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Crypto-prêts : de la tradition de village à la blockchain
Dans de nombreux pays émergents, il est difficile d’entreprendre pour les personnes disposant de faibles revenus. La plupart des prêts accordés par les banques traditionnelles étant des prêts garantis, les termes et conditions ne sont pas toujours faciles à remplir pour les emprunteurs. C’est le cas en Indonésie, le pays d’origine de Wisnu Uriawan, où ces barrières empêchent certains de créer ou de développer une activité génératrice de revenus.
Docteur de l’INSA Lyon depuis quelques mois, il a passé ses quatre années de doctorat au LIRIS1 à étudier des solutions d’émancipation financière par la blockchain. En s’inspirant de modèles informels de prêts traditionnels de villages africains, le désormais docteur a travaillé à mettre en place une plateforme, « TrustLend », pour faire se rencontrer emprunteurs, recommandataires et prêteurs. Il a récemment obtenu le prix Mahar Schützenberger, une récompense franco-indonésienne pour la qualité de ses travaux de thèse.
Favoriser l’émancipation et l’inclusion financière
Acheter du matériel agricole, une machine à coudre pour lancer un micro-business, financer une opération chirurgicale ou des frais de scolarité… Pour les citoyens de certains pays émergents, il est parfois difficile de mobiliser de l’épargne pour faire évoluer son activité et améliorer son niveau de vie. Pour pallier cette situation, des systèmes de micro-crédits de particulier à particulier ont vu le jour. Aussi, le développement exponentiel de la technologie blockchain et des cryptomonnaies dans les pays émergents semblent également avoir trouvé des applications dans le secteur financier : les prêts peer-to-peer sur la blockchain pourraient représenter un volume estimé à près d’un billion de dollars d’ici 2050. Témoin de la situation dans son pays, Wisnu Uriawan a rejoint le LIRIS il y a quatre ans avec cette idée : rendre accessible le système de prêt de pair à pair grâce à la technologie blockchain et aux smart contracts.
Redéfinir la fiabilité d’un emprunteur grâce à la communauté
En s’inspirant d’un système informel de prêt au sein de certaines communautés, Wisnu a imaginé un fonctionnement permettant de remplacer tout ou partie des garanties bancaires exigées traditionnellement par les organismes prêteurs pour les remplacer par un mécanisme de réputation sociale. Comme dans certains villages africains, l’engagement de la communauté ferait office de soutien au demandeur. « Mes travaux de thèse proposent que la fiabilité des emprunteurs soit utilisée comme alternative dans les demandes de prêts afin que les emprunteurs ne soient plus accablés par des garanties ou garants. La principale problématique était de réussir à calculer de manière fiable, cette fiabilité », explique le docteur.
Wisnu et ses encadrants de thèse ont ainsi développé le modèle « LAPS », pour « Loan risk Activity, Profile and Social recommendation2 », permettant de calculer un « score de fiabilité » pour chaque emprunteur. « Nous introduisons la notion de recommandation sociale en soutien à l’emprunteur en fonction de certaines variables telles que le risque de prêt, son activité, son profil ou son projet. Ce score peut aider à convaincre les prêteurs et les investisseurs de lui accorder des prêts avec peu ou pas de garanties classiques. »
Un prêt sans banque, grâce à la blockchain et aux smart contracts
Une fois la fiabilité de l’emprunteur reconnue par les pairs, comment contractualiser la transaction, sans l’intervention d’un organisme bancaire ? « Les smart contracts, ou contrats intelligents, sont des programmes codés alimentés par la blockchain. Ils peuvent faire office d’intermédiaires entre les pairs de manière sécurisée et où toutes les règles classiquement convenues peuvent être appliquées », explique Wisnu. Comptant sur les vertus de traçabilité et de partage de données de la blockchain, les conditions et termes du smart contract sont ainsi visibles par tous, obligeant à la bonne exécution du contrat. L’autre avantage du smart contract réside dans le coût d’exécution : en évitant une grande partie des intermédiaires, le processus de contractualisation bénéficie de coût réduit ; un avantage notable par rapport aux crédits classiques dont le coût est relativement élevé. Reste à lever l’un des freins majeurs du système : le jugement lors d’un litige, avis duquel la blockchain ne pourrait pas se substituer à l’humain.
Une plateforme qui fait se rencontrer emprunteurs et prêteurs
C’est ainsi que Wisnu Uriawan a souhaité voir ces années de travaux sur la blockchain et les smart contracts se concrétiser : en développant une application dédiée à la rencontre entre emprunteurs et prêteurs. Intitulée « TrustLend », le logiciel, s’il est prêt à être déployé, doit encore attendre certaines évolutions de la régulation. « Je viens d’un pays émergent où j’imagine une application très vertueuse de ce système. L’idée est d’aider des gens dans le monde, pas de faire du profit. Je suis rentré à Java désormais, et j’ai apporté cette idée dans mes valises. Je suis persuadé que, pour les emprunteurs, ce système sera très utile, par exemple pour un agriculteur qui ne pourrait pas acheter son tracteur comptant. »
La blockchain, qui se trouve également être au service de la finance participative, le crowdfunding, pourrait trouver sa place entre finance, anthropologie et informatique. « La blockchain a beaucoup à apporter au secteur financier en matière de transparence des transactions. Si l’on ajoute à cela la confiance accordée par la communauté, on peut espérer créer un cercle vertueux où plus vous avez fait preuve de fiabilité et plus vous obtenez un score recommandable par la communauté. C’est une autre façon de penser les prêts financiers et l’argent en général. »
[1] Laboratoire d’Informatique en Images et Systèmes d’Informations (CNRS / INSA Lyon / Université Claude Bernard Lyon 1 / Université Lumière Lyon 2 / École Centrale de Lyon)
[2] Risque de crédit, Activité, Profil, et Recommandation sociale

Formation
Deux élèves INSA, étoiles montantes du Web3
Quel sera le futur de l’internet ? Le « Web3 », désigné comme successeur du « Web2 », transformerait le monde des grandes plateformes centralisées que nous connaissons à un pouvoir réparti entre chaque utilisateur, grâce à la blockchain.
Gabriel Begazo et Nikita Terekhov en 5e année de génie électrique et 5e année d’informatique se lancent dans ce nouveau monde. À travers cede labs, une start-up dont ils sont co-fondateurs, les futurs ingénieurs tentent de construire le futur de la finance du Web3. Enchaînant les aller-retours entre la Station F1 et le campus de l’INSA Lyon, ils souhaitent incarner une véritable vision pour le futur de la finance.
Tout commence par une rencontre
En 2020, Gabriel Begazo, alors étudiant en 3e année, fonde l’association « Kryptosphere INSA Lyon ». Antenne locale d’une organisation étudiante, son association permet aux passionnés multi-tech de s’y rencontrer et de développer leurs assets en communauté. « Lors d’un évènement à Biarritz, j’ai rencontré Pierre Ni, qui est aujourd’hui le CEO2 de cede labs. Il avait déjà commencé à travailler sur le projet et cherchait des associés », explique Gabriel Begazo. L’étudiant, alors intéressé par l’entrepreneuriat s’engage et sera plus tard rejoint par l’un de ses camarades, Nikita Therekov. « C’était difficile au début, avec de nombreux défis techniques et une gestion du temps pas toujours évidente. Il fallait gérer les cours, le projet et la vie en entreprise en alternance pour ma part. Il a fallu prioriser : aujourd’hui, c’est cede labs ! Nous voulons aller très loin avec cette boîte et nous sommes accompagnés par des seniors expérimentés dans le domaine pour cela », ajoute Nikita Therekov, CTO3.
Cede link, l'une des deux interfaces développées par cede labs
Miser sur la finance du futur
Leur « boîte », c’est un pari sur l’avenir de la finance. Malgré leur jeune âge, les deux insaliens maîtrisent déjà les codes. « Pour comprendre ce qu’il se passe actuellement avec les cryptomonnaies, il faut s’attarder sur les règles financières de notre système actuel. La valeur de votre argent en devise nationale est régie par des décisions prises par les banques centrales : traditionnellement, vous le placez dans une banque à laquelle vous faites confiance et qui le fait fructifier via des placements. En crypto, les monnaies ne sont pas émises par des gouvernements mais par des utilisateurs qui partagent une même vision : celle de ne pas voir la valeur de leur argent contrôlée par des décisions politiques », explique Gabriel. Dans le monde de la cryptomonnaie, deux approches sont établies : d’un côté la CeFI, la centralized finance ; et de l’autre la DeFI, la decentralized finance. La centralized finance est un entre-deux, entre la crypto et la finance traditionnelle. « La CeFi est un système custodial, c’est-à-dire que vous livrez votre clé privée, l’accès à vos fonds, à un tiers de confiance. Un peu comme dans une banque classique, vous laissez une entreprise gérer vos cryptos. » La decentralized finance, elle, va plus loin. « En non-custodial, vous êtes propriétaires de votre argent, sans aucun tiers de confiance. C’est vous qui stockez, gérez et avez accès à votre portefeuille de cryptomonnaies. Cela implique plus de libertés et de responsabilités », explique Nikita. « Notre objectif avec cede labs : faire le pont entre ces deux mondes qui ne communiquent pas beaucoup. »
Un produit demandé
Pour gérer son portefeuille de monnaies virtuelles en tout tranquillité, la start-up cede lab a donc développé deux outils : un tableau de bord et une extension de navigateur. En un coup d’œil, les deux interfaces permettent de visualiser et gérer l’ensemble de ses crypto-actifs. « Si on fait l’analogie avec la finance traditionnelle, c’est un agrégateur de banques. Cela permet de manager, déplacer et transférer ses assets d’un monde A à un monde B. Jusqu’à présent, il n’existait pas d’outil sérieux capable d’agréger les deux mondes, la CeFi et la DeFi », ajoute Nikita. Si les challenges techniques ont été au rendez-vous pour le développement de ces outils, les deux étudiants savent qu’ils sont attendus. « Notre force concurrentielle est que notre outil est non-custodial car contrairement à tous les outils similaires qui ont pu être développés jusqu’ici, nous ne possédons pas les clés privées de nos utilisateurs. C’est très important pour nous car c’est une philosophie qui oblige à envisager un vrai changement de paradigme, qui ne serait pas basé sur une omnipotence financière des institutions, des gouvernements ou d’une poignée d’entreprises », ajoute Gabriel.
Le pari du Web3 : le nouvel internet
Le « changement de paradigme ». L’expression revient régulièrement dans la bouche des deux élèves-ingénieurs. Sur l’avenir de la crypto, ils sont unanimes : « c’est en train d’arriver, plus vite qu’on ne le pense ». Un changement pour plus de transparence, de sécurité, de confiance, valeurs qu’ils clament haut et fort. « Le Web2 n’est pas suffisamment transparent : l’économie de la donnée n’est pas un système juste et moral. Je crois fermement à la nécessité de renverser le rapport de force et la blockchain a le pouvoir de ramener de la sécurité et de la confiance », souligne l’étudiant en informatique. Et lorsque l’on pointe du doigt les enjeux sociaux et environnementaux, ils ne nient rien. Fracture numérique, dépenses énergétiques, pollutions associées : nombreux sont les revers dénoncés par les détracteurs des cryptos. « Il y a beaucoup de problèmes avec le bitcoin qui est la cryptomonnaie la plus médiatisée, mais d’autres devises fonctionnent autrement et sont moins gourmandes en énergie. Je crois qu’il faut nuancer : l’argent est au cœur de nos sociétés et fait tourner le monde, même si beaucoup ne sont pas d’accord pour l’accepter. C’est difficile de comparer l’incomparable : si tout ce nouvel écosystème prenait toute la place de l’ancien, on s’y retrouverait aussi sur la transparence, sécurité et sur la question énergétique, j’en suis persuadé. Est-ce vraiment indispensable de changer de paradigme ? Je n’ai pas la réponse s’il y en a une », ajoute Gabriel Begazo.
Aujourd’hui, les deux élèves-ingénieurs s’apprêtent à finir leur cursus à l’INSA Lyon tout en lançant leurs produits sur un marché en attente. Grâce à une levée de fonds, une version beta sera bientôt proposée à une poignée de testeurs avant d’être accessible au grand public. « Je suis heureux de me lancer maintenant car j’apprends beaucoup. J’encourage tout le monde à se lancer dans des projets parce qu’on apprend beaucoup en chemin. La prochaine étape est d’ailleurs de recruter de nouveaux talents », conclut le COO4 de la jeune entreprise.
[1] Station F est un campus de start-ups, situé à Paris. Créé par Xavier Niel, il est le plus grand campus de start-ups au monde.
[2] CEO : Chief Executive Officer
[3] CTO : Chief Technical Officer
[4] Chief Operating Officer

Sciences & Société
Krypto Hack Lyon 2022
Les membres de Kryptosphere Lyon (INSA x EM Lyon) ont le plaisir de vous présenter Krypto-Hack Lyon, en partenariat avec Massa Labs.
60 participants répartis en 12 équipes de 5 devront développer un projet GameFi (Gaming + Finance) qui sera implémenté sur la blockchain Massa Labs. Les équipes auront à réfléchir sur le concept, le design, quelques lignes de codes fonctionnelles et le modèle économique du jeu. Ils auront la chance d’être épaulé par des mentors, spécialistes en développement, graphisme, ou de la blockchain qui les aidera dans leur tâche. À la clef : une récompense en token Massa Labs, des clefs Ledger Nano X, des abonnements Blockchain Game Alliance, des jeux Wallcrypt pour mieux appréhender la blockchain et son écosystème, et bien d’autres encore.
Des sides event prévus autour de la compétition (conférences, tables rondes et présentations des entreprises et projets de nos partenaires) pour apprendre, partager et networker entre passionnés de l’écosystème blockchain.
Mais le Kryptohack Lyon, c’est aussi une opportunité pour tous les participants de se faire remarquer par les artenaires de renommée nationale et internationale et de décrocher un stage ou un job dans leur entreprise.
Zoom sur quelques-uns de nos partenaires :
- Kryptosphere : La plus garnde association étudiante de France traitant des thématiques de la blockchain
- Massa Labs : ils sont une équipe d’anciens universitaires en sciences fondamentales qui semble avoir trouvé une solution à certains problèmes de décentralisation et de scalability d’autres blockchain.
- Ledger : C’est une licorne française, leader dans le domaine des hardware wallet, qui a une renommée internationale.
- The Sandbox : Une métaverse décentralisée, une véritable aire de jeu, qui a marqué le monde par la participation de nombreux acteurs renommé. (Snoop Dog, ...)
Ouvert à tous les étudiants et gratuit. Les repas seront offerts.
Les équipes auront une salle dédiée pour travailler sur leur projet, et des salles sont prévues pour se reposer.
Grâce à la collaboration de l'INSA Lyon, notre association vous mets à disposition des lieux de travail pour les équipes et des lieux de repos. Les repas seront offert.
Le kryptohack Lyon, ce sont des professionnels qui demandent à des étudiants d’offrir une expérience unique à des étudiants.
👉 Pour vous inscrire, rejoignez le discord pour chercher vos équipiers ou nous poser plus de questions techniques : https://discord.gg/s6aKQuuD
👉 ou remplissez ce formulaire : https://forms.gle/gbQAy2TaEXgfty5U6
👉 Pour venir assister aux conférences gratuites : http://krypto-hack.com/
Informations complémentaires
-
Campus LyonTech La Doua 20 avenue Albert Einstein 69100 Villeurbanne
Mots clés
Derniers évènements
Théâtre « Roméo et Juliette » (section Théâtre-études)
Du 05 au 08 maiAteliers danse avec la Cie MF
Les 15 et 22 mai 2025
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« Le réseau bitcoin considère que chaque pair a le même pouvoir de décision »
Monnaie « électronique », « numérique », « virtuelle » : autant de termes qui permettent de décrire ce qu’est une cryptomonnaie, sans pièces ni billets. Le bitcoin, qui figure parmi les cryptodevises les plus utilisées, ne dépend d’aucune institution bancaire, mais repose sur la blockchain, une technologie capable d’assurer un historique infalsifiable des transactions effectuées sur le réseau. Comment est-elle créée et comment s'utilise-t-elle ? Créé en 2009, le bitcoin semble avoir conquis de nombreux adeptes, malgré la difficulté technique qu’il revêt. Omar Hasan, maître de conférence à l’INSA Lyon, chercheur en informatique au laboratoire LiRiS1, a fait de la blockchain et de la cryptomonnaie, ses sujets de prédilection. Il en explique le fonctionnement.
Quelles sont les différences entre la cryptomonnaie et la monnaie classique ? Quelles sont les particularités du bitcoin ?
La monnaie classique, que l’on appelle « la monnaie fiat », est créée et réglementée par une entité comme une banque centrale. On dit qu’elle est centralisée. Le bitcoin est une monnaie « décentralisée », c’est-à-dire qu’elle n’appartient pas à une seule entité. Ici, pas de banque centrale, qui fait habituellement office de tiers de confiance, mais une technologie : la blockchain. En créant une chaîne publique infalsifiable, la blockchain permet de vérifier toutes les transactions entre une personne A et une personne B. Le réseau bitcoin permet à tout le monde de participer à la création et à la vérification des transactions.
Comment obtient-on cette monnaie virtuelle ?
La façon la plus simple d’obtenir des bitcoins est de l’échanger avec de la monnaie scripturale, comme si vous échangiez ou achetiez quelque chose sur internet. L’autre façon, celle qui fait beaucoup parler d’elle, est de « miner » le bitcoin, c’est-à-dire de le créer. Pour tenter de récolter l’un de ces bitcoins mis en jeu grâce au minage, il faut résoudre une sorte de « puzzle mathématique ». Basé sur une équation complexe, une « fonction de hash », le puzzle consiste à trouver le texte initial à partir d’un texte final. L’unique option pour trouver la solution est d’essayer chaque possibilité, une par une. C’est ce qui rend le puzzle difficile. Celui qui trouve la solution en premier, soumet son développement au réseau et gagne des bitcoins.
Qui est l’arbitre dans cette activité de minage et décide du vainqueur ?
C’est justement ici que réside la particularité du bitcoin. C’est un fonctionnement qui repose sur le consensus. Il n’y a pas d’arbitre à proprement parler, mais des milliers de pairs sur le réseau qui valident la réponse. La personne qui trouve la solution au puzzle la partage avec tout le réseau pour que celle-ci soit vérifiée par les autres membres. En pratique, vérifier la justesse de la réponse au puzzle est plus facile que sa résolution, donc tout le monde peut vérifier le résultat rapidement et le consensus par la majorité l’emporte. Le réseau bitcoin considère que chaque pair a le même pouvoir de décision.
Donc c’est un système qui se veut, dans le principe, plutôt démocratique ?
Complètement pour l’aspect de vérification des transactions. Pour le minage, le système est en théorie démocratique, mais pas vraiment égalitaire puisque vos chances de miner un bitcoin sont directement liées à la puissance de calcul de votre ordinateur, de votre smartphone ou si vous en avez les moyens, de votre data center ! Souvent, il existe des « pools », des équipes qui mettent en commun leurs forces pour résoudre le puzzle. Mais sur le principe, sur le réseau bitcoin, tout le monde a les mêmes droits.
Vous étudiez le bitcoin depuis plusieurs années et vous avez été témoin de sa conquête du monde. Pensez-vous que le bitcoin dépassera la sphère des « spécialistes » pour s’étendre aux néophytes ?
On constate que les outils proposés pour manier le bitcoin sont de plus en plus faciles d’accès. Vous pouvez même commencer dès aujourd’hui, depuis votre smartphone… Pour le minage, c’est une activité technique qui nécessite de comprendre le protocole, c’est clair. Le bitcoin va certainement subir le même sort que toutes les technologies : au début, tout est complexe et réservé aux experts mais avec le temps, la technologie se démocratise. D’un point de vue informatique, qui est celui qui m'intéresse, c’est très intéressant. Grâce à la blockchain, c’est la première fois que l’on arrive à trouver le consensus probabiliste dans un système décentralisé à cette échelle très large. Je ne sais pas ce qu'il adviendra du bitcoin, mais ce qui est certain, c’est qu’il remet en question nos perceptions et des échanges.
[1] Laboratoire d'Informatique en Image et Systèmes d'information (CNRS/INSA Lyon/Lyon 1/Lyon 2/ECL)