Education

18 Jul
18/Jul/2019

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L’INSA à la sauce brésilienne

En 1988, Severino Rodrigues, jeune brésilien, débarque fraîchement à l’INSA Lyon pour son doctorat. Accompagné de sa femme et de ses trois enfants, il vit dans l’une des résidences du campus. Parmi ses chérubins, il y a Marcele Trigueiro, alors âgée d’une douzaine d’années. Elle apprend le français dans un collège lyonnais, et nourrira le rêve de travailler à l’INSA.

Nécessité ou contingence ?
Le père de Marcele effectue un doctorat au département Génie Énergétique et Environnement. Quatre ans plus tard, la famille rentre à João Pessoa, leur ville d’origine. Le temps passe, les enfants grandissent. Et Marcele n’oublie jamais ses premières années insaliennes.
« Après mon diplôme d’architecte brésilien, je m’intéresse aux formations en urbanisme à l’INSA. En 2001, j’y fais un premier stage pendant lequel je me prépare pour un DEA1. Je dis à mon amoureux, ‘je pars en France, je reviens dans trois mois’. Le Brésil est mon pays. J’aime la joie et la créativité qui se dégage de ses habitants. Mais, gamine, Lyon m’a piquée », raconte Marcele. 
« Quelques mois plus tard, elle m’appelle et elle me dit ‘finalement, je reste quatre ans. J’ai obtenu une bourse pour faire un doctorat ‘ », intervient Joacio, son époux, en riant.
À cette époque, Joacio est ingénieur, vit au Brésil et ne parle pas un mot de français. « Je vends ma voiture et, depuis João Pessoa, je m’envole pour l’Europe. J’en profite pour m’inscrire dans un DEA recherche à l’INSA, en Sciences et techniques du déchet. Et par la force des choses, moi aussi je tombe amoureux de la France. » 
Coïncidence ou alignement des astres, Marcele et Joacio se sont vus attribuer un appartement dans la même résidence qu’en 1988. Depuis ce premier séjour, le couple n’a cessé de voyager entre l’Université Fédérale de Paraíba (UFPB), où ils sont tous deux maîtres de conférences, et l’INSA. 

S’engager pour des relations franco-brésiliennes
Diplômés docteurs INSA, le couple rentre à João Pessoa où Joacio prend en main la coordination du réseau d’échanges étudiants, à l’UFPB. « J’ai repris contact avec mes anciens collègues de l‘INSA pour amener les étudiants à Lyon. Dans le cadre de BRAFITEC2, nous œuvrons à tisser des liens forts entre l’INSA Lyon et le Brésil. Et je pense que nos collègues ont finalement confiance pour développer des relations grâce à notre engagement et notre attachement à leur école », explique Joacio. Quelques années après, Marcele reprend cette mission de coordination. « À l’époque de mon père, c’était une relation à sens unique. Le Brésil envoyait les étudiants se qualifier à l’étranger car il n’existait pas d’équivalence à ce niveau de formation. Aujourd’hui, il existe beaucoup de sujets communs de recherche entre les deux pays. La relation est horizontale et les liens de confiance que nous avons construits nous sont chers. Nous avons toujours voulu développer les rapprochements entre les deux cultures, en créant une association française notamment. D’ailleurs, on se sent un peu franco-brésiliens aujourd’hui ! », ajoute Marcele.

De génération en génération
Trente années ont passé depuis le début de l’histoire de Marcele et l’INSA. Et l’attachement demeure le même. « Je crois sincèrement aux énergies qui s’attirent. Parfois, les opportunités font naître des destinées inattendues. Aujourd’hui, je suis plutôt fière de m’apercevoir que le cycle se renouvelle : comme mes parents, j’ai présenté l’INSA à mes enfants. On veut leur transmettre la double culture que l’on a développée et une ouverture sur les mondes dans lesquels nous baignons, Joacio et moi. D’ailleurs, je crois bien que l’aîné de 9 ans a déjà une petite tendance pour l’ingénierie mécanique ! »
Si Marcele est, des trois enfants de Severino, la plus mordue de l’INSA, il semblerait que l’école d’ingénieurs française ait aussi laissé des marques dans l’esprit des frère et sœur. « Croyez-le ou non, ma sœur s’est mariée avec un docteur INSA et mon frère, après une formation au département Génie Civil et Urbanisme de l’INSA, s’est installé dans le sud de la France pour cultiver des vignes bio. Son vin vient tout juste d’être médaillé d’or au concours IGP », conclut Marcele.


1Diplôme d’Études Approfondies, aujourd’hui équivalent à une 2e année de Master
2Réseau international des établissements universitaires partenaires brésiliens