Education

24 May
24/May/2018

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Eric Dumont : « C’est eux qui te font comprendre pourquoi t’es là »

Rencontre avec Éric Dumont, directeur de la Section Sport de Haut Niveau de l’INSA Lyon. 25 ans d’histoire avec l’INSA et l’art de se remettre en question.

Lunettes vissées sur le nez, en tenue de sport, son vélo jaune fluo dans le bureau, Éric Dumont est de ceux qui prennent le temps. D’observer, de réfléchir et de dire. 
Directeur de la section Sport de Haut Niveau, il affiche 25 années d’expérience INSA à son compteur.

« Je suis rentré par hasard à l’INSA. Je travaillais de l’autre côté du périph, à Vaulx-en-Velin, dans l’un des collèges les plus terribles de l’académie. Je faisais des vacations à Lyon 1 quand on m’a parlé du départ à la retraite d’un prof de sport de l’INSA. J’ai postulé » explique Éric. « Je suis arrivé au Centre des Sports en 1993, sans mesurer du tout ce qu’était l’école, ses objectifs, son ADN. »

Il rencontre alors les premières figures qui compteront pour lui, aujourd’hui encore. Des hommes de la première heure, présents à la création de l’école, constructeurs du Centre des Sports.

« Il y avait une énergie folle, une histoire et des valeurs fortes, et surtout, une liberté de ton surprenante. Une identification forte à l’école, et j’ai grandi avec. J’ai gardé des amitiés indéfectibles, nous sommes 7 à se voir tous les 3 mois » ajoute-t-il.

Sur 25 ans de vie à l’INSA, il en compte 14 en responsabilités : secrétaire de l’association Sportive, deux mandats de directeur du CDS, directeur de la SHN depuis 2 ans. Mais avant tout, il est enseignant.

« L’INSA, ce n’est pas ma maison, et les étudiants « ne sont pas » mes étudiants, je ne marche pas au possessif. Tout comme je ne suis pas un homme de certitudes. La nécessaire remise en question de mon métier se fait par la réponse des élèves, en interaction. Quand on prépare un cours, on vise un objectif. J’ai une boîte à outils, qui se remplit naturellement de choses que je n’avais pas imaginées. On ne sait pas toujours comment un cours va se passer, on se nourrit de l’expérience, et le cours se construit en temps réel. Il faut néanmoins créer les conditions de la rencontre » précise cet homme de terrain. 

Accepter de sortir de sa zone de confort, de se mettre à nu devant les étudiants lui a permis de voir l’enseignement autrement.

« Je suis admiratif de ce qu’un jeune de 17 ans peut faire, tant celui qui fait Musique-Études que celle qui vient de Guyane et qui doit s’intégrer ici. On ne doit jamais oublier ce qu’on a ressenti nous-même à cet âge, de ce que nous avons dû faire nous aussi » se souvient-t-il. « Ce sont eux qui te font comprendre pourquoi tu es là, qui t’amène à réfléchir à ta propre condition d’enseignant. C’est l’étudiant qui te ramène à ce choix que tu as fait, un jour, d’enseigner. »

Exigeants, curieux, excellents, ouverts et talentueux, voilà les adjectifs associés aux élèves qu’Éric a croisé sur son chemin de professeur, d’accompagnateur. Lui qui se plaît à dire qu’il a une « main bienveillante toujours présente mais jamais trop serrée » n’a cessé lui aussi de tendre vers le meilleur. Entraineur en club de rugby, coach en entreprise, préparateur physique, il est même retourné sur les bancs de la fac à 56 ans, pour décrocher son diplôme de préparateur mental. Homme de projets, il s’est fixé un objectif ambitieux : accompagner quelques athlètes de l’INSA aux JO 2024, depuis leur première année de formation à l’INSA jusqu’aux jours J.

« Ils sont extraordinaires. Ce sont des lions et lionnes au milieu d’une jungle et il ne faut pas les formater. Comme tous grands champions, ils ne savent pas de quoi ils sont capables demain. » 

L’histoire qu’Éric a commencé avec l’INSA n’est pas prête de s’achever. Imparfait, libre et heureux, il n’a jamais fait de plan de carrière, et plus que tout, conserve sa liberté.

Les Chap’s Angels au Japon
Ils étaient 35 à participer à l’aventure. 23 garçons, 12 filles et 3 enseignants : Éric Dumont, Hervé Bizzotto, manager du projet, et Xavier Kleber, directeur du département Science et Génie des Matériaux de l’INSA Lyon.
Après l’Argentine 2013 et le Canada 2015, c’est au pays du Soleil-Levant que le groupe d’amateurs de rugby insalien (Vice-champion de France des grandes écoles en 2017), connu sous le nom des « Chap’s », a passé 13 jours de tournée sportive. « C’est un vrai projet d’établissement, porté par le Centre des Sports en lien avec l’association sportive, la direction des relations internationales, la région AURA et la Fondation INSA Lyon. Le rugby a permis de favoriser les échanges entre les deux pays, de diffuser et de partager des valeurs qui nous sont chères. Nous avons démontré que les relations entre les écoles partenaires pouvaient aussi passer par le sport » précise Hervé Bizzotto, coach de l'équipe de rugby masculine. 
Au programme : visite d’universités et de laboratoires, d’entreprises, de l'ambassade de France et matchs de rugby contre les universités de Tokyo et Tohoku.
https://www.facebook.com/JaponChaps/