Life on campus

15 Sep
15/Sep/2021

Life on campus

« Je voulais partager le trésor des beautés cachées de la bibliothèque »

Le silence studieux, l’alignement cadencé des rayons, la caresse de l’index qui court sur la couverture plastifiée… Voilà tant de détails capables de ravir les sens de tous les amoureux de bibliothèques. Mais derrière les cotes méthodiquement ordonnées sur les étagères se cache une face rarement donnée à voir aux lecteurs.   

En 2019, à l’occasion de l’événement-anniversaire de la bibliothèque de son école, Corentin Rahier, étudiant au département génie civil et urbanisme, se fascine pour les trésors de l'un des bâtiments phare du campus, la Bibliothèque Marie Curie (BMC)
Deux ans plus tard, il signe un long-métrage, le premier de la section cinéma-études dont il fait partie. Dans un docu-fiction immersif, il révèle au grand public les beautés cachées d’une bibliothèque porteuse d’Histoire. Entretien avec l'élève-ingénieur, réalisateur de « Beta Mater Cognitio ».

Votre docu-fiction, « Beta Mater Cognitio », s’applique à montrer le bâtiment et se concentre également sur la dimension humaine de la bibliothèque. Il interroge aussi sur son avenir. Comment le sujet est-il venu à vous ?
La Bibliothèque Marie Curie de l’INSA Lyon est un lieu fascinant que je fréquentais dans le cadre de mes études, mais que je connaissais peu. Dans le cadre des dix ans du bâtiment, l’équipe de la BMC avait sollicité la section cinéma-études pour élaborer une vidéo pour l’exposition anniversaire. Je suis ressorti des séances d’interview avec des étoiles dans les yeux et une idée en tête : permettre à tous d’accéder au même trésor qui venait de m’être livré. Je voulais que ce film puisse changer le regard porté sur les bibliothèques, que l’on identifie souvent à des lieux austères, peuplés de gens âgés et de cerveaux brillants murés dans un silence un peu angoissant. En réalité, c’est bien plus que cela.

Dites-nous en plus sur votre vision. Comment qualifieriez-vous la bibliothèque ?
Je crois que je la qualifierais comme un lieu débordant de vie. Ma vision a beaucoup évolué en travaillant sur ce film et dans le bon sens du terme puisque je n’y voyais avant qu’un lieu fonctionnel, utile et ennuyeux à mourir. Aujourd’hui, c’est le contraire. Je considère à l’inverse que c’est un lieu de savoir, et donc d’échanges. C’est comme une fourmilière : elle est calme en apparence, mais hyperactive dans ses entrailles et régie par une organisation à toute épreuve. J’ai l’impression que cette bibliothèque est devenue une seconde maison dans laquelle j’ai ri, étudié, somnolé et même dansé ! C’est un lieu vibrant, et une ressource en savoir fantastique. D’ailleurs, je la préfère à Internet (même si celui-ci est bien pratique). Ce bâtiment a aussi un aspect mystérieux avec ses passages dérobés et ses salles cachées au public !

Le documentaire révèle-t-il tous les secrets de la bibliothèque de l’INSA Lyon, comme ces passages dérobés dont vous parlez ? 
Je dirais que le meilleur moyen de connaître les secrets de la bibliothèque est de venir aux projections en avant-première. Le film livre bien entendu beaucoup d’anecdotes mais est loin de divulguer tous les secrets de la BMC. Déjà parce que je ne les connais pas tous moi-même, et parce qu’il faudrait une série avec plusieurs saisons pour tout évoquer tant l’histoire de la BMC est dense ! 

Votre long-métrage est un « docu-fiction », mêlant intrigue narrative et faits réels. Comment avez-vous travaillé à l’élaboration de ce film avec la section cinéma-études ?
J’ai commencé par tourner, un peu sans réfléchir, des contenus documentaires sur la bibliothèque, puis j’ai fait appel à Fanny Lignon, enseignante de scénario en première année de la section cinéma-études. J’avais déjà pris le temps d’analyser la totalité de la matière et nous avons décidé d’incorporer des passages de fictions qui permettent de donner un fil rouge au film. Il a ainsi fallu créer un scénario. L’enjeu scénaristique était de jongler avec ces deux vitesses narratives du réel et du fictif. Bien sûr, j’ai beaucoup travaillé avec les personnels de la BMC et certains de mes camarades de la section cinéma-études pour les tournages et le montage. D’ailleurs, s’ils passent par là, merci à Valentin Boiteux, Louis Stephan et Paul Legrand, et à toute l’équipe de la bibliothèque Marie Curie.

Ce docu-fiction est votre premier long-métrage. Est-ce le premier d’une longue série ? 
En réalité, je ne suis pas du tout doué avec les ordinateurs et je n’y connaissais rien en matériel vidéo avant de rejoindre la section cinéma-études. J’apprends en cours de route, grâce à la section et à mon activité associative au sein de La Mouette. C’est mon premier long-métrage, et il n’est pas exclu que ce soit le dernier car le métier de réalisateur envahit chaque minute qui passe et s’avère très anxiogène. À la fin, je me sentais un peu comme dans « La nuit américaine » de Truffaut, où il se voit manquer de temps et se demande pourquoi il s’est embarqué dans une telle aventure. C’était malgré tout un beau voyage qui m’a permis de toucher à la direction d’acteurs, à l’écriture de scénario, au découpage technique, au montage, à la post-production ou encore à la musique puisque j’en ai composé toutes les musiques originales. Les métiers du cinéma sont si vastes ; il en faut des choses pour réaliser un film. Le côté positif est que je trouve chacune d’elle passionnante.

D’ailleurs, trouver un titre de film fait partie du métier. Que signifie cette locution latine mystérieuse, « Beta Mater Cognitio » ?
Je dois avouer que je suis fier de ma trouvaille sur ce titre, même s’il est probablement très opaque pour le spectateur qui n’a pas vu le film. Beta fait à la fois référence à la lettre grecque β, et aux sciences que nous étudions en tant qu’élèves-ingénieurs. Il fait aussi référence à la beta vulgaris, la betterave. (Oui, le légume !) Pourquoi ? Je ne vais pas tout vous dévoiler cela avant d’avoir vu le film … Quant à « mater » et « cognitio », ils font référence à la « mère » et au « savoir ». Alors si l’on devait traduire littéralement le titre de ce film, ça serait : « La betterave est mère de savoir ». Rendez-vous aux projections pour en comprendre le sens !

Bande annonce


« Beta mater cognitio » sera projeté en avant-première sur le campus de l’INSA Lyon
À la Rotonde (pour tous)
Mardi 14 septembre 2021 à 18h15 
Mercredi 15 septembre 2021 à 20h50
Jeudi 16 septembre 2021 à 20h15

Dans l’amphithéâtre Émilie du Châtelet de la Bibliothèque Marie Curie (pour les personnels et étudiants INSA)
Mardi 21 septembre 2021 à 12h15
Jeudi 23 septembre 2021 à 12h15