
Entreprises
Chaire SKF-INSA Lyon : une histoire qui roule
Un hélicoptère survole le désert du Sahara : ses pales en rotation dessinent un cercle parfait dans l’air. Le frottement des surfaces en contact est consenti par une pellicule de graisse qui se déplace au gré de la rotation, participant à l'équilibre du mouvement du mécanisme. Que se passe-t-il si un grain de sable vient contrarier cette harmonie ? Combien de temps le roulement pourra-t-il fonctionner si le lubrifiant ne parvient plus jusqu’aux contacts, sans entraîner des problématiques de sécurité ? Les interfaces lubrifiées, c’est le cœur des recherches menées dans le cadre d’un partenariat de longue date entre l’industriel SKF et l’INSA Lyon. À l’occasion de la signature du renouvellement de la chaire en mars 2019, rencontre avec Nicolas Fillot qui succède à Philippe Vergne, nouveau pilote côté INSA de la chaire « Lubricated Interfaces for the future ». Interview.
Comment l’histoire entre SKF et l’INSA Lyon a débuté ?
« Les relations entre SKF et l’INSA Lyon sont plutôt anciennes. En 2005 était recruté au LaMCoS1 le premier doctorant qui a travaillé sur la machine Tribogyr, un tribomètre unique au monde pour étudier le contact collet-rouleau des roulements, intégralement financé par le groupe SKF. Ce partenariat s’est trouvé renforcé par l’accueil régulier de Guillermo Morales-Espejel, senior scientist au centre de recherche de SKF au Pays-Bas et chair professor à l’INSA. En 2013, cette relation exceptionnelle s’est officialisée et la chaire « Lubricated Interfaces for the future » est née, permettant aux équipes de continuer à développer la plateforme Tribogyr tout en impulsant de nouveaux projets. Six ans après, le bilan est très positif. Une véritable relation de confiance s’est instaurée et l’énergie est bonne : nous avons renouvelé la chaire SKF-INSA Lyon pour six années supplémentaires ! »
Quel intérêt pour un laboratoire en mécanique de travailler avec un partenaire industriel ?
« Cette organisation synergique permet au laboratoire de développer des thématiques scientifiques sur le long terme. En tentant de répondre aux problématiques de terrain qui émanent de notre partenaire industriel, nous sommes dans le même temps confrontés à des problématiques de recherches fondamentales originales. C’est un double enjeu pour les chercheurs du LaMCos : relever des défis scientifiques autour de la tribologie, tout en résolvant des problèmes technologiques, environnementaux et économiques. »
Vous connaissez bien la chaire SKF pour en suivre les travaux depuis le commencement. Quel avenir souhaitez-vous lui donner ?
« En matière de formation, les échanges avec les élèves du cycle ingénieur de l’INSA Lyon sont constants, notamment grâce au parrainage de certaines promotions. Pour le volet recherche, la plupart des projets que nous prévoyons concerne le fonctionnement des contacts lubrifiés dans des conditions non-idéales : c’est l’exemple du défaut d’alimentation en lubrifiant, ou encore le fait d’utiliser de plus en plus les fluides environnants le contact (carburant, réfrigérant, eau...) à la place ou en combinaison avec les lubrifiants classiques (huile, graisse) qui aura pour conséquence de faire fonctionner le contact dans des conditions critiques. Notre équipe souhaite continuer son développement d’outils expérimentaux et numériques jusqu’à l’échelle moléculaire pour analyser le comportement des interfaces lubrifiées. En modélisant la réponse du lubrifiant dans des conditions sévères et en l’intégrant à des simulations numériques à plus grande échelle, notre objectif est de prédire les performances du contact et ainsi de mieux appréhender la durée de vie des composants et les pertes énergétiques. »
1 INSA Lyon/CNRS/Université de Lyon

Formation
Ingénierie et design : une alliance pour imaginer l’industrie du futur
À l’occasion d’un concours organisé par la Cité du Design de Saint-Étienne, des étudiants en cinquième année de Génie Mécanique (GM) de l’INSA Lyon ont eu l’opportunité de travailler main dans la main avec des étudiants designers de La Martinière Diderot. Quatre équipes en compétition ont tenté d’imaginer l’industrie du futur, à travers quatre secteurs différents : le sport, l’énergie, la santé et l’industrie cosmétique. Reportage.
C’est dans une volonté de réfléchir et construire une nouvelle industrie optimisée et innovante que la thématique de « l’industrie du futur » a été choisie pour ce concours. Les équipes composées d’élèves ingénieurs et designers ont travaillé ensemble pendant trois mois. Les ingénieurs ont été sensibilisés à la démarche créative et les étudiants designers se sont confrontés aux problématiques techniques.
« Cet exercice est très formateur pour les étudiants car ils expérimentent ici des approches à la fois différentes et complémentaires et parviennent à un véritable échange fructueux. Chacun prend la main sur les domaines qu'il maîtrise le mieux », explique Fabrice Ville, Directeur des études du département Génie Mécanique en charge des relations étudiantes.
L’équipe d’Étienne Jurado, élève ingénieur en cinquième année GM, a travaillé sur l’industrie du sport. Le projet a suscité l’intérêt du jury et a remporté la première place.
« Nous avons imaginé une plateforme innovante de location de matériel de sport de glisse. Un système connecté permet aux utilisateurs de renseigner leurs données physiologiques et le type de glisse qu’ils souhaitent pratiquer. Ils peuvent adapter le matériel à la qualité de la neige en modifiant la rigidité de la semelle du ski pour une meilleure sensation de glisse. Ce concept est durable puisqu’il prévoit le retour et le recyclage ou la réutilisation des skis. »
Étienne et son équipe se sont vus remettre le premier prix pour le caractère à la fois innovant et pertinent du concept proposé et aussi pour les apports sociaux, écologiques et économiques du projet.
Depuis 2018, l’ingénierie couplée au design fait l’objet d’une réflexion à l’INSA Lyon. En effet, une formation ingénieur-designer en partenariat avec La Martinière Diderot et l’Université Jean Monnet est à l’étude, comme l’explique Stéphane Pontarollo, chargé de mission design auprès de la Direction de la Formation à l’INSA Lyon.
« Parce que la technologie ne se réduit pas seulement aux sciences de l’ingénieur, le directeur de l’INSA Lyon, Éric Maurincomme, souhaite allier l’ingénierie à des disciplines comme le design, pour enseigner la créativité et transmettre aux étudiants la complexité du monde de l’entreprise. Le design est en effet une discipline qui fait des émules aujourd’hui, les profils issus de ces parcours sont de plus en plus recherchés par les entreprises. La complémentarité avec les profils INSA est particulièrement intéressante, aussi, nous travaillons à la conception d’un double parcours ingénieur-designer. »

Sciences & Société
EMI International Conference
The Engineering Mechanics Institute International Conference
The topics of the conference are related to Civil and Mechanical Engineering with an interest on cross- and/or multi-disciplinary fields such as Material and Environmental Sciences, Urban Planning, IT and Big Data analysis, Social impact of Natural Hazards etc.
EMI International Conference is organized under the auspices of Engineering Mechanics Institute (EMI), which is a Department of the American Society of Civil Engineers (ASCE).
Informations complémentaires
- https://emilyon2019.sciencesconf.org/
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INSA Lyon - Campus LyonTech-La Doua - Villeurbanne
Mots clés
Derniers évènements
Théâtre « Roméo et Juliette » (section Théâtre-études)
Du 05 au 08 maiAteliers danse avec la Cie MF
Les 15 et 22 mai 2025
Recherche
La tribologie au service du corps humain
Je m’éveille, puis cligne des yeux en enfilant mes pantoufles. Dans la cuisine, j’actionne le bouton de la cafetière et prépare mon petit-déjeuner : le beurre glisse entre le couteau et le pain, déposant une fine pellicule grasse sur la surface rugueuse de la tranche.
Une scène dont nous sommes protagonistes chaque matin. Et ce que nous ignorons peut-être, c’est que ces gestes quotidiens sont associés à des problématiques de frottement qui ont taraudé les scientifiques pendant plus de 500 ans. Si aujourd’hui les chercheurs tribologues ont trouvé des réponses à quelques-unes des interrogations de Léonard de Vinci, la discipline a encore beaucoup à offrir : industrie, transports, cosmétique, archéologie, santé… Les domaines d’application sont multiples, pourvu qu’il y ait du mouvement. Benyebka Bou-Said est chercheur au LaMCos (Laboratoire de Mécanique des Contacts et des Structures) de l’INSA Lyon et spécialiste de la biomécanique.
Petite introduction à la bio-tribologie, la mécanique au service de la santé.
La science du frottement qui fait tourner le monde
À la croisée du génie mécanique et de la science des matériaux, la tribologie concerne l’études des surfaces en contact et en mouvement : frottement, lubrification et usure. Trois mots magiques qui font le quotidien des chercheurs du LaMCos de l’INSA Lyon et étudiants du département Génie Mécanique.
« La mécanique n’est pas que dans les moteurs de voitures ! De l’adhérence de la chaussure au sol, au contact peau-tissu, en passant par l’articulation osseuse, tout est tribologie. Elle a d’ailleurs un rôle très important en matière d’avancées médicales », explique Benyebka Bou-Said, chercheur en bio-tribologie à l’INSA Lyon.
Observer la mécanique du corps pour mieux l’imiter
Imaginons que je souffre d’une arthrose de la hanche m’empêchant de me déplacer dans mes activités quotidiennes. Après plusieurs années de traitement antalgique et de rééducation, les rhumatismes persistent : mon médecin me propose la mise en place d’une prothèse de hanche. « Grâce à des collaborations avec les hôpitaux et professionnels de la santé, nous sommes aujourd’hui capables de proposer des prothèses adaptables à la morphologie du patient. Au moyen d’outils de simulation virtuelle1, nous sommes capables de vérifier l’intégrité du mécanisme soumis aux cycles usuels quotidien de chaque individu, comme se lever, marcher ou monter les escaliers, en tenant compte des frottements et interactions. La prothèse est réellement faite pour vous », précise Benyebka Bou-Said.
Pour mesurer toute l’importance du rôle de la tribologie dans ce système chirurgical, il faut comprendre la reproduction du mécanisme naturel : l’extrémité supérieure du fémur est sectionnée puis remplacée par une « tête fémorale artificielle » fixée dans l’os à l’aide d’un pivot. Dans l’os iliaque, une cavité est fraisée afin d’accueillir « la cupule », qui sera en articulation avec la tête fémorale artificielle. Puis le liquide synovial, ce que la tribologie appelle « le troisième corps », reprend sa mission de lubrification naturelle autour du système mécanique comme auparavant.
Ces matériaux qui réparent le corps
« Cela fait plusieurs années que la prothèse de hanche est utilisée en France, mais le mécanisme de l’insert représente le point d’amélioration majeur, notamment à cause des débris que l’usure peut provoquer, qui peuvent être transportés jusqu’au sang », ajoute le chercheur de l’INSA Lyon. La dégradation d’un matériel chirurgical dans le corps humain, au-delà de la durée de vie écourtée de la prothèse, pose plusieurs problématiques : « avec les fabricants de prothèses, nous étudions le revêtement pour trouver le plus adapté et le plus sain au corps humain. Grâce à un matériau inoffensif pour le corps et dont les nanoparticules seraient détectables par prise de sang, nous tirerions partie de l’usure de la prothèse tout en mesurant son état de dégradation presque en temps réel », ajoute Benyebka Bou-Said.
Vers l’homme bionique ?
Les individus dotés de prothèses médicales sont de plus en plus nombreux et la recherche est en constante évolution. L’équipe de Benyebka Bou-Said travaille sur des prothèses intelligentes pour assurer un retour au mouvement en toute sécurité et une meilleure acceptation de la prothèse par le corps humain. Les prothèses médicales équipées de capteurs permettraient une meilleure prévention des articulations défectueuses nécessitant un remplacement et permettraient l’exploration d’autres pistes de rééducation.
Du 2 au 4 septembre 2019, le congrès annuel international « Leeds-Lyon Symposium On Tribology » rassemblera la communauté scientifique à Lyon pour sa 46e édition autour de la thématique « Tribologie in daily life ».
Plus d’informations : https://leeds-lyon2019.sciencesconf.org/
[1] IRM 4D notamment

Vie de campus
Briqu'CONVENTION - Exposition LEGO
Une manifestation conjointement organisée par l'association FreeLUG et l'association étudiante Génie Mécanique de l'INSA Lyon
Une convention 100% Lego pour venir admirer de nombreuses créations avec au programme des conférences sur inscription le samedi de 10h à 17h et une exposition tout public le dimanche de 9h à 17h.
Les formulaires d'inscriptions seront bientôt disponibles.
Informations complémentaires
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Campus LyonTech-la Doua Arrêt Tramway T1 - INSA Einstein ou Croix Luizet
- www.freelug.org
Mots clés
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Institutionnel
Inauguration des bâtiments Jacqueline Ferrand et Elise Deroche
En présence d’Hélène Moreau-Leroy, Groupe Safran/Directrice du projet intégration Zodiac
Sollicités en février dernier pour participer au nommage de nouveaux bâtiments, le personnel et les étudiants ont exprimé leur choix en choisissant trois femmes aux destins exceptionnels : Elise Deroche pour la plateforme moteur, Jacqueline Ferrand pour la Tour D et Clémence Augustine Royer pour l'amphithéâtre de la Tour D.
À l'INSA Lyon, la question de l'égalité femmes-hommes s'affiche sur les murs du campus. En souhaitant nommer ces bâtiments avec des noms de femmes scientifiques, l'INSA confirme son engagement sur les enjeux de mixité en plaçant la question de l'égalité entre les femmes et les hommes au coeur de ses préoccupations.
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Élise DEROCHE (1882-1919) Aviatrice
Après avoir commencé une carrière dans le monde de l’art, entre théâtre, peinture et sculpture, Élise Deroche, dite baronne Raymonde de Laroche, s’initie au pilotage. Le 8 mars 1910, elle devient la première femme à obtenir un brevet de pilote d’avion. Elle se spécialise dans les vols d’altitude, et bat à deux reprises le record féminin dans cette catégorie. Elle trouve la mort en juillet 1919, au cours d’un vol d’entraînement.
Jacqueline FERRAND (1918-2014) Mathématicienne
En 1939, Jacqueline Ferrand devient l’une des premières femmes agrégées de mathématiques en France. Elle travaille à l’École Normale Supérieure de Sèvres, où elle est chargée notamment de développer l’enseignement des mathématiques pour les jeunes filles, afin de l’amener au même niveau que celui des garçons. Elle rédige des dizaines de publications, principalement en analyse et en géométrie. À presque 80 ans, en 1996, elle parvient à démontrer le théorème qui répond à la question de Lichnérowicz.
Clémence Augustine ROYER (1830-1902) Philosophe et Scientifique
À la mort de son père, alors qu’elle n’a que 19 ans, Clémence Royer doit travailler comme gouvernante. En autodidacte, elle commence alors à apprendre l’anthropologie, la biologie ou la philosophie à partir des ouvrages qu’elle trouve dans les bibliothèques de ses employeurs. Figure du féminisme, elle se bat pour l’instruction des femmes. C’est à elle que l’on doit la première traduction en français de L’Origine des espèces de Charles Darwin en 1862. Le 17 novembre 1900, elle est décorée de la Légion d’Honneur.
Informations complémentaires
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Campus LyonTech-La Doua, Bâtiment Jacqueline Ferrand, rue des sports 69100 Villeurbanne
- L'inauguration en images
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Vie de campus
INKK tu connais pas ? Mais télécharge !
C’est le mot d’ordre pour les étudiants sur le campus de l’INSA Lyon : télécharger une appli faite par eux et pour eux, pour avoir toutes les infos possibles et imaginables utiles au quotidien. Entretien avec Aurélien Leygues et Gladys Peretti, élèves-ingénieurs INSA mais pas seulement !
C’est la rentrée à l’INSA Lyon, l’occasion de bien utiliser son smartphone et de télécharger l’application INKK, 100% made in INSA ! Alors, INKK, c’est quoi ?
G.P. : Une application qui regroupe tous les services pour les étudiants sur le campus. Agenda, boîte mail, notes, informations administratives, associations du campus et bien plus encore !
A.L. : La vraie pertinence de cette appli, c’est la centralisation. Toutes les informations sont accessibles au bout des doigts avec le téléphone.
G.P. : Et à terme, l’objectif est de parvenir à décharger les boîtes mails des étudiants grâce à des outils adaptés au partage instantané d’informations.
Comment vous est venue l’idée de cette appli ?
A.L. : Par notre vécu d’étudiants ! Quand on galère une fois le matin pour chercher le numéro de sa salle de cours et qu’on est déjà en retard, on rêve d’une appli qui nous donnerait l’info le plus vite possible ! C’est comme ça qu’INKK est née.
Quels sont les points forts d’INKK ?
G.P. : L’interface : elle est simplifiée, allégée, agréable à utiliser. On a cherché à respecter les guides de styles de chaque OS pour que ce soit intuitif et simple, pratique.
A.L. : On en est à la troisième version majeure de cette application, sur laquelle j’ai commencé à travailler dès ma deuxième année à l’INSA. Plus de 2000 étudiants ont utilisé INKK l’an dernier. On espère que 80% des nouveaux arrivants à l’INSA le feront également avec cette rentrée !
Quels retours ont pu vous faire les utilisateurs ?
G.P. : Les gens sont contents, INKK répond à leurs besoins. Ils nous remercient et proposent parfois même de nouvelles fonctionnalités !
Dans ce cadre, quel est votre lien avec l’établissement ?
A.L. : L’INSA nous a accordé sa confiance pour travailler sur cette appli. Aujourd’hui, il y a un gros travail de maintenance parce que chaque utilisateur qui installe l’appli doit se connecter au réseau INSA pour le faire. INKK est une simple interface, ce qui veut dire que nous ne sommes pas impliqués dans la problématique de la protection des données. Et INKK est destinée à évoluer au fil du temps, grâce à la confiance que l’INSA nous accorde.
Et vous, INKK a-t-elle changé quelque chose dans votre vie ?
A.L. : Oui ! Nous avons le projet de monter une société, parce qu’INKK est une appli transposable à d’autres établissements.
G.P. : Nous sommes déjà en contact avec d’autres INSA et établissements du réseau Polytech pour parler de notre appli.
A.L. : Notre vie va changer dès cette année. Je passe ma soutenance de fin d’études ce mois-ci et serai diplômé dans la foulée si tout va bien, et Gladys entre en 5e et dernière année du département Génie Mécanique. Nous sommes tous les deux inscrits au pôle Beelys de l’Université de Lyon pour obtenir le diplôme d’étudiants entrepreneurs, et bénéficier d’un accompagnement sur le plan financier et juridique. Du coup, on peut rester en proximité avec l’INSA !

Entreprises
Aurélien Leygues : de la passion à la vocation
Papa de l’application INK, Aurélien Leygues s’est lancé dans la création de sa société avant même de décrocher son diplôme d’ingénieur. Son histoire avec l’INSA ne fait que commencer.
Aurélien est au lycée à Luzarches, dans la banlieue nord de Paris, quand il entend parler de l’INSA Lyon. La renommée de l’école et la ville de Lyon le convainc de poser sa candidature dans cette école considérée comme la meilleure école d’ingénieurs post-bac en France. Il intègre alors la filière EURINSA.
« C’est l’un des meilleurs choix de ma scolarité. J’y rencontre une bande d’amis et on travaille dans une chouette ambiance. Au moment de choisir le département de spécialité, j’hésite entre Génie Civil et Urbanisme et Informatique. J’ai finalement tranché pour IF » explique Aurélien.
Passionné d’informatique
Initié à l’informatique par un frère de 4 ans son aîné, il pousse tout seul son expertise et veut tout connaitre. Comment se joue la communication entre le site web et le serveur, comment rendre accessible une donnée, comment l’afficher, comment savoir ce qui est utile à l’utilisateur et au métier ? C’est dans le cadre de ses études que naît l’idée d’une application à destination des étudiants du campus pour faciliter leur vie. L’aventure aurait pu s’arrêter à la fin de l’année, au rendu des projets, mais Aurélien décide de pousser plus loin sa réflexion. Grâce à la formation proposée par le département IF et l’encadrement de ses professeurs, il poursuit donc son développement, l’améliore et ajoute des fonctionnalités à son application, baptisée INK.
Tout seul, on va plus vite, ensemble, on va plus loin
Au gré des rencontres, il croise la route d’une élève-ingénieure d’un autre département de l’INSA Lyon, Génie Mécanique. Elle s’appelle Gladys Peretti et s’intéresse à la communication. Ensemble, ils s’accordent. Une version affinée au design travaillé voit le jour. Lancée en septembre 2017, elle fait le buzz et aiguise la curiosité de 1200 étudiants ! Et au fil des mois, Aurélien et Gladys constatent une fidélisation des usagers de leur application.
« On se donne alors jusqu’en janvier 2018 pour réfléchir au devenir d’INK. C’est une professeure de l’INSA Lyon, Frédérique Biennier, qui va nous donner le fil rouge et nous amener à un travail de professionnalisation et de pérennisation de l’application » complète Aurélien.
Ingénieurs et entrepreneurs
En janvier 2018, il se présente à sa soutenance devant un jury élargi avec plusieurs représentants d’entités de l’INSA, et devant leur intérêt, prend sa décision : officialiser l’application et créer son entreprise, toujours accompagné de Gladys.
« Une fois que le besoin existant a été démontré, ce sont les services de l’INSA qui nous ont poussés à aller plus loin. Aujourd’hui, nous souhaitons vendre une solution clé-en-mains, qui pourra également intéresser d’autres campus universitaires français » conclut Aurélien, qui termine sa dernière année d’études à l’INSA Lyon.

Formation
Un spécialiste de l’origami à Oxford
Chacun de nous a eu un jour l’occasion de plier une feuille de papier pour en faire un bateau, une cocotte ou un avion, sans se douter que cet art authentique était le fruit d’une longue tradition, aujourd’hui convoitée par les entreprises et les chercheurs de différents domaines scientifiques. À l’INSA Lyon, un enseignant-chercheur au département Génie Mécanique et au laboratoire LaMCoS (Laboratoire de Mécanique des Contacts et des Structures) est tombé très tôt dans la marmite de l’origami.
Trois questions à David Dureisseix, spécialiste du pliage et de la mécanique, qui tiendra une conférence de renommée internationale à Oxford, en septembre prochain.
Comment avez-vous découvert l’origami ?
Lorsque j’avais 11 ans, je suis tombé sur un encart publicitaire pour le Mouvement Français des Plieurs de Papier dans le Télé 7 jours. Mes parents m’ont offert l’adhésion à l’association et c’est ainsi que je suis devenu « plieur de papier ». Je n’ai, depuis, pas cessé de chercher à repousser les limites de ces possibilités infinies et j’ai surtout trouvé un point de convergence avec mes deux autres domaines de prédilection : la mécanique et la recherche. À l’intersection des arts et des sciences, des mathématiques, de l’ingénierie et de l’enseignement, de la mécanique et du papier, on peut trouver l’origami qui, sous couvert d’un challenge amusant, pose des problèmes nouveaux qui restent à élucider.
Casse-tête chinois ou « serious game », l’origami, c’est quoi ?
L’origine de l’origami est peu connue, mais il semblerait qu’elle soit d’abord chinoise, où la pratique n’a pas connu un grand succès. Le terme « origami » est composé de « oru », plier en japonais et « kami », le papier, et c’est au Japon que la pratique a pris racine, où il a longtemps été le support des objets de culte. Les techniques de pliage se transmettaient par la démonstration et depuis quelques années, un langage universel codifié, appelé « le solfège », permet de retranscrire les étapes de réalisation des pliages. Aujourd’hui, l’apprentissage avance avec son temps grâce à la vidéo qui est le format de transmission le plus répandu : tapez « origami » sur YouTube et vous trouverez plus de 6 millions de démonstrations ! L’origami consiste à réaliser, à partir d’un seul carré de papier, une succession de plis, figuratifs ou non, sans découpage, collage, ni adjonction de matériau. Il existe plusieurs écoles qui expérimentent différentes techniques de découpage, d’assemblage ou de collage. Tout est possible, les seules limites sont l’imagination et l’habileté des plieurs.
Quel(s) lien(s) entretient l’origami avec les sciences ?
Originellement, il n’y a pas de lien avec la science. Mais le pliage de papier s’est invité dans les sciences modernes pour fournir de nouvelles sources d’innovation. Les entreprises et les laboratoires de recherche appliquée sont très intéressés par la technique car l’origami offre des possibilités que les outils basiques du mathématicien, la règle et le compas, ne permettent pas. Par exemple, la NASA et la JAXA (The Japan Aerospace Exploration Agency) expérimentent le déploiement de satellites et de panneaux solaires dans l’espace, pliés en origami. La médecine et la robotique médicale s’en inspirent également : des stents innovants éclosent pour maintenir la dilatation des artères, ou encore, des « mini-robots pliés » aux propriétés inédites sont utilisés en chirurgie mini-invasive basés sur le micro-origami. En lien avec ma spécialité mécanique, j’ai eu l’occasion de développer avec des élèves de l’Université de Montpellier 2 des structures d’abris temporaires compacts et transportables, entièrement inspirées des techniques d’origami. Depuis quelques années, le « computational origami » est apparu. C’est une simulation informatisée qui apporte une aide précieuse, proche de la « computational geometry ». Elle exige un vrai regard d'informaticien et de mathématicien. Nous pouvons dire qu’il existe aujourd’hui une réelle démarche scientifique inspirée par l’origami.
Une série de sérieuses conférences internationales se tient tous les 4 ans environ pour rassembler les intervenants de plusieurs domaines disciplinaires. Elle s’intitule OSME (Origami in Science, Mathematics and Education) et la 7e édition se tiendra à l’Université d’Oxford en septembre 2018. David Dureisseix y présentera une conférence autour du sujet intitulé « Color change and pixel-matrix challenge ». La matrice de pixels est le fruit d’une recherche de mécanismes permettant de changer la couleur de toutes les cases, à la manière d’un écran, en utilisant du code de calcul pour faire apparaître des motifs géométriques colorés par le seul pliage à plat. David travaille aujourd’hui à la question de l’optimalité de la feuille de papier de départ pour la réalisation de géométries compliquées, des échiquiers en particulier, dont la conception nécessite d’utiliser des outils algorithmiques, et présente une complexité exponentielle.
Informations complémentaires

Formation
Maxime Lohya : science avec conscience vers le salut de l’Humanité
Étudiant en 4e année de Génie Mécanique, Maxime s’est questionné sur le sens de ses études. Doté d’un esprit scientifique, il découvre à l’INSA la diversité et grâce à sa participation au TEDxINSA, la conscience d’un système… à refaire.
« Je suis né carré. Est-ce qu’il y a des cercles dans la salle ? » Voilà comment Maxime Loyha, élève-ingénieur de 21 ans, a introduit son propos lors de TedxINSA, le 22 mars dernier. Seul sur scène, il prend la parole pour la première fois devant un public, avec le challenge de faire passer un message, d’engager une réflexion. Et c’est sur l’éducation qu’il a souhaité éveiller les consciences, et plus particulièrement sur la conviction qu’il faut parvenir à changer la société par ce biais.
« Ce sujet m’est apparu comme une évidence quand j’ai décidé de participer à cette édition du TEDxINSA qui avait pour thématique cette année, « Break the rules », qu’on peut traduire par « enfreindre les
règles ». Je suis revenu sur mon parcours scolaire dès mon plus jeune âge, et sur le fait que les professeurs ne se rendaient pas compte du pouvoir qu’ils pouvaient avoir sur notre scolarité. On prône la réussite scolaire selon des normes établies, sans permettre à chaque enfant, chaque élève, d’exprimer sa différence. »
Et c’est avec sa propre expérience que Maxime va étayer son discours. Né « carré » donc, il dit avoir un équilibre entre sciences et littérature mais manquer d’habilité manuelle, avec une sensibilité à l’art proche de 0… Il manquera de redoubler son CP à cause de grosses difficultés en écriture et en lecture.
« Je n'aimais pas écrire, alors quand je m'ennuyais, je mettais ma feuille en format paysage et suivais les colonnes au lieu des lignes. Et la maîtresse me disait que je ne progresserai pas tant que je ne ferai pas comme tout le monde, en mettant ma feuille droite et en suivant les lignes. On me disait que je faisais mal quelque chose car je ne le faisais pas comme on me l'avait enseigné » explique le jeune homme, qui 3 ans plus tard, va se balader en CM1, grâce à la découverte des mathématiques avec lesquels il révèle une appétence. Il manquera d’ailleurs de sauter cette classe !
« Naître dans une société où les maths sont mises à l’honneur, quelle chance ! Et pas seulement en France mais dans tous les pays du monde ! Mais trouvez-moi un seul pays qui met l’art plastique au même niveau que les maths ? Qu’en est-il des cercles, des triangles et des octogones qui ont une intelligence plus créative, mis en échec scolaire par un système éducatif généraliste, surtout au collège, qui repose sur un cadre proche du carré ? »
Maxime s’interroge et sa pertinence est d’autant plus audible compte tenu de sa propre réussite scolaire. À l’aise avec les outils mis à disposition par l’Éducation nationale, il ne peut s’empêcher d’observer les choses d’un autre œil, sensible aux difficultés de ceux qui ne réussissent pas à rentrer dans ce cadre imposé.
« Qui peut me définir ce qu’est l’intelligence ?... Personnellement, j’ai beaucoup de mal ! C’est une sorte de savoir et de savoir-faire, une aisance d’esprit mais peut-elle se traduire par des faits manuels ? Je le pense. Mais pourquoi une partie de ce qu’est « l’intelligence » n’est pas reconnue dans la société ? Peut-on vraiment être fier d’avoir réussi quand on sait que l’on force les autres à devenir un « idéal » sans même leur mettre autre chose dans la main qu’un crayon ? Pourquoi un plombier aurait moins de mérite qu’un ingénieur ? Pourquoi un financier se sent plus à l’aise dans cette société qu’un maçon ? »
Pour le jeune homme, il faut changer l’éducation, à la base.
« Nous devons admettre le fait que l’intelligence est un arbre avec plusieurs branches, et donc que plusieurs chemins mènent au tronc. Nous pensons le monde avec tous nos sens : l’ouïe, la vue, mais également par le toucher, le goût et l’odorat. Certains sont plus enclins à se représenter une chose quand un de leurs sens est sollicité. »
Poussé par sa réflexion, Maxime avance sa certitude : le salut de l’Humanité existe dans l’expression de la diversité, qui permet à la créativité de chacun de s’exprimer.
« Sait-on vraiment de quoi allons-nous avoir besoin dans 20 ans ? Dans 30 ans ? De quoi la société aura-t-elle besoin si l’on continue à consumer notre planète comme une peau de chagrin ? Elle aura besoin d’un miracle. Et ce miracle ne se trouvera pas dans un manuel scolaire, n’en déplaise à mes professeurs, il se trouvera dans un cerveau créatif. Nous devons miser, pour l’avenir, sur la seule constante de l’humain : son intelligence brute, sa capacité à être créatif. C’est un don, que nous devons utiliser avec précaution. Car il me vient une citation de Jonas Salk, un biologiste américain, qui disait que si les insectes venaient à disparaître, en l’espace de 50 ans ce serait la fin de toutes espèces vivantes ; mais que si l’humain venait à disparaître, en l’espace de 50 ans toutes espèces vivantes prospéreraient. »
Podcasts « Les cœurs audacieux » - Saison 1 / Épisode 2 - 29 avril 2021