Education

27 May
27/May/2020

Education

Continuité pédagogique : les profs accompagnés dans leurs missions à l’INSA Lyon

Comment assurer la continuité pédagogique ? C’est l’une des premières questions qui s’est imposée lors de l’annonce du confinement, il y a deux mois et demi de cela. À l’INSA, campus de 6000 étudiants, ce sont 750 enseignants qui ont dû revoir leurs copies pour continuer d’assurer leurs cours, à distance, et malgré des techniques, pour certains, peu usuelles. Ils ont pu bénéficier de l’aide de toute une équipe dédiée à leurs problématiques : l’équipe ATENA.

« Comment réussir à donner des cours face à un écran ? Comment maintenir la motivation des élèves ? Comment gérer sa charge de travail personnelle ? Voilà quelques exemples de problématiques qui se sont présentées aux enseignants depuis le confinement », explique Fatma Saïd Touhami, conseillère pédagogique de l’équipe ATENA à l’INSA Lyon. Sur le pont depuis l’annonce du 15 mars dernier, la jeune femme a su prêter une oreille attentive à ses interlocuteurs, parfois pour de menus détails, parfois pour des questions plus fondamentales, dans un contexte de crise. 
« Pour les aider, nous avons par exemple rapidement mis en place un atelier virtuel, le « rendez-vous des profs », qui leur a d’abord permis de partager leurs difficultés. Pour mes collègues et moi, c’est aussi à travers ces échanges que nous avons pu identifier les besoins des enseignants et leur apporter des solutions adaptées et spécifiques », précise Fatma.

Nouveau rythme, nouveaux espaces de travail collaboratifs, nouvelle façon d’enseigner… En quelques jours, il a fallu s’adapter. « En collaboration avec nos collègues d’OpenINSA, nous avons essayé de nombreux outils pour voir lesquels correspondraient le plus aux besoins des enseignants et des étudiants. Il a fallu les lister, tester leurs fonctionnalités, faire un bilan des points positifs et négatifs, monter nous-mêmes en compétences sur ces outils et ensuite former les utilisateurs. Assez rapidement, on a décidé de ne pas multiplier les outils pour n’en proposer aux enseignants que quelques-uns, efficaces, robustes et qui fonctionnent bien », se rappelle Clément Merle, ingénieur audiovisuel de l’équipe ATENA.
Les membres de l’équipe ATENA saluent la réactivité et le professionnalisme des enseignants de l’établissement qui ont su s’adapter en un temps record à de nouvelles pratiques et de nouveaux outils. « Avant le confinement, 160 enseignants utilisaient le médiacenter pour déposer leurs supports vidéo. Depuis, le nombre de vidéos a doublé et ce sont dorénavant 530 enseignants qui utilisent cette nouvelle plate-forme. Ils ont su réaliser des supports de qualité en utilisant toutes les fonctionnalités mises à leur disposition », explique Pascal Mirallès, responsable du pôle audiovisuel de l’équipe ATENA.
La problématique qui anime actuellement les équipes est celle de l’évaluation des étudiants à distance. « La plate-forme pédagogique Moodle est un outil essentiel pour répondre à cet objectif d’évaluation à distance. Nous avons présenté aux enseignants différentes modalités (tests QCM, oraux, dépôt de devoirs…) et ils ont pu choisir le format le plus adapté à leurs objectifs », expliquent Monica Davila et Alexis Robinet, ingénieurs pédagogiques à l’équipe ATENA, qui ont proposé aux enseignants des sessions de formation en visioconférence visant à leur faire découvrir ces différents modules d'évaluation proposés sur la plate-forme.

Côté étudiant, il a aussi fallu s’adapter, et s’y retrouver. Élève de première année, Adrien Desproges a testé pour la première fois le suivi des cours à distance. « Mes professeurs ont tous mis en place des outils différents pour répondre au mieux au besoin de leur matière. Certains outils étaient parfaitement adaptés à l'enseignement proposé, d'autres...plus compliqués », avoue le jeune homme, qui s’est retrouvé parfois en difficultés devant la pluralité des solutions utilisées. « L’efficacité du travail à distance s'est vraiment ressentie lorsque l'enseignement s'est adapté à la situation. Des séances bien planifiées, dont le contenu et le travail à fournir étaient clairement expliqués sont plus faciles à suivre », souligne Adrien, qui a pu constater que la solidarité avec ses camarades de promotion s’était renforcée face aux contraintes de cette période de confinement. « En travaux dirigés, nous manquons vite de repères sans interaction forte entre humains. La mise en place de système de "salles de conférences privées" sur Zoom pour travailler en groupe a été un grand plus. Le professeur peut même "circuler" parmi les groupes si nous avons des questions. Nous avons pu continuer de nous entraider avec mes amis, encore plus que d'habitude », indique-t-il.

Après le flou des premiers jours, ces méthodes d’enseignement ont été adoptées et maintenues pour durer, puisque le retour des élèves ne se fera pas avant septembre. L’utilisation de nouveaux outils, en état d’urgence, aura permis de tester l’efficacité des solutions, et de les « crash tester » grandeur nature. Mais même si la continuité pédagogique aura été permise grâce à ces propositions numériques, la question de l’intérêt du présentiel demeure. 
« S'il est encore trop tôt pour faire un retour d'expérience global sur l'enseignement distanciel généralisé, j'ai pu échanger avec de nombreux et de nombreuses collègues qui ont vécu la continuité pédagogique de manière très diverse, et je pense que nous pourrons tirer des leçons de la multiplicité même de ces expériences », souligne Carine Goutaland, enseignante de sciences humaines et sociales et directrice adjointe du Centre des Humanités de l’INSA Lyon.
« L'enseignement à distance ne saurait se résumer à une transposition systématique du face à face pédagogique via des outils numériques. Pour nombre d'entre nous, enseignants, cette expérience, inédite par sa soudaineté et son ampleur, a aussi été l'occasion de repenser l'organisation et la temporalité de nos séquences pédagogiques, en essayant de donner plus de temps aux étudiants pour faire des recherches, s'approprier des contenus, réfléchir par eux-mêmes... C'est une réflexion que nous souhaitons poursuivre dans les mois qui viennent aux Humanités, notamment avec Thomas Le Guennic, notre référent pédagogique auprès d'ATENA, et Monica Davila, ingénieure pédagogique au sein de l’équipe ATENA et enseignante d’espagnol au Centre des Humanités, qui nous a apporté une aide précieuse dès le début du confinement en proposant un accompagnement personnalisé aux équipes enseignantes », ajoute Carine.

Dans cette crise sanitaire, le plan de continuité pédagogique de l’INSA Lyon n’aurait pas pu être mené sans l’aide de l’équipe ATENA. Forte de cette expérience, elle est déjà tournée vers le futur, prête à accompagner les enseignants pour la préparation de la prochaine rentrée mais aussi dans le vaste chantier d’évolution de la formation qu’a ouvert l’INSA Lyon. « Je suis fière de la mobilisation de mon équipe durant ces dernières semaines. Celle-ci a permis de rendre notre travail plus visible auprès des enseignants de l’établissement. Ils savent tous désormais qu’ils peuvent compter sur l’équipe ATENA pour les accompagner dans l’évolution de leurs pratiques et pour proposer une formation toujours plus adaptée aux défis que devront relever les ingénieur.e.s de demain », conclut Laurence Dupont, responsable de l’équipe ATENA.