
Institutionnel
Entreprises, Start-ups et Enseignement Supérieur: comment innover et entreprendre ensemble à l'international ?
L’INSA Lyon et la French Tech One co-organisent un événement autour des relations écoles/entreprises à l'international.
Acteurs privés, enseignants-chercheurs et personnels des relations internationales sont invités à se réunir pour discuter ensemble les clés d'une collaboration réussie.
Temps forts de l'après-midi :
◾ 13h30 | Ouverture
Prof. Frédéric FOTIADU, Directeur de l’INSA Lyon
◾ 14h | Présentation du projet FIT Europe
Prof. Lionel BRUNIE, Directeur du Département Informatique à l'INSA Lyon et Dorothée BRAC DE LA PERRIERE, Chargée de Projets Européens
Soutenu par la Commission Européenne, ce projet a réuni 4 universités européennes, des start-ups et des entreprises pour former des étudiants ingénieurs en informatique aux enjeux éthiques et sociétaux soulevés par les technologies du numérique.
◾ 15h | Table-ronde : « Regards croisés sur la coopération entre secteur économique et enseignement supérieur »
En présence de Juliette Jarry, Vice Présidente Déléguée au Numérique de la Région Auvergne-Rhône-Alpes de 2016 à 2021, qui partagera son expertise sur le développement du Campus Région du Numérique.
◾ 16h | En parallèle :
◾ Rencontre entre chercheurs et entrepreneurs : 5 startups présenteront leurs freins technologiques et besoins en R&D. Intéressés ? Il reste des places.
◾ Workshop : "Monter une formation innovante à partir de cas pratiques des start-ups et d’objectifs pédagogiques" - Publics: Entreprises, start-ups, enseignants-chercheurs.
Animé par Lionel BRUNIE & Harald KOSCH, Responsable de la Chaire Distributed Information System de l’Université de Passau, Allemagne.
◾ Workshop : "Comment l’enseignement supérieur s’empare des dispositifs européens pour coopérer avec ses partenaires industriels" - Publics : Services des relations européennes et/ou internationales, enseignants-chercheurs, entreprises
Animé par Dorothée BRAC DE LA PERRIERE & Marie-Cécile BARRAS, Chargée de projets européens à INSAVALOR
Informations complémentaires
- fiteurope@insa-lyon.fr
-
INSA Lyon
Mots clés
Derniers évènements
"Râtelier" - Exposition de fin d'année de la section Arts-Plastiques-études
Du 22 mai au 11 juin50ᵉ édition du festival des 24 heures de l'INSA
Du 23 au 25 mai
Sciences & Société
[Jumeau Numérique] Atelier 1 : Place de l'homme dans le Jumeau
Action GDR MACS : Jumeaux Numériques pour les Systèmes de Production
Les Jumeaux Numériques de Systèmes de Production sont un des piliers de l'Industrie du Futur et de nombreuses initiatives de recherche et de développement se sont lancés ces dernières années en France.
Grâce au soutien du GdR MACS, une action a été lancée visant à créer et fédérer une communauté dynamique autour de cette thématique et de partager expériences et compétences, aussi bien industrielles qu’académiques. Cette action se décline en plusieurs ateliers d'échange et de partage, sur une thématique précise.
Le premier atelier aura lieu le lundi 28 juin 2021, de 16h à 18h. Le thème portera sur la place de l’humain dans le Jumeau Numérique, du simple observateur, au décisionnaire à un « composant » à part entière du Jumeau.
Trois autres ateliers sont prévus courant 2021.
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Sciences & Société
[MEET-UP] Numérique responsable
Un évènement proposé par TUBA avec la participation de la SNCF digital, EDF Aura, INSA Lyon, Fairphone et Fairness
Le développement rapide du digital et l’accélération de nos usages numériques bouscule nos sociétés : mais quel impact le #numérique a-t-il sur l’environnement et les humains ? Quelles pratiques peuvent être mises en place pour concevoir des services numériques responsables ?
☑️ Inscription obligatoire : https://bit.ly/3qtp5Vi
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Recherche
Progrès numérique et sobriété : un mariage de raison
La pandémie et les confinements successifs auront fini d’accomplir la tâche : il n’est plus question de se passer de l’outil digital. Mais désormais, la transition numérique, aussi incontournable soit-elle, soulève une question : est-elle compatible avec la transition énergétique ?
Il semblerait que la technologie mette à nouveau l’humain face à son rapport au progrès, aux limites de la planète et du temps. Entre accélération et freinage d’urgence, quatre chercheurs de l’INSA Lyon prennent le temps de l’explication, et invitent à reconsidérer le besoin. Société numérique + enjeux climatiques : comment satisfaire l’équation ?
Le numérique prodige, déchu.
Hervé Rivano, Jean-François Trégouët et Nicolas Stouls sont chercheurs à l’INSA Lyon. Ils publiaient en novembre dernier une tribune qui s’attachait à démontrer la menace pesante du numérique sur la transition énergétique. « Le numérique est souvent considéré comme une porte de sortie pour réduire la consommation d’énergie dans beaucoup de secteurs. Mais les impacts environnementaux liés à son usage croissant sont bien trop sous-estimés », introduit Jean-François Trégouët, maître de conférence à l’INSA Lyon et membre du laboratoire AMPERE1.
Selon le Shift Project, la part du numérique dans le total mondial des émissions de gaz à effet de serre se hisse à 3,7 %2. « Les impacts directs sont principalement liés au cycle de vie des terminaux et leur utilisation. Les ordinateurs, les boîtiers internet ou les câbles sont fabriqués puis acheminés aux quatre coins du monde. Puis pour faire fonctionner ces objets, il faut produire de l’électricité, prévoir des centres de stockage et différents réseaux qui acheminent les données. Tout ça pèse dans le bilan carbone mondial. Les impacts indirects quant à eux sont tout aussi importants mais bien plus difficiles à évaluer », ajoute-t-il.
Parmi les conséquences difficiles à mesurer, « l’effet rebond » qui se traduit par une augmentation de la consommation, lorsqu’une solution technique est optimisée. « C’est un phénomène paradoxal. Par exemple, alors que les quantités d’énergie nécessaires pour faire transiter une donnée diminue grâce aux avancées des ingénieurs, la consommation d’énergie mondiale dédiée au numérique ne cesse de croître. C’est l’effet rebond : bien que l’outil soit plus efficace, nous consommons plus de ressources ! », illustre Hervé Rivano, professeur à l’INSA Lyon et chef de l’équipe Agora3 au laboratoire CITI4.
Le numérique qui semblait représenter une si belle opportunité pour répondre aux enjeux environnementaux, ne semble donc pas remplir toutes ses promesses. Et alors que l’on doit l’émergence du numérique à la recherche technologique, c’est cette dernière qui semble être convoquée pour optimiser encore et encore, l’outil.
Ingénieurs et chercheurs, à la barre.
Inventer, réinventer, trouver des méthodes de réduction de la consommation en énergie ou en matière première… L’optimisation technique fait le quotidien des chercheurs. « Tout est presque faisable en matière de technologie. Il est par exemple tout à fait possible d’imaginer d’inclure les data-centers à l’échelle d’une ville et réutiliser la chaleur produite en l’injectant directement dans le réseau de chaleur urbain. Il existe de nombreuses pistes prometteuses et stimulantes pour les ingénieurs et les chercheurs, mais ces pistes répondent à quelle nécessité ? Celle de chauffer des habitations, ou celle de consommer encore plus de données ? Il est primordial de questionner notre besoin », pose Nicolas Stouls, maître de conférence et membre du laboratoire CITI.
Cette attitude, c’est celle communément appelée « la sobriété numérique », une notion qui rappelle que le progrès doit servir des causes, et ne pas être un objectif en soi. Kévin Marquet, maître de conférence et enseignant au département informatique de l’INSA Lyon, a participé aux ateliers menés par le Shift Project sur la question. « La sobriété numérique consiste à ne plus nécessairement passer par des technologies pour effectuer une tâche, mais à piloter ses choix à travers une attitude critique vis-à-vis de la technologie. Il s’agit de se donner un choix, plutôt que de le subir », explique-t-il.
Référé-suspension : le besoin questionné.
Si la capacité à interroger l’utilité de la demande semble être nécessaire pour voir diminuer l’impact environnemental du numérique, le chercheur déplore l’attitude simpliste qui consiste à renvoyer l’utilisateur à sa propre et unique responsabilité. « Le modèle économique le plus répandu sur internet est celui de la publicité, basée sur des systèmes de ciblage très énergivores. Alors, le consommateur aura beau avoir fait ses choix numériques le plus sobrement du monde, une bonne partie du problème lui échappe encore. Les grands silencieux dans ce combat, ce sont les états des pays développés où la surconsommation numérique règne et dont le pouvoir de régulation est puissant. Tout ceci est une affaire de collectif : individus, entreprises et états, chacun a le pouvoir d’interroger l’utilité de ses comportements », ajoute Kévin Marquet.
Si le choix du consommateur est restreint et les politiques de régulation silencieuses, qu’en est-il du choix de l’ingénieur-concepteur, souvent à l’origine de la réponse à la demande ? « Le mythe du savant dans sa tour d’ivoire oublie que le chercheur fait partie de la société en tant que citoyen actif. La sobriété numérique est un champ de recherche passionnant pour les économistes et les sociologues, mais néanmoins, ses concepts pluridisciplinaires impliquent l’ingénieur et questionnent le rôle socio-politique des chercheurs », dit Jean-François Trégouët.
« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme »
Pour répondre aux défis majeurs de notre époque, l’INSA Lyon a récemment entamé un chantier d’évolution de la formation, avec au cœur du projet, le développement durable et le numérique. « Donner à penser et à comprendre pour que les citoyens construisent leurs choix en conscience fait partie de nos missions de chercheur. Les liens entre transition numérique et transition écologique ne sont pas toujours évidents à percevoir, et nous espérons pouvoir apporter aux élèves-ingénieurs, les clés pour les comprendre », ajoutent les enseignants-chercheurs également engagés dans les ateliers de réflexion autour de la formation.
La préoccupation semble également avoir irradié au-delà des laboratoires et des salles de classe. « User d’un numérique plus responsable » : c’est une ambition inscrite dans le plan stratégique de l’établissement pour 2030 et dont les nombreuses dimensions nécessiteront un arbitrage, comme l’explique Hugues Benoit-Cattin, chargé du numérique. « Le chantier de la responsabilité numérique de l’établissement est très vaste. Devenir une structure numériquement responsable, c’est autant faire en sorte de consommer des solutions locales, que mutualiser les ressources informatiques et former ses personnels et étudiants à adopter une hygiène numérique. Des actions sont déjà engagées, et nous devons aller plus loin. Je pense également à la logique d’inclusion, dans l’accompagnement du handicap par exemple, qui est une belle illustration de ce à quoi le numérique peut servir, et où le progrès sert la cause », conclut Hugues Benoit-Cattin.
Pour aller plus loin : Hervé Rivano, Nicolas Stouls et François Trégouët ont animé une rencontre-débat en décembre dernier. La rencontre est à retrouver ici « Télétravail, 5g, Netflix… Notre empreinte numérique est-elle soutenable ? »
1 Génie électrique, électromagnétisme, automatique microbiologie environnementale et applications (INSA Lyon, ECL, Lyon 1, CNRS)
2 https://theshiftproject.org/article/pour-une-sobriete-numerique-rapport-shift/
3 AlGorithmes et Optimisation pour Réseaux Autonomes
4 Centre d’innovation en télécommunications et intégration de services (INSA Lyon/INRIA)
Podcasts « Les cœurs audacieux » - Saison 2 / Épisode 5 - 21 avril 2022

Formation
« On peut faire beaucoup de choses à distance, mais l’apprentissage est un échange où la relation humaine est primordiale. »
Télétravail, cours en distanciel ou même apéro-visio… La crise sanitaire a fait évoluer nos quotidiens, de plus en plus « digitalisés ». Pour beaucoup, cela a été une découverte, pour d’autres, plus initiés, un approfondissement des possibilités offertes par l’outil numérique. À l’INSA Lyon, les cours à distance avaient été rapidement mis en place grâce à la collaboration entre étudiants et enseignants. À l’aube de cette rentrée 2020/2021 qui s’annonce historique, Hugues Benoit-Cattin, récemment nommé directeur adjoint en charge du numérique, fait le point : la crise sanitaire a-t-elle modifié notre rapport au numérique à l’INSA Lyon ?
Le numérique s’est rapidement imposé comme une solution aux contraintes du confinement pour beaucoup de français. D’ailleurs, la communauté INSA Lyon a su réagir plutôt rapidement à la situation. Aujourd’hui, quel bilan peut-on tirer du confinement en matière de numérique pour l’établissement ?
Effectivement, étudiants, enseignants, chercheurs et personnels ont fait preuve d’une capacité d’adaptation extraordinaire, et en un temps record. Chacun a apporté sa pierre à l’édifice, en particulier dans la mise en place d’outils de travail. Certains logiciels de visio-conférence ou de travail collaboratif que nous utilisions déjà ont pris plus de place dans la période de confinement, puis nous en avons acquis d’autres pour pouvoir assurer nos missions spécifiques, notamment pédagogiques. Les étudiants, proactifs, se sont investis très largement en proposant des solutions à leurs enseignants : en une semaine, la plupart des départements de spécialité assuraient leurs cours à distance.
Au-delà de la dimension pratique, je crois que cette expérience hors du commun a permis de développer la confiance : entre étudiants et enseignants, confiance entre les personnels et ce malgré une non présence physique. Cela a modifié le regard que l’on pouvait avoir sur le télétravail et le télé-enseignement. Les membres de la communauté INSA ont fait preuve d’une conscience professionnelle hors norme malgré des conditions de travail souvent dégradées.
Comment vont se dérouler les cours à l’INSA Lyon à la rentrée ? On imagine une forte présence du télé-enseignement pour limiter les contacts entre les étudiants. Peut-on d’ailleurs se permettre de dire que le fonctionnement est rodé ?
Nous allons suivre les préconisations préfectorales et ministérielles pour la protection de nos personnels et usagers. Pour l’enseignement, les cours en amphithéâtre se feront à distance ; les travaux dirigés pourraient être assurés en présentiel si les salles de classes permettent de respecter les distanciations, ce qui n’est pas toujours le cas et qui nécessitera peut-être de séparer la classe en deux groupes, ou de passer en comodal1. Le présentiel reste encore possible pour les travaux pratiques, en se tenant éloigné le plus possible les uns des autres. Pour les personnels et enseignants-chercheurs, le travail en présentiel reste la règle. Cependant, il est possible de mettre en place jusqu'à deux jours de travail à distance par semaine si cela n’entrave pas la bonne marche des services.
Malheureusement, en raison de sa taille, le site de l’INSA Lyon n’est pas à l’abri de l’apparition de clusters malgré toutes les précautions prises, ce qui nous obligerait à passer les enseignements en tout distanciel. Une chose plus difficile qu’elle en a l’air puisqu’il faudrait agir au cas par cas. Si dans ces modalités à distance, les solutions digitales sont incontournables, il ne faut pas penser que le numérique est la solution à toutes les crises. D’ailleurs, je crois que le confinement a souligné l’importance et la valeur d’un face-à-face et l’enseignement en est un bon exemple : on peut faire beaucoup de choses à distance, mais apprendre est un échange où la relation humaine est primordiale.
Le prochain conseil d’administration fera les choix et orientations stratégiques concernant le numérique au sein de l’établissement. En tant que directeur adjoint au numérique fraîchement nommé, quelles seraient vos ambitions pour la transition digitale de l’INSA Lyon ?
Le confinement a pour moi souligné une fracture numérique importante : l’usage du digital est très différent selon les personnes. En matière d’équipement, d’environnement de travail mais aussi d’usage. On peut penser que les jeunes générations sont à la pointe, mais ça n’est pas toujours le cas. Certains y vont de façon autonome, d’autre peuvent avoir plus de mal à s’adapter à un environnement changeant et en ressentir de la souffrance. Dans les deux cas, le facteur social y est pour beaucoup. C’est un vrai sujet et c’est pourquoi je souhaiterais que le numérique à l’INSA Lyon soit le plus inclusif possible. Le second volet qui me tient à cœur est de développer le numérique de façon responsable et durable, car son empreinte carbone est loin d’être neutre. Aussi, je crois qu’il serait important d’interroger la souveraineté numérique d’un établissement public comme le nôtre : l’urgence du confinement nous a fait utiliser des outils massivement américains, mais maintenant, sans basculer dans des postures dogmatiques, il est nécessaire de penser à consommer du numérique local. Enfin, je souhaiterais que l’INSA Lyon soit reconnu comme un acteur clé sur la scène du numérique car il en a toutes les qualités que ce soit à travers ses activités de recherche ou son offre de formation.
1L’enseignement comodal propose une séance en deux modes : en présentiel et à distance. Le cours est ainsi proposé en présence, en streaming direct (synchrone) et en vidéo enregistrée (asynchrone).

Recherche
L’app StopCovid : guérir le mal par la tech ?
« Le déconfinement n’a pas changé grand-chose à mon quotidien. J’ai toujours peur de sortir, de côtoyer le virus et de le transmettre à mes proches », confie Martine, personnel administratif à l’INSA Lyon. Depuis l’annonce de la reprise progressive de la vie économique, bon nombre de citoyens comme Martine craignent de s’aventurer dans les lieux publics, songeant aux risques de contracter le Covid-19 sans le savoir. « J’ai entendu parler de cette application, StopCovid, qui nous permettrait de tracer nos contacts et prévenir si nous avons été à proximité d’une personne qui par la suite a été testé positive. Mais je ne comprends pas tous les tenants et les aboutissants de cet outil. En plus, on nous a fait peur avec le traitement de nos données échangées pendant nos réunions en visio avec des outils collaboratifs comme Zoom, durant le confinement. Alors une application qui manipule des données de contact, je suis méfiante », ajoute-t-elle, septique quant à l’utilisation future de cette application.
Casser les chaînes de transmissions du Covid-19, pas les libertés
Il y a peu, le gouvernement français détaillait les modalités de la deuxième phase du déconfinement. Réouverture des bars et restaurants, de certaines frontières et retour des lycéens dans leurs établissements… Autant de situations génératrices de contacts physiques avec nos semblables où il nous faut rester prudents, respectant gestes barrières et port du masque. Autre point soulevé par Édouard Philippe lors de l’annonce détaillant la deuxième phase du déconfinement du pays, le lancement d’une application de contact tracing capable de mémoriser les contacts physiques prolongés des utilisateurs.
Patients symptomatiques ou transmission silencieuse, le modèle de propagation du coronavirus SARS-CoV-2 n’est pas encore totalement compris par les épidémiologistes. Cependant une certitude subsiste : la probabilité d’infecter d’autres personnes est plus élevée aux premiers stades de la maladie. Pour prévenir rapidement les personnes d’un risque d’infection et couvrir les situations de transmissions particulières comme les trajets en transports en commun, l’application StopCovid propose d’informer son utilisateur d’une exposition à risque au Covid-19, grâce aux signaux Bluetooth émis par son téléphone portable. « En fait, le principe de l’application est le même qu’une enquête sanitaire manuelle. Le contact tracing est connu des médecins et permet de retrouver les chaînes de propagation d’une épidémie. Ici, l’outil numérique complète les enquêtes sanitaires existantes en conservant une trace des contacts prolongés que l’utilisateur pourraient oublier ou ne pas connaître, cas typiquement rencontré dans les transports en commun. En cas d’infection avérée, les individus qui ont été en contact avec la personne infectée seront notifiées d’une exposition à risque, et pourront ainsi réagir pour ne pas devenir un facteur de propagation », explique Antoine Boutet, enseignant-chercheur du département Informatique de l’INSA Lyon et membre de l’équipe PRIVATICS1 qui a participé à la conception de cette application.
StopCovid n’était pas encore disponible sur les plateformes d’applications qu’elle faisait déjà parler d’elle. Souvent mal comprise, elle pourrait pourtant s’avérer utile à un déconfinement efficace évitant de nouvelles contaminations et l’éventualité d’une nouvelle phase de confinement. « De nombreuses applications de type contact tracing ont rapidement émergé au début de l’épidémie, mais malheureusement, toutes ne sont pas respectueuses de la vie privée de leurs utilisateurs. L’équipe PRIVATICS a rapidement voulu se rendre utile dans le combat contre le Covid-19 : nous avons ainsi développé le protocole ROBERT2 qui décrit comment l’application devrait fonctionner afin de prévenir des fuites d’informations personnelles », annonce Antoine Boutet.
Bluetooth VS géolocalisation
Des concepts de traçage numériques étudiés partout dans le monde, mais des modalités de suivi qui diffèrent selon les pays, oscillant entre urgence sanitaire et liberté individuelle. Parmi ces outils, deux tendances se dessinent : la géolocalisation, technologie de « tracking » s’appuyant sur un système GPS qui permet de déterminer la localisation d’une personne avec une certaine précision. Et le Bluetooth, technologie de « tracing » majoritairement utilisée dans le cas du traçage numérique, correspondant au besoin actuel de capter une proximité physique entre individus. « Pour expliquer le fonctionnement de l’application, prenons l’exemple d’Alice, qui décide d’installer StopCovid et d’activer la fonction Bluetooth de son smartphone. Lors de l’installation, aucune authentification n’est nécessaire. L’application générera des pseudonymes aléatoires, utilisés les uns après les autres pendant une période limitée. Lors d’un trajet dans les transports en commun par exemple, le téléphone d’Alice détectera via le Bluetooth, les pseudonymes associés aux appareils mobiles voisins à moins d’un mètre du sien, croisés pendant au moins quinze minutes. Si plus tard Alice ressentait les symptômes du Covid-19 et était testée positive, elle donnerait l’autorisation de partager anonymement les pseudonymes détectés pendant sa phase de contagion avec l’autorité sanitaire, qui informerait à son tour les appareils ayant croisé la route d’Alice. Les utilisateurs notifiés recevraient également des consignes à suivre, afin de bien réagir face à la situation », poursuit l’enseignant-chercheur spécialiste des questions de conception et développement d’outils d’amélioration de confidentialité numérique au sein du laboratoire Citi.
Du « tracing » au « tracking », n’y-a-t-il qu’une lettre ?
Conçue pour améliorer le dépistage des dangers de contaminations dans les lieux publics, l’application permettrait de gagner 24 à 48 heures sur le travail des brigades sanitaires comme l’affirme Cédric O, secrétaire d’État au numérique. Mais à quel prix ? Parmi les craintes évoquées par Martine à l’utilisation d’une telle application mobile, celle de la protection de ses données personnelles récoltées lors de l’utilisation du Bluetooth. « Comment puis-je être assurée que mes données, d’ordre médical et donc sensibles, soient protégées ? Qui aura la main dessus et jusqu’à quand ? », se questionne-t-elle.
La CNIL, Commission Nationale Informatique & Libertés, a constaté dans son dernier avis du 25 mai que « l’application StopCovid ne conduira pas à créer une liste des personnes contaminées mais simplement une liste de contacts entre pseudonymes, respectant ainsi le concept de protection des données dès la conception. »
Pour l’enseignant-chercheur du département Informatique, il est naturel d’avoir une appréhension à l’égard d’un outil numérique de cette ampleur. « Dès le départ, il était bien évident que l’application ne devait pas représenter un danger pour nos libertés, surtout pour une application de cette nature. L’architecture du système est pensée de telle manière que personne, pas même l’État, n’ait accès à la liste des pseudonymes des personnes contaminées, ni au graphe des interactions entre utilisateurs. Les données utilisées par l’application sont effacées quatorze jours après leur création et ne comportent ni le nom, ni l’adresse, ni le numéro de téléphone de l’utilisateur », rassure Antoine Boutet.
Début juin 2020 et à travers tout le pays, l’application StopCovid est donc déployée, basée sur cinq principes fondamentaux garantis par le Gouvernement : le volontariat, le respect de la vie privée, l’anonymat, la transparence et l’éphémérité de vie de l’outil. « Heureusement qu’il existe des gardes fous comme la CNIL ou le Comité Consultatif National d’Éthique qui encadrent ce qui est possible de faire », déclare le scientifique. « L’application a été développée en lien avec des épidémiologistes pour s’assurer de fournir un outil viable et efficace, son développement a été encadré par l’ANSSI3 et son code source est accessible pour plus de transparence quant à son comportement. Une fois l'analyse des risques de l'application établie, la balance entre les enjeux médicaux et sociaux mais aussi légaux et moraux pour décider d'une mise en place ou non de l’application, n'était plus de l'ordre scientifique mais de la responsabilité des politiques », poursuit-il.
Un fichier santé « plus protégé que l’assurance maladie »
Comment parler de données personnelles de millions de citoyens sans que les GAFAM ne pointent le bout de leur nez ? Si Apple et Google avaient proposé aux gouvernements une solution clé en main, le pays des Gaulois a rapidement décliné. En cause ? La souveraineté numérique et la nature d’une mission de service publique relevant de l’État et non d’acteurs privés internationaux. « En entretenant une vision d'états big brother, ces entreprises se placent en tant que bienfaiteurs et essaient de faire oublier au passage leurs pratiques opaques quant à la manipulation des données personnelles et leur vision très singulière de la vie privée », se désole Antoine. « L’équipe PRIVATICS a proposé une solution calculant le risque d’exposition de manière centralisée, c’est à dire effectué sur un serveur qui détient les informations liées à l’application. Cette centralisation permet également aux épidémiologistes de mieux calibrer le fonctionnement de l’application en fonction de son utilisation. À l’inverse, Apple et Google ont adopté un calcul de risque d’exposition décentralisé, c’est-à-dire effectué sur le téléphone des utilisateurs. Bien qu’attractif, cette solution nécessite d’envoyer les pseudonymes des personnes infectées à tous les téléphones, laissant une opportunité aux utilisateurs mal intentionnés d’exploiter ces informations » ajoute-t-il.
De son côté, le gouvernement s’est voulu rassurant quant à la question de la centralisation des données : « Ce fichier de santé sera le plus sécurisé de la République française. Davantage que les bases de données des hôpitaux et de l’Assurance maladie. Avec à l’intérieur, des données d’un intérêt limité. À savoir une liste de personnes ayant été en contact avec un malade », a déclaré Cédric O.
Une appli contre une maladie : efficace ou pas ?
Si les débats à propos de la protection de données personnelles ont fait couler beaucoup d’encre, les doutes sur la fiabilité technique de la méthode utilisée n’ont pas été épargnés : précision de la technologie Bluetooth, physiologie des personnes, position du téléphone portable, état de la batterie du téléphone, modèle de transmission du virus… Autant de paramètres qui nuiraient à la fiabilité des résultats fournis par StopCovid. Arguments que l’équipe PRIVATICS entend : « La technologie Bluetooth n'a pas été conçue pour mesurer des distances. Son calcul peut parfois être faussé en fonction de l’environnement. De plus, le Bluetooth peut détecter une proximité entre deux personnes se trouvant de part et d’autre d’une vitre ou d’un mur en Placoplatre par exemple. Après de nombreux tests in situ, l'équipe MARACAS du Laboratoire Citi qui s'est occupée du calcul de distance est arrivée à des résultats très satisfaisants lorsqu’on connaît la technologie Bluetooth », témoigne l’enseignant-chercheur de l’INSA Lyon. Une histoire de choix, donc.
Baguette magique numérique ?
Est-ce réellement le -mauvais- traitement de nos données personnelles que nous craignons ? Ou bien la puissance de l’outil numérique capable de révéler nos données les plus intimes ? Plusieurs fois sommée d’outil préambulaire à une société de surveillance des masses à la Georges Orwell, l’application StopCovid soulève peut-être une question de fond. Sommes-nous en train de prendre conscience collectivement que ce petit objet numérique, que 80% des Français portent quotidiennement dans leur poche, est devenu malgré nous, une extension de nous-même ? Alors que les dérives des entreprises privées en possession de nos données personnelles ne sont plus des surprises, l’application StopCovid continue de diviser par son action intrusive dans la vie de ses utilisateurs. Pour les chercheurs de l’Inria, le questionnement a bien eu lieu : à quel point StopCovid est plus intrusive qu’une enquête sanitaire de contact manuelle qui consiste à indexer -numériquement- et dans les moindres détails, les quatorze derniers jours vécus par un patient atteint du Covid-19 ?
Pour David Wittmann, enseignant aux Humanités de l’INSA Lyon, la mise en place rapide d’une telle application doit nous interroger sur la réalité dans laquelle nous vivons. Si la sensibilité des données, leur sécurité ainsi que la loyauté et l’explicabilité des algorithmes sont dorénavant des questions centrales et classiquement soulevées lors de l’apparition d’un nouvel outil numérique, celui-ci est rarement interrogé dans son environnement global. « La crise sanitaire que nous traversons a révélé des failles sociétales très importantes comme une inégalité sociale des mortalités dues au Covid-19, des manques productifs criants, l’invisibilité et le mépris social pour des personnes essentielles à la société etc. Nous sommes sur un navire qui tangue, et on tend à croire un peu magiquement que, face aux pénuries de médicaments et autres produits sanitaires, le numérique est par lui seul capable de nous sauver. Cette application est au plus une aide, mais ce qui compte réellement ce sont les équipes déployées sur le terrain, les moyens qui sont attribués aux soignants », explique David Wittmann. Mirage ou cache-sexe d’un désœuvrement social, matériel et économique dans une période troublée, pour l’enseignant des Humanités, l’être humain, s’il doit s’appuyer sur le numérique, doit également se frotter aux réalités matérielles et sociales complexes pour ne pas succomber au solutionnisme technique. « D’une certaine façon, le numérique nous permet d’éviter la confrontation avec le réel, les inégalités à disposer d'un smartphone nécessaire pour faire fonctionner l'application en est un exemple. Je ne suis pas pour arrêter d’utiliser l’outil numérique, mais je me méfie de la croyance qui consiste à apposer une solution technologique à tout problème, nous éloignant de la responsabilité de prendre en charge le réel dans ses aspérités et ses injustices. Il ne faudrait pas que les débats, certes légitimes, autour d’une telle application se substituent au débat sur les nécessaires transformations politiques et sociales du monde dans lequel nous vivons », poursuit l’enseignant.
Qu’elles nous rassurent, nous divertissent ou nous aident à stopper la propagation du Covid-19, serait-il de bon ton de rappeler ici que les applications mobiles n’ont rien de magique. Aussi arriverons-nous à saisir le pouvoir de notre smartphone sur nos vies intimes comme nous avons compris la puissance du masque pour se protéger soi, et les autres ? Le chercheur du laboratoire Citi le rappelle : « L’utilisation ou non de l’application est à l’initiative de chacun. Le choix revient à l’utilisateur, qui, comme il devrait le faire pour toutes les applications qu’il utilise quotidiennement, soit conscient de l’utilisation de ses données et responsable de ses choix numériques. La plupart des utilisateurs ne sont pas bien informés des enjeux globaux du numérique, par manque de connaissance du contexte peut-être et notre mission de chercheur est aussi de sensibiliser à ces réalités », conclut Antoine Boutet.
1 Laboratoire Citi (INSA Lyon/Inria/UdL)
2 ROBust and privacy-presERving proximity Tracing
3 Agence Nationale de la Sécurité des Systèmes d’Informations

Pour approfondir : L'intelligence artificielle - IA - au coeur de l'enjeu "information et société numérique" de l'INSA Lyon, le numéro n°7 du Magazine #57 traite de l'intelligence artificielle.

International
International : après la crise, l’INSA se prépare à gérer des parcours très flexibles
Argument phare de la formation à l’INSA Lyon : la mobilité internationale obligatoire. Mais comment a-t-elle pu être maintenue pendant la crise sanitaire ? Quelles décisions ont été prises depuis ? Réponse avec Damien Fabrègue, directeur des relations internationales à l’INSA Lyon.
Quel bilan tirez-vous des derniers mois écoulés ?
Même si le bilan de cette crise ne peut, encore à l’heure de ces lignes, qu’être partiel, il a à la fois un petit goût amer par certains côtés mais aussi des facettes très positives. À la direction des relations internationales (DRI) mais aussi au service scolarité, et dans les départements d’enseignement, nous avons été confrontés à une situation sans précédent et à laquelle nous n’étions pas préparés. Les situations de nos étudiants que ce soient les étudiants INSA à l’étranger ou les étudiants internationaux à l’INSA, étaient toutes spécifiques et nécessitaient une écoute et des décisions particulières qu’il a fallu prendre avec parfois des informations partielles. Mais grâce à l’investissement de tous, nous avons pu fournir des réponses à tout le monde. Le retour anticipé de nos étudiants en mobilité à l'étranger est une déception évidente pour chacun. C'est une forme d’expérience tronquée difficilement valorisable. Mais, nous sommes aujourd’hui plus armés et nous avons une meilleure idée des procédures à mettre en place en cas de crise et de retour précipité comme c’est le cas parfois à plus petite échelle - crise à Hong Kong ou au Chili plus tôt cette année par exemple. Pour les élèves qui sont rentrés, j’ai confiance dans le fait que, de par leur formation d’ingénieur reconnue à l’international, ils auront d’autres possibilités pour vivre cette expérience si enrichissante d’un séjour long à l’étranger. La décision d’encourager un maximum d’élèves à rentrer le plus vite possible a été prise avec les éléments fournis par nos ministères de tutelle et je sais qu’elle a parfois été abordée avec circonspection. Avec l’évolution de la situation, je pense sincèrement que c’était la décision la plus raisonnable pour assurer la sécurité de chacun, ce qui constitue l’objectif premier de l’INSA Lyon. La plupart d’entre eux ont ensuite pu suivre les cours à distance proposés par l’université dans laquelle ils étaient ou alors ont réintégré leur promo à distance à l’INSA. Pour ceux qui n’ont pas pu ou voulu rentrer, nous nous sommes assurés qu’ils puissent aussi avoir des cours en distanciel et continuons à garder le contact. Car après la sécurité, notre seconde priorité est évidemment la réussite de nos étudiants. L’autre enjeu de taille a concerné les étudiants de nationalité étrangère présents à l’INSA Lyon. Si certains ont pris la décision de rentrer dans leur pays d’origine, d’autres sont restés sur place, notamment dans les résidences de l’INSA. Actuellement nous avons encore plusieurs centaines d’étudiants dans ce cas. Je remercie ici plusieurs acteurs qui ont permis que ces étudiants puissent passer leur fin de semestre dans les meilleures conditions : la direction du patrimoine, la direction des résidences pour avoir assuré un service de qualité même dans une situation aussi complexe. Je tiens aussi à souligner l’investissement de la direction des restaurants qui a assuré la livraison de denrées tant que nous en avons eu le droit ainsi que le bureau des élèves qui s’est aussi beaucoup impliqué sur ce point par la suite. On pourra aussi noter la mise à disposition de moyens informatiques et de connexions internet haut débit pour, après les besoins essentiels, se concentrer sur la réussite académique de ces étudiants. Je pense que ce que je retiendrai avant tout de cette crise, est la solidarité de la « famille INSA » et l’investissement de chacun pour le bien-être de tous. Il me semble que nous avons été ici à la hauteur des valeurs fondatrices de notre école.
Comment envisagez-vous la rentrée 2020-2021, en matière d'international ?
Quel challenge !!! Il est peut-être même plus grand que celui que nous avons vécu durant les dernières semaines…. En effet, tout d’abord, nous avons dû prendre la décision difficile de suspendre toutes les mobilités académiques entrantes et sortantes hors Europe pour le premier semestre 2020-2021. C’est une décision lourde de conséquences, en premier lieu pour les étudiants concernés, mais aussi pour les départements d’enseignement qui risquent d’avoir des promos plus chargées que d’habitude. Mais avec les récentes annonces de réouvertures des frontières, nous allons faire tout notre possible pour reporter ces mobilités sortantes au second semestre. Pour certains ce « glissement » a déjà été acté quand notre partenaire nous a répondu par l’affirmative. Pour les autres, nous allons devoir organiser une commission extraordinaire pour permettre à un maximum d’étudiants de réaliser un séjour à l’étranger. Pour certains, il faudra certainement attendre l’année suivante, pour d’autres (j’espère le moins possible), la mobilité en échange ne sera pas possible. C’est pourquoi, même si la mobilité demeure obligatoire à l’INSA Lyon, nous saurons faire preuve de souplesse pour ne pas imposer à nos étudiants un prolongement de leurs études alors qu’ils auront déjà vécu l’annulation subite de leur projet initial.
Pour les mobilités entrantes, tous nos partenaires ont très bien compris cette décision, la plupart est sur la même ligne de conduite, et de la même manière nous nous concentrons sur le second semestre. La DRI se tient régulièrement informée de la situation de l’enseignement supérieur au niveau mondial, qui évolue de jour en jour. D’après la dernière enquête QS* conduite au mois de mai, 63,1% des étudiants internationaux espèrent toujours réaliser leur projet de mobilité en 2020 et 75% se disent prêts à le maintenir même si cela implique 3 mois de cours en ligne. Il est donc très important que nos équipes de scolarité, au sein des départements de formation et à la DRI gardent un lien régulier avec les étudiants en cours de recrutement, pour les informer des derniers aménagements pour la rentrée. Nous devons consacrer nos efforts à rendre nos parcours flexibles pour garder notre réputation d’établissement accueillant envers le public international et ce, malgré les distances qui s’imposent.
Pour les parcours de doubles diplômes, la problématique est un peu différente car il s’agit de mobilités particulièrement longues, en général de 18 ou 24 mois. Cela laisse de la place à l’adaptation tout en garantissant à l’étudiant une vraie expérience à l’international. Nous avons très vite travaillé avec nos partenaires et les responsables de ces diplômes afin de modifier les parcours pédagogiques et ainsi pouvoir malgré l’absence de mobilité au semestre 1 de 2020-2021. Aujourd’hui, la plupart des doubles diplômes ont trouvé une alternative. On voit bien que de la même manière que pour les échanges, ces changements assez fondamentaux nécessitent une grande flexibilité et agilité. Honnêtement, en voyant l’évolution de la situation, je trouve que l’INSA a une faculté d’adaptation à un changement rapide qui est impressionnante. Une autre preuve a été la mise en place, du jour au lendemain, de la plupart des cours en ligne alors que ce type d’enseignement était assez peu développé auparavant. Ici encore, l’investissement des professeurs, des personnels administratifs mais aussi des étudiants, m’a vraiment impressionné. J’avoue avoir ressenti pas mal de fierté d’appartenir à l’INSA Lyon lorsque je présentais la situation à certains de mes collègues d'autres institutions.
L’enseignement à distance sera aussi au centre de cette rentrée de septembre. En effet, certains de nos étudiants internationaux qui sont rentrés dans leur pays ne pourront peut-être pas être de retour à temps. De même pour les filières internationales, cette rentrée nécessitera des cours à distance. De manière générale, on peut aussi craindre que les conditions de distanciation sociale, si elles sont encore en vigueur, ne soient pas compatibles avec nos amphis. Il faudra donc bien envisager un mode d’enseignement mixte. Bien sûr cela nous demande encore beaucoup d’adaptation et de travail de la part des enseignants notamment. Mais cela répondrait aux attentes des étudiants internationaux dont finalement seul 5%* ont décidé de renoncer définitivement à leur projet de séjour à l’étranger à cause du Covid-19. Pour l’international, un enseignement à distance nous ouvre beaucoup d’autres opportunités pour les années à venir. Les étudiants étrangers à l’INSA se verraient alors offrir un choix plus large de cours puisqu’ils pourraient suivre certains en rediffusion et s’affranchir des chevauchements de cours entre les différents départements.
Dans ce contexte, comment continuer à cultiver l’internationalisation des élèves-ingénieurs ?
Bien-sûr cette crise sanitaire mondiale peut et doit nous amener à nous poser des questions sur la vision de l’international. Mais ce n’est pas seulement cet évènement qui nous pousse à la réflexion. Les étudiants, de par leur souci de diminuer leur impact écologique, ainsi que les scenarii envisagés par la démarche prospective nous invitent continuellement à repenser notre développement à l’international. Le modèle INSA a toujours mis au centre de ses préoccupations l’international comme une source de développement de nos étudiants et de nos personnels. Découvrir l’autre, découvrir une manière de penser ou d’agir différente et ce, dans un environnement propice à l’échange, ne peut qu’être bénéfique de manière individuelle mais aussi de manière générale. Aujourd’hui, et surtout demain, je pense que cette vision de l’international s’accompagnera de plus en plus de la nécessité et de la volonté de l’associer aux valeurs du modèle INSA que nous souhaitons transmettre. De nombreuses initiatives sont déjà en cours et on voit avec intérêt que certaines ont émergés avant même les conclusions de la démarche prospective. Par exemple, pour l’un de nos derniers grands projets en Afrique, nous avons souhaité - pour la première fois dans l’histoire de cet appel à projet français - que la totalité des fonds soit gérée par l’un des partenaires africains. Ce transfert de compétence et de gestion des projets va dans la direction des échanges équilibrés entre le Nord et le Sud mais aussi dans le sens du développement des échanges Sud-Sud qui assurent une plus grande équité dans le développement de notre monde.
Bien sûr, cette crise aura modifié certains concepts des relations internationales. Le Groupe INSA a adhéré au consortium regroupant plusieurs universités en Europe appelé ECIU l’année dernière. Ce consortium a été lauréat d’un projet d’Université Européenne lancé par la commission Européenne. Évidemment, il était prévu de développer la mobilité entre les partenaires ; mais une nouvelle approche vient d’être identifiée. Il s’agit de faire travailler des groupes d’étudiants de deux universités ou plus qui suivent des cours complémentaires dans chacune de leur institution sur un projet commun mais à distance. On peut par exemple penser à des étudiants suivant un cursus de génie civil en Allemagne travaillant sur un projet de bâtiment avec des étudiants suivant un cursus de mécanique ou de matériaux en France. Ce type de projet est aussi très plébiscité par nos partenaires américains.
En conclusion, ce que cette crise a surtout prouvé, c’est que nous avons des ressources incroyables afin de nous adapter aux changements et que nous devons continuer sur la voie de la flexibilité, tout en prenant le recul et la réflexion nécessaire pour transformer une situation complexe en opportunité.
* QS' Coronavirus Surveys for Universities and International Students, May 2020. Échantillon d’étudiants de tous parcours, disciplines et nationalités confondus.

Formation
« Unir nos efforts au service d’une ambition commune pour l’établissement »
La communauté INSA se mobilise pour mettre en œuvre ce projet qui concerne tous les départements de formation. Rencontre avec des acteurs en première ligne.
Il faut inventer de nouveaux modes d’organisation, de production et de nouveaux modèles économiques
Alexis Méténier, directeur des relations entreprises
« La nécessité de faire évoluer la formation des ingénieurs par rapport à l’impact, toujours plus important, des technologies sur la société et l’environnement est une vision partagée par tous. Les entreprises, de toutes tailles, considèrent que les ingénieurs ont un rôle majeur à jouer dans les transitions à l’œuvre, qu’elles soient énergétiques, numériques, sociales ou économiques. La science, qui a ouvert les portes du progrès, est aussi celle qui va devoir contribuer à fabriquer les clés de ces grands défis. De nombreux dirigeants d’entreprises et ingénieurs sont traversés par les mêmes interrogations sur l’avenir et partagent la conviction qu’il faut inventer de nouveaux modes d’organisation, de production et de nouveaux modèles économiques. Devant l’ampleur de la tâche, personne ne détient la solution et tous les acteurs sont concernés. Que l’INSA se saisisse de ces enjeux en faisant évoluer sa formation sans attendre que soit formulée la demande par le marché de l’emploi est légitime. Plus que légitime, c’est une obligation. La question n’est plus de savoir quel ingénieur est adapté au progrès mais quel progrès devra inventer l’ingénieur. »
Unir nos efforts au service d’une ambition commune pour l’établissement
Nicolas Freud, chef de projet « Évolution de la formation »
« La feuille de route étant fixée, il s’agit à présent de passer à la mise en œuvre, et Christian Olagnon, directeur de la formation de l'INSA Lyon, m’a demandé de coordonner le chantier. Ayant participé, en amont, aux réflexions qui ont conduit aux orientations fixées par le conseil d’administration (CA), et étant convaincu de leur importance, je n’ai pas beaucoup hésité avant d’accepter la mission de chef de projet, avec enthousiasme, mais aussi un peu d’appréhension face à l’ampleur de la tâche.
La première action concrète est la constitution d’un comité de pilotage et de coordination, comme le prévoit la deuxième note de cadrage votée par le CA. Ce comité aura pour rôle d’assurer la mise en œuvre du chantier, en veillant à sa cohérence à l’échelle de l’établissement, sur les cinq années du cursus. Il devra pour cela travailler avec l’ensemble des départements et centres et accompagner les équipes pédagogiques pour faire évoluer les maquettes de formation en adéquation avec les objectifs d’apprentissage visés.
Le challenge sera de parvenir à embarquer un grand nombre de collègues, de toutes disciplines, et d’unir nos efforts au service d’une ambition commune pour l’établissement. Nous n’avons que rarement l’occasion de travailler de cette manière, et à cette échelle. L’échéance de la rentrée 2021 pour la première et la troisième année va être serrée mais il faut voir à plus long terme : il s’agit d’évolutions qui vont se mettre en place progressivement sur plusieurs années. Même si tout n’est pas parfait tout de suite, ce qui compte c’est la direction prise. Ce sera probablement difficile, mais je suis convaincu que l’enjeu en vaut la peine. »
Il faut donner plus de sens à notre formation
Marc Romagné, élève-ingénieur en 4e année au département génie civil et urbanisme, élu au conseil de département et au conseil des études et membre du groupe transition de son département
« Les étudiants veulent faire de la science mais pas déconnectée de la vie dans laquelle on vit et notamment des problèmes sociétaux et environnementaux auxquels nous sommes collectivement confrontés. Aborder les enjeux développement durable et responsabilité sociétale (DD&RS) au cours de notre formation ne veut pas dire grand-chose si on se cantonne à de la sensibilisation, il nous faut des enseignements avec des approches plus systémiques, des professeurs qui nous amènent à voir au-delà de leur discipline. Aujourd’hui, qu’est-ce qu’on attend d’un ingénieur ? Pas la même chose qu’il y a 60 ans. On attend plus de responsabilité, une meilleure prise en compte de l’humain, du discernement face aux enjeux. Il est par exemple très important d’avoir une réflexion sur le numérique. Il n’a pas toujours un impact positif, il peut également engendrer une consommation excessive de ressources si les ingénieurs ne prennent pas en compte un critère de sobriété. Par ailleurs, les conséquences sociétales du numérique, en termes d’usage, doivent faire l’objet de davantage de réflexion critique. Le numérique est devenu un outil indispensable, mais il n’est pas une fin en soi. Il est très important de se préparer aux changements qui vont survenir, d’être formé pour cela. Et de ce point de vue, même si tout le monde s’accorde sur le fait qu’il faut adapter la formation, le plus dur est la résistance au changement. »
Amener les étudiants à développer peu à peu une compréhension systémique des enjeux
Marion Fregonese, professeur de chimie et de thermodynamique au département Formation Initiale aux Métiers d'Ingénieur (FIMI)
« Certains enseignements existants abordent déjà des questions relatives au DD&RS. De telles expériences sont précieuses et constitueront une base pour construire un enseignement plus ambitieux. La deuxième note de cadrage votée par le CA prévoit ainsi la création d’enseignements transversaux dédiés au DD&RS, qui s’articuleront avec des apprentissages DD&RS introduits dans les disciplines existantes, afin de répondre aux questions techniques et sociétales posées par le changement climatique, l’énergie, les ressources en matières premières, les atteintes portées au vivant (écosystèmes) et à la santé... tout en explorant les liens entre science, technique et société et les dynamiques du changement. L’un des grands défis sera d’amener les étudiants à développer peu à peu une compréhension systémique de ces enjeux, dès la première année de leur cursus ingénieur, cette compréhension devant être construite sur la base d’un socle scientifique solide. Pour y parvenir, il faudra adopter une approche transdisciplinaire, qui fera travailler ensemble des enseignants de différents champs disciplinaires (en sciences de l’ingénieur mais aussi en sciences humaines et sociales). Il s’agit d’un challenge important car, à ce jour, peu d’espaces le permettent dans les maquettes d’enseignement. »
Repenser les apprentissages des disciplines scientifiques en explorant le potentiel du numérique
Véronique Églin, professeur d’informatique et directrice adjointe du département FIMI
« En ce qui concerne le numérique, l’objectif est que tous nos étudiants puissent acquérir des bases, jugées nécessaires, même s’ils ne choisissent pas de se spécialiser dans ce domaine. Quatre thématiques incontournables ont été identifiées : les fondamentaux de l’informatique (architectures et systèmes, algorithmique, langages de programmation...), le calcul numérique, la science des données et l’intelligence artificielle, et la société numérique (infrastructures, outils, enjeux sociétaux et environnementaux de la transition numérique...). Ces thématiques seront abordées dans des enseignements dédiés, mais aussi en développant l’utilisation du calcul numérique dans l’ensemble des disciplines scientifiques. Même si le chantier est loin de partir de zéro, ce dernier aspect va demander des efforts de la part de beaucoup de collègues enseignants dont le numérique n’est pas la spécialité. L’une des clés sera la collaboration entre des collègues de disciplines différentes. »
Devenir une communauté apprenante
Laurence Dupont, responsable de l’équipe Appui aux techniques de l'enseignement du numérique et de l'apprentissage (ATENA)
« C’est une transformation profonde qui attend les équipes enseignantes et notre rôle est de leur apporter toute l’aide possible pour mener au mieux cette évolution. Cette dernière est enthousiasmante mais aussi exigeante pour les enseignants : experts dans leur discipline, ils vont devoir apprendre à travailler dans une approche transdisciplinaire et acquérir, pour certains, de nouvelles compétences notamment dans le domaine du numérique. Comment se former ? Comment trouver du temps ? Comment assurer une cohérence dans nos programmes et nos pratiques sur les cinq années de formation ? L’équipe ATENA, accompagnée des référents pédagogiques de chacun des départements et centres mais aussi de ses partenaires (OpenINSA, écoles d’ingénieurs du site Lyon Saint-Etienne), sera là pour identifier les besoins des équipes et y répondre. Je suis convaincue que la collaboration et le partage d’expériences sont les clés du succès. Il faut réinventer nos pratiques pédagogiques, travailler ensemble (équipes enseignantes et étudiants), accepter d’apprendre des autres et de transmettre soi-même son savoir-faire. L’INSA Lyon deviendra ainsi, grâce à ce projet d’évolution de la formation, une véritable communauté apprenante. »
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Formation
« C’est un chantier ambitieux face à des enjeux sociétaux incontournables »
Entretien avec Christian Olagnon, directeur de la formation
Le conseil des études et le conseil d’administration de l’établissement viennent d’approuver une feuille de route pour faire évoluer la formation, en renforçant deux axes transversaux majeurs : le développement durable et la responsabilité sociétale (DD&RS) et le numérique. Outre ces deux axes forts, l’école renforce son modèle de formation sur cinq ans, les deux premières années apportant le socle de compétences de base nécessaires aux métiers exercés par les ingénieurs. Christian Olagnon, directeur de la formation, nous éclaire sur la teneur, l’ampleur et les échéances de ce chantier.
Qu’est-ce qui motive de telles évolutions et en quoi la formation dispensée aujourd’hui va-t-elle changer ?
Tout le monde reconnaît que nous sommes face à des enjeux sociétaux d’une acuité et d’une ampleur inédites. En ce qui concerne l’environnement, même si ces enjeux sont identifiés depuis longtemps (plus de 30 ans en ce qui concerne le climat par exemple), force est de constater que l’on a trop longtemps ignoré le problème ou que l’on n’en a pas fait une priorité suffisante. Mais la perception générale de ces enjeux évolue, notamment grâce aux travaux du GIEC (voir par ex. le rapport de 2018 sur le réchauffement à 1,5°C) et de l’IPBES (rapport de 2019 sur l’état de la biodiversité et des services écosystémiques), qui montrent sans ambiguïté que des transformations profondes et rapides de nos sociétés sont nécessaires si l’on veut éviter une dégradation irréversible de nos conditions de vie. Les preuves scientifiques sont telles qu’il n’est plus possible de différer ces sujets. La décarbonation de l’économie, notamment, est devenue un impératif à court terme, auquel les ingénieurs peuvent et doivent apporter une contribution majeure dans les années à venir. Par ailleurs, nos étudiants, à juste titre, sont déjà très sensibilisés et veulent être acteurs de ces changements. Ils ont joué un rôle décisif ces dernières années en poussant l’établissement à donner à ces sujets un plus haut niveau de priorité. Au-delà de cette sensibilisation, l’enjeu est à présent de former nos étudiants sur ces sujets, qui sont d’une grande complexité, par nature interdisciplinaires, et qui représentent des « questions socialement vives ». Nous devons non seulement leur donner des clés de compréhension, avec des fondements scientifiques solides, mais également des leviers d’action, pour qu’ils contribuent à apporter des solutions.
Une autre transformation sociétale majeure est celle liée au numérique. En premier lieu, notre ambition est que tous les étudiants de l’INSA, quels que soient leurs choix de spécialité, acquièrent un bagage solide qui leur permet de maîtriser les techniques générales et les environnements numériques. Ce n’est que partiellement le cas aujourd’hui, il faut donc renforcer de manière significative la formation existante consacrée au numérique. Cela se fera avec des enseignements dédiés, mais aussi en faisant davantage appel au calcul numérique dans les enseignements de sciences de l’ingénieur. Enfin, les étudiants doivent également appréhender les évolutions, les limites et les impacts sociétaux du numérique, afin qu’ils puissent jouer un rôle dans la transformation numérique des milieux professionnels au sein desquels ils seront amenés à travailler.
Outre ces deux volets, DD&RS et numérique, l’établissement maintient le cap de la « démarche compétences » , qu’il faut poursuivre et approfondir. Le principe est de construire une progression des enseignements cohérente sur cinq ans pour que les diplômés qui sortent de l’école aient bien acquis les compétences visées. C’est cette progression qui doit être améliorée et formalisée, pour que l’ensemble des activités de formation contribue bien à ces compétences. On appelle cette méthodologie « approche-programme » . Notons au passage qu’à l’INSA, nous ne concevons pas les deux premières années comme des années de « prépa » : les étudiants sont formés dès le début aux métiers d’ingénieur, en les confrontant à l’interdisciplinarité et à la résolution de problèmes d’ingénierie concrets.
Il est prévu que de nouveaux enseignements soient mis en place dès la rentrée 2021 en 1re et en 3e années. Comment le chantier va-t-il s’organiser ? Quelle sera son ampleur ?
Cette échéance de la rentrée 2021 est fixée par l’arrivée des nouveaux bacheliers, qui n’auront pas reçu la même formation au lycée que nos élèves actuels. Les maquettes de formation vont donc devoir être adaptées globalement. Même si le calendrier est serré, c’est le bon moment pour mettre en œuvre les évolutions souhaitées dans les domaines du DD&RS et du numérique.
Par ailleurs, pour que ces évolutions s’inscrivent bien dans une approche-programme, il faut dès le départ penser la progression des apprentissages sur les cinq années du cursus. Cela engage donc tous les Départements de formation. Nous voulons aussi que les enseignements de 3e année évoluent dès la rentrée 2021 (sans attendre l’arrivée des élèves issus de la réforme du bac) pour que le plus grand nombre d’étudiants puisse bénéficier le plus rapidement possible d’une formation renforcée au DD&RS et au numérique.
Il s’agit donc d’un chantier ambitieux, qui va demander une très forte mobilisation des équipes pédagogiques. Il y a déjà beaucoup d’enseignants volontaires, mais il faudra en entraîner davantage, et prouver que les réductions horaires appliquées à certaines disciplines jugées « fondamentales » ne représenteront pas une perte pour la qualité globale de la formation, mais bien un bénéfice. Le dialogue avec les étudiants sera, à ce propos, essentiel : ce sont les premiers à réclamer le changement et ils ont des observations et des propositions tout à fait pertinentes. D’un point de vue opérationnel, un comité de pilotage et de coordination va être rapidement constitué, animé par Nicolas Freud, nommé chef de projet. Ce comité aura un rôle majeur à jouer, pour organiser le chantier, en lien étroit avec tous les départements et centres. Avec l’appui de l’équipe d'appui aux techniques de l'enseignement du numérique et de l'apprentissage (ATENA), il guidera et accompagnera les équipes pédagogiques, afin de bâtir les nouveaux enseignements dans chaque département sans perdre de vue la vision globale sur cinq ans.
Avec ce projet d’évolution de la formation, comment notre établissement se situe-t-il au sein du groupe INSA et par rapport à d’autres grandes écoles d’ingénieur ?
À l’échelle d’un gros établissement comme l’INSA Lyon, il s’agit d’un projet unique car il vise à former 100% de nos étudiants sur des thématiques transversales devenues absolument incontournables. Les formations dispensées dans les établissements du groupe INSA vont certainement évoluer dans la même direction que nous, mais avec la feuille de route que nous nous sommes fixée, nous allons ouvrir la voie. De manière plus large, ces axes de formation renforcés à l’INSA Lyon seront un facteur différenciant par rapport à d’autres établissements. Dans le prolongement de notre héritage historique, nourri notamment par des valeurs d’ouverture et de responsabilité sociale, nous essayons d’apporter des réponses, à notre niveau, aux enjeux que rencontre le monde d’aujourd’hui.
La crise sanitaire actuelle, qui bouleverse notre fonctionnement et nous mobilise fortement, ne va-t-elle pas remettre en cause le bon déroulement de ce chantier ?
Cela ne facilite pas les choses, c’est certain. Cependant, avec la réforme des programmes du lycée, les élèves qui arriveront à l’INSA en 2021 n’auront plus le même bagage. Ce paramètre-là nous est imposé. Il nous faut donc mettre en œuvre au mieux les évolutions souhaitées, malgré les perturbations actuelles liées à la pandémie. Faire évoluer la structure des maquettes est donc incontournable et il faut y travailler dès maintenant, tout en composant avec les circonstances difficiles que nous connaissons. Comme à chaque fois que l’on fait bouger les lignes, il faut de la volonté - nous en avons - mais aussi de la souplesse pour avancer au mieux en s’appuyant sur l’intelligence collective.
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🔸 Le développement durable et le numérique au cœur des enjeux de la formation INSA de demain ▫️ par Frédéric Fotiadu, Directeur de l'INSA Lyon

Formation
Le développement durable et le numérique au cœur des enjeux de la formation INSA de demain
Pour répondre aux défis majeurs de notre époque, la formation INSA Lyon se réinvente. Frédéric Fotiadu, directeur de l’INSA Lyon, présente sa vision d’une évolution essentielle pour l'école.
« La période que nous traversons actuellement a un impact majeur sur notre organisation. Les enjeux inédits, qu’elle fait émerger à court terme et pour de longs mois encore, ne doivent toutefois pas nous détourner de chantiers de transformation majeurs, d’ores et déjà initiés, et d’une importance hautement stratégique pour notre avenir. C’est le cas de l’évolution de la formation, fruit d’une importante mobilisation collective, qui a abouti à une feuille de route votée par le conseil d’administration de l’INSA Lyon à une large majorité.
À travers cette évolution de la formation, il s’agit véritablement d’être en phase, voire en avance de phase avec les nouveaux défis de notre époque. Les organisations sont, de mon point de vue, confrontées aujourd’hui à trois transitions majeures : une transition écologique et environnementale, une transition numérique et une transition sociale. À ces défis partagés par tous les acteurs socio-économiques, s’ajoutent deux enjeux vis-à-vis desquels le degré d’exposition varie significativement selon les secteurs concernés : une transition de modèle économique et une transition institutionnelle, à savoir l’interaction avec l’ensemble des parties prenantes d’un écosystème.
Nos ingénieurs, plus que jamais, sont au cœur de ces problématiques. D’une part parce qu’ils maîtrisent la technique qui sous-tend toute activité humaine, mais aussi parce qu’ils en perçoivent les impacts sociétaux et environnementaux.
Cette position éminemment stratégique en fait des interlocuteurs et décideurs de premier ordre pour accompagner et initier la transformation des entreprises, en faire évoluer l’organisation, le cœur de métier et développer de nouvelles activités.
Rester à la pointe de cette expertise technique et être davantage encore au cœur des processus de décision, telle est l’ambition qui nous pousse aujourd’hui, au terme de plusieurs mois de travail collectif ayant impliqué personnels et étudiants, à faire évoluer notre formation selon deux axes prioritaires : former plus directement nos ingénieurs aux enjeux du Développement Durable & de la Responsabilité Sociétale, en mettant un accent particulier sur la question du réchauffement climatique, et faire progresser leur maîtrise des concepts et des techniques du numérique.
Un autre chantier concerne l’évolution de notre contexte général de formation. Nos élèves seront encore davantage formés aux sciences de l’ingénieur dès la première année, dans une dynamique de transversalité entre les domaines enseignés. Nous nous éloignerons ainsi d’un modèle qui pouvait s’apparenter à celui des classes préparatoires, pendant les deux premières années de formation à l’INSA, en donnant encore plus de sens à nos enseignements dès le début du cursus. Enfin, cette nécessaire évolution est motivée par la réforme du baccalauréat, qui amènera vers nous une plus grande variété de profils, à laquelle nous devrons adapter nos contenus pédagogiques.
Ces évolutions de la formation ont été impulsées par une mobilisation forte et déjà ancienne des communautés enseignante et étudiante de l’établissement, en particulier dans le domaine du développement durable et de la responsabilité sociétale. Elles font aussi écho à la démarche prospective de l’établissement, désormais étendue au Groupe INSA, qui a permis d’associer à la réflexion un grand nombre de personnels et d’étudiants INSA ainsi que des partenaires externes. Il ressort de ces travaux une feuille de route, qui donne le cap pour les années à venir en même temps que le coup d’envoi, dès à présent, pour le passage aux réalisations concrètes.
En tant que Directeur de l’INSA Lyon, je suis particulièrement heureux et fier de voir notre établissement s’engager dans cette voie. C’est la démonstration de notre capacité à rester agile pour former des acteurs clés du monde de demain dans une dynamique de performance scientifique, économique, sociale et environnementale. »
Frédéric Fotiadu,
Directeur de l’INSA Lyon
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