Life on campus

16 Apr
16/Apr/2020

Life on campus

Une journée avec Heidi Badaoui, responsable du service sûreté sécurité incendie de l’INSA Lyon

Il est l’un des premiers à avoir été réquisitionné à l’annonce du confinement. Après avoir fait le point sur les effectifs opérationnels pour travailler dans ce contexte de crise sanitaire inédit, Heidi Badaoui a vu naître une âme de service insoupçonnée, au service de l’INSA tout entier, pour sa plus grande fierté. Immersion.

Mercredi, 8h. Heidi Badaoui prend son poste, d’attaque malgré une courte nuit. Il y a quelques heures à peine, il débarquait sur le campus suite à un appel au secours. Une bande d’une vingtaine de squatteurs, alcoolisés, menaçait de s’en prendre à ses agents de l’équipe de nuit, venus leur demander de s’en aller. Heidi, parachutiste de formation et fortement enclin à la médiation, trouve les mots pour les déloger. L’affaire aura coupé sa nuit, mais il a l’habitude. Ce matin, café à la main, il retrouve l’équipe de jour, qui a pris la relève il y a une heure. Le reste de la nuit s’est bien passé, rien à signaler. Mais la situation reste préoccupante pour l’ensemble des agents du service sécurité/incendie de l’INSA Lyon. Devenus les derniers remparts d’un campus isolé, les douze hommes en rouge sont plus que jamais en première ligne. Nuit et jour, ils protègent le site et ses occupants, quelques 786 étudiants restés confinés dans les résidences. Nuit et jour, ils interviennent à tout moment, pour sécuriser les gens comme les bâtiments, dont certains font l’objet de convoitises régulières malgré les mesures actuelles.
Suite aux échanges musclés de la nuit, une main courante a été déposée auprès des services de police. Mais dans une guerre de territoire, les batailles se gagnent sur la longueur. Il faut tenir bon, et ne pas céder du terrain, dans une lutte exacerbée par les tensions liées à l’enfermement imposé. C’est sans doute la menace la plus forte, avec celle du Covid-19.

Après ces échanges matinaux, les agents finissent l’inventaire de rigueur : masques, ARI (appareils respiratoire isolant), gants… Tout est là, les rondes préventives réglementaires peuvent commencer. Sécurité incendie, assistance à personne et sûreté : trois rondes bien rôdées qui rythment le quotidien et prennent quasiment toute la matinée. Heidi Badaoui, lui, enchaîne avec sa réunion hebdomadaire avec le directeur général des services. Les deux hommes travaillent en étroite collaboration depuis la mise en confinement. Dans cette épreuve inattendue, il a fallu se rendre opérationnel immédiatement, malgré la réalité du terrain. Huit agents du service ont été détachés chez eux pour des raisons liées à leur santé. Une décision prise en conformité avec le haut conseil de la santé publique qui a établi des critères de vulnérabilité et permis d’identifier les personnes dont l’état de santé pouvait présenter un risque à développer une forme sévère de la maladie. Première inquiétude pour Heidi. Comment maintenir le même niveau opérationnel malgré la réduction des effectifs ? Comment faire face ? Rapidement, il a trouvé auprès de lui des agents volontaires. Dans cette mission accrue d’utilité publique, il a trouvé auprès de ces professionnels dévoués l’engagement nécessaire pour surmonter cette situation. Il a pu procéder à la réorganisation complète des plannings et des équipes, avec la réaffectation des compétences et des connaissances en interne. Et constaté que dans cette crise sanitaire sans précédent, ses agents étaient tous soudés. Militaire de formation, il a constaté cela avec émotion. Depuis l’armée, il n’avait jamais revécu ce sentiment, celui de pouvoir compter sur des « frères d’armes », et faire face quoi qu’il arrive. Aujourd’hui, après quatre semaines de confinement, il vit cet esprit de cohésion qui lui a tant appris par le passé. Et c’est sans doute cela, sa vraie fierté.

La réunion à peine terminée, il reprend la direction du bureau pour s’atteler aux tâches administratives. Chaque jour, des nouvelles mesures lui sont communiquées. Chaque jour, les consignes doivent être ajustées. Et les agents doivent adapter leurs gestes professionnels, dans le respect des nouvelles directives. Tout l’enjeu d’Heidi Badaoui est de garantir à son service un fonctionnement normal et réglementaire. Et de veiller à aucun manquement. 
Les heures de la journée s’égrènent et il sait exactement où sont ses agents et ce qu’ils font. Et bien que le programme de la journée soit déjà chargé, les interventions s’enchainent. La fermeture de tous les bâtiments de l’INSA est allée de pair avec une mise sous alarme intrusion. Chaque personne qui tente de rentrer dans un bâtiment la déclenche. Souvent, ce sont des personnels ou des étudiants qui tentent de pénétrer dans un laboratoire ou une salle de cours, par ignorance des consignes de sécurité. Parfois, ce sont des visiteurs aux intentions douteuses qui enfreignent la loi et pénètrent dans quelques-uns des logements de fonction disséminés sur le campus. D’autres fois encore, trop nombreuses celles-là, ce sont des voleurs à la petite semaine qui parviennent à rentrer dans les résidences étudiantes et sont à l’affût du moindre téléphone portable ou ordinateur en vue, derrière une porte entrouverte… 
Ce sont bien évidemment les étudiants qui font l’objet d’une attention toute particulière pour le staff insalien de sécurité. Dans ce contexte exceptionnel, les fragilités de quelques-uns ont bien été identifiées. Des appels à l’aide ont été lancés et ont trouvé écho auprès des agents de sécurité, seuls interlocuteurs à pouvoir se déplacer. Deux rondes sont organisées dans chaque journée, avec un passage dans toutes les chambres occupées des résidences. Cet après-midi, tout le monde va bien.

Heidi Badaoui termine sa journée avec le sentiment, partagé par ses co-équipiers, du devoir bien accompli. Aujourd’hui, la situation globale du campus est complètement maîtrisée. Le service sûreté sécurité incendie de l’INSA Lyon est serein et se prépare à la reprise, dont il ne connaît pas encore les modalités. Pendant ce confinement, Heidi aura maintenu tous les jours le déroulement des exercices de sécurité pour entraîner ses effectifs. Chaque jour, une manœuvre est répétée, permettant à chacun de se sentir encore plus à l’aise dans ses fonctions, et par l’action, de mieux gérer le stress inhérent à cette situation de confinement. Gérer la situation du mieux possible, c’est le point commun à tous les services de l’INSA auprès desquels celui d’Heidi a trouvé du répondant. Avec le sentiment d’appartenir à une communauté plus unie qu’avant le confinement, il attend avec son équipe le retour des usagers du campus. Les masques ont été commandés en quantité suffisante pour son service. Reste à garder son sang-froid face aux imprévus. Pour continuer à assurer la sûreté de l’INSA face aux agressions extérieures, et garantir la sécurité des 786 étudiants confinés.