Education

02 Dec
02/Dec/2020

Education

L’innovation solidaire jusqu’au bout de la nuit

Dans la nuit du 19 au 20 novembre 2020, plus de 300 étudiants se sont creusés les méninges pour aider Handicap International à apporter des solutions aux problématiques de terrain rencontrées par les professionnels de l’organisation humanitaire. Comment favoriser le recrutement et l’insertion de personnes handicapées sur le site de production d’une multinationale ? Après un séisme, comment évaluer rapidement l’importance des dégâts, localiser les zones et plus impactées et les besoins prioritaires ? Comment assurer le nettoyage extérieur des matériels roulants dans un contexte de préservation de la ressource en eau ? Mathieu, Erwan, Fabien et Corinne ont participé à cette 2e édition de la nuit de l’innovation solidaire organisée par Handicap International, Dynergie et la Fondation INSA. Ils racontent.

Expérimenter le travail d’équipe : entre décision et orientation 

Proposée en virtuel en raison des conditions sanitaires, la 2e nuit de l’innovation solidaire a généré près de 50 000 lignes de discussion sur le « slack1 » dédié à l’événement. Pour Erwan Cavelier, étudiant en 4e année de génie industriel, la nuit a été riche en échanges et en débats. 

Erwan Cavelier« Nous avions de nombreuses ressources documentaires et humaines pour nous aider à résoudre notre problématique. L’étude de cas de mon équipe était très précise : nous devions apporter notre aide à une multinationale implantée en Inde, soucieuse d’améliorer son recrutement inclusif envers les personnes en situation de handicap. Nous avons proposé une plateforme web à destination des recruteurs dans les entreprises. C’est une sorte de base de données et d’échanges qui regroupe du partage d’outils et de méthodes. Mon équipe était composée d’un développeur informatique, d’un chercheur en anthropologie et sciences cognitives, d’un spécialiste de marque et de moi-même, en tant que futur ingénieur. Nous ne nous connaissions pas et avions des points de vue un peu différents, alors pour aller au bout de l’aventure, il nous a fallu faire un bel effort de décision et d’orientation. Et finalement, je crois que les variétés de nos profils ont fait la force de notre innovation ! » 

Site Work inclusive

Un challenge pour une expérience qui a du sens

Parmi les 39 projets proposés aux membres du jury, seulement 6 ont été récompensés. Même si la compétition a été rude, l’expérience en valait la chandelle en s’inscrivant dans le réel pour Mathieu Rodriguez-Ballieu, élève-ingénieur en 4e année de génie énergétique et environnement.

Mathieu Rodriguez-Ballieu« En m’inscrivant à ce hackathon, j’espérais surtout y trouver de quoi satisfaire mon appétit de futur ingénieur. Les équipes d’Handicap International utilisent quotidiennement des voitures pour secourir les personnes victimes de catastrophes. Pour les protéger des problèmes mécaniques, les véhicules nécessitent des nettoyages réguliers. L’enjeu technique était de trouver une solution pour laver ces voitures tout en économisant l’eau et l’énergie car lors de catastrophes, ce sont des ressources rares. Le challenge était au rendez-vous, et en tant qu’ingénieur de l’équipe, plusieurs solutions s’étaient rapidement présentées à mon esprit. Pour trancher, ce sont surtout les échanges avec notre coach qui ont été déterminants. Nous avons proposé une station de lavage mobile et autonome en énergie, et c’est pendant la phase d’élaboration technique que je me suis souvenu d’un cours de machines thermiques où l’on apprenait à concevoir une pompe à chaleur alimentée par des gaz chauds pour économiser l’énergie. C’est ici que toutes les difficultés se sont dénouées : « Cont’Ta goutte d’o » était née et nous avons obtenu le ‘prix environnement’. Je songe tout de même à vérifier auprès de mon directeur de département, Rémi Revellin, si c’est une bonne utilisation de son cours. On ne sait jamais, peut-être que l’on pourra déposer un brevet ! »

Cont’Ta goutte d’o

24 heures dédiées à l’innovation solidaire

Pour soutenir les équipes dans leur réflexion, une équipe de coachs experts se tenait à disposition des étudiants. Fabien Filaire, diplômé 2020 du département biosciences faisait partie de l’équipe de conseil.

« Nous étions là pour ouvrir les perspectives des idées proposées par les étudiants car la pression de la montre empêche bien souvent de prendre le recul nécessaire avant de se lancer efficacement dans la mise en œuvre d’un projet. Comme je suis arbitre d’escrime handisport, j’ai un regard un peu différent sur le handicap qui est une thématique centrale du quotidien des équipes d’Handicap International. Je crois que j’ai pu apporter un éclairage nouveau aux équipes qui ont sollicité mon aide. Je trouve ça important d’échanger les points de vue, surtout quand il s’agit de développer des solutions novatrices qui viennent d’un monde éloigné du domaine d’application sur lequel on travaille. Et je crois que c’est tout l’intérêt de l’innovation solidaire : travailler avec des personnes qui viennent d’horizons différents et qui ont le même objectif, celui d’aider les autres à surmonter la difficulté. Et ici, c’était tout à fait le cas puisqu’il s’agissait de répondre aux problématiques de terrain des équipes humanitaires. Finalement, là où le confinement nous a empêché de vivre cette expérience ensemble physiquement, c’est la volonté de chacun de faire vivre la solidarité qui nous a rassemblé. »

Une démarche responsable déjà bien essaimée à l’INSA Lyon 

Si cette 2e nuit de l’innovation solidaire s’inscrit dans le cadre d’une alliance entre l’INSA et Handicap International, elle révèle d’autant plus l’engagement de l’établissement sur les notions de solidarité et de diversité. Corinne Dorel-Flamant est enseignante-chercheure, chargée de mission science - santé globale et handicap auprès de la direction de la recherche de l’INSA Lyon et a coordonné l’événement multipartenaires.

« Ma casquette de chargée de mission science - santé globale et handicap m’a permis de réaliser, dans le cadre de cette alliance, une cartographie de ce qui se faisait en matière de handicap dans nos laboratoires de recherche. J’ai également étudié la question sur la prise en compte de cette problématique dans la formation, et il faut bien avouer que les questions de diversité et d’inclusion sont des choses qui tiennent profondément à cœur à l’INSA Lyon ! Cette édition a été une vraie réussite, tant par l’engagement des étudiants participants que les coachs et experts INSA qui ont été très nombreux. Cela démontre une volonté forte de la communauté insalienne à s’engager sur ces questions. Rendez-vous l’année prochaine pour une 3e édition qui nous permettra, je l’espère, de nous rassembler pour continuer de creuser encore de belles idées ! »

 

1 Sclack est un outil de communication collaboratif