
International
Première édition du programme court Human'insa : une immersion unique dans l'ingénierie humanitaire et l'intelligence artificielle a l'INSA Lyon
Du 24 juin au 15 juillet, s’est déroulée la première édition du programme court Human'INSA, soutenu par la région Auvergne-Rhône-Alpes et préparé et réalisé par l’INSA Lyon en étroite collaboration avec l’ONG Handicap International, avec BioForce, une référence dans la formation pour l’humanitaire, et avec Drexel University.
Ce programme de trois semaines a réuni des étudiants venant de différents pays et continents pour les acculturer à la gestion de projets d’innovation dans le domaine de l’ingénierie humanitaire et de l’intelligence artificielle. Le Professeur Jérôme Chevalier de l’INSA Lyon exprime son enthousiasme : « Travailler avec ces professionnels du domaine est captivant, inspirant et est une source d’épanouissement. » La participation de la Prof. Mira Olson de Drexel University, qui dirige un Master en « Peace Engineering », a également enrichi le programme.
Les cours, axés sur l’ingénierie humanitaire et l’intelligence artificielle, avaient plusieurs objectifs : découvrir le contexte et les acteurs de l’action humanitaire, explorer les impacts environnementaux de l’action humanitaire, se familiariser avec les méthodologies et outils d’innovation, et acquérir une vue d'ensemble des concepts de base de l'IA pour les mettre en pratique. Des ateliers d’interculturalité et des cours de français ont complété ce programme alliant ingénierie et culture française.
Pour les étudiants, ce fut une opportunité unique de sortir des sentiers battus. L'un d'eux a partagé : « J'ai choisi ce programme, car il offrait l'opportunité d'apprendre à intégrer les principes technologiques et d'ingénierie dans le secteur humanitaire, un domaine essentiel, mais souvent sous-représenté dans les cursus d'ingénierie traditionnels. » Un autre a ajouté : « Ce programme m'a aidé à comprendre l'étendue et les impacts sociétaux des big data, tout en me fournissant de nouvelles perspectives sur les implications éthiques et sociétales de l'IA. En somme, Human'INSA a été une expérience enrichissante, m'apportant l'expertise technique et la mentalité éthique indispensables pour contribuer de manière significative au domaine de l'IA. »
Pendant trois semaines, 22 étudiants venus de Northwestern Polytechnical University en Chine, New York University et Drexel University aux États-Unis, Pohang University of Science and Technology, Yonsei University et Seoul National University en Corée du Sud, University of New South Wales en Australie et Danmarks Tekniske Universitet au Danemark, ont participé à ce programme court. Leur diversité et leur dynamisme ont été essentiels à la réussite de Human’INSA.

Recherche
Transformer les plastiques recyclés en appareillages orthopédiques pour les populations vulnérables
D’après l’OMS, seulement 5 à 15 % des personnes ayant besoin d’un appareil orthopédique y ont accès dans les pays à faibles revenus ou en contexte de guerre. Pour pallier ce constat, Handicap International a intégré l’impression 3D sur ses territoires d’intervention depuis 2017. Aujourd’hui, l’organisation non gouvernementale se voit confrontée à des problématiques logistiques coûteuses, liées à l’importation de la matière première depuis l’Europe. Et s’il était désormais possible de fabriquer des appareillages orthopédiques à base de plastiques recyclés, trouvés localement ?
Orthèse fabriquée par impression 3D au Togo.
(Handicap International, Author provided).
Au sein de l’INSA Lyon, Valentine Delbruel, ingénieure INSA et doctorante, travaille sur l’optimisation de la composition d’un plastique recyclé, qui pourrait convenir à la fabrication additive d’orthèses : une façon de lutter contre la pollution plastique tout en rendant plus accessibles les solutions orthopédiques. Réalisés en collaboration avec Handicap International et trois laboratoires de l’INSA Lyon (MatéIS, IMP et LaMCoS), les travaux de la doctorante serviront aux équipes terrain d’Handicap International.
L’impression 3D : une innovation pratique mais une logistique difficile
Traditionnellement réalisés par thermoformage, les appareillages orthopédiques relèvent d’un procédé de fabrication long et coûteux. Dans les zones où l’accès aux centres de soin est déjà difficile, les aller-retours nécessaires aux ajustements et le temps de rééducation sont des freins supplémentaires, rallongeant la procédure de soin de plusieurs semaines pour une prothèse. Depuis 2017, Handicap International utilise l’impression 3D pour pallier ce problème. Les fabrications sont facilitées, plus rapides et personnalisables à chaque patient. « L’impression 3D a changé la façon de prendre les mensurations des patients car elles peuvent être prises à distance grâce à un scanner 3D », explique Valentine Delbruel. « Seulement, ce type de fabrication nécessite des filaments composés de plastique qui sont actuellement fabriqués en Europe. Cela pose des problèmes logistiques, notamment aux niveaux des frontières. En constatant cette problématique rencontrée par ses équipes, Handicap International s’est interrogé : est-il possible de continuer à faire de l’impression 3D, avec des matières plastiques locales, si possible recyclées ? »
Le procédé de fabrication des orthèses par thermoformage classique est long et coûteux.
(©Valentine Delbruel)
Utiliser du plastique recyclé pour soigner et dépolluer grâce à l’impression 3D : un projet vertueux, mais ambivalent, comme l’a constatée Valentine lors d’un voyage d’observation au Togo. « Dans de nombreux pays d’Afrique, le service de collecte des déchets est un service payant. Souvent un luxe pour les familles à faibles revenus, ce manque de service public engendre une pollution plastique importante dans les milieux naturels. Faire du déchet plastique une ressource pour les foyers tout en répondant à un besoin d’accès à la santé serait doublement bénéfique. »
Des enjeux de durabilité et de solidité du matériau recyclé
Sur le papier l’idée tombe sous le sens, mais les enjeux scientifiques et techniques soulevés par la potentielle réutilisation de plastiques recyclés ne sont pas si simples à solutionner. « Les deux principales problématiques sont celles de l’imprimabilité de la matière recyclée et de sa durabilité ». D’une part, les propriétés rhéologiques1 des matériaux sont étudiées. « Il faut une viscosité suffisamment faible pour que la matière s’écoule lors de l’impression, et dans le même temps, s’assurer que celle-ci maintienne sa forme une fois déposée ». D’autre part, il faut que la matière finale soit assez résistante pour durer dans le temps. « Et ça n’est pas une chose facile lorsque l’on mélange différents polymères », indique la doctorante qui réalise depuis trois années, différentes expérimentations afin de trouver la meilleure recette. « Il a fallu caractériser les déchets dans les pays d’intervention, qui ne sont pas nécessairement les mêmes que chez nous. Par exemple, j’ai d’abord testé les emballages alimentaires, avant de m’apercevoir lors de ma mission au Togo qu’il y en avait très peu ! Il faut principalement composer avec des bouteilles en Polyéthylène Téréphtalate (PET) et des produits du quotidien en Polypropylène (PP) et polyéthylène (PE). »
Les déchets plastiques pourraient être une ressources pour les foyers.
(©Valentine Delbruel)
Mettre les compétences des laboratoires à l’épreuve du terrain
Si Valentine Delbruel sait pouvoir compter sur les expertises scientifiques de trois laboratoires (le laboratoire MatéIS sur la structure et la propriété des matériaux, le laboratoire IMP expert dans l’élaboration et la caractérisation des matériaux polymères et le laboratoire LamCoS, spécialisé dans la mécanique des contacts et des structures), il n’en reste pas moins une tâche importante pour la doctorante en sciences appliquées : s’assurer de rester au plus proche du terrain pour produire une solution utile à destination des équipes d’Handicap International et des patients. « On a testé la résistance de nos matériaux recyclés dans les conditions climatiques africaines (température, humidité et exposition UV) grâce à une chambre climatique de vieillissement accéléré présente à l’INSA Strasbourg2. Dans le même temps, nous avons conçu un banc d’essai3 qui reproduit le mouvement de la marche et nous permettra d’étudier la résistance en fatigue des orthèses en sollicitations cycliques. Nous pouvons faire nos essais sur des orthèses imprimées en échelle 1 avec les mêmes imprimantes 3D utilisées par l’ONG, ce qui nous permet d’être le plus représentatif des conditions réelles. »
Tests en laboratoire par impression 3D
(©Valentine Delbruel)
Pour l’heure, l’ingénieure est formelle : « Il est encore difficile d’utiliser les matières issues d’usine de recyclage à cause de la présence d’impuretés. Si l’imprimabilité des matières recyclées en France est possible, la qualité des gisements d’Afrique n’est pas encore suffisante. C’est pourquoi pour ma dernière année de thèse, je m’intéresse plutôt au recyclage des chutes de plaques orthopédiques générées lors du thermoformage de prothèses ou orthèses. Il s’agit de matériaux de grande qualité qui sont actuellement jetés. En les recyclant, nous limitons l’utilisation de matières vierges et donc de ressources naturelles. Il sera alors intéressant d’étudier jusqu’à combien de cycles de recyclage la matière conserve ses propriétés mécaniques, afin d’avoir la solution la plus circulaire possible », conclut Valentine Delbruel.
La doctorante soutiendra ses travaux à la fin septembre 2024, date à laquelle elle espère pouvoir apporter le plus d’éléments possibles à l’ONG pour offrir une solution aux équipes de terrain et aux patients des zones à faibles revenus ou de guerre.
Plus d’informations : https://www.groupe-insa.fr/nos-actualites/chaire-innovation-humanity-entretiens-croises
[1] La rhéologie est un domaine de la mécanique qui étudie la résistance des matériaux aux contraintes et aux déformations.
[2] Collaboration réalisée avec Vincent Steiner de l’INSA Strasbourg
[3] Les travaux de thèse de Valentine Delbruel ont été accompagnés par deux projets de fin d’études d’élèves-ingénieurs du département Matériaux et Génie Mécanique : l’un sur la résistance en conditions climatiques d’Afrique (Hugo Lajoie) ; l’autre sur la fabrication d’un banc d’essai reproduisant le mouvement de la marche (Abderrahmane Abbassi).

Institutionnel
Conférence Ingénierie et Handicap // Remise des mentions handicap INSA Lyon 2022
Un évènement proposé par l’Institut Gaston Berger de l'INSA Lyon, l’association étudiante Handizgoud et T’Hompouss Consultants
Conférence Ingénierie et Handicap, pour une approche transversale du handicap
Avec Handicap International et le soutien d’Eiffage, premier mécène de l'Alliance Handicap International.
À cette occasion aura lieu également la remise des Mentions Handicap’INSA 2022 (programme soutenu par Assystem et BioMérieux, entreprises mécènes et partenaires de l'INSA Lyon).
Programme
▪️ 15h00 accueil café
▪️ Propos introductif – Audrey Relandeau, Inclusion Technical Assistance Manager Humanité & Inclusion
▪️ La science pour l’inclusion – Pierre Gallien, Federation Handicap International - Humanity & Inclusion Director Innovation, Impact & Information et Valentine Delbruel, doctorante - laboratoire MatéIS
▪️ Présentation de l’association insalienne Handizgoud..
▪️ Remise des Mentions Handicap’INSA par l'entreprise Assystem – Maëlys De Araujo, Chargée de Mission Handicap.
Les membres de l’association étudiante Handizgoud de l’INSA forts d’une formation aux enjeux du handicap initiée par l’Institut Gaston Berger, organisent de nombreuses manifestations de sensibilisation au handicap tout au long de l’année à destination de l'ensemble de la communauté INSA. Les élèves les plus assidus décrochent la Mention Handicap’INSA. Reconnue par la Fondation INSA et par nos entreprises partenaires, elle atteste d’une bonne connaissance des représentations du handicap, des politiques handicap, des bonnes pratiques pour le recrutement, l’intégration, le management et le maintien dans l’emploi des salariés en situation de handicap
Thématiques impliquées dans la formation des membres d’handizgoud qui organisent les actions de sensibilisation :
Représentation du handicap
Qu’est-ce qu’une politique handicap ?
La valorisation des actions dans la DOETH
Recrutement et intégration
L’entrée en relation avec une personne en situation de handicap
Les différents modes de compensation
Maintien dans l’emploi
Informations complémentaires
- laurine.pincon@insa-lyon.fr
-
Amphi Freyssinet – RdC bâtiment Freyssinet – GCU
Derniers évènements
[Exposition] - Lauréats du concours BD Manga Jeunesse 2025
Du 07 au 21 juin
Vie de campus
3e Nuit de l’Innovation Solidaire (NIS)
Après le succès des deux premières éditions, Handicap International, la Fondation INSA et Dynergie unissent à nouveau leurs forces en organisant les 27 et 28 janvier 2022 la troisième Nuit de l’Innovation Solidaire (NIS)
- Objectif : challenger l'intelligence collective d'étudiants soutenus par des entreprises, pour faire émerger des réponses aux problématiques rencontrées par Handicap International dans ses terrains d'intervention.
> 24 heures de Hackathon et d'intelligence collective pour inventer le monde de demain
> NOUVEAU : les Awards de l'Innovation Solidaire, ouverts aux entreprises pour récompenser les projets d'innovation solidaire portés par les salariés toute l'année.
Informations complémentaires
- https://handicap-international.fr/fr/actualites/troisieme-nuit-de-l-innovation-solidaire
-
En présentiel à Lyon au Campus Numérique mais d'autres formes de participation sont possibles.
Derniers évènements
[Exposition] - Lauréats du concours BD Manga Jeunesse 2025
Du 07 au 21 juin
Recherche
Innovation for Humanity : innover pour réparer l’humain
« À l’heure actuelle, des millions de personnes à travers le monde ont besoin d’une prothèse mais n’y ont pas accès en raison du coût matériel, du manque de ressources humaines expertes et de la difficulté à se déplacer dans un centre de santé. » Tel est le constat énoncé par Pierre Gallien, directeur innovation, impact & information d’Handicap International.
La réadaptation physique et fonctionnelle est le premier sujet de recherche qui amorcera les collaborations scientifiques menées dans le cadre d’une alliance unissant le Groupe INSA et la Fédération Handicap International. Dans le cadre de la chaire de recherche et d’enseignement « Innovation for Humanity » lancée le 28 janvier prochain, les chercheurs de l’INSA auront pour objectif de répondre aux problématiques rencontrées par les équipes de l’organisation humanitaire. Abder Banoune et Jérôme Chevalier, tous deux impliqués dans cette chaire, expliquent comment la recherche peut participer à restaurer l’intégrité physique des personnes handicapées, avec une contrainte : celle de faire « avec ce qu’il y a sur place ».
Dans le monde et selon l’Organisation Mondiale de la Santé, seulement 5% à 15% des personnes ayant besoin de technologie d’assistance (fauteuils, prothèses et orthèses, aides à la mobilité aides auditives et visuelles) y ont accès. Accompagner les personnes handicapées vers l’autonomie est le métier originel d’Handicap International, et malgré plus de 40 ans d’action, les défis humanitaires restent nombreux. Abder Banoune, spécialiste de la réadaptation physique au sein de l’ONG, explique. « L’une de nos missions fondamentales est d’accompagner des personnes victimes à récupérer une mobilité optimale. Nous intervenons principalement dans des pays frappés par des conflits, des catastrophes naturelles ou une extrême pauvreté et où l’accès à des prothèses ou des orthèses est rendu difficile. Aujourd’hui, pour rendre une prothèse disponible, nous avons besoin d’équipements lourds et d’équipes très qualifiées, ce qui est souvent incompatible avec les situations des pays dans lesquels nous intervenons. »
Les promesses de l’impression 3D
Après des analyses de terrain, les équipes d’Handicap International ont réalisé le potentiel de l’impression 3D. Des projets pilotes ont démontré que cette technologie pouvait notamment répondre à une problématique logistique de taille. « Lorsqu’un patient a besoin d’un appareillage orthopédique, il doit se rendre dans un centre médical situé dans les grandes villes. S’il vit dans une zone rurale ou de montagne, l’accès au centre peut s’avérer compromis. L’impression 3D nous permet de nous rapprocher au plus près des personnes dans le besoin : avec un simple ordinateur et un scanner nous pouvons prendre les mesures physiologiques des patients et envoyer les données à un centre de fabrication dans les grandes villes. Mais pour ouvrir cette technologie à plus de personnes, nous avons ici besoin de la recherche », poursuit Abder.
Identifier des axes de recherche scientifique pour soigner plus de patients
Au cours des derniers mois, les laboratoires et les équipes les plus pertinentes sur le sujet de l’impression 3D de prothèses et orthèses ont été sollicités. Parmi les laboratoires identifiés, l’IMP1, spécialiste des polymères ; le laboratoire MATEIS2, expert dans le domaine des propriétés mécaniques et de la durabilité des matériaux ; et le LaMCoS3, pour son expertise sur la conception et la fabrication additive. « Avec Christophe Garcia, également porteur de la chaire, nous avons pour mission de traduire la feuille de route transmise par Handicap International en projets de recherche. Après avoir identifié les besoins, nous allons transformer chaque sujet en projets de fin d’études et en thèses de doctorat. Il est essentiel d’impliquer les étudiants, d’une part car ils sont très demandeurs de ces sujets porteurs de sens et d’autre part parce qu’ils ont aussi de belles idées qui méritent d’être développées », dit Jérôme Chevalier, enseignant-chercheur adjoint à la direction de la recherche de l’INSA Lyon et porteur de la chaire.
De l’optimisation de la prothèse imprimée…
Pour les chercheurs, la question est donc posée : comment optimiser l’impression 3D de prothèses et d’orthèses, pour soigner plus de patients dans le besoin ? De l’élaboration à la résistance des matériaux, en passant par la durabilité des composants ou l’optimisation des formes et des architectures, les challenges scientifiques sont nombreux. « D’abord, nous souhaiterions travailler à l’optimisation des prothèses en elles-mêmes. Aujourd’hui, elles sont fabriquées par thermoformage et avec des matériaux qui ne sont pas toujours disponibles dans les pays d’intervention d’Handicap International. La fabrication additive par impression 3D permet d’étudier de nouvelles possibilités de formes et d’évaluer l’utilisation de matières premières accessibles localement », explique Jérôme Chevalier également chercheur au laboratoire MATEIS.
… à une imagerie médicale adaptée.
Dans un second temps, c’est la question de l’imagerie qui sera traitée par les équipes de chercheurs. « Pour fabriquer une prothèse de façon classique, il faut reproduire la partie du corps faisant défaut avec un moule de plâtre. Aujourd’hui, dans les pays d’intervention, ce matériau une fois utilisé, est directement jeté. Le recyclage des déchets induits par la fabrication de prothèses et d’orthèses est un vrai sujet. L’impression 3D limiterait la production de déchets, voire permettrait de réutiliser certains déchets plastiques. Nous pourrions aussi imaginer prendre les mesures physiologiques sur place, directement avec l’appareil photo d’un téléphone portable au lieu d’un scanner. À partir de cela, il n’y aurait plus besoin de plâtre. Pour arriver à cela, nos équipes devront travailler à la traduction de l’empreinte 3D en modèle pour les imprimantes », poursuit l’enseignant-chercheur.
Quatre années pour la recherche au service de causes humanitaires
Alors que le premier volet de la chaire de recherche unissant l’INSA et Handicap International commence à prendre corps, « Innovation for Humanity » ne s’arrêtera pas en si bon chemin. Signée pour 4 ans minimum, la collaboration donnera lieu à des recherches sur l’utilisation de drones pour déminage, l’analyse d’images et de données et plus généralement l’apport des sciences numériques, avec pour même objectif de faire émerger des enjeux scientifiques aux problématiques rencontrées sur le terrain par les équipes de l’organisation internationale. « Le monde évolue, il doit en aller de même pour nos formations et notre recherche. L’humanitaire doit également profiter de nos recherches », conclut Jérôme Chevalier.
1 Laboratoire Ingénierie des Matériaux Polymères (CNRS / UdL / Lyon1 / UJM / INSA Lyon)
2 Matériaux : ingénierie et sciences (INSA Lyon/ CNRS / Lyon 1)
3 Laboratoire de Mécanique des Contacts et des Structures (INSA Lyon / CNRS / UdL)

Formation
L’innovation solidaire jusqu’au bout de la nuit
Dans la nuit du 19 au 20 novembre 2020, plus de 300 étudiants se sont creusés les méninges pour aider Handicap International à apporter des solutions aux problématiques de terrain rencontrées par les professionnels de l’organisation humanitaire. Comment favoriser le recrutement et l’insertion de personnes handicapées sur le site de production d’une multinationale ? Après un séisme, comment évaluer rapidement l’importance des dégâts, localiser les zones et plus impactées et les besoins prioritaires ? Comment assurer le nettoyage extérieur des matériels roulants dans un contexte de préservation de la ressource en eau ? Mathieu, Erwan, Fabien et Corinne ont participé à cette 2e édition de la nuit de l’innovation solidaire organisée par Handicap International, Dynergie et la Fondation INSA. Ils racontent.
Expérimenter le travail d’équipe : entre décision et orientation
Proposée en virtuel en raison des conditions sanitaires, la 2e nuit de l’innovation solidaire a généré près de 50 000 lignes de discussion sur le « slack1 » dédié à l’événement. Pour Erwan Cavelier, étudiant en 4e année de génie industriel, la nuit a été riche en échanges et en débats.
« Nous avions de nombreuses ressources documentaires et humaines pour nous aider à résoudre notre problématique. L’étude de cas de mon équipe était très précise : nous devions apporter notre aide à une multinationale implantée en Inde, soucieuse d’améliorer son recrutement inclusif envers les personnes en situation de handicap. Nous avons proposé une plateforme web à destination des recruteurs dans les entreprises. C’est une sorte de base de données et d’échanges qui regroupe du partage d’outils et de méthodes. Mon équipe était composée d’un développeur informatique, d’un chercheur en anthropologie et sciences cognitives, d’un spécialiste de marque et de moi-même, en tant que futur ingénieur. Nous ne nous connaissions pas et avions des points de vue un peu différents, alors pour aller au bout de l’aventure, il nous a fallu faire un bel effort de décision et d’orientation. Et finalement, je crois que les variétés de nos profils ont fait la force de notre innovation ! »
Un challenge pour une expérience qui a du sens
Parmi les 39 projets proposés aux membres du jury, seulement 6 ont été récompensés. Même si la compétition a été rude, l’expérience en valait la chandelle en s’inscrivant dans le réel pour Mathieu Rodriguez-Ballieu, élève-ingénieur en 4e année de génie énergétique et environnement.
« En m’inscrivant à ce hackathon, j’espérais surtout y trouver de quoi satisfaire mon appétit de futur ingénieur. Les équipes d’Handicap International utilisent quotidiennement des voitures pour secourir les personnes victimes de catastrophes. Pour les protéger des problèmes mécaniques, les véhicules nécessitent des nettoyages réguliers. L’enjeu technique était de trouver une solution pour laver ces voitures tout en économisant l’eau et l’énergie car lors de catastrophes, ce sont des ressources rares. Le challenge était au rendez-vous, et en tant qu’ingénieur de l’équipe, plusieurs solutions s’étaient rapidement présentées à mon esprit. Pour trancher, ce sont surtout les échanges avec notre coach qui ont été déterminants. Nous avons proposé une station de lavage mobile et autonome en énergie, et c’est pendant la phase d’élaboration technique que je me suis souvenu d’un cours de machines thermiques où l’on apprenait à concevoir une pompe à chaleur alimentée par des gaz chauds pour économiser l’énergie. C’est ici que toutes les difficultés se sont dénouées : « Cont’Ta goutte d’o » était née et nous avons obtenu le ‘prix environnement’. Je songe tout de même à vérifier auprès de mon directeur de département, Rémi Revellin, si c’est une bonne utilisation de son cours. On ne sait jamais, peut-être que l’on pourra déposer un brevet ! »
24 heures dédiées à l’innovation solidaire
Pour soutenir les équipes dans leur réflexion, une équipe de coachs experts se tenait à disposition des étudiants. Fabien Filaire, diplômé 2020 du département biosciences faisait partie de l’équipe de conseil.
« Nous étions là pour ouvrir les perspectives des idées proposées par les étudiants car la pression de la montre empêche bien souvent de prendre le recul nécessaire avant de se lancer efficacement dans la mise en œuvre d’un projet. Comme je suis arbitre d’escrime handisport, j’ai un regard un peu différent sur le handicap qui est une thématique centrale du quotidien des équipes d’Handicap International. Je crois que j’ai pu apporter un éclairage nouveau aux équipes qui ont sollicité mon aide. Je trouve ça important d’échanger les points de vue, surtout quand il s’agit de développer des solutions novatrices qui viennent d’un monde éloigné du domaine d’application sur lequel on travaille. Et je crois que c’est tout l’intérêt de l’innovation solidaire : travailler avec des personnes qui viennent d’horizons différents et qui ont le même objectif, celui d’aider les autres à surmonter la difficulté. Et ici, c’était tout à fait le cas puisqu’il s’agissait de répondre aux problématiques de terrain des équipes humanitaires. Finalement, là où le confinement nous a empêché de vivre cette expérience ensemble physiquement, c’est la volonté de chacun de faire vivre la solidarité qui nous a rassemblé. »
Une démarche responsable déjà bien essaimée à l’INSA Lyon
Si cette 2e nuit de l’innovation solidaire s’inscrit dans le cadre d’une alliance entre l’INSA et Handicap International, elle révèle d’autant plus l’engagement de l’établissement sur les notions de solidarité et de diversité. Corinne Dorel-Flamant est enseignante-chercheure, chargée de mission science - santé globale et handicap auprès de la direction de la recherche de l’INSA Lyon et a coordonné l’événement multipartenaires.
« Ma casquette de chargée de mission science - santé globale et handicap m’a permis de réaliser, dans le cadre de cette alliance, une cartographie de ce qui se faisait en matière de handicap dans nos laboratoires de recherche. J’ai également étudié la question sur la prise en compte de cette problématique dans la formation, et il faut bien avouer que les questions de diversité et d’inclusion sont des choses qui tiennent profondément à cœur à l’INSA Lyon ! Cette édition a été une vraie réussite, tant par l’engagement des étudiants participants que les coachs et experts INSA qui ont été très nombreux. Cela démontre une volonté forte de la communauté insalienne à s’engager sur ces questions. Rendez-vous l’année prochaine pour une 3e édition qui nous permettra, je l’espère, de nous rassembler pour continuer de creuser encore de belles idées ! »
1 Sclack est un outil de communication collaboratif

Sciences & Société
Regards Croisés : « Science & Humanitaire »
Afterwork Handicap International & INSA
Comment les scientifiques peuvent-ils s'emparer des sujets de préoccupation de l'association Handicap International et contribuer à améliorer l'inclusion et les conditions de vie des personnes en situation de handicap, notamment dans les zones de conflit ? Un thème abordé par deux spécialistes de la question.
Docteur Jean-Baptiste Richardier
Co-Fondateur de Handicap International
- Fondateur de l’institut HI pour l’Action Humanitaire
- Co-fondateur de la revue internationale Alternatives Humanitaires, artisan du mouvement international United Against Inhumanity (UAI)
Professeur Jérôme Chevalier
- Enseignant et chercheur à l’INSA en sciences des matériaux au service de la santé
- Directeur du laboratoire MATEIS (MATEriaux Ingenierie et Science)
- Membre de l’institut Universitaire de France
Un cocktail sera servi à la suite de cette rencontre
Informations complémentaires
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Bibliothèque Marie Curie de l'INSA Lyon - 33 av Jean Capelle, 69621 Villeurbanne Accès : Tram T1, arrêt « INSA-Einstein » / Tram T4, arrêt « La Doua - Gaston Berger »