Démocratie

28 juin
28/juin/2024

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« Les mathématiques nous montrent des modes de scrutins plus adaptés à l’expression démocratique » 

Le sujet fait couler de l’encre à chaque élection : le mode de scrutin uninominal à deux tours ne fait jamais l’unanimité. Pourquoi ce mode est-il critiqué ? Quels sont ses défauts ? N’existe-t-il pas d’autres modes de scrutin alternatifs ? Le débat public semble à chaque tour se draper d’un fatalisme contraint par un vote utile qui menace l’expression démocratique. 
Jean-Baptiste Aubin, enseignant à l’INSA Lyon et chercheur à l’Institut Camille Jordan et au laboratoire DEEP, s’intéresse de près à la question. Il a co-écrit un ouvrage intitulé « Comment être élu à tous les coups ? Petit guide mathématique des modes de scrutin » qui passe en revue les différents systèmes de vote connus à l’heure actuelle. Interview.

Jean-Baptiste Aubin, enseignant à l’INSA LyonAujourd’hui, les élections présidentielles et législatives, obéissent à un système appelé « scrutin majoritaire uninominal à deux tours ». Quelles en sont les caractéristiques ?
Le scrutin majoritaire, c’est celui qui permet l’élection de celui ou celle qui a obtenu le plus de voix. On dit qu’il est uninominal quand il s’agit d’attribuer un siège, par exemple pour la présidence de la République. Et un scrutin dit « à deux tours », sous-entend que si aucun candidat n’a obtenu une majorité absolue des voix au premier tour, on en organise un deuxième. On se rend compte depuis plusieurs années que ce mode a plusieurs défauts, par exemple il nous pousse à « voter utile », plutôt que de voter pour notre candidat favori. De fait, c’est un système qui peut faire qu’une personne soit élue, même si le programme de celle-ci est jugé très négativement par 49,9 % des électeurs. En ce sens, cette « tyrannie de la majorité » peut mener à l’élection de candidats très clivants.

Pourquoi ce mode de scrutin présente-t-il de si nombreux défauts ? 
Les principaux défauts de ce mode de scrutin viennent du fait que l'information conservée lors du vote proprement dit est très réduite : si chaque votant indique le nom de son candidat préféré, non seulement il ne dit rien des autres, ni de ses préférences relatives entre ceux-ci, ni s'il les apprécie ou pas. En plus, on ne sait pas si ce choix est motivé ou par défaut. Il existe pourtant d’autres façons d’élire nos représentants comme des systèmes de vote par approbation ou par évaluation. Nous votons sans jamais pouvoir choisir la procédure de vote ; pourtant, il me semble que le mode de scrutin est constitutif de la liberté démocratique.

Il semble exister de nombreux systèmes d’élections différents. Pourriez-vous en détailler quelques-uns ? 
Des modes de scrutin très prometteurs sont ceux basés sur des évaluations : le plus simple d'entre eux est le vote par approbation, chaque votant donne sa voix à tous les candidats qu'il juge acceptables. C'est exactement ce que l'on fait lorsque l'on participe à un Doodle1 : parmi des dates proposées, vous choisissez celles auxquelles vous êtes disponible et la majorité l’emporte ! Ça serait très simple à mettre en pratique : il suffirait de permettre aux votants de glisser autant de bulletins dans leur enveloppe qu'ils désireraient. C’est un système qui nous débarrasserait du « vote utile ».
La recherche se penche sur une alternative pleine de nuances particulièrement intéressante : celle de proposer aux électeurs de voter à travers des notes. Chaque citoyen donne une évaluation chiffrée à chacun des candidats. L’intérêt de ce mode de scrutin est double car il ne permet pas seulement de récolter un classement, mais bien une opinion fine des électeurs.

Pourquoi gardons-nous encore un système dont les biais ont été largement démontrés alors qu’il existe d’autres modalités d’élections ?
Tout d’abord, il y a une théorie qui a longtemps empêché la réflexion sur la question, qui est « le théorème d’impossibilité de Arrow » selon lequel aucun mode de scrutin basé sur les ordres de préférence des votants ne peut vérifier un tout petit nombre de propriétés souhaitables. Il suffisait de faire un « pas de côté » et de considérer les évaluations des votants ! Ensuite, le scrutin majoritaire à deux tours est un mode très ancré dans notre société depuis longtemps, 1962 pour être exact. Nous l'utilisons presque partout : pour élire notre président, nos députés, nos maires... Même pour les élections des délégués de classe, c’est déjà un scrutin à deux tours ! Je comprends cette inertie ; j’ai longtemps été habité par la (fausse) idée que la démocratie était équivalente à un scrutin à deux tours… Malgré tout, si on utilisait des méthodes d’évaluation pour voter, les mathématiques nous apprennent que l’on se doterait d’un outil d’expression démocratique plus adapté pour rendre compte des préférences des votants. Mais est-ce des élections qu’il faut ? Un tirage au sort ? Un autre système ? Aristote et Montesquieu questionnaient déjà cela. Aujourd’hui, il y a beaucoup de recherche pour tendre à un modèle plus démocratique.

Comment être élu à tous les coups ?L’intention de votre ouvrage, « Comment être élu à tous les coups ? », est-elle justement de rendre accessible les mécanismes mathématiques de ces différents modes de scrutin ?
Ce qui nous intéresse avec Antoine Rolland, mon co-auteur, c’est de créer le débat. On parle depuis longtemps de vote blanc, à toutes les élections, il revient sur la table et il ne se passe rien après le vent électoral soufflé. On sent qu’il y a une nécessité de changement mais qu’il manque peut-être la connaissance avant une quelconque prise de décision. Notre démarche est scientifique : un peu comme des sommeliers, on présente de nouveaux cépages, parce qu’on pense qu’il est important de ne pas se contenter, par tradition, de la piquette qu’on servait à nos grands-parents. Le livre se veut accessible aux curieux des mathématiques électorales et propose d’étudier certains modes de scrutin existants. Ce devrait être au débat public de trancher et qui sait, cela pourrait permettre de remobiliser les citoyens autour de la question électorale, fondamentale à notre démocratie.

 

[1]  Doodle est un outil de planification de réunion, à partir de sondages de dates.

 

Pour aller plus loin sur le sujethttps://theconversation.com/legislatives-le-mode-de-scrutin-actuel-est-il-juste-194190 

 

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20 avr
20/avr/2022

INSA Lyon

L’ingénieur, trop silencieux dans le débat public ?

Le terme « débat » traîne avec lui, un je-ne-sais-quoi qui agace. Serait-ce dû à ces souvenirs de repas de familles où souvent, la loi de celui qui crie le plus fort est élue la meilleure, à contrecœur ? Et pour cause : dans les dictionnaires le mot « débattre » est souvent défini comme « une lutte vigoureuse ». 
Au sein de la société, le débat public peut prendre plusieurs formes : celui encadré par la loi, organisé avec des citoyens comme l’initiative du Grand Débat National en 2019 mais dont on déplore le manque de retombées concrètes ; le débat public c’est aussi celui qui est quotidiennement interrogé par les médias et sur les réseaux sociaux, porté par tous les acteurs de la société civile, citoyens, associations, syndicats… Au sein du débat démocratique, les ingénieurs semblent souvent aux abonnés absents. Une forme de pudeur qui ne devrait pas être pour trois ingénieurs INSA : Isabelle Huynh, Florent Guignard et Jean-Michel Longueval ont choisi de faire avancer le débat à travers leurs activités associative, médiatique et politique.

Débattre pour ne pas se battre
Le Drenche« J’ai remarqué que le mot ‘débat’ avait une connotation extrêmement négative », amorce Florent Guignard, fondateur du journal Le Drenche et ingénieur INSA. « On l’associe rapidement à la colère et on confond souvent polémique et débat. Là où la première fait appel à nos émotions, le débat devrait uniquement faire appel à la raison. » Les médias et les réseaux sociaux, dont les modèles économiques sont basés sur l’engagement émotionnel, semblent avoir pris le monopole dudit débat public. Sur les plateaux TV, on choisit des orateurs pour leurs positions, connues à l’avance et l’on organise une bataille d’avis d’experts. « C’est la course à la meilleure réplique qui fera le maximum d’audience ou de clics. D’ailleurs ces fameux experts sont souvent toujours les mêmes et on ne leur fait plus vraiment confiance », déplore Florent Guignard. Seulement, certains sujets complexes comme les sujets scientifiques et techniques, demandent du temps et sont très peu adaptés au paysage médiatique d’aujourd’hui. « Il n’y a pas beaucoup d’ingénieurs dans les médias et pourtant sur les questions technologiques, on a besoin d’ingénieurs pour apporter de la matière au débat », ajoute Florent.

Le silence historique de l’ingénieur 
Comment expliquer le faible poids des ingénieurs dans le discours public par rapport à d’autres catégories professionnelles ? Historiquement, les ingénieurs ont assez peu été appelés à exprimer leurs opinions, leurs valeurs et leurs jugements. Ce sont des fonctions qui s’exercent dans l’action. Mais de plus en plus, les nouvelles générations d’ingénieurs ont le besoin de la réflexion sur leurs travaux.
« Il existe une forme de discrétion ou une autocensure chez les ingénieurs et en tant qu’ingénieure, je me reconnais dans cette façon de ne pas être le fauteur de trouble. L’ingénieur n’est pas seulement un technicien car il fait des choses qui changent la vie des citoyens et amène la société dans une direction. Fabriquer des produits, c’est politique, par défaut », explique Isabelle Huynh, ingénieure INSA et fondatrice de l’association La Clavette. Si l’ingénieur exerce une influence non-négligeable sur l’évolution de la société, pourquoi n’ose-t-il pas prendre la parole ? Que pense-t-il des modifications engendrées par son travail ? 

La légitimité de l’expert, dans son champ de compétences 
« C’est une force que de savoir s’abstenir de parler quand on ne sait pas. Mais quand on sait, il est important de partager sa connaissance car les silences laissent trop souvent le champ libre à des discours moins instruits qui polluent le débat », note Florent Guignard qui a fondé son journal, en partant d’un constat paradoxal. « Je suis tombé un jour sur un sondage à propos du gaz de schiste. On posait la question aux Français : ”êtes-vous pour ou contre le gaz de schiste”. Il y en avait 80% contre, 15% pour et 5% sans opinion. Ensuite, on leur demandait s’ils étaient capables d’expliquer ce que c’était. Et là, il n’y avait plus que 14% des gens qui répondaient oui. Peut-on avoir une réelle opinion sans avoir les connaissances sur le sujet ? Je ne crois pas. » Pour Florent, c’est en essaimant la connaissance matérielle et objective, que l’ingénieur aurait le pouvoir de rééquilibrer les symboliques qui collent à la science et à la technique.

La connaissance objective pour alimenter le débat
« L’enjeu du partage des connaissances est important dans cette affaire. La technique n’est pas toujours comprise par la société civile et l’ingénieur a une mission d’expliquer ce qu’il fabrique. C’est une des raisons pour lesquelles je défends ‘des outils conviviaux' au sens de Ivan Illich
1 qui consistent à fabriquer des objets que les citoyens puissent comprendre et s'approprier », explique Isabelle Huynh, également co-fondatrice de l’Institut Transitions. Partager ses connaissances, expliquer ce qu’il est techniquement faisable ou non, imaginer le futur à partir de projections… La fonction d’ingénieur a donc beaucoup à offrir pour alimenter le débat public. Plus encore, il doit œuvrer à séparer la science de l’opinion. « On se retrouve dans un paradoxe où certains faits scientifiques sont discutés et sont traités comme des opinions. Bien sûr, ça n’est pas à l’ingénieur d’imposer la société qu’il veut, mais il peut aider la société civile à faire la différence entre ce qui revient à l’expertise et aux décisions politiques », exprime le fondateur du Drenche. 

Former les ingénieurs au débat public
Jean-Michel LonguevalS’il y a une opinion que les deux ingénieurs INSA partagent, c’est le déficit sur la formation au débat en études d’ingénieurs. Jean-Michel Longueval, ingénieur INSA et Vice-Président de la Métropole de Lyon rejoint le point de vue. « Je suis entré en politique par goût pour l’intérêt général et le service public et mon expérience me fait croire qu’il est important d’inciter les ingénieurs à être élus pour apporter un regard scientifique et technique au cœur des instances de décisions », annonce-t-il. « Intéresser les citoyens aux dimensions techniques d’un problème demande de la pédagogie ; ça ne s’improvise pas. Il faut leur donner les outils pour pouvoir être à l’aise dans la conduite de débat et de discussion », ajoute l’ancien Maire de Bron. Au sein de l’INSA Lyon, plusieurs espaces d’enseignements offrent la possibilité de aux étudiants de développer leur capacité d’argumentation et l’expression de son point de vue. Par exemple, les cours à la carte comme ceux intitulés « éloquence et argumentation », « se connaître et connaître les autres », « prospective et citoyenneté » ou « responsabilité sociale de l’ingénieur » sont autant d’occasion qui peuvent leur permettre de s’initier au débat public.


L’ingénieur peut donc apporter une pierre à l’édifice qu’est le débat démocratique. « Au même titre que tous les citoyens, l’ingénieur devrait avoir un vrai positionnement et agir selon ses convictions. Bien sûr, il ne s’agit pas de considérer son avis comme plus haut que celui d’un autre, mais bien de respecter la posture de la science et la technique, objectives. De son côté, il y a une mission à laquelle il devrait s’attacher, c’est de toujours faire la différence entre son opinion et son expertise technique et scientifique. Son rôle n’est pas d’influencer, mais de donner les éléments indispensables à la prise d’une décision ou d’un choix », conclut Isabelle Huynh.

 

 

[1] Ivan Illich (1926-2022) dénonce la servitude née du productivisme, le gigantisme des outils, le culte de la croissance et de la réussite matérielle. Il oppose à la « menace d’une apocalypse technocratique » à la « vision d’une société conviviale ».

 

 

Pour aller plus loin sur le sujet : 
Podcasts « Les cœurs audacieux » - Saison 2 / Épisode 6 - 19 mai 2022
 

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24 fév
24/fév/2022

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« Le réseau bitcoin considère que chaque pair a le même pouvoir de décision »

Monnaie « électronique », « numérique », « virtuelle » : autant de termes qui permettent de décrire ce qu’est une cryptomonnaie, sans pièces ni billets. Le bitcoin, qui figure parmi les cryptodevises les plus utilisées, ne dépend d’aucune institution bancaire, mais repose sur la blockchain, une technologie capable d’assurer un historique infalsifiable des transactions effectuées sur le réseau. Comment est-elle créée et comment s'utilise-t-elle ? Créé en 2009, le bitcoin semble avoir conquis de nombreux adeptes, malgré la difficulté technique qu’il revêt. Omar Hasan, maître de conférence à l’INSA Lyon, chercheur en informatique au laboratoire LiRiS1, a fait de la blockchain et de la cryptomonnaie, ses sujets de prédilection. Il en explique le fonctionnement.

Quelles sont les différences entre la cryptomonnaie et la monnaie classique ? Quelles sont les particularités du bitcoin ?
La monnaie classique, que l’on appelle « la monnaie fiat », est créée et réglementée par une entité comme une banque centrale. On dit qu’elle est centralisée. Le bitcoin est une monnaie « décentralisée », c’est-à-dire qu’elle n’appartient pas à une seule entité. Ici, pas de banque centrale, qui fait habituellement office de tiers de confiance, mais une technologie : la blockchain. En créant une chaîne publique infalsifiable, la blockchain permet de vérifier toutes les transactions entre une personne A et une personne B. Le réseau bitcoin permet à tout le monde de participer à la création et à la vérification des transactions. 

Comment obtient-on cette monnaie virtuelle ?
La façon la plus simple d’obtenir des bitcoins est de l’échanger avec de la monnaie scripturale, comme si vous échangiez ou achetiez quelque chose sur internet. L’autre façon, celle qui fait beaucoup parler d’elle, est de « miner » le bitcoin, c’est-à-dire de le créer. Pour tenter de récolter l’un de ces bitcoins mis en jeu grâce au minage, il faut résoudre une sorte de « puzzle mathématique ». Basé sur une équation complexe, une « fonction de hash », le puzzle consiste à trouver le texte initial à partir d’un texte final. L’unique option pour trouver la solution est d’essayer chaque possibilité, une par une. C’est ce qui rend le puzzle difficile. Celui qui trouve la solution en premier, soumet son développement au réseau et gagne des bitcoins.
 
Qui est l’arbitre dans cette activité de minage et décide du vainqueur ?
C’est justement ici que réside la particularité du bitcoin. C’est un fonctionnement qui repose sur le consensus. Il n’y a pas d’arbitre à proprement parler, mais des milliers de pairs sur le réseau qui valident la réponse. La personne qui trouve la solution au puzzle la partage avec tout le réseau pour que celle-ci soit vérifiée par les autres membres. En pratique, vérifier la justesse de la réponse au puzzle est plus facile que sa résolution, donc tout le monde peut vérifier le résultat rapidement et le consensus par la majorité l’emporte. Le réseau bitcoin considère que chaque pair a le même pouvoir de décision. 

Donc c’est un système qui se veut, dans le principe, plutôt démocratique ?
Complètement pour l’aspect de vérification des transactions. Pour le minage, le système est en théorie démocratique, mais pas vraiment égalitaire puisque vos chances de miner un bitcoin sont directement liées à la puissance de calcul de votre ordinateur, de votre smartphone ou si vous en avez les moyens, de votre data center ! Souvent, il existe des « pools », des équipes qui mettent en commun leurs forces pour résoudre le puzzle. Mais sur le principe, sur le réseau bitcoin, tout le monde a les mêmes droits.

Vous étudiez le bitcoin depuis plusieurs années et vous avez été témoin de sa conquête du monde. Pensez-vous que le bitcoin dépassera la sphère des « spécialistes » pour s’étendre aux néophytes ?
On constate que les outils proposés pour manier le bitcoin sont de plus en plus faciles d’accès. Vous pouvez même commencer dès aujourd’hui, depuis votre smartphone… Pour le minage, c’est une activité technique qui nécessite de comprendre le protocole, c’est clair. Le bitcoin va certainement subir le même sort que toutes les technologies : au début, tout est complexe et réservé aux experts mais avec le temps, la technologie se démocratise.  D’un point de vue informatique, qui est celui qui m'intéresse, c’est très intéressant. Grâce à la blockchain, c’est la première fois que l’on arrive à trouver le consensus probabiliste dans un système décentralisé à cette échelle très large. Je ne sais pas ce qu'il adviendra du bitcoin, mais ce qui est certain, c’est qu’il remet en question nos perceptions et des échanges.

[1] Laboratoire d'Informatique en Image et Systèmes d'information (CNRS/INSA Lyon/Lyon 1/Lyon 2/ECL)

 

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