Le charançon des céréales, Sitophilus oryzae, est un insecte ravageur présent partout dans le monde, pour lequel le grain sert de nourriture aux adultes et d’habitat pour le développement des larves. S. oryzae a développé une interaction intracellulaire symbiotique (endosymbiose) avec une bactérie, Sodalis pierantonius, qui peut produire des acides aminés essentiels pour son hôte à partir des carbohydrates des grains de céréales. En particulier, cette interaction permet aux jeunes adultes charançons de renforcer leur cuticule avant d’émerger du grain. La bactérie est présente dans des cellules spécifiques du charançon : les bactériocytes, qui sont eux-mêmes organisés en un organe : le bactériome. Lors du développement, le bactériome unique présent chez les larves est réorganisé en plusieurs bactériomes localisés le long de l’intestin adulte. De plus, alors que la charge bactérienne est stable chez les larves, elle augmente chez les jeunes adultes, coïncidant ainsi avec la synthèse de la cuticule, puis les bactéries sont éliminées, une fois la cuticule achevée. Néanmoins, les mécanismes de contrôles de la charge bactérienne par le charançon restent encore inconnus. Des travaux récents, utilisant la transcriptomique à différents stades de développement du charançon, ont montré que des gènes de la voie de signalisation Hippo étaient plus exprimés chez les adultes hébergeant S. pierantonius, que chez ceux ne possédant pas la bactérie (individus aposymbiotiques). Une voie de signalisation est une suite de réactions chimiques qui permet à la cellule de détecter et de répondre à un signal, par exemple nerveux ou hormonal. La voie Hippo a été étudiée principalement chez les mammifères et la drosophile, où elle est impliquée, entre autres, dans le devenir des cellules (ex. prolifération, croissance, mort cellulaire). L’objectif principal de ce projet est d’étudier si la voie de signalisation Hippo est impliquée dans la régulation de la charge bactérienne chez le charançon. Comprendre les mécanismes impliqués dans l’interaction entre S. oryzae et S. pierantonius pourrait permettre de découvrir de nouveaux moyens de lutte contre cet insecte ravageur.

