Modèle INSA

27 sep
27/09/2022 18:00

INSA Lyon

Former les ingénieur(e)s humanistes de demain : webinaire sur les évolutions à l’INSA Lyon

L’INSA Lyon est engagé depuis 2015 dans une série de démarches visant à actualiser sa mission de formation, en réponse aux défis socio-écologiques, voire anthropologiques de notre temps.

Les réflexions menées ont conduit à l’adoption d’une nouvelle politique de formation en Humanités, au déploiement du chantier d’évolution de la formation sur les cinq ans à venir et à la participation au projet ClimatSup, né de la collaboration entre le Groupe INSA et le think-tank The Shift Project. 

Ce webinaire sera l'occasion de faire un point d’étape sur la réforme et les modifications en cours du profil de l’ingénieur humaniste INSA. Quelles sont ses nouvelles facettes ? À l’exercice de quelles responsabilités les ingénieurs de demain seront-ils formés et comment ? Quel est, aujourd’hui, le rôle des Sciences Humaines et Sociales dans une école d'ingénieurs qui revendique un modèle humaniste de formation ?

Alumni, vous vous demandez comment la formation INSA a évolué depuis votre diplôme ? Vous souhaitez contribuer aux transformations en cours en partageant votre expérience de terrain ? Venez vous informer et échanger avec Nicolas Freud, Chef de projet « Évolution de la formation », et Carine Goutaland, Directrice du Centre des Humanités.

Inscription en ligne => https://www.alumni-insa-lyon.org/agenda/2415/identification

 

10 juin
10/juin/2021

INSA Lyon

Fidèle à son ambition originelle, l'INSA Lyon entend régénérer son modèle social

L'INSA Lyon a été fondé sur une promesse : celle de lutter contre la reproduction sociale qui existait déjà en 1957. En proposant un modèle en rupture avec les écoles de l’époque, l’INSA Lyon ouvrait le diplôme d’ingénieur, jusqu’alors réservé aux enfants de milieux favorisés, aux étudiantes et étudiants d’origine modeste. Depuis, en plus de 60 ans, le portrait social des candidates et candidats a évolué. Et si, aujourd’hui, les INSA sont les premières écoles d’ingénieurs demandées sur Parcoursup, l’un des revers de cette attractivité est qu’elle laisse de côté tout un pan d’élèves issus de familles de catégories socioprofessionnelles moins favorisées ou encore d’élèves habitant dans des territoires ruraux. Les INSA considèrent donc de leur devoir, en tant qu’écoles publiques fondées sur une philosophie d’éducation humaniste des ingénieurs, d’agir pour lutter contre le fatalisme de la reproduction sociale. 


Un engagement humaniste, social et citoyen

Le diagnostic porté par l'Institut Gaston Berger montre une dégradation de l'ouverture sociale dans les INSA. Par exemple, 74 % des insaliens ont au moins un des deux parents de profession et catégorie socioprofessionnelle (PCS) très favorisée alors que seulement 2 % des élèves-ingénieurs ont les deux parents de PCS très défavorisées. Aussi, et malgré les dispositifs d’aides nationales et locales des INSA, 10 % des étudiants sont obligés de travailler pendant leurs études pour subvenir aux premiers besoins.

Face à ce constat et dans un esprit résolument prospectiviste, l'INSA Lyon et les autres INSA de France ont entamé depuis novembre 2020 un ambitieux projet de rénovation du modèle social avec une aspiration forte : agir pour faire découvrir les études et métiers d’ingénieurs à davantage de jeunes pour permettre à celles et ceux qui le souhaitent et qui en ont le potentiel, d’intégrer un INSA et d’y réussir. Puisque l’humanisme de l’ingénieur implique une responsabilité sociétale, un engagement citoyen, il s’agit de contribuer à lever progressivement les freins économiques, psychologiques et culturels qui entravent actuellement la mobilité sociale d’un certain nombre d’entre eux : celles et ceux issus de milieux modestes et défavorisés. 

Co-construire pour interroger les actions et les moyens

Pour répondre à cette ambition de transition sociale, l’INSA Lyon a lancé en février 2021 un travail de co-construction pour repenser les actions d’incitation menées dans les collèges et lycées, les modalités de recrutement, l’offre de formation, les aides à la vie étudiante et à l’insertion professionnelle, l’accompagnement à la scolarité et à la réussite ainsi que les conditions de vie pour toutes et tous au sein des campus. Autant d’éléments de l’environnement INSA qui sont actuellement examinés et débattus au sein des quatre commissions animées par l’Institut Gaston Berger, les vice-présidents élus des conseils de l’école et des élus étudiants. Ce travail, ouvert et démocratique, permet à tous les participants de prendre conscience de la complexité de la problématique, de mettre à l’épreuve des convictions bien établies, de confronter des idées, d’en mesurer parfois le décalage avec les nouveaux défis que notre école doit relever. Ces commissions sont attentives à toutes les opinions de la communauté insalienne qui produit un travail profond pour interroger l’existant et penser des actions transformantes et en rupture. 

Parallèlement, afin que le modèle inclusif des INSA soit spécifiquement soutenu, des réflexions sont menées à l’échelle du Groupe INSA, avec des représentants des conseils d’administration des écoles, afin d’interpeller la puissance publique sur ces enjeux. De nouveaux programmes qui seraient portés par les fondations des INSA et des entreprises mécènes, ainsi que de nouveaux modes de mobilisation des alumni pour promouvoir une solidarité intergénérationnelle sont également à l’étude.

Interroger les droits d'inscriptions 

Pour transformer les volontés en actes concrets, la question des moyens financiers est ainsi posée ; et c’est dans un esprit de solidarité et d’équité que l’INSA tente d’y répondre. Au centre des préoccupations : la question de droits d’inscription différenciés en fonction des revenus fiscaux de référence des parents ou responsables légaux, et plafonnés par l’État. 

La proposition, encore à l’étude actuellement, amènerait les étudiants les plus favorisés à contribuer davantage, au bénéfice de tous, à un environnement qualitatif. Les étudiants provenant de familles aux revenus précaires ou modestes pourraient être intégralement exonérés des droits d’inscription ou bien rester les mêmes qu’actuellement, soit 601 €. Surtout, les étudiants issus des milieux les moins favorisés seraient bénéficiaires de nouveaux dispositifs de soutien et de mesures d’accompagnement à la scolarité, à la culture et à l’insertion professionnelle. Grâce à une commission spécifique, les fonds issus de la hausse des droits d’inscriptions seraient fléchés vers les dispositifs d’ouverture sociale. Cette hausse modulée des droits d’inscriptions, aurait vocation à ne concerner que les nouveaux arrivants.

Renouer avec l'esprit pionnier

L’enjeu principal de cette réforme n’est donc pas l’augmentation des droits d’inscription, mais bel et bien un retour aux valeurs, à la philosophie et à l’histoire de l’INSA Lyon. En impliquant une pluralité d’acteurs, la démarche s’interroge sur les termes et les idées reçues d’un modèle souvent difficile à cerner. « Excellence », « diversité », « ascension sociale » ou « méritocratie » ne résonnent plus aujourd’hui tels qu’ils résonnaient en 1957. La société a changé, les inégalités sociales, les inégalités de destin se creusent, et notre façon d’incarner ces valeurs doit être remises en perspective pour faire face aux défis du monde d’aujourd’hui.

À travers la refonte de leur modèle social, les instituts nationaux de sciences appliquées de France souhaitent ainsi retrouver leur raison d’être originelle : celle d'assurer l’inclusion et la réussite de toutes et tous. 

 

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04 fév
04/fév/2021

INSA Lyon

« Gaston Berger voulait former des ingénieurs qui comptent »

« Modèle INSA » : deux petits mots pour une si longue histoire. Au sein de l’école d’ingénieurs lyonnaise, il existe une entité chargée de faire vivre cette histoire : l’Institut Gaston Berger de Lyon. Désormais directrice, Sonia Béchet cultive une relation toute particulière avec l’histoire de son école. Spécialiste en psychologie cognitive, elle avait été recrutée pour faire évoluer l’une des particularité du modèle INSA : les entretiens d’entrée des élèves-ingénieurs. Et depuis cette rencontre avec le modèle INSA il y a vingt ans, elle n’a jamais quitté l’étude de cette philosophie riche de sens. Dans une période où la notion de collectif est mise à rude épreuve par la crise sanitaire, le modèle INSA pourrait s’avérer être un concept fédérateur précieux. La nouvelle directrice de l’Institut Gaston Berger de Lyon explique. Interview.

Vous prenez la tête de l’Institut Gaston Berger de Lyon, est-ce une nouvelle ère qui accompagne votre nomination ?
Ce qui est certain, c’est que l’Institut Gaston Berger est capable de s’adapter à un environnement en perpétuelle évolution. À l’origine, le « Centre diversité réussite » créé en 2009 avait pour objectif de répondre aux questions d’ouverture sociale et de favoriser l’accès à tous aux études d’ingénieurs. Puis en 2015, l’intérêt témoigné pour le modèle INSA nous a obligés à nous transformer en « Institut Gaston Berger », en intégrant la problématique autour de la responsabilité de l’ingénieur. Aujourd’hui, le modèle INSA devient un axe stratégique commun à toutes les écoles du groupe INSA, chaque école est en passe de déployer un centre Gaston Berger. Notre rôle est d’accompagner l’INSA à continuer d’être ce que son fondateur avait imaginé : une école d’ingénieurs qui évolue avec les enjeux de son temps et qui impulse des changements. Cela se traduit par des missions très concrètes, comme l’accompagnement des lycéens et lycéennes, des étudiants et des étudiantes à travers des programmes de tutorat et de mentorat, ou encore grâce à nos recherches sur la responsabilité de l’ingénieur dont nous essaimons les concepts dans la formation des élèves en collaboration avec le centre des humanités. Et désormais, nous co-construisons aussi beaucoup avec nos entreprises partenaires où le modèle INSA est plébiscité.  Il y a beaucoup de similitudes entre ce que nous vivons aujourd’hui et le moment où Gaston Berger a pensé le modèle d’école d’ingénieur : le sentiment que tout s’accélère, que la technologie prend beaucoup de place et que finalement on a la sensation de ne plus beaucoup avoir la main sur la question. Et je pense que notre modèle est très précieux pour avoir un cadre de référence et se projeter dans l’avenir. C’est très structurant.

La crise sanitaire a mis (ou remis) sur la table des questions de société et pointé du doigt des problématiques organisationnelles fortes. Conscientiser et apporter des réponses à ces questions est au cœur de votre métier : la pandémie a-t-elle apporté de nouvelles réflexions d’envergure ?
Dans ses travaux sur la prospective, Gaston Berger part du principe que les évolutions et les changements font partie du jeu, qu’il ne faut pas les subir mais les anticiper. Bon, des scénarios catastrophes ont bien été imaginés lors des travaux de prospective engagés par l’établissement, mais nous ne les attendions pas immédiatement il faut bien l’avouer. Par contre, s’il y a quelque chose que la démarche prospective avait déjà mis en exergue, c’est le besoin de chacun d’entre nous, de donner du sens à sa vie et à ses activités. Le confinement nous a mis face à cette question très rapidement : qu’est-ce qui est essentiel ? Je crois qu’au sein de l’INSA, ce qui s’est avéré essentiel, c’est le « faire-ensemble ». La crise sanitaire a démontré que l’on ne pouvait plus raisonner chacun dans son silo. Je suis convaincue que c’est une vraie bonne idée transformante : nous sommes tenus de travailler tous ensemble, et l’Institut Gaston Berger permet d’une certaine façon de mettre en lien toutes les parties prenantes du modèle INSA. Les alliances portées par la Fondation INSA
1 sont une belle illustration de ce pourquoi nous travaillons les uns et les autres. Ces partenariats mettent autour de la table et au service d’un enjeu sociétal, plusieurs acteurs de la société civile. Enseignants-chercheurs, étudiants, entreprises, ONG et mécènes sont ainsi réunis autour de valeurs qui ont du sens dans le modèle INSA : la responsabilité, la solidarité et l’équité.

 « Je veux comprendre, je veux agir », disait Gaston Berger. C’est une citation qui sonne un peu comme le crédo de l’IGB. Concrètement, comment l’Institut Gaston Berger transforme ses réflexions en actions ? 
Effectivement, au sein de l’IGB, les équipes cogitent mais elles agissent aussi ! D’abord dans le dispositif d’accompagnement des étudiants sur les questions du handicap, de l’égalité des genres et de diversité pour permettre l’accès à toutes et tous aux études d’ingénieur. Pour mettre en place ces programmes, nous avons un lien fort avec la Fondation INSA Lyon et les entreprises partenaires avec qui nous co-créons au quotidien.
Nous avons également un important travail de recherche sur la responsabilité de l’ingénieur, et l’enjeu est de continuer à infuser ces notions dans la formation de nos étudiants. La traduction en actes a déjà bien essaimé au centre des humanités : par exemple depuis 2019, les cours à la carte permettent aux étudiants de se former à l’égalité de genre et aux questions de responsabilité de l’ingénieur. L’utilité des sciences humaines et sociales au service d’un établissement comme le nôtre n’est plus à prouver, je crois. Et cette fonction était d’ailleurs l’une des préoccupations majeures de Gaston Berger : l’INSA devait former aux questions sociétales, pour pouvoir faire des ingénieurs qui comptent, en agissant. 

Pour finir, le modèle INSA est parfois difficile à saisir pour qui ne le pratique pas au quotidien. Pourriez-vous le décrire en 3 mots ?
Voyons voir… Si je dois le décrire, je choisirais : « équité, solidarité et éthique », mais si je dois le qualifier, ce serait plutôt « moderne, juste et transversal ». Je crois que c’est là que réside tout l’intérêt du mot « modèle ». C’est une vraie philosophie, un puits de ressources inépuisable. En 1957, Gaston Berger ne s’est certainement pas dit : « et si nous nourrissions nos ingénieurs d’arts, de sport ou même de sociologie pour voir ce que cela donne ? ». Son modèle a été établi selon des intentions très précises, et ces intentions étaient si bien pensées que le modèle est atemporel. Quels que soient les époques et les changements, cette identité fondatrice ne vieillit pas. Pour le petit secret, même après vingt années d’étude quotidienne des travaux de Gaston Berger, j’ai encore l’impression de le découvrir, sans cesse. C’est ce qui rend mon travail au sein de l’INSA, plein de sens.

 

1 Sonia Béchet occupe également les fonctions de directrice des programmes de la Fondation INSA.

 

 

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24 juin
24/juin/2020

INSA Lyon

Chaire Alumni / INSA Lyon : l’ingénieur INSA, ce philosophe en action

Avec la chaire « Ingénieur INSA, philosophe en action. Penser et agir de manière responsable », l’INSA Lyon et son association d’Alumni, la Fondation INSA Lyon et la filiale de valorisation INSAVALOR, souhaitent interroger le rôle de l’ingénieur et nourrir la réflexion sur son évolution dans une société transformée par de grands enjeux.

Urgence climatique, « robolution », crise des représentations et des pratiques… Le monde d’aujourd’hui connaît de profonds bouleversements et commence à percevoir les impasses de nos systèmes socio-économiques. Les enjeux actuels sont de taille et pour pouvoir leur faire face, le monde doit se réinventer. 

À la croisée de ce nouveau monde et de ses défis : l’ingénieur. Humaniste comme le souhaitaient les fondateurs de l’INSA Lyon, l’ingénieur INSA devait porter en lui la responsabilité sociétale de ses actes mais aussi de sa pensée. Cette représentation formulée à la fin des années 60, lors de la création du modèle INSA, n’a pas pris une ride aujourd’hui, jusqu'à trouver un écho très fort dans un contexte en pleine mutation. 

Comment cet « ingénieur, philosophe en action » évolue-t-il dans notre société contemporaine ? Quelle sagesse peut-il développer face aux défis du temps, à une révolution numérique incontrôlée et incontrôlable, à un futur incertain et imprévu ? À quelles valeurs pourra-t-il se référer et quel idéal cherchera-t-il à véhiculer dans un monde où l’humanité peine à se projeter ? Comment parviendra-t-il à allier pensées et actes, attentes et satisfactions, besoins économiques et nécessités vitales ?
 
C’est pour tenter de répondre à ces questions, et pour redonner à l’humanisme de l’ingénieur INSA tout son sens dans une époque bouleversée, que l’INSA Lyon et l’Association Alumni INSA Lyon lancent la chaire « Ingénieur INSA, philosophe en action. Penser et agir de manière responsable ». Parce que le monde bouge, qu’il faut anticiper et se mettre en mouvement.

 

Pour participer au développement de cette chaire, une opération de financement participatif a été déployée le 22 juin 2020 : https://crowdfunding.groupe-insa.fr/fr/projects/chaire-alumni-insa-lyon

En savoir plus sur la chaire : https://chaires.insa-lyon.fr/chaire-institutionnelle-alumni-insa-lyon

 

Penser l’évolution du rôle et de la responsabilité des ingénieurs avec nos Alumni
Par Frédéric Fotiadu, directeur de l’INSA Lyon

L’INSA Lyon est engagé depuis deux ans dans une démarche Prospective, inspirée de la méthode élaborée par son père fondateur Gaston Berger. Ces travaux nous ont permis de mener une réflexion profonde sur les futurs possibles de notre établissement à l’horizon 2040, en envisageant divers scénarios, dont certains de rupture. La crise du Covid-19 nous a brutalement confrontés à ces hypothèses d’exception, qui, au début 2020, étaient encore considérées comme peu probables. Face aux enjeux résultant de ces circonstances, la question du rôle des ingénieurs, déjà au cœur dans notre démarche prospective, reste plus que jamais d’actualité.

Par la diversité des fonctions qu’elles et qu’ils occupent dans tous les domaines et secteurs d’activité, par l’infinie richesse de leurs parcours professionnels et de leurs expériences personnelles, les diplômés INSA constituent à la fois une extraordinaire source d’informations et d’inspiration, et une formidable caisse de résonance à ces questionnements. Ils sont aussi, par leur nombre, un puissant levier de transformation des entreprises et organisations de nos sociétés. Je suis donc particulièrement heureux et enthousiaste à l’idée de porter ensemble cette chaire Alumni INSA Lyon pour approfondir nos réflexions sur la place et la responsabilité de l’ingénieur dans le monde actuel et à venir.

Ce projet absolument passionnant va contribuer à resserrer les liens et renforcer les interactions entre notre établissement et son réseau d’Alumni. Il constitue également une très belle opportunité pour rapprocher de notre communauté de diplômés qui s’en étaient éloignés. Dans un monde en recherche de sens et de nouveaux repères, cette chaire est une invitation à nous mobiliser toutes et tous pour penser notre rôle au sein de la société sur la base de ce qui constitue l’essence même de l’INSA Lyon depuis sa création : le modèle d’ingénieur humaniste.

Cette « marque de fabrique INSA » repose précisément sur la capacité à s’ouvrir à d’autres disciplines, notamment les sciences humaines et sociales, pour saisir toute la pluralité du monde et s’interroger systématiquement sur l’impact sociétal et environnemental des technologies. C’est aussi l’ouverture au monde des arts, de la culture et du sport, pour nourrir notre réflexion et notre expérience d’autres formes de sensibilité, d’interactions, de pratiques, d’autres quêtes de la performance et de dépassement de soi. C’est enfin un véritable engagement citoyen en faveur de l’ouverture sociale et de toutes les formes de diversités pour construire un monde plus juste, inclusif, bienveillant et altruiste.

Formés selon ce modèle porté par l'INSA et nourris de ses valeurs fondamentales, nos diplômés sont particulièrement à même de percevoir la multitude de signaux forts ou faibles qui annoncent les mutations à venir. Ils ont la capacité à les penser non seulement sous l’angle de la technologie, mais aussi et surtout selon une approche intellectuelle globale. C’est précisément cette dynamique qui va être mise en œuvre au sein de la Chaire Alumni, au service de nos élèves, de nos enseignants-chercheurs, de nos partenaires et de la société d’une manière générale.

Il s’agira ici de toujours mieux nous préparer à affronter cet avenir incertain, complexe, bouleversé par le présent, en adoptant une vision systémique pour engager avec conscience et éthique les grandes transitions énergétiques, environnementales et écologiques, numériques, mais également sociales et sociétales, qui permettront de faire advenir un futur désirable.


Repositionner le rôle de l’ingénieur dans la société
Par Daniel Louis-André, ingénieur INSA génie électrique 1977 et président de l’association Alumni INSA Lyon

L’ingénieur INSA, femme ou homme, est attaché, peut-être plus aujourd’hui qu’hier, à toutes les valeurs portées par le modèle INSA. Si ses caractéristiques, tout comme son état d’esprit, n’ont pas été érodés par le temps, je pense que nous pouvons constater que l’ingénieur INSA a beaucoup évolué.

Avec tout d’abord, la dimension internationale qu’il a pu acquérir, dans l’entreprise, et dans la société au sens large. Partir en échange pendant ses études il y a quarante ans était le privilège de quelques-uns d’entre nous. Depuis, la mobilité est devenue obligatoire pour tous les étudiants, et les moyens de communication se sont considérablement développés, rendant l’internationalisation beaucoup plus simple à gérer. 
Dans ce monde où tout s’est accéléré, nous constatons par ailleurs que l’ingénieur INSA est de plus en plus en quête de sens. L’engagement, l’adéquation aux valeurs de l’entreprise, l’utilité donnée au métier exercé sont des moteurs dans la recherche d’emploi, tout comme dans la conservation d’un poste. Le salaire ne suffit plus au bonheur. Le modèle de société de ces dernières décennies ne fait plus rêver, il est même décrié. La société doit se transformer.

Dans ma spécialité génie électrique, les ingénieurs ont conscience d’être complètement au cœur de la transformation du modèle énergétique. Dans cette course vers la mobilité faible émission, les jeunes ont conscience d’un enjeu majeur : leur impact sur l’évolution des modes de vie pour faire baisser les consommations d’énergie.
Le volet environnemental et la place de l’humain sont devenus primordiaux.
Dans la projection de l'industrie du futur, de l’usine 4.0, au milieu du big data, des objets connectés, de l’ultra-technologie, il y a cette voie vers l’innovation à domicile, les circuits courts, les modèles personnalisés.

De manière plus globale, on va donc demander à l’ingénieur d’être toujours plus créatif. On va lui demander de trouver l’équilibre entre l’expertise qu’il va pouvoir développer en regard des technologies de pointe, et la nécessité de travailler avec une démarche plus large pour mieux intégrer la dimension environnementale sur l’ensemble du cycle de production, et replacer l’humain, tel qu’il doit l’être, au cœur des processus.
L’ingénieur de demain doit tenir ce rôle, avoir cette vision globale, développer cette approche systémique et exercer plus que jamais son sens critique. Il doit avoir la faculté de s’interroger au-delà de son « patrimoine » de compétences, quitte à remettre en cause les approches qui semblent évidentes. 

J’aimerais enfin personnellement que l’ingénieur ait un rôle plus important dans la cité, par sa connaissance générale et son savoir-faire, alors qu’il a aujourd’hui peu d’impact. C’est peut-être ce qu’il faut transmettre à nos jeunes : apprendre à ne pas être passifs, face à des systèmes qui les enferment sur des modèles. Il faut repositionner le rôle de l’ingénieur, et mon optimisme me conduit à penser que c’est possible. 

Mais pour parvenir à développer de nouvelles approches qui répondent à la fois à la quête de sens de l’ingénieur, et à la nécessité de repositionner son rôle dans la société, il faut s’interroger sur l’art et la manière.
Comment un ingénieur INSA doit se comporter au sein de l’entreprise pour jouer son rôle ? Comment cet ingénieur de demain va parvenir à jouer un rôle important dans son entreprise tout en exerçant son regard critique ? Comment pourra-t-il être à l’initiative du changement sans être perçu comme celui qui veut tout révolutionner ? Les notions de savoir-être et de compréhension du monde de l’entreprise sont ici fondamentales, et doivent guider la formation des élèves, au-delà bien-sûr des bases scientifiques qu’il faut conserver.

Je suis Président des Alumni depuis mars 2019 et, depuis, je suis régulièrement au contact des élèves et des diplômés INSA. Avec cette chaire, nous souhaitons apporter des réponses à leurs préoccupations, notamment au regard des enjeux sociétaux et environnementaux. Et nous allons pouvoir le faire ensemble, avec l’école et la Fondation INSA Lyon.
Cette dimension tripartite est pour moi indispensable au succès de ce projet, comme de beaucoup d’autres. En tant qu’Alumni, nous allons pouvoir faire le lien entre ceux qui pensent la formation à l’INSA Lyon, les ingénieurs en activité et ceux en devenir.
Nous souhaitons faire de cette chaire un terrain concret d’échange d’idées et d’expériences, qui produise des résultats tangibles pour tous les acteurs : École et enseignants, ingénieurs en activité, entreprises.


Promouvoir le modèle d’ingénieur humaniste
Par Laure Corriga, présidente du directoire d’INSAVALOR

Nous soutenons cette chaire originale qui a toute légitimé pour exister, parce qu’elle colle à l’ADN de l’INSA Lyon. S’interroger sur le rôle de l’ingénieur fait partie des fondements de l’école, et c’est important de partager la réflexion avec notre écosystème, aux côtés des Alumni et de la Fondation INSA Lyon.
Pour moi, un ingénieur, c’est quelqu’un qui, face à des enjeux, des problèmes variés, apporte des solutions techniques et organisationnelles en prenant conscience des impacts et parties-prenantes qui l’entourent. Sa grande qualité, c’est son adaptabilité. Aujourd’hui, dans un contexte où les enjeux économiques, sociétaux et environnementaux sont plus visibles, l’ingénieur devient un acteur dont le rôle devrait être plus grand, avec une place dans la société plus prépondérante. Son regard devrait être essentiel, nourri par cette démarche projet dont il a l’enseignement et la maîtrise.
Le rôle de l’ingénieur évolue parce que la société évolue. Dans un monde qui devient plus automatisé, l’ingénieur sera forcé de changer, de prendre en considération de nouveaux paramètres. Au-delà de l’innovation technologique, il devra mesurer l’impact de ses décisions sur le plan sociétal et environnemental, voir plus loin, inventer de nouveaux modèles, en faisant notamment appel à sa créativité. Il devra vivre avec le changement mais aussi l’initier. Il va évoluer dans un contexte plus internationalisé, avec des collaborations aux réponses moins immédiates. 
L’INSA éveille ses élèves en ce sens, et souhaite leur apporter les connaissances et les compétences nécessaires. De cette chaire, j’aimerais qu’il ressorte une sorte de label d’ingénieurs humanistes, qui permettrait de témoigner du parcours INSA et de la démarche globale acquise au fil de l’enseignement. 
INSAVALOR peut, sur un plan très opérationnel, apporter sa contribution au travail de la chaire sur les aspects de formation continue et développer des modules de formation en cohérence avec la démarche philosophique portée par cette chaire. De plus, en tant qu’acteur de terrain, nous allons pouvoir être récipiendaire des attentes des entreprises et être témoin de leurs changements. Certaines d’entre elles ont déjà entrepris une réflexion fondamentale et ont compris qu’elles devaient prendre leur essor avec de nouvelles générations plus engagées. D’autres travaillent leur marque employeur et vont, a priori, dans cette direction. 


Renforcer le lien entre les différentes générations d'ingénieurs en plaçant au cœur des échanges la philosophie-même du métier
Jean Guénard, ingénieur INSA génie civil 8e promotion et président de la Fondation INSA LyonL’environnement de l’ingénieur a évolué, depuis la création de l’INSA en 1957. Pour son co-fondateur, Gaston Berger, l’Homme était alors au centre de toutes les préoccupations. Aujourd’hui, plus de soixante ans plus tard, nous constatons que les élèves défendent une autre position : la Terre est désormais placée au centre de leurs préoccupations. Cette notion de « Terre en danger », qui n’était réservée qu’à quelques élites un peu marginalisées de l’époque, est devenue omniprésente aujourd’hui. Les notions de frugalité, réparation, économies, reviennent sur le devant de la scène et l’ingénieur humaniste a cette prise de conscience que les ressources de la terre ne sont pas inépuisables. L’ingénieur, qui doit dorénavant s’astreindre à ne pas penser qu’à lui-même, doit apporter sa contribution à l’évolution sociale, économique, intellectuelle et culturelle au monde qui l’entoure, et dans l’organisation du travail. 
J’attends donc de cette chaire, avec beaucoup d’intérêt, une redéfinition concrète et actuelle de la notion d’ingénieur humaniste, où l’on se réfère à l’homme mais aussi à la Terre. Mais pour moi, l’ingénieur de demain n’est pas, hormis sur cet aspect environnemental, si différent de ce qu’il était hier. Avec une technique excellente, et une expertise pointue de sa spécialité, il présente une formation solide et une ouverture au-delà de son champ d’expertise, doublée d’une culture générale qui doit être la plus large possible. 
Pour moi, un ingénieur, c’est celui qui s’intéresse à ce qui se passe autour de lui, et qui met ses compétences au service de ses valeurs. Des valeurs avec lesquelles il est en accord, dès sa formation sur les bancs de l’INSA. Ces valeurs fortes, l’école les portaient quand j’étais moi-même étudiant. Je fais partie de ceux qui ont eu accès à cette formation d’excellence, étant pourtant éloigné du monde de l’enseignement supérieur. Mes parents, agriculteurs puis épiciers, au Creusot, me soutenaient dans ma scolarité, plutôt satisfaisante. Grâce à eux, j’ai pu rentrer à l’INSA, puis bénéficier d’une bourse d’études dès ma deuxième année. À l’époque, je ne savais pas que je réussirais le pari fou d’aboutir dans une carrière riche de dizaines d’ouvrages d’art, de génie civil, de souterrains, de voies ferrées ou routières, de ports ou d’ouvrages maritimes à la construction d’un ouvrage unique : le viaduc de Millau. Chance ? Intuition ? Culot ? Ambition ? Sans doute un peu de tout cela, mais surtout un goût et une pratique développée de la motivation des équipes.
Seul, je ne suis rien. Ensemble, tout, absolument tout, est possible.
J’avais commencé comme conducteur de travaux et gravi les échelons chez EMCC puis chez Eiffage, jusqu’à en devenir Président de la branche Infrastructures. Dans ma spécialité, le génie civil, nous concevons, nous construisons, et nous pouvons suivre la réalisation. C’est un domaine où nous pouvons nous projeter. Aujourd’hui, le besoin de nouvelles infrastructures n’est plus aussi fort, l’heure est au renouvèlement du patrimoine, et à l’entretien préventif des bâtis. Il faut faire avec l’existant, un véritable défi pour les ingénieurs de ma spécialité. Grâce à cette chaire, impulsée par les Alumni, le lien entre les différentes générations d'ingénieurs va pouvoir être renforcé, en plaçant au cœur des échanges la philosophie-même du métier. Et, je l’espère à nouveau, faire en sorte que l’impensable ne soit pas impossible. 

 

 

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