisante. Grâce à eux, j’ai pu rentrer à l’INSA, puis bénéficier d’une bourse d’études dès ma deuxième année. À l’époque, je ne savais pas que je réussirais le pari fou d’aboutir dans une carrière riche de dizaines d’ouvrages d’art, de génie civil, de souterrains, de voies ferrées ou routières, de ports ou d’ouvrages maritimes à la construction d’un ouvrage unique : le viaduc de Millau. Chance ? Intuition ? Culot ? Ambition ? Sans doute un peu de tout cela, mais surtout un goût et une pratique développée de la motivation des équipes.
Seul, je ne suis rien. Ensemble, tout, absolument tout, est possible.
J’avais commencé comme conducteur de travaux et gravi les échelons chez EMCC puis chez Eiffage, jusqu’à en devenir Président de la branche Infrastructures. Dans ma spécialité, le génie civil, nous concevons, nous construisons, et nous pouvons suivre la réalisation. C’est un domaine où nous pouvons nous projeter. Aujourd’hui, le besoin de nouvelles infrastructures n’est plus aussi fort, l’heure est au renouvèlement du patrimoine, et à l’entretien préventif des bâtis. Il faut faire avec l’existant, un véritable défi pour les ingénieurs de ma spécialité. Grâce à cette chaire, impulsée par les Alumni, le lien entre les différentes générations d'ingénieurs va pouvoir être renforcé, en plaçant au cœur des échanges la philosophie-même du métier. Et, je l’espère à nouveau, faire en sorte que l’impensable ne soit pas impossible. 

 

 

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