Life on campus

02 Apr
02/Apr/2020

Life on campus

Président du Bureau des Élèves, il s’organise pour aider les confinés sur le campus

Geoffroy Vancauwenberghe vit certainement l’un des mandats de président de BdE des plus délicats à assumer. Entre sauvetage d’association et aide aux étudiants restés confinés sur le campus, il doit faire preuve de sang-froid et de diplomatie. Récit.

Après le tumulte des premiers jours, Geoffroy Vancauwenberghe souffle un peu. Du haut de ses 20 ans et de son 1,90 m, il observe avec recul la période agitée qu’il vient de traverser. Même si elle est n’est pas terminée, cette vague de confinement a laissé des traces indélébiles dans sa jeune vie, peut-être plus qu’il ne peut encore le constater. 
Propulsé président du Bureau des Élèves de l’INSA Lyon en début de semestre dernier, il avait endossé ses responsabilités avec sagesse, conscient des enjeux de l’année à relever et surtout désireux de pouvoir soutenir une jeune équipe à la tête de l’un des plus gros BdE de France, tant par ses effectifs de membres actifs que par son enveloppe financière. 
L’année se déroulait sans accroc pour cet élève-ingénieur de 4e année au département génie mécanique. Pour assurer ses fonctions associatives, Geoffroy bénéficiait d’un aménagement de scolarité afin de mener à bien son engagement bénévole et ses études. 
Le calendrier estudiantin suivait son cours, avec en ligne de mire le Gala de l’INSA Lyon et d’autres gros événements chers aux cœurs insaliens. Jusqu’à ce début du mois de mars. Et l’arrivée pernicieuse de ce virus dont tout le monde parle.

Geoffroy n’est pas serein. Il doit gérer une situation d’une ampleur inédite et la tâche s’annonce très compliquée. Chaque jour voit son lot de nouveaux problèmes arriver et le met à l’épreuve. Il doit être fin et diplomate en toutes circonstances, pour tenter d’avancer le mieux possible dans cette nébuleuse dont personne ne peut le tirer. À cela s’ajoute le suivi des cours et les soucis personnels rendant ces premiers jours très éprouvants pour le jeune homme, qui n’en est qu’au début de son périple.
Le danger sanitaire est tel qu’un premier décret ministériel annonce l’interdiction des rassemblements au-delà de 1000 personnes. Un vrai coup de massue pour l’équipe organisatrice du Gala, prévu le samedi 14 mars à la Sucrière, le lendemain de la cérémonie de remise de diplômes, elle-même organisée à la Cité Centre des Congrès et devant rassembler près de 3000 personnes.
Défaite, l’équipe encaisse la nouvelle de l’annulation à cinq jours de l’événement, après de longs et laborieux mois de préparation. Ce ne sera que le début d’une série de déceptions. Progressivement, la situation sanitaire du pays poursuit sa dégradation et les décisions s’enchaînent, impactant d’autres événements portés par des associations insaliennes sur le campus.

Commence alors avec toute l’équipe d’étudiants membres du BdE un conséquent travail de réflexion pour apporter des solutions aux problématiques posées à l’association. Il s’agit désormais de la maintenir hors de l’eau après avoir essuyé de nombreux revers, tant sur le plan financier qu’humain. Pleinement impliqué dans ce sauvetage associatif, Geoffroy ne compte plus les jours à répondre aux questions, trouver des solutions, essayer de ne pas baisser les bras dans un contexte exacerbé par le traitement médiatique et la réalité du terrain. La situation sanitaire du pays affole jusqu’à l’annonce de fermeture des établissement scolaires puis celle des commerces, et enfin le confinement, que Geoffroy vit comme la suite logique des actions appliquées. 
Il est en réunion de crise avec le conseil d’administration du Bureau des Élèves quand la décision tombe. Déjà à pied d’œuvre pour palier cette éventualité, Geoffroy et son équipe ont pris quelques décisions pour se préparer à cette isolation imposée du campus.
Et pendant que la grande majorité des usagers du site sont priés de ne pas revenir, d’autres, eux, s’apprêtent à ne pas pouvoir le quitter.

Ils seraient environ 700 étudiants à ne pas avoir pris le large à l’annonce du Président Macron, 700 à manger, dormir et vivre sur un campus en grande partie déserté. En lien avec le directeur de l’INSA Lyon, Frédéric Fotiadu, et le directeur général des services, Frédéric Desprès, restés eux aussi sur le site, il est convenu de maintenir partiellement le fonctionnement de la Maison des Élèves, pour assurer quelques services vitaux aux confinés. Les élèves du BdE s’organisent pour mettre en place des permanences. Ils ont récupéré auprès de la direction des restaurants de l’INSA toutes les denrées qui ne seront pas écoulées pour cause de confinement. Ils ont aussi contacté la Croix-Rouge pour récupérer des denrées alimentaires supplémentaires, prévues pour des évènements annulés. 
Outre la laverie, c’est la COOP, l’épicerie des étudiants, qui sera ainsi maintenue ouverte, afin de permettre l’approvisionnement en nourriture sans que les élèves ne quittent l’enceinte du campus. 
En favorisant cette ouverture, la Maison des Élèves devient le théâtre des impressions de chacun des confinés, français ou étrangers. Connue pour sa vie associative foisonnante, l’INSA l’est tout autant pour son esprit de solidarité, en plein exercice de son expression en ces temps mouvementés. 

Dans ce contexte exceptionnel inédit, Geoffroy ne se sent pas seul. S’il travaille main dans la main avec la direction de l’école, il vit en situation de confinement avec ses amis proches, également membres du BdE, avec qui il partage ses problématiques du quotidien. Face aux doutes auxquels ils ont été confrontés, ils ont pu faire appel à l’expérience de leurs aînés, anciens présidents et membres du BdE, pour leur prêter conseil. Aujourd’hui, la situation in-situ est maîtrisée et opérationnelle. Geoffroy et son équipe peuvent prendre un peu de recul. Et se rendre compte que, malgré la dangerosité de la situation, ils viennent d’acquérir une expérience de haut vol très formatrice. Face à cet épisode de tensions et de prises extrêmes de décisions, ils ont gagné en compétences et en connaissance de soi. Gage que l’engagement associatif auquel ils croyaient en intégrant le réseau INSA leur a apporté autant, si ce n’est plus, que les heures qu’ils ont arrêté de compter depuis qu’on leur a dit que le coronavirus rôdait là.