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18 Sep
18/Sep/2023

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« À base d’algues, nos emballages jetables sont compostables et comestibles »

Le plastique n’est plus du tout fantastique : omniprésent, on le sait désormais nocif pour l’environnement, la santé humaine et les écosystèmes. Seulement, le plastique est pratique. Ou tout du moins, l’emballage jetable l’est pour bon nombre de situations de la vie courante. Pierre-Yves Paslier, diplômé du département matériaux, a fondé l’entreprise « Notpla ». Avec elle, il met en évidence un fait : dans la nature, l’emballage existe et ne dure jamais plus longtemps que son contenu, comme la peau d’un fruit. L’entreprise de l’ingénieur-produit a trouvé la recette pour fabriquer des emballages jetables et même comestibles à partir d’algues. L’innovation a récemment été récompensée par le Prince William, à travers le Earthshot Prize 2022, dans la catégorie « Construire un monde sans déchets ».

Avec « Notpla », vous introduisez une innovation de taille dans le monde du packaging : remplacer le plastique des emballages jetables par un matériau biosourcé, l’algue. Pourriez-vous résumer ?
Nos produits sont des emballages dits « jetables » dédiés à la consommation instantanée ou hors de chez soi comme les repas à emporter ou les snacks pendant les évènements sportifs. Nous avons souhaité nous concentrer sur l’industrie du déchet jetable car c’est souvent celui qui est le plus à même de se retrouver directement dans la nature. À la différence du packaging plastique ou carton généralement utilisés dans ces cas-là, nos solutions sont naturellement biodégradables puisqu’elles sont fabriquées à base d’algues. L’idée était de ne pas produire un déchet que la nature ne pourrait pas gérer. Concrètement, il suffit de mettre l’emballage au compost ou même, de le manger pour que celui-ci disparaisse ! 

 

Différents types d’emballages jetables à base d’algues proposé par Notpla. ©Notpla

 

Pour arriver à cette solution, vous avez exploré l’industrie des algues, à force d’essais et de recherche. À partir de quelles algues travaillez-vous ?
La plupart de celles utilisées dans nos produits sont des algues brunes et rouges. Selon les usages, nous avons appris à utiliser des espèces différentes, mais c’est un monde très vaste. En Europe, l’industrie des algues n’en est qu’à ses balbutiements contrairement à l’Asie du Sud-Est par exemple, où elle est très développée. En réalité, beaucoup de produits du quotidien élaborés à l’échelle industrielle en contiennent déjà : dans les glaces, des produits pharmaceutiques, en cuisine… Nous avons adapté certaines de leurs propriétés pour en faire du packaging et remplacer le plastique. Du géant de vente d’articles sportifs aux entreprises de livraison de repas à domicile, beaucoup d’entreprises sont intéressées. 

 

La décomposition du déchet à base d’algues est très rapide. © Notpla

 


On dit souvent que le meilleur déchet est celui que l’on ne produit pas. Êtes-vous en accord avec ce principe ?
Bien sûr, la solution la plus simple pour réduire les effets néfastes du plastique est de réduire sa consommation d'emballages, et c’est d’ailleurs le premier réflexe à avoir. Seulement parfois, l’emballage est nécessaire, pour sa fonctionnalité. Le meilleur déchet plastique est celui que l’on ne produit pas car si ce matériau est très performant, il est à haut risque pour les océans, les écosystèmes et même notre santé. Le recyclage du plastique ne fonctionne pas en l’état actuel des choses : dans le monde, seulement 9 % des déchets plastiques sont réellement recyclés. La manière dont on emballe est très déconnectée de la réalité et c’est un fait que j’ai éprouvé les premières années de ma vie professionnelle : j’étais ingénieur-produit dans un grand groupe de produits cosmétiques et d’hygiène. En quelques secondes, de grandes quantités de plastiques sont produites, et mettront des milliers d’années avant de disparaître. 

 

Pierre-Yves Paslier et son associé avaient fait le buzz sur les
réseaux sociaux grâce à leur technique à base d’algues


Zoomons d’ailleurs sur votre parcours professionnel. Comment êtes-vous passé de l’INSA à « Notpla » ?
En sortant de l’INSA Lyon, j’ai été embauché à la suite de mon stage de fin d’études dans un grand groupe. Ayant suivi l’option « design » pendant mes études d’ingénieur, je trouvais intéressant de travailler dans le domaine du packaging : les enjeux de matériaux et d’industrialisation liaient vraiment l’ingénierie et le design. Je travaillais sur les lancements de packaging plastique produits à des centaines de millions d’unités : des produits jetables qu’il était impossible de faire entrer dans des circuits vertueux comme le réemploi par exemple. La situation me pesait. J’ai décidé d’approfondir mes compétences en design avec un master en Innovation Design Engineering dispensé entre l’Imperial College London et the Royal College of Art. À cette occasion, j’ai rencontré mon cofondateur, Rodrigo Garcia Gonzalez avec qui nous nous sommes mis en tête d’explorer des matériaux naturels pour produire un emballage biodégradable. Dans notre cuisine, nous avions tourné une vidéo « tutoriel » qui a fait le buzz sur les réseaux sociaux grâce à une technique inventé par Unilever à base d’algues. Cela nous a motivés à trouver une solution plus aboutie et à transformer ces expérimentations en un projet solide et scientifique. Les financements et les fonds d’investissements nous ont permis d’embaucher ingénieurs, designers et chimistes. Aujourd’hui, nous avons remplacé plus de trois millions de plastique à usage unique et nous sommes 70 salariés chez Notpla. 

Vous avez suivi une option « design » lors de vos études d’ingénieur. Quels liens faites-vous entre les deux domaines d’expertise ?
Le rôle de l’ingénieur est de résoudre des problèmes et cette capacité peut se traduire de plein de manières différentes. Je crois qu’il est important de pouvoir dialoguer précisément avec les techniciens, mais aussi d’être capable d’expliquer le raisonnement logique derrière la technique. C’est peut-être ici que se rejoignent les deux métiers : le designer s’attarde sur l’usage et le besoin des utilisateurs, il n’est pas nécessairement face à un problème technique, mais prend en compte la problématique sociale à laquelle le produit doit répondre. Avoir les deux casquettes permet finalement d’être à la confluence de la réalité technique et la réalité de la société.

 

L’innovation a été récompensée par le Earthshot Prize 2022,
dans la catégorie « Construire un monde sans déchets».

 

 

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06 Oct
From 06/10/2023
to 08/10/2023

Institutionnel

Générations INSA classes en 3

Célébrer, retrouver, se rassembler

Des retrouvailles avec au programme visites du campus, visites touristiques, moments conviviaux et temps d'échanges.

Programme complet => https://www.generationsinsa.fr/

 

 

Additional informations

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23 May
23/May/2023

Entreprises

« Le voyage doit continuer de faire rêver, non pas culpabiliser ! »

Participer à décarboner le tourisme grâce à une plateforme en ligne : c’est l’ambition de Mollow, le projet cofondé par Alisée Pierrot, ingénieure INSA Lyon, Chiara Pellas (CentraleSupélec) et Léo Mallet (Skema Business School). En facilitant l’organisation des voyages en train à travers l’Europe, le site internet collaboratif entend lever les barrières à la mobilité bas-carbone et réinventer les imaginaires de voyage. La jeune diplômée du département génie industriel explique les intentions du projet.

Depuis le lancement de la plateforme Mollow en mars 2023, celle-ci a déjà cumulé plus de 120 000 visites : un beau début, donc ! Sans mauvais jeu de mots, pour lancer un tel projet, il ne faut pas y aller mollo justement ?
Effectivement, nous avons démarré en trombe et nous sommes en train de structurer l’association, grâce au soutien d’une équipe de bénévoles très impliqués. Aujourd’hui, la plateforme est lancée, proposant une cinquantaine de destinations qui peuvent être rejointes en train, bus ou bateau. À partir de quatre villes françaises, Paris, Lyon, Marseille et Bordeaux, chaque « aventure Mollow » a été testée et soumise à un calcul de bilan carbone. L’autre particularité de Mollow, c’est son aspect collaboratif. Ainsi, des itinéraires testés par la communauté sont proposés, pour étayer les idées et les possibilités de voyages bas-carbone. Pour le moment, nous sommes dans une phase de structuration et nous travaillons à un business model durable. Avec le concours d’offices de tourisme et de transporteurs ferroviaires, nous sommes convaincus qu’il est possible d’œuvrer à la réduction de l’empreinte carbone du tourisme européen. Ce qui nous rassure avec ce lancement, c’est que l’on constate un réel besoin. Nos imaginaires de voyage ont beaucoup changé ces dernières années, et l’idée que l’aventure commence à la ville de départ et non pas à la destination, est en train d’entrer dans les mœurs. Par exemple, pour se rendre à Istanbul en train, on peut s’arrêter à Budapest et Sofia sur le chemin. Finalement, ce sont trois voyages en un, que l’on aurait manqués depuis les airs. Avec Mollow, nous avons pris le pari que culpabiliser les gens ne fonctionnait pas dans la mise en action. Le voyage doit faire rêver, et non pas faire culpabiliser.

 

À travers sa plateforme en ligne, Mollow propose une cinquantaine d’itinéraires bas-carbone à travers l’Europe.

À travers sa plateforme en ligne, Mollow propose une cinquantaine
d’itinéraires bas-carbone à travers l’Europe.

 

Le sujet du tourisme durable est-elle une thématique importante pour vous, personnellement ? 
J’ai beaucoup voyagé en avion à titre personnel, je ne le cache pas. Pendant mes études, je faisais partie de l’association étudiante « Estiem
1 ». J’ai commencé à m’intéresser aux problématiques de développement durable sur la fin de mon cursus d’ingénieure que j’ai d’ailleurs complété avec un master sur le sujet à Budapest. Cette expérience m’a fait découvrir le voyage en train et en bus, et j’ai compris que l’Europe avait énormément de choses à nous offrir en matière de dépaysement. En France, nous avons une vision du train parfois négative ; un moyen de transport coûteux et peu fiable. Pourtant, c’est l’un des systèmes ferroviaires les plus développés dans le monde et il faut savoir que plus on s’éloigne de la France, et moins les trajets sont chers. Initialement, je n’avais pas pour objectif de faire du tourisme durable un métier, mais c’est au fil des expériences et des rencontres que mon intérêt s’est révélé.

Vous abordiez la notion de culpabilité. Comment avez-vous géré, pour votre part, ce sentiment d’avoir beaucoup voyagé en avion auparavant ? D’ailleurs, pensez-vous que le « flight-shaming2 », littéralement « la honte de prendre l’avion », encourage-t-il vraiment les comportements responsables ?
Personnellement, ma prise de conscience du problème climatique a été suivie d’une avalanche de décisions : je suis devenue végétarienne, étudiante en développement durable puis embauchée pour travailler à la RSE
3 d’un grand groupe agroalimentaire… Je pensais avoir trouvé ma place dans ce poste, jusqu’à ce que je ne me satisfasse plus de l’avancée que je pouvais impulser à mon échelle. Il y a eu une période où je m’enfermais sur ma posture : je ne tolérais plus rien, ni les gens qui prenaient l’avion, ni les barbecues en famille ! J’ai par la suite réalisé que je courais après une forme de perfection dans ma quête, et que celle-ci pouvait mener à une forme d’inaction chez certaines personnes. Le positivisme est primordial lorsque l’on aborde la question de la durabilité. Il faut dépasser l’étape dans laquelle on se dit « c’est la catastrophe et, dans tous les cas, je ne suis pas assez grand pour changer les choses » pour se satisfaire des petites étapes, pour éviter de culpabiliser justement. Ma dernière petite victoire ? Mon père qui est devenu végétarien ! 

Au sein de ce projet, vos compétences d’ingénieure en génie industriel vous sont finalement peu utiles. Pourtant, c’est une casquette à laquelle vous semblez tenir. Pourquoi ?
Aujourd’hui chez Mollow, nous sommes trois cofondateurs un peu débrouillards. Chiara gère l’aspect tech, Léo la partie commerciale et moi, la communication. Beaucoup de choses sont arrivées depuis le lancement du projet. C’est un pari ambitieux : il a fallu gérer. Même si à l’heure actuelle, je n’ai pas de chaîne de production à optimiser, je dois gérer de l’humain et c’est l’autre moitié de ma casquette d’ingénieure. C’est un des fondements de Mollow : pour inspirer le changement chez les individus, il faut donner de la transparence et ne pas cacher l’envers du décor. Si on sait que l’un de nos proches a réussi à traverser l’Europe en train, même avec quelques galères, cela nous paraît tout de suite plus accessible. Créer du lien est aussi une compétence de l’ingénieur, que j’ai beaucoup exploitée lors de mes expériences associatives à l’INSA qui m’a montré le potentiel de la collaboration. À nous désormais de prouver aux autres que c’est possible, et de les mettre sur les rails !

 

Alisée Pierrot, Chiara Pellas et Léo Mallet sont les trois cofondateurs de la plateforme.

Alisée Pierrot, Chiara Pellas et Léo Mallet sont les trois cofondateurs de la plateforme.

 

[1] Estiem : European Students of Industrial Engineering and Management. L’objectif principal de l’association est d’encourager la communication et la coopération entre les étudiants et les universités en Europe. 
[2] Le « flight-shaming », aussi appelé « flygskam ».
[3] Responsabilité Sociétale de l’Entreprise.

 

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24 Mar
24/Mar/2023

INSA Lyon

Cérémonie de remise des diplômes 2023 / Célébration des 1 117 diplômés 2022 

Les diplômés de la 61e promotion du cursus d’ingénieurs, des mastères spécialisés et de l’international bachelor étaient réunis vendredi 17 mars 2023 à l’amphithéâtre 3000 pour une cérémonie en leur honneur. Avec pour parrain Olivier Roussat, Directeur général du groupe Bouygues, cette nouvelle promotion compte 1 117 nouveaux diplômés.   

Entourés de leurs familles et leurs proches, ils étaient près de 800 diplômés à être présents pour célébrer leur diplomation. Avec comme fil rouge la « mosaïque des diversités », cette soirée s’est articulée autour d’une cérémonie et d’un temps de retrouvailles. Un mélange artistique et sportif composé des voix de deux étudiants, Gwénaëlle et Hugo, de la section Théâtre-études, et des associations Incidanse, Insanity danse crew, Slide, AS Boxe Française, AS Gym Rythmique, AS Taekwondo a ouvert la soirée. 

Différents discours ont suivi. Frédéric Fotiadu, directeur de l’INSA Lyon, a adressé aux diplômés un message de confiance au-delà des urgences actuelles : « votre génération nous a incités à nous emparer du sujet de l’urgence climatique à un niveau de mobilisation sans précédent, tout particulièrement à l’INSA. Nous savons pouvoir vous faire confiance, désormais, en tant qu’ingénieur INSA, pour influencer, agir et contribuer à infléchir la trajectoire du monde ».   
Leur parrain de promotion Olivier Roussat, directeur général du groupe Bouygues, a rappelé que l’ingénieur INSA était différent grâce à ses valeurs humanistes ; que l’école apportait ce plus grâce à son centre des Humanités et surtout que l’école « apprenait à apprendre ».  Le recteur délégué pour l’Enseignement supérieur, la Recherche et l’Innovation de la région académique Auvergne-Rhône-Alpes, Gabriele Fioni, a poursuivi avec un message de fierté pour/vers les diplômés. Enfin, Daniel Louis André, président de l’association Alumni INSA Lyon a rappelé le nouveau statut d’alumni des étudiants. 

La nouveauté cette année : la présence des mastères spécialisés et de l’international bachelor a permis de montrer la richesse et la diversité de nos enseignements. Frédérique Laforest, directrice de la formation continue a ainsi reçu un diplôme honorifique au même titre que les différents départements. 

Les diplômés étaient au cœur de leur cérémonie avec différents temps : une vidéo de ce qu’ils retiendront de l’INSA Lyon, un retour sur leur vie associative mais également un message de certains adressés à tous. Quelques beaux parcours ont également mis à l’honneur sur une musique en live de la section Musique-études.

 La soirée s’est achevée par un temps de retrouvailles.   

Véritable temps fort dans la vie d'un étudiant, cet évènement permet de réunir l’ensemble des diplômés quelques mois après la fin de leurs études. Il marque une dernière étape dans le parcours INSA pour ces étudiants désormais en poste (92% taux net d’emploi pour la promotion 2022). Ce week-end dédié à nos diplômés s’est poursuivi le samedi avec la remise des diplômes dans chaque département de spécialité. Ce week-end permet notamment de célébrer leur réussite, dans un contexte émouvant et solennel. Il s’est conclu par le traditionnel Gala, organisé par le bureau des élèves.

La cérémonie de remise de diplômes en images

La cérémonie des remise de diplômes en images

 

 

 

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31 Jan
31/Jan/2023

Entreprises

« Le ballon dirigeable n’a pas encore dit son dernier mot »

C’est un engin blanc de 12 mètres de long, affichant le nom de la jeune startup qui l’a créée : « HyLight ». Josef Rokusek, est l’un des membres responsables de l’engin qui fend le ciel à douce allure pour récolter l'or noir du XXIe siècle : la data. Avec ses amis et cofondateurs, il veut révolutionner la récolte de données par les airs avec des dirigeables, un moyen de locomotion aérien presque oublié, mais qui pourrait s’avérer être une solution de remplacement pour les vols d’inspections des grandes infrastructures en hélicoptères. La jeune pousse, qui a bénéficié de l’expertise de l’accélérateur de l’université de Californie à Berkeley, s’apprête à prouver son concept, dans l’inspection de lignes électriques et de pipelines. Très bientôt ingénieur en génie mécanique, Josef Rokusek est le CTO1 de HyLight

Il est plutôt rare de voir des dirigeables se déplacer dans le ciel de nos jours. Pour vous, c’est une technologie qui mérite d’être réintroduite. Pour quelles raisons ?
Les premiers dirigeables sont apparus au début du 20
siècle. Pour résumer à l’époque, il y avait deux grandes familles : les dirigeables allemands et les dirigeables américains. Les premiers ne disposaient pas d’hélium, qui est un gaz très léger mais très rare. Alors, les Allemands ont fabriqué des ballons à hydrogène. L’histoire de ces engins s’est rapidement arrêtée en raison de l’accident d’Hindenburg, en 1937, où un dirigeable s’était enflammé au-dessus de son point d’atterrissage. Aujourd’hui, il y a encore quelques Zepellin qui volent en Suisse, seulement à destination des touristes. Pour nous, le dirigeable n’a pas encore dit son dernier mot, car il a plusieurs aspects techniques très positifs. Premièrement, il tient en l’air sans aucune énergie, en utilisant la Poussée d’Archimède. Il n’a besoin d’énergie que pour lutter contre le vent, contre lequel il a une grande résistance. Ensuite, c’est un engin tout à fait applicable à des vols longs et lents, ce qui est tout indiqué pour la prise de photos de bonne qualité en vol. Il y a encore des enjeux techniques à résoudre, mais les quatre prototypes et les deux versions de « produit minimum viable» (MVP) que nous avons fabriqués sont prometteurs.

Vous souhaitez donc mettre des ballons dirigeables au service d’une imagerie aérienne plus légère en impact carbone. Le besoin est-il réel ?
Le survol de villes ou d’infrastructures est très fréquent. Par exemple, les lignes électriques ou de gaz sont surveillées par prises de vues, souvent réalisées par hélicoptère. Certaines entreprises ont tenté de remplacer ces vols par des drones d’ailleurs très efficaces pour faire du vol stabilisé et du surplace. Seulement, ces appareils sont gourmands en énergie et ne peuvent voler qu’une dizaine de minutes. Il se trouve que cette idée d’utiliser un dirigeable pour récolter de la donnée a déjà été tentée : RTE avait aussi lancé un projet de dirigeable-drone
3 pour inspecter ses lignes à haute tension, mais il était très gros pour le seul objectif de prendre des images. Les prototypes que l’on a développés ont été pensés pour rentrer dans un conteneur et sont capables d’accéder à presque autant de zones que le ferait à la fois un drone et un hélicoptère. Nous visons une dizaine de kilos de charge utile et nous projetons de pouvoir faire 300 kilomètres dans la journée, avec une enveloppe entièrement gonflée à l’hydrogène.

La startup HyHight a déjà réalisé des vols tests pour leurs premiers clients.

Vous êtes le CTO de HyLight. Avec quatre prototypes fabriqués, vous devez désormais avoir une vision précise des enjeux techniques de votre dirigeable idéal. Quels sont-ils ? 
Il existe trois types de dirigeables : les toiles rigides, les semi-rigides et les « blimp » dont la structure est maintenue par le gonflement de la toile. Nos prototypes sont de la dernière catégorie : l’intégrité de la structure de la toile est due au gaz qui l’emplit. La difficulté première, c’est que les blimp se compressent et se dilatent en fonction de l’altitude à laquelle ils volent. La gestion du poids est un des premiers enjeux à résoudre. Pour l’instant, pour des questions de sécurité, nous volons à l’hélium, mais la deuxième ambition technique sera de remplacer l’hélium par de l’hydrogène comme gaz de sustentation et comme gaz de propulsion. Concrètement, l’hydrogène devra porter l’appareil, tout en alimentant des moteurs avec une pile à combustible pour assurer ses déplacements. Nous misons sur de nouveaux matériaux qui sont très résistants et capables de stocker de la matière avec l’idée de pouvoir développer différents appareils et couvrir des missions diverses. 

Quels types de missions pourront couvrir vos dirigeables ? Et quid de la régulation aérienne, pour certaines ?
La régulation et l’évaluation du risque sont peut-être la plus grande partie du travail ! Nous allons suivre la méthode SORA
4 qui s’applique aux opérations de drones. Elle permet d’analyser le niveau de risque et de définir des mesures de sécurité. Mais je suis confiant sur les avantages du dirigeable à réduire les risques : c’est un engin très visible et s’il était amené à tomber, sa résistance à l’air et son poids léger le guideraient très lentement sur le sol. 
Concernant les types de missions que nos ballons pourront remplir, cela peut aller au-delà de l’inspection de lignes ou d’infrastructures sécurisées. Je pense par exemple à la détection de feu de forêts, à la surveillance des animaux menacés par le braconnage ou au comptage d’espèces végétales par exemple. Les possibilités sont infinies et c’est ce qui nous motive à vouloir aller plus loin. Nous espérons d’ailleurs que nos ballons dirigeables sauront convaincre, car nous allons lancer une levée de fonds très prochainement. Cap sur le futur !

L’équipe de HyLight, dans l’ordre : Louis (doctorant et stagiaire), Théo (CEO), Josef (CTO),
Robinson (stagiaire et futur collaborateur), Thomas (CBO), Martin (COO).

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[1] Chief Technical Officer
[2] Dans le cadre de la conception d’un produit, le « produit minimum viable » ou Minimum Viable Product (MVP) est la version d’un produit, dédiée au retours clients. Par extension, c’est une stratégie utilisée pour fabriquer, tester et mettre sur le marché ce produit.
[3] Révolutionner l’inspection des lignes à haute tension au moyen d’un dirigeable drone : le point sur une première mondiale
[4] 
« Specific Operation Risk Assessment »

 

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16 Nov
16/Nov/2022

Entreprises

Lancement d’un nouveau dispositif de parrainage étudiant/alumni

Mardi 15 novembre 2022, a été lancé un nouveau programme de parrainage entre étudiants de 3e année et anciens élèves de l’INSA Lyon, Connexions. Porté avec l’association des Alumni INSA Lyon, ce dispositif a pour objectif de  créer une relation privilégiée intergénérationnelle entre élèves et diplômés. 

Pour cette première rencontre, ils étaient plus d’une centaine, diplômés et étudiants actuels de tous départements, présents au sein du nouvel amphithéâtre Jean Capelle. « Ingénieur n’est pas un métier en soit. C’est important de nouer des contacts pour échanger autour de son parcours mais également de nouer des liens d’amitié. Le réseau INSA constitue une grande famille » souligne Daniel Louis-André, Président de l'association Alumni INSA Lyon. 
Une expérimentation a démarré l’année dernière avec le département Informatique, qui a déjà permis de créer plus de 60 binômes. Les retours d’expérience sont positifs et cette première soirée a permis à plus de 80 élèves de rencontrer 40 parrains et marraines lors d’échanges. 563 parrains, de tous départements avec divers parcours, en France ou à l’étranger, sont déjà inscrits sur la plateforme. Tout au long de l’année, les étudiants de 3ème année peuvent s’inscrire et solliciter le parrain ou la marraine de leur choix.  

Connexions 
Echanger autour de l’orientation professionnelle, connaître le retour d’expérience d’un ingénieur qui était à l’INSA Lyon quelques années auparavant, obtenir des conseils concernant ses stages ou son parcours, apporter une aide pour votre CV, commencer à tisser un réseau, pouvoir apporter son soutien à un étudiant, le conseiller sur ses choix… Le programme Connexions est avant tout une expérience humaine enrichissante qui permet de mettre en relation les étudiants et les diplômés.
La plateforme à retrouver sur le site https://www.alumni-insa-lyon.org 

 
 

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27 Oct
27/Oct/2022

Entreprises

Connexions : accélérateur de belles rencontres entre élèves-ingénieurs et diplômés INSA 

Baptisé « Connexions », le programme de parrainage lancé il y a un an par l’INSA Lyon et l’association Alumni INSA Lyon revient cette année. L’opération sera officiellement renouvelée le 15 novembre prochain, lors d’une soirée dédiée au sein de l’Amphithéâtre Capelle. 

Fort du succès de l’opération « pilote » lancée au sein du département informatique fin 2021, le programme s’étend désormais aux étudiants de tous les départements de spécialité. À travers un dispositif de recueil de candidature des parrains/marraines et filleuls/filleules, les élèves-ingénieurs auront l’opportunité de sélectionner une personne correspondant à leurs attentes : carrière, entreprise, compétences… Le dispositif permet aux futurs ingénieurs de se projeter dans leur avenir professionnel tout en tissant des liens durables avec des diplômés de l’INSA Lyon.

« Depuis ma deuxième année, je me pose beaucoup de questions concernant le parcours que je voulais suivre une fois mon diplôme en poche (…) Avoir un parrain que l’on choisit permet d’explorer le secteur, le type de poste ou même l’activité professionnelle qui pourrait nous intéresser dans le futur. C’est l’occasion de poser toutes ses questions et d’avoir un avis comparatif entre le parcours de son parrain et celui qu’on aimerait soi-même emprunter (…) Avoir un parrain c’est aussi développer une relation d’amitié : on peut discuter du quotidien, de la pluie et du beau temps et même du passé (…) J’invite tous ceux qui en ont l’opportunité, de participer à cette campagne de parrainage car pouvoir accéder à l’expérience d’un ingénieur diplômé, c’est comme recevoir un cours particulier sur la vie. »
Maxime Brun, élève en 4e année du département informatique

« Lorsque l'Association a cherché des parrains/marraines pour partager leur expérience auprès des étudiants, j'ai sauté sur l'occasion. Cette initiative (…) dépasse le cadre du partage d'expérience à mes yeux. Dans mon cas, c'est aussi une façon d'assurer la représentation des femmes en informatique. Elles sont souvent les premières à quitter le secteur technique et le code, que ce soit en sortie d'école ou après quelques années dans leur carrière. Il est donc essentiel pour moi de montrer aux nouvelles générations que l'on peut rester dans un métier d'ingénieur technique, s'y plaire et y construire son avenir. Lorsque j'étais étudiante au département informatique de l'INSA Lyon, j'aurais aimé pouvoir discuter avec des ingénieures, pour m'imaginer à leur place (…) »
Sophie Legras, diplômée du département informatique (2017)

 

Je souhaite participer au programme de parrainage « Connexions » :

▪️ Candidater en tant que marraine ou parrain
▪️ Candidater en tant que filleule ou filleul

 
 

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21 Sep
21/Sep/2022

Entreprises

« Le changement climatique ne doit pas être une bataille d’idées politiques »

Vincent Bryant, diplômé de l’INSA Lyon en 2006, a co-fondé « Deepki ». Décrite comme une « pépite de la green-tech », elle veille à accompagner les acteurs du bâtiment dans leur transition énergétique. Déjà engagé sur la question climatique pendant ses années d’études, l’ingénieur informatique n’a jamais renoncé à son goût « de l’impact ». Que ce soit en co-fondant l’association « Avenir Climatique » avec Jean-Marc Jancovici ou en lançant une entreprise capable de lever 150 millions d’euros pour poursuivre son développement, Vincent voit loin et large. Entretien avec un ingénieur qui nourrit de grandes ambitions sur la transition environnementale.

Votre entreprise vient de lever 150 millions d’euros pour poursuivre son expansion à l'international. Comment accompagne-t-elle le secteur immobilier ? 
L’immobilier génère 37 % des émissions globales de CO
2 dans le monde. Aujourd’hui, les grands acteurs détenteurs de foncier connaissent le potentiel de la data pour accélérer la transition énergétique de leurs bâtiments, mais seuls, ils ne peuvent pas y parvenir. Pour aller vers un objectif « net zéro », les acteurs du secteur ont besoin d’être accompagnés dans leur prise de décision : faut-il isoler, rénover, reconstruire, vendre... À travers une plateforme logicielle, nous analysons les données de leurs bâtiments, nous les aidons à construire des plans d’actions et à mesurer les impacts. Nous sommes dans une démarche d’économie « à impact positif » ; notre mission est de préserver la planète en rendant l’immobilier moins lourd en matière de consommation énergétique, grâce à la data.

Deepki fait partie de cette frange, croissante, d’entreprises innovantes qui conjuguent écologie et numérique. Pensez-vous que les technologies soient réellement capables de sauver la planète ?
Toutes seules, non. Est-ce qu’elles peuvent aider ? Oui. « Science sans conscience, n’est que ruine de l’âme », a écrit Rabelais. Je suis dans cet état d’esprit. Par exemple, Deepki est résolument une entreprise « high-tech », mais elle est aussi promotrice de la low-tech. Les deux ne sont pas incompatibles, bien au contraire. Si l’on prend l’exemple de la transition énergétique, il y a de nombreuses façons de réduire les impacts qui ne nécessitent pas de technologies mais seulement un peu d’imagination. Je me souviens d’un client qui avait eu l’idée, pour inciter les utilisateurs à prendre les escaliers, de disséminer la réponses à des devinettes le long des marches. Alors évidemment, l’appât ne fonctionne que deux ou trois fois avec le même usager qui cherche à obtenir les réponses, mais c’est une façon d’encourager les bonnes pratiques sans l’ombre d’une technologie. Il y a de plus en plus de réflexions de ce genre qui émergent dans ce sens et c’est une bonne chose. Je ne crois pas que la technologie soit une réponse universelle pour agir sur les changements climatiques, mais si elle est mise en regard des besoins et du contexte, elle peut nous aider. 

Vous êtes diplômé du département informatique. Comment votre parcours vous a-t-il amené de l’informatique à la transition énergétique de l’immobilier ?
J’ai des parents qui étaient déjà un peu écolos et conscients du problème. Lorsque j’étais étudiant à l’INSA, j’ai découvert les travaux de Jean-Marc Jancovici et je me suis pris de passion pour le sujet de la transition énergétique. À cette époque, j’avais même négocié avec la direction de la formation de l’INSA pour suivre les cours de génie énergétique et environnement en parallèle de mes cours de IF. Depuis mes études, j’avais cette idée d’utiliser l’informatique pour avoir un impact sur l’énergie et le climat. Quant à l’immobilier, je l’ai découvert lors de mes différentes expériences professionnelles, chez Engie notamment. Je travaillais sur tous types d’actifs, notamment sur ceux qui avaient des empreintes carbone lourdes. C’est le besoin d’avoir un impact qui m’a guidé à vouloir « massifier » cet effort de transition pour le secteur immobilier.

Étudiant, vous étiez déjà très engagé dans la cause environnementale. D’abord à l’INSA Lyon, en tant que membre du bureau de l’association « Objectif 21 », puis plus tard, lorsque vous fondez « Avenir Climatique » et contribuez au lancement du REFEDD1. L’associatif est-il une façon d’agir pour le climat ? 
À l’époque de mes années étudiantes, j’y crois. Je suis persuadé que l’associatif est capable de former les gens, apporter du changement et de l’exemplarité. Je me souviens qu’avec Objectif 21, nous avions lancé un « concours innovation climat ». L’une des solutions proposées était de réduire la consommation de viande avec des repas végétariens pour les restaurants de l’école. L’idée, qui avait séduit le jury, a pu être mise en place dans les années suivantes et subsiste encore aujourd’hui ! Avec « Avenir Climatique », il s’agissait d’introduire les notions climatiques dans les enseignements pour que les diplômés sortent de l’école avec les bons ordres de grandeurs en tête. En grandissant, j’ai compris les limites de l’associatif : j’ai souvent été gêné par le mélange des genres, avec les idées politiques. Le changement climatique est un projet factuel et scientifique. Ça ne doit pas être une bataille d’idées. J’ai aussi fait de la politique, un peu tous les partis sauf les extrêmes. Et là aussi, c’était très décevant en matière d’action. 

Quels conseils donneriez-vous aux élèves-ingénieurs qui auraient envie de s’orienter vers un « métier à impact » ?
Je m’en remettrais au précieux conseil de Jean-Marc Jancovici : formez-vous ! Suivez vos cours, réfléchissez et faites les choses comme vous le sentez. C’est à vous de choisir la barque dans laquelle vous souhaitez monter. J’aime bien l’image de Nicolas Hulot, avec le syndrome du Titanic. Il y a ceux qui restent dans les estafettes et qui pointent du doigt l’iceberg en criant « attention »; et puis il y a ceux qui décident de monter dans le bateau pour aller convaincre que l’iceberg représente un réel danger. Est-ce que vous êtes prêt à faire partie du système ou préférez-vous rester en dehors de celui-ci ? C’est une question fondamentale d’approche, d’ordre philosophique. Il n’y a pas de bonne réponse, chacun doit pouvoir aller là où il veut pour agir.

 

[1] : Réseau Français Étudiant pour le Développement Durable, aujourd’hui RESES (Réseaux Étudiant pour une Société Écologique et Solidaire)

 

 

 

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27 Sep
27/09/2022 18:00

INSA Lyon

Former les ingénieur(e)s humanistes de demain : webinaire sur les évolutions à l’INSA Lyon

L’INSA Lyon est engagé depuis 2015 dans une série de démarches visant à actualiser sa mission de formation, en réponse aux défis socio-écologiques, voire anthropologiques de notre temps.

Les réflexions menées ont conduit à l’adoption d’une nouvelle politique de formation en Humanités, au déploiement du chantier d’évolution de la formation sur les cinq ans à venir et à la participation au projet ClimatSup, né de la collaboration entre le Groupe INSA et le think-tank The Shift Project. 

Ce webinaire sera l'occasion de faire un point d’étape sur la réforme et les modifications en cours du profil de l’ingénieur humaniste INSA. Quelles sont ses nouvelles facettes ? À l’exercice de quelles responsabilités les ingénieurs de demain seront-ils formés et comment ? Quel est, aujourd’hui, le rôle des Sciences Humaines et Sociales dans une école d'ingénieurs qui revendique un modèle humaniste de formation ?

Alumni, vous vous demandez comment la formation INSA a évolué depuis votre diplôme ? Vous souhaitez contribuer aux transformations en cours en partageant votre expérience de terrain ? Venez vous informer et échanger avec Nicolas Freud, Chef de projet « Évolution de la formation », et Carine Goutaland, Directrice du Centre des Humanités.

Inscription en ligne => https://www.alumni-insa-lyon.org/agenda/2415/identification

 

16 May
16/05/2022 19:00

Art & Culture

Passeurs d'arts, un autre regard

************* En quoi et comment des parcours « Arts, Sciences et Ingénierie » sous-tendent-ils l’émergence de carrières d'exception, comme ingénieur, comme chercheur ou comme artiste ? ************

Parcours artistiques, parcours de vie pour découvrir ou redécouvrir le modèle INSA avec en son cœur les sections Arts-études. Entre formation et culture, elles permettent le développement artistique et culturel, personnel et professionnel des élèves-ingénieurs, par la réalisation de projets artistiques au contact de professionnels du spectacle vivant.
Une invitation à venir explorer ce terreau fertile, ce terrain d'expérimentation à la frontière des sciences, de la technique et des arts.

À travers des courts-métrages "portraits dansés” réalisés par les étudiants de cinéma-études, danse-études et lumière et son et de tables rondes pour penser l’ingénieur humaniste artiste.

En présence de personnalités du monde de la culture, notamment de structures partenaires : Maison de la Danse, CND..., de chercheurs, d’entrepreneurs, d'artistes et de diplômés INSA aux parcours exceptionnels à la frontière des arts, des sciences et de l’ingénierie.

Gratuit - réservation conseillée => https://bit.ly/passeurs_arts

Additional informations

  • La Rotonde - Campus LyonTech La Doua - 20 avenue des arts - 69100 Villeurbanne

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