Research

16 Nov
16/Nov/2017

Research

Mars dans le viseur, il est diplômé… de Génie Mécanique !

André Debus est ingénieur INSA Lyon diplômé en 1983 du département Génie Mécanique Construction (GMC). C’est grâce à une candidature spontanée qu’il rentrera au Centre national d’études spatiales pour travailler sur l’exploration… de la planète Mars. Entretien avec un passionné de l’espace.

De quoi allez-vous parler lors de la conférence qui se tiendra le 15 décembre prochain à l’INSA Lyon ?
D’ExoMars. Exo pour exobiologie, qui désigne tout simplement un programme de recherche de traces de vie sur la planète Mars, scrutée en ce sens depuis 40 ans. Après un premier lancement en 2016, la deuxième mission du programme, qui sera engagée en 2020, aura pour objectif de déposer sur le sol de la planète rouge une plateforme russe et un robot mobile (rover) européen pour forer le sol martien, recueillir et analyser des échantillons à la recherche de composants organiques d’origine biologique. La vie sur Terre est apparue dans les mêmes conditions qu’a fort probablement connu Mars durant son premier milliard d’années d’existence…

Durant cette soirée, d’autres thématiques seront abordées, comme celle de l’éthique. Pourquoi ?
Il existe en effet une dimension éthique liée à la protection de la planète. En 1967, l’ONU a rédigé un traité international de loi spatiale, qu’on appelle aussi « traité de l’espace », qui a été ratifié par presque tous les États afin de régir leurs activités en matière d’exploration ou d’utilisation de l’espace extra-atmosphérique, y compris la Lune et les autres corps célestes. L’article 9 de ce traité les oblige à veiller à ne pas contaminer l’espace et vice-versa. C’est d’ailleurs pour cela que si un risque de contamination existe, les sondes interplanétaires utilisées pour les explorations doivent être biologiquement décontaminées, ce qui a été une activité, entre autres, que j’ai menée pendant une vingtaine d’années.

Pourquoi cela vous tenait-il à cœur de tenir une conférence à l’INSA Lyon, votre école de formation ?
D’abord parce que Khalid* m’en parlait depuis longtemps ! Ensuite, parce que le spatial est très peu connu. Les gens n’ont, je pense, qu’une vision restreinte des activités spatiales (la fusée Ariane surtout ou quelques missions spectaculaires comme Rosetta-Philae), alors je pense que c’est bien de présenter un peu plus en détail ce qui est fait. L’exploration du système solaire et les sciences de l’univers ne sont qu’une petite partie des activités spatiales. Il y a tant de choses à découvrir et encore à comprendre, il y a donc beaucoup de choses à faire.

Quel regard portez-vous sur votre diplôme obtenu à l’INSA Lyon ?
C’est un diplôme relativement polyvalent. A l’INSA, en GMC, on touchait à la thermodynamique, l’électronique, l’informatique… Quand je suis arrivé au CNES, je travaillais sur les matériaux mais les autres thèmes ne m’étaient pas inconnus et j’ai pu grâce à cela développer des compétences, en particulier en côtoyant ou travaillant avec des experts. Quand on rentre dans une société, on a toujours le choix d’acquérir des connaissances générales, comme je l’ai fait, ou de devenir expert. L’INSA donne d’excellentes bases qui donnent l’opportunité de se diversifier.
J’aimerais dire aux élèves-ingénieurs qu’avec un diplôme INSA, quel qu’il soit, ils peuvent travailler dans le domaine du spatial, que ce soit dans l’industrie, les agences ou les laboratoires scientifiques. 

Informations pratiques
Conférence-débat : ExoMars, à la recherche de vie sur Mars !
Où : Amphi Chappe, Bâtiment Claude Chappe, 6 Avenue des Arts - INSA Lyon
Quand : Le 15 Décembre 2017 de 18h30 à 19h30

Son CV en quelques lignes
Diplôme INSA Lyon en poche, André Debus obtient en 1987 une thèse en physique des matériaux avec le laboratoire GEMPPM (Groupe d'Études de Métallurgie Physique et de Physique des Matériaux, INSA Lyon-Université Claude Bernard Lyon 1). Il entre dans une société lyonnaise comme ingénieur des matériaux. En parallèle, il avait envoyé une candidature spontanée au CNES, Centre National d’Etudes Spatiales, dont il recevra une réponse… Un an plus tard !

Reçu en entretien, il sera embauché dans la foulée comme ingénieur des matériaux sur un projet d’exploration de la planète Mars avec la Russie. La sonde spatiale Mars 96 échoue mais André Debus poursuit son travail cette fois sur la mission spatiale Rosetta-Philae, en tant que responsable qualité chargé du suivi du développement des instruments scientifiques, puis comme responsable technique chargé du développement du système de batteries de l’atterrisseur Philae. Pendant toutes ces années, il a également développé les activités de protection planétaire, qu’il a poursuivi jusqu’en 2009 en support à l’avant-projet ExoMars.

En 2009, André Debus décroche un Master en astrophysique spécialité technique spatiale et instrumentation, en VAE (validation des acquis de l’expérience). Il part ensuite pendant 6 ans en détachement au centre technique de l’Agence Spatiale Européenne (ESA) à Noordwijk, aux Pays-Bas, en tant qu’ingénieur instruments dans l’équipe projet ExoMars. A son retour au CNES en 2015, il devient chef de projet des contributions françaises au programme ExoMars.


*Le département TC à l’initiative

C’est sur une idée de Khalid Idrissi, enseignant au département TC (Télécommunications, Services et Usages) à l’INSA Lyon et chercheur au LIRIS, (Laboratoire d’Informatique en Images et Systèmes d’Information), qu’André Debus est de passage à l’INSA.

« André Debus est un copain de promotion, j’étais en Génie Electrique et lui Génie Mécanique Conception. Cela faisait longtemps que je voulais qu’il intervienne à l’INSA et nous profitons de la conférence qu’il donne la veille au Planétarium de Vaulx-en-Velin pour organiser sa venue ici. Il m’a semblé important que nos étudiants, en TC et plus généralement à l’INSA, sachent que leurs compétences peuvent servir également dans le spatial. Nous avons par exemple en TC une option sur la communication satellitaire. D’un autre côté, je souhaitais une conférence alliant technique et éthique, et donc, faire intervenir quelqu’un pour qui la démarche scientifique et technique ne peut pas être dissociée de tout ce qui touche au respect de l’autre. Nous voulons former des ingénieurs responsables, humanistes, qui demain devront prendre des décisions en connaissance de cause, en mesurant l’impact qu’elles auront sur leur environnement, notre environnement » souligne Khalid Idrissi.

Le CNES (Centre National d’Etudes Spatiales)
Créé en 1961, le CNES est l’établissement public chargé de proposer au Gouvernement la politique spatiale française et de la mettre en œuvre au sein de l’Europe. Il conçoit et met en orbite des satellites et invente les systèmes spatiaux de demain ; il favorise l’émergence de nouveaux services, utiles au quotidien. Le CNES est à l’origine de grands projets spatiaux, lanceurs et satellites, qu’il fait réaliser par l’industrie. Il s’entoure également de partenaires scientifiques et est engagé dans de nombreuses coopérations internationales. La France, représentée par le CNES, est le principal contributeur de l’ESA (Agence spatiale européenne), chargée par ses 20 Etats membres de conduire la politique spatiale de l’Europe. Le CNES compte près de 2 500 collaborateurs, femmes et hommes répartis dans 4 centres : à Paris, le siège social et la Direction des lanceurs (DLA) ; à Kourou, le Centre spatial guyanais (CSG) et à Toulouse, le Centre spatial de Toulouse (CST) qui est le centre technique et opérationnel du CNES où les ingénieurs étudient, conçoivent, développent, réalisent, mettent à poste, contrôlent et exploitent les systèmes orbitaux, satellites et instruments. Les activités du CNES se répartissent en cinq domaines d’intervention : Ariane (les lanceurs), les sciences, l’observation de la Terre, les télécommunications, la défense. 
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