Life on campus

04 Jul
04/Jul/2023

Life on campus

« Réhabilité, le campus de l’INSA Lyon a su garder sa valeur originelle »

C’est une petite quinzaine d’années qui séparent le début du Plan Campus et le changement de visage du territoire de l’INSA Lyon. Annoncé en 2008 par le Gouvernement, « le Plan Campus » ou « Opération Campus » avait pour objectif de faire émerger douze pôles universitaires d’excellence français, grâce à des dotations exceptionnelles. Parmi les campus sélectionnés, celui de Lyon. À cette époque, l’arrivée du tramway ouvrait le campus sur la ville et donnait le champ libre aux grandes idées pour en faire un lieu plus agréable et plus vert. Confort, performance énergétique et fidélité architecturale : aujourd’hui, ce sont près de quinze bâtiments qui ont été traités.

Le 6 juillet 2023, le campus Lyon Tech-La Doua clôturera symboliquement cette opération nationale. L’occasion de revenir sur l’histoire de la mue du campus insalien avec Nicolas Gaillard, directeur général adjoint des services de l’INSA Lyon.

L’arrivée du Plan Campus en 2008 a été une aubaine pour réaliser les investissements prévus pour la transformation du campus de l’INSA Lyon. Quels constats faisait-on dans les années 2000 à ce sujet ?
Depuis le milieu des années 2000, l’INSA a privilégié les investissements qui permettent des interventions d’ampleur en matière de performance énergétique des bâtiments et de qualité de vie du campus en réduisant les îlots de chaleurs, en favorisant la biodiversité et les modes doux de transport. À cette époque, il fallait rompre avec l’ambiance de type « quartier commercial ou ZAC » avec ses multiples parkings automobiles au pied des bâtiments. Il faut rappeler que les premières constructions avaient été érigées en quelques années, de 1957 à 1961, et seules les résidences avaient connu un plan de rénovation depuis la création de l’école. Des problèmes de structure et de sécurité sur certains ensembles, dus à la construction d’époque, nous contraignaient dans tous les cas à rénover certains édifices. Lorsque l’Opération Campus a été annoncée, c’était l’opportunité de mettre en œuvre le plan d’urbanisation qui avait été pensé à cette époque : un campus démonstrateur, favorisant les mobilités douces.

 


De gauche à droite : vue aérienne du campus de l’INSA Lyon en 1977 et en 2017.

 

Selon quels grands axes le Plan Campus s’est décliné pour l’INSA Lyon et le campus LyonTech-La Doua ? 
Les objectifs portaient principalement sur deux choses : regrouper les activités scientifiques entre elles en créant des sortes de quartiers par disciplines scientifiques ; et en faire un éco-campus démonstrateur avec une meilleure efficacité énergétique notamment. L’entrée du tramway T1
a certainement été un déclic pour réfléchir notre lien à la ville. Un schéma directeur d’aménagement avait alors été co-construit avec l’Université de Lyon : des zones, jusque-là consacrées au stationnement automobile, ont alors été désimperméabilisées et plantées. Par sa localisation, le campus de l’INSA Lyon est naturellement devenu une zone tampon entre la ville de Villeurbanne et le Parc de la Feyssine. Notre campus s'est transformé en un sas de respiration entre le Rhône et la Ville. 

Sur le campus insalien, en plus des bâtiments rénovés, quelles ont été les autres transformations majeures ?
En reconstruisant le campus sur le campus, en ne déconstruisant que les éléments les plus obsolètes et vétustes et en respectant l’énergie grise stockée, nous avons pu optimiser le foncier. Ainsi, les barres du peigne et les extrémités Ouest et Est de la Halle Jacquard ont été totalement déconstruites. Pour la rénovation des autres bâtiments, l’utilisation de matériaux biosourcés, notamment pour les éléments de structure et quelques fois pour les isolants des façades, le réemploi des matériaux a été un des principes techniques majeurs. Dans la même cohérence en matière de réduction d’énergie, plusieurs années ont été consacrées à la réfection d’une partie du réseau de chauffage urbain. Ce travail, qui nous permet de bénéficier d’une chaleur produite à 40 % d’énergies renouvelables, a beaucoup participé à la réduction de l’empreinte carbone de l’établissement. Il prendra fin à l’autonome 2023. Enfin, la réhabilitation ou la disparition de certains bâtiments ont permis de désimperméabiliser les zones, participant à la réduction des îlots de chaleur urbains, à recharger les nappes phréatiques et à favoriser la biodiversité.

 


De gauche à droite : la pelouse du FIMI (anciennement Premier Cycle) en 2017 et en 2021.
Le « Peigne » a laissé place à la pelouse Myriam Mirzakhani.

 

La réhabilitation des bâtiments a été dès le départ, pensée avec un égard certain pour les formes et le style architectural d’origine, n’est-ce pas ?
Le véritable enjeu lorsqu’il s’agit de réhabilitation du patrimoine, c’est de garder la valeur originelle (quand il y en a une – ce qui est le cas à la Doua) tout en modernisant. On ne voulait pas perdre la qualité architecturale des années 1960 qui était bien préservée. Un travail conséquent a été fait avec les architectes pour garder l’esprit et le rythme des façades. L’actualité récente démontre d’ailleurs que ces orientations fortes, prises il y a vingt ans, étaient pertinentes car elles étaient respectueuses du lieu et du patrimoine qui nous ont été transmis. 

 


De gauche à droite : le bâtiment Sadi Carnot en 2010 puis en 2023.

 

Le jeudi 6 juillet 2023, le Plan Campus se clôturera symboliquement aux côtés des autres établissements du campus Lyon Tech-La Doua. Quel bilan tirez-vous de cette longue opération ?
Au total, grâce au Plan Campus et aux autres opérations concomitantes, nous aurons investi depuis 2010, entre 10 et 15 millions d’euros annuellement pour la transformation du campus, ce qui est tout à fait remarquable au sein de l’enseignement supérieur. Aujourd’hui, nous jouissons d’un campus très agréable à vivre, véritablement démonstrateur et énergétiquement économe. Le principal défaut de l’opération a été de vouloir traiter un maximum de bâtiments en site occupé. Cela a été plus difficile que ce que l’on avait envisagé, notamment pour les étudiants, les personnels et les chercheurs. À titre personnel, je regrette que l’on n’ait pas assez pris le parti de végétaliser plus de surfaces mais dans les prochaines années, nous espérons poursuivre dans une même direction : réhabiliter le bâtiment des humanités, poursuivre les interventions sur les espaces extérieurs, enclencher un vaste plan de réhabilitation fonctionnelle des bâtiments et poursuivre nos interventions d’efficacité énergétique. Ce campus continuera également à être un démonstrateur à l’échelle 1 avec des expérimentations de nos laboratoires. 

 

L’INSA Lyon obtient à nouveau le label DD&RS ! 
En 2023, L’INSA Lyon renouvelle sa labellisation DD&RS pour les 4 prochaines années. Reconnu par le Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, le label DD&RS apporte une réponse concrète de l’établissement face à son ambition de faire du Développement Durable et de la Responsabilité Sociétale un enjeu stratégique majeur. Ce label vient récompenser et valoriser nationalement et internationalement le fruit de plus de vingt ans d’importantes démarches de l’INSA Lyon pour améliorer la qualité de vie et de travail au quotidien et sur le long terme. L’établissement encourage la mobilisation de toute sa communauté dans sa démarche de durabilité et va plus loin en proposant un Fond d’Initiatives Ecocitoyennes (FIEC) permettant à chacun de proposer un projet ou une innovation promouvant la durabilité, le campus étant particulièrement propice à l’expérimentation.

 

 

[1] : Il a été rejoint depuis par le T4 et sera complété dans les trois prochaines années par le T6, vers le centre de Villeurbanne et le T9 vers le campus de l’ENSAL et l’ENTPE à Vaulx en Velin