Life on campus

26 Apr
26/Apr/2023

Life on campus

Dans les coulisses des 24 heures de l'INSA

À quelques jours de la 48e édition du festival des 24 heures de l’INSA, les équipes « orgas » se pressent pour finaliser l’arrivée de plusieurs milliers de participants. Courses, animations, concerts : l’ambiance folle des « 24 » dépasse depuis bien longtemps les frontières du campus de la Doua. Comment cet évènement est-il devenu aussi populaire, tant auprès des insaliens que des jeunes lyonnais ? « Grâce à l’investissement de ses membres et bénévoles, sans aucun doute », répondraient les orgas impliqués dans la grande aventure. Mais derrière cette grande famille de jeunes gens dévoués à l’organisation d’un des plus grands festivals étudiants de France, se cache une mécanique bien huilée, beaucoup de traditions et une forte culture de la transmission. Immersion au cœur des coulisses des 24 heures de l’INSA. 

Qui aurait parié qu’un défi entre deux étudiants lancé il y a presque cinquante ans, deviendrait la coqueluche des festivals étudiants ? Depuis la première course lancée autour des résidences A et B, l’organisation a évolué au cours des dernières décennies ; désormais, près d’une centaine d’étudiants dévoués font vivre le festival des 24 heures de l’INSA, presque tout au long de l’année scolaire. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que devenir « orga » développe le sens de la contribution. « Une fois qu’on est entré dans la machine, on comprend que l’on va œuvrer pour un truc beaucoup plus gros que nous. Dès la première réunion, on s'aperçoit qu’il y a des règles bien précises à suivre, des traditions joyeusement ancrées et un niveau de rigueur très élevé. C’est rodé », explique l’un des membres du bureau actuel. Et pour cause, élaborer un festival accueillant près de 400 coureurs et 10 000 personnes par soir sur un campus, ne se sort pas du chapeau. « Chaque année, les membres du bureau et les organisateurs changent. Il y a quelque chose de très incrémental dans la façon de faire vivre l’association des 24h. Les passations de fin d’année sont primordiales. On se repose sur près de 50 ans d’expérience des anciens organisateurs, car on arrive souvent sans trop rien savoir faire ! Petit à petit, il faut trouver sa place. »

 


Le recrutement des bénévoles. (©24 heures de l’INSA)

 

Et pour trouver sa place dans l’organisation « des 24 », il ne faut pas chercher longtemps. Du maniement de la perceuse au développement de logiciels informatiques, en passant par l’art de l’intelligence émotionnelle, « aux 24h », les compétences des futurs ingénieurs sont mises à profit. Ainsi, dix commissions aux noms rocambolesques, sont chargées d’imaginer et mener à bien chaque trait en vue du week-end : la « Decom’ » est chargée de la décoration, les « pédales » sont en charge des courses, la « comsa » des services informatiques… « Le langage des 24h du côté des orgas est parfois un peu hermétique, il faut bien le reconnaître », avoue un membre du bureau. « Mais étonnamment, tout le monde a les mêmes références, on s’en aperçoit dès le premier jour : les membres ont déjà l’impression de se connaître depuis toujours, alors qu’ils se rencontrent pour la première fois ». Les origines de cette culture commune ? Des références transmises par « les anciens, qui parlent souvent plus fort » que les petits nouveaux, précise-t-il. 


L’annonce des artistes aux membres est souvent un moment
d’émotion dans la vie de l’association. (©24 heures de l’INSA)

 

Si les traditions sont si fortes, c’est aussi pour maintenir l’esprit d’équipe et une cohésion au sein des orgas. Pour faire face à la charge de travail et maintenir l’implication des bénévoles tout au long de l’année, des rituels se sont progressivement mis en place. Ainsi, chaque mardi, les commissions se réunissent. Dans le local au pied de la résidence D, les étudiants amassés sur les canapés suivent pieusement le rituel. « Chaque CDC, la chef de com, commence par un bonsoir général. Puis chaque commission a sa petite tradition. Par exemple les chargés des courses doivent littéralement courir autour du bureau avant de débuter chaque assemblée. Et puis, il y a la coutume des surnoms aussi... ». Ainsi, au cœur du folklore « des 24 » : l’usage des pseudos fait loi. Attribués en référence à une anecdote ou une situation vécue, chaque membre se voit prêter un nom de scène dont la signification finit bien souvent emportée par le temps. « Souvent, on connaît plus les gens à travers leur surnom, que leur prénom. Cette tradition est tellement ancrée que même les roadbooks contiennent d’abord les surnoms des gens, puis leurs prénoms ». Sous leurs airs ingénus, ces petits rituels constituent en réalité la base d’une acculturation fondamentale pour la bonne réussite du festival des 24 heures. « Je crois que ces petits rituels ingénus en apparence, permettent aux équipes de faire connaissance et de prendre un peu de recul sur la fastidieuse tâche qu’est l’organisation d’un festival comme les 24 heures, en parallèle d’une formation d’ingénieur. C’est aussi ici que les premiers souvenirs se créent, c’est important », ajoute un membre.

 


Pendant « la semaine orga », les membres et bénévoles s’activent. (©24 heures de l’INSA)

 

Et puis lorsque le printemps éclot, la date se rapproche. Alors que le campus se vide pour les vacances de Pâques, les membres organisateurs et les bénévoles engagés se réunissent avant la dernière ligne droite, à l’occasion de « la semaine orga ». Point de repos avant le grand saut. « C’est le moment où l’on donne vie à toutes les idées qui auraient pu germer pendant l’année. On bricole, on peint, on scie, on nettoie, on répare, on affiche dans toute la ville…. Tout devient plus concret et l’excitation monte ! ». Et bricoler sous le soleil d’avril avec ses amis d’école peut parfois donner du vague à l’âme ou susciter une mélancolie heureuse. « Pendant la semaine orga, on voit l’ampleur de ce qu’il est possible de créer ensemble, en seulement quelques mois. Organiser les 24 heures de l’INSA est une aventure unique dans une vie. On peut vivre et ressentir des choses stressantes, joyeuses, émouvantes… Pendant ma première manifestation, l’année dernière, j’ai ressenti une énergie positive que je n’avais jamais ressenti dans ma vie; et j’en suis sortie grandie », confie une membre active.

 


Chaque année, le visage du campus est transformé
par des structures scéniques impressionnantes. (©Luca Magnin/Graines d’Images)

 

Début mai, le visage du campus de l’INSA Lyon se verra transformé par les structures scéniques, les barrières et les arches gonflées au départ des courses. À leurs postes, les membres des 24 heures verront leur projet prendre vie. Dans le chalet backline, la centaine de bénévoles et techniciens craindra peut-être les imprévus de dernière minute comme une météo peu clémente, un artiste malade ou même une pandémie mondiale. Mais lorsque les balances retentiront dans les baffles du système son, les cœurs seront remplis d’excitation, d’adrénaline et de joie. Dès le vendredi soir, à 20h00 passées sur la fréquence radio des talkies-walkies, le message sera passé pour annoncer l’entrée des festivaliers. « Message à tous les orgas, ouverture de la zone, bon courage à tous et n’oubliez pas de vous amuser ». À partir de cette minute-là pour les orgas, chaque regard croisé avec l’un de ses pairs ne nécessitera pas de mot. « On se comprend d’un simple regard ».

 


Les « orgas » posent pour une photo souvenir. (©Luca Magnin/Graines d’Images)