Sport

04 déc
04/déc/2023

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« Je tire jusqu’à 500 flèches par jour pour préparer les JO 2024 »

Elle a débuté le tir à l’arc à l’âge de 12 ans, un peu par hasard. Anaël Coupard, élève-ingénieure en 4e année de génie mécanique est désormais une archère aguerrie. Actuellement présélectionnée pour les Jeux Olympiques 2024 et grâce au dispositif d’aménagement de la section sportive de haut niveau de son école, elle a pu rejoindre l’INSEP, l'Institut national du sport, de l'expertise et de la performance. Au sein du centre d'entraînement Olympique et Paralympique français, elle tire jusqu’à 500 flèches par jour avec une cible en tête : celle d’être sélectionnée pour représenter la France l’été prochain. Un objectif qui requiert régularité, équilibre et connaissance de soi. 

Élève-ingénieur et archère… Vous évoluez dans deux mondes où la technique règne en maîtresse. Pourriez-vous décrire le matériel et les objectifs du tir à l’arc ?
Effectivement, c’est un peu un fil conducteur dans ma vie ! Le tir à l’arc est une discipline qui demande précision et concentration. Pour atteindre la cible, et plus précisément le cœur jaune de celle-ci, on utilise un arc constitué de différents matériaux dont entre autres, du bois, de l’aluminium et du carbone. Une poignée est reliée à deux branches qui tiennent la corde, que l’on tire pour viser la cible. De plus, un viseur permet d'affiner le tir pour atteindre la cible situé à 70 mètres en conditions olympiques. L’équipement est également constitué de petits accessoires comme un protège-doigt, un plastron sur la poitrine, un carquois pour mettre les flèches… Enfin, une grande barre de stabilisation permet d’absorber les vibrations et de diminuer les blessures ; sans cet élément, c’est le corps qui les absorberait. C’est un sport assez complexe où il y a toujours un facteur chance, des conditions climatiques ou du bruit qui peuvent déstabiliser pendant la compétition. C’est aussi une affaire de sensations car c’est une discipline qui sollicite des muscles très spécifiques. Nous tirons beaucoup de flèches pour s’entraîner physiquement et psychiquement : il faut être stable et sans tremblements. Pour les filles, la force tirée pour une flèche équivaut à 20 kilos. Avec une moyenne de 500 flèches tirées quotidiennement en conditions d'entraînement, l’air de rien, on tire beaucoup de poids.

 

 
Anaël Coupard évolue sur un « arc classique ».

 

Aujourd’hui, vous êtes en formation intensive à l'Institut national du sport, de l'expertise et de la performance en vue d’être sélectionnée pour les Jeux Olympiques 2024. Comment prépare-t-on un tel objectif ?
C’est la première fois que je me retrouve dans une structure d’entraînement aussi grande ; je n’ai jamais fait de compétition internationale et je n’ai jamais été en structure fédérale contrairement à mes camarades. L’INSEP est un centre où des sportifs de toute la France préparent les grandes compétitions internationales. Je me laisse guider par notre entraîneur, coréen, la nation championne du tir à l’arc. C’est très intéressant car j’ai l’impression de réapprendre à lire ! Il y a beaucoup de différences dans la philosophie de tir entre nos deux pays. En France, on a tendance à pousser sur le bras devant et à tirer le bras arrière ; il y a une sorte de domination de l’humain sur l’arc. En Corée, on met plutôt l’humain au service de l’arc pour que celui-ci réalise toujours la même action. On tire à peine plus fort que l’arc, de façon très souple, un peu comme de la danse classique. Cette nouvelle vision m’oblige à changer beaucoup de choses techniquement. Cela a fait chuter mes scores au début, mais depuis quelques jours, je sens une réelle progression.

Nous espérons pouvoir vous voir faire partie de la délégation française aux Jeux Olympiques 2024. Quel est le processus de sélection dans le cas du tir à l’arc ?
Au tir à l’arc cette année, puisque c’est à Paris, trois filles et trois garçons représenteront la France. Une première étape de sélection au mois d’août m’a permis d’intégrer l’INSEP. Pour l’instant, au sein du collectif olympique dans lequel je suis, nous sommes encore six filles et six garçons à nous entraîner en vue de la deuxième épreuve de sélection qui aura lieu début janvier 2024 ; à l’issue il restera quatre filles et quatre garçons. Puis, il y aura un choix du comité olympique de la fédération de tir à l’arc. Pour ma part, je n’ai jamais concouru au niveau international donc si j’ai la chance d’être sélectionnée, ce sera une vraie première pour moi. Je m’entraîne beaucoup pour habituer mon corps à ma stratégie de tir et que cela devienne un automatisme. En compétition, avec le stress et les aléas de l’environnement extérieur, il faut faire preuve d’une très bonne connaissance de soi et de ses repères. Il faut opérer une réelle connexion entre le corps et l’esprit ; être dans l’instant présent. Je me sens d’attaque !

 


Anaël Coupard est championne de France elite 2023 (Crédits : Rémy Joly)