Société

08 Oct
08/Oct/2024

Vie de campus

1re édition du Festival Arts Sciences et Sociétés de l’INSA Lyon

À partir du 5 novembre 2024 se tiendra un nouveau rendez-vous dédié aux Arts et à la Culture sur le campus de la Doua : le Festival Arts Sciences et Sociétés de l’INSA Lyon. FASSIL est porté par le Service Culturel, le Centre des Humanités, mais aussi l’Institut Gaston Berger, la Bibliothèque Marie Curie et d’autres composantes comme les sections artistiques, les associations étudiantes, certains laboratoires… Pour cette première édition, ouverte sur la ville, l’équipe a décidé de porter son regard sur « l’intime ». 

Depuis de nombreux mois, l’INSA Lyon travaille à l’écriture d’un nouveau projet arts et culture en lien avec son identité. Avant d’être un opérateur culturel, l’INSA est un établissement scientifique d’enseignement supérieur. Une école en mouvement perpétuel, animée par un modèle philosophique d’éducation humaniste. L’INSA cherche à former des ingénieurs qui pensent et agissent, des « philosophes en action » d’après les termes de Gaston Berger. Ce foisonnement fait naître des perspectives toujours nouvelles et apporte aussi son lot de questionnements. Portés par cette richesse, ce nouvel événement propose une nouvelle interface pour valoriser la culture, mais aussi les sciences, la recherche et la vie de campus à l’échelle métropolitaine : FASSIL. 

Ce premier Festival Arts, Sciences et Sociétés de l’INSA Lyon prend place sur le campus du 5 novembre au 18 décembre 2024 avec une programmation collective et plurielle. Il s’écrit à plusieurs voix et permet de créer une interface commune autour d’un fil rouge : « intimes ». 

Intimes pour cette première édition questionne notre rapport aux autres, à la technologie, aux sciences, dans une société plurielle, en perpétuel ou impossible mouvement. Quels changements ? Quels futurs ? Intimes s’empare aussi de nos rapports ambivalents aux dérèglements socio-écologiques et aux réponses qui sont apportées.

Une thématique explorée avec un programme de spectacles, conférences, ateliers, projections, le tout piloté par le service culturel de l’INSA Lyon avec de nombreux partenaires internes et externes. 
Pendant près de deux mois, ce grand événement offre une expérience inédite à l’intersection de la culture des sciences, de la recherche et de la vie de campus. Une première édition qui fait déjà un pas vers la métropole puisque ce rendez-vous est proposé sur le campus, mais aussi dans plusieurs espaces culturels de Villeurbanne et de Lyon.

 
Découvrez le programme : 
https://www.insa-lyon.fr/fr/fassil 

Additional informations

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15 Apr
From 15/04/2024
to 18/04/2024

Recherche

Conférence Archipel 2024

Dans le cadre des dégradations globales actuelles (écosystémiques, climatiques, sociales ou politiques), nos sociétés humaines se trouvent confrontées à des enjeux toujours plus pressants.

La conférence Archipel a pour objectif de constituer une communauté scientifique francophone s’attachant à faire émerger les questionnements, les cadres de pensée, les méthodes et les outils permettant de traiter des risques systémiques, et plus globalement de penser les futurs de nos sociétés.

Plus d'infos : https://archipel.conf.citi-lab.fr/
Appel à communications (ouvert jusqu’au 08/11/23): https://archipel.conf.citi-lab.fr/index.php/appel-a-communications/

Archipel est une communauté de recherche francophone transdisciplinaire sur les enjeux de l'Anthropocène (limites planétaires, risques systémiques, leviers d'action).

11 Apr
11/Apr/2023

Formation

"Il faut développer une approche critique du numérique dans la formation des élèves-ingénieurs"

Il apparaît aujourd’hui évident que le numérique bouleverse l’ensemble des domaines de la société ; une omnipotence qui transforme en profondeur nos existences et dont les enseignants investis dans l’évolution de la formation se sont saisis, avec deux objectifs : transformer la pédagogie pour consolider une culture minimale sur l’outil et développer une approche critique du numérique dans la formation des élèves-ingénieurs de l’INSA Lyon. 

Au sein du groupe de travail dédié aux « enjeux environnementaux et sociétaux du numérique », la réflexion est partie du constat suivant : qu’il s’agisse d’intelligence artificielle, de production logicielle ou d’appareils digitaux, les outils du numériques sont principalement créés par des ingénieurs. Il est donc urgent, au-delà de former les futurs professionnels à la maîtrise proprement technique, de leur faire entrevoir les réalités sociétales et philosophiques qui s’y rattachent. Lionel Morel, enseignant-chercheur au département informatique et laboratoire CITI, et David Wittmann, enseignant au centre des Humanités sont tous deux animateurs du groupe de travail « enjeux environnementaux et sociétaux du numérique ». Dans cet entretien, ils résument les travaux menés pour intégrer ces enjeux à la formation INSA. 

Lorsque l’on parle d’enjeux environnementaux du numérique, le premier « impact » criant se rapporte souvent à la réalité matérielle des objets. Cependant, les propositions et les objectifs pédagogiques établis par le groupe de travail veulent aller plus loin.  

Lionel Morel : Environ 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre sont liés au numérique. Le mythe du numérique « propre » ayant largement investi l’inconscient collectif, il est nécessaire de les former à développer des outils pour évaluer, contrôler et réduire l’impact du matériel numérique. Cependant, il est tout aussi indispensable de les initier à déconstruire ce mythe. Les effets d’une utilisation massive du numérique ne sont pas seulement matériels. Un objet technologique a des effets indirects et modifie une activité humaine en induisant des effets sur la société ; souvent, cet aspect n’est pas intégré par la personne qui conçoit ces objets numériques. À travers nos réflexions avec le groupe de travail, nous avons souhaité dépasser le cœur technologique et technique, et élargir le champ de l’acculturation de nos étudiants jusqu’à la politique, l’éthique et le juridique. L’ambition est de leur offrir une vision globale des enjeux engagés par le numérique. Nous voulons faire prendre conscience que la technologie n’arrive pas ex-nihilo ; elle est en interaction avec les sociétés humaines.

Vous avez ainsi débuté l’élaboration d’une méthodologie permettant d’aborder les enjeux environnementaux et sociétaux du numérique dans les enseignements, « à partir du réel ». En quoi consiste-t-elle ?

Lionel Morel : Une phase exploratoire assez conséquente a été nécessaire pour aboutir à une première ébauche de méthode pédagogique, avec une vision « en oignon ». L’idée principale est de mettre en évidence les impacts et les imaginaires sous-jacents, à partir d’un objet technique du réel. Prenons l’exemple de la vidéo-surveillance : les enjeux techniques sont ceux de la fabrication d’une caméra, de l’utilisation efficace et optimisée des données produites. Mais le déploiement de cette même technologie ne s’arrête pas aux enjeux techniques : il peut interroger le modèle économique des entreprises développeuses ou les potentiels lobbys impliqués. Ensuite, il comporte des dimensions éthiques et juridiques auxquelles il faut répondre : par exemple, la question des droits d’accès aux informations personnelles ou le droit à l’image. La couche supérieure de la réflexion peut porter sur les ressources nécessaires, le renouvellement du matériel défectueux, ses coûts écologiques… Enfin, la dernière couche s’intéresserait aux imaginaires liés à l’objet technique en lui-même. Pour le cas de la surveillance des populations, la littérature ou les médias internationaux en regorgent… Une fois ce travail réalisé, idéalement, il faudrait faire le travail dans le sens inverse, en faisant de la dernière couche, la plus importante : vers quel imaginaire voudrait-on aller ? C’est déconstruire pour mieux reconstruire.

Le groupe de travail a identifié quatre imaginaires très caractéristiques des manières usuelles et populaire de se rapporter au numérique. Quels sont-ils ?

David Wittmann : Effectivement, on pourrait croire que le fonds de commerce de la littérature dystopique ne dépasserait pas les pages des romans ni les écrans de cinéma, pourtant, les imaginaires du numérique sont très ancrés dans l'inconscience collective. Le premier se rapporte à l’immatérialité : c’est un mythe qui laisse penser que le numérique est propre et qu’il n’a pas d’impact environnemental. Le second se rapporte à l’immédiateté et consiste à considérer que le numérique permet de faire et d’avoir tout, dans l’instant. C’est d’ailleurs une notion qui camoufle totalement les médiations bien humaines qui nous permettent d’accéder aux applications comme les travailleurs de l’ombre, les modérateurs de contenus ou même les préparateurs de commande. Le troisième imaginaire est celui de la neutralité : penser que les algorithmes sont immunisés des biais humains et des jugements moraux. Pourtant, derrière les algorithmes, il y a des programmeurs et des organisations qui portent, en conscience ou non, des idées et des valeurs morales. Le dernier mythe que nous souhaiterions aborder est celui de l’absolue nécessité de la technologie numérique : souvent présenté comme solution à tous les maux, le numérique fait l’objet d’un grand récit solutionniste qui traverse notre société et évite d’interroger la réalité des besoins ou de contester l’efficacité du numérique face à des solutions plus traditionnelles. 
Ces quatre grands mythes seront une base pour développer l’esprit critique des étudiants. Ce faisant, les futurs ingénieurs seront plus à même de construire des outils numériques socialement et écologiquement responsables, et seront aussi armés, en tant que citoyens, pour adopter une attitude réflexive et critique, et pour prendre part aux différents débats qui animent nos sociétés.

L’approche développée par le groupe de travail « enjeux environnementaux et sociétaux du numérique » propose également d’enseigner les concepts à la base de la pensée algorithmique. Pour quelles raisons ? 

David Wittmann : Il y a, à la base de la pensée algorithmique, l’idée qu’un problème, quel qu’il soit, peut être résolu par une machine qui sait lire et exécuter des commandes. Cependant, pour formaliser le problème, il faut en créer un modèle abstrait pour espérer que la machine le résolve. L’abstraction permet l’efficacité pratique, mais elle porte aussi en elle le germe d’une réduction de la complexité, en particulier du social. Il existe un caractère universel dans le numérique, qui prétend qu’une machine pourrait tout faire. Un raccourci se joue ici : on imagine que tout problème peut être résolu par un ordinateur ou une application numérique et par extension, par la technologie. Mais les informaticiens savent très bien qu’il y a des limites, des problèmes qui ne peuvent être résolus de manière exacte, par une machine. Faire comprendre cela à nos étudiants amène à les faire se questionner sur la différence entre innovation numérique et progrès social. Pour chaque objet numérique, il faut que l’ingénieur qui fait l’innovation se pose la question de savoir quelle est la société qui se construit à travers cet objet et si nous voulons d’une telle société. Quelle forme de vie, quelle humanité construisons-nous à travers les techniques que nous mettons en œuvre ?

 

Le groupe de travail dédié aux « enjeux environnementaux et sociétaux du numérique » est composé de huit membres actifs : Frédérique Biennier (IF), Adina Lazar (BS), Lionel Morel (IF), Céline Nguyen (CDH), Christine Solnon (IF), Jean-François Tregouet (FIMI), Erin Tremouilhac (CDH) et David Wittmann (CDH).

 


Une (r)évolution de la formation d’ingénieur à l’INSA Lyon
Depuis 2019, un vaste chantier d’évolution de la formation a été entrepris au sein de l’INSA Lyon pour former les étudiants à deux facteurs majeurs de la mutation de nos sociétés : les enjeux socio-écologiques et les enjeux du numérique. Cette évolution concerne tous les élèves-ingénieurs, de la 1re à la 5e année et est mise en œuvre progressivement depuis la rentrée 2021. Un socle commun est ainsi décliné en huit thématiques :  
▪️ Anthropocène et climat
▪️ Énergie
▪️ Ressources, analyse du cycle de vie (ACV) et mesure d’impact
▪️ Enjeux du vivant
▪️ Quels futurs possibles et souhaitables ?
▪️ Calcul numérique
▪️ Sciences des données et intelligence artificielle
▪️ Enjeux environnementaux et sociétaux du numérique



« Projet soutenu dans le cadre de l'AMI Emergences. »

 

 

 

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14 Oct
From 14/10/2022 14:00
to 14/10/2022 17:00

Sciences & Société

Fête de la science - A la découverte des métiers du vélo

A travers une exploration participative, venez découvrir les métiers qui se cachent derrière la production d'une pédale de vélo !

Après une découverte du FabLab de la Fabrique de l'Innovation et de sa micro-usine INDULO, les participants débattront autour des idées reçues liées au monde industriel et ses métiers.

Dans un second temps, un atelier sera proposé pour découvrir et repenser le cycle de vie d’un produit en se mettant dans la peau d’un entrepreneur afin de mieux questionner les enjeux liés à la production d'un produit industriel.

Additional informations

07 Oct
From 07/10/2022 14:00
to 07/10/2022 17:00

Vie de campus

Fête de la science - Recycler les eaux usées des blanchisseries : le projet Life Recyclo

Alors que le recyclage des eaux usées est encore peu présent en Europe et en France, la start-up lyonnaise TreeWater lance un projet de recyclage des eaux usées à destination des blanchisseries.

Partenaire du projet, Pop’Sciences vous invite à venir découvrir ce dispositif Life Recyclo à travers une exposition.

Visite libre de l'exposition entre 14h et 17h

07 Oct
From 07/10/2022
to 07/10/2022

Sciences & Société

Fête de la science - Visite guidée - A la découverte de l’univers du FabLab

Entrepreneurs, étudiants, professionnels ou simples curieux, venez découvrir le FabLab de la Fabrique de l'Innovation sur le Campus LyonTech-la Doua.

Notre FabManager et l'association étudiante AsTech vous accueilleront pour vous faire visiter cet espace de 200m² et vous mettre dans la peau d'un vrai maker ! Au programme : Visite guidée du FabLab et de ses équipements (imprimantes 3D, découpeuse jet d'eau, pôle électronique, pôle bois...) et démonstration d'un mini-circuit de recyclage plastique.

07 Oct
07/10/2022

Sciences & Société

Fête de la science - Atelier "Construisez votre propre "Jeu du L" au FabLab

A partir des machines du FabLab de la Fabrique de l'Innovation, construisez vous-même le "Jeu du L" créé par le psychologue Edward de Bono, et familiarisez-vous avec les méthodes expérimentales du recyclage plastique. Chacun pourra repartir avec son propre jeu à la fin de l'atelier.

Cette année, la Fête de la science interrogera une thématique au centre des préoccupations des citoyens d’aujourd’hui et de demain : le changement climatique.

Pour sa première participation à cet évènement national, la Fabrique de l'Innovation ouvrira grand les portes de ses espaces à Villeurbanne et à Saint-Etienne du 7 au 14 octobre 2022 avec des animations autour du recyclage plastique, du recyclage des eaux usées et de l'aquaponie. A partir des machines du FabLab (découpeuse laser, imprimante 3D et création de plaques plastiques), construisez vous-même le "Jeu du L" créé par le psychologue Edward de Bono, et familiarisez-vous avec les méthodes expérimentales du recyclage plastique.

Chacun pourra repartir avec son propre jeu à la fin de l'atelier.

Deux sessions : de 9h30 à 11h de 11h à 12h30

13 Oct
From 13/10/2022
to 15/10/2022

Sciences & Société

Campus en fête

Le campus LyonTech-La Doua foisonne d'animations pour la fête de la science. Et cette année, ses rues s'animent particulièrement avec la labélisation de Villeurbanne comme capitale française de la culture. Au programme au niveau de l'INSA.

Des ateliers, des conférences, des visites, de la musique....

20 Apr
20/Apr/2022

INSA Lyon

L’ingénieur, trop silencieux dans le débat public ?

Le terme « débat » traîne avec lui, un je-ne-sais-quoi qui agace. Serait-ce dû à ces souvenirs de repas de familles où souvent, la loi de celui qui crie le plus fort est élue la meilleure, à contrecœur ? Et pour cause : dans les dictionnaires le mot « débattre » est souvent défini comme « une lutte vigoureuse ». 
Au sein de la société, le débat public peut prendre plusieurs formes : celui encadré par la loi, organisé avec des citoyens comme l’initiative du Grand Débat National en 2019 mais dont on déplore le manque de retombées concrètes ; le débat public c’est aussi celui qui est quotidiennement interrogé par les médias et sur les réseaux sociaux, porté par tous les acteurs de la société civile, citoyens, associations, syndicats… Au sein du débat démocratique, les ingénieurs semblent souvent aux abonnés absents. Une forme de pudeur qui ne devrait pas être pour trois ingénieurs INSA : Isabelle Huynh, Florent Guignard et Jean-Michel Longueval ont choisi de faire avancer le débat à travers leurs activités associative, médiatique et politique.

Débattre pour ne pas se battre
Le Drenche« J’ai remarqué que le mot ‘débat’ avait une connotation extrêmement négative », amorce Florent Guignard, fondateur du journal Le Drenche et ingénieur INSA. « On l’associe rapidement à la colère et on confond souvent polémique et débat. Là où la première fait appel à nos émotions, le débat devrait uniquement faire appel à la raison. » Les médias et les réseaux sociaux, dont les modèles économiques sont basés sur l’engagement émotionnel, semblent avoir pris le monopole dudit débat public. Sur les plateaux TV, on choisit des orateurs pour leurs positions, connues à l’avance et l’on organise une bataille d’avis d’experts. « C’est la course à la meilleure réplique qui fera le maximum d’audience ou de clics. D’ailleurs ces fameux experts sont souvent toujours les mêmes et on ne leur fait plus vraiment confiance », déplore Florent Guignard. Seulement, certains sujets complexes comme les sujets scientifiques et techniques, demandent du temps et sont très peu adaptés au paysage médiatique d’aujourd’hui. « Il n’y a pas beaucoup d’ingénieurs dans les médias et pourtant sur les questions technologiques, on a besoin d’ingénieurs pour apporter de la matière au débat », ajoute Florent.

Le silence historique de l’ingénieur 
Comment expliquer le faible poids des ingénieurs dans le discours public par rapport à d’autres catégories professionnelles ? Historiquement, les ingénieurs ont assez peu été appelés à exprimer leurs opinions, leurs valeurs et leurs jugements. Ce sont des fonctions qui s’exercent dans l’action. Mais de plus en plus, les nouvelles générations d’ingénieurs ont le besoin de la réflexion sur leurs travaux.
« Il existe une forme de discrétion ou une autocensure chez les ingénieurs et en tant qu’ingénieure, je me reconnais dans cette façon de ne pas être le fauteur de trouble. L’ingénieur n’est pas seulement un technicien car il fait des choses qui changent la vie des citoyens et amène la société dans une direction. Fabriquer des produits, c’est politique, par défaut », explique Isabelle Huynh, ingénieure INSA et fondatrice de l’association La Clavette. Si l’ingénieur exerce une influence non-négligeable sur l’évolution de la société, pourquoi n’ose-t-il pas prendre la parole ? Que pense-t-il des modifications engendrées par son travail ? 

La légitimité de l’expert, dans son champ de compétences 
« C’est une force que de savoir s’abstenir de parler quand on ne sait pas. Mais quand on sait, il est important de partager sa connaissance car les silences laissent trop souvent le champ libre à des discours moins instruits qui polluent le débat », note Florent Guignard qui a fondé son journal, en partant d’un constat paradoxal. « Je suis tombé un jour sur un sondage à propos du gaz de schiste. On posait la question aux Français : ”êtes-vous pour ou contre le gaz de schiste”. Il y en avait 80% contre, 15% pour et 5% sans opinion. Ensuite, on leur demandait s’ils étaient capables d’expliquer ce que c’était. Et là, il n’y avait plus que 14% des gens qui répondaient oui. Peut-on avoir une réelle opinion sans avoir les connaissances sur le sujet ? Je ne crois pas. » Pour Florent, c’est en essaimant la connaissance matérielle et objective, que l’ingénieur aurait le pouvoir de rééquilibrer les symboliques qui collent à la science et à la technique.

La connaissance objective pour alimenter le débat
« L’enjeu du partage des connaissances est important dans cette affaire. La technique n’est pas toujours comprise par la société civile et l’ingénieur a une mission d’expliquer ce qu’il fabrique. C’est une des raisons pour lesquelles je défends ‘des outils conviviaux' au sens de Ivan Illich
1 qui consistent à fabriquer des objets que les citoyens puissent comprendre et s'approprier », explique Isabelle Huynh, également co-fondatrice de l’Institut Transitions. Partager ses connaissances, expliquer ce qu’il est techniquement faisable ou non, imaginer le futur à partir de projections… La fonction d’ingénieur a donc beaucoup à offrir pour alimenter le débat public. Plus encore, il doit œuvrer à séparer la science de l’opinion. « On se retrouve dans un paradoxe où certains faits scientifiques sont discutés et sont traités comme des opinions. Bien sûr, ça n’est pas à l’ingénieur d’imposer la société qu’il veut, mais il peut aider la société civile à faire la différence entre ce qui revient à l’expertise et aux décisions politiques », exprime le fondateur du Drenche. 

Former les ingénieurs au débat public
Jean-Michel LonguevalS’il y a une opinion que les deux ingénieurs INSA partagent, c’est le déficit sur la formation au débat en études d’ingénieurs. Jean-Michel Longueval, ingénieur INSA et Vice-Président de la Métropole de Lyon rejoint le point de vue. « Je suis entré en politique par goût pour l’intérêt général et le service public et mon expérience me fait croire qu’il est important d’inciter les ingénieurs à être élus pour apporter un regard scientifique et technique au cœur des instances de décisions », annonce-t-il. « Intéresser les citoyens aux dimensions techniques d’un problème demande de la pédagogie ; ça ne s’improvise pas. Il faut leur donner les outils pour pouvoir être à l’aise dans la conduite de débat et de discussion », ajoute l’ancien Maire de Bron. Au sein de l’INSA Lyon, plusieurs espaces d’enseignements offrent la possibilité de aux étudiants de développer leur capacité d’argumentation et l’expression de son point de vue. Par exemple, les cours à la carte comme ceux intitulés « éloquence et argumentation », « se connaître et connaître les autres », « prospective et citoyenneté » ou « responsabilité sociale de l’ingénieur » sont autant d’occasion qui peuvent leur permettre de s’initier au débat public.


L’ingénieur peut donc apporter une pierre à l’édifice qu’est le débat démocratique. « Au même titre que tous les citoyens, l’ingénieur devrait avoir un vrai positionnement et agir selon ses convictions. Bien sûr, il ne s’agit pas de considérer son avis comme plus haut que celui d’un autre, mais bien de respecter la posture de la science et la technique, objectives. De son côté, il y a une mission à laquelle il devrait s’attacher, c’est de toujours faire la différence entre son opinion et son expertise technique et scientifique. Son rôle n’est pas d’influencer, mais de donner les éléments indispensables à la prise d’une décision ou d’un choix », conclut Isabelle Huynh.

 

 

[1] Ivan Illich (1926-2022) dénonce la servitude née du productivisme, le gigantisme des outils, le culte de la croissance et de la réussite matérielle. Il oppose à la « menace d’une apocalypse technocratique » à la « vision d’une société conviviale ».

 

 

Pour aller plus loin sur le sujet : 
Podcasts « Les cœurs audacieux » - Saison 2 / Épisode 6 - 19 mai 2022
 

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10 Mar
10/03/2022 12:30

Sciences & Société

Explorer mon pouvoir d'agir

Conférence ouverte aux étudiants, mais aussi aux professeurs et personnels intéressés.

Vous vous sentez souvent impuissant face à une situation ? Vous aimeriez faire changer des choses autour de vous mais vous vous dites souvent "je ne suis pas la bonne personne" ?

Pas de recette miracle mais il se peut qu'en venant à cette conférence vous appreniez quelques clés pour sortir de l’inaction ! Il se peut que vous ressortiez aussi avec un certain élan et envie de vous mettre en mouvement !  Avec Avenirs Fertîles, on parle d'explorer son pouvoir d'agir...

Ce sera aussi l’occasion de s’inspirer de jeunes ingénieurs engagés et de découvrir les Parcours d'Avenirs Fertîles, une formation immersive de 5 jours pour trouver sa voie en tant qu'ingénieur dans les transitions écologiques.

Inscription obligatoire avant mardi 8 mars => https://bit.ly/association-fertîles

Fertîles est une association de formation à la coopération et à l'engagement. L'idée est d'explorer des clés pour sortir de l'inaction, de trouver de l'élan pour se mettre en mouvement, de s'inspirer d'ingénieurs engagés et d'avoir quelques infos sur les Parcours Avenirs Fertîles.

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