Life on campus

27 Oct
27/Oct/2021

Life on campus

Redonner vie aux projets professionnels de personnes réfugiées

Trois mois : c’est le temps dont disposeront les quatorze élèves-ingénieurs engagés dans le programme Tremplin each One pour accompagner des personnes réfugiées dans la réalisation de leur projet professionnel. 
Souvent contraints d’abandonner leurs rêves après avoir fui leur pays, les participants au programme se retrouvent confrontés à des barrières qui peuvent leur paraître insurmontables sans soutien : nouvelle langue, codes culturels différents ou difficultés administratives… Afin de leur permettre de reprendre un emploi ou des études, le Tremplin each One by INSA Lyon accompagnera neufs personnes vers une reprise professionnelle à travers des cours de français, d’anglais et des modules d’insertion professionnelle. Explications.

S’engager pour redonner confiance et trouver du sens
« L’insertion des personnes réfugiées est un chemin long et semé d’embûches », annonce Adrien Comtet en 3
e année de génie mécanique et co-directeur de l’équipe programme each One by INSA Lyon. L’étudiant s’est engagé dans l’aventure proposée par son école après une prise de conscience forte cet été alors que son frère, de passage sur l’île de Lesbos lors d’un voyage associatif en Grèce, s’est fait le passeur d’histoires de vies bouleversantes. « En l’écoutant les raconter, j’ai commencé à prendre conscience d’une chose qui m’a perturbé : on ne nous montre jamais les réfugiés comme des personnes ayant fait des études et eu des vies professionnelles très qualifiées. Lorsqu’elles arrivent dans un nouveau pays, elles manquent de repères et de confiance en soi pour se relancer professionnellement. Le programme Tremplin est une opportunité d’aider ces gens. »

Pour Hajar Benhaimoud, élève-ingénieure en 4e année de génie mécanique et bénévole au sein du pôle communication du programme, les motivations de son engagement remontent à son histoire personnelle. Marocaine, elle est arrivée en France pour ses études il y a quatre ans. « Quitter mon pays n’était pas une obligation pour moi et les premiers échanges avec les participants m’ont permis de me rendre compte de ce privilège d’avoir eu le choix de ne pas quitter mon pays pour des questions de sécurité. Lorsque j'ai rejoint Lyon, j’ai été accueillie par des gens que je connaissais, ce qui n’est pas le cas des personnes que nous recevons. Cette expérience avec each One a donc un sens particulier pour moi », explique Hajar.

Un programme transformant pour chacun
Hébergé dans plusieurs Grandes Écoles ou Universités françaises, le programme proposé par each One a été conçu pour permettre aux participants de développer les compétences adaptées à leur insertion sur le marché de l’emploi. Pendant douze semaines, l’équipe d’étudiants de l’INSA Lyon coordonnera l’accompagnement grâce au catalogue de contenus fourni par l’entreprise sociale. Au programme : 20h de cours de français par semaine, des cours d’anglais et des ateliers spécifiques destinés au développement de softskills
1. « En plus des cours, chaque participant s’est vu attribuer un coach étudiant et un mentor professionnel qui pourront l’aider à faire son CV, appréhender les codes culturels ou comprendre les systèmes administratifs par exemple. Le but est d’apporter des repères à la personne pour lui permettre de trouver sa place dans la société », poursuit Adrien Comtet.

Première école lyonnaise à héberger cette initiative, l’INSA Lyon peut compter sur l’Institut Gaston Berger pour défendre les missions d’ouverture et d’inclusion, des valeurs chères au modèle fondateur. « Le tremplin each One est une formidable opportunité pour nos étudiants de saisir que la fonction d’ingénieur peut aussi avoir une dimension sociale. Ça n’est pas juste une façon d’aider les autres ; c’est une véritable expérience professionnalisante pour acquérir des compétences de gestion de projet et un autre regard sur leur futur métier », ajoute Sonia Béchet, directrice de l’IGB.

L’ouverture, une valeur inscrite dans l’ADN de l’école
Aborder leur futur métier avec un prisme nouveau, c’est également la motivation qui habite Hajar et Adrien. « La question du sens et de la place de l’ingénieur dans la société est de plus en plus présente dans mon quotidien d’étudiante. Avant d’arriver à l’INSA, j’ai toujours voulu travailler dans l’aérospatial, mais certains cours m’ont fait ouvrir les yeux sur les grands enjeux auxquels nous devrons répondre en tant qu’ingénieurs. J’ai appris à réfléchir à mes valeurs et ce à quoi je veux vraiment participer. C’est en partie grâce à l’INSA que j’ai changé dans ce sens-là et ce projet s’inscrit dans mon cheminement personnel », ajoute Hajar.

Issues d’une démarche inclusive, les activités menées dans le cadre du tremplin seront hébergées sur le campus LyonTech-la Doua et permettront aux participants de bénéficier de la richesse de l’écosystème insalien. « J’espère qu’au terme de cette expérience, les participants que nous accompagnons réussiront à obtenir ce qui leur correspond. Je crois que l’un des plus gros obstacle de l’insertion des personnes réfugiées restera l’acceptation de l’autre dans une société qui ne laisse pas la place à la compréhension des parcours individuels. Avec ce genre de programme sur le campus, nous sommes sur le bon chemin », conclut Adrien.

L’équipe « programme » du tremplin each One x INSA Lyon
De gauche à droite : Léonard Grynfogel, Hajar Benhaimoud, Julie Mercier, Charlotte Lievre, , Anna Tomasini, Pauline Riocreux et Adrien Comtet

 

[1] Les « softskills » désignent des compétences non techniques.

Pour aller plus loin sur le sujet : 
Podcasts « Les cœurs audacieux » - Saison 2 / Épisode 4 - 10 mars 2022