Lune

03 Mar
03/Mar/2021

Formation

« Quand on pousse à la curiosité scientifique, fille ou garçon, l’engouement est le même » 

USA, 1960. Lorsqu’elle intègre le Massachusetts Institute of Technology (MIT), Margaret Hamilton se voit assignée à un programme que personne n’est jamais parvenu à résoudre. Pourtant, Margaret réussit à faire fonctionner le programme facétieusement piégé par ses collègues, ce qui lui vaudra la place de candidate idéale pour le rôle de développeuse à la NASA. En 1963, elle rejoint le laboratoire chargé des logiciels du programme Apollo, dans lequel elle aura un rôle crucial. 

Lyon, 2021. Margaret Hamilton, la femme qui a permis à l’Homme de marcher sur la Lune, sera la figure tutélaire d’un atelier développé par le Clubelek à destination des élèves d’écoles primaires et de collèges le 11 mars prochain. Thomas Vadebout, élève-ingénieur en 3e année de génie électrique et président de l’association étudiante explique les intentions cachées derrière l’atelier « Apollo », soutenu par l'Institut Gaston Berger de Lyon. Interview.

En quoi consiste l’atelier intitulé « Apollo » ? Quels sont ses objectifs ? 
Une des raisons d’être de notre association est d’expliquer et de promouvoir l’électronique et la mécatronique au plus grand nombre. Nous animons régulièrement des ateliers d’initiation auprès d’enfants et adolescents, dans des centres sociaux notamment. L’atelier « Apollo » a pour objectif premier de faire manipuler de la programmation informatique à travers un exercice ludique : faire atterrir virtuellement la fusée Apollo sur la lune. La mission est de taille : il faudra veiller à la puissance des moteurs pour ne pas faire exploser la fusée lors du décollage, faire le plein de carburant du lanceur, faire alunir les astronautes à la bonne vitesse et appeler le président des États-Unis depuis la lune pour attester de la bonne réussite de la mission. Rien que ça ! Et pour replacer cette mission dans un contexte historique, nous avons choisi de l’incarner à travers la personnalité de Margaret Hamilton dont l’influence a été primordiale dans le -vrai- programme Apollo. Cet atelier a été mis en place par l’ancien bureau, auparavant présidé par Antoine Rochebois en (4TC), mais en raison du premier confinement, il a dû être déplacé à plusieurs reprises. Antoine a conçu les maquettes et développé le site web qui permettent aux élèves de programmer et de tester leurs codes sur des modèles réduits ou des animations. Il a pour cela reçu l’aide de Théophile Wallaert (3GM), président du CLES-FACIL, et de Nolwenn Deschand (3IF), bénévole à l’association Objectif pour l’Emploi et secrétaire générale d’INSA Talks, pour le choix des thématiques, certains aspects techniques et la planification de l’atelier. Profitant de deux confinements pour s’améliorer, le projet est aujourd’hui bien abouti. Alors nous sommes impatients de pouvoir le présenter à de jeunes élèves !

 

Quel a été le rôle de la scientifique dans les premiers pas de l’Homme sur l’astre, concrètement ? 
Sans elle, la mission aurait été périlleuse et n’aurait peut-être pas eu la fin heureuse qu’on lui connaît. Margaret Hamilton a non seulement jeté les bases du génie logiciel mais elle a été responsable de l’équipe chargée du développement du système embarqué du vaisseau. Elle a aussi participé à la création d’un logiciel de priorisation des tâches qui s’est avéré crucial à la mission Apollo 11 lorsque trois minutes avant l’alunissage, l’ordinateur de bord s’est retrouvé surchargé d’informations. Elle a été pionnière dans une discipline qui n’existait pas à l’époque, et l’ampleur de la tâche du programme Apollo était si grande ! Et pourtant, elle n’a été reconnue que tardivement pour son apport à la science. D’abord par la NASA en 2003, puis en 2017 par Barack Obama qui lui remet la plus haute distinction civile américaine : la médaille présidentielle de la liberté, 48 ans après la mission Apollo 11 !

 

Pourquoi avoir choisi Margaret Hamilton comme personnalité centrale dans le déroulement de votre atelier ? 
Lorsque j’essaie de me figurer la situation de Margaret Hamilton dans l’Amérique conservatrice des années soixante, j’ai du mal à me dire que l’on pouvait ne pas reconnaître les exploits scientifiques d’une personne, seulement parce qu’elle était une femme. En tant qu’association technique insalienne, nous n’avons au sein de notre équipe que peu de membres féminines. Je ne pense pas que cela vienne du domaine car notre école accueille une presque majorité de filles {47% en première année, ndlr} et les différents ateliers que nous menons me l’ont déjà démontré : quand on pousse à la curiosité scientifique, il n’y a pas de différence d’engouement chez les filles et les garçons. Mais cela signifie seulement qu’il y a encore beaucoup de chemin à parcourir. Alors je crois que porter à la connaissance d’un public souvent en recherche de figures auxquelles s’identifier, une personnalité comme celle de Margaret Hamilton est important, surtout autour d’un fait historique qui a fait rêver et qui continue de faire rêver autant de personnes. C’est notre façon à nous d’apporter notre pierre à l’édifice, en tant qu’association étudiante, dans la reconnaissance des femmes à exister dans le paysage scientifique et plus largement à l’égalité des genres.

 

L’atelier « Apollo » est particulièrement soutenu par l'Institut Gaston Berger de Lyon dont la logique d’égalité des chances se traduit notamment par des programmes d’incitation proposés aux collèges partenaires. Le collège Barbusse de Vaulx-en-Velin sera le premier à participer à la première session du 11 mars, à travers le dispositif des cordées de la réussite. Plusieurs dates sont également prévues avec d’autres établissements partenaires d’ici la fin de l’année, si les conditions sanitaires le permettent. « L’initiative du Clubelek croise les missions d’ouverture sociale et d’égalité de genre du l'Institut Gaston Berger de Lyon. Le Clubelek s’est énormément investi pour répondre à la problématique de départ et leurs qualités de vulgarisation scientifique sont assurément des atouts pour devenir des ingénieurs responsables », a précisé Clémence Abry-Durand, chargée de mission égalité de genre au CGB.

En avril 2021, l’atelier Apollo a été labellisé « Cap Ingénieuses », une initiative créée début 2021 par la Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs (CDEFI), pour valoriser des projets ludiques et pédagogiques portés par des écoles d’ingénieurs et menés en collaboration avec des écoles élémentaires et des collèges locaux.

Légende vignette gauche : Margaret Hamilton devant les lignes de code du logiciel de navigation produites pour le programme Apollo. (Crédits :  Draper Laboratory)

 

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04 Nov
04/11/2019 19:30

Sciences & Société

Objectif Mars - Conférence de Cathy Quantin-Nataf

OBJECTIF LUNE 1 OBJECTIF, 2 PLANÈTES, 3 SPÉCIALISTES

Cathy Quantin-Nataf est Professeure à l’Université Claude Bernard Lyon 1 et chercheure au Laboratoire de Géologie de Lyon

Pourquoi sommes-nous si fasciné par Mars ? Mars concentre en effet toutes les attentions tant son destin pourrait avoir été lié à ses débuts à celui de notre planète. En 2020, deux missions de robots explorateurs sont prévues à la surface de Mars : l'une européano-russe, Exomars et l'autre Américaine, Mars2020Ces deux missions ont pour objectifs de chercher des traces de vies sur Mars.

Pourquoi cherche-t-on des traces de vie sur Mars ? Où ces robots vont-ils atterir et que vont-ils faire ?

 

11 Oct
11/Oct/2019

Vie de campus

Objectif Lune à l’INSA Lyon

En cette année anniversaire des premiers pas de l’Homme sur la Lune, l’INSA Lyon a monté toute une programmation d'événements pour célébrer la conquête spatiale. L’occasion de passer des messages aux futurs diplômés dans un contexte actuel où l’enjeu serait bien de sauver la planète.

50 ans. Cinquante années se sont écoulées depuis que l’Humanité a retenu son souffle, des minutes durant, devant son téléviseur ou à l’écoute de son transistor. Le temps suspendu, elle gardera, imprimée à jamais dans sa mémoire, l’image folle de Neil Armstrong posant le pied sur la Lune. 

50 ans plus tard, l’heure est à la célébration. À l’INSA Lyon, l’occasion de fêter l’anniversaire des possibles humains et technologiques s’est présentée comme une évidence, pour se souvenir mais pas seulement.

« Je ne peux pas m’empêcher de faire une corrélation entre la société d’alors et celle d’aujourd’hui. Les défis climatiques que nous connaissons sont un enjeu qui fait écho à celui de la conquête spatiale. Et dans ces contextes, l’ingénieur a un rôle éminemment clé » souligne Fabrice Ville, directeur adjoint au département Génie Mécanique de l’INSA Lyon et chercheur au Laboratoire de Mécanique des Contacts et des Structures. Passionné par le spatial, il a souhaité partager, en lien avec le service culturel de l’INSA Lyon et la Bibliothèque Marie Curie, sa fascination pour la conquête du ciel avec la communauté INSA et notamment avec les élèves-ingénieurs.
Dans une actualité où il faudrait faire preuve d’audace, de témérité et de créativité pour relever tous les défis, il voudrait rappeler qu’en 1969, « ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait ».

« C’était une période dingue, en pleine guerre froide où l’URSS passe son temps à humilier les États-Unis en matière de conquête spatiale. Et puis, il y a le discours de Kennedy qui vient tout chambouler lorsqu’il annonce qu’avant la fin des années 60, les États-Unis enverront un homme sur la Lune et le feront revenir. On est en septembre 62, les Russes ont déjà Spoutnik et Gagarine… Le ton est donné ! » 
Tout est à inventer. La course s’engage pour ne plus s’arrêter, guidée par une contrainte énorme : l’incertitude. La mission Apollo 11 va se dérouler et se solder par un succès grâce à de formidables coups de dés et de courses contre la montre. Le scénario est digne d’un film mais c’est bien la réalité. Et pour Fabrice Ville, les acteurs sont nombreux à se partager le haut de l’affiche. « Il y a les astronautes bien sûr, au calibre exceptionnel, mais il y aussi des ingénieurs qui ont conçu, modifié, solutionné pour aboutir. Ils ont pris des risques et sont sortis du cadre quand cela a été nécessaire. C’est ce que je voudrais que nos élèves-ingénieurs comprennent : le principe de précaution c’est bien, mais si on avait dû l’appliquer à la lettre à ce moment-là, la conquête spatiale n’aurait jamais eu lieu. Et aujourd’hui, face aux défis climatiques, il va falloir sortir du cadre ! » 

Une bouffée d’oxygène et d’espoir pour les plus avertis, qui luttent contre le pessimisme ambiant lié aux résultats désastreux rapportés par le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) dans son dernier rapport. Il faut des aventurières et des aventuriers pour sauver l’Humanité.

Programme complet Objectif Lune

 

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