Association

19 Feb
19/Feb/2020

Vie de campus

AS INSA : 60 ans d’exception 

Elle est l’une des associations sportives (AS) de France les plus importantes en matière d’excellence. L’AS INSA Lyon, fondée trois ans après la création de l’école, continue de briller dans les palmarès et de faire rayonner l’INSA Lyon en France grâce aux belles performances de ses athlètes-élèves-ingénieurs. Interview croisée avec Marion Létisse, présidente de l’AS depuis deux ans et enseignant-chercheur à l’INSA Lyon, et Hervé Bizzotto, professeur d’EPS à l’INSA Lyon et secrétaire de l’association.

Comment est venue l’idée de fêter les soixante ans de l’association sportive de l’INSA Lyon ?
Hervé Bizzotto : Quand j’ai pris la fonction de secrétaire il y a 4 ans à l’AS, j’ai fait le point sur les statuts et découvert qu’ils avaient été déposés en mai 1960. J’avais gardé en tête l’idée de fêter le 60e anniversaire, pour d’abord mettre en valeur l’engagement sportif de nos élèves. Et puis, en 2017, l’école a lancé un concept qui m’a beaucoup plu, le 5717 pour fêter ses 60 ans. J’ai particulièrement apprécié la partie historique qui nous a été présentée et je me suis dit qu’on pourrait à notre tour écrire l’histoire de l’AS de l’INSA Lyon.
Marion Létisse : Hervé m'a expliqué qu’il voulait à la fois jalonner l’année d’événements pour faire découvrir notre AS et fédérer la communauté INSA autour de nous, et écrire l’histoire de notre association, qui compte aujourd'hui 1600 adhérents et 26 sections sportives, des sports individuels aux sports collectifs. 

Quelle est pour vous la place du sport à l’INSA Lyon ?
H.B. : Il fait d’abord partie de l’ADN de l’école, avec des cours d’EPS obligatoires pour tous les étudiants dès la première année de formation, et ce depuis 1957. Les matches avaient lieu tous les jeudis après-midi et un stage de ski était au programme de l’année pour tous les élèves. Je crois qu'il y a toujours eu une volonté des élèves-ingénieurs d’être pratiquants sportifs.
Aux JO de Rome en 1960, la France se prend une claque et décide de mettre les moyens pour que des athlètes français puissent briller en compétition. À l’INSA, très rapidement, ils vont se démarquer des autres élèves des grandes écoles, en remportant beaucoup de victoires. Aujourd’hui, l’AS INSA est 1re au classement des AS des Grandes Écoles, et 3e au classement français toutes universités et écoles confondues.
M.L. : C’est justement le rôle de l’AS de maintenir le niveau de compétition des élèves, assurer le sport pour tous et s’ouvrir aux autres sont les trois axes que nous développons au sein de l’association, dans la continuité du travail fait avec Jérôme Dupuy, mon prédécesseur. Nos élèves ont beaucoup d’avantages grâce à notre AS, ils bénéficient d’infrastructures, de soutien humain et financier si nécessaire, et il est important de savoir partager. Grâce à leurs résultats sportifs, nous obtenons des bons d’achats chez des équipementiers du sport et en faisons bénéficier des associations d’aide aux personnes handicapées ou défavorisées depuis 3 ans.

Quelle est l’articulation de la section sportive de haut niveau (SHN) de l’INSA et l’association sportive ?
H.B. : Tous les élèves de la SHN sont licenciés de l’AS et représentent l’INSA dans les compétitions. Je trouve que c’est bien que ces athlètes de très haut niveau ne veuillent pas rester en dehors de la vie de l’école et que leur état d’esprit soit ouvert aux autres sportifs. Ce qui rassemble ces étudiants, c’est qu’ils sont d’abord élèves-ingénieurs, avec une passion commune, le sport. 
M.L. : Au-delà du sport qui les rassemble, ils appartiennent à la même école, l’INSA Lyon, qui est, selon moi, une véritable identité pour eux.

Quel message voudriez-vous faire passer à l’occasion de cet anniversaire ?
M.L. : Nous espérons continuer à bénéficier de soutien pour notre fonctionnement. La pérennité de l’association est à mon avis garantie parce qu’elle est rattachée statutairement à l’école, et parce qu’elle est encadrée par des professeurs qui s’investissent, et il faut que cela continue.
H.B. : Continuons à travailler ensemble afin que l’AS conserve sa place au sein de l’école, qu’elle puisse toujours bénéficier de moyens humains et financiers pour permettre à nos élèves de continuer à pratiquer leur passion tout en poursuivant des études d’excellence. Merci à tous les personnels, à tous les collègues qui nous soutiennent et à tous ceux qui nous ont légué ce patrimoine merveilleux.

 

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26 Feb
26/02/2020 20:30

Sport

Nuit du Basket (BASIC) - Labellisé 60 ans de l'AS

En partenariat avec l'AS INSA Lyon pour ces 60 ans, l'association BASIC [Basket Insa Club] organise sa traditionnelle nuit du basket sous format 3v3.

Cette année encore, l'association BASIC de basket de l'INSA Lyon organise sa traditionnelle nuit du basket ! Quel que soit ton niveau, viens défier les autres équipes en 3v3 en tournois loisirs ou compet', par équipe de 3 à 5 🏀

Pour seulement 1€ de cotisation par personne (en liquide ou par Lydia), BASIC t'offre crêpes et boissons gratuitement ! Alors viens te dépenser en musique avec tes potes 🔥 Que ça soit pour te défouler ou tout gagner.

18 Dec
18/Dec/2019

Formation

Partager son stage entre entreprise et association

Depuis cette année, l’INSA Lyon offre la possibilité à ses étudiants de réaliser un stage partagé entre une association et une entreprise. Ghyslain Le Crom, étudiant en 4e année de génie électrique, est le premier à profiter de ce dispositif. Rencontre.

2018. Ghyslain, élève-ingénieur, s’intéresse dans le cadre de l’association Ingénieurs sans frontières, à trouver des stages différents. « Bien souvent, les entreprises intéressées par nos profils sont des grands groupes. On voulait offrir une plus grande diversité de stage aussi bien au niveau des sujets que des entreprises. Nous avons donc rencontré Béatrice Weill-Bureau, en charge de l'Espace Carrières, qui nous a parlé des stages partagés », se souvient Ghyslain. 

20% en association, 80% en entreprise
Les stages partagés ont été proposés initialement à l’INSA par Vinci, partenaire de la Fondation Groupe INSA, pour permettre aux insaliens de développer leurs compétences au sein d’une entreprise et d’une association. L’élève, rémunéré par l’entreprise, accorde 20% de son temps à une association pour travailler sur un deuxième sujet. « Le contenu pédagogique des deux missions est validé par le responsable de stage du département et doit permettre aux étudiants de développer des compétences d’ingénieur. Il ne doit pas forcément y avoir de lien entre elles, bien que les synergies soient encouragées, comme dans le cas de Ghyslain », précise Béatrice Weill Bureau.

Un contrat gagnant-gagnant
Ghyslain décroche un stage partagé entre Citéos, filiale de Vinci Énergie dans l’éclairage urbain, et Hespul, association qui accompagne justement des projets liés au photovoltaïque et à la transition énergétique. « Une telle expérience me permet de réaliser une mission engagée en rapport avec mes valeurs en associant deux structures. Citéos, expert dans l’éclairage public depuis des années, s’est positionné sur le domaine du photovoltaïque depuis moins de deux ans. Nous avons construit tous ensemble un sujet qui permet de mobiliser les savoir-faire de chacun : ‘Comment injecter de la production d’énergie photovoltaïque dans l’éclairage public ?’ » 

Une découverte de deux environnements
Dimensionnement, amélioration de processus, visite de chantier, calcul de capacité d’accueil, réponse aux appels d’offres… Ces missions ont permis à Ghyslain de développer de solides compétences. « Depuis septembre, je me rends toutes les deux semaines à Hespul pendant deux jours. Ce rythme alterné me permet d’apprendre énormément et d’avoir une vision de structures et modes de fonctionnement différents. J’ai vraiment l’impression de réaliser deux stages en un ! », s’enthousiasme l’étudiant.

Des propositions futures
Fort de ce succès, l’INSA Lyon souhaite déployer ce modèle avec d’autres entreprises et associations. « Côté associations, Handicap International, partenaire de l'INSA, propose des missions telles que le calcul de l’impact environnemental de leurs événements. Habitat et humanisme propose des sujets dans le domaine de l’optimisation énergétique des hébergements. Nous espérons créer de nombreux stages pour les étudiants qui souhaitent s’engager autour des enjeux sociaux et environnementaux ! », conclut Béatrice Weill-Bureau.

La Fondation Groupe INSA accompagne l'ensemble des INSA dans le déploiement du dispositif.
 

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18 Sep
18/Sep/2019

Vie de campus

Icare : un véhicule capable de rouler 1143 km avec un seul litre d’essence

Association étudiante historique, le Proto INSA Club (PIC) conçoit et fabrique depuis 28 ans, des prototypes roulants à très basse consommation de carburant. Cet été, toute l’équipe s’est rendue en Angleterre pour participer au Shell éco-marathon, compétition automobile réunissant plus de 200 équipes étudiantes. Le challenge ? Réaliser la plus grande distance avec un seul et unique litre de carburant. L’équipe du Proto INSA Club s’est hissée sur la 11e marche du podium, avec leur dernier prototype, « Icare », qui a été capable de rouler 1143 km avec un litre de carburant.

Le cadet de la famille PIC
Trente-sept kilos d’éléments entourés par un manteau de carbone, Icare est le dernier véhicule du Proto INSA Club. Et il est entièrement « fait-maison ». 
« Le moteur d’Icare est plus petit que celui d’un scooter : 32 cc ! Les pièces de notre véhicule ont été désignées et fabriquées sur-mesure à l’INSA et certaines parties du moteur ont été conçues avec l’aide de nos professeurs. Il faut savoir que nous travaillons pendant plusieurs saisons sur le même prototype, et c’est durant les premières années que nous gagnons en performance. Notre objectif avec Icare est de se rapprocher au plus près de la barrière des 30 kilos car les circuits automobiles se complexifient avec l’ajout de virages supplémentaires notamment : chaque gramme compte ! », explique Lucas Rey, élève-ingénieur en 4e année de Génie Mécanique et président du Proto INSA Club.

Du local du PIC au circuit automobile
Si les membres du Proto INSA Club travaillent aussi dur, c’est pour défier leurs homologues européens lors de compétitions automobiles comme en juillet dernier à Weybridge lors du « Shell éco-marathon 2019 ».
« Cette année, nous avons fait courir Icare. Cela fait deux ans que nous travaillons sur ce véhicule et nous sommes fiers de sa première performance : 1143 km avec un litre d’essence, ce qui nous a placé en 11e position sur 45 participants », annonce Jean-Baptiste Charrié, étudiant en 4e année de Génie Civil et Urbanisme et responsable technique et stratégie de course au sein de l’association. 

Une semaine de compétition dont trois jours d’épreuves : les prototypes concourant au Shell éco-marathon s’affrontent sur une soixantaine de kilomètres répartie en quatre sessions de course. 
« Tout est pris en compte pour rendre la compétition la plus juste possible : mêmes les conditions indépendantes du véhicule comme la pression de l’air ou température extérieure. Quand on cherche la performance, chaque détail est important. Notre équipe a tout donné pendant la semaine. D’ailleurs, mention spéciale pour notre conducteur, qui a fait du bon travail ! Car on peut avoir le meilleur des prototypes, quand le conducteur n’est pas assez entraîné, le véhicule n’est pas au maximum de ses capacités ! » ajoute Jean-Baptiste. 

Vers une empreinte écologique encore plus légère
Depuis sa première performance en 1992 avec le véhicule « Envol » qui avait réalisé 227 km/L, le Proto INSA Club ne cesse de progresser sur le plan de l’efficacité énergétique. Dans cette démarche, les membres actifs souhaitent aller vers une empreinte écologique moindre.
« Notre association nous permet de participer à des gros projets techniques tout en mettant en application les théories que nous étudions en cours. D’ailleurs, nous accueillons des étudiants de toutes les spécialités de formation de l’INSA pour améliorer notre véhicule. Cette année, nous souhaiterions mettre à profit les compétences en génie électrique de certains de nos membres pour envisager la conception d’un moteur électrique », conclut le président de l’association.

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17 Jul
17/Jul/2019

Vie de campus

Quand l’INSA Lyon affronte les grandes universités

Avec ses 1500 licenciés à l’Association Sportive (AS), l’INSA Lyon arrive à se mesurer aux universités et se classer sur plusieurs sports collectifs en Championnats de France Universitaire (CFU) : volley, basket, handball, football… Rencontre avec les enseignants de ces sports. 

L’INSA Lyon, par son statut de grande école, peut participer aux deux championnats sportifs nationaux qui existent : les Championnats de France Universitaire (CFU) avec l’ensemble des étudiants de l’enseignement supérieur et des universités, et les Championnats de France des Écoles (CFE) qui regroupent uniquement les étudiants des écoles. L’INSA est une petite école comparée aux universités (dix fois plus d’étudiants et licenciés), mais l’esprit collectif qui y règne lui permet de jouer à des niveaux élevés. Pour la deuxième année consécutive l’AS de l’INSA Lyon se classe troisième au classement des CFU, derrière les universités de Bordeaux et de Lyon. Un résultat remarquable puisque l’école suivante ne se classe qu’à la vingtième position.

La cohésion INSA

En effet, la capacité des équipes à être dans le collectif explique ces bons résultats.

« Individuellement, les joueuses de volley sont techniquement et physiquement en dessous des joueuses adverses. Cependant, grâce à un esprit d’équipe extrêmement fort, elles ont pu jouer à un niveau supérieur. La cohésion et la solidarité qui existent dans ce groupe sont vraiment impressionnantes. Quelques joueuses sont sportives de haut niveau et elles se sont toutes données à 100% pour défendre les couleurs de l’INSA », se rappelle Marie Jaussaud, responsable du volley-ball féminin. Cette année les joueuses de beach-volley finissent 14e au CFU à la Réunion et l’équipe de volley masculin en 4x4 arrive troisième. 

Pour le football, la constitution des équipes renforce encore plus la cohésion, leur permettant d’atteindre régulièrement de bons classements. « Depuis plus de 20 ans, on a pris l’habitude de garder les étudiants des deux premières années dans les mêmes équipes. Ce fonctionnement permet de décupler les affinités et l’intégration des élèves à l’INSA », explique Patrice Cornuaud, responsable du football.

L’équipe féminine a atteint la troisième place des CFU en national 2.

Les valeurs de l’INSA adaptées au sport
Les valeurs portées par l’INSA et insufflées aux étudiants sont primordiales pour les sportifs.

« L’ouverture d’esprit, la capacité d’adaptation, la persévérance et l’honnêteté sont des qualités qui caractérisent bien nos joueurs. Ils ne lâchent rien, n’hésitent pas à affronter meilleurs qu’eux tout en acceptant, malgré la déception, les défaites. Ils ont vraiment un mental très fort, c’est ça qui fait la différence », insiste Jeff Villeminot, responsable de l’équipe de handball masculin.

Cette année, les handballeurs ont eu les effectifs et le niveau pour décrocher la troisième place en CFU.

 

Cette année, l’équipe féminine de basket termine championne de France en CFE et vice-championne en CFU élite (plus haut niveau de jeu universitaire). Caroline Bessac, responsable de l’équipe, revient sur cet exploit.

« En 25 ans de carrière, c’est la première fois qu'une équipe féminine de basket atteint un tel niveau de jeu collectif. Nos sportives de haut niveau ont pris le leadership et ont accompagné toute la saison les autres joueuses. Cette entreaide et ce sens du partage ont permis une prise de responsabilité de chacune sur le terrain, un renforcement progressif du niveau de jeu et un renforcement de leurs affinités », s’enthousiasme Caroline.

Des compétences supplémentaires
En plus des qualités qu’ils acquièrent avec leurs études, les élèves-ingénieurs appartenant à l’AS en développent de nouvelles.

« Par exemple, les deux beacheuses ont été qualifiées pour participer à la phase finale des CFU organisée à la Réunion. Elles ont récolté des fonds pour pouvoir payer le voyage et disputer leur match final de la saison. Elles ont fini 14e, mais leur parcours a été significatif car, étant en stage dans des villes différentes, elles ne pouvaient pas s’entraîner ensemble. Elles ont fait preuve d’autonomie et de prises d’initiatives qui leur ont permis d’atteindre leur objectif commun », précise Marie Jaussaud. 

Les insaliens ont besoin de s’organiser pour pouvoir réussir scolairement et sportivement. Tout au long de l’année, ils doivent suivre leurs cours, participer aux entrainements et disputer les matchs. De plus, les rencontres de fin de saison des CFU se déroulent en pleine période d’examens pour l’INSA alors que les universités ont déjà terminé.

« On voit très régulièrement des joueurs en train de réviser sur le bord du terrain. Ils ont cette capacité à se remettre dans le match et se concentrer alors qu’ils ont leurs examens en tête. Ça leur demande beaucoup d’investissement et d’organisation », conclut Jeff Villeminot.
 

Retrouvez le palmarès de l’ASpalmares_sport-2018-2019.pdf
 

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21 Feb
21/Feb/2019

Formation

Isabelle Huynh souhaite réenchanter l’industrie grâce à l’ingénierie positive

Éveiller les consciences. Voilà la mission que s’est donnée Isabelle Huynh, diplômée en Génie Mécanique 2014 de l’INSA Lyon. Après deux ans en tant qu’ingénieure produit dans une entreprise, la jeune femme part en quête de sens pour répondre à la question suivante : « Comment utiliser mes compétences à des fins justes en alignant mon métier avec mes convictions intimes ? ». Après six mois de voyage autour du monde à découvrir « des solutions techniques qui améliorent la vie des personnes », elle créé l’association « La Clavette1 » et s’applique à diffuser le concept d’ingénierie positive. Portrait.


Copyright Jean Fotso 2016

De l’amour de l’objet

« Déjà très jeune, j’étais attirée par le métier d’ingénieur et le pouvoir de création qui lui est lié. Être ingénieur c’est d’abord imaginer toutes les solutions possibles pour pouvoir construire son objet. Je trouve le côté technique de la conception fascinant et beau : je peux rester des heures devant une pièce mécanique sans m’en lasser. Et l’objet n’est pas nécessairement hautement technologique. Une lampe faite à partir d’une bouteille de plastique et d’une petite LED, c’est génial et très ingénieux ! »

Puis, le doute s’installe

« Je travaillais pour une entreprise de fabrication de machines à café en capsules, soit une des innovations les moins écolos de ces dernières années. À la pause déjeuner, je me faisais remarquer si je mangeais une tomate en plein mois de décembre ou si mon Tupperware n’était pas en verre, et le paradoxe s’est révélé : comment pouvions-nous, ingénieurs, être si incohérents entre nos valeurs personnelles et l’exercice de notre métier ? 
Et puis le projet « implémenter le Bluetooth pour pouvoir lancer son café depuis son lit » a été la goutte de trop pour moi : si c’est ce qu’on entendait par innovation, ça serait sans moi. J’ai démissionné quelques mois après cette prise de conscience. »

User de sa matière grise à bon escient

« En tant qu’ingénieur et en tant que citoyen, notre intelligence a une certaine valeur. La première question à se poser est : à quoi veux-je la dédier ? À créer des objets inutiles ? Ou concevoir des produits qui améliorent réellement la vie des personnes de façon durable et bienveillante ? Dans la plupart des industries, la vision est encore très concentrée sur l’économique et on ne prend que très rarement en compte l’impact sur la société. Je travaillais sur des produits de grande consommation où le marketing nous dictait le cahier des charges et nous n’avions que peu de marge de manœuvre. Aujourd’hui, les ingénieurs sont un peu plus sollicités sur des points décisionnels stratégiques mais ça n’est pas toujours le cas. Et il était hors de question pour moi de continuer à dire : ‘je n’ai pas le choix’. »

L’ingénierie positive : de la quête personnelle à l’impact social

« Je savais que mes collègues n’étaient pas des cas isolés de professionnels dont le métier n’est pas en accord avec leurs idées personnelles. Cependant, il n’y avait pas de réponse si on se demandait comment mêler technique et impact social. Alors pour partager et diffuser les réflexions de ma quête de sens, j’ai créé « La Clavette ». Son nom fait écho à une pièce qui a pour fonction de lier en rotation deux éléments mécaniques. Et la métaphore est la suivante : ce qui m’intéresse, c’est être à la jonction, faire le lien entre le monde technique et la société pour aider les projets qui ont du mal à embrayer. Je ne cherche pas à convaincre, mais surtout à montrer des « innovations frugales2 » et faire grandir une nouvelle approche en s’inspirant de l’ingéniosité des pays émergents. Alors que je me trouve en Équateur, j’ai besoin de passer à un autre niveau en termes d’impact. Je décide à mon retour en France de contacter les entreprises et les écoles. »

Sensibiliser, former, accélérer le changement

 « L’association intervient auprès des écoles d’ingénieurs à travers des cours, des évènements où les étudiants travaillent sur des projets concrets et en faisant du lien avec des entrepreneurs sociaux. Elle s’emploie à trois missions : faire grandir l’esprit critique chez les élèves-ingénieurs, entretenir la capacité à se projeter dans le futur et développer une vision systémique du métier. Auprès des entreprises, il s’agit plus d’inspirer, de former et de faire comprendre qu’il n’y a pas que des hippies dans le monde de l’ingénierie sociale et solidaire ! L’ingénierie positive doit s’intégrer dans les stratégies d’entreprise et il faut d’ailleurs faire preuve d’ingéniosité pour combiner rentabilité et impact. C’est là que tout se joue. »

Son leitmotiv : mettre ses compétences au service de sa ligne idéologique

« Le métier d’ingénieur ouvre beaucoup de portes et c’est à nous de choisir celles que nous voulons ouvrir. Il y a énormément de liberté inhérente au métier, mais il y a aussi beaucoup de responsabilités. Garder un œil critique sur les choses, ne jamais être en déni sur le futur et rester conscient des impacts de nos travaux pour répondre à des enjeux de durabilité plutôt qu’au court terme relève du devoir. »

 

 

[1] Une clavette est une pièce mécanique liant un moteur à un système mécanique.

[2] L’innovation frugale, résumée par Navi Radju, est une démarche qui se retrouve dans les pays émergents consistant à « faire mieux avec moins » : le manque de ressource fait naître une créativité et une ingéniosité qui n’existent plus dans les pays occidentaux.

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16 Jan
16/Jan/2019

Vie de campus

Ingénierie en milieu associatif : le pouvoir de la transmission

Depuis 1990, le Clubelek de l’INSA Lyon attire toutes les personnes ayant une appétence pour l’informatique et plus généralement la mécatronique*. Composée de quatre-vingt membres (insaliens, étudiants et professionnels), cette association propose un espace de création, de partage et d’apprentissage. Cette année, elle accueille un groupe de quatre collégiens, passionnés de robotique, grâce à l’ouverture d’esprit d’un élève-ingénieur passionné, Ziggy Vergne.

Afin de rendre plus accessible le monde de l’informatique, Ziggy Vergne, actuellement au département Informatique et membre du Clubelek, a eu l’idée de proposer des formations aux plus jeunes.

« Depuis toujours je suis passionné par l’électronique et l’informatique. Enfant, je passais mes après-midis à bricoler mon ordinateur, fabriquer des robots, démonter des appareils... Lorsque j’ai rencontré ce petit groupe de collégiens passionnés d’informatique à la fête du jeu de Meximieux, je suis revenu dix ans en arrière ! Je me suis rappelé ces longues heures à me former seul et j’ai eu envie de les aider à découvrir ce domaine plus facilement », explique Ziggy.

Il décide alors de leur proposer des sessions de formation de trois heures tous les samedis après-midi, hors vacances scolaires. À chaque cours, un nouveau concept est étudié : explication des grandeurs physiques (tension, intensité, résistance, puissance), programmation, branchement électronique, mécanique…  En plus de l’aspect technique, Ziggy aborde avec les jeunes toutes les problématiques liées à la robotique : règles de sécurité, licences, contraintes légales, coûts...

« Je m’investis beaucoup pour adapter mon discours à ces jeunes et capter leur attention. Nous sommes vraiment dans un cours interactif où nous favorisons l’échange. Avant chaque séance, je leur prépare un polycopié que je leur envoie pour qu’ils puissent avoir un support sur lequel s’appuyer avant de suivre le cours. J’ai été agréablement surpris quand j’ai vu ces supports imprimés et annotés par les élèves ! Ils sont vraiment passionnés et j’adore leur transmettre mes connaissances ! »

Depuis novembre, cinq cours ont déjà eu lieu et les élèves sont ravis. Au premier rendez-vous, le groupe d’élèves a conçu un « mini piano », ce qui lui a permis de comprendre le fonctionnement des boutons poussoirs et les bases du branchement. Dès le second cours, les collégiens ont découvert les servomoteurs.

« Dans la robotique, les servomoteurs sont très importants car ils permettent de réaliser un mouvement précis suite à une commande externe. Lever un bras, le bloquer dans une position définie, ou encore tourner une roue semblent être des actions simples, pourtant il y a des notions électroniques relativement complexes à maîtriser », souligne Ziggy.

La semaine d’après, l’élève-ingénieur leur a expliqué le principe physique des ondes et ultrasons.

« Cette fois-ci, j’ai choisi d’illustrer cette notion avec un robot équipé de capteurs lui permettant d’éviter les obstacles et de suivre des lignes au sol. Les élèves, passionnés de robotique, ont adoré pouvoir paramétrer le robot et comprendre son fonctionnement ! ».

Dernièrement, les collégiens ont appris à se servir de l’imprimante 3D de l’association et ont pu programmer, réglager et imprimer un emporte-pièce en forme du symbole pi (π). 

Pour les prochains cours, les collégiens découvriront Linux. Ils apprendront à utiliser le terminal qui leur permettra par exemple de lancer des programmes, créer des dossiers, redémarrer un ordinateur, et tout cela via une connexion sécurisée !

« Je suis fier de pouvoir accorder de mon temps à ces jeunes. J’aurais aimé qu’on me guide lorsque j’avais leur âge pour progresser plus vite et découvrir ce milieu. Ces cours vont leur apporter de solides connaissances pour l’avenir et, je l’espère, développer de véritables vocations ! »


 


Le local du Clubelek regorge de matériels mis à disposition des membres : multimètres, ordinateurs, microcontrôleurs, imprimantes 3D, scies, générateurs de tension… Chacun peut s’en servir pour développer des projets qui leurs tiennent à cœur. L’association est organisée actuellement en quatre pôles : 
▪️ Pôle haute tension : les membres ont eux-mêmes conçu une bobine Tesla qui leur permet de produire des arcs électriques dans l’air. Cette bobine a été modifiée récemment pour pouvoir jouer de la musique grâce à la dilatation de l’air lors de la production d’éclairs : démonstration en vidéo !
▪️ Pôle drone : tout nouveau dans l’association, ce pôle a pour vocation de construire et programmer un drone de A à Z ; 
▪️ Pôle handicap : comment la mécatronique peut venir en aide aux personnes handicapées ? En construisant des manettes leur permettant d’utiliser un ordinateur, en s'adaptant à leur handicap ! 
▪️ Pôle robot : l’objectif de ce pôle est de participer (et gagner) la coupe de France de robotique par la conception de robots qui affronteront des robots de la France
entière !

Pour en savoir plus sur le Clubelek

* La mécatronique englobe la mécanique, l’électronique, l’informatique et l’électricité de puissance.

 

 

Pour aller plus loin sur le sujet : 
Podcasts « Les cœurs audacieux » - Saison 2 / Épisode 7 - 21 juillet 2022

Podcasts « Les cœurs audacieux » - Saison 2 / Épisode 2 - 30 novembre 2021

Podcasts « Les cœurs audacieux » - Saison 2 / Épisode 3 - 9 février 2022

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17 Jan
17/Jan/2018

Vie de campus

Engagement associatif : chez les profs aussi !

C’est l’une des spécificités de l’INSA : une vie associative dont on vante les mérites. Et chez les enseignants aussi, elle est foisonnante. Entretien avec Stéphane Frenot, directeur et enseignant au département Télécommunications, Services et Usages (TC), qui a introduit la notion d’agilité à l’INSA en passant par le monde associatif.

Comment avez-vous découvert la notion d’agilité ?
J’ai été recruté en tant que Maître de Conférences au département TC en 1999, un an après sa création. En 2001, je commence à entendre parler d’agilité et je m’y intéresse de près pour les cours de gestion de projets informatiques. Cette vision plus adaptée à ce que je pouvais constater dans les projets numériques me plaît et je décide de l’intégrer à mes cours. A cette époque-là, je peine à trouver des intervenants pour la développer, je crois que c’était un peu trop tôt. Les choses se sont vraiment accélérées en 2005 lorsque je rencontre un grenoblois, Alexandre Boutin, qui officie en tant que « coach agile », et travaille à base de jeux. Il avait créé à Grenoble l’association CARA (Club Agile Rhône-Alpes), et voulait l’étendre sur Rhône-Alpes. Ensemble, nous cherchons un point de chute sur Lyon et je propose l’amphithéâtre de TC, pour organiser une fois par mois une conférence sur l’agilité. Un réseau d’habitués se crée et quelques membres de l’association CARA deviennent très actifs. L’envie d’autonomie nous pousse à déposer les statuts de l’association CARA Lyon en 2013.

Quels changements la naissance de CARA Lyon a-t-elle impliqué ?
D’abord, dans son fonctionnement-même, CARA Lyon est en adéquation avec notre thématique ! C’est une association loi 1901 avec la particularité d’être un collectif et de fonctionner sans président, secrétaire et trésorier. Chaque membre du collectif est responsable de l’association, et cela correspond parfaitement à ce qui se cache derrière la notion d’agilité : il n’y a pas de hiérarchie mais une transversalité des responsabilités.

Le terme d’agilité s’est ensuite couramment répandu, allant vers une professionnalisation des idées initiales. Nous avons invité de plus en plus de gens de l’extérieur à nos conférences, des personnalités françaises et internationales qui animent des « talks » pour parler de leur expérience en la matière. A chaque conférence invitée, une centaine de personnes se déplacent. Le réseau s’est bien développé depuis 2/3 ans, grâce notamment à l’existence de la conférence « Agile Lyon », qui fédère la communauté et qui aura lieu le 23 mars 2018.

Quel lien y a-t-il aujourd’hui entre votre engagement associatif et votre casquette d’enseignant à l’INSA Lyon ?
La transmission. Je pense que c’est le rôle d’une école d’ingénieur de se tourner vers la société civile, et de permettre l’exploitation de locaux par des gens qui en ont besoin. C’est ce que j’ai proposé de faire au département TC.

Et en ce qui concerne l’engagement associatif, il ne faut pas qu’il soit trop contraignant, il faut trouver une forme d’équilibre avec la vie professionnelle. Beaucoup de gens sont prêts à continuer à parler de leur boulot en afterwork, et le monde associatif propose un modèle d’interaction simple. Le fonctionnement du CARA précisément est pour moi intéressant parce qu’il est ultra mobile et dynamique, c’est un collectif, avec du turn over. Il faut simplement des gens motivés pour gérer l’association.

Diplômé ingénieur INSA, pensez-vous que votre goût pour l’associatif vienne de votre vécu sur le campus de l’INSA ?
Sans doute. Originaire de Strasbourg, je voulais être ingénieur et j’ai postulé à l’INSA parce que j’en avais entendu que du bien. En première année, je me suis retrouvé au cœur d’un groupe solidaire, le groupe 8, et on a tous choisi le département IF, par « effet de corps ».

Le Groupe 8, en 1987 et 2017

J’ai découvert la vie associative ici, à l’INSA. J’ai fait partie du club de volley, travaillé sur Radio Brume, j’ai été trésorier de la COOP à l’époque où on vendait de tout, jusqu’aux billets de train au tarif étudiant. J’ai aussi été président du Club BD, participé à l’association VISA issue du club photo, et participé en 1993 à l’organisation logistique de la TransAtlas : un marathon par jour pendant 5 jours à travers le Maroc…

J’ai vite apprécié l’ambiance associative à l’INSA, avec des modèles de structures de groupes sans carcan économique.

Diplômé en 1993, j’ai poursuivi une thèse CIFRE avec le laboratoire LISI. J’ai ensuite été ingénieur de recherche à l’INSA pendant un an, avant d’être recruté à TC et de pouvoir explorer de nouvelles voies, comme l’agilité.

Pour vous, le modèle agile est-il le modèle du futur ?
C’est une vraie question d’actualité. Toutes les entreprises qui ont voulu tester l’agilité se sont aperçues que cela ne pouvait pas fonctionner sans adaptation. Mais elles ont quand même conservé des pratiques agiles tout en préservant un modèle plus traditionnel de contractualisation.

L’agilité, c’est avant tout un état d’esprit d’accompagnement des projets, une manière différente de voir les interactions, et les objectifs d’une équipe. C’est ce qu’on peut constater chez les étudiants aujourd’hui, qui ne voient pas les entreprises comme avant, et rejettent certains modèles trop rigides.

 

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