Environnement

17 Jun
17/Jun/2019

Recherche

Justin Maire : « je veux sauver la Grande Barrière de corail »

Visible depuis l’espace, elle est à la base d’un écosystème merveilleux sur lequel repose 25% de la vie marine et la subsistance de milliards d’individus. Et pourtant, elle meurt un peu plus chaque jour. La Grande Barrière de corail, véritable poumon de l’océan, subit depuis une trentaine d’années les conséquences du changement climatique. En cause, le réchauffement des océans qui entraîne un stress du corail qui rejette l’algue symbiotique lui permettant de se nourrir. 
Justin Maire, ingénieur et docteur INSA Lyon s’est envolé pour l’Australie il y a quelques mois, dans le cadre d’un post-doctorat. Au sein de l’Université de Melbourne, il travaille à optimiser les bactéries symbiotiques de la plus grande structure vivante du monde. Rencontre et explications. 

Sur Terre, le réchauffement climatique est souvent et seulement envisagé comme l’augmentation de la température de l’air d’un ou deux degrés. Cependant, environ 90% de la chaleur produite en surface est récupérée par les océans et l’on considère que sans ce phénomène, la température sur terre avoisinerait les 50°C. 

« Pour la vie marine, ça n’a rien de l’air de vacances sous les tropiques. Les coraux vivent dans des milieux relativement pauvres. La majorité de leurs apports nutritifs repose sur de minuscules algues symbiotiques qui vivent dans leurs tissus, et les alimentent à travers la photosynthèse. Quand l’eau dépasse les 31°C, l’activité de ces algues symbiotiques est perturbée et l’animal les rejette. En expulsant l’algue qui lui permet de vivre, il est privé de nutriments et finit par mourir. C’est un peu comme chez l’Homme : lorsque notre corps a de la fièvre causée par une bactérie par exemple, il tente de s’en débarrasser », explique Justin Maire.

En trente ans, les océans ont vu la moitié de leurs coraux s’habiller de différentes couleurs, du blanc éclatant, en passant par des couleurs fluorescentes jusqu’au vert-gris. 

« Le phénomène de blanchissement des coraux est assez impressionnant. En rejetant l’algue, qui confère aux coraux leur couleur naturelle, le corail devient alors translucide et la couleur blanche de son squelette est perçue. C’est très beau, mais c’est l’annonce de sa mort. Puis, la surface du squelette se recouvre d’algues filandreuses, et à ce moment, l’animal est mort. » 
© Chasing Coral

En Australie, la barrière corallienne s’étend sur 2300 kilomètres, concentrant plus de 400 espèces de coraux, 1500 espèces de poissons et 4000 espèces de mollusques. À Melbourne, Justin Maire et son équipe tentent de créer des « super-coraux » qui résisteraient au réchauffement et aux variations de températures. 

« Mon projet est d’optimiser les bactéries symbiotiques des coraux. D’abord en utilisant des probiotiques, ce qui sous-entend designer un cocktail de bactéries symbiotiques qui amélioreraient naturellement la résistance thermique de l’animal, puis, plus tard, modifier la génétique de ces bactéries pour améliorer encore davantage la résistance des coraux. Jouer sur les bactéries symbiotiques permet une plus grande flexibilité et manipulabilité que si l’on travaillait directement sur le patrimoine génétique du corail. »

Ingénieur diplômé du département Biosciences et ancien doctorant du laboratoire BF2i1 de l’INSA Lyon, Justin travaille sur les bactéries pathogènes et symbiotiques en interaction avec les animaux. fsubt

« Les coraux sont des êtres-vivants dont nous ne connaissons pas encore toutes les subtilités et les fonctionnements. Mon travail de recherche consiste aussi à comprendre les interactions entre le corail et ses partenaires symbiotiques, algues et bactéries. C’est, encore une fois, un peu comme chez l’Homme : notre corps évolue avec des milliards de bactéries et pourtant, il n’est pas en inflammation constante. Ces bactéries-là se disent « symbiotiques », puisqu’elles vivent en harmonie avec le reste de notre corps. Et parfois, notre système immunitaire rencontre une bactérie dite « pathogène » qui perturbe la symbiose. Pour le corail, on est dans la même situation. Quand sa relation avec son algue symbiotique est bouleversée, l’algue est en quelque sorte considérée comme « pathogène » par le corail, et son immunité réagit. Cependant, des températures aussi élevées ne font pas partie de son cycle naturel et il n’a jamais fait face à un tel stress. Son système immunitaire est seulement capable de « soigner » le corail en rejetant la partie qui dysfonctionne, c’est-à-dire les algues symbiotiques. Mais dans le cas des coraux, ce qui dysfonctionne, c’est aussi ce qui les nourrit. Nos travaux se concentrent alors sur ces minuscules algues dont dépend la vie du corail : comment réagissent-elles au stress thermique ? quels sont les mécanismes à l’origine de leur expulsion par les coraux ? comment l’ajout de probiotiques pourrait atténuer ce phénomène ? Il a notamment été montré que le traitement des coraux avec des antioxydants pouvait limiter leur blanchissement. Nos premières pistes se portent ainsi sur des bactéries capables de naturellement produire de telles molécules et qui viendraient donc en aide aux algues symbiotiques lors d’un stress thermique. »

Les travaux de recherche sur les récifs coralliens impliquent une course contre la montre. Dans trente ans, on estime la totalité des coraux de l’océan morts, ainsi que la disparition d’écosystèmes entiers qui reposent sur ces récifs. Si le projet de Justin Maire n’en est qu’à ses débuts, le jeune chercheur reste conscient de l’ampleur de la tâche et ne nie pas la pression environnementale et sociétale liée à l’urgence de la situation.
« Ici, chaque été, le bilan tombe et c’est très dur. On se dit ‘un an de moins’ ou ‘est-ce qu’on va y arriver ?’. On se lance dans ces recherches tout en étant conscients que ce sont des travaux risqués et que la mise en pratique sera longue et fastidieuse si elle est viable. Mais plus je m’approprie le sujet, plus je prends conscience du pouvoir de mon rôle de chercheur sur la planète. Aujourd’hui, on débroussaille, mais si ça fonctionne, on sauve la Barrière de corail avec des bactéries, et cette idée pousse ma détermination encore plus loin. »


1Biologie Fonctionnelle Insectes et Interactions, INSA Lyon/INRA 

 

Pour aller plus loin sur le sujet : 
Podcasts « Les cœurs audacieux » -  Saison 1 / Épisode 4 - 27 mai 2021
 

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04 Jun
From 04/06/2019 10:00
to 04/06/2019 12:00

Sciences & Société

The challenges of interdisciplinary research on accessibility in the built environment

Par Angelina COSTA, enseignante-chercheure à Université Fédérale de Paraiba (Brésil).

Accessibility understood as a category of the quality of the built environment, in its broad sense, considering the perception, understanding and use of spaces,from a user-centered design approach

The existence of spaces “free of barriers” does not contemplate the set of aspects that involve the accessibility in building environment. It is necessary to consider other dimensions: communicational, methodological, instrumental, programmatic and attitudinal; as important as the architectural one; and allow the user to understand their function, organization and spatial relationships, as well as to perceive and participate in the activities that occur there. Brazilian legislation provides for the autonomy of persons with disabilities or with reduced mobility, in the exercise of their citizenship rights. The set of researches developed by the LACESSE team studies the user-centered design process, considering its participation, as well as a multidisciplinary professional collaboration; in order to guarantee accessibility as an essential category of quality.

15 Apr
15/Apr/2019

Recherche

Pollution atmosphérique : mesurer les risques grâce à la modélisation cartographique

Greenpeace a récemment publié une carte interactive dénonçant les niveaux de pollution atmosphérique aux abords des écoles lyonnaises. Pour mener son étude, l’ONG a croisé deux cartes : une première réalisée en 2017 par l’observatoire Atmo Auvergne Rhône-Alpes et une deuxième cartographie des établissements accueillant des enfants. Matérialisés en quatre catégories, du vert au rouge, la nouvelle carte affiche les niveaux d’exposition au dioxyde d’azote présents dans l’air.
Le logiciel à l’origine de la modélisation de ces données est SIRANE, créé par Lionel Soulhac, professeur au Département Génie Mécanique de l’INSA Lyon et Directeur adjoint du Laboratoire de Mécanique des Fluides et d’Acoustique, le LMFA1. Il explique l’importance de la modélisation de la pollution atmosphérique pour répondre aux enjeux d’environnement et de santé.

En ville, des panneaux lumineux renseignent sur la qualité de l'air en temps réel. Variant de 1 à 10 et du vert au rouge, les « indices Atmo » sont le résultat de mesures en stations et de logiciels de simulation comme l’explique Lionel Soulhac. 

« La pollution atmosphérique, qu’elle soit chronique ou accidentelle, est très diffuse et difficile à mesurer. Au LMFA, on l’étudie de façon expérimentale, grâce à des maquettes à échelle réduite et grâce à la modélisation numérique avec le logiciel SIRANE par exemple. »

Lionel étudie les risques de la pollution atmosphérique depuis quelques années. Pour créer une cartographie de la qualité de l’air, le logiciel combine plusieurs grandes familles de données comme la géographie du site, les producteurs de polluants comme les industries et d’autres facteurs de propagation et de dilution comme la météorologie.

« SIRANE travaille en croisant les données pouvant influencer la qualité de l’air : le trafic routier, les centrales de chauffage, le relief, les bâtiments, le vent qui vient du nord ou d’ailleurs… Et nous croisons ces données avec les mesures réelles de la pollution pour obtenir une modélisation en 2D ou 3D. »

En collaboration avec deux enseignants-chercheurs du Centre d’Innovation en Télécommunications et Intégration de services (CITI), Hervé Rivano, Walid Bechkit et Lionel Soulhac travaillent au développement de micro-capteurs de mesure de l’air.

« Aujourd’hui, les outils de mesure de la qualité de l’air coûtent très cher à fabriquer et à exploiter. Les micro-capteurs sont une solution économique et pratique. Bientôt, nous pourrions avoir ces capteurs jusque dans nos téléphones, permettant d’alimenter les vecteurs de communication auprès du grand public, comme les applications mobilesou les girafes en ville. Les mesures de la qualité de l’air seraient plus représentatives de la réalité. »

Les cartographies numériques ne sont pas seulement utiles à des fins informationnelles. Elles sont de véritables outils d’aide à la décision.

« Les cartes nous permettent de simuler des scénarios en prévision du comportement de la pollution atmosphérique dans 10 ou 20 ans. Les institutions publiques, les organismes spécialisés en sécurité de l’air et les entreprises utilisent ces outils de modélisation pour mettre en place des actions correctrices. »

Plusieurs projets en santé et sécurité sont en cours, par exemple en relation avec le Centre Léon Bérard pour étudier les corrélations entre épidémies, maladies et pollution atmosphérique. 

« Il s’agit d’aider les spécialistes de la santé et de la sécurité à apprivoiser une menace qui peut être invisible à l’œil nu. Nous travaillons également avec des sapeurs-pompiers à l’élaboration de lunettes de simulation capables d’avertir des risques toxiques ou radiologiques grâce à la réalité augmentée. » 

 

INSA/Lyon 1/ École Centrale de Lyon/CNRS
L’application « Airtogo » de l’observatoire Atmo Auvergne Rhône Alpes utilise également le logiciel SIRANE

 

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21 Feb
21/Feb/2019

Formation

Isabelle Huynh souhaite réenchanter l’industrie grâce à l’ingénierie positive

Éveiller les consciences. Voilà la mission que s’est donnée Isabelle Huynh, diplômée en Génie Mécanique 2014 de l’INSA Lyon. Après deux ans en tant qu’ingénieure produit dans une entreprise, la jeune femme part en quête de sens pour répondre à la question suivante : « Comment utiliser mes compétences à des fins justes en alignant mon métier avec mes convictions intimes ? ». Après six mois de voyage autour du monde à découvrir « des solutions techniques qui améliorent la vie des personnes », elle créé l’association « La Clavette1 » et s’applique à diffuser le concept d’ingénierie positive. Portrait.


Copyright Jean Fotso 2016

De l’amour de l’objet

« Déjà très jeune, j’étais attirée par le métier d’ingénieur et le pouvoir de création qui lui est lié. Être ingénieur c’est d’abord imaginer toutes les solutions possibles pour pouvoir construire son objet. Je trouve le côté technique de la conception fascinant et beau : je peux rester des heures devant une pièce mécanique sans m’en lasser. Et l’objet n’est pas nécessairement hautement technologique. Une lampe faite à partir d’une bouteille de plastique et d’une petite LED, c’est génial et très ingénieux ! »

Puis, le doute s’installe

« Je travaillais pour une entreprise de fabrication de machines à café en capsules, soit une des innovations les moins écolos de ces dernières années. À la pause déjeuner, je me faisais remarquer si je mangeais une tomate en plein mois de décembre ou si mon Tupperware n’était pas en verre, et le paradoxe s’est révélé : comment pouvions-nous, ingénieurs, être si incohérents entre nos valeurs personnelles et l’exercice de notre métier ? 
Et puis le projet « implémenter le Bluetooth pour pouvoir lancer son café depuis son lit » a été la goutte de trop pour moi : si c’est ce qu’on entendait par innovation, ça serait sans moi. J’ai démissionné quelques mois après cette prise de conscience. »

User de sa matière grise à bon escient

« En tant qu’ingénieur et en tant que citoyen, notre intelligence a une certaine valeur. La première question à se poser est : à quoi veux-je la dédier ? À créer des objets inutiles ? Ou concevoir des produits qui améliorent réellement la vie des personnes de façon durable et bienveillante ? Dans la plupart des industries, la vision est encore très concentrée sur l’économique et on ne prend que très rarement en compte l’impact sur la société. Je travaillais sur des produits de grande consommation où le marketing nous dictait le cahier des charges et nous n’avions que peu de marge de manœuvre. Aujourd’hui, les ingénieurs sont un peu plus sollicités sur des points décisionnels stratégiques mais ça n’est pas toujours le cas. Et il était hors de question pour moi de continuer à dire : ‘je n’ai pas le choix’. »

L’ingénierie positive : de la quête personnelle à l’impact social

« Je savais que mes collègues n’étaient pas des cas isolés de professionnels dont le métier n’est pas en accord avec leurs idées personnelles. Cependant, il n’y avait pas de réponse si on se demandait comment mêler technique et impact social. Alors pour partager et diffuser les réflexions de ma quête de sens, j’ai créé « La Clavette ». Son nom fait écho à une pièce qui a pour fonction de lier en rotation deux éléments mécaniques. Et la métaphore est la suivante : ce qui m’intéresse, c’est être à la jonction, faire le lien entre le monde technique et la société pour aider les projets qui ont du mal à embrayer. Je ne cherche pas à convaincre, mais surtout à montrer des « innovations frugales2 » et faire grandir une nouvelle approche en s’inspirant de l’ingéniosité des pays émergents. Alors que je me trouve en Équateur, j’ai besoin de passer à un autre niveau en termes d’impact. Je décide à mon retour en France de contacter les entreprises et les écoles. »

Sensibiliser, former, accélérer le changement

 « L’association intervient auprès des écoles d’ingénieurs à travers des cours, des évènements où les étudiants travaillent sur des projets concrets et en faisant du lien avec des entrepreneurs sociaux. Elle s’emploie à trois missions : faire grandir l’esprit critique chez les élèves-ingénieurs, entretenir la capacité à se projeter dans le futur et développer une vision systémique du métier. Auprès des entreprises, il s’agit plus d’inspirer, de former et de faire comprendre qu’il n’y a pas que des hippies dans le monde de l’ingénierie sociale et solidaire ! L’ingénierie positive doit s’intégrer dans les stratégies d’entreprise et il faut d’ailleurs faire preuve d’ingéniosité pour combiner rentabilité et impact. C’est là que tout se joue. »

Son leitmotiv : mettre ses compétences au service de sa ligne idéologique

« Le métier d’ingénieur ouvre beaucoup de portes et c’est à nous de choisir celles que nous voulons ouvrir. Il y a énormément de liberté inhérente au métier, mais il y a aussi beaucoup de responsabilités. Garder un œil critique sur les choses, ne jamais être en déni sur le futur et rester conscient des impacts de nos travaux pour répondre à des enjeux de durabilité plutôt qu’au court terme relève du devoir. »

 

 

[1] Une clavette est une pièce mécanique liant un moteur à un système mécanique.

[2] L’innovation frugale, résumée par Navi Radju, est une démarche qui se retrouve dans les pays émergents consistant à « faire mieux avec moins » : le manque de ressource fait naître une créativité et une ingéniosité qui n’existent plus dans les pays occidentaux.

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19 Oct
19/Oct/2017

Recherche

Enjeux sociétaux : l’INSA Lyon poursuit son avancée en matière de recherche

Deux journées recherche sont programmées pour la fin de l’année à l’INSA Lyon. En lumière, les enjeux « Energie pour un développement durable » et « Environnement : Milieux Naturels, Industriels et Urbains ».
Entretien croisés avec Marc Clausse et Nicolas Rivière, les référents de ces enjeux à l’INSA Lyon.

La Recherche à l’INSA Lyon a été structurée autour de 5 enjeux sociétaux. Quelles sont les avancées sur vos enjeux respectifs ?

Marc Clausse (Energie) :

Cette structuration apparaît pertinente dans nos relations avec les industriels car elle permet d’avoir un langage commun. La présentation de nos activités à travers les grandes thématiques de recherche permet de dépasser l’échelle du laboratoire. Ainsi, 15 laboratoires dans lesquels l’INSA est partie prenante, émargent à l’enjeu énergie, couvrant les matériaux, les TICE, et les systèmes énergétiques.

Nous avons commencé à travailler sur les appels à projets européens pour 2019 avec les correspondants de chaque laboratoire pour l’enjeu Energie et la cellule Europe d’INSAVALOR. Il s’agit d’identifier les projets sur lesquels l’INSA peut se positionner au regard des moyens présents avec une vision transversale pour fédérer les équipes de différents laboratoires. 

Nous souhaitons aussi structurer les travaux sur des domaines en émergence, comme l’énergie SMART. Dans ce domaine par exemple, l’INSA dispose des compétences pour répondre aux problématiques de pilotage intelligent des réseaux et systèmes intégrant une grande part d’énergie renouvelable. Notre action vise à créer des synergies entre eux. 

Nicolas Rivière (Environnement) :

L’enjeu environnement recouvre des thématiques très diverses, à des échelles différentes, des petits objets qui nous entourent jusqu’au bassin versant d’un fleuve. Le fil conducteur, c’est le problème du changement global. L'état des lieux que nous avons réalisé permet déjà aux chercheurs de différents laboratoires de mieux connaître leurs activités et compétences respectives. Cela permet de renforcer les collaborations entre équipes de recherche qui existent déjà sur certaines thématiques et de commencer à se positionner ensemble sur les appels d’offre de tous niveaux.  

Quelles sont vos thématiques de réflexion actuelle ?

Marc Clausse (Energie) :

Un travail de réflexion auprès des laboratoires de l’INSA nous a permis d’identifier 5 thèmes transversaux pour l’enjeu Energie pour un développement durable :

  • Production efficace de chaleur et d’électricité, qui porte sur l’amélioration de l’efficacité énergétique des systèmes de production de chaleur et d’électricité à partir de sources renouvelables, fossiles et nucléaires. 
  • Solaire et photovoltaïque, qui couvre toutes les échelles, de la petite cellule à l'intégration d’un système sur un bâtiment.
  • Energie en réseau, qui concerne tant la conception que la gestion des réseaux d’énergie électrique, gaz ou chaleur, ainsi que leurs interactions.
  • Fiabilité, risques, évaluation multi-critères, qui regroupe les actions portant sur le développement d’outils et de méthodes pour garantir l’intégrité des systèmes énergétiques mais aussi pour évaluer la pertinence de leur déploiement par rapport à un contexte donné. 
  • Micro-énergies et systèmes d’énergie nomade, qui porte sur les systèmes énergétiques de faible puissance, et notamment l’ensemble des problématiques liées aux capteurs autonomes énergétiquement et au management de l’énergie des réseaux de capteurs et de communications.

Nicolas Rivière (Environnement) :

5 grandes thématiques ont également été définies pour l’enjeu Environnement : Milieux Naturels, Industriels et Urbains :

  • Procédés et produits respectueux de l'environnement et de la santé : produire de façon sûre et propre des produits sûrs et propres. Nous travaillons sur des sujets comme la chimie verte, les matériaux bio-sourcés ou encore la production végétale. 
  • Gestion et valorisation des matériaux pollués et déchets : économiser et remédier, objectif zero-waste. La thématique couvre des activités à diverses échelles, du recyclage de déchets au démantèlement d’un site industriel. 
  • Risques naturels et industriels : nous protéger et protéger notre environnement. Cela couvre des domaines comme le ravage des cultures, la pollution des nappes phréatiques, ou encore les séismes et les inondations.
  • Milieux et ressources en eau : surveiller, protéger notre environnement, notre cadre de vie, les écosystèmes et l’eau.
  • Imaginer l’ingénierie nécessaire à un environnement viable et à un monde habitable. Ce dernier thème est le plus transversal et vise à évaluer et intégrer tous les stades de nos productions et de nos pratiques pour chercher le meilleur compromis en tenant compte du rôle de l’innovation et du rôle des organisations. Il s’agit de prendre en compte les problématiques sociétales dans les travaux de recherche. 

Dans le cadre du 5717, l’INSA propose le cycle d’événement « Recherche d’avenir » pour valoriser la structuration de la recherche à l’INSA Lyon. Quelle est votre implication ?

Marc Clausse (Energie)

Nous avons choisi deux intervenants qui ont des approches différentes de la thématique énergie : une approche par la technologie, et une approche par les sciences humaines et sociales. 

Fabrice Lemoine, sherpa de la Conférence des Présidents d’Universités (CPU) pour l’Alliance nationale de coordination de la recherche pour l’énergie (ANCRE) apportera une vision sur les scénarios de long terme qui se dessinent en matière de transition énergétique. Ces scénarios comportent tous un point bloquant du point de vue technologique. Les enjeux pour la recherche sont de lever ces verrous. Cette problématique s’inscrit dans le cadre de la loi de transition énergétique et croissance verte de 2015. C’est cette loi qui donne les grandes orientations que l’on retrouvera dans les appels à projets de l’ANR mais également dans les appels à projets européens. Concrètement, il nous faut tenir compte de ces orientations dans la structuration de nos projets pour être capables de répondre aux enjeux et d'aller chercher les financements. Nous avons une occasion de saisir des opportunités en s’emparant des sujets. 

Le deuxième intervenant Alain Nadai, socio-économiste membre de l’Alliance thématique nationale des sciences humaines et sociales ATHENA, apportera son expertise sur un deuxième type de verrous aux scénarios de transition écologiques qui sont de nature sociologique, géographique ou encore juridique. Ces aspects doivent être pris en compte dans les projets de recherche. Demain, nous devrons être capables d’agglomérer des indicateurs technologiques et sociaux pour répondre aux grandes problématiques de planification urbaines des grandes villes.

Ces interventions viendront nourrir le travail des chercheurs mais également les étudiants qui assisteront à cette conférence.

Nicolas Rivière (Environnement)

Sur la thématique environnement, c’est le carnet de route des grandes organisations nationales et internationales qui va donner le cap pour la recherche, en concertation avec tous nos partenaires industriels et opérationnels (collectivités, etc.). La législation influe en effet sur les nouvelles manières de produire, de consommer, de distribuer, d’aménager, de protéger. C’est pourquoi j’ai souhaité inviter Patrice Bueso du Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire, qui apportera une vision sur les grands enjeux environnementaux nationaux et les attentes de l’Etat dans le domaine de la recherche mais également de la formation de l’ingénieur de demain. Michel Lussault interviendra ensuite sur la thématique de la ville de demain et ses usages.

Nous avons également souhaité donner la parole aux étudiants qui présenteront leurs projets sur des thématiques comme l’impact du passage au tout numérique ou les circuits courts dans le domaine alimentaire.

15/11/2017 
Recherche d’avenir - Volume 1
« Environnement : Milieux naturels, Industriels et Urbains » 

A partir de 14h00 
INSA Lyon (l’amphithéâtre sera précisé ultérieurement)

Avec Patrice Bueso, Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire
Michel Lussault, professeur des universités, spécialiste de géographie urbaine 
Nicolas Rivière, directeur adjoint de la recherche INSA, en charge de l’enjeu 

 

29/11/2017
Recherche d’avenir - Volume 2 
« Energie pour un développement durable » 

A partir de 14h00
Rotonde des Humanités, INSA Lyon
Avec Alain Nadai, socio-économiste, directeur de recherche CNRS, spécialiste des questions énergétiques
Fabrice Lemoine, professeur, Université de Lorraine, directeur du Laboratoire Energétique et Mécanique Théorique Appliquée
Marc Clausse, directeur adjoint de la recherche INSA, en charge de l’enjeu 

 

 

 

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17 Nov
17/Nov/2016

Formation

Une INSA à la COP 22 !

Chaimaa Elmkadmi, élève-ingénieure en 5e année au Département Génie Energétique et Environnement de l’INSA Lyon, s’est envolée pour le Maroc dans le cadre d’un événement inscrit dans la COP 22, la plus grande conférence mondiale sur les changements climatiques.

Chaimaa Elmkadmi est actuellement à Marrakech pour participer à la conférence "International Renewable and Sustainable Energy Conference IRSEC 2016". Organisée à l'occasion de la COP 22, en partenariat avec l’IEEE  (Institute of Electrical and Electronics Engineers), cette conférence rassemble des scientifiques de renommée internationale pour discuter des avancées technologiques et innovation dans le domaine des énergies renouvelables.

« Je participe à cet événement avec un article scientifique que j'ai rédigé à l'issue de mon stage d'initiation à la recherche à Singapour dans le laboratoire Solar Energy Research Institute of Singapore (SERIS) à l’université de Singapour, NUS. Durant cette conférence, je vais assister aux présentations des travaux de différents chercheurs et doctorants, avant de présenter à mon tour mon travail de recherche concernant "l'optimisation de système solaire thermique pour applications industrielles à basse température " »

explique la jeune élève-ingénieure. Une intervention scientifique rendue possible grâce à sa formation en GEn. En effet, en fin de 4e année, les étudiants du département GEn de l’INSA Lyon ont l’opportunité de découvrir la recherche via un stage d’initiation de 5 mois qu’ils effectuent le plus souvent aux Etats-Unis, au Canada ou encore en Australie. Chaimaa, elle, a choisi Singapour, et son implication au sein d’un laboratoire lui vaut aujourd’hui sa participation à la COP 22.

« C’est assez emblématique de voir une de nos étudiantes prendre part à ce grand sommet mondial qu’est la COP 22. Nous sommes très attachés à ce stage d’initiation qui permet de développer les compétences d’autonomie et d’initiative tout en étant une excellente opportunité de découvrir le monde de la recherche sans pour autant devenir chercheur une fois diplômé »

souligne Frédéric Lefèvre, directeur du département GEn de l’INSA Lyon. Un sentiment partagé par Chaimaa, ravie d’avoir élargi ses horizons.

« Le stage d'initiation à la recherche m'a permis de découvrir l'environnement de la recherche et ses méthodes. De plus, il m'a offert cette opportunité d'immersion dans le monde de la recherche à travers ma participation à des colloques de chercheurs dans les énergies et la rédaction d'un article scientifique qui sera publié »

conclut Chaimaa Elmkadmi.

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14 Jun
14/Jun/2016

INSA Lyon

Appli "SOLEN" : quand deux INSA se rencontrent sur les bancs d’HEC

Diplômés INSA, l’un à Lyon et l’autre à Strasbourg, Clément Henry et Thomas Tirtiaux se retrouvent sur les bancs d’HEC et vivent alors un véritable coup de foudre entrepreneurial. Leur premier-né s’appelle SOLEN, une application destinée à trouver le meilleur spot ensoleillé où que vous soyez !

Comment est né SOLEN ?

Thomas Tirtiaux : L’idée m’est venue en me baladant à Londres en mai 2015. Il faisait très beau et j’ai cherché pendant un bon moment une terrasse au soleil pour boire un verre. Je n’ai jamais trouvé ! Je me suis demandé que faire pour que ça n’arrive plus et à partir de là tout s’est enchaîné. Inspiré par la technologie utilisée dans le domaine du photovoltaïque, j’ai créé un algorithme qui associe du traitement d’image aux courbes d’équation du temps, recoupé aux données météo.

Clément Henry : En Mastère Spécialisé Management de Grands Projets à HEC, il fallait que nous menions un projet de création d’entreprise. En discutant ensemble, on s’est dit qu’on devait aller plus loin et carrément créer une start-up à partir de ce que Thomas avait trouvé. Notre jury de classe nous a convaincu. Nous avons présenté le projet devant des professeurs et des investisseurs, qui nous ont dit que c’était le meilleur projet de création d’entreprise qui leur avait été présenté depuis dix ans ! On s’est donc mis au travail !

Thomas Tirtiaux : L’appli « SOLEN » est aujourd’hui en cours de développement et devrait être disponible en septembre !

 

Que vous apporte cette aventure entrepreneuriale ?

Elle d’abord commencé parce ce coup de foudre professionnel avec Clément ! On s’était croisé au High Five à Toulouse (ndlr : rencontre Groupe INSA) en 2013 quand on était élève-ingénieur et le hasard a bien fait les choses quand on s’est retrouvé 2 ans plus tard par hasard dans la promo du Mastère HEC à Paris !

Thomas est un créatif et moi, j’apporte la vision opérationnelle. Aujourd’hui, on a été rejoints par Enzo, aussi dans notre promo, et Geoffroy, en HEC commerce. SOLEN, c’est le mot suédois pour dire soleil, on ne voulait pas de traduction dans une langue courante. On vise deux marchés : le lifetime, et l’immobilier, et on a déjà nos premiers clients. Notre application est aujourd’hui en cours de développement et devrait être disponible en septembre.

Dans une start-up, le plus important, c’est l’énergie de l’équipe, et comment la consommer au mieux. J’ai déjà vécu l’expérience d’une première start-up quand j’étais étudiant et pour moi, c’est 5% d’idée, 95%, l’équipe. Parce que c’est sa force qui fera tenir face aux aléas.

Aujourd’hui entrepreneurs, que pouvez-vous nous dire sur votre bagage d’ingénieur INSA ?

La technologie SOLEN est technique et scientifique, il fallait le background ingénieur pour la comprendre. En Génie Industriel, département que j’ai choisi à l’INSA Lyon, j’ai aussi appris à m’organiser, à conduire des projets, à avoir une vision à court, moyen et long terme. J’ai aussi fait pas mal d’associatif sur le campus. Et à la fin de mes études, j’ai eu envie d’une aventure pour commencer ma vie professionnelle, j’ai choisi de m’inscrire dans le Mastère Spécialisé Management de Projets pour découvrir autre chose. L’opportunité de monter avec une boîte avec Thomas s’est alors présentée…

Moi, j’ai fait le département Génie Climatique et Energétique de l’INSA Strasbourg. C’est toute la théorie que j’y ai apprise qui a servi de base à SOLEN. J’ai aussi fait pas mal d’associatif, et c’est ce qui pour moi permet de se développer socialement. 

Un message aux élèves-ingénieurs ?

Pendant les études, c’est le meilleur moment pour lancer sa boîte.

On n’a qu’une vie !

 

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