
Formation
Module « ETRE » : l’INSA Lyon met en œuvre sa révolution pédagogique sur les enjeux de transition écologique et sociale.
Comptant parmi les premiers établissements de l’enseignement supérieur français à vouloir former l’ensemble de ses étudiants aux enjeux de « développement durable et de responsabilité sociétale », l’INSA Lyon s’est engagé dès 2019 à faire évoluer ses formations et contenus pédagogiques. Un chantier ambitieux mené dès les deux premières années au sein du département Formation Initiale aux Métiers d'Ingénieur, FIMI. Depuis février 2023, la première réalisation à grande échelle de ce projet a débuté via le déploiement du module « ETRE » pour « Enjeux de la Transition Écologique » en 1ʳᵉ, puis 2ᵉ année du département FIMI. L’occasion de faire un premier bilan avec les équipes initiatrices de ce module et les étudiants qui l’ont suivi. Témoignages.
« Nous avons réussi à relever le défi de proposer un enseignement à 1 600 étudiants par an répartis sur deux années, mais aussi d'avoir pu faire monter en compétences une équipe pédagogique de près de 80 enseignants issus de disciplines très diverses », se félicite Marion Fregonese, Directrice du département FIMI. Près de deux ans après sa mise en place, le module « ETRE » a pris racine dans le paysage pédagogique de l’INSA Lyon. Son ambition : permettre aux étudiants de 1ʳᵉ et 2ᵉ année d’acquérir des connaissances solides sur les enjeux socio-écologiques et la responsabilité de l’ingénieur dans la nécessaire transformation de la société et des métiers de l’ingénierie face à ces enjeux. Dans un contexte sociétal en plein bouleversement, l’INSA Lyon s’est montré à l’écoute et précurseur et marche après marche, a construit avec succès ce nouveau module.
À l’avant-garde
Août 2018 : « Les grèves scolaires pour le climat » battent leur plein, mobilisant les jeunes partout dans le monde notamment à Lyon. Photo : Page Facebook Lyon Doua Climat
Dans le sillage des revendications mondiales qui se sont élevées par la voie de la jeunesse (grève mondiale pour le climat lancée en août 2018 par Greta Thunberg), des rapports et alertes des scientifiques et de la médiatisation grandissante des sujets environnementaux, le collectif étudiant « Transition » de l’INSA Lyon se mobilise et exprime sa volonté de mieux former les élèves sur ces enjeux. Dans ce contexte, l’INSA Lyon, apparaît précurseur. L’établissement, déjà engagé côté recherche sur ces sujets depuis plusieurs années, vote fin 2019 en conseil d’administration la première lettre de cadrage sur l’évolution de la formation afin d’irriguer tous les niveaux du cursus ingénieur. Un bouleversement éducatif se met en marche, fruit d’un important travail collectif et innovant, propulsé par une philosophie, celle de Gaston Berger et son modèle de « l’ingénieur humaniste ». C’est un défi de taille pour toute la communauté enseignante de l’établissement. Il faut désormais inventer les modalités pédagogiques pour donner aux futurs ingénieurs les clés nécessaires à la mise en œuvre de la transition socio-écologique. Preuve de son avance, ce n’est qu’en février 2022 qu’un groupe de travail présidé par le climatologue Jean Jouzel remet à la ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation un rapport dit « Jouzel-Abbadie », préconisant que la formation à la Transition écologique dans l’Enseignement supérieur puisse devenir partie intégrante des parcours de formation dès le niveau licence.
Pédagogie de la transition
Chiffres vertigineux, rapports inquiétants et éco-anxiété, enseigner la transition socio-écologique ne se décrète pas : la communauté des enseignants doit innover et concevoir une maquette pédagogique sur-mesure. « L'une des premières difficultés a été d'apprendre à se comprendre entre les intervenants venant tous de nombreuses disciplines, mais c’est une étape qui a soudé la communauté pédagogique », témoigne Solène Tadier, co-responsable du module ETRE. Dès 2020, des groupes de travail se sont constitués pour travailler sur certaines thématiques de manière collégiale. Pas simple de partir d’une page blanche, faire discuter des visions parfois antagonistes sur la responsabilité de l’ingénieur et « choisir les sujets à traiter en priorité » raconte Solène Tadier.
L’enseignement des enjeux socio-écologiques nécessite également de faire appel à des modalités pédagogiques moins magistrales, plaçant l’apprenant au cœur de ses apprentissages. « Enseigner des notions qui impactent émotionnellement et individuellement implique une nouvelle forme de pédagogie. Certaines séances impliquent même des sorties sur le terrain », insiste Simon Lecestre, Chargé de mission Transformation Socio-Écologique à l'INSA Lyon et membre de l’équipe pédagogique du module ETRE. « On étudie des objets scientifiques comme le système Terre, la biodiversité, le changement climatique, les ressources minérales, qui ne sont pas neutres. Ils entrent en collision avec un autre objet que l'on se doit d'étudier en même temps : soi-même. »
Simon Lecestre, Chargé de mission Transformation Socio-Écologique à l’INSA Lyon
et membre de l’équipe pédagogique du module ETRE
Une prise de conscience
Côté étudiants, après plus d’une année d’existence, les retours sur ce module sont plutôt positifs : « il y a une vraie volonté de nous sensibiliser au changement climatique et à ses conséquences, peut-être aussi de convaincre ceux qui se montraient sceptiques ou insensibles, de montrer que la transition est un enjeu clé dans notre futur métier d’ingénieur », témoigne Constance Regnault, étudiante en deuxième année en FIMI. Pour certains, ce fut même un enseignement qui a déclenché une vraie prise de conscience et pour d’autres, un cours ressenti comme une parenthèse de liberté avec le loisir de se projeter directement dans la posture de l’ingénieur, d’inventer et de décider. « Ce qui m’a le plus marqué est indéniablement l’intervention sur les limites planétaires. Il agit un peu comme un électrochoc qui nous fait réaliser qu’agir pour l’environnement n’est pas un problème à remettre à demain, mais bel et bien une urgence dont il faut s’occuper dès maintenant » souligne Iban Perrin, étudiant en deuxième année en FIMI. « J’ai beaucoup aimé le projet « IMPACTS » qui consistait à analyser le cycle de vie d’un objet du quotidien et de ses alternatives en petit groupe. La séance de restitution à la classe était très intéressante et a permis de soulever des questions et d’échanger en classe », témoigne Camille Rominger, elle aussi étudiante en deuxième année en FIMI.
Camille Rominger, étudiante en deuxième année du département Formation initiale aux métiers de l’ingénieur (FIMI) a particulièrement apprécié le projet IMPACTS dans le cadre du module ETRE
« Il est trop tôt pour évaluer l'influence de ce module sur les choix académiques et/ou professionnels des étudiants. Ce qui est certain en revanche, c'est que certaines séquences provoquent des déclics, ou des prises de conscience chez certains élèves et participent à orienter des choix plus durables », expose Arnaud Sandel, co-responsable du module ETRE. Un constat partagé par Camille Rominger : « il me semble qu’un enseignement à lui seul ne transformera pas l’état d’esprit de l’ingénieur du futur, mais lui donne des outils pour répondre à certaines problématiques ».
Consolider les acquis
Illustration de l’architecte utopiste Luc Schuiten, qui a partagé sa vision d’un monde biomimétique avec les 1600 étudiants de FIMI lors de conférences données en février 2024, dans le cadre du module ETRE.
En 2024, 1 600 élèves vont à nouveau suivre le module ETRE. Certains étudiants émettent d’ores et déjà le souhait de voir ce type d’enseignement « imprégner la totalité du cursus à l’INSA Lyon », comme en témoigne Iban Perrin.
Côté enseignants, il reste encore du travail mais l’essentiel est déjà fait. « La quasi-totalité des intervenants a décidé de signer à nouveau pour la 2ᵉ année de déploiement. Et l'équipe pédagogique apprécie d’enseigner en binôme d’enseignants en Sciences pour l'ingénieur et en Humanités, c’est une vraie richesse. Pour les élèves, cela se concrétise par la rédaction de données scientifiques sous la forme d’un récit fictionnel prospectif », précise Mathieu Gautier, co-responsable du module ETRE. Reste encore à « stabiliser les séquences pédagogiques dans le temps et à travailler l’articulation avec les enseignements de spécialité des années 3-4-5 du cursus ingénieur dans une approche programme », prend soin d’ajouter la Directrice de FIMI. Et de conclure : « Notre travail fait l’objet d’une attention toute particulière au niveau national et nous devons veilleur à la mise à jour régulière des contenus en lien avec les évolutions sociétales et environnementales ».
Alors que les premiers étudiants qui ont eu reçu l’enseignement du module ETRE sur les 2 ans du FIMI arrivent cette année en 3ᵉ année, le déploiement de nouveaux enseignements estampillés Développement Durable et Responsabilité Sociétale (DDRS) est en cours au sein des départements de spécialité. Le chemin de la révolution pédagogique à l’INSA se poursuit mais les bases sont déjà bel et bien tracées.

INSA Lyon
L’Assemblée pour la transition écologique et sociale de l’INSA Lyon fait sa rentrée
Les 12 et 13 septembre derniers se tenait la 3ᵉ session de l’Assemblée pour la transition écologique et sociale. Au programme : la reprise des travaux en groupe avec plusieurs centaines de propositions à trier, une conférence d’expert et un débat étudiant. Retours sur les temps forts de ce troisième acte.
Plus de 2000 propositions collectées au sein de l’ensemble de la communauté
« L’ambition de cette session, c'est de converger. Il faut parvenir à un ensemble beaucoup plus compact, plus lisible, structuré et cohérent de propositions, mais aussi des actions plus concrètes. Il faut être radical tout en étant réaliste » Nicolas Freud, Directeur de la transformation socio-écologique à l’INSA Lyon.
Pas simple de suivre à la lettre cette consigne lorsqu’il s’agit de faire des choix. Depuis le lancement de l’Assemblée, près de 2000 propositions ont été accumulées issues à la fois du travail des membres eux-mêmes, mais aussi de l’appel à contributions lancé en juin dernier auprès de la communauté INSA (plus de 600 propositions collectées) et du travail en interne des Groupes d’Animation Transition (GrAnT’s), avec près de 200 propositions.
Une matière riche et très diverse à trier avec toujours une seule et unique boussole : les cinq questions exploratoires de l’Assemblée.
- Recherche : comment mettre la science et la recherche au service du bien commun ?
- Formation : comment transformer à l’INSA Lyon les pratiques et les représentations pour former des acteurs de la transition ?
- Fonctionnement : quelle trajectoire exemplaire d’un point de vue environnemental pour le fonctionnement de l’établissement ?
- Coopération : comment l’INSA Lyon peut repenser ses coopérations avec son écosystème au service de la transition écologique ?
- Communauté : quelles recettes pour faire communauté tout en prenant soin de chacun ?
Autre objectif important : faire des propositions qui permettent de faire baisser l’impact environnemental de l’établissement. Pour choisir en conscience, les membres de l’Assemblée ont pu accéder à une présentation du dernier bilan carbone de l’école. Résultat : depuis 2015, les émissions de gaz à effet de serre de l’établissement ont baissé de 18% (par ex. forte baisse associée à la rénovation thermique des bâtiments) mais il reste encore à faire.
Des débats riches entre les différents membres.
La philosophe et présidente du « Campus de la transition1 » Cécile Renouard, invitée d’honneur
« Cette assemblée est une formidable initiative pour pouvoir avancer ensemble et réfléchir à des chemins de transformation. C’est se donner les meilleures chances pour transformer les choses au bon niveau ». Cécile Renouard – Philosophe et présidente du Campus de la transition.
Lors de cette session, la philosophe, également spécialiste des enjeux de responsabilité des entreprises, est venue expliquer le concept des « six portes de la transition » développé dans « Le manuel de la grande transition » ouvrage commandé au départ par le ministère de l’Enseignement supérieur et réalisé par un collectif de 70 auteurs afin de fournir un socle de connaissances et de compétences issues de différentes disciplines pour appréhender les grands enjeux scientifiques, économiques, éthiques de la transition socio-écologique.
Devant les membres de l’Assemblée, Cécile Renouard, philosophe,
décrypte le concept des « six portes de la transition ».
Comment embarquer rapidement le plus d’étudiants possible vers le chemin de la transition ?
« Il existe aujourd’hui une nuance chez les étudiants entre la conscientisation du problème écologique et la mise en action. Mais on peut faire changer cela. D’abord au travers de la force du collectif. Il ne faut pas que les étudiants restent seuls. Et deuxièmement, l’énergie, la joie militante, montrer que l’engagement peut être joyeux ». Julie Pasquet, militante écologiste et co-fondatrice de l’association « Le Bruit qui court ».
Également invités à apporter leur expertise et à débattre avec les membres de l’Assemblée, Julie Pasquet, jeune militante écologiste et co-fondatrice de l’association « Le Bruit qui court », Esteban Vaissière, étudiant en 5ᵉ année au sein du département Génie énergétique et génie de l’environnement (GEn) à l’INSA Lyon et membre de l’association Alternatives écologiques engagées et soutenables (Alte²s) et Lucie Dumas, également étudiante en 5ᵉ année de GEn, élue au Conseil d’administration de l’INSA Lyon et présidente de l’association des élèves citoyens (ADECIL) de l’INSA Lyon ont offert à l’ensemble des membres un débat-échange assez riche.
Comment embarquer rapidement le plus d’étudiants possible vers le chemin
de la transition sans froisser personne ?
Une question complexe à laquelle sont confrontés les étudiants engagés et/ou militants.
« Pour un étudiant, il n’est jamais simple de s’engager dans une association, car le temps manque parfois. Notre rôle, c'est de démontrer à toutes et tous que s’engager en particulier sur ces sujets écologiques peut justement représenter une parenthèse utile dans la scolarité tout en se socialisant. La transition écologique n’est pas qu’un sujet technique, elle doit aussi être appréhendée en dehors des cours dans les associations, car elle couvre tous les aspects de la vie quotidienne de l’étudiant ».
Lucie Dumas, étudiante en 5ᵉ année de GEn à l’INSA Lyon, élue au Conseil d’administration de l’INSA Lyon et présidente de l’association des élèves citoyens de l’INSA Lyon (ADECIL).
Casser les codes
C’est tout le sens de cette assemblée. Pour transformer durablement la stratégie de l’établissement, repenser nos modes de fonctionnement, de vie, d’interactions humaines et celles entretenues avec le monde vivant, la transition écologique et sociale appelle également à casser les codes sociaux et culturels qui pilotent le monde actuel.
Être au plus proche du vivant, se reconnecter à la nature et aux autres, mettre la question du sensible et de l’humanisme au centre : les membres de l’Assemblée ont pris part à une « séquence biodiversité » lors de cette session. Au cœur du campus, chacune et chacun a été amené à penser le sensible pour livrer son regard et son lien avec le vivant. Une véritable invitation à l’écoute active et au partage, en faisant fi des barrières sociales et hiérarchiques.
« Séquence biodiversité » au cœur du campus. Une invitation, le temps d’un instant,
à l’introspection, à l’écoute active et au partage.
Rendez-vous les 28 et 29 novembre prochain pour une ultime session consacrée à la finalisation des propositions, qui devront ensuite être présentées à la Direction de l’établissement d’ici la fin de l’année.
[1] Eco-lieu dédié à la formation à la transition écologique et sociétale situé en Seine-et-Marne (77)

INSA Lyon
L’Édito de rentrée de Frédéric Fotiadu, directeur de l'INSA Lyon
« Cette rentrée est de nouveau, et plus que jamais, placée sous le signe de l’urgence climatique et environnementale avec une volonté, réaffirmée par l’INSA Lyon, de poursuivre et renforcer sa transformation pour relever le défi des transitions.
Cette transformation systémique de notre établissement face aux enjeux socio-écologiques est au cœur de notre stratégie Ambitions 2030, adoptée par notre conseil d’administration fin 2020. Le Contrat d’Objectifs, de Moyens et de Performance (COMP), que nous nous apprêtons à signer avec notre Ministère, vise à accélérer cette dynamique dans les trois années qui viennent. En ce début d’année, je vous propose un point sur les éléments saillants de ce COMP, qui constitue une nouvelle modalité d’interaction avec notre Ministère.
En matière de formation, dans la continuité de l’évolution de nos enseignements menée en partenariat avec The Shift Project, nous allons déployer une approche par compétence totalement renouvelée pour confronter, toujours plus, nos élèves à des problèmes complexes et transdisciplinaires qui les incitent à proposer et mettre en œuvre des solutions technologiquement fiables, économiquement viables et qui contribuent à la transformation socio-écologique et numérique des organisations.
Afin de toujours mieux répondre aux besoins des entreprises sur de nouveaux types de profils dans des secteurs en tension, nous lançons aussi de nouvelles formations de Bachelors d’Assistant Ingénieur « Mutations Industrielles et Technologiques », accréditées par la Commission des Titres d’Ingénieurs. Ce projet est porté dans le cadre du Collège d’Ingénierie, l’alliance que nous avons mise en place avec Centrale Lyon, l’ENTPE et Mines Saint-Etienne en novembre 2022.
Toujours avec le Collège d’Ingénierie, nous allons poursuivre cette année l’élaboration d’une offre renouvelée de formation tout au long de la vie, portée par INSAVALOR, notre filiale de valorisation, afin de mieux accompagner la transition socio-écologique des entreprises.
L’INSA renforce également, de manière significative, son engagement dans l’entrepreneuriat étudiant. Notre filière Étudiants Entrepreneurs a notamment évolué depuis l’année dernière afin de générer et d’accompagner davantage de projets technologiques à impact positif.
L’évolution de notre formation passe aussi par de nouveaux projets à l’international, en particulier avec l’Alliance européenne ECIU (European Consortium for Innovative Universities), dont le groupe INSA est membre depuis 2019. Avec ECIU, nous souhaitons accélérer cette année le déploiement d’une approche innovante, basée sur une pédagogie par défi (challenge-based learning), en lien avec des problématiques concrètes d’acteurs institutionnels et économiques de nos différents territoires, confrontés à des enjeux de transition.
Au-delà de l’Europe, notre modèle d’ingénieur humaniste au service d’un développement soutenable suscite un fort intérêt au Maroc et en Chine. Nous allons ainsi poursuivre des discussions engagées à l’échelle du Groupe INSA, avec l’UM6P (Université Mohammed VI Polytechnique) au Maroc et l’Université Beihang en Chine, afin de faire émerger des coopérations en matière de formation et de recherche.
En matière de recherche, après une première expérimentation à l’échelle du Collège d’Ingénierie, nous poursuivons le déploiement, à plus large échelle, de bouquets de thèses thématiques et pluridisciplinaires. Visant à favoriser des approches interdisciplinaires de problématiques liées à la transition socio-écologique, ces bouquets sont constitués de quatre ou cinq thèses, coordonnées autour d’un même enjeu et menées simultanément au sein de laboratoires de recherche, de disciplines et d’établissements différents, y compris dans le champ des sciences humaines et sociales.
À l’échelle du site Lyon-Saint-Etienne, nous allons également poursuivre, avec l’ensemble des autres établissements, nos réflexions afin de voir comment nous pourrions articuler et animer de façon coordonnée nos masters, écoles doctorales, unités de recherche autour d’un champ disciplinaire, en vue de favoriser l’émergence d’une stratégie partagée dans le domaine de la recherche et de la formation à la recherche.
Si la mobilisation pour la transition écologique et sociale est véritablement inscrite, à la fois au cœur des projets de formation, de recherche et de développement à l’international de l’INSA Lyon, nous avons aussi fait le choix, de l’aborder d’une manière singulière, avec « l’Assemblée INSA pour la transition écologique et sociale ». Lancée au mois de mai dernier, et financée en partie par la Fondation INSA Lyon, cette démarche participative et coopérative, inédite par son ampleur et son ambition, vise à interroger nos missions et activités, au regard des enjeux socio-écologiques. La stratégie de l’établissement sera actualisée en conséquence.
Plus que jamais engagés sur les enjeux de diversité, d’ouverture sociale et territoriale, nous poursuivons en cette rentrée les nouveaux dispositifs que nous avons initiés l’an dernier afin de faciliter l’orientation, renforcer l’accompagnement et favoriser la réussite des élèves : INS’AVENIR, le Premier cycle INSA Martinique Caraïbe, l’Include Campus ou encore la classe préparatoire aux études supérieures « sciences et technologies industrielles » ouverte par le lycée Arbez Carme sur le territoire d’Oyonnax.
À l’échelle du Groupe INSA, nous proposons également un ambitieux projet dans le cadre de l’appel à manifestation d’intérêt « Compétences et Métiers d’Avenir » (AMI CMA), qui vise à élaborer et expérimenter de nouvelles approches pour diversifier le vivier de lycéens généraux intégrant l’enseignement supérieur, qu’il s’agisse de diversité de genre, de diversité sociale et territoriale.
Toujours dans le cadre de l’AMI CMA, nous proposons un deuxième projet, porté cette fois-ci par le Collège d’Ingénierie, afin d’accompagner et de former davantage de jeunes sur les métiers de l’industrie. Ce dispositif vise notamment à créer une année de « remédiation et d’exploration » post-bac, à poursuivre le développement de spécialités du Bachelor d’assistant ingénieur sur les mutations technologiques et industrielles, et à mettre en place une nouvelle voie d’accès au titre d’ingénieur, en s’appuyant sur des dispositifs de Validation des Acquis de l’Expérience et de Formation Tout au Long de la Vie.
Ces deux projets font l’objet de demandes de financements importants et leur mise en œuvre reste bien évidemment soumise à l’obtention des moyens humains et financiers requis.
Voici ainsi un aperçu, non-exhaustif, des axes prioritaires pour cette nouvelle année universitaire. Des engagements absolument majeurs pour renforcer la mobilisation de notre établissement, et de l’ensemble de ses parties prenantes, au service de la transition sociale et écologique à tous les niveaux de notre organisation.
Bonne rentrée à toutes et tous. »

Institutionnel
« Les ingénieurs vont devoir sortir de leur zone de confort »
L’Assemblée pour la transition Écologique et Sociale se poursuit à l’INSA Lyon les 12 et 13 septembre prochains. Avec le soutien de nombreuses et diverses personnalités, nos étudiants, personnels, et partenaires font le point sur de nombreux concepts. Fabrice Bonnifet, Directeur Développement Durable & QSE du groupe Bouygues, président du Collège des Directeurs du Développement Durable (C3D), également parrain de l’Assemblée, nous explique la notion « d’entreprise contributive ».
Pour se développer et créer de la valeur, une entreprise est plus ou moins prédatrice de ressources et génère ainsi directement ou indirectement des effets indésirables sur nos écosystèmes. Aujourd’hui, selon les scientifiques, six des neuf limites planétaires sont déjà dépassées. Dans ce contexte, créer de la valeur autrement devient une nécessité. « Créer de la valeur économique… sans détruire la valeur écologique ». Est-ce comme cela que l’on pourrait résumer « l’entreprise contributive » ?
L’entreprise d’aujourd’hui est plus ou moins prédatrice nette de ressources (matières premières renouvelables et non renouvelables) et génère directement ou indirectement des effets non désirés et non désirables. Ce sont des externalités négatives sociales (précarité subie de certains contrats de travail par exemple) et surtout environnementales (émissions de CO2, pollution de l’air, de l’eau, destruction de la biodiversité etc.) tout au long du cycle de vie de ses produits. L’entreprise doit reconfigurer son modèle d’affaire pour créer en effet de la valeur économique sans détruire la valeur écologique. La nature ne facture aucune de ses matières premières aux entreprises, qu’elles soient renouvelables ou non renouvelables et la pression sur les ressources s’accroît. L’objectif, c'est de renverser ce schéma. Et cela passe aussi par un changement de notre système de comptabilité. Les entreprises comptent ce qu’elles gagnent en exploitant le vivant, mais elles ne comptent pas ce qu’elles doivent pour restaurer le capital nature dont elles dépendent. Rien n’oblige les entreprises à protéger le vivant. Cela ne peut pas durer. Tout cela va demander des changements radicaux. Il faudra aussi que cela passe par de nouveaux récits culturels pour se synchroniser à nouveau aux limites planétaires et agir dans la coopération plutôt que dans la compétition.
Pourquoi y a-t-il urgence à agir en matière de modèles économiques des entreprises ?
Cela fait des dizaines d’années que les scientifiques nous alertent sur les conséquences de notre inconséquence. On continue de faire comme si de rien n’était et de proposer des solutions qui sont incompatibles avec les enjeux d’aujourd’hui. C’est le moment ou jamais de le faire compte tenu du temps qu’il nous reste pour résoudre le défi ultime qui se pose aujourd’hui à l’humanité. C’est le défi de la biodiversité, du climat et des ressources. Nous avons déjà dépassé six des neuf limites planétaires. Il faut faire preuve de lucidité. L’espoir réside dans le fait de se mettre en action en ayant une approche systémique de ces problématiques. Il faut regarder à travers le prisme de toutes les disciplines de l’ingénieur, mais aussi avec les sciences sociales. Il y a beaucoup de champs du possible à explorer. Nous allons trouver des solutions.
Vous enseignez dans de nombreuses écoles du supérieur, qui sont des lieux importants pour acculturer notre société à penser de nouveaux modèles d’affaires plus durables. Quels messages faites-vous passer à la jeune génération, de futurs ingénieurs notamment ?
Effectivement, les écoles du supérieur, dont les écoles d’ingénieurs, ont un rôle très important à jouer pour enseigner les nouveaux modèles d’affaires et faire en sorte qu’ils finissent par s’imposer dans les modèles économiques. Mon message est le suivant : formez-vous ! Et même, déformez-vous. Ayez l’esprit libre pour acquérir de nouveaux savoirs au service de la transition. Ayez l’amour du vivant. Plus on va connaître le fonctionnement du vivant, plus on va aimer le vivant et le défendre et s’inspirer de lui pour mettre en place des modèles de production frugaux, plus résilients et plus économes en utilisation de ressources de toute nature. C’est cela dont nous avons besoin pour l’économie de demain. La technique ne suffira pas, nous avons aussi besoin de sens. La technique, pour qui, pourquoi ? Les ingénieurs vont devoir sortir de leur zone de confort : un problème, une solution technique. Il leur faudra apprendre à ne pas simplement résoudre des problèmes, mais à se mettre au service de causes qui en valent vraiment la peine.
Vous avez accepté de parrainer l’Assemblée pour la Transition Écologique et Sociale de l’INSA Lyon. Quel regard portez-vous sur cette initiative ?
Je suis très content d’être le parrain de cette assemblée et très heureux que l’INSA ait mis à l’agenda de ses priorités cette thématique de la transition qui est passionnante. Les enjeux de formation et d’éducation sont essentiels. Cette assemblée va stimuler le génie humain dans ce qu’il y a de meilleur au service à la fois de l’impératif économique et aussi de la sauvegarde des communs, car si l’on continue à dégrader ce que la planète nous apporte gratuitement et bien, il n’y aura plus d’économie. Et les écoles d’ingénieurs ont un rôle très important à jouer pour enseigner les nouveaux modèles d’affaires et faire en sorte qu’ils finissent par s’imposer dans les modèles économiques. Et en la matière, il faut accélérer.
- améliore la qualité de vie et la santé des gens,
- réduit les inégalités en tout domaine et notamment l’accès à l’énergie,
- reconstitue les stocks de matières primaires renouvelables,
- s’affranchit de l’utilisation des matières premières non renouvelables, hors celles issues du recyclage,
- génère de la biodiversité,
- restaure la qualité de l’air, de l’eau, des sols…,
- contribue à laisser une planète désirable…. Aujourd’hui et pour les générations futures.

Institutionnel
2e session pour l’Assemblée pour la Transition Écologique et Sociale
Les 24 et 25 juin, un mois après le début des travaux, s’est tenue la deuxième session de l’Assemblée pour la Transition Écologique et Sociale de l’INSA Lyon. L’occasion d’accueillir Fabrice Bonnifet, parrain du dispositif, Directeur Développement Durable & QSE du groupe Bouygues et président du Collège des Directeurs du Développement Durable (C3D).
Au programme de cette seconde session : deux journées avec des conférences d’experts, une table ronde, des intermèdes culturels dont un court spectacle théâtral et musical mais aussi et surtout la reprise des travaux en groupe pour débattre des futures propositions. Retours sur les meilleurs moments de cet acte deux.
Le meilleur du génie humain
La première matinée était ouverte à l’ensemble de la communauté INSA, en plus de la centaine de membres habituels de l’Assemblée, afin qu'un plus grand nombre puisse notamment assister à l'intervention de Fabrice Bonnifet, parrain de l'assemblée.
Son leitmotiv « l’entreprise contributive », une entreprise reconnectée au vivant et consciente des limites planétaires, qui se détourne d’une « raison d’être marchande, mercantile, visant uniquement à rémunérer l’actionnaire, satisfaire les clients et donner du travail aux collaborateurs et à la supply chain (chaîne logistique) ».
« Je suis très content d’être le parrain de cette assemblée et très heureux que l’INSA ait mis à l’agenda de ses priorités cette thématique de la transition qui est passionnante. Les enjeux de formation et d’éducation sont essentiels et les écoles d’ingénieurs ont un rôle important à jouer. Cette assemblée va stimuler le génie humain dans ce qu’il y a de meilleur au service à la fois de l’impératif économique et aussi de la sauvegarde des communs, car si l’on continue à dégrader ce que la planète nous apporte gratuitement et bien, il n’y aura plus d’économie », a déclaré Fabrice Bonnifet.
Attendue également, la parole du haut fonctionnaire au développement durable au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (MESR), Michel Eddi, venu pour une conférence sur la transition socio-écologique dans l’Enseignement supérieur.
« Je porte un regard très positif sur ce dispositif. Sans cette intelligence collective, on ne peut comprendre les raisons pour lesquelles il va falloir changer nos pratiques et nos méthodes de travail avec cette idée qu’il faut changer les choses, mais avec tout le monde », a affirmé le haut fonctionnaire.
Le cri du vivant
La musique est un cri qui vient de l’intérieur ! Sur scène, Simon Lecestre, chargé de projet évolution de la formation à l’INSA Lyon et narrateur de la pièce « Empreinte » accompagné par les musiciens de l’association villeurbannaise Art’isse, a ouvert la deuxième journée de cette session.
Derrière lui, les violoncellistes ont joué durant dix minutes retraçant 10 000 ans d’histoire des activités humaines. Une belle réussite pour l’association Art’isse invitée par l’Assemblée, une association créée en 2023 qui se donne pour objectif d’enrichir via l’art l’envie et le pouvoir d’agir afin de tisser un monde plus juste et écologique.
Hubert Charles a pris la suite avec un exposé sur le vivant. L’enseignant-chercheur au département Biosciences de l’INSA Lyon est également très impliqué depuis plusieurs années dans la réflexion de l’évolution de la formation des étudiants dans l’établissement sur les enjeux du vivant.
« Notre attention et l’attention médiatique sont souvent focalisées sur les problèmes économiques, géopolitiques et sur les conséquences du changement climatique, mais on parle très peu de l’effondrement de la biodiversité. Et pourtant, c'est probablement le seul sujet qui devrait nous préoccuper, car il s’agit tout simplement de l’habilité de la planète pour l’espèce humaine », a insisté Hubert Charles.
Les camps de base en ébullition
Forts de la dynamique d’équipe et du travail de réflexion initiés lors de la première session, les camps de base (au nombre de 10) ont pu facilement reprendre leurs travaux lors de cette deuxième session. Avec cette fois-ci des invités de marque engagés venus les nourrir dans leur réflexion dans le cadre de tables rondes : Isabelle Huyn, co-fondatrice de l’Institut Transitions ; Vincent Brunie, Directeur de l’INSA Rennes ; Émilie Frenkiel, maîtresse de conférences en science politique à l'Université Paris Est Créteil (UPEC) et initiatrice de la convention citoyenne étudiante de l’UPEC ; Éric Domon, ingénieur, spécialiste de l’intelligence collective et assistant de projet en durabilité à la Haute école spécialisée en Suisse ou encore Raphaëlle Colas des Francs, formatrice et coordinatrice à l’école Fertîles, « école de la coopération et de l’engagement au service des bascules écologique, sociale et démocratique ».
« C’est vraiment chouette de voir toute la communauté INSA réunie. Les membres de l’Assemblée sont très studieux. J’espère que pour eux, ce sera une belle expérience de citoyenneté », a témoigné Isabelle Huynh - Co-fondatrice de l'Institut Transitions.
Moment fort de l’après-midi de la deuxième journée, une « place du marché » organisée dans le hall de l’amphithéâtre Néel afin que chaque camp de base puisse confronter et/ou conforter ses idées et ses propositions avec celles des autres camps de base. Un moment très apprécié des membres de l’Assemblée et des animateurs des camps de base, piliers indispensables à la fabrication des propositions et qui ont une nouvelle fois intensément œuvré, en multipliant les outils d’intelligence collective et en poussant les participants dans leurs retranchements pour formuler des idées à la hauteur des enjeux.
« En tant qu’animatrice, j’ai la chance d’avoir un super groupe dans mon camp de base. C’est vraiment une superbe expérience. J’aime animer, faire sortir les gens de leur zone de confort et en même temps les guider. Ce qui me tient le plus à cœur, c’est le sujet du soin au vivant », s’est réjouie Loïs Guillot, Directrice du Service Interuniversitaire du Domaine de la Doua et animatrice du camp de base La Vanoise.
« Il y aura très probablement un avant et un après cette Assemblée. Mais il ne faudra pas se dire que cette Assemblée est une parenthèse. Il faudra continuer à tisser des fils après l’Assemblée pour toute la communauté INSA », a insisté Carine Goutaland, Directrice du Centre des Humanités, membre de l’Assemblée.
Après cette deuxième session, étape où les membres de l’Assemblée ont travaillé sur des propositions nombreuses et innovantes, il reste encore du travail lors de prochaine session qui sera consacrée à la structuration et la convergence des idées.
Rendez-vous à la rentrée pour la troisième session les 12 et 13 septembre 2024.
- Assemblée pour la Transition Écologique et Sociale : l’INSA Lyon franchit un nouveau cap
- L’INSA Lyon inaugure son Assemblée pour la Transition écologique et sociale
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Contact : assemblee@insa-lyon.fr

Institutionnel
L’INSA Lyon inaugure son Assemblée pour la Transition écologique et sociale
Le 27 mai dernier, l’Assemblée pour la Transition Écologique et Sociale de l’INSA Lyon, constituée de 100 membres, a officiellement démarré ses travaux pour sa première session. Objectif de ce dispositif d’envergure, innovant et participatif : élaborer une vision commune et écrire ensemble l’avenir de l’établissement pour un futur durable.
Au programme de cette première session : deux matinées de conférences avec des experts renommés, et deux après-midis dédiés à des sessions de travail par petits groupes dits « camps de base » afin d’initier de premières réflexions et propositions. Retour sur ces deux journées riches et intenses en idées et en émotions.
Une grande fierté
Particulièrement attendue par la communauté INSA, l’Assemblée pour la transition Écologique et Sociale de l’INSA Lyon a démarré ce 27 mai au matin. Et quel meilleur symbole qu’un lancement dans l’amphithéâtre Capelle qui aurait été probablement très fier de voir naître ce dispositif, tout comme Gaston Berger, fondateurs de l’INSA Lyon.
« Voir loin, voir large, analyser en profondeur, prendre des risques, penser à l’homme, comme le disait Gaston Berger, c’est un bel héritage et ce sont quelque part les ingrédients qui nous ont permis de mettre en place ce dispositif », ouvre Nicolas Freud, Directeur de la Transformation socio-écologique de l’INSA Lyon.
« J’ai une grande confiance dans le fait que ce dispositif va vraiment nous permettre de franchir une nouvelle étape et un nouveau cap », a déclaré Frédéric Fotiadu, Directeur de l’INSA Lyon.
« Notre établissement est en transformation et ce que nous faisons ici, cela a aussi un impact dans le monde de l’entreprise avec lequel on interagit. Ces entreprises qui attendent notamment de nous que nos ingénieurs soient plus affutés pour leur permettre d’accélérer la transformation », rappelle Alexis Métenier, Directeur du Développement et de la Fondation INSA Lyon.
Excitation et motivation
Les sourires et la motivation sont également bien présents du côté des 100 membres de l’Assemblée présents et de la vingtaine de participants externes issue d’entreprises et d’entités publiques. « C’est une preuve que l’on a de l’espoir et qu’il y a plein de gens qui sont motivés et qui ont envie de faire bouger les choses », témoigne Camille Rominger, étudiante en 1ʳᵉ année au département Formation initiale aux métiers de l’ingénieur (FIMI).
« On constate que tout le corps de l’INSA est mobilisé sur ces sujets de transition et de transformation. Il y a déjà eu beaucoup de chemin de fait, et il reste encore beaucoup à faire », explique Fabien Pellet, salarié de la Compagnie Nationale du Rhône (CNR).
Tête, cœur, tripes
La pilule est parfois dure à avaler et pourtant le constat est sans appel : de nombreuses limites planétaires sont déjà franchies. En séance plénière, les experts invités à intervenir tout au long de ces deux premières journées pour permettre à l’Assemblée de s’imprégner du sujet, n’ont pas manqué de faire quelques rappels forts.
« Pendant longtemps, nous avons vécu comme si la Terre et le Monde étaient deux entités indépendantes sans prendre en compte notre impact sur la Terre ». Sur scène, François Gemenne, spécialiste de géopolitique de l’environnement et membre du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), dresse un panorama sans concession tout en faisant appel à l’intelligence collective et à l’action.
« Chacune des choses que vous déciderez ici et demain à l’INSA, pour peu que vous en inspiriez d’autres, ce seront d’autres écoles d’ingénieurs qui vous suivront, et ce que vous aurez ici décidé dans cette Assemblée, peut-être qu’un jour d’autres suivront la même voie. Il faut toujours se souvenir que nous sommes face à un problème graduel et chaque geste, chaque décision que nous allons prendre va déterminer la hausse de température que nous allons connaître », lance le scientifique.
« Votre Assemblée fait sens, car les enjeux de formation et d’éducation sont essentiels. Cela fait des dizaines d’années que les scientifiques nous alertent sur les conséquences de notre inconséquence. On continue de faire comme si de rien n’était et de proposer des solutions qui sont incompatibles avec les enjeux d’aujourd’hui. Il y a plusieurs leviers à activer dont la formation. Et il y a urgence. Je suis très content d’être le parrain de cette Assemblée », lâche d’un ton solennel derrière son écran en visio, Fabrice Bonnifet, président du Collège des directeurs du développement durable (C3D).
Intelligence collective et robustesse
Face aux mauvaises nouvelles, il faut changer de lunettes et de logique pour agir et c’est là que l’Assemblée pour la Transition Écologique et Sociale de l’INSA Lyon prend tout son sens. « En tant qu’ancien élève de ce bel institut, je suis très heureux et très fier de voir que mon école organise un changement de paradigme. On ne peut plus prendre des décisions comme on le faisait avant », explique Emmanuel Goy, Directeur régional adjoint de l’Ademe Auvergne-Rhône-Alpes.
« L’intelligence collective, c'est un sauf-conduit pour survivre quand on est une humanité qui doit se repenser. Faire ensemble et se rassembler pour voir différemment les choses, c’est trouver la voie de futurs souhaitables », insiste Mathieu Baudin, historien, Directeur de l’Institut des Futurs Souhaitables, qui aide celles et ceux qui le souhaitent à imaginer et construire demain.
« Le futur du vivant n’est pas dans des gains de performance. Ce serait physiquement impossible, voire suicidaire en raison du dépassement des limites planétaires, mais dans les gains de robustesse. Les nouveaux ingénieurs doivent être en mesure de proposer des solutions robustes », expose Olivier Hamant, Directeur de recherche à l’Institut national pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (INRAE).
En camps de base, les idées fusent
« L’Ardèche », « le Mézenc », « la Vanoise »… Au programme de cette première session, les participants avaient également rendez-vous chaque après-midi par petits groupes d’une dizaine de personnes dans des camps de base, portant le nom de sites naturels de la région Auvergne-Rhône-Alpes, pour réfléchir ensemble au monde de demain, à l’avenir de l’INSA Lyon et établir conjointement des propositions concrètes. Des moments intenses, parfois non sans mal, mais toujours très constructifs.
« Le camp de base, c'était par moment un peu perturbant, mais on a réussi à sortir beaucoup d’idées, une vision commune. Dans notre équipe, nous avons notamment travaillé sur la notion de campus durable », détaille Garry Verneuil Sainte Luce, personnel administratif au sein de la DSI de l’INSA Lyon.
« Beaucoup de satisfaction d’avoir concrétisé tous ces mois de travail. Les participants étaient globalement très satisfaits de cette première session et du travail en camp de base. Cela donne envie de se projeter pour la suite », témoigne Simon Lecestre, un des animateurs des camps de base.
Franchir un cap
L'Assemblée pour la Transition Écologique et Sociale se réunira régulièrement tout au long de l’année 2024 pour un total de quatre sessions de deux journées. Les membres de l’Assemblée sont attendus pour la seconde session les 24 et 25 juin en présence du parrain de l’Assemblée, Fabrice Bonnifet.
Depuis plusieurs années, l’INSA Lyon est profondément engagé en matière de transition écologique et de nombreux chantiers ont d’ores et déjà été lancés comme l’évolution de la formation depuis 2020. L’acculturation aux enjeux socio-écologiques et la transformation profonde de tout un établissement en la matière nécessitent une dynamique et une implication humaine forte et élargie. C’est tout l’objet de cette Assemblée : embarquer toute la communauté insalienne et au-delà afin de montrer que toutes et tous peuvent participer à penser la transition écologique.
À voir et à écouter
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INSA Lyon
Assemblée pour la Transition Écologique et Sociale : l’INSA Lyon franchit un nouveau cap
Le 27 mai prochain, l’INSA Lyon lancera officiellement son Assemblée pour la Transition Écologique et Sociale. Une nouvelle étape pour l’établissement, déjà profondément engagé en matière de transition écologique. Philosophie, composition et objectifs : voici l’essentiel à connaître sur ce nouveau dispositif.
L’Assemblée, c’est quoi ?
Dispositif participatif et coopératif, inspiré de la Convention des Entreprises pour le Climat (CEC), l’Assemblée doit réunir personnels et étudiants autour de deux objectifs ambitieux : interroger les missions et les activités de l’établissement au regard des enjeux socio-écologiques et faire des propositions afin de nourrir son futur « schéma directeur Développement Durable et Responsabilité Sociétale et Environnementale ». Toutes les écoles et universités devront se doter de ce document stratégique d’ici à 2025, en cohérence avec le « Plan climat-biodiversité et transition écologique de l'Enseignement supérieur ».
Pourquoi ?
Depuis plusieurs années, l’INSA Lyon est profondément engagé en matière de transition écologique et de nombreux chantiers ont d’ores et déjà été lancés comme l’évolution de la formation depuis 2020. L’acculturation aux enjeux socio-écologiques et la transformation profonde de tout un établissement en la matière nécessitent une dynamique et une implication humaine forte et élargie. C’est tout l’objet de cette Assemblée : embarquer toute la communauté insalienne et au-delà afin de montrer que toutes et tous peuvent participer à penser la transition écologique.
Les grandes étapes du parcours de l’Assemblée :
Les 100 membres
L’Assemblée pour la Transition Écologique et Sociale de l’INSA Lyon, ce sont 100 personnes réunies autour d’une même dynamique.
• 65 membres tirés au sort, dont 25 étudiants ;
• 30 membres désignés en responsabilité au sein de l’établissement ;
• 5 membres volontaires issus de la communauté INSA ;
• des partenaires socio-économiques issus de l’écosystème INSA.

Formation
La formation des ingénieurs INSA aux enjeux socio-écologiques au cœur d’une chaire UNESCO
Engagé depuis 2019 dans un vaste chantier visant à former tous ses élèves-ingénieurs aux enjeux socio-écologiques, l’INSA Lyon se voit reconnu par la création d’une chaire Unesco. Ce label souligne la pertinence et la qualité du travail entrepris par les membres engagés dans le déploiement des nouveaux enseignements. Intitulée « former les ingénieurs aux enjeux de la transition socio-écologique », cette chaire qui réunit une quinzaine de partenaires nationaux et internationaux, a pour vocation d’amplifier les collaborations, partager les bonnes pratiques et approfondir les réflexions.
Une chaire dédiée aux actions entreprises pour former les ingénieurs aux enjeux socio-écologiques
Le cursus de formation d’ingénieur à l’INSA Lyon effectue progressivement sa mue, avec, à la rentrée dernière, la mise en place de ses premières applications. Pour que tous les élèves-ingénieurs développent une compréhension profonde et systémique des enjeux de durabilité et deviennent acteurs de la transition socio-écologique, plus de deux cents enseignants sont mobilisés pour poursuivre le déploiement de nouveaux enseignements. Le chantier, hors norme, s’étalera sur cinq ans. « L’idée de construire une chaire Unesco s’est imposée à nous assez naturellement », témoignent les deux initiatrices du projet, Laurence Dupont, enseignante en chimie, et Fatma Saïd Touhami, responsable de l’équipe d’appui pédagogique ATENA. « En effet, l’objectif d’une chaire Unesco est de promouvoir un ensemble intégré d’activités de formation et de recherche, d’information et de documentation autour d’une thématique choisie. Il s’agit aussi de contribuer à bâtir des passerelles entre le monde universitaire, la société civile, le monde socio-économique et l’élaboration des politiques. Avec un principe fondateur : l’échange de connaissances et d’expérience, et la collaboration. »
À travers ce label, reconnu dans le monde entier, l’INSA Lyon entend participer à la coopération mondiale pour l’Éducation, les Sciences et la Culture grâce à la force du réseau d’établissements d’enseignement supérieur et instituts de recherche réuni par l’Organisation mondiale. « L’Unesco est une référence mondiale dont les travaux en matière d’éducation sont particulièrement inspirants. Nous avons pensé qu’une chaire Unesco serait un atout considérable pour développer un réseau de partenaires autour de l’enjeu clé de la formation des enseignants. Car pour former des étudiants aux enjeux socio-écologiques, il faut d’abord amener les enseignants à se former », précise Nicolas Freud, chef de projet évolution de la formation depuis 2020 et responsable de la chaire.
« Il s’agissait également de nous associer à des partenaires reconnus pour leur expertise en sciences de l’éducation. Nous nous sommes notamment rapprochés du laboratoire ADEF1, de l’Université d’Aix-Marseille, avec lequel nous avons lancé en 2020 la thèse de Hugo Paris sur l’intégration des enjeux socio-écologiques dans la formation des ingénieurs, avec un focus sur les changements que cela implique pour les enseignants », explique Fatma Saïd Touhami.
Un réseau international pour partager ses expériences et s’inspirer des différences
Si l’INSA Lyon pouvait déjà compter sur ses liens avec de très nombreux partenaires académiques internationaux, il n’existait pas jusqu’ici de collaboration spécifiquement dédiée à la formation aux enjeux socio-écologiques. C’est ce que permet désormais la chaire Unesco : un partage des réflexions et des expériences concrètes, avec l’immense plus-value d’une approche interculturelle. « Le plus grand intérêt d’une collaboration internationale, particulièrement avec des pays du Sud, est de pouvoir sortir d’une vision purement occidentale. Nos contextes locaux étant très différents, nous n’avons pas les mêmes préoccupations que nos partenaires tchadiens, tunisiens ou mauritaniens à propos des enjeux du climat, des ressources et de la biodiversité. Nos échanges n’en sont que plus intéressants et enrichissants », explique Valérie Lebey, chargée de projets Afrique à la Direction des Relations Européennes et Internationales. « Nous travaillons actuellement sur un projet intégrant une approche COIL (Collaborative Online International Learning) avec nos partenaires colombiens. Il s’agit d’une collaboration inter-universitaire à la fois entre enseignants, engagés dans une démarche de co-construction des activités pédagogiques, et entre étudiants, invités à suivre simultanément les activités d’apprentissage en ligne. L’objectif est de faire vivre une forme de mobilité virtuelle aux étudiants, en les amenant à s’enrichir mutuellement des approches et des expériences de chacun, sans les impacts associés aux déplacements internationaux », poursuit Laurence Dupont.
Apporter des réponses aux attentes croissantes du monde socio-économique
Conduits selon quatre axes de travail, les travaux de la chaire Unesco n’a pas seulement pour ambition de transformer la formation des ingénieurs. Les porteurs de la chaire voient plus loin. « Les entreprises avec lesquelles l’INSA est en relation – via la Fondation INSA Lyon, par exemple – soutiennent les évolutions de la formation engagées par l’établissement. Elles commencent aussi à exprimer des besoins d’accompagnements et de formation de leurs personnels en activité, de leurs cadres dirigeants et de leurs ingénieurs ; les entreprises sont fortement intéressés par les nouveaux enseignements développés à l’INSA. Nous explorons cette question et échangeons notamment avec nos partenaires de l’Université de Sherbrooke, qui ont déjà une expérience en la matière », ajoute Nicolas Freud.
Une chaire au service de la communauté INSA
L’un des enjeux de la chaire est de valoriser les travaux de l’INSA et de susciter de nouvelles collaborations dans le périmètre thématique de la formation des ingénieurs aux enjeux socio-écologiques. La chaire est ouverte à tout enseignant désireux de contribuer à l’un de ses axes.
Pour en savoir plus : https://chaires.insa-lyon.fr/chaire-unesco

Lancé en 1992, le programme UNITWIN/Chaires Unesco vise à renforcer la coopération au niveau international entre les acteurs académiques. Avec plus de 850 établissements de 117 pays dans le monde, il favorise le partage de connaissances et les coopérations sur les questions prioritaires en lien avec les domaines de compétence de l’Unesco, à savoir l’éducation, les sciences exactes et naturelles, les sciences sociales, la culture et la communication.
Grâce à ce réseau, les établissements d’enseignement supérieur et les instituts de recherche du monde entier mettent en commun leurs ressources, tant humaines que matérielles, pour relever les défis pressants et contribuer au développement de leur société. Ces travaux ont prouvé leur utilité s’agissant d’orienter les décisions politiques, de mettre en place de nouvelles initiatives pédagogiques, de générer de l’innovation par la recherche et de contribuer à l’enrichissement des programmes universitaires existants tout en promouvant la diversité culturelle.
[1] Laboratoire "Apprentissage, Didactique, Evaluation, Formation"