INSA LYON

19 Apr
19/Apr/2017

INSA LYON

« Vivre et avoir des projets est possible même quand on est gravement malade »

À 32 ans, Jonathan Drutel a réussi son pari : être le premier greffé coeur-poumons à courir un marathon. Le 9 avril dernier, il a franchi la ligne d’arrivée du marathon de Paris en 5h16. Un exploit pour ce diplômé INSA atteint de mucoviscidose. 

Comment s’est déroulée votre formation à l'INSA Lyon ? 
J’ai intégré l’INSA en 3e année Génie Electrique après un DUT. Mon état de santé a rapidement nécessité un aménagement de la scolarité. Atteint d'une mucoviscidose virulente, j’ai subi de nombreux traitements depuis mon enfance. En juillet 2008, alors que j’étais étudiant à l’INSA, j’ai subi une opération lourde : une greffe des poumons. Après avoir bénéficié d'un aménagement similaire à celui des sportifs de haut niveau qui s’est avéré inadapté à ma situation, l’INSA m’a fait confiance et m’a proposé un aménagement à la carte qui m’a permis d’effectuer les 3e et 4e année en quatre ans. Les suites de l'opération ont été compliquées. 
En août 2009, j’ai donc subi une deuxième transplantation, mais cette fois du coeur et des poumons d’un même donneur. C'est tout simplement une prouesse médicale, un véritable miracle. Un mois plus tard, j’ai pu poursuivre ma formation d’ingénieur. 
Diplômé en 2011, j’ai occupé un poste d’ingénieur d’études chez POMA pendant deux ans. Je travaille aujourd’hui pour Vinci Energie, et serai bientôt nommé responsable du bureau d’études électrique, après avoir occupé les postes de chef de projets techniques puis de responsable technique.

Pourquoi avez-vous décidé de courir le marathon de Paris ? 
L’aventure a commencé l’année dernière avec un ami adepte de la course à pied. A l’époque, je faisais plutôt du vélo et nous avons entrepris l’ascension du Mont Ventoux . C’était déjà une performance inconcevable pour moi d’arriver au sommet. C’est là-haut qu’il m’a lancé un challenge encore plus difficile : courir un marathon. Dans l’euphorie du succès de l’ascension, j’ai accepté de le relever ! J’ai commencé les entrainements dès le mois de septembre. C’était au départ un défi entre amis mais j’ai souhaité communiquer plus largement, pour prouver qu'on peut entreprendre de tels projets même quand on a de graves problèmes de santé. Je voulais donner de l’espoir aux malades qui ne voient pas le bout du tunnel. 

Vous êtes allé au bout de ce projet. Que représente ce succès ?
C’était déjà une grande victoire d’être sur la ligne de départ. Il y a 8 ans, j’étais sur le départ pour un bloc opératoire. Aujourd’hui, je suis capable de courir un marathon. Cela a nécessité un entrainement qui demande plus de temps que pour une personne en bonne santé. Je me suis entraîné sans coach, en solitaire, avec le soutien de mes amis et de ma soeur. J’allais courir le soir après le travail. Après les difficultés que j’ai traversées, c’est une manière de me prouver que je suis en vie.