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« Nous avons créé le ‘airbnb du matériel outdoor’, pour lutter contre la surconsommation d’équipements »
« Nous, c’est Guillaume et Marie, deux jeunes ingénieurs en quête de sens », se présentent ainsi les cofondateurs de l’application « Loomi » sur une vidéo publiée sur les réseaux sociaux. Guillaume Demeilliers et Marie Dufau, jeunes ingénieurs INSA diplômés du département génie industriel et désormais entrepreneurs, sont derrière une application mobile prometteuse : une plateforme de location de matériel d’activité de plein air, le « airbnb du matériel outdoor ».
C’est en rentrant d’un week-end en bivouac qu’ils prennent conscience de l’impact généré par l’achat d’équipements qui allaient inévitablement passer plus de temps dans un placard, qu’utilisés en extérieur. À peine sortis d’école et après quelques mois dans le monde du travail, ils créent « Loomi ». Les deux ingénieurs se consacrent dorénavant à faire grandir leur App', disponible depuis deux semaines dans tous les magasins d’applications, avec une seule idée en tête : permettre au plus grand nombre de créer des souvenirs et du dépaysement, localement et en pleine nature.
Un retour de bivouac, un budget matériel conséquent… Comment votre aventure avec Loomi a-t-elle commencé ?
Guillaume D : L’idée de Loomi est née en rentrant d’un week-end bivouac. Nous avons réalisé à quel point l'achat de matériel pouvait être coûteux, et la plupart du temps, il reste inutilisé au quotidien, notamment dans les grandes villes. Nous avons voulu lutter contre le phénomène de suréquipement et de surconsommation en proposant une solution de mutualisation, inspirée du modèle d'Airbnb. Notre objectif est de rendre les activités de plein air plus accessibles et de rapprocher les gens de la nature. En bref, inviter au dépaysement, tout en respectant l'environnement ! Nous avons créé une petite communauté sur les réseaux sociaux qui a rapidement pris de l'ampleur. Cela nous a permis de faire le constat suivant : il y a beaucoup de gens prêts à préférer le tourisme local pour leurs vacances, comme le voyage à vélo, mais beaucoup n’osent pas. La location peut permettre de s’y essayer, sans trop dépenser ou de pratiquer occasionnellement à moindre coût. C’est un peu l’idée derrière Loomi : permettre à tout le monde de partir à l’aventure.
« C’est un peu l’idée derrière Loomi : permettre à tout le monde de partir à l’aventure. »
(Crédits : Unsplash/Thanh Nguyen)
Que trouve-t-on sur Loomi et comment fonctionne l’application ?
Marie D : Loomi est disponible depuis deux semaines sur les magasins d'applications. On y trouve des annonces pour louer des surfs, des skis, des tentes ou même des vélos. Pour l’heure, elle compte plusieurs centaines d'annonces, principalement à Paris, mais l’ambition est de diversifier très rapidement les secteurs géographiques. Le fonctionnement est simple : le propriétaire du matériel propose son annonce avec une description, des photos, son prix et le montant de la caution demandée. Ainsi, les membres de la communauté peuvent avoir accès via une liste ou une carte, à des équipements de plein air, près de chez eux. Loomi se rémunère à travers une commission sur la transaction. Nous sommes aussi actuellement en plein développement d’une offre à destination des loueurs professionnels : l’application pourrait leur permettre de gagner en visibilité et d’avoir une gestion de location plus fluide. Et enfin, nous souhaitons dédier une branche aux sports adaptés pour les personnes en situation de handicap. En effet, ce sont des sports généralement très coûteux à pratiquer, en raison du matériel très spécifique. Cela permettrait de rendre la pratique des handisports, plus accessible.
L’application Loomi permet de louer du matériel outdoor auprès de particuliers et professionnels.
Comment décide-t-on de « tout plaquer », pour se lancer dans un tel projet ?
Guillaume D : Pour ma part, en sortant de l’INSA en 2022, j’ai travaillé dans le secteur des énergies renouvelables en tant que chef de projet ; je m’occupais de développer des centrales solaires. Bien que ce secteur soit engagé dans la transition énergétique, et plutôt aligné avec mon engagement personnel sur les questions climatiques, j’ai ressenti le besoin de faire quelque chose de plus en lien ; de plus direct. En tant que chef de projet, mon quotidien s’inscrivait encore dans cet élan global de consommation, et j’avais, au contraire, en tête de contribuer à ralentir la consommation.
Et puis j’en ai parlé à Marie, que j’avais rencontrée à l’occasion des activités associatives avec ESTIEM, l’association de notre département de formation. Depuis mes études à l’INSA, je suis quelqu’un de particulièrement engagé : j’étais impliqué dans le comité d’évolution de la formation du département génie industriel et je suis animateur des fresques du climat. Je pense d’ailleurs que mes cours et les gens rencontrés à l’école ont beaucoup joué sur mon engagement aujourd’hui. Puis l’entrepreneuriat m’a toujours tenté, et on n’est jamais plus prêts qu’aujourd’hui pour se lancer. Nous avons la chance d’être accueillis dans les locaux de mon ancienne entreprise qui a souhaité nous soutenir dans la démarche. C’est une vraie chance, car nous avons à disposition de très bonnes conditions pour monter une boîte : nous sommes chanceux et nous en profitons !
Marie D : De mon côté, après mes études, j’ai complété ma formation d’ingénieure avec une formation en école de commerce. En alternance, j’ai pu développer des compétences en développement d’application, des compétences que j’avais par ailleurs appliquées à un projet personnel, qui consistait à créer une communauté autour de la course à pied. Et puis la question d’un métier « qui a du sens » s’est posée. J’avais aussi envie de créer quelque chose, donc lorsque Guillaume a évoqué l’idée de s’associer, je n’ai pas hésité. Monter un projet à deux n’est pas si facile, donc dès le début, nous avons mis au clair nos ambitions, car une co-construction, c'est un peu un mariage professionnel : nous avons des responsabilités mutuelles, l’un envers l’autre !
Quels sont vos objectifs pour l’avenir de Loomi ?
Guillaume DM : Nous voulons continuer à agrandir notre communauté et à développer des partenariats avec des professionnels et certains « influenceurs » du milieu de l’outdoor. Nous espérons étendre notre présence à toute la France tout en promouvant un tourisme durable et respectueux de la nature. D’ailleurs, nous sommes très en lien avec l’équipe de Mollow, cofondée par Alisée Pierrot, diplômée de l’INSA également. Sa plateforme a pour objectif de développer des itinéraires de voyages alternatifs à l’avion, donc notre vision et nos activités sont très complémentaires. Nous travaillons à créer des synergies entre nos activités pour offrir au plus grand nombre la possibilité de concilier souvenirs inoubliables et respect de notre planète.