
Entreprises
De Klaxit à BlaBlaCar : Julien Honnart, l’entrepreneur qui voulait relier les gens
Relier les gens : voici l’honorable point commun entre les télécommunications et le covoiturage, auquel Julien Honnart a consacré ses dix dernières années. Sortant de l’INSA Lyon, il créait Klaxit, startup spécialisée dans les trajets partagés domicile-travail. Onze ans après sa création, il revendait son entreprise à BlaBlaCar.
Aujourd’hui parrain de la filière Entreprendre@INSA, il souhaite faire désormais profiter ses cadets de son expérience. Anatomie d’un parcours d’entrepreneur, pavé de rencontres, d’apprentissage permanents, et de relations humaines.
Le feu créatif
L’informatique est un truc hérité de son père. Quand celui-ci lui lègue le premier ordinateur du foyer pour en acquérir le tout dernier modèle, c’est la révélation. Au début, Julien bricole, démonte, remonte l’appareil. De fil en aiguille, il découvre le potentiel créateur de l’informatique. Au lycée, il développe même avec un ami, le site internet de son établissement. « J’avais envie de créer, même si je n’étais pas forcément doué de mes dix doigts. L’informatique permet de fabriquer des choses que les gens utilisent pour résoudre des problèmes. Ça me faisait rêver », décrit-il.
Pourtant, celui qui a désormais vendu son entreprise à BlaBlaCar n’était pas le plus doué en maths. « Pour le bac S et poursuivre des études scientifiques : un vrai talon d'Achille ». Ainsi, il cravache pour obtenir la mention très bien. « J’ai toujours beaucoup bossé, sans réelles facilités pour être en tête de file. Cela m’a valu beaucoup de stress, notamment pour l’entrée à l’INSA Lyon ». Moins porté sur les aspects purement théoriques, néanmoins nécessaires aux études supérieures, il recherche l’expérimentation. Et le voyage à l’étranger, sa marotte de l’époque. Il suit ses deux premières années d’études d’ingénieur en double-diplôme, à Karlsruhe. « À ce moment-là, les Allemands sont plus en avance que nous sur deux aspects qui m’attirent particulièrement : la spécialisation dès la première année d’études d’ingé' et l’écologie ». Là-bas, il apprend le code et le langage Java. Il s’y rendra une seconde fois lors de sa scolarité, pour un stage à la Gazette de Berlin, un journal d’actualités fondé par des expatriés français. Au milieu de cette équipe de littéraires, le futur ingénieur sort du cadre. « Je suis surtout complètement inexpérimenté pour accomplir ma mission de remettre sur pied leur site internet ». Alors, dans la blancheur de l’hiver berlinois, il écume les ouvrages glanés à la bibliothèque du quartier ; un réflexe qu’il aura à maintes reprises lors de sa vie d’entrepreneur. Seul, il potasse l’épais livre pour apprendre ce qu’il ne sait pas encore.
Une première graine
Intégré au département Télécommunications en troisième année sur le campus de Villeurbanne, Julien Honnart se remémore le cours qui jettera les bases de Klaxit. « Ça s’appelait ‘projets innovants’, géré par Stéphane Frénot. Il nous fallait travailler en groupe autour d’un prototype et d’un business plan ». Un pur développement de projet entrepreneurial, le jargon en moins. Le début du Web 2.0, l’avènement des communautés et des réseaux sociaux font émerger nombre d’idées toutes aussi créatives que challengeantes. Dans l’émulation collective, le groupe dont fait partie Julien porte son intérêt sur l’automobile. « Pour moi, la voiture était un vieil objet et présentant un potentiel d’innovation en télécommunications assez faible. On voulait créer un boîtier pour relier le véhicule à internet, mais rien d’extraordinaire n’apparaissait ». La fulgurance arrive sans prévenir : « l’innovation était à trouver dans l’usage, et non dans la technologie elle-même ». Alors dans sa turne, de retour d’un brainstorming avec son groupe, l’étudiant liste les services qu’un tel boîtier pourrait rendre : entretien, diagnostic, assurance au kilomètre, écoconduite et déjà… La détection de la régularité des trajets pour favoriser le covoiturage. « Pour légitimer ce que nous faisions, nous avions contacté des alumni chez Renault. Les équipes R&D, qui travaillaient déjà sur le système R-Link, ont été piquées par notre idée de boîtier ». Au sortir du jury de présentation, l’un d’eux jette : « c’est une super idée. Il serait dommage d’arrêter ». L’entrepreneur se remémore : « À ce moment-là, il plante une graine très importante. »
Un stage dans la Silicon Valley
Comme une coïncidence déguisée, le premier semestre de sa cinquième année d’étude d’ingénieur mène Julien Honnart au cœur même de l’un des plus grands centres technologiques de la planète. Des prises de contact avec les quelques alumni insaliens établis aux États-Unis, aboutissent à un stage dans une petite entreprise de la Silicon Valley. L’ébullition et la créativité permanentes caractéristiques de la contrée font rêver le jeune étudiant. « On y parle de nouvelles innovations, partout et tout le temps ! »
L’entreprise d’accueil qui partage ses bureaux entre Grenoble et San Francisco, lui ouvre la porte d’un monde presque secret, réservé à l’élite technologique de l’époque. Armé d’un énième pavé de bibliothèque, il apprend un langage web en vogue avec lequel il codera la première version de Klaxit : Ruby on Rails. « Mes mentors, spécialistes des communautés du web et des réseaux sociaux, sont assez généreux. La vision du fondateur est très disruptive. Tout va très vite et je m’acclimate à ce monde. C’est une expérience intellectuelle incroyablement nourrissante ». Ainsi, l’idée du boîtier imaginé lors de ses cours fait son chemin. « Dans le métro, la moitié des gens avait un iPhone, le modèle 3G, le premier sur lequel on pouvait développer ses propres applications. À partir de là, je comprends : les Américains sont un peu en avance, mais notre boîtier, tout le monde l’aura dans la poche. Je rentre en France avec l’idée de développer une application mobile, et je candidate pour la Filière Ingénieur Entreprendre [désormais Filière Étudiant Entrepreneur]. »
Relier les gens : une mission de vie
Lorsque Julien Honnart revient sur les motivations à devenir un ingénieur en télécommunications, il évoque d’abord la complétude de la discipline, mais aussi le lien. « Les télécoms offrent une vision entière de la chaîne de l’information, de la production à sa transmission. Ce qui me motivait, c’était de comprendre comment on relie les gens, de bout en bout ». Un principe de base, commun au covoiturage. « Peut-être que c’est avant tout le potentiel de rencontre qui m’a attiré dans l’idée du covoiturage dont la promesse était : si l’unité de la rencontre est un trajet commun, cela permet de se mettre en relation avec des gens de tous horizons. »
Pourtant, l’entrepreneur expert de la mise en lien s’est souvent retrouvé seul, face à ses doutes. Lors du semestre à la FÉE, il s’entoure de camarades intéressés par le projet. L’idée originelle du boîtier de voiture devient une application de gestion des déplacements quotidiens : transports en commun, marche et alertes trafic. « Je suis à fond sur le sujet ; les autres un peu moins. Je n’ai jamais réussi à embarquer mes camarades avec moi, et cela transparaît au jury final. Plus qu’un regret, c’est que le projet ne marche pas ! » L’étudiant se retrouve, avec pour seules compagnonnes, des idées et une inextinguible soif d’entreprendre.
Pour autant, il ne baisse pas les bras. Diplômé ingénieur, il intègre HEC Entrepreneurs, peaufine son application de covoiturage avec une camarade de promo, qui s’éclipsera à la fin de l’année scolaire, et se lance « pour de vrai ». « Je dépose les statuts en 2012 et je code la première version du serveur de l’appli. Puis je recrute un stagiaire pour développer les deux applications mobiles. J’arrive à le recruter parce que je suis ingénieur. On s’enthousiasme sur un truc de geek : je parle la même langue et on se fait confiance ». La première version de l’application est publiée sur les stores. Elle permet aux 10 000 utilisateurs inscrits de s’organiser pour partager les frais de covoiturage. « Il y a peu d’utilisations et dans le même temps, Thomas, mon stagiaire, se fait débaucher par Google. J’essaie de m’associer avec lui, mais rien n’y fait. Je le comprends : à l’époque, il ne pouvait pas refuser pareille opportunité. Et je me retrouve à nouveau seul dans l’aventure. »
Dans le salon de sa coloc’ : les vrais débuts de Klaxit
L’application se concentre désormais sur les trajets domicile-travail. Submergé par les tâches commerciales et techniques, Julien part à la recherche d’un associé. « J’écume les forums, les évènements de matchmaking, et je rencontre Cyrille qui savait de quoi il parlait : il maîtrisait Ruby on Rails sur le bout des doigts ». Entre le salon de la colocation parisienne du jeune ingénieur-entrepreneur déguisée en bureau de fortune la journée et la vieille voiture du grand-père pour assurer les rendez-vous commerciaux, Klaxit ressemble de plus en plus à une petite entreprise. « On gagne quelques concours, on est soutenus par un fonds d’investissement, on est rentable et l’équipe grossit ! ». Jusqu’au succès commercial qui ferait presque oublier toutes les portes jusqu’alors claquées au nez. « On avait signé la moitié des boîtes du CAC40. Mais au milieu de notre bureau, l’écran qui comptabilisait les trajets réalisés ne dépassait pas les 300 déplacements par mois. C’était décevant : on voulait avoir de l’impact concret, et notre mission n’avait jamais été d’être un outil de greenwashing. »
Le lobbying : l’autre face de l’entrepreneuriat
Pour faire avancer la mission de Klaxit, s’ensuit alors un long travail avec les collectivités publiques. « Le covoiturage domicile-travail est particulièrement intéressant pour les zones périurbaines à faible densité et les collectivités se montraient réceptives à l’idée. Il a fallu plus de 2 ans pour faire évoluer la réglementation qui n’était pas de notre côté, et permettre de subventionner le covoiturage ». Il faut dire que l’entrepreneur est là au bon moment : dans les couloirs du ministère des Transports se dessinaient les contours de la Loi d’Orientation des Mobilité, la LOM. Conscient de la nécessité de faire avancer l’idée du covoiturage dans le débat public, Julien Honnart devient un interlocuteur privilégié, notamment lors des Assises des Mobilités, organisées par Élisabeth Borne alors ministre des Transports.
L’idée du covoiturage est bonne et facile. « Naturellement, nous n’étions pas seuls sur le marché. Nous avions même une vingtaine de concurrents ». En 2017, un concurrent frontal sort de terre : BlaBlaLines devenu BlaBlaCar Daily. Klaxit tient la barre, rachetant en 2019 iDVROOM, filiale de covoiturage de la SNCF et gagnant le premier marché public d’envergure sur le covoiturage à Nantes. « À partir de là, je me dis qu’on va peut-être faire quelque chose de notre boîte ». Et puis, naturellement, le géant français du covoiturage propose le rachat. Après plusieurs années de négociations, les 70 salariés de Klaxit intègrent BlaBlaCar début 2023. Klaxit devient BlaBlaCar Daily, l’application de covoiturage courte distance de BlaBlaCar. « Ils avaient ce qu’il nous manquait : la notoriété de marque et une énorme communauté d’utilisateurs. Nous avions de notre côté les clients entreprises et collectivités, ainsi que les équipes pour les gérer ». Après une courte transition de 9 mois au sein de BlaBlaCar Daily, Julien Honnart rend son badge et son ordinateur, l’esprit léger. Lui qui n’avait jamais goûté à cette liberté depuis ses études d’ingénieur. « Il y a trois raisons pour lesquelles je suis heureux de cette suite de l’histoire : BlaBlaCar va accélérer la mission que Klaxit poursuivait et la fusion a offert de nouvelles opportunités à l’équipe. Enfin, j’ai retrouvé une vie personnelle. Les dernières années ont été difficiles, avec une concurrence féroce, même après le rachat. Mon pot de départ n’a pas été triste. Je suis parti avec une énergie folle et une reconnaissance tellement grande qu’elle m’a tenue pendant longtemps. C’est le plus beau cadeau que mes équipes pouvaient me faire. »
Partager son expérience : le parrain d’Entreprendre@INSA
Sur son parcours, Julien Honnart reconnaît avec gratitude toutes les incitations à poursuivre vers l’entrepreneuriat. Du cours de Stéphane Frénot, à l’ingénieur de Renault en passant par ses mentors américains et son passage à HEC Entrepreneurs, ces encouragements ont participé à faire éclore ses ambitions ; un rôle qu’il souhaite jouer auprès de la génération suivante.
« À la fin de la transition chez BlaBlaCar, je ne suis pas parti en voyage six mois et je n’ai pas rejoint de nouveau projet entrepreneurial. J’ai repris contact avec l’écosystème entrepreneurial. Mon engagement principal aujourd’hui, c’est le give back : j’interviens à HEC Entrepreneurs et à l’INSA pour planter ces graines à mon tour ».
Parrain de la promotion 2024-2025 d’Entreprendre@INSA, Julien Honnart accompagne la promotion de futurs entrepreneurs insaliens. « Je vois de plus en plus d’ingénieurs qui veulent avoir de l’impact, qui sont très sensibles à l’écologie et aux problèmes de société. Ils ne veulent pas se contenter de faire de la technique. Je suis convaincu qu’il est plus facile de se lancer dans l’entrepreneuriat en sortie d’études, sans attaches ni peur de perdre. Alors oui, c’est un truc obsessionnel qui a un impact dans la vie personnelle, mais plus tard, la créativité diminue. Et puis, quand on est jeune, on ne passe jamais pour un idiot, car on est jeune ! C’est une aventure intense et une école de la vie incomparable. Enfin, soyons honnêtes, les ingénieurs n’auront jamais de problèmes d’employabilité. Si nous, qui sommes privilégiés, ne prenons pas des risques pour faire avancer le monde dans le bon sens, qui en prendra ? »
« Évènement en l’honneur des partenaires d’Entreprendre@INSA »
Le vendredi 14 mars, Entreprendre @INSA conviait ses partenaires privilégiés pour célébrer les étroites collaborations avec l’ensemble de l’écosystème entrepreneuriat-innovation du territoire. L’évènement a ainsi réuni autour des étudiants-entrepreneurs et des équipes pédagogiques : Julien Honnart, parrain 2025 d'Entreprendre @INSA, l’école IRIIG, le H7, le Centre de l’Entrepreneuriat de la ComUE (CELSE), La Fabrique de l’Innovation et le cabinet KESTIO, mettant en lumière la richesse et la complémentarité de chacun.


Formation
« L’INSA Lyon entend faire émerger plus de projets à impact avec Entreprendre@INSA »
Mob-Energy, OpenClassrooms, Kikleo…. Entre les murs de l’INSA Lyon sont nées de belles jeunes pousses, innovantes. Pendant plusieurs années, la Filière Étudiant Entreprendre a fait vivre l’esprit entrepreneurial insalien, accueillant une vingtaine d’étudiants par an. Aujourd’hui, Charly Jucquin, directeur du développement adjoint, en charge de l’entrepreneuriat et Apolline Collot, coordinatrice entrepreneuriat étudiant, travaillent à redéfinir cette dynamique avec « Entreprendre@INSA » : un programme ambitieux qui vise à démocratiser l’accès à l’entrepreneuriat au sein de l’école, et faire émerger des projets à impact.
Plus encore que d’encourager l’émergence de projets en réponse aux transitions sociétales, écologiques et technologique, l’ambition est de « développer la capacité des futurs ingénieurs à entreprendre et devenir acteurs de ces changements ». Une proposition qui trouve écho dans la pensée de Gaston Berger, dont la philosophie encourageait déjà à doter l’humain de la liberté de « façonner les futurs souhaitables ».
Depuis un an, vous travaillez à doter l’INSA Lyon d’une galaxie de dispositifs pour faire rayonner l’entrepreneuriat auprès des étudiants et permettre l’émergence de nouvelles idées. Comment cela se traduit-il ?
Apolline Collot : Nous sommes en train de finaliser la mise en place d’une « galaxie » d’offres et de dispositifs pour encourager et soutenir l’entrepreneuriat à l’INSA Lyon. Cela se traduit d’abord par une volonté d’acculturation de la communauté étudiante, avec un socle commun de formation pour tous les élèves-ingénieurs, une ambition élargie au Groupe INSA. Notre objectif est de développer l’entrepreneuriat pour tous, en dotant chaque étudiant des compétences et des capacités nécessaires pour entreprendre, avec la garantie d’un accompagnement personnalisé et sur mesure pour tous les porteurs de projets souhaitant se lancer dans l’aventure entrepreneuriale. L’entrepreneuriat à impact est l’axe fort de notre action. Nous voulons maximiser les chances de faire émerger des projets d’ingénierie et d’innovation qui adressent directement aux enjeux de transition sociétale et écologique. En projet également : une nouvelle offre vers des entrepreneurs externes, qui pourront compter sur la multitude de services déjà existante à l’INSA Lyon (hébergement, fabrication 3D, aide à la production de prototypes, laboratoires de recherche…), et que nous souhaiterions mettre en système.
Intégré dans l’écosystème lyonnais très riche, Entreprendre@INSA veut se spécialiser dans l’émergence de projets. Pour quelles raisons ?
Charly Jucquin : Entreprendre@INSA a choisi de se spécialiser dans l’émergence de projets pour plusieurs raisons. D’abord, il s’agit pour nous de nous mettre au service de cet écosystème en apportant une réelle valeur ajoutée. Plutôt que de multiplier les dispositifs d’incubation ou d’accélération, déjà nombreux sur le territoire, nous souhaitons nous concentrer sur l'identification de projets solides, qui adressent les enjeux de fond et qui ont un réel potentiel d'impact. Notre ambition est de devenir un fournisseur de projets pour cet écosystème, en agissant comme un relais entre nos étudiants et les acteurs externes.
C’est une démarche cohérente avec notre position en tant qu’école d’ingénieurs : nous disposons de la capacité à repérer et à former des talents, à travers un parcours complet qui va de l'initiation à l'accompagnement de projets prometteurs. Pour les étudiants, le dernier maillon de cette chaîne est la Filière Étudiant Entrepreneur (FÉE), accessible en 5ᵉ année. Elle s'adresse à ceux qui veulent débuter leur carrière comme entrepreneurs, et leur offre six mois à temps plein pour travailler sur des sujets à impact. Avec la FÉE Émergence, pour ceux qui n'ont pas encore d’idée et la FÉE Tremplin, pour ceux qui ont déjà un projet avancé.
À plus long terme, nous envisageons également de créer « un sas », en partenariat avec l’EM Lyon, qui excelle dans l'incubation. Ce sas pourrait accompagner le passage délicat entre le projet académique et la réalité du marché, un moment souvent critique.
Mais avant de trouver et d’identifier les pépites, il faut doter le plus grand nombre des étudiants de cette appétence à l’entreprise. Comment allez-vous procéder ?
AC : Pour faire émerger de jeunes entreprises innovantes, il est essentiel de travailler sur deux aspects : le volume et la qualification. Cette première étape d’introduction à l’esprit d’entreprise pour tous les étudiants en FIMI (Formation Initiale aux Métiers de l'Ingénieur) permettra à chacun de découvrir ce qu’est l’entrepreneuriat et d’en comprendre la philosophie et les enjeux.
Ensuite, certains élèves auront envie d’aller plus loin. Ils seront accompagnés par une série de dispositifs qui leur permettront, dès la 3ᵉ année, d’approfondir leurs connaissances en entrepreneuriat, tout en poursuivant leur parcours académique en département de spécialité. Ils auront alors le choix de travailler sur des projets fictifs, à visée pédagogique (Campus Création) ou sur des projets réels (ExplorLab), en fonction de leurs aspirations et de leurs ambitions. Ces différents parcours participeront grandement à repérer des « pépites », poussées par des porteurs de projets avec des idées à impact prometteuses.
Au sein d’une école d’ingénieurs, pourquoi est-il nécessaire de s’attarder sur l’entrepreneuriat ?
CJ : Puisque nous formons des ingénieurs, il est naturel que les solutions qu'ils apportent aient un ADN d’ingénierie et d’innovation. D’abord, parce que les bases en management de l’innovation sont un prérequis attendu par les standards de la profession. Ensuite, parce qu’un ingénieur, lorsqu’il trouve une solution à un problème, propose généralement des réponses astucieuses, intelligentes et puissantes. La question qui se pose alors est celle de la diffusion de ces solutions : comment les rendre accessibles à un large public ? Et la compétence entrepreneuriale répond à cette question. Elle permet de déployer ces solutions de manière massive, que ce soit au sein d’une entreprise, d’une association, d’une ONG, d’une politique publique ou d’une start-up. L’objectif, pour qu’elles soient efficaces, est de diffuser largement ces innovations, quel que soit le cadre juridique choisi. Enfin, ce que nous cherchons à promouvoir, c’est avant tout l’esprit d’entreprendre : une capacité d’action qui ne se résume pas à la recherche de profit, mais à la volonté de transformer les idées en réalité, pour répondre aux défis de notre société.
Selon vous, l’entrepreneuriat revêt plusieurs « pouvoirs », dont une idée qui était chère à Gaston Berger, le fondateur de l’INSA Lyon : « doter l’humain de la liberté de façonner les futurs souhaitables ». Pouvez-vous l’expliquer ?
CJ : Nous évoluons aujourd’hui dans un environnement incertain, volatil et en perpétuelle mutation. L’entrepreneuriat se distingue par sa capacité à tester rapidement, en grand nombre, des solutions multiples et variées, un peu comme une « sélection naturelle » en temps réel. C’est grâce à cette stratégie d’essaimage et de tests rapides que les innovations les plus pertinentes émergent et peuvent véritablement se développer et avoir un impact. Plutôt que de miser sur des plans à long terme qui risquent de devenir obsolètes face aux crises et aux bouleversements, l’entrepreneuriat permet de privilégier des solutions plus petites et adaptées, qui peuvent grandir et se transformer au fil du temps.
Cependant, il est important de préciser que l’entrepreneuriat que nous prônons ici est différent du modèle souvent associé à la Silicon Valley, où l'objectif principal est la création d'entreprise pour générer du profit. Dès le premier jour, nous enseignons une autre approche : « trouvez un problème et résolvez-le ». Cela va bien au-delà de la simple création d'une entreprise à but lucratif.
AC : Le mot « entrepreneuriat » est un terme galvaudé, qui peut parfois effrayer. Cependant, il est intéressant de rappeler, notamment aux élèves-ingénieurs, que l’entrepreneuriat peut prendre de nombreuses formes juridiques comme celle d’une association par exemple. Tant qu’il y aura des défis à relever, il y aura des entrepreneurs pour y apporter des réponses et cette dimension de l’entrepreneuriat incarne une véritable liberté. Dans le monde actuel, de nombreux jeunes entrepreneurs jouent un rôle de plus en plus influent, parfois même au sein de structures de lobbying. Ils démontrent que l’entrepreneuriat est avant tout une capacité à façonner son propre avenir. Bien sûr, l’argent reste un élément essentiel, le carburant qui permet de déployer un projet et de maximiser son impact. Mais au-delà de ce modèle économique et d’un choix de forme juridique, c’est la volonté de résoudre des problèmes et d’apporter des solutions concrètes qui sont au cœur de la démarche entrepreneuriale !
Vous êtes élève-ingénieur à l’INSA Lyon et l’entrepreneuriat vous intéresse ?
Découvrez l’offre d’Entreprendre@INSA en bref :
À partir de la 2ᵉ année : « S’initier à l’esprit d’entreprendre » (parcours obligatoire dès le printemps 2025)
• Séminaire « L’Odyssée des idées : Initiation à l’esprit d’entreprendre » (FIMI2)
• Tables rondes « jeunes entrepreneurs » (3A)
• Soirée évènement Entrepreneuriat Groupe INSA (pour tous)
À partir de la 3ᵉ année : « Accueillir, orienter, accompagner et soutenir tout étudiant à vocation entrepreneuriale »
• Programmes ouverts à tout étudiant avec ou sans idée, quel que soit le degré de maturité du porteur ou du projet
• Campus Création : création d’un projet fictif pour découvrir les rouages de l’entrepreneuriat et monter un projet innovant avec des étudiants d’autres cursus à Lyon
• ExplorLab : programme dédié à l’exploration, la création et au développement de son propre projet entrepreneurial
En 5ᵉ année : « Se donner les moyens de démarrer sa carrière en tant qu’entrepreneur »
• Possibilité d’investir 6 mois sur son projet avec ou sans idée initiale, quel que soit le degré de maturité du porteur ou du projet
• Nouvelle Filière Étudiant Entrepreneurs (FÉE), « Émergence » ou « Tremplin » avec le concept unique du « Synchrotron créatif » en phase d’émergence
• PFE entrepreneurial : PFE réalisé dans son entreprise si le projet et le porteur sont assez matures, associé ou non à une incubation chez un partenaire de l’écosystème.

Sciences & Société
Deeptech Tour Lyon
Pour sa troisième édition, le Deeptech Tour fait étape à Lyon pour mettre les projecteurs sur la deeptech.
Cette tournée s’inscrit dans le cadre du plan deeptech de l’Etat opéré par Bpifrance, qui vise à faire émerger 500 startups des laboratoires de recherche chaque année et en faire les leaders technologiques de demain. Elle met à l'honneur les forces vives de la deeptech au sein des pôles académiques, là où commence l’aventure pour faire émerger des technologies de rupture à fort impact.
Entrepreneurs, étudiants, chercheurs, doctorants, accompagnateurs et autres acteurs de l’innovation : la deeptech, c’est vous !
C’est vous qui façonnez ces startups hautement technologiques qui innovent pour changer notre société, nos modes de vie, de consommation, d’alimentation et ainsi transformer notre quotidien, nos industries et notre impact environnemental.
Au programme : présentation de l’écosystème, session de pitchs, témoignages inspirants, démonstrations de startups deeptech, cocktail - networking...
Informations complémentaires
- https://evenements.bpifrance.fr/deeptechtour2023-2024/registration/deeptech-tour-lyon-inscription
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Campus LyonTech-La Doua - Bâtiment Irène Joliot Curie - 1 rue Enrico Fermi - Villeurbanne
Derniers évènements
Ateliers danse avec la Cie MF
Les 15 et 22 mai 2025
INSA Lyon
Journée portes ouvertes // Incubateur La Doua
L’incubateur La Doua ouvre ses portes aux étudiants du Campus LyonTech-la Doua
Vous êtes étudiant et intéressé par le thématique de l'entrepreneuriat ?
L'incubateur La Doua vous accueille le 7 octobre prochain afin de vous présenter le lieu et son fonctionnement autour de l'accompagnement de projets entrepreneuriaux. Ce sera aussi l'occasion de voir comment les startups sont accompagnées concrètement dans leur phase de lancement voir de développement.
Informations complémentaires
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Maison du projet - Campus LyonTech-la Doua, 24 avenue Gaston Berger, 69100 Villeurbanne
Mots clés
Derniers évènements
Ateliers danse avec la Cie MF
Les 15 et 22 mai 2025
Sciences & Société
Deeptech Tour, la tournée des campus.
Le Deeptech Tour met les projecteurs sur la Deeptech : des startups hautement technologiques qui façonnent le monde de demain, souvent issues de long travaux de recherche qui aboutissent sur une idée, une technologie qui changera notre quotidien.
- Vous êtes chercheur et vous vous demandez comment donner davantage d’impact à vos travaux de recherche ?
- Vous êtes doctorant et vous posez des questions sur l’après et sur votre employabilité ?
- Vous êtes étudiant et souhaitez découvrir de nouvelles opportunités pour votre cursus et votre future carrière ?
Rejoignez le Deeptech Tour pour comprendre comment les projets Deeptech valorisent vos publications et votre thèse, comment les liens se tissent entre startup et monde de la recherche et comment vous lancer dans l’entrepreneuriat ; si cela vous tente.
Derrière chaque startup Deeptech, il y a des individus qui étaient à votre place avant de se lancer. Ils et elles sont chercheurs, doctorants, étudiants ou entrepreneurs et ils ont décidé de valoriser leur travaux différemment. Venez les rencontrer, ils partageront avec vous leur histoire, leur parcours et leur passion.
Au programme :
- Des tables rondes dont les maîtres mots sont concrets et actionnables
- Des retours d’expériences inspirationnels de personnes de ceux qui l’ont fait
- Des workshops en petits comités privilégiant l’échange et les interactions
- Des rencontres qui pourraient changer les choses
Informations complémentaires
- https://evenements.bpifrance.fr/deeptechtour2021-lyon
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Campus LyonTech-La Doua - Agora de la Rotonde des humanités - 16 avenue des arts - 69100 Villeurbanne
Derniers évènements
Ateliers danse avec la Cie MF
Les 15 et 22 mai 2025
Vie de campus
Mob-Energy : la start-up INSA qui met les gaz
L'histoire de Mob-energy débute en 2013, au 5e étage de la résidence B sur le campus de l’INSA Lyon. Salim rencontre Ilyass, alors tous deux étudiants en première année d’études d’ingénieur. Les mois passent et l’amitié entre les deux étudiants s’affirme. Lorsqu’en 2016 est organisé un concours d’innovation par Volvo Renault Trucks, ils s’interrogent ensemble : comment pallier les problématiques de rechargement des voitures électriques, de plus en plus nombreuses ?
À cette époque, Salim El Houat et Ilyass Haddout sont en 4e année de génie industriel et génie mécanique et développement. Quelques mois plus tard, le concept est né : un robot-batterie qui se connecte automatiquement au véhicule, éliminant toute problématique de construction de points de recharge fixes et sans mobiliser de places de parking. Baptisé « Bolt », la conception du robot évolue encore, soutenue par l’arrivée de Maxime Roy dans l’équipe, alors étudiant en génie industriel. « Bien que nous n’avions pas gagné le concours organisé par Volvo, nous avions gagné un nouvel associé et repartions avec la conviction que la problématique posée par le rechargement des véhicules électriques était pertinente. Dès notre rentrée en 5e année, nous avions rejoint la Filière Étudiant Entreprendre l’INSA Lyon pour monter notre entreprise et affiner la solution », se souvient Salim El Houat, désormais diplômé de l’INSA Lyon.
Durant un an, l’équipe s’efforce de poser les bases de la start-up. En juin 2018, les trois amis reçoivent un premier financement de la Fondation INSA Lyon, permettant de réaliser le premier prototype. Le campus était devenu leur laboratoire d’expérimentation : « Pour réaliser nos tests, nous avons eu la chance de bénéficier de véhicules électriques ou d’outils de mesure électroniques et surtout, des compétences des laboratoires nous environnant. Le laboratoire DISP avait par exemple lancé un groupe de travail avec des étudiants de l’INSA sur la gestion du traitement des commandes de recharge, le laboratoire Ampere nous a aidé à la conception de l’architecture et la programmation du robot et le CITI à la navigation autonome de Bolt. L’environnement insalien a grandement participé à la germination de nos idées, et d’ailleurs, même nos bureaux sont aujourd’hui sur le campus, dans les locaux du CEI d'Insavalor ! », explique Salim.
Aujourd’hui, si le temps de la K-Ffêt et de la vie étudiante n'est pourtant pas si lointain pour les trois entrepreneurs, les voilà lancés dans une folle aventure, à la manœuvre d’une entreprise employant déjà 11 collaborateurs. Désormais respectivement CEO1, CTO2 et COO3, Salim, Ilyass et Maxime travaillent aujourd’hui à la recharge électrique de demain. « À l’heure où nous parlons beaucoup de mobilité électrique face au contexte écologique grave, nous pensons que la démocratisation de ce type de véhicules ne sera réellement possible que lorsque les enjeux de la recharge seront élucidés. Avec Mob-Energy, nous apportons une solution aux trois parties prenantes : les électromobilistes, qui peinent à trouver des prises de recharge en ville ; les acteurs du parking, élus un peu malgré eux comme support de la mobilité électrique ; et les acteurs de l’énergie, faisant face à l’augmentation de la demande. Depuis Bolt, notre prototype a évolué en même temps que nous travaillions avec des professionnels du parking, un monde qui, en théorie, reste en inadéquation avec les services de recharge qui exige que les usagers libèrent la borne - et donc la place de parking - une fois la recharge terminée. Pour réconcilier ces deux mondes, nous proposons un robot autonome qui, une fois installé sur un parking, stocke de l’énergie et se déplace de manière autonome jusqu’aux véhicules ayant commandé une recharge. Il se connecte et se déconnecte automatiquement via un module, un petit boîtier que l’utilisateur pose au sol avant de laisser sa voiture en stationnement », poursuit le CEO de la start-up.
Efficacité du service variable selon les véhicules et les usages présents sur site ; sécurité face à un robot capable de se déplacer de façon autonome ; modèle économique à prouver… Si le robot « Bolt » avait été expérimenté sur les parkings du campus de l’INSA Lyon, son grand frère dénommé « Charles », doit aujourd’hui arpenter les sols enrobés des parkings citadins lyonnais et parisiens pour affirmer ses performances. « Bolt était un robot plat qui se plaçait directement sous la voiture pour la recharger. Mais nous nous sommes rapidement rendus compte que cette solution nécessitait de lever des verrous d'usages et technologiques qui allaient ralentir la mise sur le marché du produit. Charles, le petit dernier, a été imaginé en collaboration avec des designers, des usagers et des gestionnaires de parkings. Il vient se connecter à l’arrière du véhicule, et non plus en dessous. Il est désormais visible de loin car il est à hauteur de pare-brise. D’ailleurs, peut-être que demain, il pourrait assurer une mission de télésurveillance. C’est autant d’opportunités à creuser ! », dit Salim.
Et saisir des opportunités, c’est ce que va permettre le Fonds Pertinence Invest 2 à la jeune start-up. « Nous avons récemment réussi à obtenir une importante levée de fonds d’amorçage de la part de Sofimac Innovation, une société de gestion dédiée à l’investissement technologique dont la filiale de valorisation de l’INSA est partenaire. Nous avons pris pour habitude de travailler très étroitement avec Insavalor qui a assuré le lien avec ces partenaires avec lesquels nous partageons un alignement d’intérêts et de valeurs certain. Cette somme, 2,1 millions d’euros, va nous permettre d’aborder les premiers déploiements de notre solution. Nous sommes les premiers soutenus par ce nouveau fond, Pertinence Invest 2, et c’est très gratifiant. Ces encouragements sont indispensables pour nous, jeune entreprise, pour aborder la suite », ajoute le CEO de Mob-energy.
Adossée au marché de l’automobile aujourd’hui bouleversé par la crise du Covid-19, la start-up insalienne ne se laisse pas abattre. Pour Salim El Houat, deux indicateurs sont à prendre en compte : d’un côté le monde du transport en ville qui se transforme avec des logiques de véhicules partagés et moyens de locomotions doux. De l’autre, la voiture électrique qui reste une formidable opportunité pour la décarbonation de transport routier léger. « Malgré la crise sanitaire, nous abordons la suite des opérations avec une certaine confiance. Le secteur automobile électrique présente de belles perspectives, ce qui nous donne des raisons de croire que nous sommes sur la bonne route. Après nos expérimentations et la fin de la R&D, nous passerons à l’étape de la commercialisation et de l’industrialisation. Au sein de l’équipe, nous nous donnons 18 mois pour faire certifier notre produit, qui aura sûrement évolué en fonction des problématiques soulevées par nos clients suite aux expérimentations in situ. Et si d’ici fin 2021 l’objectif n’est pas atteint, nous sortirons notre casquette d’entrepreneur, et nous trouverons des solutions. L’aventure a commencé avec la philosophie insalienne : toujours remettre en question les acquis et ne jamais rompre le lien avec notre écosystème. Covid ou pas, nous trouverons une manière de nous insérer sur le marché ! », conclut le diplômé de Génie Industriel, confiant.
Mob-Energy est une start-up française qui développe une nouvelle solution en réponse à l’une des problématiques de la mobilité : l’accès à la recharge, les solutions existantes étant contraignantes pour les usagers et les gestionnaires de parking. Leur mission est d’accélérer la révolution électrique en rendant accessible et pratique la recharge des véhicules électriques, grâce à des robots-chargeurs. Mob-energy propose également un outil de simulation et de solutions de recharges « ME analytics » qui permet de simuler les solutions envisagées sur le site, préciser les coûts et analyser les taux d’efficacité.
1 Chief Executive Officer, directeur général
2 Chief Technical Officer, directeur des nouvelles technologies
3 Chief Operating Officer, directeur d’exploitation

Entreprises
Chapelle Tech : votre espace de travail entièrement dans le Cloud
Travailler depuis n’importe quel poste de travail dans son entreprise ou chez soi, en ayant accès à tous ses documents et applications ? Certains en rêvent et d’autres le font ! Augustin Gaillot, ingénieur diplômé du département Informatique de l’INSA Lyon, et son cousin Félix Perreau, diplômé de l’ESSEC (Cergy-Pontoise), ont imaginé une solution pour les entreprises en créant un parc informatique clé-en-main sur le Cloud. Explications.
Le Cloud pour bureau informatique, c’est donc possible ?
Oui ! C’est ce que nous proposons aux PME aujourd’hui : une solution de parc informatique dans le Cloud accessible à tous les employés depuis n’importe quel poste de travail. On propose l’accessibilité technique et financière aux clients qui n’ont plus qu’à adapter leurs besoins de manière autonome. Tout est automatisé et nous sommes joignables tout le temps si besoin.
C’est une révolution dans le monde du travail ! Comment est née l’idée ?
Quand j’étais encore étudiant à l’INSA ! Avec mon cousin, on refaisait souvent le monde au cours de nos discussions et on avait d’abord imaginé qu’on pourrait avoir le contenu d’un téléphone dans le Cloud. Mais comme la couverture réseau en France est affreuse, on a laissé tomber l’idée ! Et puis, on a pensé à l’intérêt d’avoir accès au contenu de son ordinateur partout, tout le temps. On était très inspiré par le Shadow, un ordinateur dans le Cloud pour jeux vidéo ! On a voulu appliquer le principe au monde professionnel en développant une infrastructure complète et favoriser le nomadisme du professionnel. On a travaillé sur le côté simplicité de l’intégration et fluidité de l’expérience pour que l’accessibilité aux entreprises soit très facile et légère. Plus de portes physiques pour travailler ! Notre vision à long terme est de développer une solution Cloud complète avec un compte pour se connecter à n’importe quel outil n’importe où dans le monde.
Grâce à votre projet, vous venez d’intégrer Station F, le plus grand campus de start-up au monde, basé à Paris dans la Halle Freyssinet. Comment vous sentez-vous ?
On n’en revient toujours pas ! On a créé Chapelle tech en décembre 2018 alors que j’étais à l’INSA, étudiant de la Filière Étudiant Entreprendre. On passe l’été 2019 à Lyon, en travaillant sur le projet avec un élève-ingénieur stagiaire du département IF et fin septembre, alors que mon cousin faisait sa rentrée en dernière année sous le statut étudiant entrepreneur, on apprend que le dossier que nous avions déposé est présélectionné pour nous permettre d’intégrer la Station F. Il n’y a que trente places ! C’est la Providence ! C’est aussi ça, l’entrepreneuriat, parfois, on a de la chance !
Où en êtes-vous dans votre projet ?
Nous avons embauché un développeur sénior à temps partiel avec 40 ans d’expérience dans les technologies qui nous concernent et on vient de recruter un développeur en CDI à temps plein. L’objectif est de développer une solution complète pour quatre ou cinq clients et optimiser l’intégration du parc informatique. C’est un produit très technique pour lequel j’ai dû apprendre tous les langages. C’est colossal et c’est grâce à mon parcours à l’INSA que j’ai pu gérer jusque-là tout seul. Quand j’étais étudiant en 4e année, je suis parti neuf mois à l’université de Tokyo pendant lesquels j’ai travaillé en recherche sur l’intelligence artificielle. J’ai aussi travaillé à temps partiel dans la société LGCE que deux autres INSA ont créé en 2013, Élies Guiheneuf et Loïc Leguille, qui propose des services d'expertise et d'accompagnement de projets touchants aux systèmes d'information, d'amélioration des processus, et de valorisation des données. Cela m’a permis d’aller chercher des compétences que j’utilise aujourd’hui dans mon job. Élies et Loïc nous ont par la suite beaucoup aidés, et ils continuent.
Aujourd’hui, nous préparons une levée de fonds auprès de business angels et de fonds d’investissement, dans l’optique de pouvoir embaucher une dizaine d’employés d’ici fin 2020, issus de tous les corps de métier de l’informatique. Autre objectif : réduire l’impact sur l’environnement de nos solutions, qui consomment déjà 20% d’électricité de moins qu’un parc informatique classique. On va s’atteler à développer le data center le plus autonome en énergie et le moins émetteur de gaz à effets de serre possible !

Entreprises
Lolo Paris : ingénieures INSA, elles réinventent la lingerie
Métier d’orfèvre, la corsetterie habille ce que les femmes ont de plus précieux. Si au 19e siècle, la lingerie remplissait un rôle émancipateur et accompagnait la jeune fille dans toutes les étapes de sa vie de femme, aujourd’hui, il n’en est plus rien du trousseau unique brodé d’initiales. La femme peut acheter ses dessous au supermarché et à bas prix. Avec un marché mondial de 99 milliards d’euros1, l’impact environnemental de l’industrie de la lingerie n’est pas anecdotique : production textile et pesticides, rejets de polluants dans l’air et l’eau, surproduction... Océane Brière et Mélissa Zitouni, deux ingénieures diplômées du département Génie Industriel de l'INSA Lyon se sont lancées le défi de proposer aux femmes des sous-vêtements respectueux de leurs corps et de la planète. Rencontre.
Se lancer
L’histoire de Lolo Paris débute en 2014, lorsque les deux ingénieures, alors étudiantes à l’INSA Lyon, se rencontrent. Des stages et expériences professionnelles en start-up digitales donnent ensuite le goût de l’entrepreneuriat aux deux jeunes femmes.
« Nous avons toutes les deux ressenti le besoin de mettre notre énergie au service de causes qui nous importaient personnellement. Pour moi, l’environnement. Pour Mélissa, la cause féminine », dit Océane.
Viser large
Lorsqu’il s’agit de choisir ses vêtements et ses sous-vêtements, la femme se heurte à la problématique de la standardisation des tailles. En matière de lingerie, le système actuel propose seulement une vingtaine de tailles différentes. Lolo Paris en propose le triple.
« Au-delà de l’inconfort qu’une taille non-adaptée peut impliquer, la standardisation des tailles sous-entend une certaine forme de normalisation du corps féminin. C’est pourquoi nous proposons de la lingerie sur-mesure. Après avoir passé commande sur le site internet, la cliente reçoit un tutoriel vidéo qui lui permet de prendre ses mesures très simplement, à l’aide d’un mètre-ruban. L’algorithme que nous avons développé permet de déterminer la taille la plus adéquate parmi toutes celles proposées. Et si aucune de nos 57 tailles ne lui convient, nous la développons pour elle », explique Mélissa.
Viser juste
Une production sur-mesure à la demande qui accompagne une démarche écologique.
« Le sur-mesure évite les déchets, véritable fléau dans l’industrie de la mode. Travailler en flux tiré nous permet de nous concentrer sur les matières premières que nous sélectionnons soigneusement. La dentelle que nous utilisons est fabriquée en Italie pour limiter les impacts du transport et est entièrement fabriquée à partir de fibres recyclées. Ne vous fiez pas au mot « recyclé », elle est très douce ! », poursuit Océane.
Prendre le temps
Spécialistes des systèmes de production, les deux ingénieures ont dû inventer le leur. Pour cela, elles se sont entourées de professionnels corsetiers. « La lingerie est un domaine très technique. Pour fabriquer un soutien-gorge, il faut près de 20 étapes. Notre expertise en matière de production nous permet d’avoir une vision globale et choisir nos partenaires avec confiance. Nous ne voulons pas d’une explosion fulgurante et nous prendrons le temps de développer un à deux nouveaux modèles par an au maximum. Car le surchoix est aussi le problème de l’industrie de la mode aujourd’hui, auquel nous voudrions palier avec notre entreprise », concluent les cofondatrices de Lolo Paris.
Pour amorcer la production, l’entreprise digitale a lancé une campagne de précommande via une plateforme de crowdfunding. Les 1000 premières préventes ont permis l’achat des matières premières et le lancement de la collection.
1 Soit 110 milliards de dollars en 2014, par Euromonitor

Formation
L’innovation selon le département Télécommunications de l'INSA Lyon
L’un des axes de la formation dispensée à l’INSA Lyon est de favoriser l'ouverture d’esprit et la créativité des étudiants. Dans ce cadre, le département Télécommunications, Services et Usages (TC) a mis au point, depuis plus de 15 ans, les « Projets Innovants ». Les élèves sont stimulés pour inventer une solution qui répond à une problématique de société en exploitant leurs compétences : développement d’applications, robotique, intelligence artificielle, internet des objets (IoT), etc. Rencontre avec Stéphane Frénot, Directeur du département et fondateur de ce cours ainsi que Florian Nebout, diplômé INSA TC 2010.
Comment permettre aux élèves de développer leur créativité et les faire penser « out of the box » ? L’équipe enseignante du département TC a mis en place un cours sur l'innovation sous forme de gestion de projets. Les groupes, de trois à quatre élèves, travaillent ensemble sur une innovation de leur choix, concrète et réalisable. Ils ne sont volontairement soumis à aucune contraintes technologique ou financière, pour s’approprier au mieux les sujets et dépasser les limites qu’ils se posent traditionnellement.
En 2009, Florian Nebout, ancien élève du département TC et actuellement ingénieur expert en robotique chez Awabot, avait travaillé sur un projet d’écrans connectés, Ambiavoice. Il garde un très bon souvenir de ce projet : « je me souviens avoir particulièrement apprécié travailler sur un domaine innovant car je voyais une application concrète de mes connaissances et de mon travail. À l’époque, imaginer un écran de télévision qui s’adapte aux utilisateurs était vraiment révolutionnaire. On était à mi-chemin entre une smart TV et un assistant vocal. Ces projets m’ont permis d’avoir une vision sur des sujets dont nous ne parlions pas jusqu’à présent et qui sont très importants pour le monde professionnel : démarche d’innovation, marketing, finance, management. Ça nous apporte de bonnes connaissances de tout ce qui est important pour un lancement de projet réussi ! ».
Guidé par un binôme de tuteurs pluridisciplinaires, composé d'un enseignant technique et un enseignant des Humanités, ce projet permet d’évaluer les compétences des étudiants en ingénierie et en gestion de projet.
« Depuis 2 ans, nous avons organisé les projets innovants lors de la cinquième année de formation. En effet, les élèves ont quasiment terminé leur cursus et possèdent de solides compétences d'ingénieur. Ils peuvent s’ils le souhaitent, à la suite du projet, se lancer dans la réalisation concrète d’une start-up, en intégrant par exemple la Filière Étudiant Entreprendre (FEE). Julien Honnart, fondateur de Klaxit, l’application mobile de covoiturage domicile-travail, a par exemple, intégré la FEE à la suite de son parcours en Télécom », précise Stéphane Frénot.
À la découverte de la méthodologie « Lean Start-up »
Les élèves-ingénieurs développent une innovation en suivant une méthodologie de travail applicable dans leur vie future, le Lean Start-up. Ce concept, conçu par Éric Ries, permet une approche innovante pour lancer un produit sur un marché ou développer une activité économique. L’objectif est de réaliser un produit, mesurer les retours d’expérience des utilisateurs, et l’améliorer pour qu'il satisfasse au mieux les consommateurs. Les élèves sont formés à cette méthodologie de création de projet en utilisant les trois étapes clés : construire / mesurer / apprendre. « Au niveau même du département Télécom, nous utilisons le Lean Start-up pour améliorer les projets innovants. Nous avons construit le concept de ce cours, nous avons mesuré son impact et sa réalisation en demandant des retours d’expériences aux élèves et nous le réadaptons. Par exemple, nous avons remarqué que la phase de démarrage doit être plus longue pour que les élèves aient plus le temps d’approfondir leur sujet », commente Stéphane Frénot.
Le rythme est intense pour les élèves. Tous les quinze jours, les groupes doivent présenter un point d’étape pour valider leur sujet : « Je me souviens des nombreux rendus qui prenaient des formes vraiment variées : vidéos, infographies, dossiers, pitch… On s’est formé sur des outils dont on n’avait pas l’habitude de se servir et on a appris à gérer notre stress lors de nos prises de parole. De plus, travailler au sein d’un groupe composé de personnalités et cultures différentes était très formateur. On s’est heurté à quelques difficultés de gestion d’équipe et de projets, mais ça représente assez bien la réalité de l’entreprise. Aujourd’hui, avec du recul, je me rends compte que ce projet a développé chez moi un vrai goût pour le domaine de l'innovation ! », conclut Florian Nebout.
Cette année, SPIE ICS, signataire d'une chaire d’enseignement et de recherche dédiée à l’Internet des objets (IoT) avec l’INSA Lyon, a décidé de primer un projet innovant remarquable. Parmi 15 projets, quatre ont retenu l'attention :
- Mon Petit Recycleur, une caméra analyse en temps réel les déchets des plateaux de cantine sur les tapis roulants et indique le bac de tri adéquat. L’objectif est double : apprendre aux utilisateurs à mieux trier leurs déchets et permettre aux restaurants de dresser des statistiques des déchets produits pour s'adapter à la demande.
- Fitness Plus, une solution qui vise à mettre en place un coaching personnalisé ou des programmes de sport à la carte grâce à la détection de mouvement et l’analyse d’image des utilisateurs.
- Treen, une solution d’aide au tri sélectif, adaptée aux différents produits et régions. Après avoir scanné le code barre du produit, Treen se charge d’indiquer comment le trier.
- Stormy, un système de gestion des stocks et d’organisation du rangement pour un usage domestique ou professionnel.
Fin janvier, suite à une ultime présentation, c’est l’équipe de Fitness Plus qui s’est vu remettre le prix « coup de cœur SPIE ICS ». Une reconnaissance pour ces futurs diplômés qui pourront, s’ils le souhaitent, concrétiser ce projet et l’incuber dans la Filière Étudiant Entreprendre.
Pour accéder à l’ensemble des projets en ligne, rendez-vous sur Jumplyn.