Research

20 Oct
20/Oct/2022

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Trois clés pour comprendre la science ouverte

Une science publique et accessible au plus grand nombre : voici la promesse de la « science ouverte ». Le concept, issu des courants de pensée d’après-guerre favorables à la libre diffusion des savoirs pour lutter contre les totalitarismes, suggère d'honorables valeurs de partage, de transparence et de libre débat d’idées. Seulement, il s’oppose à une réalité délicate : dans un milieu compétitif, ces pratiques peuvent aller à l’encontre des grands principes d’évaluation des chercheurs. Trois clés pour comprendre les bases de la science ouverte. 

Avant que la connaissance scientifique ne soit publiée à proprement parler dans un article, sa production passe par différentes étapes. L’article dit « scientifique » est une interprétation de données reposant généralement sur des analyses spécifiques. Cette même synthèse de connaissances peut parfois porter son lot d’erreurs ou de divergences d’opinions des pairs sur la manière d’interpréter. « Aujourd’hui, c’est le système économique de l’édition scientifique classique qui dicte l’accès à la connaissance scientifique. L’idée de la science ouverte est de proposer des alternatives à ce système cloisonné qui nuit d’une certaine façon à l’avancement de la science », explique Solenne Monteil, chargée de mission Science ouverte et bibliométrie au sein de la direction administrative de la recherche et de la valorisation de l’INSA Lyon. 

Science ouverte et évaluation des chercheurs
Le principe de l’évaluation des travaux des chercheurs se fonde sur la production de résultats originaux et exclusifs, publiés dans des revues prestigieuses : la loi de bibliométrie règne en maître. S’il existe des disciplines dans lesquelles l’ouverture se pose naturellement car presque inscrite dans les normes de la communauté comme chez les informaticiens par exemple, toutes les disciplines scientifiques ne sont pas logées à la même enseigne en matière de pratiques ouvertes. « La Commission européenne a récemment ouvert un accord pour réformer l’évaluation des chercheurs, notamment pour une meilleure prise en compte des pratiques de science ouverte. Même si la majorité des chercheurs est assez prompte à inscrire ses travaux dans la démarche, l’accompagnement dans ces pratiques est important », ajoute Solenne.   

Différentes pratiques pour rendre l'accès ouvert
Dans le monde de la science ouverte, plusieurs pratiques se complètent. Certains chercheurs mobilisent différents outils de communication comme les archives ouvertes ou parfois même la présence sur les réseaux sociaux ; d’autres favorisent la collaboration en s’organisant autour de la mise à disposition des données brutes ; et certains privilégient la publication dans des revues libres d'accès. « Certaines revues en open access ont vu le jour ces dernières années. Elles fonctionnent comme les grandes revues classiques, avec des comités de relecture et des vérifications par les pairs avant publication, le tout sans abonnement requis. En France, la ‘loi pour une République numérique’ a permis de faire des avancées importantes en réduisant la période d'embargo imposée par les éditeurs, et en lançant la réflexion sur la cession des droits d'auteur. En déposant les articles sur la plateforme HAL, la version manuscrit auteur est disponible six mois après la date de publication dans une revue classique, ce qui n’était pas possible avant. Mais, il y a encore beaucoup de chemin à parcourir ! »

La science ouverte pour une société de la connaissance démocratique
La crise Covid a montré que la science n’allait jamais aussi vite que lorsque les chercheurs travaillent ensemble. En rendant publiques les connaissances sur les génomes du virus, les collaborations scientifiques ont afflué jusqu’à l’aboutissement d’un vaccin, domaine pourtant habituellement régi par la course aux brevets. Faire avancer la science ouverte, c’est donc faire avancer la science plus vite ; une pratique d’autant plus importante lorsqu’il s’agit de faire face à des problèmes planétaires et urgents comme le changement climatique ou une pandémie. « Le choix de la science ouverte va de pair avec l’idée d'une société de la connaissance, transparente, collaborative et démocratique. Plus au-delà, avec plus de transparence, on augmente la confiance », conclut Solenne Monteil.

67 % : c’est le taux d’accès ouvert pour l’année 2021 pour les publications scientifiques de l’INSA Lyon parues l’année précédente, soit une augmentation de 17 points en une année seulement. 

L’INSA Lyon s’est doté de son Baromètre Science Ouverte, déclinaison locale du Baromètre national mis en place par le Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche. L’objectif est de mesurer l’évolution de la Science ouverte dans l’établissement. Les graphiques sont générés à partir d'une liste de DOI (Digital Object Identifier) et permettent d'analyser le taux d’accès ouvert des publications en fonction des disciplines, des éditeurs, des types de publication et des voies d’ouverture choisies par la communauté. 

Pour consulter les chiffres de l’année 2021-2022 => Baromètre Science Ouverte

 

Contact : Solenne Monteil - Chargée de mission Science ouverte - solenne.monteil@insa-lyon.fr