Arts-études

20 Feb
20/Feb/2019

Formation

Études ou passion : pourquoi choisir ?

« Je pensais avoir à choisir entre la musique et mes études d’ingénieur en entrant en études supérieures, mais j’ai vécu à l’INSA plus d’expériences musicales que je n’aurais pu l’imaginer durant toute ma scolarité », annonce Hugo Rinville, l’un des cent vingt-cinq « zikets » de l’INSA Lyon.

Les « zikets » sont les étudiants-musiciens de l’INSA Lyon, une spécificité insalienne d’excellence, qui permet aux élèves-ingénieurs non seulement de poursuivre leur pratique musicale en études supérieures, mais surtout de performer dans leurs deux domaines de prédilection, la science et la musique. C’est l’une des filières artistiques les plus prisées, et, preuve s’il en fallait une, le stand de présentation de la formation a été pris d’assaut lors de la dernière Journée Portes Ouvertes de l’établissement. Il s’agit d’une formation complète et exigeante dont les cours d’instruments et de théorie sont dirigés par des professeurs de haut niveau, exerçant en conservatoire, à l’Orchestre National de Lyon ou à l’Opéra de Lyon.

Pour accéder à ce programme pédagogique, qui peut déboucher sur un Diplôme d’établissement Arts-Études depuis 2016, les étudiants doivent attester d’au moins cinq années de bagage musical entre pratique instrumentale et solfège (en conservatoire, école de musique, association ou cours particuliers). Chaque année, Arnaud Sandel, responsable de la formation, reçoit plus d’une centaine de candidatures composées d’un CV musical, d’une lettre de motivation mais aussi de certificats, diplômes et vidéos : « le niveau et la motivation sont les deux critères auxquels nous portons le plus d’attention. Nous accueillons tous types d’instruments », précise Arnaud Sandel.

Née en 1984 sous l’impulsion de Raymond Hamelin1, la filière permet aux étudiants de vivre leur passion. Hugo Rinville est un étudiant de deuxième année inscrit en section Arts-Études. « Je fais du piano depuis que je suis petit et j’ai suivi des cours de classique jusqu’à la terminale, je m’attendais à devoir mettre la musique de côté en études supérieures et pourtant en moins de deux ans, j’ai vécu à l’INSA plus d’expériences musicales que je n’aurais pu l’imaginer durant toute ma scolarité ». Comme ses camarades de musique-études, il profite quotidiennement des huit salles équipées d’instruments et de matériel musical. « Depuis que je suis ici, pas une semaine ne s’est écoulée sans que je ne sois allé jouer dans les studios mis à disposition et accessibles à n’importe quel moment de la journée », explique Hugo.

À travers cette filière, les étudiants développent compétences et aptitudes qui seront utiles dans leur vie d’ingénieur : gestion de projet, créativité, confiance et solidarité. « J’apprends tous les jours en participant à des projets, avec les étudiants des autres filières Arts-Études notamment. La section est une vraie source de cohésion et j’ai tissé des liens forts avec des étudiants qui participent encore aujourd’hui à façonner ma vision de la musique et du savoir-vivre en collectif », ajoute l’élève-ingénieur.

Au sortir de la formation d’ingénieur-musicien, les diplômés continuent d’entretenir leur passion pour la musique jusque dans leur vie professionnelle. « Beaucoup de nos diplômés exercent en tant qu’ingénieurs, et bien souvent, ils essaient de garder ce lien avec les arts. Un ingénieur-musicien INSA a développé une technique et une sensibilité musicale accrues. Certains s’orientent vers de la recherche, en acoustique notamment, où avoir été initié à la musique est un avantage. Et d’autres passent professionnels ! Cela fait maintenant dix ans que je vois évoluer les élèves-ingénieurs de musique-études, et mon bilan est très positif. Je suis très heureux de célébrer en ce moment l’anniversaire de la filière : nous nous produisons trois fois en concert avec un programme exceptionnel de bossa/samba brésilienne « BRAZ’INSA », puis nous réunissons les plus jeunes et les plus anciens de la filière pour fêter les trente-cinq bougies en fanfare ! », conclut Arnaud Sandel.

 

Les 35 ans : programme
Pour fêter ses 35 années d’existence, la filière musique-études propose trois concerts, ouverts à tous, placés sous le signe de la fête. L’orchestre, composé de 80 étudiants et anciens élèves, vous présentera un audacieux mélange de Bossa-nova, Samba, Trad et Pop, spécialement créé pour l’occasion. Deux dates prévues pour profiter de la création « BRAZ’INSA » :

Samedi 23 mars 2019
20h30 - CENTRE CULTUREL ARAGON, Oyonnax
Mercredi 27 mars 2019
20h30 - ROTONDE, INSA, Campus de la Doua, Villeurbanne
Informations et programmes
Inscriptions

Un week-end de retrouvailles des étudiants, diplômés, familles, professeurs et amis de la section est également co-organisé par Musique-Études, l’Association Musicale de l’INSA Lyon et les étudiants en formation les 12, 13 et 14 avril 2019. Un moment festif qui donnera lieu (notamment !) à un concert classique, jazz et folklo multigénérationnel et à un concert des professionnels du Lilananda Jazz Quintet et du Quatuor Pernambuco.
Informations et inscriptions

 

Alexander Anissimov, chef d'orchestre russe, à l'INSA 
Également dans le cadre des 35 ans de Musique-Études et de la Structure d’Accueil « Mécanique pour les Arts, les Cultures et l’Architecture » du département Génie Mécanique de l’INSA Lyon, les étudiants profiteront de l’intervention du Chef d’Orchestre russe Alexander Anissimov qui dirigera une répétition filmée de l’Orchestre Symphonique INSA Universités (OSIU) et organisera une master-class autour de la direction d’orchestre.
La venue du Directeur principal de l'Orchestre d’État de Biélorussie sera l’occasion pour un étudiant de 5e année de Génie Mécanique, d’étudier la gestique dans le cadre de son Projet Recherche Ingénierie (PRI) et réaliser un modèle automatisé articulé pouvant servir d’aide à l’apprentissage du geste.
Plus d’informations : Anne Tanguy, professeur INSA Lyon

 

 

[1] Directeur de l’INSA Lyon de 1974 à 1991

 

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11 Apr
11/Apr/2018

Formation

Benoit Renault : un parcours INSA sans concession

Filière internationale, vie associative, cycle d’ingénieur et section artistique… Benoit Renault, étudiant en 5e année du département Informatique, nous parle de son ambition et de ses valeurs. Cet étudiant enjoué, déterminé et engagé, revient sur son parcours, qu’il a mené sans concession à l’INSA Lyon. Interview d’un homme passionné.

Pouvez-vous nous raconter votre parcours avant l’INSA Lyon ?
J’ai fait un cursus relativement standard. Comme d’autres, j’ai intégré les classes européennes dès le collège. J’ai eu la chance de rencontrer des professeurs formidables pendant ma scolarité, qui m’ont beaucoup apporté, et je leur en suis très reconnaissant. Globalement, j’ai toujours eu des bonnes notes, et les sciences comme les arts m’ont toujours intéressé. Je me suis mis au chinois en dehors des cours sur un coup de tête en cinquième, et le courant est si bien passé que j’ai continué. 

Après ce parcours sans embûches, comment avez-vous vécu vos premières années à l’INSA Lyon ?
Dans l’idée de poursuivre le chinois, et peut-être une carrière à l’international, je me suis inscrit en ASINSA, la filière asiatique de l’INSA. Cela m’a non seulement permis de ne pas perdre mes bases, mais aussi de rencontrer bon nombre d’amis chinois. 
Dès mon second semestre en première année à l’INSA, j’ai rejoint le Clubelek, l’association de mécatronique. Avec 130 associations très actives, l’INSA a de quoi
être fier ! Après avoir pris mes marques, les membres du club m’ont confié la présidence du club pour ma 4e année en informatique, après quoi, ils l’ont renouvelée pour une vice-présidence l’année suivante, pour assurer une bonne passation après le mouvement que j’y ai induit. Je conseille à tous les étudiants de ne surtout pas hésiter à se lancer dans la vie associative, mais aussi de prendre le temps de connaître leur rythme avant de s’y investir.
C’est en fin de première année que je découvre la danse avec Delphine Savel, la responsable de la filière Danse-Études. Delphine, son humanité et sa force de caractère extraordinaire, m’ont poussé à intégrer cette filière en 2e année. Avec 2h de cours technique par semaine, 3h de projet, 2h de cours d’histoire de la danse et les 4 à 5 weekend dans l’année à hauteur de 10/15h, cela a été un fort engagement, récompensé par le tout nouveau diplôme art-études, dont j'ai été moi-même l'un des premiers diplômés. Il est bon de voir que notre école reconnaît notre travail et notre investissement.

Comment avez-vous réussi à concilier toutes vos activités ?
C’est difficile d’avoir du temps pour tout faire mais on finit toujours par en trouver. Pour moi, la première mission de l’étudiant est de s’épanouir, et pour cela, il doit impérativement en trouver le temps. Cependant, il n’est pas seul, et l’école doit l’aider à le trouver. J’ai obtenu quelques dispenses ponctuelles quand elles étaient nécessaires, je sais que certains de mes collègues ont pu bénéficier d’aménagements beaucoup plus conséquents et indispensables dans leur cursus. L’INSA s’est beaucoup construit sur les initiatives étudiantes, la vie associative et les filières artistiques comme internationales. Il faut soutenir les jeunes qui s’engagent et leur faciliter l’adaptation. Multiplier les activités ne m’a jamais empêché de garder des notes correctes et de partir à l’étranger. J’ai même pu créer des projets personnels en les mêlant avec mon cursus, comme la confection de mon costume lumineux, Ying (萤), qui veut dire luciole en chinois. D’abord, je l’ai fait en totale autonomie car c’était une idée que j’avais eu comme ça, et la version a déjà évolué 3 fois au gré de mes projets et rencontres.

Qu’avez-vous appris de ces expériences multiples ?
Elles ont renforcé l’importance d’autrui à mes yeux : sans les autres, je ne suis pas grand-chose, et tout ce que j’ai accompli, je n’aurais pu le faire seul. Pour le costume, par exemple, quelques membres du club sont venus m’aider pour les derniers jours de rush, et sans eux, je n’aurais jamais fini mon costume à temps ! Pour l’INSA, je n’aurais jamais tenu sans le soutien de ma famille et mes amis. Des exemples comme cela, j’en ai à la pelle ! Chaque personne importe, et il convient de traiter soi-même et autrui avec la plus grande honnêteté et bienveillance. Cela prend du temps, parfois des nuits bien courtes mais ça en vaut tellement la peine !
Enfin, ces expériences m’ont poussé à m’interroger, à me remettre en cause, et trouver de nouvelles réponses. Elles m’ont appris qu’il est normal, à tout moment, de s’interroger sur soi, ce que l’on veut faire plus tard, sur les autres, sur notre environnement... Et que c’est même le leitmotiv scientifique. Questionnons-nous !

 

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16 Feb
16/Feb/2017

Formation

Danse avec elle

Quelques mois après la création du Diplôme Arts-Etudes à l’INSA Lyon, nous avons rencontré Delphine Savel, responsable de la section Danse-études qui a su donner à son art toute la place qu’il mérite dans une école d’ingénieurs à vision humaniste. Entre rage, surinvestissement et hypersensibilité : interview d’une danseuse qui n’a pas froid aux yeux.

Comment avez-vous découvert la danse ?
Nous sommes en 1995… Je suis gymnaste et je rentre à l’UFR Staps de Lyon, avec l’ambition de faire de la lutte ! On me fait comprendre qu’avec mes 45 kg, ce sera difficilement envisageable et comme j’avais commencé la GRS, je m’oriente du coup vers la danse.
J’ai été formée tardivement à la Modern’Dance à base des techniques Martha Graham, José Limon & Lester Horton. C’était de 1994 à 1999 à l’Atelier 9 auprès d’Elisabeth Venot DeTexier. J’ai ensuite fait mes armes à Paris en tant que danseuse interprète auprès de Bénédicte Raquin de 1999 à 2004 au sein de la Compagnie Sans Dessus Dessous.
J’ai appris la technique avec « Babette », et l’essence de la danse avec Bénédicte. Elle m’a transmis ce que voulait dire incarner le mouvement.
J’ai fait l’expérience ce qu’est le corps et toute la puissance qu’il peut générer lorsqu’il est mis au service d’une idée.
J’ai expérimenté le mouvement comme 6ème sens. Créer un mouvement qui révèle ma singularité, mon authenticité...

A chaque création, à chaque représentation je construisais cette intelligence sensible du corps: sentir, ressentir, percevoir et agir en fonction de mes états, de ceux des autres… d’une pensée, d’une idée.
Danser : c’est cet être au monde, cet état de porosité à soi, à l’autre, à l’environnement, cet acte politique qui consiste à partager ses idées, ses convictions sur un plateau !

Ce que j’ai ressenti ensuite avec Robyn Orlin, qui a beaucoup œuvré contre l’apartheid, m’a bouleversée. Je venais de passer le CAPEPS et me voilà embarquée dans une collaboration artistique de haut vol durant 15 jours au Théâtre de la Ville avec cette chorégraphe sud-africaine. J’avais la vision du corps comme don absolu de soi, du corps complètement dédié à l’art. C’est à ce moment-là que j’ai décidé que tout ce que la danse m’avait permis de découvrir, de vivre, je souhaitais le transmettre à des élèves.

Vous commencez alors votre carrière d’enseignante à Paris, dans le secondaire, avant de revenir à Lyon, et de découvrir l’INSA. Comment se passe votre intégration dans cette école ?
C’est vrai qu’à Paris, j’ai commencé par monter des associations sportives Danse, d’abord dans un lycée puis dans un collège difficile, avec le challenge de remporter des prix en participant à des compétitions. Cet aspect-là est important pour moi parce qu’il me permet de confronter mon travail, mon langage chorégraphique  à un regard d’experts, d’avoir un retour sur le processus créatif que j’engage auprès du collectif d’élèves avec lequel je travaille.
Et puis je rentre effectivement à Lyon. J’intègre l’INSA Lyon d’abord en tant qu’enseignante de gymnastique en vacation. Nous sommes en 2004 quand j’intègre le centre des sports de l’INSA Lyon sur le poste profilé danse. Comme je suis une boulimique d’énergie, je gère le cours d’option danse à ma manière… Dès la 1ère année, je décide de monter un spectacle et nous terminerons l’année universitaire par une représentation au théâtre Astrée avec les élèves ingénieurs – danseurs. Je propose alors de créer l’association sportive de Danse de l’INSA Lyon, mais faute de possibilité de créneaux le projet sera repoussé d’une année. L’année suivante, grâce à ma rencontre avec Annabelle Bonnéry de la Cie Lanabel, je monte un projet arts-sciences auquel j’associe différents départements de spécialité de l’INSA. Projet qui deviendra en 2009 l’UV Innovation « Arts, sciences et Ingénierie » du département Génie Mécanique.

L’INSA Lyon forme des ingénieurs. Qu’est-ce qui vous maintient dans cet univers depuis maintenant 13 ans ?
Je me suis tout de suite dit que cette école était pour moi. J’avais toujours mis en relation les aspects scientifiques et techniques de la danse avec la pratique d’autres champs disciplinaires. Je suis une fille de terrain et la danse à l’INSA est pour moi un lieu d’expérimentation des relations Arts-Sciences. Je suis dans une école scientifique et je travaille avec des professeurs de mécanique, de mathématiques, avec des chercheurs aussi.
Responsable de l’enseignement de la danse au centre des sports depuis 2004, j’ai aussi créé le collectif InciDanse en 2006 avec lequel nous avons remporté 11 titres de la meilleure chorégraphie dans différents  concours nationaux.

L’association sportive Danse représente une extension de mon langage chorégraphique.

Les fins d’année sont chargées d’émotions autour des représentations du collectif InciDanse et de nos créations chorégraphiques annuelles. Créations qui ont pour sujet des thématiques qui me touchent : le rapport individualité / collectif, faire corps collectif, l’insoumission, la révolte, la dépendance… Cette année ce sera « Errance ».

Depuis 2011, j’ai accepté de prendre la responsabilité de la section Danse-études et de monter des projets autour de la formation artistique avec une ligne pédagogique sur-mesure pour nos étudiants. Ce qui m’intéresse, c’est leur permettre de se créer une pensée divergente au contact de professionnels du monde de la danse. C’est les confronter aux questionnements suivants : quelles similitudes et/ou différences entre la gestion d’un projet industriel et un projet artistique ? Quelles problématiques communes ou pas entre un chorégraphe et un manager, un directeur de compagnie ? Quelles divergences et quelles convergences entre le processus créatif dans l’art chorégraphique et dans la recherche scientifique ?…

La section Danse-études est un travail pédagogique et artistique qui me permet de mettre en lien nos élèves-ingénieurs avec des artistes, des professionnels du spectacle vivant. Chaque année est un nouveau challenge autour de projets artistiques d’envergures qui peuvent mettre en liens les 4 sections, qui peuvent mettre en exergue les liens arts –sciences…

Ce qui m’enrichit aussi, c’est d’ouvrir la porte à différents profils : celui de la danseuse très technique voir expérimentée qui devra travailler sur ce qu’elle livre sur scène d’elle-même, et celui du novice, qui dégage tellement de sensations dans ses mouvements qu’il irradie mais devra se construire un corps de danseur.

C’est aussi cela l’INSA. Le modèle d’ingénieur humaniste me parle surtout quand Gaston Berger, l’un des pères fondateurs de l’INSA, dit : « L’imagination est un chemin de connaissance ». Je vais même aller plus loin : mon rôle consiste à éveiller des corps sensibles. J’enseigne la danse, je chorégraphie… Je pétris des corps et des imaginaires dansants au sein d’une école d’ingénieurs.

 

Une citation de Catherine Diverres chère à Delphine Savel
« Danser, chorégraphier, c’est poser l’autre, qu’il soit absence ou présence.
L’autre est la condition de tout mouvement, de tout désir, de toute connaissance.
Cette conscience de l’altérité, jointe à la mémoire, donne à la trajectoire humaine sa valeur, son juste équilibre.
»

Crédit photo : Gilles Aguilar

 

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