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« La parité n’est pas encore atteinte mais nous menons des actions pour valoriser les carrières scientifiques »
Marie Curie, Ada Lovelace, Émilie du Châtelet, Eunice Foote, Katherine Johnson ou Rosalind Franklin… Ces grandes figures ont contribué dans leurs domaines respectifs, à faire avancer la connaissance scientifique. Les femmes scientifiques ayant contribué aux grandes avancées de la science sont nombreuses. Pourtant, leurs noms résonnent peu dans la mémoire collective. Mais surtout leur place a été chaotique à prendre. La journée des droits des femmes le 8 mars dernier donne l’occasion de s’interroger sur l’évolution de la mixité dans les sciences et la recherche. Regards croisés avec la directrice de la Recherche et de la Valorisation, et quatre directrices de laboratoire de l'INSA Lyon.
« Il est plus facile de désagréger un atome qu'un préjugé ! »1
Les stéréotypes de genre ont la peau dure. Une étude menée par des scientifiques du Laboratoire de Psychologie Sociale et Cognitive (CNRS/Université Clermont Auvergne), du Laboratoire de Psychologie Cognitive (CNRS/Aix-Marseille Université), et de l’Université de British Columbia (Canada), en 2019, a démontré que le concept de science demeure beaucoup plus fortement associé au masculin qu’au féminin dans les esprits2. Ce biais automatique, déjà identifié dans la population générale, est aussi présent chez la plupart des scientifiques sans que les intéressés n’en aient forcément conscience. Est-ce dû à un manque de représentations culturelles ? Car avec le prisme recherche, on imagine tout de suite le savant fou avec ses cheveux blancs et sa barbe, ou désormais le geek ou le nerd pour les sciences qui ont trait à l’informatique. « Et pourtant, les politiques se sont emparés de ce sujet depuis plus de 20 ans. Une mission pour la parité en sciences et en technologie a été créée en France, la Commission européenne a donné des directives concernant la représentativité des femmes dans les hautes instances, les Nations Unies ont proclamé le 11 février comme Journée internationale des femmes et des filles de science afin de donner un espace médiatique et une visibilité aux femmes, la parité est devenue priorité du quinquennat du gouvernement… Cependant, beaucoup de choses se jouent au quotidien dans les familles où le rôle et la place de la femme sont souvent inscrits dans les non-dits » souligne Marie-Christine Baietto, Directrice de la Recherche et de la Valorisation à l’INSA Lyon. En retraçant la place des femmes dans les sciences tout au long de l’Histoire, on s’aperçoit qu’elles ont longtemps, comme pour tout ce qui a trait à la connaissance, été exclues3. « Exclues, spoliées ou effacées de leurs travaux ! Il y a d’ailleurs un terme pour cela : l’effet Matilda ! », commente Marie-Christine Baietto.
« L’esprit n’a point de sexe »4
Le temps de l’exclusion est pourtant révolu. Aujourd’hui, les jeunes femmes excellent dans leurs études. En 2021, la proportion de lauréates au baccalauréat est supérieure de dix points à celle des garçons5 avec un taux de 47 % de filles dans les études scientifiques6. À l'université, les femmes représentent 56 % des étudiants, mais seulement 31 % en sciences fondamentales. Toutes formations confondues, la part des femmes diplômées d'un titre d'ingénieur en 2020 est seulement de 28 % et en 10 ans cette part n’a progressé que de 2 points. En 2019, 39 % des enseignants-chercheurs titulaires dans la filière universitaire sont des femmes. Elles représentent 63 % des enseignants-chercheurs titulaires dans les disciplines des langues et littératures et seulement 19 % dans celles des sciences de l'ingénieur. En 2017, dans le domaine des mathématiques et de l'informatique, 15 % des chercheurs sont des femmes7.
« Les compétences et les qualités ne sont pas valorisées de la même manière selon que l’on soit une fille ou un garçon. De plus, les filles ont tendance à opérer leurs choix d’orientation sur des critères de responsabilité sociétale. Cela induit que les filles ont plus de difficultés à choisir des filières scientifiques qui sont plus caractérisées comme “masculine”. On constate que les jeunes femmes s’orientent plus vers des domaines qui ont trait au vivant : médecine, biologie, agronomie, vétérinaire. Les facultés de médecine et les grandes écoles d’agronomie ont actuellement des taux de filles supérieurs à ceux des garçons », explique Valérie Sartre, Professeure des Universités, Directrice du Centre d’Énergétique et de Thermique de Lyon (CETHIL). Ainsi, le choix d’orientation pour les jeunes femmes serait biaisé.
Chercheur recherche la parité
Et dans la recherche ? Dans la majorité des entités de recherche, scientifiques ou techniques, la part des femmes augmente significativement d'année en année. Et l’INSA Lyon n’est pas en reste : on estime à 32 % le nombre de femmes qui travaillent dans la recherche9. Mais les choses n’évoluent pas de la même manière dans toutes les branches scientifiques. « À mon arrivée en 1986 en tant que doctorante au LMC (laboratoire de mécanique des contacts, aujourd’hui le LaMCoS), nous étions deux doctorantes », se souvient Marie-Christine Baietto. « De mon côté, quand je suis arrivée au laboratoire, en 1990, nous étions trois femmes. Aujourd’hui, nous sommes quatre dans une équipe de 33 chercheurs », souligne Valérie Sartre pour le CETHIL. « Bien que les jeunes femmes soient bien représentées dans la population de nos doctorants (37 % en 2024), le nombre de chercheuses n’évolue quasiment pas dans notre laboratoire ».
« Au contraire, dans notre laboratoire, les choses évoluent », poursuit Federica Calevro, Directrice de Recherche INRAE et Directrice du laboratoire Biologie fonctionnelle, insectes et interactions (BF2i). « À mon arrivée au BF2i, en 2001, j’étais la seule maîtresse de conférences sur douze chercheurs et enseignants-chercheurs. Je suis aussi la première DR et Directrice d’Unité femme au BF2i en 64 ans d’existence. Aujourd’hui, nous sommes 4 femmes pour un total de 10 chercheurs et enseignants-chercheurs, et notre comité de direction compte trois femmes sur quatre membres. Je suis persuadée que le recrutement de femmes a un effet levier pour d’autres recrutements féminins ».
Au laboratoire Ingénierie des Matériaux Polymères (IMP) avec à sa tête Jannick Rumeau, la proportion de femmes chercheuses est de 29 % : « Aujourd'hui, ce sont 15 femmes sur les 51 chercheurs/enseignants chercheurs que compte le laboratoire. Et sur les 15 chercheuses-enseignantes et chercheuses, 7 sont professeur ou DR CNRS. Nous sommes maintenant 4 femmes professeurs, mais nous sommes restées 2 pendant très longtemps. Je suis bien sûr la première directrice de l'IMP et au comité de direction de l'IMP, nous sommes 3, dont deux femmes : j'ai un adjoint et une adjointe ».
« La parité n’est pas encore atteinte, mais nous menons des actions pour valoriser les carrières scientifiques. Il me semble important d’encourager les jeunes femmes à postuler sur des postes de professeur sans auto-censure, à se positionner sur des postes de responsable d’équipe, de directrice adjointe d’unité et de directrice d’unité. Une femme a toutes les qualités et compétences pour occuper ces fonctions. J’ai ainsi demandé, par exemple, de veiller à la parité quand cela est possible dans les équipes de direction des laboratoires de l’INSA Lyon. Nous essayons aussi grâce aux dispositifs récemment mis en place, la promotion locale, de promouvoir des femmes à des postes de professeures » formalise Marie-Christine Baietto.
Aujourd’hui, à l’INSA Lyon, nous comptons 4 Directrices d’Unité et 7 Directrices d’Unité Adjointes, soit 11 femmes à des postes de direction de laboratoires pour nos 22 laboratoires, et 26 responsables ou responsables adjointes d’équipes sur les 80 équipes composant ces laboratoires. « Il y a encore beaucoup à faire, néanmoins ces chiffres sont très positifs », commente Marie-Christine Baietto.
Échecs en Maths
« Lorsque j’ai commencé ma thèse, en 1995, j’ai beaucoup entendu dire à propos de la place des femmes dans la recherche en mathématiques “ça s’arrange“. J’ai pris cela comme un encouragement et j’ai trouvé que c’était positif. Malheureusement, le constat, presque 30 ans plus tard, est que la situation n'évolue que très lentement, trop lentement », nous fait part Véronique Maume-Deschamps, Directrice de l'Institut Camille Jordan. Le pourcentage de femmes professeures des universités en mathématiques est passé de 11 % en 2013 à 13,5 % en 2021 ; celui des femmes maîtresses de conférences en mathématiques de 26,6 % en 2023 à 27,5 % en 2021. La situation est même critique en « mathématiques fondamentales » où la proportion de femmes est passée de 6,7 % en 2013 à 6,5 % en 2020 et 7,2 % en 2021. Pourtant, depuis 30 ans, de nombreuses actions ont été menées10.
« Nous devons reconnaître qu’elles n’ont pas produit leurs effets. Sans une très forte volonté politique, je crains que dans 20 ans, nous fassions le même constat. Il faut d’abord « aller chercher les femmes » : solliciter des candidatures féminines, les encourager à faire des thèses de mathématiques, les inviter à des conférences et des séminaires. Les viviers de femmes existent pour le moment, mais nous constatons que les femmes sont moins souvent candidates que les hommes. Au-delà de l’incitatif, probablement que pour une phase transitoire, il faudrait des mesures actives », continue Véronique Maume-Deschamps, « comme attribuer des bourses de master de mathématiques pour les femmes comme ce qui est proposé par la Fondation Mathématique Jacques Hadamard, proposer des candidatures prioritaires pour les femmes sur les concours d’enseignantes-chercheuses comme cela est fait dans certaines universités étrangères11, avoir des objectifs contraignants de femmes en option mathématiques et mathématiques expertes dans les lycées ; ; attribuer des bourses d’études pour les femmes en sciences dès le lycée pour retrouver et dépasser les effectifs de 2019 de femmes formées en mathématiques au lycée. Ces effectifs ont dramatiquement chuté avec la réforme du lycée ». Car ce manque de féminisation dans les mathématiques fondamentales aura forcément des conséquences.
Ne pas être absente de l’équation
Les femmes sont plus présentes dans les domaines scientifiques liés au soin comme la médecine par exemple, alors que les hommes le sont plutôt dans les domaines comme la robotique, les mathématiques, le numérique ou encore la physique des hautes énergies12. Sur 115 disciplines scientifiques, 85 d’entre elles sont majoritairement dominées par les hommes13. Elles restent encore peu présentes en sciences, particulièrement en mathématiques et en physique ou encore en astrophysique. Et pourtant, le regard des femmes est primordial sur ces sujets. À titre d’exemple, dans l’intelligence artificielle, une vision du monde exclusivement masculine peut engendrer des biais sexistes dans les algorithmes. Ainsi, on constate que les logiciels de reconnaissance faciale, développés majoritairement par des hommes, sont plus performants pour faire la différence entre des visages d’hommes qu’entre des visages de femmes. Leur absence impacte nécessairement la performance des recherches, mais également notre vision de la société.
« La mixité a forcément des impacts positifs dans les recherches et la science en général. Je le constate tous les jours dans notre pratique scientifique : plus les équipes sont diversifiées, avec des hommes et des femmes, des scientifiques plus jeunes et moins jeunes, issus de différents horizons, cultures et formations, plus elles s'enrichissent et progressent par le partage des idées, des points de vue, et des ressentis… Le travail collectif sur l’ensemble des domaines fait avancer la recherche », assure Marie-Christine Baietto.
Lever les barrières
Pendant longtemps, les carrières scientifiques étaient réservées aux hommes, trop contraignantes avec une vie de famille. « Lorsque je suis arrivée au laboratoire, nous ne devions pas compter nos heures… Plus tard, j’ai demandé un temps partiel pour m’occuper de mes enfants, c’était la première fois qu’on faisait cette demande dans le laboratoire », se souvient Valérie Sartre. Aujourd’hui, les femmes peuvent exercer dans la recherche, sans craindre pour leur équilibre vie professionnelle et vie de famille. Plusieurs schémas Directeur ont été mis en place.
La compétence est encore aujourd’hui une barrière à lever : « Les femmes souffrent souvent du syndrome de l’imposteur. Je pense que cela est en partie lié au fait que la société est souvent plus critique envers les femmes qu’envers les hommes. Et la conséquence est qu’elles peuvent ne pas se sentir à la hauteur », remarque Federica Calevro.
La mixité au service du collectif
« Dans une équipe aussi c’est primordial d’avoir une mixité. Cela nourrit nos échanges et nos regards. Chacune et chacun apporte son vécu et ses compétences, ses qualités. C’est comme cela qu’on avance, qu’on atteint la réussite. La mixité aide aussi dans la gestion RH, car on a souvent besoin de visions très différentes pour assister les collègues en difficulté, ou résoudre un litige. En travaillant en binôme avec des hommes à la direction de mon labo (le Directeur d’Unité dont j’étais la Directrice d’Unité Adjointe, ou le Directeur d’Unité Adjoint actuel de mon labo), j’ai pu voir comment on se complète, on se tempère, on arrive à se mettre des limites réciproquement, et ça marche », assure Federica Calevro.
« La diversité a du bon ! En tant que chercheuse, j'ai toujours apprécié de travailler avec des hommes. Pour moi, la difficulté d'interagir avec l'autre ne relève pas d'une différence de sexe, de couleur ou de nationalité mais celle de ne pas partager les mêmes valeurs. Peu m'importe que mon collaborateur soit fille ou garçon ou non genré, du moment que nos valeurs sont communes. Mais force est de constater les chiffres. Et de se dire qu'il y a de l'autocensure », complète Jannick Rumeau.
Éviter l'auto-censure
Les femmes sont proportionnellement moins nombreuses dans le métier de chercheuse (29 %) que dans les professions de soutien à la recherche (42 %). Et lorsqu’on s’intéresse aux postes à responsabilité le chiffre est assez bas. « Je ne pensais pas que j’étais capable de prendre des fonctions de direction », commente Valérie Sartre « C’est grâce au soutien d’une autre femme, Marie-Christine Baietto, que j’ai franchi le pas de candidater à cette fonction ». Car pour prendre des fonctions de direction, il faut avoir bien évolué dans sa carrière. Pour la direction d’un laboratoire, par exemple, cela correspond à avoir déjà été promu dans le corps des Professeurs des universités ou Directeur de recherche. Et les femmes sont souvent moins nombreuses dans ces corps.
« De mon côté, lorsque je pose la question concernant des prises de fonction à responsabilité à des collègues d’autres laboratoires, alors qu’elles auraient les capacités pour diriger une structure, je constate qu'elles s'autocensurent. Elles pensent, à raison, qu’elles seront soumises à une pression supérieure que leurs collègues hommes, en recouvrant des fonctions de direction. Une femme se doit d’être compétente et organisée, il y a rarement la place pour une erreur, pour un faux pas, pour un moment de fatigue. Elles seront aussi critiquées plus facilement lors de leur prise de parole. Dans le cas d’une discussion, je vois encore des hommes couper la parole aux femmes, lever la voix pour couvrir leur voix. Je pense que certains ne s’en rendent même pas compte. Cela peut décourager les collègues » nous partage Federica Calevro.
L’importance du Rôle modèle
Dès le plus jeune âge, il faut sensibiliser et montrer aux jeunes filles qu’elles peuvent embrasser une carrière scientifique. « D’ailleurs, je suis souvent intervenue pour présenter mon parcours au sein des lycées afin de témoigner de la possibilité d’être chercheuse, femme et mère » fait part Marie-Christine Baietto. « Les femmes, mais également les personnes issues de milieux sociaux moins favorisés, ne devraient pas s’exclure automatiquement des parcours scientifiques prestigieux » nous rappelle Valérie Sartre. « Il manque une représentativité pour encourager les profils compétents à embrasser une carrière scientifique ». Une partie se joue dès l’enfance et une autre au sein même de l’INSA. « Le fait que la Direction de la Recherche INSA soit assurée par une femme, qui est largement reconnue pour ses compétences et ses qualités à prendre des décisions, a un effet positif sur les motivations des jeunes chercheuses et enseignantes-chercheuses à prendre des responsabilités. Nous voyons en Marie-Christine un exemple très positif de réussite féminine » complète Federica Calevro.
Plus largement, ce problème de représentativité, même si cela évolue, se retrouve dans les prises de parole médiatique. Les hommes occupent beaucoup plus cet espace. Certaines études, notamment celle de l’Observatoire des inégalités, confirment que les femmes sont présentes dans une bien moindre proportion que les hommes, qui dominent. Globalement, les hommes sont plus souvent invités par les journaux, on retrouve plus d’articles publiés par des hommes que par des femmes et celles-ci sont également beaucoup moins citées que les hommes. Et cela n’aidera pas à se débarrasser de notre savant fou… « Alors oui, il faut continuer à se battre en science et en recherche pour la génération suivante », conclut Jannick Rumeau.
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[1] Aphorisme attribué à Albert Einstein – dont on se questionne aujourd’hui sur le rôle de sa femme dans ses recherches.
[2] Cette étude montre que, de la physique des particules aux sciences sociales, les scientifiques, hommes et femmes, associent pour la plupart « science » et « masculin » dans leur mémoire sémantique (la mémoire des concepts et des mots). Ce stéréotype est implicite, c’est-à-dire que, le plus souvent, il n’est pas détectable au niveau du discours. Et il est équivalent à celui observé dans la population générale. Et ce biais influence les jurys.
[3] Au Moyen Âge, la religion et la culture empêchent l’éducation et la participation des femmes dans les sciences.
[4] Citation du philosophe Poullain de la Barre (1647-1723), ardent défenseur de la cause féminine.
[5] Sources : MESRI - État de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation en France n°16
88 % contre 78 % . En 2019, avant la réforme du baccalauréat, elles étaient 47,5% en filière scientifique. En 2021, plus que 44,7% suivent un parcours scientifique au lycée.
[6] À nuancer avec la mise en place du nouveau baccalauréat. Les derniers chiffres concernant la nouvelle réforme montrent un net recul de la parité dans les matières scientifiques, surtout les maths.
[7] Discours : Frédérique Vidal rappelle son engagement pour favoriser la place des femmes dans les filières scientifiques
[8] À retrouver : Pourquoi les filles sont-elles toujours minoritaires dans les écoles d’ingénieurs ?
[9] Moyenne CNRS 34, 4 % en 2021 contre. 30,6% en 2001
[10] CNRS Mathématiques :Effectifs permanents en mathématiques produit
L’association : « Femmes & Mathématiques
[11] Par exemple l’université technologique de Eindhoven, sur certains postes, pendant six mois, a mis un système où seules les femmes peuvent candidater, si à l’issue des six mois le poste n’est pas pourvu, les candidatures sont ouvertes à tous et toutes.
[12] Rapport 2020 – MESRI- Indépendamment de leur secteur d’emploi, public ou privé, le rapport femmes-hommes diffère principalement par le domaine de recherche. La parité est acquise dans les domaines de la santé et de la chimie, débouchés de disciplines de formation où la proportion de femmes est élevée. En revanche, la parité reste très éloignée dans l’aérospatial, l’énergie nucléaire et les technologies du transport et du numérique.
[13] Étude menée par l’université de Melbourne.

Formation
Orientation scolaire : l’ingénierie pour toutes !
Selon une étude de la Conférence des Grandes Écoles1, l’ingénierie est la discipline la plus en mal de mixité dans l’enseignement supérieur : un contexte qui soulève des enjeux de justice sociale, indispensable à l’heure de la transition socio-écologique. Manque de représentation de femmes scientifiques, processus d’identification difficile, stéréotypes, beaucoup de barrières sont encore à l’œuvre au moment des choix d’orientation… Le calendrier ParcourSup est un moment clé pendant lequel les voies professionnelles commencent à se spécialiser et souvent de manière très genrée. Pour Clémence Abry-Durand, chargée de mission égalité de genre au sein de l’Institut Gaston Berger, il est important de rappeler que la transition socio-écologique ne peut se faire sans les femmes ingénieures.
L’ingénierie en mal de mixité
Avec un taux moyen de 28 % de féminisation en écoles d’ingénieur2, c’est un manque de mixité alarmant qui s’affiche à l’échelle nationale. Si les femmes ont tendance à avoir un diplôme supérieur par rapport aux hommes dans tous domaines confondus, en sciences, elles s’orientent régulièrement vers les sciences du vivant. « Lorsqu’elles ont un profil scientifique, les lycéennes s’orientent principalement vers la biologie ou la médecine car souvent, les métiers du soin sont plus faciles à imaginer pour elles », explique Clémence Abry-Durand.
Une projection difficile donc, dans une fonction déjà invisibilisée dans la société, ou représentée de manière stéréotypée dans les films et les médias. « Lorsque l’on choisit des études d’ingénieur, que l’on soit une fille ou un garçon, c’est souvent parce qu’on a eu un aperçu des perspectives de métier via des personnes de son entourage ou de sa famille. Pour se projeter, les jeunes filles ont d’autant plus besoin d’avoir des représentations de femmes qui sont passées par-là ; des figures modèles qui permettent de montrer que c’est possible et qu’elles peuvent réussir », ajoute la chargée de mission de l’Institut Gaston Berger.
Une question de justice sociale
Pourquoi chercher à féminiser l’ingénierie, donc, si les femmes ne sont pas spontanément attirées par ses métiers ? Qu’elle soit posée de façon innocente ou rhétorique, cette interrogation mérite une réponse. Au-delà de l’indépendance financière et du pouvoir économique auxquels peuvent mener les carrières d’ingénieurs, il en va de la qualité des solutions et des produits techniques conçus dans notre société. « L’ingénieur a un pouvoir, assez silencieux mais tout de même important, sur les solutions technologiques qui régissent notre monde. Il existe une multitude d’objets quotidiens conçus par et pour des hommes qui mettent de côté ou ont des conséquences sur la vie des femmes. L’un des exemples les plus connus est la ceinture de sécurité : les risques d’être blessés lors d’un accident de voiture est plus élevé pour les femmes que les hommes car le référentiel pour les mannequins crash-test est calibré sur les mensurations d’un homme moyen. Ces questions sont aussi très présentes dans l’IA mais finalement cela s’applique à tous les secteurs d’ingénierie dans lesquels nous formons. À l’heure de la transition socio-écologique, il est important de diversifier le profil des futurs ingénieurs mais aussi de voir plus loin pour les former aux enjeux d’égalité femmes-hommes ainsi qu’aux biais de genre dans l’ingénierie. C’est l’affaire de tous et toutes, c’est indispensable pour construire une société juste et souhaitable. »
47 % de filles en première année à l’INSA Lyon : les initiatives à l’œuvre
En tant qu’établissement de l’Enseignement Supérieur, l’INSA Lyon a ainsi une responsabilité sociale sur la question ; une nécessité que le fondateur Gaston Berger soulignait déjà dans son projet d’éducation à son origine en 1957. Si l’INSA Lyon peut compter 47 % de filles en première année de Formation Initiale aux Métiers d’Ingénieur (FIMI)3, c’est grâce au travail de fond mené depuis plusieurs années au sein de l’école. « Plus que d’être attentifs, nous sommes proactifs. À travers les activités de l’Institut Gaston Berger, nous travaillons beaucoup avec des établissements du secondaire et nous échangeons régulièrement avec les entreprises qui ont des attentes fortes car elles ont besoin de recruter des femmes. En faisant intervenir des étudiants et étudiantes auprès des élèves de collèges et lycées, l’INSA donne à voir des rôles modèles accessibles : pas besoin de s’appeler Marie Curie pour être ingénieure4 ! Le recrutement post-bac et la diversité des filières sont aussi des atouts de taille pour attirer des profils qui s’intéressent à tout et qui ne souhaitent pas se spécialiser tout de suite. Or, cela correspond davantage au profil scolaire des jeunes filles. D’ailleurs, elles ne bénéficient d’aucun passe-droit : c’est important de le répéter car ce mythe a la peau dure ! »
Plus récemment l’accent a été mis sur la lutte contre les violences sexistes et sexuelles car mixité n’est malheureusement pas synonyme d’égalité. Si ce sujet est devenu central dans l’enseignement supérieur et la recherche ces dernières années, il est d’autant plus essentiel dans les milieux qui restent majoritairement masculins. « Il ne s’agit pas seulement de recruter plus de jeunes filles, il s’agit de garantir des conditions d’études égales pour qu’elles soient épanouies, qu’elles puissent se projeter et prendre toute leur place sans qu’on leur rappelle sans cesse leur catégorie de sexe… C’est déjà le cas pour bon nombre d’entre-elles, il y a probablement déjà un effet boule de neige sur le recrutement des plus jeunes : c’est bien plus facile de s’orienter vers des formations où l’ambiance paraît sécurisante et solidaire. »
Pour autant, en matière d’égalité les avancées restent fragiles. « Il ne faut pas relâcher les efforts, communiquer sur le modèle INSA et continuer à lutter contre toute forme de déterminisme social. La période ParcourSup est très stressante pour tout le monde, mais c’est un moment charnière pendant lequel il s’opère une vraie répartition genrée dans les choix d’orientation. Il faut peut-être le voir aussi comme un moment où l’on peut encore leur rappeler qu’elles ont toute leur place en école d’ingénieur », conclut la chargée de mission égalité de genre de l’INSA Lyon.

Participer à la Journée découverte en distanciel :
https://www.rejoindreinsalyon.com/inscription-en-distanciel/
[1] Baromètre Égalité femmes-hommes : les Grandes écoles toujours mobilisées (8e édition, publiée le 8 mars 2023)
[2] Le masculin est utilisé à titre épicène et sans aucune discrimination de genre.
[3] Le FIMI correspond aux deux premières années de formation d’ingénieur à l’INSA Lyon.
[4] Voir le concept de l’effet Marie Curie développé par Isabelle Collet : les modèles de femmes scientifiques sont souvent exceptionnels.

International
Franchir les frontières par le sport : projet « Objectif Dakar » de l'AS Football INSA Lyon
Le projet sportif et socio-culturel « Objectif Dakar », porté par l’AS Football INSA Lyon, a permis à 20 étudiantes et étudiants insaliens de différentes nationalités de se rendre au Sénégal pour une semaine d’activités liées au football. Le choix du Sénégal comme destination n’a pas été fortuit : en tant que capitale du football africain et pays francophone, le pays offrait un terrain propice au développement de leur projet.
Pendant une semaine, les étudiants insaliens ont eu l’opportunité de rencontrer les Dakarois et de partager leur passion commune à de nombreuses reprises, notamment lors d’un tournoi rassemblant des clubs masculins et féminins de la banlieue de Dakar. Cette mission leur a également permis de promouvoir le football féminin, encore peu développé au Sénégal.
Sur place, les étudiants ont rencontré le Directeur de l'École Polytechnique de Thiès (EPT), où ils ont organisé un match de football et une conférence sur "La carrière des femmes dans l'ingénierie", soulignant ainsi l'importance de l'égalité des genres dans le monde professionnel.
Le bilan de cette expérience a été très positif. Pour Eugène Foucher, étudiant à l’INSA Lyon et membre actif de l’association sportive, « Ces évènements directement reliés au football étaient exceptionnels pour nous rendre compte que le sport est un vecteur social incroyable dans le monde. […] C’est une langue universelle qui encourage à aller voir ce qu'il se fait ailleurs. Cela est valable encore plus pour un sport comme le football, qui se joue dans chaque village partout dans le monde. ».
Pour ces élèves, le football représente bien plus qu'une simple activité sportive. Il est un moyen d'ouvrir leurs esprits et de comprendre d'autres réalités culturelles et sociales. Au-delà de l'aspect sportif, cette immersion au Sénégal leur a permis de développer des compétences humaines précieuses : « Cette expérience a été exceptionnelle pour l’ensemble du groupe. Cela nous a permis également de nous replacer dans le vaste monde dans lequel on vit, ce qui est essentiel en tant que futur ingénieur », a partagé Eugène Foucher.
Cette initiative s'inscrit dans une démarche visant à pérenniser et à renforcer les valeurs humanistes de l'INSA Lyon, tout en contribuant à son modèle d'ouverture à toutes les différences, qu'elles soient d'origine, de culture, ou de milieu social.

Sciences & Société
[Conférence] Femmes et informatique : combler le ‘gender gap’ est une urgence
Conférencière : Isabelle Collet, professeure en sciences de l'éducation à l'Université de Genève
L’informatique joue un rôle croissant dans l’évolution de nos sociétés, mais les femmes sont largement sous-représentées dans ces métiers depuis plusieurs décennies. Or, le peu de femmes en informatique est un problème récent et local : il est apparu après les années 80, en Occident. Le but de cette conférence est tout d’abord de déconstruire des idées reçues sur les femmes et l’informatique, puis de montrer les conséquences immédiates et prochaines d’une transition numérique pensée sans les femmes.
Sur inscription.
Informations complémentaires
- scd.animation@insa-lyon.fr
- https://bibliotheque.insa-lyon.fr/cms/articleview/id/6756
-
Amphithéâtre Emilie du Châtelet - Bibliothèque Marie Curie
Derniers évènements
UNITECH - Assemblée générale 2025
Du 31 aoû au 05 sep
Formation
« Il faut dépasser les idées reçues sur les sciences informatiques »
En ce début d'année, c'est une nouvelle page qui s'ouvre pour Sara Bouchenak, enseignante-chercheure au laboratoire LIRIS1 et au département informatique de l'INSA Lyon. Désormais à la tête de la fédération d'informatique de Lyon, Sara est bien déterminée à faire travailler ensemble les équipes des cinq laboratoires2 de la structure pour construire l'informatique de demain. Interview.
Vous prenez aujourd'hui la tête de la fédération lyonnaise d'informatique. Quels sont les grands enjeux de cette discipline ?
Il me semble que l'informatique est assez méconnue en tant que science. C'est une discipline transverse dont découlent de nombreux métiers, et dans un monde qui n'arrive plus à se passer du numérique, elle a un rôle à jouer. De la cybersécurité à la gestion des données, en passant par l'impact environnemental du numérique, il y a encore beaucoup à inventer en la matière. L'informatique doit aujourd'hui se positionner en réponse aux problématiques de la société. Et les défis sont proportionnels à la vitesse de développement du numérique, c'est-à-dire, exponentiels. À l'époque où j'ai débuté, il y a vingt ans, les navigateurs web commençaient tout juste à se démocratiser, alors c'est dire si le domaine a rapidement évolué ! Enfant, je n'étais pas fan de programmation et je n'étais pas du genre à inventer des algorithmes, enfermée dans ma chambre. Ce qui m'a amené à cette matière, ce sont les mathématiques. Il me semble que c'est aussi un autre enjeu important pour la discipline : il faut dépasser les idées reçues sur les sciences informatiques.
Aujourd'hui, l'informatique fait partie de ces spécialités qui semble attirer assez peu de filles. À quoi cela est dû à votre avis ?
À mon sens, ceci est lié à nos représentations de l'informatique et de celles et ceux qui la font. Je m'explique. Filles ou garçons, les élèves ont souvent une idée préconçue de cette discipline. Les stéréotypes autour de l'ingénieur informaticien sont légions, proches du cliché du « geek » mordu de jeux vidéo. Et je dois bien avouer que ça ne fait peut-être pas rêver ! Nous manquons par ailleurs de représentations féminines dans le domaine. Nous sommes peu de femmes au sein des structures d'enseignement, de recherche et dans le monde professionnel de l'informatique. J'imagine qu'il est difficile pour une jeune fille de se projeter dans un métier lorsqu'elle n'a que peu de modèles féminins. Il y a probablement une forme d'autocensure chez les étudiantes, car elles sont près de 50% en première année de formation. Mais ce n'est pas une fatalité. D'ailleurs, les chiffres au sein du département informatique sont extrêmements encourageants, si elles étaient seulement 15% il y a quelques années, elles sont à présent 38 % de filles à intégrer cette spécialité en 3e année. Ceci grâce aux actions menées conjointement par l'Institut Gaston Berger et la commission femmes et informatique du département.
Comment lutter contre cette forme d'autocensure dont vous parlez ? Votre nouvelle fonction de présidente de la fédération d'informatique de Lyon vous permettra-t-elle d'agir plus largement ?
En tant qu'enseignante-chercheure, mon rôle est de promouvoir les formations et les métiers du numérique auprès des jeunes générations. Trop peu de jeunes filles choisissent l'informatique mais c'est en leur expliquant et leur apprenant ce qui se cache derrière le mot informatique que les stéréotypes pourront tomber. Il y a un certain nombre d'initiatives pour faire bouger les lignes et attirer les femmes dans le numérique. L'Institut Gaston Berger, par exemple, participe à la déconstruction des idées reçues, en accueillant chaque année des lycéennes pour leur faire découvrir ces sciences et aller au-delà des représentations classiques plutôt genrées. Et en tant que présidente de la fédération, j'aimerais créer une commission égalité pour veiller à une juste représentation des femmes et des hommes au sein de nos laboratoires. Lutter contre cette autocensure est un travail de longue haleine, qui doit être abordé à chaque étape de la vie étudiante et professionnelle pour permettre à chacune d'oser se lancer.
1 Laboratoire d'informatique en images et systèmes d'information (INSA Lyon/Lyon 1/Lyon 2/ECL/CNRS)
2 CITI (INSA Lyon/INRIA), LabHC (Université Jean-Monnet/CNRS), LIP (ENS Lyon/CNRS/UCBL) et LIRIS (INSA Lyon/Lyon 1/Lyon 2/ECL/CNRS), CREATIS (INSA Lyon/Lyon 1/CNRS/Inserm/UdL/UJM)

INSA Lyon
Égalité de genre : l’INSA s’empare de la question
À l’heure où l’INSA Lyon travaille à faire à évoluer sa formation et à enrichir les réflexions sur l’ingénieur·e* de demain, un enjeu prend pleinement son sens : celui de l’égalité de genre. Regard croisé avec Clémence Abry-Durand, chargée de mission égalité de genre à l’Institut Gaston Berger de l’INSA Lyon, et Jean-Luc Debayle, chargé de la qualité de vie au travail à l’INSA Lyon, en charge d’élaborer le premier schéma directeur égalité de genre de l’établissement.
Une chose est sûre : l’enjeu est de taille et le challenge aussi. Faire évoluer les mentalités et développer la responsabilité sociétale de l’établissement est un travail de longue haleine. Le contexte est favorable : l’INSA Lyon s’attaque à sa maquette de formation et s’apprête à l’ajuster. Développement durable & responsabilité sociétale et numérique font faire partie intégrante des enseignements, dès la rentrée 2021.
Durant les derniers mois, Clémence et Jean-Luc ont de leur côté alimenté les réflexions sur la thématique du genre et partagé le projet auprès des conseils et instances. Un peu stoppée par la pandémie et le confinement imposé, la démarche reste pour autant d’actualité.
À l’approche du premier anniversaire de la loi de transformation de la fonction publique, adoptée le 6 août 2019, les premiers travaux visent l’élaboration d’un plan d’actions égalité professionnelle, une obligation pour l’établissement, mais pas seulement. Dans ce « schéma directeur égalité de genre », qui définit les contours de la politique de l’école en la matière, l’ambition est portée plus loin que ce que n’impose la loi.
« Nous avons choisi d’intégrer toute la communauté INSA dans ce schéma directeur, personnels comme étudiant·es, là où la loi nous oblige à traiter uniquement ce volet pour les personnels. Un certain nombre d’actions ont déjà été faites sur le sujet, mais nous souhaitons passer à l’étape supérieure et fixer des objectifs plus larges à atteindre, quitte à créer nos propres indicateurs », explique Jean-Luc Debayle.
La tâche est ardue mais l’énergie, bien présente. Cinq axes de travail ont été déterminés pour organiser les débats et la construction des mesures, auxquels correspondent cinq groupes de travail. À commencer par ce plan d’actions pour l’égalité professionnelle, dont le rendu auprès du Ministère est fixé au 31 décembre 2020. Dans ce cadre-là, écarts de rémunération entre femmes et hommes, égal accès aux fonctions, équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle sont à l’étude.
« Un autre point nous occupe, et c’est le chantier le plus urgent : la lutte contre les discriminations, le harcèlement et les violences sexistes et sexuelles, avec la création d’un dispositif d’écoute et de signalement de ces situations, ouvert à toute la communauté », précise Clémence Abry-Durand. « Nous aimerions le mettre en service d’ici la fin de l’année, tout est à faire mais il est essentiel de pouvoir garantir une procédure transparente et un lieu d’écoute, ainsi que d’engager les mesures qui conviennent en regard », complète-t-elle.
Si ces deux axes répondent aux injonctions ministérielles, trois autres sont spécifiques à l’INSA Lyon. Leur raison d’être : contribuer à développer une approche intégrée de la question de l’égalité de genre sur le campus. « Il s’agit de mener des actions pour diffuser la culture de l’égalité à l’INSA, en sensibilisant personnels et élèves, dans leur vie quotidienne, aux questions liées au genre », indique Clémence. Des toilettes non genrées à la prise en compte de l’identité de genre, en passant par la sécurité sur le campus sont des exemples très concrets de problématiques à considérer, pour accompagner le changement vers un établissement inclusif et contribuant à une société plus juste.
« Autre point, la question de l’attractivité de l’école d’ingénieurs auprès des filles, à travers la thématique de la mixité des filières et métiers d’ingénieur·es. L’INSA Lyon se place parmi les écoles les plus engagées en la matière avec un taux de filles très encourageant mais rien n’est jamais acquis définitivement et les choix de spécialité restent toujours très marqués. Cette répartition très genrée perdure ensuite dans le monde du travail et peut se traduire par des inégalités professionnelles. Des actions sont déjà menées en ce sens, mais il s’agira de les développer et d’en concevoir de nouvelles en mobilisant tout l’écosystème de l’établissement, des filières de l’INSA aux associations, entreprises et partenaires », souligne Clémence.
Mais s’il est un point qui résume bien toute l’ampleur de la démarche, c’est sans doute celui-ci : intégrer le genre dans la formation et la recherche. Si un cours à la carte et des conférences à destination des élèves existent déjà, l’objectif est d’inclure plus systématiquement la dimension du genre dans les enseignements et les travaux de recherche. Il est finalement bien question d’un enjeu de société, auquel l’INSA souhaite apporter des réponses avec sens. « L’objectif est de parvenir à construire une approche intégrée de la question du genre à l’INSA Lyon, c’est-à-dire de traiter de ce sujet dans toutes ses dimensions et pour tout le monde. D’ailleurs, chacune et chacun, élève ou personnel, pourra contribuer à ce projet en participant aux groupes de travail dès la rentrée », confirment ensemble Clémence et Jean-Luc, qui comptent sur la mobilisation de tous et toutes pour contribuer à ce projet, fidèle aux valeurs INSA : former des ingénieur·es humanistes, ouvert·es et différent·es, tels que les avait imaginé Gaston Berger, le père d’un modèle unique en son genre !
* Cet article est rédigé en intégrant la démarche de l'écriture inclusive, à titre d'exemple. Le schéma directeur prévoit d'ailleurs une réflexion afin de clarifier ces règles typographiques en la matière pour une communication plus juste et sans stéréotypes de genre.
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